Ce chapitre décrit la situation des marchés et les éléments marquants qui se dégagent de la dernière série de projections quantitatives à moyen terme sur les marchés mondiaux et nationaux du coton (projections à dix ans, de 2018 à 2027). La production mondiale de coton devrait croître moins rapidement que la consommation durant les premières années de la période de projection, réfrénée par la baisse des prix et la mise sur le marché des stocks mondiaux accumulés entre 2010 et 2014. L’Inde demeurera le premier producteur de coton. Parallèlement, les superficies cotonnières dans le monde devraient légèrement se redresser malgré un recul de 3 % en Chine. La tendance baissière à long terme de la transformation du coton brut devrait se poursuivre en Chine et c’est en Inde que la consommation des filatures deviendra la plus importante. En 2027, les États-Unis restent le premier exportateur mondial, comptant pour 36 % des exportations de la planète. Le prix du coton devrait fléchir par rapport à la période de référence (2015 17), tant en termes réels que nominaux. Il ne cesse en effet de subir le contrecoup du niveau élevé des stocks et de la concurrence des fibres synthétiques.
Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2018-2027
Chapitre 10. Coton
Abstract
Situation du marché
La reprise du marché mondial du coton s’est poursuivie pendant la campagne de commercialisation 2017 après la légère hausse de la production enregistrée en 2016, la production atteignant 25.6 Mt. La production mondiale de coton a ainsi augmenté d’environ 11.1 % en 2017 du fait de l’amélioration des rendements et des superficies récupérées. Par ailleurs, la mise sur le marché de stocks a contribué à stabiliser la consommation mondiale, bien que les réserves mondiales totales restent à un niveau très élevé (19.2 Mt, soit toujours environ huit mois de consommation mondiale). La production a augmenté dans presque tous les grands pays producteurs, dont la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), qui a enregistré une hausse de 7 % en 2017. Le Pakistan, les États-Unis, la Turquie et l’Inde ont vu leur production croître respectivement de 24 %, 24 %, 18 % et 9 % en raison de la hausse des rendements et de l’augmentation de la superficie cultivée.
La demande mondiale de coton a légèrement progressé pendant la campagne de commercialisation 2017 pour atteindre 25.0 Mt. Selon les estimations, la consommation des filatures a augmenté de 3 % (pour atteindre 5.3 Mt) en Inde et est restée stable, à 8.0 Mt, en Chine. Elle a progressé de 12 % au Viet Nam et de 6.9 % au Bangladesh, soutenue par le maintien des investissements directs chinois dans les filatures. Au Pakistan, la hausse a été de 4 %. Les échanges mondiaux de coton se sont redressés en 2017, augmentant de 1.0 % pour atteindre 8 Mt. La hausse des importations au Bangladesh, au Pakistan et au Viet Nam a été insuffisante pour compenser la baisse de la demande d’importations observée dans de nombreux pays depuis 2016. La politique de soutien des producteurs de coton menée par la Chine ayant réduit l’écart de prix entre le coton chinois et le coton importé, les prix des deux cotons suivaient des courbes presque parallèles en 2017. En outre, les exportations des États-Unis sont restées stables par rapport à 2016, s’établissant à 3.1 Mt, et celles de l’Australie ont enregistré une nouvelle hausse de 3 % en 2017 du fait d’une reprise de la production amorcée en 2014.
Principaux éléments des projections
En dépit des pressions résultant du niveau élevé des stocks et de la rude concurrence des fibres synthétiques, les prix mondiaux du coton devraient demeurer relativement stables en valeur nominale pendant la période de projection. Le fait que le prix du polyester soit nettement inférieur aux prix tant nationaux que mondiaux du coton rend ce dernier moins compétitif. La période 2018-27 devrait être marquée par une relative constance car les politiques de soutien appliquées dans les principaux pays producteurs de coton continuent de stabiliser les marchés. Toutefois, en termes réels et nominaux, les prix mondiaux du coton devraient être inférieurs à la moyenne de la période de référence (2015-17).
La croissance de la production mondiale devrait être plus lente que celle de la consommation pendant les toutes premières années de la période de projection, sous l’effet de la baisse anticipée des prix et de la mise sur le marché des stocks mondiaux accumulés en 2010 et 2014. Le ratio stocks/consommation devrait s’établir à 39 % en 2027, un chiffre nettement inférieur à la moyenne de 46 % des années 2000. La superficie mondiale en coton devrait rester légèrement au-dessous de la moyenne de la période de référence. Les rendements mondiaux du coton progresseront lentement, la production étant transférée de pays où les rendements sont relativement élevés, notamment la Chine, à des pays d’Asie du Sud et d’Afrique occidentale où ils sont relativement faibles.
La croissance économique et démographique étant moins rapide que dans les années 2000, la consommation mondiale de coton devrait croître au rythme de 0.9 % par an, pour atteindre 28.7 Mt en 2027. En Chine, la consommation devrait diminuer de 12.5 % par rapport à la période de référence, prolongeant sa tendance baissière, pour s’établir à 6.9 Mt, tandis que l’Inde deviendra le pays dont les filatures affichent la plus forte consommation de coton dans le monde, enregistrant une augmentation de 42.2 % pour atteindre 7.5 Mt en 2027. D’ici 2027, la consommation des filatures de coton devrait également augmenter au Viet Nam, en Indonésie, au Bangladesh et en Turquie, de 74 %, 45 %, 34 % et 17 % respectivement par rapport à la période de référence.
La croissance des échanges mondiaux de coton devrait être plus lente que les années précédentes. Malgré tout, en 2027, les échanges devraient être supérieurs à la moyenne des années 2000. Afin de produire de la valeur ajoutée dans le secteur textile, depuis quelques années, les entreprises se tournent vers le commerce du fil de coton et des fibres synthétiques au détriment de celui du coton brut, et cette tendance devrait se maintenir. Les échanges mondiaux de coton brut atteindront néanmoins 9.4 Mt d’ici 2027, soit 19 % de plus que la moyenne de la période de référence de 2015-17. En 2027, les États-Unis restent le premier exportateur mondial, comptant pour 36 % des exportations mondiales, soit une augmentation de 1 % par rapport à la période de référence. Les exportations du Brésil devraient atteindre 1.2 Mt en 2027, soit 0.5 Mt de plus que pendant la période de référence. Le Brésil deviendra donc le deuxième exportateur mondial, dépassant l’Inde. Le troisième exportateur mondial sera l’Australie, où les exportations passeront de 0.7 Mt pendant la période de référence à 1.0 Mt. Les exportations des pays d’Afrique subsaharienne producteurs de coton se hisseront à 1.6 Mt d’ici 2027. S’agissant des importations, celles de la Chine devraient s’accroître légèrement pour atteindre 1.2 Mt en 2027, ce qui reste un niveau bas par rapport à ceux atteints au cours de la décennie écoulée. Cette évolution s’explique par la faible consommation intérieure et la mise sur le marché de stocks, ainsi que par la baisse du soutien aux producteurs. Le rôle dominant de la Chine sur le marché mondial du coton sera fortement remis en cause par l’émergence d’autres pays importateurs. Selon les projections, les importations du Viet Nam et du Bangladesh augmenteront respectivement de 0.8 Mt et 0.5 Mt, tandis que celles de l’Indonésie et de la Turquie s’élèveront respectivement à 1.0 Mt et 0.8 Mt d’ici 2027.
En dépit de la hausse des coûts de la main-d’œuvre agricole et de la concurrence avec d’autres cultures pour l’utilisation des terres et des autres ressources naturelles, qui pèsent sur la croissance, l’amélioration de la productivité liée au progrès technologique et l’adoption de meilleures pratiques de production du coton, notamment l’utilisation de semences certifiées, de systèmes de plantation à haute densité et de variétés à cycle court, assurent une bonne marge de progression à la production de coton dans les dix années à venir. Bien que les perspectives à moyen terme annoncent une croissance soutenue, certaines incertitudes à court terme entourant la période de projection pourraient se traduire par une volatilité à brève échéance de la demande, de l’offre et des prix. Un coup de frein brusque à l’économie mondiale, l’effondrement des échanges mondiaux de textiles et de vêtements, la compétitivité des fibres synthétiques en termes de qualité et de prix, et les changements dans les politiques gouvernementales sont autant de facteurs importants qui peuvent se répercuter sur le marché du coton.
Prix
Les prix mondiaux du coton devraient demeurer relativement stables en valeur nominale, en particulier pendant la seconde moitié de la période de projection, en dépit des pressions résultant du niveau élevé des stocks et de la concurrence des fibres synthétiques. Les marchés du coton devraient se stabiliser, les politiques de soutien des principaux pays producteurs de coton étant maintenues durant la période 2018-27.
Les stocks mondiaux de coton ont légèrement progressé en 2017, mais devraient diminuer pour s’établir à 11 Mt d’ici 2027, ce qui correspond à cinq mois de consommation mondiale. Le ratio stocks/consommation devrait chuter à environ 40 % en 2027, bien en deçà des 80 % observés pendant la période de référence. Le marché du coton de la Chine devrait demeurer relativement stable après une réorientation de la politique publique relative au coton qui entraînera une réduction des stocks accumulés pendant la période de projection.
Production
Principalement soutenue par la croissance des rendements, la production mondiale devrait atteindre 27.7 Mt en 2027, affichant une augmentation moyenne de 1.6 % par an pendant la période de projection. Toutefois, elle devrait augmenter à un rythme plus lent que la consommation pendant les toutes premières années de la période de projection, sous l’effet de la baisse des prix et de la mise sur le marché des stocks mondiaux accumulés entre 2010 et 2014, anticipées par les projections. De plus, les Perspectives prévoient une légère diminution de la superficie mondiale consacrée au coton les deux premières années de la période de projection, suivie d’une augmentation progressive.
La superficie mondiale consacrée au coton devrait à nouveau progresser au cours de la période de projection, malgré une réduction de 1 % en Chine. Le rendement mondial moyen du coton augmentera lentement à mesure que des parts de production seront transférées de pays où les rendements sont relativement élevés, notamment la Chine, à des régions d’Asie du Sud et d’Afrique occidentale où ils sont relativement faibles.
La croissance des rendements en Chine devrait ralentir, passant de plus de 3 % par an ces dix dernières années à 1 % par an ces dix prochaines années. Les producteurs de coton chinois affichent toujours des rendements élevés par hectare (environ deux fois la moyenne mondiale), mais obtenus avec des techniques nécessitant une main-d’œuvre relativement nombreuse. En raison de la petite taille des parcelles, des ressources limitées en eau et de la faible mécanisation, les producteurs de coton, notamment ceux des provinces orientales, sont confrontés à une hausse des coûts de production déjà élevés.
D’après les projections des Perspectives, l’Inde devrait produire 7.9 Mt de coton en 2027, soit environ un tiers de la production mondiale. Les producteurs indiens cherchent toujours à améliorer leur potentiel de rendement au moyen de techniques nouvelles. L'introduction de coton génétiquement modifié en Inde, un événement qui a contribué à faire évoluer les pratiques et les technologies, a permis de multiplier par plus de deux la production entre 2003 et la période de référence. Les rendements devraient progresser de 1.9 % par an au cours de la période 2018-2027, chiffre supérieur au taux de croissance annuel de 2008-17, sous l’effet de l’amélioration des pratiques de gestion. Par ailleurs, il convient de noter que le rendement variable du coton en Inde dépend du cycle des moussons dans les régions non irriguées. Le changement climatique pourrait modifier ce cycle et influer sur les rendements à l’avenir.
Le Pakistan est le quatrième producteur mondial de coton. D’après les projections, le pays produira 2.4 Mt de coton en 2027. La production augmentera d’environ 1.4 % par an, sous l’effet de l’élargissement des superficies et de l’amélioration du rendement. À l'instar du Pakistan, l’Inde devrait voir ses superficies de coton progresser plus vite que celles consacrées à d’autres cultures. La production devrait augmenter d'environ 2.3 % par an. Cependant, en valeur absolue, la production au Pakistan est inférieure à celle de l'Inde, ce pays ayant adopté le coton génétiquement modifié bien après l’Inde. Les pays africains, principalement le Bénin, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Cameroun devraient contribuer à hauteur de 2 Mt à la production mondiale d’ici 2027, soit 33 % de plus que pendant la période de référence. Il convient de noter que la croissance observée au Burkina Faso se produit alors que le pays qui avait adopté le coton transgénique revient au coton non génétiquement modifié. Le coton génétiquement modifié a des fibres plus courtes que les variétés conventionnelles et ne permet donc pas d’obtenir le fil lisse et régulier indispensable à la production textile.
Consommation
La demande totale de coton, qui s'est élevée à 24.5 Mt pendant la période de référence, devrait atteindre 28.7 Mt en 2027. Ce chiffre dépasse le record historique de consommation de 2007 et équivaut à une croissance de 0.9 % par an au cours des dix prochaines années. Cependant, cette hausse ne sera pas régulière au cours de la période étudiée. Au cours des dix prochaines années, la consommation de coton croît plus vite que la population mondiale mais, en 2027, la consommation par habitant devrait rester inférieure aux niveaux records observés au cours de la période 2005-07 et en 2010 (graphique 10.5). L’Asie confirme sa position de première région mondiale pour la consommation de coton, principalement en raison du faible coût de la main-d’œuvre et de l’électricité et d’une réglementation environnementale moins stricte.
L’un des principaux facteurs freinant la reprise de la consommation de coton est la concurrence féroce des fibres synthétiques. D’après les projections, fondées sur l’hypothèse de cours du pétrole relativement bas, les prix du polyester devraient rester nettement inférieurs à ceux du coton, ce qui exerce de fortes pressions concurrentielles sur les marchés du coton tout au long de la période de projection. En outre, la consommation de coton sera influencée non seulement par les tendances macroéconomiques, mais aussi par l’évolution des goûts et des préférences, y compris la prise de conscience croissante de la pollution plastique en mer. Des études scientifiques ont montré qu’en un seul lavage, un vêtement synthétique peut perdre des milliers de microfibres synthétiques qui traversent les systèmes de filtration des stations d’épuration pour être finalement rejetées dans les rivières et les océans.
En Chine, la consommation devrait chuter de 13 % par rapport à la période de référence pour s’établir à 6.9 Mt, dans le prolongement de la tendance baissière amorcée en 2009. La part de la Chine dans la consommation mondiale de coton devrait tomber à 24 % en 2027, contre 32 % pendant la période de référence. La Chine perdrait donc la position de premier consommateur de coton pour ses filatures, qu’elle occupait depuis les années 1960, au profit de l’Inde. L’Inde devrait consommer 7.5 Mt de coton en 2027, sa part dans la consommation mondiale totale passant de 21 % pendant la période de référence à 26 % en 2027. Selon les estimations, la consommation des filatures du Pakistan augmenterait de 18 % pendant la période de projection, et celle du Viet Nam devrait se maintenir à un niveau élevé. Les investissements directs chinois dans les filatures de ces pays pourraient ne pas se poursuivre, car les prix locaux se rapprochent lentement des cours mondiaux sous l'effet de la hausse progressive des coûts de la main-d’œuvre agricole dans ces pays ces dix prochaines années. On anticipe également une hausse de la consommation des filatures de coton du Bangladesh, de l’Indonésie, de la Turquie et d’autres pays asiatiques (principalement le Turkménistan et l’Ouzbékistan) d’ici 2027.
Parmi les grands pays consommateurs, le Bangladesh, le Viet Nam et l’Indonésie sont ceux où la consommation devrait progresser le plus rapidement, à un rythme de 3.5 %, 2.9 % et 2.1 % par an respectivement, leur industrie textile poursuivant une expansion rapide, amorcée en 2010. En effet, alors que les prévisions avaient largement tablé sur une baisse des exportations bangladaises de textile après la suppression de l’accord multifibres en 2005, les exportations de vêtements et les filatures du Bangladesh se portent très bien.
Échanges
Les échanges de coton devraient évoluer en réponse à la transformation en cours depuis quelques années dans l’industrie textile mondiale, qui résulte principalement de la hausse des coûts de main-d’œuvre, des prix de soutien du coton, et des incitations à produire de la valeur ajoutée dans la filière coton. Ces dernières années, les échanges de fil de coton et de fibres synthétiques tendent à remplacer peu à peu les échanges de coton brut. Toutefois, les échanges mondiaux de coton brut devraient reprendre pour atteindre 9.4 Mt en 2027, soit une hausse d’environ 19 % par rapport à la période de référence, bien que ce chiffre reste inférieur aux 10.0 Mt correspondant au niveau moyen pour 2011-12.
Pendant toute la période visée, le premier exportateur mondial devrait être les États-Unis, avec une part de 36 % des exportations mondiales en 2027 (35 % pendant la période de référence), suivis par le Brésil et l’Australie (graphique 10.6). Les exportations du Brésil atteindront 1.2 Mt, contre 0.8 Mt pendant la période de référence. Selon les prévisions, les exportations australiennes progresseront de plus de 2.8 % par an pour atteindre 1.0 Mt d’ici 2027. Depuis quelques années, grâce à l’intensification de la productivité et de la production, l'Inde est devenue un acteur majeur sur le marché mondial du coton. Cependant, les exportations indiennes devraient tomber à 0.9 Mt en 2027, pour constituer 9 % des exportations mondiales de coton, contre 14 % pendant la période de référence, ce qui s’explique par la hausse de la consommation intérieure.
Les pays d’Afrique subsaharienne continuent de jouer un rôle majeur en tant qu’exportateurs de coton. Ces exportations devraient progresser pour représenter 18 % des échanges mondiaux, soit 1.6 Mt en 2027. Cependant, dans la région, les échanges ont été irréguliers ces dernières décennies. La consommation des filatures de coton étant limitée dans la région, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne exportent pratiquement toute leur production. Du fait de l’amélioration de la productivité, en particulier par l’adoption du coton biotechnologique dans cette région, la production et les exportations devraient augmenter de 25 % et de 26 % respectivement en 2027 par rapport à la période de référence.
La transformation en cours dans les échanges suscite aussi une redistribution des importateurs au sein de l’économie mondiale du coton. Bien que la Chine ait perdu sa position de premier importateur mondial en 2015, sa part dans les importations mondiales de coton restera stable pendant la période de projection, s’établissant autour de 13 %. Les quantités de coton importé en Chine, estimées à 1.2 Mt en 2027, sont bien inférieures au niveau record de 5 Mt environ enregistré en 2011. En revanche, le Bangladesh et le Viet Nam devraient devenir les principaux importateurs. Selon les prévisions, leurs importations devraient augmenter de 41 % et 69 % respectivement d'ici 2027, et représenter plus de 40 % des échanges mondiaux.
Principales questions et incertitudes
Bien que les perspectives à moyen terme sur le marché mondial du coton soient stables, de possibles fluctuations à court terme de la demande, de l’offre et des prix pourraient entraîner d’importantes incertitudes à court terme pendant la période de projection.
La demande de coton brut est liée à la demande de textiles et de vêtements, qui est très sensible aux modifications des conditions économiques. Dans le cas d'un ralentissement soudain de l'économie mondiale, la consommation mondiale de textiles et de vêtements enregistrerait une baisse brutale, ce qui se répercuterait également sur la stabilité du marché du coton brut. À titre d'exemple, la crise financière de 2008-09, qui a entraîné un recul de plus de 10 % de la consommation mondiale moyenne, s'est traduite par un déclin de 40 % des prix du coton.
Si les gouvernements du Viet Nam, du Bangladesh et de l’Inde entendent encourager et accroître leur production, leurs efforts sont limités par des facteurs tels que la superficie restreinte, la rareté de l’eau et le changement climatique. La Malaisie cherche activement à conclure un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Cet accord devrait faire augmenter les exportations textiles de ce pays vers l’Union européenne et donc entraîner une hausse de la consommation intérieure de coton.
La politique chinoise du coton est l’une des principales sources d’incertitude dans le secteur mondial du coton. Le niveau de ses stocks, en particulier, influe fortement sur le marché mondial. La Chine pourrait prendre de nouvelles mesures pour réformer sa politique du coton au cours des dix prochaines années, en s’appuyant sur les réformes menées en 2014. Ces mesures auraient des répercussions importantes sur le marché mondial en général, et pourraient nuire à des secteurs particuliers de pays partenaires, comme le secteur filature du Viet Nam.
Les rendements mondiaux du coton progresseront lentement à mesure que la production sera transférée de pays où les rendements sont relativement élevés, notamment la Chine, à l’Inde et à des pays d’Asie du Sud où ils sont relativement faibles. Aux États-Unis, la culture de coton génétiquement modifié a contribué à réduire les coûts de production, tandis qu’en Australie, l’adoption de variétés transgéniques spécialement adaptées aux conditions locales a permis d’augmenter la productivité. En Inde, les producteurs ont adopté les cultures génétiquement modifiées et modernisé leurs pratiques de gestion. Néanmoins, les rendements moyens restent très inférieurs à ceux de nombreux autres pays producteurs de coton et les variétés génétiquement modifiées sont très vulnérables aux mauvaises conditions météorologiques, ce qui a amené d’autres pays à se montrer plus prudents dans l’adoption de cultures transgéniques. Alors qu’aucune restriction commerciale n’a encore été appliquée aux fibres, fils et autres produits textiles de coton génétiquement modifié, l’adoption du coton transgénique ne progresse néanmoins que lentement dans de nombreux pays. Toutefois, l’adoption de variétés transgéniques s’accompagne d’incertitudes d’un autre ordre comme le montre l’exemple récent du Burkina Faso où les producteurs sont revenus aux variétés non génétiquement modifiées, après s’être aperçus que les variétés transgéniques avaient des fibres plus courtes et faisaient donc baisser leurs recettes. L’introduction de nouvelles technologies, dont la mécanisation et une utilisation accrue d’intrants, permettrait aux pays enregistrant de faibles rendements de réaliser des gains de productivité.