Jamais le progrès technologique n’avait autant transformé la société, l’économie et le quotidien des citoyens. Nos façons de travailler, d’apprendre, de communiquer et de consommer se trouvent bouleversées par l’avènement du numérique. À mesure que l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique déploient leur potentiel, cette nouvelle vague de changement semble devoir déferler pendant des décennies.
Les citoyens, les entreprises et les pays capables de profiter au maximum du passage au numérique en obtiendront des bénéfices considérables, au sens où il enrichit la vie, stimule la productivité et facilite l’apprentissage. En revanche, ceux qui ne sont pas à même d’en tirer parti risquent de se retrouver à la traîne. Les espoirs que suscite la transformation numérique masquent la menace d’un creusement des inégalités existantes et de l’émergence de nouvelles inégalités, alors que certains emplois sont appelés à disparaître et que certaines compétences vont se retrouver dépassées.
Cette édition des Perspectives de l’OCDE sur les compétences montre qu’en permettant aux individus d’acquérir l’éventail des compétences qui leur seront nécessaires, les pays peuvent faire en sorte que la révolution numérique actuelle améliore la vie de chacun. À partir de l’Enquête sur les compétences des adultes, menée au titre du Programme de l’OCDE pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), le présent rapport identifie les fossés que l’essor du numérique risque d’accentuer ainsi que les meilleurs moyens de les combler – au travail, à la maison, à l’école, au sein des pays et entre eux.
Au travail, les technologies numériques contribuent à une nouvelle vague d’automatisation. Des machines assument de plus en plus de tâches routinières, avec à la clé la destruction de certains emplois, alors que sur d’autres postes, les travailleurs peuvent faire appel à des technologies plus sophistiquées pour les aider à mieux accomplir leurs tâches. Dans ce contexte, il est urgent que les pays s’efforcent de renforcer les compétences des travailleurs dont les emplois sont fortement menacés d’automatisation.
Pour prospérer dans un monde du travail numérique, les travailleurs doivent pouvoir puiser dans un vaste réservoir de compétences : aptitudes cognitives et socioémotionnelles solides, doublées de qualifications numériques adéquates. La révolution numérique rend ces compétences nécessaires dans tous les aspects de la vie. Les individus qui ne possèdent pas les compétences élémentaires indispensables ne pourront pas bénéficier de tous les avantages qu’offre internet ou devront se contenter de ses utilisations les plus basiques. L’action publique doit offrir à chacun les moyens de tirer pleinement parti des nouvelles technologies – et cela est particulièrement vrai dans les régions qui accusent déjà du retard. Ce rapport évoque sans ambages le risque de creusement des inégalités géographiques que fait peser la transformation numérique au sein des pays.
La palette des compétences qu’exige l’essor du numérique témoigne de la nécessité où se trouve chaque pays de consolider son système d’apprentissage tout au long de la vie. Pour ce faire, il faut corriger les inégalités d’accès à l’enseignement et à la formation, adapter les programmes scolaires à l’évolution des besoins en compétences – notamment numériques – et proposer aux enseignants les meilleures formations possibles. Cela suppose également de bâtir des systèmes de formation des adultes qui répondent aux attentes du marché du travail.
Pour atteindre ces objectifs et tirer le meilleur parti possible de l’avènement du numérique, il est essentiel que les pays mettent en place des programmes d’action complets et coordonnés intégrant les politiques en matière d’éducation, d’emploi, de fiscalité, de logement, de protection sociale, de recherche et d’innovation. Les politiques en lien avec les compétences, qui devront former le socle sur lequel viendra s’appuyer cette approche, sont indispensables pour faire en sorte que la transformation numérique contribue à une croissance inclusive. Dans un monde en pleine mutation numérique, ce sont les compétences qui feront la différence entre rester au sommet de la vague ou se laisser distancer.