L’avènement du numérique transforme l’économie et la société, mais il s’accompagne également de nouveaux défis pour l’action des pouvoirs publics. La mesure dans laquelle chaque pays est prêt à tirer pleinement profit des avantages du numérique dépend largement des compétences de sa population et du programme d’action qu’il a bâti à partir de ses politiques en matière de compétences. Le présent chapitre propose un tableau de bord des performances des pays en termes de compétences, d’exposition au numérique et de politiques relatives aux compétences. Il évalue dans quelle mesure les pays ont été, sont et seront capables de tirer le meilleur parti possible de la transformation numérique grâce aux compétences de leurs populations. Le chapitre, qui présente les grandes lignes du rapport, cherche à déterminer comment les politiques, et notamment celles qui touchent au développement et à l’utilisation des compétences, peuvent influer sur les retombées de la transformation numérique et faire en sorte que cette nouvelle vague technologique soit synonyme de prospérité et d’une vie meilleure pour tous.
Perspectives de l'OCDE sur les compétences 2019
Chapitre 1. Vue d’ensemble – politiques en matière de compétences : travailler, vivre et apprendre dans un monde numérique
Abstract
L’avènement du numérique bouleverse de nombreux aspects de la vie
L’économie et la société sont en train de connaître une transformation numérique. Les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’intelligence artificielle (IA) et la robotique sont en passe de bouleverser nos modes de vie, de travail et de communication. Les technologies numériques permettent également l’émergence d’une économie dite « à la demande », laquelle crée de nouvelles façons de travailler, d’apporter de la valeur et d’échanger avec les autres. Avec ces changements apparaissent de nouveaux défis pour l’action publique.
Ces technologies peuvent réduire certaines inégalités entre les individus. On peut désormais proposer ses services de manière plus souple via les plateformes en ligne plutôt que de se lier à un seul employeur formel, brouillant ainsi les frontières entre les formes classiques et atypiques d’emploi. Certains peuvent travailler de partout grâce au télétravail, et saisir ainsi des possibilités d’emploi quel que soit le lieu où l’employeur se trouve. Chacun peut suivre des cours en ligne gratuitement ou quasi-gratuitement, même ceux proposés par des professeurs des meilleures universités. On peut communiquer facilement avec ses amis et sa famille même lorsqu’ils sont loin, échanger des idées et les diffuser très largement via internet. Où que l’on vive, on peut acheter des produits du monde entier.
Cependant, la transformation numérique peut également entraîner des divergences :
Entre les travailleurs : travailleurs hautement qualifiés, qui peuvent facilement s’adapter à un monde du travail numérique, et travailleurs moins qualifiés, qui sont les plus susceptibles de supporter le coût du passage au numérique ; salariés d’entreprises dynamiques, qui adoptent les toutes nouvelles technologies, savent en tirer parti et acquérir des compétences très recherchées, et salariés d’entreprises aux méthodes de travail du passé. Des divergences peuvent également apparaître entre les travailleurs de différentes branches d’activité et professions, qui ne seront pas touchés de la même manière par la technologie. Ceux qui travaillent via des plateformes en ligne ne bénéficient pas des mêmes droits et de la même protection sociale que les salariés sous contrat classique.
Entre les entreprises, une petite proportion d’entre elles concentrant à elle seule une large part des bénéfices.
Entre les régions, certaines attirant des entreprises de haute technologie, des emplois bien rémunérés et une population hautement qualifiée, tandis que d’autres accusent du retard ou stagnent et connaissent des licenciements et une diminution de leur population.
Entre les individus : enfants passant toujours plus de temps en ligne, personnes âgées se sentant plus isolées à mesure que de plus en plus d’activités se font en ligne, adultes hautement qualifiés menant de nombreuses activités en ligne et adultes moins qualifiés en effectuant moins ou de plus simples.
Si certains estiment que la vague actuelle de transformation technologique est plus ample et plus rapide que les précédentes, le changement technologique fait partie depuis toujours de l’économie et de la société. Il contribue à la hausse de la productivité, mais lorsqu’il repose sur les compétences, il entraîne également un accroissement des inégalités, les individus les plus qualifiés en bénéficiant le plus. De nombreuses incertitudes demeurent quant aux répercussions qu’aura la transformation technologique actuelle sur les travailleurs, l’économie et la société. Plutôt que d’attendre de voir ce que seront ces effets, il semble préférable d’adopter dès à présent une approche proactive favorisant la résilience.
Ce rapport a pour ambition de mieux comprendre comment les politiques, et notamment celles qui touchent au développement et à l’utilisation des compétences, peuvent influer sur les retombées de la transformation numérique et faire en sorte que les bénéfices en soient plus équitablement répartis parmi et entre les populations des pays (Graphique 1.1).
Dans plusieurs pays, les inégalités n’ont jamais été aussi fortes depuis cinquante ans. Dans les pays de l’OCDE, le revenu disponible moyen des 10 % les plus riches est désormais plus de neuf fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres (OCDE, 2016[1]). Peut-être plus important encore, l’inégalité des chances est marquée dans de nombreux pays. Les enfants dont les parents n’ont pas terminé leurs études secondaires ont nettement moins de chances de poursuivre des études supérieures que leurs camarades dont au moins un parent est diplômé du supérieur (OCDE, 2016[2]). Un tiers environ des enfants de travailleurs manuels deviennent eux-mêmes des travailleurs manuels (OCDE, 2018[3]). Face à cette situation, l’urgence pour les responsables de l’action publique revient à s’assurer que cette nouvelle vague technologique n’ira pas simplement s’ajouter aux inégalités existantes.
Il est nécessaire d’investir dans les compétences, l’enseignement et la formation pour tirer le meilleur parti possible de la transformation numérique
En 2015, les pays membres de l’OCDE ont dépensé entre 3 % et 6 % de leur PIB dans les établissements d’enseignement (OCDE, 2018[4]). Toutefois, de 1.5 % à 19 % des jeunes diplômés du supérieur (selon les pays) ont un faible niveau de compétences à l’écrit et en mathématiques, comme le montre l’Enquête de l'OCDE (PIAAC). Au total, en 2017, 13 % des 15-29 ans étaient sans emploi et sortis du système scolaire, ce qui semble indiquer une inadéquation entre les types de compétences et connaissances acquis pendant la scolarité et ceux qu’attendent les employeurs, même si la réglementation du marché du travail et d’autres aspects jouent également un rôle important (OCDE, 2018[4]). Une hausse du nombre d’années de scolarité ne constitue pas en soi la solution, tandis qu’une augmentation du taux d’inscription dans l’enseignement supérieur pourrait se révéler coûteuse et ne conduirait pas nécessairement à obtenir la bonne combinaison de compétences pour tous.
En outre, certaines compétences s’acquièrent plus facilement en cours d’emploi. Bien que l’on ne dispose pas de données comparables sur la formation des adultes et la formation en cours d’emploi, certains pays ont adopté ou sont en train d’adopter des programmes ambitieux de formation des adultes. Néanmoins, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les travailleurs hautement qualifiés sont, en moyenne, près de trois fois plus susceptibles que les travailleurs peu qualifiés de suivre des formations.
Il est nécessaire d’investir dans les compétences, l’enseignement et la formation pour exploiter au maximum la transformation numérique. Dans de nombreux pays toutefois, la question se pose de savoir si ces investissements sont actuellement suffisants et comment les rendre plus efficaces et plus inclusifs.
Les pays sont plus ou moins prêts à tirer parti des retombées de la transformation numérique
La mesure dans laquelle les pays ont été, sont et seront capables d’exploiter au maximum le passage au numérique grâce aux compétences de leurs population et aux politiques qu’ils mettent en place est résumée sous forme de tableau de bord dans ce chapitre.
Le tableau de bord s’articule autour de trois grandes dimensions : 1) les compétences nécessaires pour tirer parti du numérique ; 2) l’exposition au numérique ; 3) les politiques relatives aux compétences permettant d’exploiter pleinement la transformation numérique.
Le tableau de bord met en évidence les points suivants :
Aucun pays n’obtient de résultats supérieurs au niveau médian dans toutes les dimensions du tableau de bord, ce qui laisse supposer que tous les pays peuvent s’améliorer.
Un petit groupe de pays, notamment la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et la Suède, obtient globalement de très bons résultats dans la plupart des dimensions. Leurs populations possèdent généralement de bonnes compétences et peuvent compter sur de solides systèmes de formation tout au long de la vie pour pouvoir bénéficier pleinement du passage au numérique. Ces pays sont également en avance sur le plan de l’exposition de leur économie et de leur société au numérique.
D’autres pays, comme la Corée et le Japon, obtiennent des résultats plus ou moins bons selon la dimension étudiée. Leurs scores sont élevés sur les indicateurs étroitement liés aux compétences acquises pendant la scolarité et aux compétences de la jeune génération, mais ils sont proches de la moyenne ou inférieurs en ce qui concerne l’exposition du marché du travail au numérique et l’apprentissage en dehors des études formelles. Ces pays sont capables de tirer le meilleur parti possible de la transformation numérique mais ils devront adopter une série de mesures permettant de s’assurer que les travailleurs et adultes âgés ne sont pas laissés de côté.
Le Chili, la Grèce, l’Italie, la Lituanie, la République slovaque et la Turquie obtiennent des résultats globalement médiocres sur de nombreuses dimensions. Leurs populations possèdent rarement les compétences élémentaires indispensables pour prospérer dans un monde numérique, dans leur vie de tous les jours comme au travail. En outre, leurs systèmes d’apprentissage tout au long de la vie, formels comme informels, ne sont pas suffisamment développés pour permettre aux travailleurs de se perfectionner ou de se recycler pendant toute leur vie active – une question pourtant essentielle dans un monde en pleine mutation.
Le tableau de bord montre également que les compétences de la population et les politiques nationales en lien avec les compétences sont étroitement liées à l’exposition du pays concerné au numérique, ce qui témoigne dans une certaine mesure de l’adoption des technologies au travail et dans la vie quotidienne. Presque tous les pays faiblement exposés à la transformation numérique (Chili, Grèce, Italie, Lituanie, République slovaque et Turquie) enregistrent des résultats relativement faibles sur les niveaux de compétences de leur population et les politiques en matière de compétences.
Tableau 1.1. Tableau de bord sur les compétences et la transformation numérique
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Quart supérieur |
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Autour du niveau médian |
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Quart inférieur |
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Données manquantes |
X |
Données manquantes pour le(s) indicateur(s) concerné(s) |
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Compétences nécessaires pour tirer parti de la transformation numérique |
Exposition au numérique |
Politiques relatives aux compétences permettant d’exploiter la transformation numérique |
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Transmettre à la génération suivante les compétences nécessaires |
Pourcentage limité d’individus ne possédant pas les compétences de base nécessaires |
Pourcentage significatif d’individus bien formés |
Exposition et utilisation au quotidien |
Exposition du marché du travail |
Travailleurs vulnérables |
Intégration efficace des TIC à l’école |
Préparation et besoins de formation des enseignants |
Systèmes d’apprentissage tout au long de la vie |
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16-29 |
55-65 |
Formation initiale |
Formation post-secondaire |
Formation en dehors de la scolarité formelle |
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Australie |
X |
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Autriche |
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Belgique |
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Canada |
X |
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X |
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Chili |
X |
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République tchèque |
X |
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Danemark |
X |
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Estonie |
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Finlande |
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France |
X |
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Allemagne |
X |
X |
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Grèce |
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Hongrie |
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Islande |
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X |
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Irlande |
X |
X |
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Israël |
X |
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Italie |
X |
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Japon |
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Corée |
X |
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Lettonie |
X |
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X |
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X |
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Lituanie |
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Luxembourg |
X |
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X |
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Mexique |
X |
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X |
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Pays-Bas |
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Nouvelle-Zélande |
X |
X |
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Norvège |
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Pologne |
X |
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Portugal |
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X |
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République slovaque |
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Slovénie |
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Espagne |
X |
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Suède |
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Suisse |
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Turquie |
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X |
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Royaume-Uni |
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États-Unis |
2 |
2 |
2 |
2 |
X |
2 |
2 |
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X |
3 |
1 |
1 |
Note : le tableau de bord montre pour chaque sous-dimension les pays qui se situent dans le quart supérieur, le quart inférieur et autour du niveau médian de l’OCDE. Un seuil strict ayant été défini, certains pays peuvent être classés dans une catégorie (par ex., le quart inférieur) mais être proches de la suivante (dans cet exemple, le niveau médian). Pour tous les niveaux de performance (quart supérieur, autour du niveau médian et quart inférieur), les celluls marquées d’un « X » indiquent des données manquantes pour l’indicateur en question. Les pays sont classés en fonction des sous-dimensions, lesquelles sont des agrégats des indicateurs présentés dans le Tableau d’annexe 1.A.1 (voir Encadré 1.1 pour des détails sur l’agrégat et les sous-dimensions des indicateurs). S’agissant des indicateurs basés sur l’Enquête sur les compétences des adultes (PIAAC), les données de la Flandre sont utilisées pour la Belgique, et les données de l’Angleterre et de l’Irlande du Nord pour le Royaume-Uni.
Source : voir Tableau d’annexe 1.A.1 pour des détails sur les sources utilisées pour les indicateurs sous-jacents.
Encadré 1.1. Tableau de bord sur les compétences et la transformation numérique
Le tableau de bord (Tableau 1.1) présente les performances récentes des pays en termes de compétences, d’exposition au numérique et de politiques relatives aux compétences permettant de tirer le meilleur parti possible de la transformation numérique.
Dimensions principales
Trois grandes dimensions ont été retenues, qui se subdivisent en sous-dimensions souvent fondées sur un ensemble d’indicateurs. Nombre de ces éléments sont extraits des travaux d’analyse présentés dans cette édition des Perspectives de l’OCDE sur les compétences (voir Annexe 1.A pour une liste complète des indicateurs et de leurs sources).
Compétences nécessaires pour tirer parti la transformation numérique : avec cette dimension, on cherche à déterminer dans quelle mesure les individus ont acquis les compétences élémentaires indispensables pour pouvoir tirer parti du passage au numérique tout en en surmontant les risques. La transformation numérique exige tout un éventail de compétences, les trois sous-dimensions évaluent donc le niveau atteint sur plusieurs compétences et pour différents groupes d’âge (15 ans, jeunes adultes et personnes âgées) et différents types de compétences (écrit, mathématiques, résolution de problèmes et aptitudes sociales). L’accent est mis sur les individus qui ne possèdent pas le niveau de base nécessaire sur une compétence donnée, dans la mesure où il est alors nettement plus difficile de se perfectionner ou d’acquérir de nouvelles qualifications. Les trois sous-dimensions permettent d’étudier dans quelle mesure :
la jeune génération maîtrise toute une série de compétences cognitives et socio émotionnelles, notamment l’écrit, les mathématiques, le travail en collaboration et la résolution créative de problèmes (Transmettre à la génération suivante les compétences nécessaires) ;
les générations jeune et âgée manquent de compétences cognitives élémentaires, notamment en TIC (Pourcentage limité d’individus ne possédant pas les compétences de base nécessaires) ; et
les individus possèdent un éventail pertinent de compétences reposant sur une bonne maîtrise de l’écrit et des mathématiques (Pourcentage significatif d’individus bien formés).
Exposition au numérique : cette dimension vise à décrire dans quelle mesure la transformation numérique se diffuse jusque dans le quotidien et le travail des individus. Le passage au numérique ne se fait pas au même rythme dans tous les pays, ce qui laisse penser que certains d’entre eux prennent aujourd’hui un retard qu’il leur faudra bientôt rattraper. Dans ce contexte, les trois sous-dimensions permettent d’étudier dans quelle mesure :
les individus utilisent les technologies numériques au quotidien (Exposition et utilisation au quotidien) ;
les tâches des travailleurs changent car elles deviennent moins routinières ou font davantage appel aux TIC (Exposition du marché du travail) ; et
les travailleurs risquent d’avoir du mal à retrouver du travail en cas de licenciement (Travailleurs vulnérables).
Politiques relatives aux compétences permettant d’exploiter la transformation numérique : cette dimension tente de déterminer si les politiques nationales en matière de compétences permettent de préparer les populations à la transformation numérique. Le rôle des enseignants est déterminant pour préparer les jeunes à acquérir les compétences nécessaires dans un monde numérique, tandis que les travailleurs doivent être en mesure de se perfectionner ou de se recycler pendant toute leur vie active. L’apprentissage tout au long de la vie est à cet égard essentiel. Les trois sous-dimensions permettent d’évaluer :
les écarts de résultats entre les élèves selon le degré d’utilisation des TIC à l’école (Intégration efficace des TIC à l’école) ;
les besoins en compétences et en formation des enseignants dans le domaine des TIC (Préparation et besoins de formation des enseignement) ; et
si les pays possèdent des systèmes d’apprentissage tout au long de la vie qui facilitent la participation à des activités de formation depuis la scolarité initiale jusqu’aux études supérieures, ainsi qu’à des activités de formation non formelle et informelle (Systèmes d’apprentissage tout au long de la vie).
Méthodologie
Pour chaque sous-dimension du tableau de bord, un indicateur synthétique est calculé et présenté dans le Tableau 1.1. Chaque indicateur synthétique regroupe l’ensemble des indicateurs présentés à l’Annexe 1.A. Avant qu’ils ne soient agrégés, chacun des indicateurs est normalisé pour obtenir une valeur comprise entre 0 et 1, les valeurs les plus élevées représentant de meilleures performances. Les indicateurs synthétiques de chaque sous-‑dimension sont des moyennes simples des indicateurs qu’ils contiennent.
Les pays sont classés en fonction des indicateurs synthétiques. Le tableau de bord montre les pays qui se situent dans le quart inférieur, dans le quart supérieur et ceux qui tournent autour du niveau médian de l’OCDE (dans la partie restante de la distribution). Un seuil strict est appliqué, certains pays pouvant donc être classés dans une catégorie (le quart inférieur, par exemple) tout en étant proches de la catégorie suivante (dans cet exemple, le niveau médian).
La plupart des professions sont en train de changer, et les travailleurs doivent s’adapter
L’utilisation d’internet par la plupart des travailleurs, la possibilité d’automatiser une gamme croissante de tâches ou de proposer ses services via des plateformes en ligne : autant d’aspects de la transformation numérique qui influent sur les emplois, les modes et les lieux de travail. Toutes les professions ou presque sont en train de changer du fait de ces évolutions, et pour y faire face, les travailleurs doivent adapter leurs qualifications, soit en suivant des formations, soit en apprenant sur le tas.
Les nouvelles technologies donnent lieu à des effets de substitution et de complémentarité (chapitre 2). Elles remplacent les travailleurs sur certaines tâches pouvant être automatisées, comme les tâches routinières, et les travailleurs les utilisent, par exemple les TIC, pour effectuer leurs tâches différemment et peut-être plus efficacement. Ces deux types d’effets ont des conséquences sur l’éventail des compétences dont les individus ont besoin.
Les travailleurs ne peuvent se contenter de compétences numériques pour s’adapter à ces changements. Toute une série de compétences est nécessaire pour passer dans le monde du travail numérique et y réussir. De solides aptitudes cognitives sont nécessaires (maîtrise de l’écrit, mathématiques et TIC, d’un niveau élémentaire jusqu’à un niveau avancé en fonction de l’emploi), mais aussi des qualités d’analyse alliées à toute une gamme d’aptitudes complémentaires telles que la capacité de résoudre des problèmes, la créativité et le raisonnement critique, le sens de la communication et la capacité de continuer à apprendre. Pour pouvoir exercer les professions les plus recherchées en lien avec les nouvelles technologies, il faut posséder des compétences en TIC de niveau avancé telles que le codage.
Les travailleurs de différents pays et de professions diverses ne sont pas tous exposés de la même manière aux technologies numériques (Graphique 1.2). Au cours des prochaines années, les pays et les professions qui accusent un certain retard technologique pourront le rattraper progressivement, ce qui aura probablement des conséquences importantes pour les travailleurs concernés. Parmi les pays participant à l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC), un groupe (Danemark, Pays-Bas et Suède) se situe à la pointe de la transformation numérique du lieu de travail, la plupart de leurs travailleurs utilisant en effet les TIC de manière intensive et effectuant principalement des tâches non routinières. D’autres pays accusent du retard (Chili, Grèce et Turquie). Dans la même veine, certaines professions peu qualifiées (par ex., personnels de services, vendeurs ou conducteurs de machines) ou non qualifiées sont très diversement touchées par la transformation numérique, laissant penser qu’elles pourraient évoluer à mesure que les entreprises s’équipent en technologies.
Des professions nouvelles sont créées et d’autres sont en plein essor (par ex., spécialistes de l’intelligence artificielle, analystes des données massives), tandis que de nouvelles façons de proposer ses services apparaissent sur le marché. Les plateformes en ligne entraînent de profonds changements dans certains secteurs, mais facilitent également l’emploi indépendant de travailleurs aux profils plus diversifiés. Il est indispensable de posséder certaines compétences pour pouvoir tirer parti de ces nouveaux débouchés professionnels. Pourtant, on constate jusqu’à présent une asymétrie des flux de travail sur les plateformes en ligne, les États-Unis arrivant en tête pour ce qui est des embauches, tandis que l’Asie (du Sud et du Sud-Est) se place parmi les principaux prestataires de services. Dans de nombreux pays de l’OCDE, il importe de s’assurer que, si les employeurs recherchent les compétences dont ils ont besoin via les plateformes en ligne, ils ne le font pas au détriment des investissements nécessaires dans le perfectionnement et la formation de leurs propres employés.
Les politiques d’enseignement et de formation doivent faciliter la mobilité professionnelle
Si les nouvelles technologies amoindrissent l’utilité économique de certaines professions, elles en créent également de nouvelles. Les travailleurs doivent être mobiles ou être à même de changer de métier afin d’atténuer le risque de perdre leur emploi et pouvoir saisir de nouvelles opportunités professionnelles. Toutefois, il y a peu de chances que les compétences d’une profession en déclin recoupent celles d’une profession en plein essor.
Les politiques d’enseignement et de formation peuvent se fixer pour objectif de faciliter la reconversion (chapitre 3). Pour limiter le coût de l’effort de formation nécessaire, elles peuvent faciliter la transition entre des professions aussi proches que possible au regard des compétences requises.
Il apparaît que la plupart des professions sont assez proches de certaines autres professions en termes de compétences cognitives requises, de contenu des tâches et de domaine de connaissance. La plupart des travailleurs peuvent donc a priori changer de métier à l’issue d’une formation relativement courte (jusqu’à six mois environ). Cependant, une reconversion pourrait être difficile à accepter si cela suppose une baisse importante du salaire et une sous-utilisation, voire une perte, de ses compétences ; dans ce cas, la reconversion ne serait pas acceptable d’un point du vue individuel et sociétal. Si l’on suppose qu’une reconversion acceptable signifie, au pire, une baisse de salaire modérée, un excès de compétence limité et un effort de formation restreint, alors cette situation peut être identifiée pour un peu plus de la moitié des professions.
Il s’avère que pour un certain groupe de professions, une grande partie des tâches associées peut être automatisée, ce qui augmente le risque que ces emplois disparaissent (Frey et Osborne, 2017[5] ; Nedelkoska et Quintini, 2018[6]). Les travailleurs concernés vont peut-être ainsi devoir changer de profession, et pour ce faire, ils vont devoir adapter leurs qualifications, en acquérir de nouvelles (générales et spécifiques), voire consolider leurs domaines de connaissance. Bien que l’évaluation du risque d’automatisation et du nombre d’emplois menacés fasse encore débat, les politiques publiques peuvent néanmoins cibler ces profils de travailleurs pour tenter de renforcer leur mobilité.
Pour une partie des professions fortement menacées d’automatisation, un effort de formation relativement limité pourrait être suffisant pour permettre une reconversion acceptable vers une profession moins exposée au risque d’automatisation. Une dizaine de professions sur 127 sont identifiées comme étant dans une situation particulièrement critique, dans la mesure où le risque d’automatisation est élevé et où un travailleur moyen exerçant une de ces professions aurait besoin de suivre une formation relativement longue (de plus d’un an environ) pour pouvoir se reconvertir dans une profession moins menacée. Le taux d’emploi dans ces professions très menacées, variable selon les pays, oscille entre 2 % et 6 % si tous les travailleurs exerçant ces professions sont considérés comme très vulnérables, et entre 0.3 % et 1.5 % si certains d’entre eux seulement sont jugés très menacés.
L'effort d’enseignement et de formation à fournir est important, mais difficile à évaluer précisément
Il est très important pour les pays de parvenir à se faire une idée du coût des mesures nécessaires d’amélioration du niveau de compétences ou de formation/reconversion pour s’assurer que les travailleurs menacés de perdre leur emploi en raison de l’automatisation puissent trouver un nouvel emploi. Tenter d’évaluer ce coût est un exercice difficile qui suppose de poser plusieurs hypothèses solides sur la base des données disponibles. Ces hypothèses peuvent influencer l’ampleur du coût estimé. Pour ces diverses raisons, les analyses devraient être considérées comme un moyen de stimuler la réflexion sur plusieurs questions et de dégager des orientations pour les politiques publiques, plutôt que comme une source d’estimations précises.
Le chapitre 3 fournit des estimations du coût minimum nécessaire dans les pays pour aider les travailleurs dont la profession est menacée d’automatisation à trouver une profession peu ou moyennement exposée à ce risque avec un effort minimum d’amélioration de leur niveau de compétences ou de formation/reconversion, une baisse de salaire modeste et un excès de compétences limité. Ces estimations vont de moins de 0.5 % (fourchette basse) ou 1 % (fourchette haute) du PIB annuel en Norvège, à plus de 2 % (fourchette basse) ou 10 % (fourchette haute) du PIB annuel du Chili. Si l’on part du principe que seule une partie de ces travailleurs est exposée au risque d’automatisation, on arrive à l’estimation basse, tandis que si l’on suppose que tous les travailleurs courent ce risque on obtient l’estimation haute. Plusieurs facteurs expliquent les écarts entre les pays, notamment les différences en termes de part de la main-d’œuvre occupant des emplois fortement menacés d’automatisation, de coût des politiques d’enseignement et de formation, de coût indirect de la formation comme le manque à gagner en termes de salaires, et de distribution des professions et des compétences dans la population.
Ces estimations correspondent essentiellement au coût de la formation nécessaire des individus pour les doter des compétences cognitives dont ils auront besoin pour exercer l’emploi auquel ils se destinent. Différents métiers exigent toutefois des travailleurs qu’ils acquièrent plusieurs compétences spécifiques. Si les données disponibles doivent être interprétées avec prudence, on peut sans crainte ajouter aux estimations une composante de coût supplémentaire qui est nécessaire pour permettre aux travailleurs d’acquérir les compétences spécifiques dont ils ont besoin pour changer d’emploi. La durée de formation qui est recensée dans ces données est courte, ce qui fait que la composante de coût supplémentaire atteint entre 0.06 % et 0.3 % du PIB, en moyenne, dans les pays considérés.
Les ratios des coûts estimés peuvent sembler élevés en partie parce qu’ils mettent en rapport des coûts de formation qui couvrent vraisemblablement plusieurs années et le PIB annuel. En outre, les travailleurs et les employeurs peuvent décider d’étaler la formation sur plusieurs années pour concilier emploi (à temps partiel) et formation. Enfin, les mesures ne devraient pas cibler en même temps et sur une seule année tous les travailleurs qui occupent actuellement un emploi fortement menacé d’automatisation, étant donné que la technologie avance et est adoptée à des rythmes différents selon les pays, les secteurs et les entreprises.
Par rapport à d’autres dépenses publiques, toutefois, ces estimations peuvent sembler basses. Cela s’explique par le fait qu’elles n’englobent que le coût de l’enseignement et de la formation qui est nécessaire pour aider les travailleurs considérés les plus à risque de perdre leur emploi et donc les plus susceptibles de devoir changer de métier. Toutefois, la plupart des professions étant amenées à évoluer avec le développement des nouvelles technologies, l’effort d’enseignement et de formation nécessaire pour relever ce défi de taille est plus important.
Les programmes de formation doivent être bien ciblés et bien conçus
Les travailleurs qui occupent des emplois à risque élevé d’automatisation ont particulièrement besoin d’améliorer leur niveau de compétences ou de se former/se reconvertir parce qu’ils sont plus exposés que les autres travailleurs au risque de perdre leur emploi. Plus généralement, les travailleurs peu qualifiés sont confrontés à un profond déficit de compétences qu’ils doivent combler s’ils veulent s’adapter à l’évolution des emplois. Les travailleurs dont l’emploi risque fortement d’être automatisé et les travailleurs peu qualifiés sont cependant moins susceptibles que les autres travailleurs de participer à une formation en cours d’emploi (Nedelkoska et Quintini, 2018[6]).
Surmonter les obstacles à la formation à l’âge adulte est indispensable pour faire face à la demande de compétences qui évolue rapidement. Les pays peuvent le faire en proposant des possibilités de formation sous une forme flexible et plus courte, en renforçant l’adéquation de la formation des adultes avec le marché du travail et en améliorant la reconnaissance des acquis. Il est également vital d’offrir diverses aides financières et sociales pour éliminer certains obstacles à la formation que rencontrent les adultes peu qualifiés et défavorisés. De plus, les pays peuvent utiliser des informations et orientations ciblées pour aider les travailleurs à trouver des emplois exigeant un niveau de qualification analogue mais présentant un risque moindre d’automatisation, et pour mieux faire connaître le rendement des compétences (chapitre 3).
Le type particulier de formation qui est nécessaire pour aider les travailleurs occupant des professions fortement menacées d’automatisation à trouver des professions moins exposés comprend, en plus de l’acquisition de compétences cognitives générales (à l’écrit et en calcul), l’acquisition essentiellement de compétences non cognitives, comme la gestion, la communication et l’auto-organisation. Ces travailleurs doivent également se former aux TIC (chapitre 3). La plupart des travailleurs reçoivent une formation très brève principalement axée sur les compétences propres à leur emploi, laquelle est peu susceptible de faciliter les transitions professionnelles. Les prestataires d’enseignement et de formation, les employeurs et les syndicats peuvent mieux coordonner leurs actions afin de proposer des possibilités de formation qui correspondent aux besoins des travailleurs en termes de progression de carrière et de transition professionnelle.
Des solutions flexibles sont nécessaires pour combiner travail et apprentissage
Les estimations des efforts que doit déployer chaque pays pour aider les travailleurs occupant des emplois à risque élevé d’automatisation partent du principe que les individus ne travaillent pas lorsqu’ils suivent une formation, ce qui conduit à d’importants coûts indirects liés au manque à gagner en termes de salaire. Afin de réduire le coût de l’effort de formation et de s’assurer de la capacité des pays à supporter ces coûts, les politiques publiques devraient favoriser la simultanéité de l’emploi et de la formation par le biais de programmes flexibles d’enseignement et de formation et de l’apprentissage informel.
Les mesures qui visent à renvoyer les travailleurs dans des établissements d’enseignement et de formation formels peuvent s’avérer onéreuses à moins que ces établissements ne proposent aux travailleurs des programmes flexibles. Les programmes de formation en cours d’emploi peuvent s’avérer moins coûteux et plus efficaces pour enseigner des compétences propres à telle ou telle profession. Toutefois, la formation en cours d’emploi est en général très fragmentée dans la plupart des pays, et son niveau de qualité bien souvent mal connu. Il semble que les programmes dispensés dans les établissements d’enseignement et de formation formels restent l’option privilégiée des travailleurs pour acquérir une palette de compétences comprenant des compétences cognitives générales. Dans l’ensemble, la démarche doit être adaptée aux besoins précis des travailleurs et tirer parti des points forts des programmes et des prestataires d’éducation et de formation.
Les travailleurs sont davantage susceptibles d’entretenir leurs compétences sur les lieux de travail les plus exposés à la transformation numérique (chapitre 2). Les environnements numériques aident les travailleurs à conserver leurs capacités de résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique tandis que les environnements non numériques risquent de rendre leurs compétences obsolètes. La transformation numérique ayant un impact différent selon les secteurs et les entreprises, elle risque d’exacerber le déficit de compétences et de creuser les inégalités entre les individus qui travaillent dans les secteurs et les entreprises (essentiellement les grandes entreprises) à l’avant-garde de l’adoption des technologies et ceux qui travaillent dans les secteurs et les entreprises à la traîne. Les politiques publiques peuvent supprimer certains des obstacles qui empêchent les entreprises et les secteurs en retard d’adopter les technologies – par exemple, en améliorant l’accès au haut débit – afin de veiller à ce que tous les travailleurs acquièrent les compétences nécessaires.
Les possibilités offertes par l’éducation ouverte peuvent être exploitées plus avant
Ces dix dernières années, les ressources éducatives libres se sont considérablement développées. Un large éventail de ressources pédagogiques numériques est gratuitement accessible en ligne par les enseignants, les éducateurs, les élèves et les apprenants indépendants (chapitre 5). Les cours en ligne ouverts à tous (MOOC) ont largement contribué à cet essor.
L’éducation ouverte et les MOOC offrent de vastes possibilités nouvelles pour acquérir des connaissances et des compétences tout au long de la vie. La participation grandissante aux MOOC sur des sujets très divers – y compris non seulement l’informatique mais aussi l’acquisition de compétences sociales et émotionnelles – indique qu’une partie de la population a bien conscience de la nécessité d’adapter ses connaissances tout au long de la vie. Pourtant, comme avec l’enseignement et la formation ordinaires pour adultes, les individus qui sont déjà hautement diplômés et qualifiés sont davantage susceptibles d’y participer.
En théorie, l’éducation ouverte et les MOOC sont des moyens flexibles et facilement accessibles pour acquérir des compétences, que les entreprises pourraient utiliser pour dispenser des formations en cours d’emploi, mais ces possibilités ne sont pour le moment pas exploitées, malgré des initiatives dans ce domaine. Cela s’explique en partie par le fait que les contenus ne répondent pas pleinement aux besoins des employeurs et que leur qualité est inégale. D’après les données disponibles, les principaux utilisateurs sont les individus qui concilient travail et enseignement formel et dans une moindre mesure ceux qui occupent un emploi uniquement.
Les gouvernements peuvent collaborer avec les prestataires d’éducation et de formation, les employeurs, les agences de recherche d’emploi et les plateformes MOOC en vue d’élargir la participation à l’éducation ouverte, de développer l’utilisation de ces cours au travail et de définir des normes et des bonnes pratiques afin de mieux indiquer leur niveau de qualité et certifier les compétences acquises. Davantage de données sont nécessaires pour mieux comprendre comment les individus peuvent apprendre grâce aux MOOC, même s’ils ne suivent qu’une partie du contenu et qu’ils ne participent pas au cours dans son intégralité.
Les nouvelles technologies transforment aussi la vie quotidienne et la société
L’ubiquité des smartphones et des connexions internet influence de nombreux aspects du quotidien de façons si diverses qu’il est encore difficile de les appréhender pleinement (chapitre 4). Ces changements sont synonymes à la fois de possibilités et de défis. Grâce aux smartphones, aux tablettes ou encore aux ordinateurs, les individus réalisent facilement diverses activités, où qu’ils se trouvent. Les nouvelles technologies offrent d’immenses possibilités pour diffuser les connaissances, renforcer la participation à la vie politique et améliorer l’efficience des services publics, mais aussi pour créer de nouvelles formes de loisirs.
Toutefois, le développement des activités en ligne et le fait que les enfants, parfois très jeunes, passent de plus en plus de temps en ligne soulèvent trois grandes problématiques :
L’usage d’internet a tendance à reproduire les inégalités existantes. Les élèves peu performants sont moins susceptibles que les meilleurs élèves d’utiliser leurs appareils pour chercher des informations en ligne ou lire les journaux, par exemple, et les individus plus qualifiés sont davantage susceptibles de suivre des cours en ligne.
Les enfants et les adolescents sont exposés à de nouveaux risques pouvant avoir un impact sur l’acquisition des compétences et les résultats scolaires. La qualité des interactions parent-enfant se détériore lorsque les parents utilisent leurs smartphones pendant ces échanges, par exemple. Il se peut aussi que le temps consacré aux devoirs soit interrompu par l’utilisation des smartphones et que les enfants soient la cible d’une cyber intimidation ou d’autres formes de harcèlement en ligne.
Certains individus sont laissés de côté ou se sentent davantage isolés, soit parce qu’ils ne participent pas à des activités en ligne, soit parce que les activités en ligne ont remplacé les possibilités d’interaction sociale, atténuant chez eux le sentiment d’appartenance à la société. Les personnes âgées sont particulièrement exposées à ces risques.
Les compétences sont une source importante de fractures en termes d’accès aux appareils connectés, d’utilisation et de résultats
Avec le développement de l’accès au haut débit, le non-accès à internet s’explique de plus en plus par un déficit de compétences. En outre, étant donné qu’un nombre grandissant d’activités peut être réalisé en ligne et que certaines d’entre elles sont complexes, les fractures entre les individus concernent de plus en plus le type d’utilisations qu’ils font d’internet et les résultats qu’ils en obtiennent. Les individus n’ont pas besoin de participer à toutes ces activités mais ils doivent en revanche pouvoir en retirer des avantages, afin d’éviter que l’usage d’internet ne creuse les inégalités.
Les compétences cognitives ont un impact sur la participation aux activités en ligne. Quatre profils d’utilisateurs internet se dégagent de l’analyse dans le chapitre 4 (qui se fonde sur des données provenant de certains pays européens) : i) utilisation diversifiée et complexe ; ii) utilisation diversifiée mais simple ; iii) utilisation pour des raisons pratiques et iv) utilisation pour s’informer et communiquer. Le manque de compétences de base à l’écrit et en calcul est un obstacle à la réalisation d’activités en ligne et à l’appartenance à l’un de ces profils. Le manque de compétences de base en résolution de problèmes dans les environnements à forte composante technologique est un obstacle à la réalisation d’activités diversifiées et complexes. Pour les individus qui participent à des activités en ligne, un niveau plus élevé de compétences cognitives – qu’il s’agisse des compétences à l’écrit, en calcul ou en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique, ou une combinaison de plusieurs d’entre elles – fait considérablement augmenter la probabilité de passer d’une utilisation axée essentiellement sur l’information et la communication à une utilisation diversifiée et complexe, compte tenu d’autres facteurs déterminants.
Un niveau satisfaisant de compétences cognitives améliore aussi la probabilité qu’un individu prenne des mesures visant à protéger sa vie privée et sa sécurité en ligne. Les individus qui possèdent un ensemble équilibré de compétences cognitives, y compris des compétences en résolution de problèmes dans les environnements à forte composante technologique, sont davantage en mesure de se protéger en ligne et donc de réduire leur exposition aux risques numériques. Les parents et les enfants plus aguerris seraient également mieux préparés pour faire face aux risques tels que le cyber harcèlement ou une utilisation excessive.
La diversité des compétences et des valeurs qui sont nécessaires pour naviguer entre les nombreuses sources d’information, comprendre pleinement les implications des comportements dangereux, et s’adapter aux nouvelles avancées technologiques dépasse pourtant le cadre des compétences cognitives. Les compétences sociales et émotionnelles, ainsi que celles qui combinent des aspects à la fois cognitifs et sociaux, sont également susceptibles de jouer un rôle important dans ce domaine. Des données complémentaires sont nécessaires pour découvrir les différents effets de certaines valeurs et compétences sociales et émotionnelles, et des compétences numériques plus avancées, sur la capacité des individus à faire un usage éclairé des technologies dans leur vie quotidienne et à se protéger des risques.
La formation initiale peut être davantage orientée vers l’avenir
La formation initiale doit préparer les jeunes au monde de demain. Elle devrait aider les jeunes à acquérir des compétences pour le 21e siècle, à s’adapter aux changements qui interviennent sur le marché du travail, à progresser dans leur carrière ou à changer de métier, et à devenir des citoyens éclairés et responsables. Terminer une formation initiale sans posséder les compétences nécessaires devient de plus en plus pénalisant.
Les nouvelles technologies modifient les besoins de compétences mais elles peuvent aussi renforcer les possibilités d’apprentissage et faciliter l’acquisition de compétences pour l’avenir. L’utilisation des technologies en classe permet d’acquérir les compétences numériques et les compétences complémentaires dont les individus ont besoin. En outre, les outils numériques favorisent un enseignement personnalisé, qui permet aux élèves de progresser à leur rythme et aux enseignants de consacrer plus de temps à ceux qui ont du mal à suivre. Les technologies offrent de nouvelles façons d’enseigner qui sont susceptibles de prévenir l’échec scolaire (chapitre 5).
Les évaluations des élèves mesurent rarement les compétences en informatique, c’est pourquoi on ne dispose que de peu de données sur l’impact de l’utilisation des technologies à l’école sur les compétences numériques des élèves, même si quelques études montrent qu’elle les améliore (Bulman et Fairlie, 2016[9])
Quelles compétences numériques l’école devrait chercher à développer ? Les technologies évoluant rapidement, les individus devraient acquérir des compétences numériques générales plutôt que des compétences spécialisées qui risquent de se retrouver bientôt dépassées. La pensée computationnelle, ou la capacité à appréhender les problèmes de telle façon que les ordinateurs puissent aider à les résoudre, est de plus en plus mise en avant comme une compétence importante pour un nombre grandissant d’emplois et comme un moyen pour acquérir des compétences élargies, comme la créativité ou le raisonnement critique. En outre, les élèves devraient être en mesure d’interpréter les informations fournies par les outils numériques dans des contextes précis, mais aussi de s’adapter à la diversité et au nombre croissants de ces outils tout en protégeant leurs données et leur vie privée et en ayant conscience des implications de l’intrusion dans la vie privée des autres.
L’utilisation de la technologie à l’école présente de multiples avantages mais les possibilités qu’elle offre ne sont pas encore pleinement exploitées
L’accès aux TIC à l’école est répandu dans la plupart des pays de l’OCDE, mais également équitable, que les élèves soient privilégiés ou défavorisés sur le plan socioéconomique. Cependant, l’utilisation par les élèves des ordinateurs, portables ou tablettes qui sont disponibles à l’école n’est pas généralisée et la part des élèves qui utilisent ces outils a diminué dans bon nombre de pays.
À l’école, le simple fait d’avoir accès à des ordinateurs et de les utiliser n’est pas suffisant pour améliorer les résultats des élèves dans les matières générales. L’effet de la technologie sur les résultats scolaires dépend de la mesure dans laquelle la technologie est intégrée en classe et associée aux pratiques d’enseignement. Lorsque le recours aux appareils numériques est très élevé à l’école, les résultats des élèves sont plus faibles en mathématiques, en lecture, en sciences, et même en résolution collaborative de problèmes. Cela est dû au fait qu’une utilisation intensive des nouvelles technologies à l’école peut remplacer d’autres pratiques pédagogiques plus efficaces ou simplement distraire les élèves.
La plupart des pays peuvent revoir la façon dont les technologies sont intégrées dans les programmes d’études et les pratiques pédagogiques. Au lieu de se concentrer sur des logiciels ou des outils numériques précis, l’utilisation de la technologie à l’école doit s’appuyer sur une démarche cohérente, à tous les niveaux d’enseignement, en vue de développer les compétences numériques mais aussi les compétences complémentaires qui sont nécessaires pour travailler et vivre à l’ère des nouvelles technologies. Les décisions d’adopter telle ou telle technologie à l’école, par exemple, pourraient être plus informées si les enseignants étaient davantage consultés pour s’assurer que le type de technologie correspond à leurs besoins et à leurs projets et qu’ils sont capables de l’utiliser.
La profession enseignante est le fondement d’un système éducatif tourné vers l’avenir
La capacité des enseignants à utiliser des outils pédagogiques appropriés et novateurs joue un rôle important dans l’acquisition par leurs élèves des compétences dont ils auront besoin à l’avenir. Utiliser des outils pédagogiques innovants contribue aussi à remotiver les élèves qui ont tendance à flancher lorsque des méthodes d’enseignement traditionnelles sont utilisées ou qui ont besoin de davantage de temps pour apprendre. Les compétences numériques des enseignants sont essentielles pour permettre aux élèves de tirer le meilleur parti des nouvelles technologies. Plus les enseignants sont compétents en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique, par exemple, plus leurs élèves sont performants en résolution de problème sur support informatique et en mathématiques sur support informatique (chapitre 5). Les capacités de résolution de problèmes dans les environnements à forte composante technologique ne mesurent pas la capacité des enseignants à enseigner à l’aide des TIC, mais donnent des informations sur leur capacité à utiliser des outils et applications informatiques pour évaluer, traiter et analyser des informations dans un but précis.
Il est nécessaire de dispenser des formations de qualité aux enseignants sur la meilleure façon d’intégrer les technologies dans leurs pratiques pédagogiques. Les enseignants sont moins susceptibles que d’autres diplômés du supérieur d’être performants en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. En outre, de nombreux enseignants indiquent avoir besoin d’un perfectionnement professionnel pour renforcer leurs compétences dans les TIC au service de l’enseignement. Offrir une formation de qualité aux enseignants, à la fois initiale et continue, est une étape importante pour veiller à ce que les systèmes éducatifs s’adaptent aux nouveaux besoins. Cette démarche peut également attirer des candidats hautement qualifiés et très motivés dans l’enseignement, ce secteur étant peu attractif pour les étudiants dans bien des pays.
L’apprentissage tout au long de la vie pour tous devrait devenir une réalité
Les mutations rapides qu’imprime la transformation numérique au travail et dans la société exigent des systèmes d’apprentissage flexibles. Ces systèmes doivent offrir un apprentissage à la fois tout au long de la vie, c'est-à-dire accessible à tous à tout âge, et dans tous les domaines de la vie, c'est-à-dire en encourageant et en reconnaissant les apprentissages réalisés en dehors des systèmes d’enseignement formels. L’expression « système d’apprentissage tout au long de la vie » couvre l’ensemble des dispositifs et des établissements qui offrent aux adultes diverses possibilités pour continuer à apprendre et qui préparent les jeunes à s’adapter à l’évolution de la demande de compétences.
L’inégalité des chances en matière d’apprentissage commence généralement dès la petite enfance et se renforce à l’école et dans l’enseignement supérieur. Elle demeure souvent à des stades ultérieurs de la vie et sur le marché du travail. Par exemple, les travailleurs peu qualifiés sont plus susceptibles d’occuper des emplois menacés d’automatisation et moins susceptibles de participer à des formations. Pour faire face à ces inégalités, une approche globale est nécessaire. En plus des mesures de lutte contre l’échec scolaire, des efforts doivent être déployés pour améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation professionnels et pour créer des passerelles vers des formations complémentaires, y compris les programmes d’enseignement général. Mettre en place des aides et des bourses étudiantes et communiquer des informations utiles sur le rendement de l’enseignement supérieur sont des moyens de contribuer à éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les élèves d’origine modeste.
Une approche globale est également nécessaire pour renforcer la participation des travailleurs peu qualifiés aux formations. La mise en place de modes d’apprentissage flexibles et d’un ensemble d’aides financières et sociales à la formation, ainsi que la communication d’informations et d’orientations ciblées pour mieux faire connaître le rendement de la formation sont autant de mesures pertinentes pour ce faire. En particulier, l’éducation ouverte et les MOOC offrent une nouvelle façon d’acquérir des connaissances et de se perfectionner tout au long de la vie. À ce stade, ils semblent pourtant creuser plutôt que réduire les inégalités en termes de participation à la formation des adultes.
Les pouvoirs publics doivent aussi améliorer la qualité des possibilités d’enseignement et de formation tout au long de la vie. Pour ce qui concerne la formation initiale, cela signifie adapter le programme d’études à l’évolution de la demande de compétences et former les enseignants pour faire face à ces changements. Pour ce qui concerne l’enseignement et la formation pour adultes, il est vital de s’assurer que les programmes répondent aux besoins du marché du travail aux niveaux national et local, de fixer des normes pour l’enseignement et la formation non formels et de mieux les évaluer.
Améliorer la reconnaissance et la valorisation des compétences acquises tout au long de la vie permettrait aux employeurs de recruter le candidat approprié et d’inciter les individus à continuer d’apprendre. La validation en ligne d’un vaste éventail de compétences s’est développée. Les pouvoirs publics peuvent s’appuyer sur cette tendance pour adapter les systèmes de reconnaissance et de validation des compétences aux nouveaux besoins.
Un ensemble de politiques, dont notamment les politiques axées sur les compétences, peuvent prendre en considération la dimension géographique de la transformation numérique
Les avancées technologiques et la mondialisation ont entraîné des changements profonds dans les économies avancées en termes de résultats des régions et des villes. En particulier, le déclin de l’industrie manufacturière et l’adoption des technologies numériques depuis les années 80 ont favorisé une forte polarisation géographique, avec d’un côté la destruction d’emplois et de l’autre la création de nouveaux emplois. Ce sont les zones initialement bien pourvues en main-d’œuvre hautement qualifiée qui ont essentiellement tiré profit de ces changements, étant donné que les travailleurs très qualifiés ont attiré des entreprises à forte intensité technologique et des emplois très rémunérateurs, ce qui a tour à tour attirer d’autres travailleurs hautement qualifiés. D’autres zones sont à la traîne, incapables de tirer profit de ces changements. L’accumulation de handicaps dans certaines régions a créé un grand sentiment de mécontentement et d’injustice parmi la population.
Les compétences nourrissant d’autres compétences à l’ère du numérique, il est important que toutes les régions soient en mesure de dispenser un enseignement de qualité à tous les niveaux. L’efficacité de l’éducation des jeunes enfants est cruciale pour réduire l’écart de compétences qui apparaît dès le plus jeune âge entre les enfants issus de milieux socioéconomiques différents mais aussi de zones géographiques différentes. Il faut aussi lutter contre les disparités régionales en termes de résultats scolaires dans l’enseignement secondaire. Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les résultats en sciences des jeunes citadins de 15 ans sont supérieurs de 30 points à ceux de leurs camarades des zones rurales, soit l’équivalent d’environ une année scolaire. Les pouvoirs publics devraient également combattre les inégalités entre les jeunes en termes d’aspirations éducatives, selon qu’ils habitent plus ou moins près d’une université, en comblant le manque d’information, en fournissant une aide financière fondée sur la distance avec le domicile des étudiants, et en encourageant les modèles d’identification et les initiatives efficaces de mentorat.
Les établissements d’enseignement supérieur peuvent jouer un rôle majeur dans la convergence régionale. En effet, ils peuvent faire augmenter la demande et l’offre d’individus hautement qualifiés par le biais de projets d’entreprise nécessitant une certaine proximité avec la recherche exploratoire. Ils permettent aussi d’offrir une plus grande mobilité géographique aux individus qualifiés, réduisant les écarts de salaire et les capacités de production non utilisées dans les zones en déclin. Les établissements d’enseignement supérieur sont toutefois répartis de façon très inéquitable au sein des pays.
La mobilité de la main-d’œuvre entre les zones géographiques atténue les écarts de performance régionale qui découlent de la transformation numérique. Elle a pourtant marqué un recul dans quelques pays de l’OCDE. Se déplacer d’une zone à faible revenu vers une zone à revenu élevé fait augmenter l’offre de main-d’œuvre dans la zone à revenu élevé, ce qui exerce une pression à la baisse sur les salaires. À moyen terme, ce phénomène atténue l’écart de salaire entre les deux zones. Il se peut en outre que les travailleurs mobiles connaissent des périodes de chômage plus courtes, puisqu’ils peuvent saisir des opportunités dans des zones plus dynamiques. De plus, ils sont susceptibles de trouver un emploi qui correspond mieux à leur palette de compétences, ce qui améliore la productivité et apporte éventuellement des retombées positives au niveau local. Plusieurs interventions peuvent faciliter la mobilité géographique, notamment supprimer les règles d’urbanisme inefficaces, atténuer le biais fiscal en faveur des propriétaires occupants, réexaminer et éventuellement harmoniser les transferts sociaux locaux et apporter une assistance financière aux chômeurs pour réduire les coûts de déplacement.
Il est également essentiel d’investir dans les infrastructures numériques pour favoriser la participation à l’économie numérique et l’adoption des technologies de pointe. Cette démarche permet aux zones à faible connectivité, voire aucune, de bénéficier de quelques avantages de la transformation numérique.
L’action des pouvoirs publics doit être coordonnée
Les nouvelles technologies offrent de nombreuses options « à réaliser soi-même » : les individus peuvent apprendre, travailler, évaluer leur santé et mener beaucoup d’autres activités en un clic de souris ou du bout des doigts. Cette publication montre pourtant que si la plus grande partie de la responsabilité est laissée aux mains des individus et des entreprises, les retombées de la transformation numérique risquent d’être partagées de façon très inéquitable. Une action coordonnée et globale des pouvoirs publics s’impose donc pour s’assurer que les individus tirent parti des nouvelles technologies à la maison et au travail et ne sont pas laissés de côté. Cet ensemble de mesures coordonnées doit simultanément promouvoir l’avènement du numérique lorsqu’il stimule la productivité et le bien-être et en atténuer les effets négatifs. Il repose avant tout sur des mesures axées sur les compétences et l’éducation.
Une première série de problématiques concerne les marchés du travail. Toutes les parties intéressées doivent envisager comment mettre en œuvre les diverses mesures qui peuvent accompagner une restructuration du marché du travail par le biais d’une formation efficace et d’une protection sociale adéquate. Il est également crucial d’examiner comment le coût de ces mesures peut être réparti entre les parties prenantes afin que les inégalités ne se creusent pas (OCDE, 2019[10]). L’ensemble de mesures devrait également inclure des stratégies visant à faciliter la mobilité professionnelle et géographique (par exemple concernant le logement, les autorisations professionnelles) et à mettre en place des incitations à se former et à tirer parti de nouvelles opportunités (par exemple des mesures fiscales, l’assurance-chômage). En parallèle, les politiques de recherche et d’innovation peuvent libérer le potentiel des technologies numériques au service du bien-être économique et social, tandis que les politiques de développement régional et local peuvent contribuer à répartir les retombées de la transformation numérique.
Les pouvoirs publics doivent également prendre en considération l’impact des nouvelles technologies sur la vie de tous les jours et la société plus largement. L’émergence de nouveaux risques qui n’étaient pas envisagés il y a 15 ans exige d’adopter une approche globale et flexible. Le cyber harcèlement est souvent difficile à déceler et on dispose encore de trop peu de données sur les effets d’une exposition excessive aux smartphones et aux tablettes sur la santé mentale aux différents âges. La prolifération d’informations fallacieuses et la manipulation de l’information ont également une influence sur le paysage politique et le vote des citoyens. Les prochaines années verront certainement apparaître de nouvelles pratiques dangereuses. Les enfants sont particulièrement vulnérables à certains de ces risques. Les établissements d’enseignement et les enseignants ont un rôle important à jouer pour déceler ces problèmes et inculquer aux élèves les valeurs et les connaissances dont ils ont besoin pour éviter ces comportements et faire des choix éclairés dans un monde complexe. Si la responsabilité en incombe seulement aux parents, les inégalités entre les enfants auront tendance à se creuser. Les autorités locales peuvent poursuivre leur collaboration avec la population et les institutions sociales et culturelles afin de mieux informer l’ensemble des citoyens des avantages et des risques des nouvelles technologies.
L’effort que les pouvoirs publics doivent déployer pour tirer le meilleur parti de la transformation numérique est conséquent et doit être efficient et efficace par rapport à son coût. Plusieurs pays ont mis en place des stratégies visant à coordonner les politiques relatives à la transformation numérique. Rares sont pourtant ces stratégies numériques à combiner, semble-t-il, le niveau nécessaire d’engagement des pouvoirs publics, des mesures de vaste portée et des interventions concrètes. Il n’existe pas de modèle unique pour concevoir un tel ensemble de mesures, c’est pourquoi les pays doivent s’appuyer sur les points forts de leurs institutions respectives.
Références
[9] Bulman, G. et R. Fairlie (2016), « Technology and education: Computers, software, and the Internet », dans Handbook of the Economics of Education, http://dx.doi.org/10.1016/B978-0-444-63459-7.00005-1.
[16] Eurostat (2017), Économie et société numériques, Base de données complète, https://ec.europa.eu/eurostat/web/digital-economy-and-society/data/comprehensive-database.
[17] Eurostat (2016), Économie et société numériques, Base de données complète, http://ec.europa.eu/eurostat/web/digital-economy-and-society/data/comprehensive-database.
[5] Frey, C. et M. Osborne (2017), « The future of employment: How susceptible are jobs to computerisation? », Technological Forecasting and Social Change, vol. 114, pp. 254-280, http://dx.doi.org/10.1016/J.TECHFORE.2016.08.019.
[8] Grundke, R. et al. (2017), « Skills and global value chains: A characterisation », OECD Science, Technology and Industry Working Papers, n° 2017/05, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/cdb5de9b-en.
[7] Marcolin, L., S. Miroudot et M. Squicciarini (2016), « The Routine Content Of Occupations: New Cross-Country Measures Based On PIAAC », OECD Trade Policy Papers, n° 188, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5jm0mq86fljg-en.
[6] Nedelkoska, L. et G. Quintini (2018), « Automation, skills use and training », OCDE, Paris.
[10] OCDE (2019), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2019 :L’avenir du travail, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9ee00155-en.
[3] OCDE (2018), L’ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/bc38f798-fr.
[4] OCDE (2018), Regards sur l’éducation 2018 :Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/eag-2018-fr.
[18] OCDE (2017), Regards sur l’éducation 2017 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eag-2017-fr.
[11] OCDE (2017), Résultats du PISA 2015 (Volume V) : Résolution collaborative de problèmes, Éditions OCDE, https://doi.org/10.1787/9789264305199-fr.
[1] OCDE (2016), Income Inequality Update: Income Inequality Remains High in the Face of the Weak Recovery, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/social/OECD2016-Income-Inequality-Update.pdf (consulté le 9 janvier 2019).
[2] OCDE (2016), Regards sur l’éducation 2016 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/eag-2016-fr.
[13] OCDE (2015), Base de données PISA 2015, OCDE, Paris, http://www.oecd.org/pisa/data/2015database/.
[15] OCDE (2015), Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC), PIAAC, OCDE, Paris, http://www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.
[12] OCDE (2014), « Performance des élèves en résolution de problèmes », dans Résultats du PISA 2012 : Trouver des solutions créatives (Volume V) : Compétences des élèves en résolution de problèmes de la vie réelle, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264215771-7-fr.
[14] OCDE (2012), Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC), PIAAC, OCDE, Paris, http://www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis.
Annexe 1.A. Indicateurs du tableau de bord
Tableau d’annexe 1.A.1. Liste des indicateurs examinés dans le tableau de bord sur les compétences et la transformation numérique
Catégorie |
ID |
Indicateur |
Source |
---|---|---|---|
1. Compétences nécessaires pour tirer parti de la transformation numérique |
|||
MOOC |
1.1 |
Pourcentage d’élèves obtenant un résultat inférieur au niveau 1 (inclus) en résolution collaborative de problèmes, 2015 |
OCDE (2017[11]), Résultats du PISA 2015 (Volume V) : Résolution collaborative de problèmes, tableau V.3.1, https://www.oecd-ilibrary.org/education/resultats-du-pisa-2015-volume-v_9789264305199-fr |
1.2 |
Pourcentage d’élèves obtenant un résultat inférieur au niveau 1 (inclus) en résolution créative de problèmes, 2012 |
OCDE (2014[12]), « Performance des élèves en résolution de problèmes », dans Résultats du PISA 2012 : Trouver des solutions créatives (Volume V) : Compétences des élèves en résolution de problèmes de la vie réelle, tableau V.2.1, https://www.oecd-ilibrary.org/education/resultats-du-pisa-2012-trouver-des-solutions-creatives-volume-v_9789264215771-fr |
|
1.3 |
Pourcentage d’élèves obtenant un résultat strictement inférieur au niveau 2 du PISA (compréhension de l’écrit, mathématiques, sciences), 2015 |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2015[13]), PISA database 2015, http://www.oecd.org/pisa/data/2015database/ |
|
Pourcentage limité d’individus ne possédant pas les compétences de base nécessaires |
1.4 |
Pourcentage des 16-29 ans obtenant un résultat inférieur au niveau 1 (inclus) en littératie et numératie et n’ayant aucune expérience informatique ou ayant échoué au test de base en informatique, 2012, 2015 |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |
1.5 |
Pourcentage des 55-65 ans obtenant un résultat inférieur au niveau 1 (inclus) en littératie et numératie et n’ayant aucune expérience informatique ou ayant échoué au test de base en informatique, 2012, 2015 |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |
|
Pourcentage significatif d’individus bien formés |
1.6 |
Pourcentage des 16-65 ans se classant au moins au niveau 3 (inclus) en littératie et en numératie, 2012, 2015 |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |
2. Exposition au numérique |
|||
Exposition et utilisation au quotidien |
2.1 |
Pourcentage des 16-65 ans n’ayant aucune expérience informatique ou ayant échoué au test de base en informatique, 2012, 2015 |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |
2.2 |
Part des ménages sans internet par « manque de compétences », 2017 |
Eurostat (2017[16]), Enquête communautaire sur l’utilisation des TIC par les ménages et les particuliers, [isoc_pibi_rni] |
|
2.3 |
Part des individus dont l’usage d’internet est diversifié et complexe, 2016 |
Calculs de l’OCDE fondés sur Eurostat (2016[17]), Enquête communautaire sur l’utilisation des TIC par les ménages et les particuliers, chapitre 4, graphique 4.16 |
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Exposition du marché du travail |
2.4 |
Intensité médiane non routinière parmi l’ensemble des travailleurs |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis,, chapitre 2, graphique 2.17 |
2.5 |
Intensité médiane de l’utilisation des TIC parmi l’ensemble des travailleurs |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis, chapitre 2, graphique 2.17 |
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Travailleurs vulnérables |
2.6 |
Pourcentage de travailleurs occupant des emplois fortement menacés d’automatisation qui ont au moins un besoin modéré de formation pour trouver un emploi présentant un risque faible ou moyen d’automatisation (estimation basse) |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis, chapitre 3, graphique 3.13 |
2.7 |
Pourcentage de travailleurs dont l’emploi présente un risque « élevé » d’automatisation |
Nedelkoska, L. et G. Quintini (2018[6]), “Automation, skills use and training”, http://dx.doi.org/10.1787/2e2f4eea-en |
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3. Politiques relatives aux compétences permettant d’exploiter la transformation numérique |
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Intégration efficace des TIC à l’école |
3.1 |
Écart de résultats en sciences entre les élèves situés dans le troisième quartile de l’utilisation des TIC et ceux situés dans le dernier quartile |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2015[13]), PISA database 2015, http://www.oecd.org/pisa/data/2015database/, chapitre 5, graphique 5.8 |
Préparation et besoins de formation des enseignants |
3.2 |
Pourcentage d’enseignants se classant au moins au niveau 2 (inclus) en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis, chapitre 5, graphique 5.12 |
3.3 |
Pourcentage d’enseignants déclarant avoir besoin d’une formation complémentaire dans les TIC |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2014[12]), TALIS database 2013, http://www.oecd.org/fr/education/scolaire/talis-2013-results.htm, chapitre 5, graphique 5.18 |
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Systèmes d’apprentissage tout au long de la vie |
3.4 |
Taux de scolarisation à l’âge de 3 ans (éducation des jeunes enfants et enseignement préprimaire) et à l’âge de 5-14 ans, 2015 |
OCDE (2017[18]), Regards sur l’éducation 2017, Indicateurs C1 et C2, https://www.oecd-ilibrary.org/education/regards-sur-l-education_19991495 |
3.5 |
Part des adultes de 35 ans et plus qui sont inscrits dans un programme d’enseignement au moins au niveau post-secondaire non supérieur, PIAAC |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |
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3.6 |
Pourcentage d’adultes ayant participé à une formation non formelle et informelle au cours des 12 derniers mois (PIAAC) |
Calculs de l’OCDE fondés sur OCDE (2012[14]) et OCDE (2015[15]), Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), www.oecd.org/skills/piaac/publicdataandanalysis |