Ce chapitre décrit la situation des marchés et les éléments marquants qui se dégagent de la dernière série de projections quantitatives à moyen terme sur les marchés mondiaux et nationaux de la viande (projections à dix ans, de 2018 à 2027). En 2027, la production mondiale de viande devrait avoir augmenté de 15 % par rapport à la période de référence. Cette production supplémentaire devrait provenir à 76 % de pays en développement et la progression devrait être particulièrement marquée sur le segment de la volaille. Cependant, les consommateurs des pays en développement devraient accroître et diversifier leur consommation de viande en se tournant vers des produits plus coûteux, comme la viande bovine et ovine. La demande d’importations restera soutenue en Asie, en particulier aux Philippines et au Viet Nam. Parmi les grands importateurs, on trouve également la Chine, la Corée et l’Arabie saoudite. Les principaux pays exportateurs de viande, à savoir le Brésil et les États-Unis, devraient peser encore plus lourd et représenter quelque 45 % des exportations à eux deux. D’ici 2027, le prix de la viande devrait augmenter progressivement en termes nominaux, mais fléchir en termes réels.
Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2018-2027
Chapitre 6. Viande
Abstract
Situation du marché
Globalement, la production mondiale de viande s’est accrue de 1.25 % pour atteindre 323 Mt en 2017, la hausse étant plus marquée pour la viande bovine et la volaille que pour les viandes porcine et ovine. C’est aux États-Unis que l’expansion de la production mondiale trouve principalement sa source, mais d’autres pays comme l’Argentine, l’Inde, le Mexique, la Fédération de Russie et la Turquie y ont également contribué. Dans la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), premier producteur de viande au monde, la production a peu augmenté, freinée principalement par le ralentissement de l’activité dans la filière avicole, plusieurs foyers de grippe aviaire s’étant déclarés dans le pays. Cela n’a pas empêché la Chine d’être le deuxième pays ayant le plus contribué à l’accroissement de la production mondiale de viande en 2017.
Mesurés à l’aide de l’indice FAO des prix de la viande, les prix mensuels moyens calculés sur l’ensemble de l’année 2017 étaient supérieurs de 9 % à leur niveau de 2016, mais inférieurs de 2.3 % à la moyenne des trois années précédentes. Les prix mondiaux de la viande ont augmenté au premier semestre 2017, sous l’effet d’une forte hausse de la demande d’importations de viande bovine et porcine. La faible disponibilité de viande ovine pour l’exportation a donné un coup de pouce supplémentaire. En juillet, les prix ont commencé à se stabiliser et à diminuer légèrement à mesure que les quantités exportables augmentaient et que la demande d’importations fléchissait. Entre janvier et décembre 2017, le prix de la viande ovine a progressé de 35 %, tandis que ceux de la viande bovine, de la volaille et de la viande porcine augmentaient respectivement de 7.7 %, 3.2 % et 2.9 %.
Le commerce mondial de viande s’est accru de 1.5 % en 2017, atteignant 31 Mt, après avoir enregistré une hausse de 5 % en 2016. Les échanges ont progressé de 4.7 % pour la viande bovine et de 1 % pour la volaille, alors qu’ils ont diminué de 0.7 % pour la viande porcine et de 3 % pour la viande ovine. La faible hausse des échanges en 2017 par rapport à 2016 reflète le ralentissement des importations de la Chine, de l’Union européenne, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des États-Unis, causé dans certains cas par une offre intérieure abondante et dans d’autres par le recul de la demande. Les importations de viande se sont toutefois accrues dans plusieurs pays, notamment en Angola, au Chili, à Cuba, au Japon, au Mexique, en Corée, en Indonésie, en Irak, aux Émirats arabes unis, en Ukraine et au Viet Nam. En 2017, les exportations de viande ont surtout augmenté en Argentine, au Canada, en Inde, en Thaïlande, aux États-Unis et en Ukraine, alors qu’elles ont diminué dans l’Union européenne et en Nouvelle-Zélande.
Principaux éléments des projections
Les Perspectives de cette année prévoient une progression de l’offre de viande qui devrait se traduire par une baisse à court terme des prix par rapport à 2017. Le cycle de reconstitution des troupeaux observé dans plusieurs régions touchant à sa fin, la quantité de viande commercialisée devrait augmenter dans les premières années de la période de projection. En outre, comme les prix des céréales fourragères resteront bas durant cette période, d’après les prévisions, cela bénéficiera à des régions comme les Amériques, l’Australie et l’Europe, où les céréales sont utilisées de manière intensive dans la production de viande. Sur le moyen terme, les prix vont repartir à la hausse sous l’effet de l’augmentation de la consommation de viande par habitant dans les grands pays en développement, en particulier en Amérique latine et en Asie. D’après les projections, la consommation par habitant augmentera de 2.8 kg en poids au détail dans les pays développés et de moitié moins dans les pays en développement, par rapport à la période de référence (moyenne de 2015 à 2017). Dans les pays les moins avancés (PMA), une modeste hausse des revenus devrait faire légèrement progresser la consommation de viande par habitant. Au niveau mondial, l’accroissement sera d’un peu plus de 1 kg par habitant en poids au détail.
En 2027, la production mondiale de viande devrait avoir augmenté de 15 % par rapport à la période de référence. D’après les projections, les pays en développement, où le recours à une alimentation plus riche en céréales dans le processus de production entraînera une hausse du poids carcasse des animaux, représenteront la majeure partie de cette augmentation. La volaille reste le principal moteur de croissance de la production totale de viande, mais la progression qu’elle enregistre va considérablement ralentir dans les dix ans à venir. Sur la période de projection, la hausse de la demande mondiale de protéines animales devrait se réduire pour la volaille et la viande porcine, mais augmenter pour les viandes bovine et ovine. Des prix de vente peu élevés ont contribué à faire de la volaille et du porc les viandes préférées des consommateurs, en particulier dans les pays en développement. Compte tenu de la hausse prévue de leurs revenus au cours de la période de projection, ces consommateurs devraient accroître et diversifier leur consommation en se tournant vers des sources de protéines animales plus onéreuses, comme la viande bovine et la viande ovine.
Dans le secteur de la viande bovine, la reconstitution des troupeaux a été plus rapide qu’escompté en Amérique du Nord, ce qui entraînera une augmentation du nombre d’abattages et une offre abondante de viande sur le marché mondial pendant les années à venir. La production est appelée à s’accroître davantage dans les premières années de la période examinée, lorsque la phase de reconstitution des troupeaux à l’œuvre dans certains pays (comme l’Australie et le Brésil) sera plus avancée et qu’elle se traduira par une offre supplémentaire de viande sur le marché. La production de viande porcine va elle aussi augmenter, tirée par une expansion régulière des effectifs de porcs en Chine, après un ralentissement dû au renforcement des réglementations environnementales et à des problèmes de bien-être animal dans le secteur porcin.
L’année 2017 a été marquée par des flambées épizootiques de grippe aviaire dans le monde entier, qui ont ralenti la hausse de la production mondiale. La Chine, deuxième producteur au monde après les États-Unis, a été particulièrement touchée par diverses épidémies au cours de ces dernières années, mais un retour de la production de volaille à sa croissance tendancielle est prévu à partir de 2018. La production devrait également s’accroître dans le secteur de la viande ovine, de 1.8 % par an au niveau mondial, soit un rythme plus rapide que lors de la précédente décennie. Elle progressera principalement en Chine, mais également en Inde, au Nigéria, en Océanie, au Pakistan, en Turquie et au Yémen.
Au niveau mondial, la part de la production de viande exportée devrait rester stable pendant toute la période de projection (environ 10 %), la volaille représentant la majeure partie de l’accroissement en volume. L’augmentation prévue de la production dans les pays en développement n’est toujours pas suffisante pour répondre à la hausse de la demande, en particulier en Asie et en Afrique. La demande d’importations devrait donc être forte pendant toute la période de projection. Les Philippines et le Viet Nam sont les deux pays qui contribueront le plus à son accroissement. Les pays développés continueront de représenter plus de la moitié des exportations mondiales de viande à l’horizon 2027, même si leur part est en légère baisse par rapport à la période de référence. Ensemble, les deux plus gros exportateurs de viande – le Brésil et les États-Unis – devraient voir leur part de marché monter aux alentours de 47 %, ce qui signifie qu’ils contribueront pour près des deux tiers à l’augmentation prévue des exportations mondiales au cours de la période de projection.
Les prix nominaux de la viande devraient légèrement diminuer au début de la période de projection, du fait de la pression à la baisse exercée par l’augmentation de l’offre, puis augmenter progressivement jusqu’en 2027. En 2027, les prix des viandes bovine et ovine devraient atteindre respectivement 4 000 USD/t équivalent poids carcasse (epc) et 3 900 USD/t epc, tandis que les prix mondiaux de la viande porcine et de la volaille s’établiraient respectivement à environ 1 600 USD/t epc et 1 700 USD/t poids produit. En termes réels, les prix de tous les types de viande devraient suivre une tendance à la baisse (graphique 6.1), alors que les écarts entre le prix de la viande et le coût des aliments resteront généralement conformes aux niveaux antérieurs.
La consommation mondiale de viande par habitant devrait passer à 35.4 kg en poids au détail d’ici à 2027, soit une progression de 1.1 kg par rapport à la période de référence. Malgré des taux de croissance démographique souvent élevés, la consommation totale devrait augmenter de 1.4 kg en poids au détail dans les pays en développement, soit la moitié de ce qui est prévu pour les pays développés. Au niveau mondial, la consommation supplémentaire par habitant se composera principalement de volaille (+0.8 kg en poids au détail), celle de viandes bovine, ovine et porcine n’évoluant que de façon marginale. C’est en Amérique latine que la consommation par habitant augmentera le plus : +3.7 kg en poids au détail. En valeur absolue, l’augmentation de la consommation totale des pays développés au cours de la période de projection représentera environ un quart de celle du monde en développement, où une croissance démographique et une urbanisation rapides restent les principaux moteurs de la demande. Ces facteurs jouent un rôle particulièrement important en Afrique, où la consommation totale au cours de la période de projection croît plus rapidement que dans toute autre région. C’est également en Afrique que la demande d’importations devrait le plus augmenter, accentuant ainsi la dépendance du continent à l’égard des approvisionnements extérieurs.
À l’échelle mondiale, les flambées épizootiques (de peste porcine par exemple), les restrictions sanitaires et les politiques commerciales restent les principaux facteurs qui déterminent l’évolution et la dynamique du marché de la viande. Les projections tiennent compte des accords commerciaux, politiques internes et restrictions sanitaires/phytosanitaires annoncés ou mis en œuvre au 1er janvier 2018. Les incertitudes liées aux accords commerciaux actuels ou futurs pourraient modifier et diversifier la configuration des échanges de viande. Les politiques nationales (par exemple la révision, en 2018, de la loi agricole aux États-Unis) pourraient également avoir des conséquences sur le secteur. Les autres facteurs susceptibles d’influer sur les perspectives sont notamment les préférences et les attitudes des consommateurs à l’égard de la viande. Leurs préférences vont aux produits provenant d’animaux élevés en liberté et sans antibiotiques, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure ils accepteraient et pourraient se permettre de payer plus cher pour ces produits.
Prix
Malgré une hausse au premier semestre 2017, les prix de la viande ont baissé en valeur nominale comme en valeur réelle, par rapport aux niveaux record enregistrés il y a peu. Sur la période de projection, les prix augmenteront très légèrement en termes nominaux sous l’effet d’une croissance économique soutenue dans les pays en développement, mais ils resteront orientés à la baisse en termes réels, après le sommet atteint récemment. L’évolution observée au fil du temps dépendra de chaque type de viande.
Sur le court terme, les prix de la viande bovine baisseront du fait de l’abondance de l’offre en Amérique du Nord, après une reconstitution rapide des troupeaux. Sous l’effet de l’augmentation de la production dans les principales régions productrices, les prix nominaux de la viande bovine baisseront jusqu’en 2024. Cependant, à mesure que les troupeaux de bovins diminueront et que la hausse de la production ralentira, les prix repartiront à la hausse jusqu’à la fin de la période de projection.
Les prix nominaux de la viande porcine vont diminuer à partir de 2017 et devraient connaître leur cycle de variations habituel pendant la période de projection, avec une baisse en valeur réelle. Cette tendance s’explique essentiellement par la hausse de l’offre au Brésil, en Chine, aux États-Unis et au Viet Nam, ainsi que par les importations accrues du Mexique et des Philippines.
L’augmentation des effectifs de volailles – l’épizootie de grippe aviaire est supposée contenue en 2018 – ainsi que la lente montée des coûts de l’alimentation animale (graphique 6.2) entraîneront à moyen terme une hausse modérée des prix de la volaille. Cette tendance sera accentuée par l’augmentation des revenus au cours de la période de projection, qui aura un effet stimulateur sur la demande, en particulier en Asie, en Amérique latine et en Afrique, En valeur réelle, les prix seront en baisse tout au long de la période examinée.
Les prix nominaux de la viande ovine ne devraient enregistrer qu’une modeste hausse, notamment en raison de la faible augmentation de la demande d’importations de la Chine et du Moyen-Orient ainsi que d’un accroissement progressif de la production ovine dans les pays suivants : Algérie, Australie, Chine, Éthiopie, Inde, Nouvelle-Zélande, Nigéria, Pakistan et Turquie. Après plusieurs années de fléchissement de la production dans l’Union européenne, la tendance s’est inversée en 2015 et une légère augmentation est prévue grâce à l’amélioration de la rentabilité des exploitations ovines en Roumanie et à Chypre, ainsi qu’à la mise en œuvre du dispositif facultatif d’aide couplée dans les principaux États membres producteurs de viande ovine.
Sur le moyen terme, la production bénéficiera de ratios favorables entre le prix de la viande et celui de l’alimentation animale (graphique 6.2), qui se traduiront par un accroissement des effectifs dans les principales régions productrices. L’augmentation de la productivité dans ces régions favorisera la création d’un marché axé sur l’offre qui fera baisser les prix de la viande dans les premières années de la période de projection. Les prix devraient ensuite repartir légèrement à la hausse dans la dernière partie de la période, à mesure que la consommation de viande par habitant augmentera. Leurs faibles prix de vente ont contribué à faire de la volaille et du porc les viandes préférées des consommateurs dans les pays en développement, mais ceux-ci devraient pouvoir être en mesure, grâce à la hausse de leur niveau de revenu, de diversifier leur consommation en se tournant progressivement vers des produits plus coûteux, comme la viande bovine et la viande ovine. En attendant, la volaille reste le moteur de la croissance dans le secteur de la production de viande. Avec de faibles coûts de production, des taux de conversion alimentaire élevés et des prix de vente bas, la volaille est devenue une viande de choix pour les producteurs comme pour les consommateurs.
Production
La réaction de l’offre d’animaux de boucherie aux signaux du marché est surtout influencée par la disponibilité des ressources naturelles et les gains de productivité éventuels, mais ces deux facteurs dépendent de plus en plus de la réglementation relative à la protection de l’environnement (comme l’Accord de Paris sur le climat) et à la sécurité des aliments (encadré 6.1). Il s’ensuit que la production pourrait augmenter dans de nombreux pays en développement riches en prairies naturelles et terres agricoles propices à la culture de céréales fourragères, notamment en Amérique du Sud.
La production totale de viande devrait s’accroître d’un peu plus de 48 Mt à l’horizon 2027, pour atteindre près de 367 Mt, et l’augmentation annuelle de la quantité globale de viande produite devrait être relativement constante après 2018 (graphique 6.3). Cette évolution concerne principalement les pays en développement, qui fourniront 76 % de la production supplémentaire en 2027 (graphique 6.4)
Dans certains pays en développement, la croissance de la production est favorisée par la hausse de la productivité (c’est-à-dire l’augmentation du poids carcasse par tête) et par une plus grande efficience de l’alimentation animale. Dans les pays les moins avancés, l’amélioration de la productivité devrait être plus faible car l’organisation du secteur en petites exploitations et le manque d’investissements limitent les avancées technologiques et la commercialisation de la production.
La production de viande est toujours dominée par le Brésil, la Chine, l’Union européenne, la Fédération de Russie et les États-Unis. La croissance de la production brésilienne tirera parti de l’abondance des ressources naturelles, des aliments du bétail, des pâturages, ainsi que des gains de productivité et, dans une certaine mesure, de la dévaluation du réal. La production chinoise bénéficiera essentiellement de l’augmentation des économies d’échelle liée à la transformation des petites unités de production en grandes exploitations commerciales. Aux États-Unis, la production sera stimulée par une forte demande intérieure et un poids à l’abattage en hausse. Dans l’Union européenne, en revanche, la production restera stable en raison de la baisse de la consommation de viande fraîche produite par les pays membres, compensée par une utilisation accrue d’ingrédients à base de viande dans les produits transformés. Enfin, dans la Fédération de Russie, l’interdiction des importations de viande décidée par le gouvernement fait monter les prix et stimule la production intérieure.
Les autres pays en développement susceptibles de contribuer sensiblement à l’augmentation de la production de viande sont notamment l’Argentine (où des politiques favorables aux exportations encouragent l’agrandissement des troupeaux), l’Inde, le Mexique et le Viet Nam (graphique 6.5).
Au cours de la période considérée, la production de viande bovine continue de s’accroître dans les principaux pays producteurs (graphique 6.5). En 2027, la production de viande bovine dans les pays en développement aura augmenté de 21 % par rapport à la période de référence, et ces pays représenteront 75 % des quantités supplémentaires produites.
Cette hausse est attribuable principalement aux pays suivants : Argentine, Chine, Brésil, Pakistan et Turquie. Bien que l’Inde soit un gros producteur de viande bovine, sa production devrait ralentir car la vente de bétail pour l’abattage demeure une question sensible qui crée beaucoup d’incertitudes chez les producteurs. Dans les pays développés, la production progressera de 9 % sur dix ans par rapport à la période de référence, et cette hausse sera presque entièrement attribuable aux États‑Unis. Si le cycle d’expansion du cheptel touche à sa fin dans ce pays, il devrait durer encore quelque temps dans d’autres pays comme l’Australie, le Brésil et le Mexique. Par ailleurs, en Argentine, la suppression des taxes à l’exportation sur la viande bovine a favorisé la reconstitution des troupeaux, ce qui devrait permettre en retour de retrouver à moyen terme les niveaux passés de production de viande bovine. En Turquie, les politiques d’importation et de distribution de bovins d’embouche et de reproduction en faveur des jeunes agriculteurs devraient entraîner une hausse de la production à moyen terme. Dans l’Union européenne1, en revanche, la production de viande bovine va entrer dans une phase descendante car les races laitières représentent près des deux tiers de l’offre et les gains de productivité dans le secteur du lait pèseront dans une certaine mesure sur la production de viande, limitant ainsi la capacité de la filière à s’adapter aux signaux du marché.
Sur le court terme, la production sera soutenue à la fois par l’augmentation des poids carcasse due à la baisse des coûts des aliments et à l’amélioration génétique des bovins, et par la hausse du nombre d’abattages due au fait que l’achèvement de la reconstitution des troupeaux dans plusieurs régions de production se traduit par une expansion du cheptel. Aux États-Unis, le nombre total de bovins devrait s’accroître et atteindre un niveau record, l’expansion étant beaucoup plus rapide que ne le prévoyaient les Perspectives de l’an dernier. La demande intérieure et étrangère a été plus forte sur le court terme, mais elle devrait se tasser dans les dernières années de la période de projection. La diminution de la consommation intérieure de viande bovine par habitant dans la dernière partie de la prochaine décennie confirme la projection selon laquelle le cheptel bovin aux États-Unis entamera un cycle de baisse à partir de 2020 (graphique 6.6).
L’expansion de la production mondiale de viande porcine ralentira au cours des dix prochaines années. La hausse de la production en Chine devrait représenter près de la moitié de la production supplémentaire mondiale. Au total, le volume global restera en adéquation avec la demande qui, malgré la reprise, reste très inférieure à celle de la précédente décennie. De forts taux de croissance de la production sont également prévus au Brésil, au Mexique, aux Philippines, dans la Fédération de Russie, aux États-Unis et au Viet Nam au cours de la période considérée. Dans l’Union européenne, la production de viande porcine devrait légèrement diminuer avec la stabilisation de la consommation intérieure et l’intensification de la concurrence sur le marché mondial.
La volaille continuera de renforcer sa position dominante dans le secteur de la viande, avec près de 45 % de la production supplémentaire des dix années à venir. Son cycle de production court permet aux producteurs de réagir rapidement aux signaux du marché, et se prête à des améliorations rapides en matière de génétique, de santé des animaux et de pratiques alimentaires. La production augmentera rapidement dans les pays où l’offre de céréales fourragères est excédentaire : Brésil, Union européenne et États‑Unis. Une progression rapide est également prévue en Asie, principalement en Chine (où l’on suppose qu’il n’y aura pas de nouvelle flambée de grippe aviaire) et en Inde.
La production de viande ovine enregistrera un taux de croissance plus élevé que lors de la précédente décennie, et les pays en développement assureront l’essentiel de la production supplémentaire. Dans la région MENA, cette production est projetée à la hausse, bien que limitée par des facteurs comme l’urbanisation, la désertification et la disponibilité des aliments pour animaux dans certains pays. La Chine, premier producteur de viande ovine, réalisera un peu plus de 36 % de la production supplémentaire pour satisfaire une demande intérieure en constante augmentation. La part de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande dans la production mondiale devrait légèrement baisser tout au long de la période considérée, malgré une production intérieure en hausse. Au sein de l’UE, la taille des troupeaux devrait s’accroître pendant la première moitié de la période de projection, à la faveur d’une meilleure rentabilité, avant de décliner légèrement vers 2027, la concurrence de l’Océanie limitant le potentiel d’exportation. La part du continent africain dans la production de viande ovine va lentement s’accroître pour atteindre finalement 26 % du total.
Consommation
Dans une grande partie du monde en développement, la consommation de viande par habitant est restée stable en 2017 tandis que la croissance des revenus connaissait un ralentissement, en particulier dans les régions très dépendantes des importations de produits agricoles. La demande de viande devrait repartir à la hausse au cours de la période considérée, en particulier dans le monde en développement, mais cette progression devrait généralement être plus faible qu’au cours de la décennie précédente. L’augmentation sera essentiellement liée à celle des revenus et de la population, en particulier dans les pays où il existe une classe moyenne importante. C’est en Afrique que la hausse de la consommation sera la plus forte, et elle sera tirée avant tout par la croissance démographique, ce qui fera baisser la consommation par habitant. Dans les pays développés, les niveaux de consommation sont déjà élevés mais la demande de viande continue généralement de s’accroître, en particulier aux États-Unis où la consommation par habitant et les prix vont retrouver leur niveau d’il y a dix ans. Cela dit, les taux de progression sont généralement moins élevés que dans les pays en développement (graphique 6.7).
Dans les pays les moins avancés où le taux de croissance démographique est élevé, la consommation de viande progresse rapidement, quoique depuis un niveau de départ modeste. C’est notamment le cas en Afrique, où la volaille représente l’essentiel de la consommation supplémentaire de la région, devant la viande bovine. Alors que l’essentiel de la viande ovine consommée est produite dans la région, une part non négligeable de la consommation supplémentaire de viandes bovine, porcine et de volaille proviendra à l’avenir de l’importation.
La consommation de viande bovine augmentera progressivement au cours des dix prochaines années. En 2027, elle se sera accrue de 8 % par rapport à la période de référence dans les pays développés et de 21 % dans les régions en développement. Exprimée en volume par habitant, la consommation de viande bovine dans le monde en développement ne représente qu’un tiers environ de celle des pays développés. La croissance démographique en Asie est le principal moteur de la croissance. S’y ajoute la perception par les acheteurs chinois que la viande bovine est plus saine et exempte de maladies. Une consommation accrue de viande de bœuf et de buffle est en outre attendue au Kazakhstan, en Turquie et au Viet Nam. Le résultat est une augmentation de 24 % de la consommation de viande bovine en Asie au cours de la prochaine décennie.
La consommation mondiale par habitant de viande porcine reste stable au cours de la période étudiée et atteint un niveau de saturation dans la plupart des pays développés. Dans les pays en développement, en revanche, les niveaux de consommation par habitant sont très différents selon les régions. La hausse est soutenue dans la plupart des pays d’Amérique latine, avec une progression rapide ces dernières années. Le prix relatif avantageux de la viande porcine en fait l’une des viandes préférées des consommateurs aux côtés de la volaille. En Asie, plusieurs pays à la situation économique favorable et consommant habituellement du porc, comme la Chine, les Philippines, la Thaïlande et le Viet Nam – qui devrait devenir le plus gros consommateur de viande porcine par habitant – , font augmenter la consommation par habitant au niveau régional. Dans ces régions, la hausse de la consommation totale de viande porcine est encore portée par l’accroissement démographique.
La consommation de viande de volaille augmente dans toutes les régions et dans toutes les catégories de revenu. Son niveau par habitant est en hausse, y compris dans le monde développé, mais il continue de progresser plus rapidement dans les régions en développement. En Chine, la contamination d’êtres humains par le virus de la grippe aviaire ces dernières années a eu des répercussions sur la consommation. Les prévisions se fondent sur l’hypothèse que celle-ci sera peu affectée en 2018 et retrouvera ensuite son niveau habituel. La volaille devrait représenter 44 % de la consommation supplémentaire de viande au cours des dix prochaines années.
La consommation mondiale par habitant de viande ovine s’élèvera à 1.8 kg en poids au détail en 2027. Cette consommation devrait fléchir légèrement en Afrique, en Amérique du Nord et en Amérique latine, ainsi qu’en Océanie. Elle va en revanche continuer de s’accroître dans plusieurs pays d’Asie, par exemple en Chine où la viande ovine est vantée pour sa qualité et ses bienfaits nutritionnels. La viande ovine devrait également voir sa consommation par habitant augmenter dans la région MENA, où elle fait partie du régime alimentaire traditionnel. La hausse de la demande dans cette région est étroitement liée au marché du pétrole, qui a une influence considérable sur le revenu disponible de la classe moyenne et sur la structure des dépenses publiques.
Échanges
Selon les projections pour 2027, les exportations mondiales de viande (hors animaux vivants) vont augmenter de 20 % par rapport à la période de référence. Cela représente un ralentissement de la croissance des échanges de viande, dont le taux annuel moyen tombera à 1.5 % au lieu de 2.9 % au cours de la précédente décennie. En revanche, la part de la production totale de viande échangée sur le marché mondial sera sensiblement la même en 2027 que pendant la période de référence, soit un peu moins de 10 %. Les importations mondiales vont augmenter, en particulier celles de volaille et de viande bovine, qui représenteront la majorité des échanges supplémentaires de viande en 2027. L’Asie est la région qui contribuera le plus à la hausse des importations, en particulier des pays comme les Philippines et le Viet Nam, où la consommation croît plus vite que la production. Les importations asiatiques représentent 56 % des échanges mondiaux de viande, et la volaille constituera plus de la moitié de la demande supplémentaire d’importations. En Afrique, l’augmentation rapide des importations devrait accroître la part de cette région dans les importations mondiales d’ici à 2027. La région MENA va elle aussi accroître ses importations de viande, principalement en Arabie saoudite et dans les autres États du Golfe (graphique 6.8).
Les pays développés devraient compter pour un peu plus de la moitié des exportations mondiales de viande d’ici à 2027, mais leur part diminuera régulièrement par rapport à la période de référence. Les exportations de viande seront de plus en plus concentrées : le Brésil devrait représenter plus d’un tiers de l’augmentation totale des échanges, et les États-Unis plus d’un quart. Les exportations de l’Union européenne, fortement influencées par le taux de change, progresseront beaucoup plus lentement. L’UE a amélioré son accès aux marchés asiatiques, mais elle ne pourra en tirer pleinement parti à cause de la concurrence des Amériques. Dans cette région, les pays traditionnellement exportateurs devraient continuer de représenter une forte proportion des échanges mondiaux de viande. L’Argentine, le Brésil, le Mexique et les États-Unis devraient accroître leur part des exportations mondiales de viande, bénéficiant dans une certaine mesure de la dépréciation de leurs monnaies.
En 2017, c’est au Japon que la demande d’importations de viande a été la plus élevée ; suite à la hausse rapide des importations de viande bovine, une mesure de sauvegarde spéciale a été prise pour les importations de bœuf congelé provenant de pays avec lesquels le Japon n’a pas conclu d’accords de libre-échange. Cela dit, la demande d’importations va progressivement diminuer dans ce pays où la population devrait se contracter de près de 4 millions de personnes d’ici à 2027. Sur la période de projection, l’augmentation de la production de viande en Chine ne sera pas suffisante pour répondre à la hausse de la demande intérieure, ce qui signifie que le pays devra continuer à importer autant qu’aujourd’hui. Le Viet Nam et les Philippines, qui bénéficient de conditions économiques favorables, devraient contribuer davantage à la hausse des importations de tous les types de viandes. L’Afrique est une autre région où les importations progressent rapidement, quoique depuis un faible niveau de départ dans bien des cas. Dans la Fédération de Russie, l’interdiction des importations de viande décrétée en 2014 a réduit de façon permanente le niveau des importations, qui devrait encore baisser dans la mesure où l’interdiction stimule la production intérieure.
La hausse en volume des importations mondiales de viande est principalement le fait de la volaille, importée pour l’essentiel par les pays en développement. La grande majorité des échanges supplémentaires de viande bovine auront lieu entre les pays en développement ; les pays développés assureront toutefois l’essentiel des exportations supplémentaires de viande porcine.
On prévoit que le Brésil et les États-Unis profiteront de la forte demande de volaille du monde en développement, où les habitudes alimentaires se diversifient en faveur d’une plus grande consommation de protéines animales.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande continueront d’approvisionner les marchés mondiaux de la viande ovine, parallèlement à l’expansion continue de la classe moyenne en Chine et au Moyen-Orient. L’Australie devrait augmenter sa production de viande d’agneau aux dépens de celle de mouton. En Nouvelle-Zélande, la croissance des exportations sera minime, l’élevage ovin étant progressivement remplacé par l’élevage laitier.
Principales questions et incertitudes
Les politiques commerciales restent un facteur important qui influence la dynamique des marchés mondiaux de la viande. Ainsi, divers accords commerciaux prévus ou mis en œuvre au cours de la période de projection pourraient entraîner une diversification ou une concentration notable des échanges. Les accords multilatéraux s’avérant difficiles à ratifier, la préférence pourrait aller aux accords bilatéraux.
Les mesures commerciales unilatérales et/ou non programmées représentent un autre facteur de risque dans les projections. En 2017, par exemple, la Fédération de Russie a prolongé jusqu’à fin 2018 l’interdiction frappant les importations de produits alimentaires en provenance des États-Unis, de l’Australie, de la Norvège, du Canada et de l’Union européenne, en réponse aux sanctions économiques de ces mêmes pays. Cette interdiction a provoqué une chute des importations de viande, une plus grande volatilité des prix aux producteurs, et une hausse des prix pour le consommateur. Les politiques nationales ont également une influence sur la compétitivité des producteurs de viande. En Turquie, par exemple, le gouvernement a stimulé la production intérieure de viande bovine en subventionnant l’importation et la distribution de bovins d’embouche et de reproduction afin de reconstituer les troupeaux du pays. Un autre exemple est celui de l’Argentine, qui a mis en place en 2017 un mécanisme de remboursement des impôts sur le chiffre d’affaires et des taxes provinciales sur la valeur ajoutée qui sont prélevés sur les exportations de viande et d’autres produits. Ce système devrait améliorer la compétitivité de l’Argentine sur le marché mondial de la viande et ouvrir de nouveaux débouchés à l’exportation.
Les problèmes sanitaires et de sécurité des aliments liés aux épizooties (par exemple la peste porcine) sont une autre source importante d’incertitude pesant sur les prévisions. Le Brésil pourrait ainsi être déclaré exempt de fièvre aphteuse avec vaccination en 2018, puis exempt de fièvre aphteuse sans vaccination en 2023, ce qui ouvrirait à sa production de viandes bovine et porcine de vastes débouchés dans des pays qui refusaient d’importer des produits provenant de régions touchées par la maladie. En fonction de leur durée et de leur intensité, des réactions potentielles des autorités et des consommateurs, ainsi que des restrictions commerciales, les épizooties pourraient influer sur la production, la consommation et les échanges de viande aux niveaux national et régional. Pour citer un exemple, les projections concernant la production et la consommation de viande dépendront de la rapidité à laquelle la propagation du virus de la grippe aviaire chez les humains sera endiguée en Chine. La poursuite de la propagation du virus pendant la période de projection serait problématique. Le gouvernement chinois surveille de près la situation dans toutes les provinces touchées par l’épizootie de grippe aviaire.
Enfin, les évolutions dans les préférences des consommateurs, telles que l'augmentation du mode de vie végétarien ou végétalien, sont relativement nouvelles et difficiles à évaluer. Elles peuvent toutefois affecter les marchés mondiaux de la viande si elles sont adoptées par une part croissante de la population.
Encadré 6.1. Aspects économiques de la résistance aux antimicrobiens dans la production de viande
Il existe au niveau mondial une prise de conscience grandissante du fait que l’utilisation intensive des antibiotiques dans l’élevage d’animaux destinés à l’alimentation peut entraîner un risque de résistance aux antimicrobiens, les bactéries opérant une mutation et développant des caractéristiques qui leur permettent de résister aux antibiotiques courants. Les inquiétudes concernent les effets de la résistance aux antimicrobiens sur la production de viande et la productivité des animaux, mais aussi sur la transmission de gènes et de bactéries résistants entre les différentes espèces. La question en jeu est celle de l’utilisation fréquente et inappropriée des antibiotiques chez les animaux et les êtres humains, laquelle accélère l’émergence et la propagation d’agents pathogènes résistants. En fait, un grand nombre d’antibiotiques utilisés dans l’élevage des animaux le sont aussi dans la médecine humaine, ce qui accroît les risques de transmission et d’émergence d’organismes pathogènes multirésistants. Des études ont estimé que ce problème pourrait causer jusqu’à 10 millions de décès à l’horizon 2050 et entraîner une baisse du PIB mondial comprise entre 2 % et 3.8 % (OMS, 2015 ; Banque mondiale, 2016). Selon les estimations, la résistance aux antimicrobiens pourrait réduire la production animale mondiale de 2.6 % à 7.5 % d’ici à 2050, les pays à faible revenu risquant d’être les plus durement touchés, avec une baisse pouvant atteindre 11 % (Banque mondiale, 2016).
Les antibiotiques sont amplement utilisés depuis 30 à 40 ans dans l’élevage des animaux pour traiter (thérapie), prévenir (prophylaxie) et endiguer (métaphylaxie) les épizooties, mais aussi pour accélérer la croissance des animaux et améliorer leur productivité. L’usage d’antibiotiques dans la production animale est complexe et difficile à évaluer aux niveaux du secteur et des espèces, en raison du manque de données fiables. Au niveau de l’exploitation, le degré optimal d’utilisation des antibiotiques est en grande partie une décision économique prise par l’éleveur dans un souci de bonne santé et de bien-être des animaux. Avec le développement d’élevages intensifs à grande échelle ces 30 dernières années, en particulier dans les économies émergentes, la demande mondiale d’antibiotiques à usage vétérinaire s’est considérablement accrue. Dans de nombreux pays, les antibiotiques sont beaucoup plus utilisés pour les animaux que pour les humains.
Les pays de l’OCDE et les BRIICS représentent près des quatre cinquièmes de la production mondiale de viande : plus de 70 % pour la volaille, la viande porcine et la viande bovine. L’utilisation d’antibiotiques est étroitement liée à l’ampleur de la population animale de l’exploitation, à l’intensité du système de production et à la façon dont ce système est géré. On estime que quatre pays – la Chine, les États-Unis, l’Inde et le Brésil – se partagent plus des trois cinquièmes du volume d’antibiotiques utilisé dans la production animale au niveau mondial. D’après les études de ses impacts sur la productivité animale, l’utilisation d’antibiotiques dans l’alimentation et dans l’eau procure de moins en moins d’avantages dans la plupart des pays compte tenu des améliorations apportées à l’élevage, à la nutrition et à la reproduction des animaux, ainsi qu’aux mesures de biosécurité. Plusieurs études récentes estiment ainsi que les gains procurés par l’usage d’antibiotiques sont respectivement de 1 % et 3 % pour la production de viande porcine et de volaille, mais ils sont souvent nettement plus élevés dans les économies émergentes, qui partent de plus bas en matière de conduite des élevages et de biosécurité.
Les principales questions qui se posent aujourd’hui au sujet de la résistance aux antimicrobiens ont trait au coût financier qu’elle risque de faire peser sur la santé publique, ainsi qu’aux avantages et inconvénients qui peuvent en découler pour la production animale. Les récentes études réalisées au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Suède montrent que l’usage d’antibiotiques dans la production de viande porcine et de volaille peut être réduit de plus de 50 % sans que cela n’ait de conséquences néfastes sur la productivité ou la santé des animaux, ni sur la rentabilité de l’exploitation, à condition que des mesures adéquates soient prises en matière de gestion sanitaire et de biosécurité. Les alternatives aux antibiotiques faisant actuellement l’objet d’études sont notamment les vaccins, les probiotiques, les bactériophages et l’utilisation de métaux lourds, mais aussi d’autres substituts comme une meilleure gestion et des mesures d’hygiène.
À l’échelle mondiale, la résistance aux antimicrobiens est un sujet hautement prioritaire pour l’Assemblée générale des Nations Unies (2016) et les pays du G20. Le Plan d’action mondial 2016 de l’OMS pour combattre la résistance aux antimicrobiens énonce plusieurs grandes recommandations visant à endiguer la progression de la résistance antimicrobienne. Ce plan est mis en œuvre dans le cadre de l’alliance tripartite OMS/OIE/FAO, qui cherche à améliorer la sensibilisation, l’éducation et la formation, mais aussi à mettre au point des normes de mesure et des systèmes de surveillance. Les travaux de cette alliance sont menés en étroite collaboration avec l’OCDE et la Banque mondiale qui, toutes deux, examinent en particulier les impacts économiques que peut avoir la résistance aux antimicrobiens sur la santé humaine et la production d’animaux destinés à l’alimentation. La résistance aux antimicrobiens étant un problème mondial, la plupart des pays concernés ont décidé d’inscrire leurs efforts dans un cadre commun reposant sur l’approche « un monde, une santé ». La majorité des États membres de l’OMS ont élaboré des plans d’action nationaux assortis d’objectifs en vue de réduire l’usage des antibiotiques et, par conséquent, la résistance aux antimicrobiens chez l’homme et dans la production animale destinée à la consommation humaine.
Sources
OCDE (2018, à paraître), The economics of antimicrobial resistance in livestock production.
Banque mondiale (2016). Drug-Resistant Infections: A Threat to Our Economic Future. Part VI. Antimicrobial Use in Animals and AMR, pp. 65-78. Banque mondiale, Washington, DC 20433.
OMS (2015). Plan d'action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Organisation mondiale de la santé, Genève, Suisse.
Voir aussi la page internet consacrée au « Workshop on Economics of Antimicrobial Use and Resistance in the Livestock Sector » : http://www.oecd.org/tad/events/workshop-economics-antimicrobial-use-resistance-livestock-sector-october-2015.htm..
Note
← 1. L’évolution du secteur de la viande bovine dans les États membres de l’UE est expliquée plus en détail dans l’encadré 4.1 (« box 4.1 ») de la publication de l’Union européenne (2017) intitulée « EU Agricultural Outlook for the EU agricultural markets and income 2017-2030 ».