Le COVID-19 a accéléré la transition numérique et favorisé certaines formes d'innovation et d'entrepreneuriat. Ci et là, de nombreux exemples émergent dans lesquels des PME intégrent de nouvelles pratiques et outils numériques dans leurs opérations, ou des petites entreprises développent des solutions créatives ou axées sur l'innovation sociale. Bien que beaucoup de ces changements s’inscrivent dans le temps du fait des investissements importants réalisés, il est encore trop tôt pour dire si cela pourra conduire à une augmentation de productivité, de croissance et à la création d'emplois. Cependant, cette accélération pose également la question de l'exposition des PME et des entrepreneurs à un certain nombre de risques, notamment ceux liés à la sécurité numérique, de la concentration du marché ou encore des écarts et inégalités inhérents à cette transformation. Le chapitre 5 explore l'effet de la crise sanitaire sur la numérisation, l'innovation et l'entrepreneuriat, et analyse comment les gouvernements visent à maintenir cet élan pour mieux reconstruire le tissu économique national.
Perspectives de l'OCDE sur les PME et l'entrepreneuriat 2021
4. La crise du COVID-19 : un accélérateur de l’innovation et de l’entrepreneuriat ?
Abstract
L’essentiel
Certaines formes d’innovation et d’entrepreneuriat ont gagné en importance pendant la crise, et cet élan devrait contribuer à alimenter la reprise en général.
La pandémie de COVID-19 a accéléré la transformation numérique. Avant la crise sanitaire, les petites entreprises avaient encore un train de retard en matière de transition numérique, et étaient moins susceptibles de s’engager dans des activités d’innovation (OCDE, 2019[1]), les PME réduisant généralement la transformation numérique à sa plus simple expression (OECD, 2021[2]). Pendant la pandémie, de nombreuses entreprises ont dématérialisé leurs opérations pour rester en activité, les plateformes en ligne jouant un rôle déterminant dans la mise en relation des utilisateurs avec les marchés, fournisseurs ou ressources (OECD, 2021[2]), ce qui a atténué l’impact économique de la crise sur les PME (Facebook/OECD/World Bank, 2020[3]).
Les initiatives d’innovation sociale se sont multipliées, les organisations du secteur de l’économie sociale et les entreprises sociales contribuant à atténuer les effets de la pandémie (OECD, 2020[4]).
Une bonne part des changements opérés sont appelés à perdurer compte tenu des investissements consentis. Parmi les PME qui ont eu davantage recours aux outils numériques pendant la pandémie, environ deux tiers des indépendants, des micro-entreprises et des petites entreprises et 78 % des entreprises de taille moyenne ont déclaré que ces changements seraient permanents (Facebook/OECD/World Bank, 2020[3]).
Toutefois, le choc du COVID-19 a également soulevé de nouvelles inquiétudes quant à d’éventuels abus de position dominante. Alors que la crise faisait rage, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont enregistré des résultats exceptionnels en 2020. Les multinationales bénéficiant d’une forte présence numérique ont vu leur rendement boursier s’envoler (OECD, forthcoming[5]).
L’accélération de la transition a également mis en évidence l’exposition des PME&E aux risques de sécurité numérique, les acteurs malveillants multipliant les cyberattaques contre les PME impréparées (OECD, 2021[2]).
En outre, les lacunes numériques des PME&E persistent, en termes de sensibilisation, de compétences nécessaires, de solutions pour remédier aux insuffisances en matière d’investissement, aux verrouillages technologiques, à la médiocrité de la culture des données, etc. (OECD, 2021[2]).
Les gouvernements ont érigé la transformation numérique, le recyclage professionnel et le verdissement au rang de priorité, afin de reconstruire en mieux. Depuis juin 2020, les plans de relance visent de plus en plus à soutenir une relance durable. En effet, de nombreux pays cherchent à tirer parti de la crise pour mettre en place une économie circulaire et plus verte.
Les pays ont joué un rôle proactif dans la transformation numérique des PME (OECD, 2021[2]), en renforçant la portée du commerce électronique et des services administratifs en ligne, ou en soutenant le télétravail (CFE/LEED(2020)14), et la sécurité numérique dans les PME. Les gouvernements ont mis en œuvre des dispositifs d’aide financière et d’assistance technique visant les PME, souvent sous la forme d’initiatives locales, ou ont joué un rôle de facilitateur en mettant les PME en relation avec des réseaux du savoir et des fournisseurs de solutions numériques. Les PME qui ont pu accéder à différentes formes d’aide depuis le début de la pandémie sont passées plus rapidement au numérique (Facebook/OECD/World Bank, 2020[3]).
Les aides aux jeunes entreprises et aux entreprises de taille moyenne ont été renforcées, non seulement pour soutenir leur trésorerie, mais également pour leur permettre d’accéder au capital d’innovation et de croissance.
Il est trop tôt pour dire si ces innovations sont susceptibles de conduire à une hausse de la productivité, à la croissance des entreprises et à la création d’emplois. Dans les secteurs plus modestes et peu productifs, la crise de 2008-09 a durablement assombri les perspectives des start-ups, limitant leurs capacités d’innovation et d’expansion. Toutefois, il est possible que les spécificités de la crise actuelle aient favorisé certaines formes d’innovations plus que d’autres, rendant les start-ups d’aujourd’hui plus résilientes, notamment dans l’économie post-COVID.
Il est tout à fait possible de capitaliser sur des politiques plus solides et territorialisées en matière de PME&E, en utilisant des mécanismes de gouvernance efficaces pour éviter les inefficiences de l’action publique. Par exemple, les pratiques de passation des marchés sont un domaine dans lequel la coopération et l’harmonisation entre les juridictions sont particulièrement importantes pour soutenir la reprise des PME
Introduction
L’innovation et l’entrepreneuriat sont deux dynamiques complémentaires qui peuvent conduire à une hausse de la productivité et à la création d’emplois, et jeter les bases de la reprise. De même, ils sont de plus en plus prisés en raison de leurs importantes retombées bénéfiques pour la société ; en effet, ils contribuent à faire face à l’urgence des enjeux environnementaux et sociétaux. Le processus de destruction créatrice qui soutient les efforts d’innovation revêt une importance particulière en période de récession et de reprise, car il permet de réaffecter les actifs et les ressources aux entreprises les plus productives (efficientes), qui pourront à leur tour se développer et créer les emplois de la reprise (Encadré 4.1).
Encadré 4.1. Innovation et entrepreneuriat : deux facteurs de création de valeur et d’emplois
En innovant, l’entreprise recherche de nouveaux débouchés et un avantage concurrentiel, et vise à accroître ses bénéfices, par une augmentation des ventes, une amélioration de la notoriété de sa marque, une nouvelle clientèle ou la conquête de parts de marché (innovation de produit), ou par une plus grande efficience économique et une meilleure productivité (innovation de processus) (Crépon, Duguet and Mairesse, 1998[6]). Elle peut également entreprendre un processus de transformation et accroître sa capacité de croissance future.
(Schumpeter, 1934[7]) a qualifié de « destruction créatrice » la perturbation des activités économiques existantes par ces innovations, et la réorganisation des marchés provoquée par l’entrée et la sortie d’entreprises. La création d’entreprises contribue notamment à l’efficience économique via la concurrence (OECD, 2018[8]) (OCDE, 2017[9]).
L’entrepreneuriat n’est pas synonyme de PME ou de start-up, mais désigne plutôt l’action humaine à l’origine de l’innovation (OECD, 2010[10]). L’activité entrepreneuriale consiste à entreprendre pour générer de la valeur en créant ou en développant des activités économiques par la découverte et l’exploitation de nouveaux produits, procédés ou marchés. Les entrepreneurs, en tant que découvreurs d’opportunités, preneurs de risques, innovateurs de rupture ou perturbateurs, sont au cœur du processus (Ahmad and Seymour, 2008[11]).
Si l’entrepreneuriat est essentiel au processus d’innovation, l’innovation est également un moteur de l’entrepreneuriat, de la création d’entreprises et de la dynamique des entreprises.
L’innovation résulte d’un processus d’accumulation par lequel les entreprises accroissent leur stock de capital intellectuel (OECD, 2019[12]). Les entreprises créent, associent et recombinent des actifs comme la technologie, les compétences et le savoir-faire spécialisés, les données et les marques commerciales, les agencements et procédés organisationnels, ou encore les modèles et réseaux d’affaires, à des fins d’innovation.
Peut-être encore plus important en temps de crise, les PME sont les principales sources d’innovation et jouent un rôle essentiel dans la transformation des modèles d’innovation. Les PME adaptent leur offre à divers contextes ou aux différents besoins des utilisateurs, et répondent à une demande nouvelle ou de niche. Par leur niveau plus élevé d’acceptation des risques, leur plus grande flexibilité ou leur culture organisationnelle plus agile et adaptative, les petites entreprises bénéficient de surcroît d’un atout concurrentiel qui les aide à lancer de nouvelles idées sur le marché. Généralement, il est plus facile pour les PME de s’investir dans des types donnés d’innovation non technologique.
Leur rôle dans l’innovation n’en demeure pas moins modeste au regard de leur nombre. Les PME ont du mal à en combiner les modes en raison de l’« étroitesse » de leur portefeuille d’actifs d’innovation (OECD, 2019[12]). Petites, moyennes ou grandes, les entreprises ont impérativement besoin de pouvoir accéder aux actifs d’innovation. Or les PME ont des difficultés particulières à trouver et exploiter les technologies, données, informations et réseaux nécessaires pour participer à des activités d’innovation et en tirer profit. Les PME sont également plus fortement tributaires des sources extérieures de savoir, alors qu’elles soient moins bien intégrées dans les réseaux du savoir (OCDE, 2013[13]).
Les performances des PME et de l’entrepreneuriat en matière d’innovation sont en fait définies par un ensemble complexe de conditions commerciales (voir le guide de lecture et (OECD, 2019[12])), ainsi que par la qualité des écosystèmes d’entrepreneuriat local (OECD, 2021[14]) (OECD, 2019[15])
Avant la crise du COVID-19, la transformation numérique et l’innovation ouverte ont offert aux PME de nouveaux débouchés qui ne s’étaient pas encore concrétisés
Les PME peuvent s’adapter aux conditions du marché par le biais d’un ensemble de stratégies, mais sont moins en mesure de générer des économies d’échelle en raison de leur taille. En revanche, leur potentiel de concurrence est plus important en raison de la différenciation des produits, et des effets de réseau et d’agglomération (concentration spatiale).
La transformation numérique est un moteur important de la compétitivité, mais ce n’est pas le seul. Elle permet aux PME d’accroître leur capacité interne et de réaliser des économies d’échelle avec des ressources limitées. Elle contribue en outre à réduire les coûts de transaction et de communication en offrant un accès simplifié et plus rapide à l’information, et en mettant en relation les équipes, les fournisseurs et les réseaux (OECD, 2021[16]). Elle aide les PME à prendre pied sur les marchés mondiaux en réduisant les coûts liés au transport et aux formalités à la frontière, et permet la commercialisation des services. Elle facilite l’accès aux ressources, notamment financières (par ex. prêts participatifs), à la formation et aux canaux de recrutement, ainsi qu’aux services publics. Elle favorise l’innovation en ouvrant plus largement l’accès aux actifs d’innovation (par ex. données ou technologie), et renforce la capacité des PME à produire leurs propres données et à analyser leurs activités d’un œil neuf (par ex. analytique de données et capacité prédictive). Les plateformes numériques, comme les réseaux sociaux ou les places de marché pour la vente en ligne, offrent de réelles possibilités d’optimiser certaines fonctions (veille économique, analytique de données…) à moindre coût.
La transformation numérique favorise la différenciation des produits et permet aux PME de bénéficier de l’essor des nouveaux modèles d’affaires et des nouvelles pratiques (OECD, 2019[12]). Les TIC ont bouleversé les pratiques d’affaires et ont contribué à faire évoluer le comportement et les attentes des consommateurs en rendant la demande plus sophistiquée et en réduisant les cycles d’innovation et le temps de mise sur le marché. Ces changements offrent aux PME des possibilités nouvelles de se positionner sur des marchés de niche et d’y être compétitives en tirant avantage de leur plus grande proximité avec la demande, ainsi que l’exigent les nouveaux modèles de consommation.
La transformation numérique, en particulier les plateformes en ligne, permet aux PME de tirer parti des importants effets de réseau. On assiste à un effet de réseau lorsque le nombre d’utilisateurs des plateformes augmente, ce qui rend plus avantageux pour l’ensemble des utilisateurs l’utilisation desdites plateformes (OECD, 2021[16]). Plus la base d’utilisateurs est importante, plus les PME ont de chances de se mettre en relation (avec des prestataires de services, des fournisseurs, des clients par ex.), ce qui peut réduire les coûts de transaction et l’asymétrie d’information. Les plateformes numériques transforment un large éventail de fonctions des PME, depuis la publicité et le marketing (commerce électronique) à la prestation de services, en passant par le financement, les RH et l’administration (paiements), la R-D et la conception, etc.
Ce glissement vers des modèles d’innovation ouverte, non technologique et plus progressive ouvre de nouveaux horizons aux acteurs de moindre envergure, ainsi qu’aux entreprises qui ne mènent pas d’activités de R-D (OCDE, 2009[17]; OCDE, 2015[18]). Sortie des laboratoires internes de R-D, l’innovation d’entreprise résulte de plus en plus d’une collaboration entre partenaires fondée sur les interactions, l’échange de connaissances et d’informations ainsi que le partage de standards et d’infrastructures. Ce changement de paradigme en faveur de l’« innovation ouverte » a considérablement réduit l’investissement requis pour accéder aux actifs d’innovation et, partant, a facilité l’intervention des PME dans ce domaine (OCDE, 2010[19]). Les liens commerciaux favorisent l’accès des PME aux technologies et compétences ou encore l’échange de données ainsi que les externalités de connaissance (OCDE, 2018[20]).
Avant la crise du COVID, les initiatives d’innovation ouverte se multipliaient aux quatre coins du monde, transformant les villes en plateformes de l’innovation fondée sur les données et en bancs d’essai pour les exercices d’expérimentation et de prototypage (OCDE, 2017[21]). Les grandes entreprises concouraient activement à l’essor de l’innovation ouverte en nouant des partenariats stratégiques avec des acteurs de moindre envergure, en déployant des accélérateurs spécialisés qui offraient aux start-ups et individus un lieu de travail favorable, ou en créant des laboratoires d’innovation en vue d’encourager la réflexion « hors des sentiers battus » et les nouvelles collaborations (OECD, 2019[12]). En général, les accélérateurs d’entreprises répondent à certaines des principales difficultés auxquelles doivent faire face les entreprises à forte croissance (par ex. compétences en gestion, réseaux professionnels, financement par apport de fonds propres). Les laboratoires d’innovation, souvent installés en dehors des locaux des promoteurs et à proximité de pôles de haute technologie, offrent un lieu de rencontre et du matériel de pointe aux PME, ce qui leur permet de faire des essais et de participer aux travaux d’équipes de chercheurs interdisciplinaires.
Après le choc de 2008-09, la dynamique des entreprises a été plus favorable aux efforts d’innovation. Les créations d’entreprises ont renoué avec leurs niveaux d’avant la crise en volume, et les créations de PME ont été un important vecteur de croissance de l’emploi entre 2010 et 2016 dans la plupart des pays, en particulier dans le secteur des services (OECD, 2019[12]). Les taux de naissances d’entreprises, c’est-à-dire le nombre de créations d’entreprises rapporté au stock total d’entreprises, ont également augmenté dans de nombreux pays. Parallèlement, le nombre de faillites a reculé quasiment partout depuis 2010 (Graphique 4.2)1. Toutefois, d’importantes différences sont apparues entre les pays au cours de la décennie. C’est en France, au Royaume-Uni et en Suède que la vague de créations d’entreprises est la plus haute, la population de nouvelles entreprises ayant quasiment triplé entre 2007 et 2020. En revanche, en Allemagne, au Japon et dans la Fédération de Russie, elle reste inférieure aux niveaux de 2007 (Graphique 4.2, partie A).
Toutefois, la crise de 2008-09 ayant durablement assombri les perspectives, les entreprises créées sont plus petites et appartiennent à des secteurs peu productifs. Les taux de naissances sont restés inférieurs à ceux d’avant la crise dans de nombreux pays, ce qui signifie que les entreprises créées sont plus petites (diminution de la taille moyenne des nouvelles entreprises) (OCDE, 2017[25])), et que le potentiel de création d’emplois n’a pas été pleinement atteint. En outre, cette diminution de taille limite la capacité de ces entreprises à innover, à passer au numérique et à gagner en productivité. Les limites de taille s’accompagnent d’une baisse de la capacité de productivité. Entre 2010 et 2016 dans bon nombre de pays, la plupart des créations d’entreprises sont intervenues dans des secteurs affichant des niveaux de productivité inférieurs à la moyenne : par exemple, dans le secteur de l’hébergement et de la restauration en Grèce, en Irlande et au Royaume-Uni ; le secteur de la construction en Italie et en Norvège ; et le secteur du commerce de gros et de détail dans la majorité des pays (OECD, 2019[12]). L’augmentation du nombre d’emplois dans des activités peu productives s’est traduite par une hausse du nombre d’emplois peu rémunérés, au détriment du bien-être matériel. L’augmentation du nombre d’emplois et d’entreprises dans des activités peu productives a également entraîné une diminution des capacités d’absorption et d’innovation des entreprises.
Des signes de concentration du marché étaient également visibles, avec des effets potentiellement néfastes sur l’environnement des petites et jeunes entreprises. La concentration du marché et la concurrence peuvent réellement exercer des effets importants (et non linéaires) sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Une analyse empirique de l’OCDE met en évidence un renforcement de la concentration sectorielle dans un certain nombre d’économies de l’OCDE et dans de nombreux secteurs depuis le début des années 2000, ainsi que le rôle significatif que les investissements dans des actif immatériels ont joué dans cette hausse (DSTI/CIIE(2019)13/REV1). Les actifs immatériels ont peut-être bénéficié de manière disproportionnée aux grandes entreprises, qui sont mieux placées pour y investir et en tirer parti pour accroître leur chiffre d’affaires. Dans les secteurs dépendants du numérique en particulier, mais pas seulement, l’évolution des marges bénéficiaires met en évidence un redéploiement de l’activité, des actifs et des bénéfices vers les entreprises « superstars » (Autor et al., 2017[26]), ce qui nuit à la fluidité et au dynamisme de l’économie (Furman and Orszag, 2015[27]) (Grullon, Larkin and Michaely, 2017[28]) (voir (OCDE, 2018[29]) pour un aperçu plus complet). Par exemple, sur les marchés de la publicité numérique, certaines acquisitions, ainsi que certains comportements, ont renforcé la consolidation du marché et l’intégration verticale, les perspectives d’économies d’échelle et de gamme, les effets de réseau et l’accès aux données favorisant la consolidation (OCDE, 2020[30]). En revanche, dans les chaînes agroalimentaires, bien que les segments en aval soient généralement plus concentrés que la production au niveau de l’exploitation, les études empiriques n’ont pas mis en évidence de problèmes de concurrence systématiques et importants (Deconinck, 2021[31]). Certaines études menées précédemment à l’échelon national sont également moins concluantes quant à l’existence d’une dynamique de concentration du marché (Honjo, Doi and Kudo, 2014[32]) (Valetti T. ; G. Koltay ; S. Lorincz ; H. Zenger, 2017[33]).
Avant la crise du COVID-19, les petites entreprises tardaient à prendre le virage du numérique (OECD, 2021[16]). Toutes les technologies pour lesquelles des données sont disponibles se caractérisent par un écart entre leur taux de diffusion dans les PME et leur taux de diffusion dans les grandes entreprises (Graphique 4.3). Le passage au numérique demeure moins important dans les petites entreprises par rapport à celles de taille moyenne, et dans les entreprises de taille moyenne par rapport aux grandes. Cet écart s’accroît lorsque les technologies se perfectionnent ou que leur mise en œuvre dépend des ressources. Par exemple, en ce qui concerne les logiciels de planification des ressources d’entreprise, qui permettent une meilleure intégration des flux de données et des opérations de l’entreprise, une taille critique est requise pour faire face à la complexité et la quantité importante de ressources nécessaires. En outre, les enquêtes relatives à l’utilisation des TIC par les entreprises qui mettent en évidence le retard numérique des PME ne tiennent pas compte des micro-entreprises, qui représentent environ 90 % de la population des entreprises dans les pays de l’OCDE. Ainsi, le problème est vraisemblablement sous-estimé.
Les écarts en termes d'accès des PME à internet, qui est pourtant une condition essentielle à leur transformation numérique, ont augmenté à travers le monde. Une infrastructure Internet à haut débit est indispensable à une bonne couverture numérique et facilite le transfert de données. Depuis 2011, les taux de pénétration du haut débit ne cessent d’augmenter dans tous les pays de l’OCDE, mais beaucoup plus rapidement dans les pays déjà en tête (c’est-à-dire les 5 premiers pays), et dans les grandes entreprises (Graphique 4.4). L’écart entre entreprises, c’est-à-dire l’écart de taux de pénétration du haut débit entre petites et grandes entreprises, s’est creusé davantage dans les pays à la traîne. Du fait de leur retard technologique, certaines entreprises — et certains territoires — ont eu peu de possibilités d’adapter leurs modèles économiques et de préserver leur activité pendant les périodes de distanciation sociale prolongées, ce qui a creusé les inégalités.
Lorsque les PME passent au numérique, elles se concentrent généralement sur les fonctions de base, principalement l’administration générale et les opérations de commercialisation. Il ressort des enquêtes menées auprès des entreprises sur leur recours aux TIC que la fracture numérique est moins marquée entre les PME et les autres entreprises s’agissant des interactions en ligne avec l’administration, de la facturation électronique ou encore du recours aux réseaux sociaux ou à la vente en ligne (OECD, 2021[16]). On observe toutefois des différences importantes entre les secteurs d’activité s’agissant de l’intensité et des modalités de passage au numérique. Dans les secteurs à forte intensité de savoir, comme les services d’information et de communication, les taux d’adoption sont nettement plus élevés : ainsi, pour les pays de l’OCDE, la médiane de la proportion de salariés disposant d’un accès à des équipements dotés de connexion internet se situe autour de 90 %, contre 50 % dans les autres secteurs (OCDE/Eurostat, 2020[36]). De fait, l’adoption d’une poignée de technologies phares dans chaque secteur est essentielle. Ainsi, dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, une connexion haut débit, un site internet et le recours à l’infonuagique pour le stockage des fichiers sont les principales technologies associées à des écarts plus marqués en termes de valeur ajoutée et d’adoption du numérique. Dans le commerce de gros, des écarts importants sont constatés dans le domaine de la vente en ligne, de l’infonuagique pour héberger les bases de données et de la formation des spécialistes des TIC. Dans le commerce de détail, on retrouve également la vente en ligne et l’infonuagique pour la gestion de la relation client. Dans le secteur de la construction, il s’agit d’un site internet, de la formation des spécialistes des TIC et d’appareils portables connectés remis aux salariés.
De même, les PME s’appuient généralement fortement sur des sources et des prestataires externes de solutions numériques, ainsi que des systèmes, un accompagnement et des conseils extérieurs (OECD, 2021[16]), en partie pour compenser la faiblesse de leurs capacités internes, mais aussi pour une question de coût. Les plateformes numériques servent à optimiser certaines fonctions. Pour la gestion des risques de sécurité numérique, les PME font généralement appel à des consultants extérieurs ou s’en remettent aux dispositifs de sécurité intégrés dans les outils et services qu’elles utilisent. Elles peuvent également se tourner vers les marchés du savoir pour se fournir en solutions d’intelligence artificielle (IA), et font des sauts technologiques vers de nouveaux systèmes d’IA grâce aux logiciels-services (SaaS) basés sur l’infonuagique.
Le COVID-19 a considérablement accéléré la transformation numérique des PME et (certaines) formes d’innovation et d’entrepreneuriat.
La crise du COVID-19 a souligné combien la transformation numérique des PME était importante, et a accéléré l’innovation numérique. Les entreprises ont dématérialisé leurs opérations en ligne pour rester en activité durant les périodes de confinement et faire face aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, les plateformes en ligne jouant un rôle déterminant dans la mise en relation des utilisateurs avec de nouveaux marchés, fournisseurs ou ressources. Les solutions de travail intelligent se sont multipliées afin de lutter contre la disparition quasi totale des activités en contact direct et sur site. Dans les services professionnels et de conseil, dans lesquels les visites sur place peuvent représenter une partie essentielle du travail, les effets de la distanciation sociale ont été considérables. Selon les premiers résultats des enquêtes menées à l’échelle mondiale dans le courant de l’année 2020, on estime que jusqu’à 70 % des PME ont intensifié leur usage des technologies numériques en raison de la pandémie de COVID-19 (CFE/SME(2021)2/ANN2).
La crise accélère le passage au numérique des PME, notamment des entreprises moyennes. Selon les nouvelles données de l’enquête Facebook/OCDE/Banque mondiale, 64.8 % des entreprises de taille moyenne (50 à 250 salariés) interrogées fin 2020 sur leur utilisation des technologies ou des plateformes numériques ont déclaré les utiliser davantage depuis le début de la pandémie (Facebook, OCDE et Banque mondiale, 2020[37]). Cette proportion est supérieure à celle des indépendants (38 %), des micro-entreprises (41 %) ou des petites entreprises (51 %). Il est particulièrement préoccupant de constater que 53 % des indépendants et 48 % des petites entreprises n’ont pas du tout pris le virage du numérique, bien qu’ils aient déjà une présence numérique. Cette même enquête confirme également l’importance du commerce électronique pendant la crise : les PME réalisant plus de 75 % de leur chiffre d’affaires en ligne étaient 15 points plus susceptibles de maintenir leur revenu que les PME réalisant moins de 25 % de leur chiffre d’affaires en ligne (Facebook/OCDE/Banque mondiale, 2020[38]) (chapitre 1).
La part des PME augmentant leur utilisation des technologies numériques était plus importante dans les pays où les mesures d’endiguement et de distanciation sociale étaient plus strictes. Plus les mesures sont fortes, plus les PME sont incitées à adopter de nouveaux moyens d’exercer leur activité (Graphique 4.6). Le Chili et la Colombie, qui ont été soumis à des confinements très stricts, ont vu quelque 60 % de leurs PME renforcer leur passage au numérique au cours de cette période, soit une part beaucoup plus importante que dans les pays où les mesures de confinement étaient comparativement moins strictes, comme la Norvège ou la République slovaque, où seulement 32 % et 25 % des PME respectivement ont accéléré leur transformation numérique.
Les exemples de PME qui se tournent vers le numérique pour poursuivre leurs activités durant la crise, ou qui utilisent de nouveaux logiciels, applications et l’infonuagique pour adapter leurs modèles économiques et leurs pratiques de travail, se répartissent dans plusieurs pays et secteurs, comme le commerce électronique, les loisirs et le divertissement, les services bancaires en ligne et les solutions de paiement mobiles, l’apprentissage en ligne ou la fabrication, etc. (OCDE, 2020[40]) (OECD, 2021[16]). La base de données de l’OCDE sur les PME, qui rassemble des études de cas sur la transformation numérique des PME, donne des exemples de la résilience des PME passées ou non au numérique pendant la crise du COVID-19 (OCDE, 2020[40]) (Encadré 4.2).
Encadré 4.2. PME se tournant vers le numérique : quelques exemples
La base de données de l’OCDE sur les PME, qui rassemble des études de cas sur la transformation numérique des PME, donne des exemples de la résilience des PME passées ou non au numérique pendant la crise du COVID-19.
Le restaurant Circus Bakery (France) a lancé un site web de vente au détail 24 heures après la fermeture de son unique magasin. Son site web propose des services de livraison et de « click & collect », ce qui a permis au restaurant de poursuivre son activité pendant la crise.
Natoora (Royaume-Uni), grossiste en produits frais, a radicalement changé son modèle d’activité, délaissant le commerce interentreprises (B2B) au profit du commerce de détail (B2C), car il ne pouvait plus poursuivre son activité de grossiste auprès des restaurants et des entreprises, dont beaucoup ont dû fermer leurs portes en raison des restrictions liées aux mesures d’endiguement. Grâce à un site web mis en ligne récemment, la société a pu livrer ses produits aux ménages et aux particuliers.
SkyTing Yoga (États-Unis) est un studio de yoga établi à New York. Plus tôt en 2020, le studio a lancé sa plateforme numérique, « SkyTing TV », afin de proposer un service complémentaire. Elle est devenue sa principale source de revenus, de même qu’une nouvelle offre qui consiste en la diffusion de cours via Instagram en contrepartie d’un don via la plateforme de paiement Venmo.
Okoloco GmbH (Allemagne) est un « guichet unique » pour toutes les questions relatives aux systèmes de chauffage, implanté en Basse-Saxe, en Allemagne. Les services proposés incluent une comparaison des prix, l’installation, l’entretien et la réparation. En réponse à la pandémie, Okoloco GmbH a revu son modèle commercial de manière à fournir l’ensemble des services à la clientèle sous forme virtuelle. En dématérialisant les étapes essentielles de l’installation ou de l’entretien des systèmes de chauffage domestique, Okoloco GmbH a poursuivi sa croissance tout au long de la pandémie, malgré les règles de confinement.
We Are Amsterdam (Pays-Bas) est une PME touristique qui propose des visites historiques et culturelles de la ville d’Amsterdam. En réponse aux règles locales en matière de confinement, et notamment aux restrictions de déplacement qui ont interrompu le tourisme international, We Are Amsterdam a introduit de nouveaux éléments numériques dans son offre. Tout au long de la pandémie, l’entreprise a organisé des visites virtuelles via des plateformes de vidéoconférence comme Zoom, et a lancé une application permettant aux clients d’explorer et de découvrir Amsterdam de manière interactive sur leurs smartphones.
Relevance (Monaco) est une agence de marketing numérique qui s’est adaptée à la réglementation liée au COVID-19 en mettant en place une politique de télétravail visant l’ensemble des salariés. Elle a adopté des outils numériques pour faciliter le télétravail, comme Slack (plateforme de messagerie sur le lieu de travail) et Monday.com (logiciel de gestion de projets). Relevance a été en mesure de poursuivre ses activités et de produire au même rythme qu’avant la crise. Après l’assouplissement des restrictions liées au COVID-19, les salariés auront la possibilité de continuer à télétravailler partiellement.
Source : (OCDE, 2020[40]), base de données de l’OCDE sur le numérique pour les PME (Digital for SMEs)
Le coût a été le principal obstacle à l’adoption du numérique par les PME pendant la crise. L’analyse de l’enquête Facebook/OCDE/Banque mondiale montre que l’ensemble des PME, quelle que soit leur taille, citent le coût comme principal obstacle à la transformation numérique (Facebook, OCDE et Banque mondiale, 2020[37]). La question du coût est surtout problématique pour les indépendants (61 % le considèrent comme un obstacle) et les micro-entreprises (59 %), mais moins pour les petites entreprises (44 %). Le coût redevient un obstacle important pour une majorité d’entreprises de taille moyenne (59 %), ce qui pourrait mettre en évidence une augmentation non linéaire des coûts liés à l’intégration et aux changements organisationnels au-delà d’une certaine taille.
Parmi les autres obstacles à la transformation numérique, citons un manque de compétences et de connaissances ou des difficultés d’intégration. L’ensemble de ces obstacles, à savoir la méconnaissance des outils, les difficultés d’intégration et le manque de compétences, sont tout aussi importants pour les indépendants et les micro-entreprises, et sont cités par 20 à 30 % des entreprises. Pour les petites et moyennes entreprises, la difficulté d’intégration est le deuxième obstacle le plus important après le coût (citée par 41 % et 43 % des répondants respectivement). Bien que le manque de connaissances ne joue qu’un rôle mineur pour les entreprises de taille moyenne (13 %), il reste contraignant pour les petites entreprises (32 %).
L’accès aux aides publiques, et à différentes formes d’aide, est associé à un meilleur taux d’adoption du numérique pendant la crise. Les PME qui ont bénéficié d’aides publiques sont, en moyenne, huit points plus susceptibles d’accélérer leur transformation numérique que les PME n’ayant reçu aucune aide. Cet effet était trois fois plus important pour les PME ayant bénéficié de plusieurs types d’aide (18 points plus susceptibles d’accélérer leur transformation numérique) que pour les PME ayant reçu uniquement des aides financières (6 points plus susceptibles d’accélérer leur transformation numérique)2. Malgré le poids des obstacles liés au coût, les résultats mettent donc en évidence l’importance de combiner les aides financière et non financière (par ex. une formation) pour surmonter les obstacles à l’adoption, et donnent à penser que les panoplies de mesures en faveur de l’adoption du numérique par les PME nécessitent une approche holistique et polymorphe.
La crise a encore accentué la fracture socio-économique entre les PME d’un secteur à l’autre. Dans les secteurs dans lesquels la transformation numérique (mesurée par la part des PME disposant d’une connexion haut débit en 20193) était déjà bien avancée avant la crise, la part de PME déclarant avoir eu davantage recours aux outils numériques pendant la pandémie de COVID-19 est nettement plus élevée (Graphique 4.7 partie 1)4. C’est le cas dans le secteur des TIC. À l’inverse, la transformation a été moins marquée dans les PME des secteurs ayant peu recours aux outils numériques, comme la construction ou les services de transport.
La crise a toutefois contribué à rattraper en partie le retard numérique des PME dans les pays. L’adoption du numérique par les PME a été plus importante dans certains pays où le taux de pénétration du haut débit était initialement plus faible (Graphique 4.7 partie 2). Au début de la crise, la part de PME connectées au haut débit en Colombie, en Italie ou en Irlande était plus faible, et elles sont passées très rapidement au numérique pendant la crise. À l’inverse, dans les pays qui affichaient des taux similaires de pénétration du haut débit à ceux des trois ci-dessus lorsque la pandémie a commencé, comme la République slovaque, la Hongrie, la République tchèque ou la Turquie, les PME ont été moins nombreuses à entamer une transformation numérique. De même, les PME ont également mené une transformation numérique plus rapide dans plusieurs pays dont le niveau initial de couverture numérique était plus élevé – comme le Portugal, l’Espagne ou la Suisse.
Les interventions publiques sont déterminantes pour accélérer la transformation des PME et réduire la fracture numérique. Dans l’ensemble, les pays où les PME ont réussi à réduire la fracture numérique initiale par rapport à leurs homologues d’autres pays ont bénéficié d’un soutien budgétaire plus important (en proportion du PIB) dans le cadre de mesures d’urgence, car ils étaient soumis à des règles d’endiguement plus strictes.
Pendant les confinements, les entreprises et les personnes physiques ont eu davantage recours aux plateformes en ligne pour mener leurs activités économiques. Sur la base d’un ensemble de données portant sur quelque 1 400 plateformes en ligne actives dans les pays de l’OCDE et du G20, une récente étude de l’OCDE montre que l’utilisation des plateformes en ligne a augmenté d’environ 20 % au cours du premier semestre 2020 dans les domaines dans lesquels la fourniture de produits et de services nécessite peu ou pas de proximité physique (OECD, 2021[42]). C’est le cas des paiements mobiles, des places de marché pour les consommateurs, des services professionnels, et des services de livraison dans le secteur de la restauration. À l’inverse, dans les domaines nécessitant une proximité physique (comme l’hébergement, la réservation de restaurants et les transports), l’activité des plateformes a nettement diminué, de 90 % environ.
Les PME ont eu davantage recours aux plateformes pendant la crise, surtout pour vendre, et notamment si elles étaient déjà actives sur les plateformes auparavant. D’après l’enquête Facebook/OCDE/Banque mondiale 39 % des entreprises qui utilisaient les plateformes avant la crise y ont eu davantage recours pendant, contre seulement 5 % qui ont déclaré avoir commencé à les utiliser pendant la crise. Elles sont principalement utilisées à des fins de communication (67 %), de publicité (61 %), et de vente (48 %). Toutefois, les PME vendant sur des plateformes sont plus susceptibles d’y avoir eu davantage recours pendant la pandémie, et de déclarer un impact positif non seulement sur les ventes, mais aussi sur les coûts.
Les plus petites PME se heurtent pourtant à des obstacles sur les plateformes. Ces dernières aident les petites entreprises à tirer parti des effets de réseau, par ex. en s’appuyant sur une large base d’utilisateurs pour accroître le rayonnement et réduire les coûts de transaction et l’asymétrie d’information, ou en accédant aux services numériques proposés par la plateforme à un coût très bas (OECD, 2021[16]). Toutefois, les frais facturés par la plateforme semblent toujours constituer un obstacle important à son adoption définitive, en particulier pour les petites entreprises. Environ 30 % des indépendants et des micro-entreprises déclarent que les frais freinent l’expansion du recours aux plateformes, contre 26 % des petites et 23 % des moyennes entreprises.
Les taux de télétravail ont explosé pendant la pandémie (Graphique 4.8) (OECD, 2021[16]). Les données d’enquête de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail mettent en évidence une hausse spectaculaire de la part des répondants ayant commencé à télétravailler en raison de la pandémie. En outre, l’intensité de l’adoption du télétravail varie considérablement selon les personnes, les lieux et les secteurs. Les personnes les moins instruites, les plus âgées, les zones rurales et les petites villes, les secteurs en première ligne comme la santé, les transports et l’agriculture, ainsi que les secteurs dont une part importante de l’emploi dépend de l’emplacement, comme le commerce et l’hôtellerie, étaient moins susceptibles d’avoir recours au télétravail (Eurofound, 2020[44]).
Les PME ont bénéficié d’un élan collectif pour accélérer leur passage au numérique. Des initiatives en faveur de la transformation numérique des PME ont vu le jour dans le monde entier et dans tous les secteurs, à commencer par le secteur privé, les PME et les jeunes entreprises elles-mêmes, ainsi que les associations professionnelles (OCDE, 2020[40]). Les acteurs du secteur du numérique ont également mis en œuvre des services, des dispositifs de soutien et des aides pour permettre aux PME de rester en activité (Encadré 4.3). Certains d’entre eux se sont attachés à offrir un accès gratuit à des « plateformes d’apprentissage » aux PME désireuses de renforcer leur présence en ligne, de passer au télétravail ou de renforcer la sécurité numérique. Ces « plateformes d’apprentissage » se composent de blogs, de vidéos, de forums, ainsi que de formations spécifiques (généralement adaptées au niveau d’expérience et de compréhension de l’entrepreneur). La plupart de ces services ne nécessitent qu’une inscription de la PME, mais ils supposent également d’utiliser la technologie propriétaire et les outils commerciaux de l’acteur proposant son aide.
Encadré 4.3. Un élan collectif pour aider les PME à passer au numérique
Des initiatives en faveur de la transformation numérique des PME ont vu le jour dans le monde entier et dans tous les secteurs, à commencer par le secteur privé, les PME et les start-ups elles-mêmes, ainsi que les associations professionnelles. Par exemple,
Digital Team Austria est une initiative privée émanant d’entreprises du secteur technologique qui se sont engagées à offrir des services gratuits aux PME pendant au moins trois mois.
European DIGITAL SME Alliance, la plus grande association européenne de petites entreprises et d’entrepreneurs du secteur numérique, a lancé une campagne afin de présenter des solutions numériques innovantes pour atténuer la crise du COVID-19. En outre, l’association a lancé une plateforme permettant aux PME traditionnelles ou non technologiques d’avoir accès à un catalogue de solutions numériques susceptibles de les aider à se redresser ou à faire face à la crise. Ces solutions étaient très variées, depuis les outils de travail intelligent ou de vidéoconférence aux technologies d’impression 3D, d’apprentissage en ligne et de modélisation de l’IA. La plateforme a été conçue pour promouvoir les PME qui fournissent des services et des solutions numériques dans l’écosystème, et sont en concurrence avec les grandes entreprises technologiques.
Dans le cadre du projet australien Small Business Digital Champions, 15 associations sectorielles australiennes ont touché 50 000 AUD chacune pendant deux ans pour mettre en place un service de conseil numérique en réponse à la pandémie de COVID-19. Ces associations sectorielles ont fait valoir les avantages du passage au numérique auprès de leurs membres. Elles leur ont notamment donné des conseils en matière d’évolutions technologiques et d’adoption des technologies, de formations numériques, d’élaboration et de planification des contenus en ligne, ainsi que d’accompagnement et de soutien. En plus des conseils numériques propres au secteur, les associations sectorielles ont proposé des conseils généraux pour soutenir les petites entreprises tout au long de la pandémie.
Certains acteurs du secteur numérique se sont attachés à fournir un accès gratuit à des « plateformes d’apprentissage » pour les PME désireuses de développer leur présence en ligne, de lancer ou de renforcer leur activité de commerce électronique et d’attirer de nouveaux clients, de passer au télétravail ou de renforcer la sécurité numérique. Par exemple,
Wix, une société israélienne de logiciels proposant des services de développement web infonuagiques, a mis sur pied une plateforme en ligne d’appel aux bénévoles en coopération avec le ministère israélien des Finances et de la Protection sociale. Cette plateforme est une application web proposant une interface pour les bénévoles, un centre d’appels en ligne et un suivi des rapports. Elle vise à aider les pouvoirs publics à répondre aux besoins des citoyens, notamment des entrepreneurs et des propriétaires de petites entreprises, tout au long de la crise du COVID-19. Elle peut être intégrée à tous les types de systèmes d’administration publique à travers le monde, et est proposée gratuitement.
Les services d’Amazon adaptés aux besoins particuliers des pays, comme quickstart-online en Allemagne et Accelera en Italie, visent à venir en aide à ceux qui souhaitent se lancer dans le commerce électronique dans les grands pays de l’UE ;
Le Business Resource Hub de Facebook regroupe plusieurs initiatives de Facebook en faveur des petites entreprises.
La crise a également donné lieu à des exemples d’entrepreneuriat et de créativité des petites entreprises face à la crise, souvent en réponse directe à des besoins sociétaux urgents, comme des dispositifs médicaux, des désinfectants, des solutions de trésorerie (CFE/SME(2020)12/REV7) (OCDE, 2020[40]) (Encadré 4.4).
Encadré 4.4. La créativité des petites entreprises à l’heure du COVID-19 : quelques études de cas
Certaines petites entreprises se sont également montrées proactives en élaborant des solutions, souvent numériques, pour répondre aux besoins urgents pendant la crise.
Baltics 3D (Lettonie) est une start-up spécialisée dans l’impression 3D qui a conçu un modèle pour l’impression de masques intégraux à l’intention des professionnels de santé. Cette start-up a mis en place une chaîne d’approvisionnement décentralisée à travers le pays, faisant intervenir des fabricants locaux, issus par ex. de l’industrie métallurgique, ou des agences de publicité, établis dans les villes accueillant les plus grands hôpitaux du pays, et qui ont la capacité de concevoir les pièces nécessaires. Le modèle d’impression 3D et la chaîne d’approvisionnement ont permis de livrer rapidement des masques aux professionnels de santé dans tout le pays.
Ariniti (Belgique) est une start-up du secteur des technologies de santé qui utilise l’intelligence artificielle pour créer des « healthbots » et fournir aux personnes potentiellement infectées par le COVID-19 des conseils ou des recommandations en fonction de leurs symptômes. Cet outil d’autoévaluation a été créé en coopération avec Microsoft. Tout au long de la pandémie, les healthbots ont été perfectionnés pour simplifier le processus d’accueil des patients dans les hôpitaux.
ThePower House GmbH (Portugal) est une PME du secteur textile qui a fait face à la crise du COVID-19 en numérisant des patrons de masques de protection. ThePower House a mis en ligne ces modèles sous licence Creative Commons afin de permettre à quiconque de fabriquer ses propres masques. ThePower House a conçu un logiciel spécifique pour permettre aux designers de transformer leurs œuvres d’art en motifs numériques et de les imprimer sur du textile.
VaccineGuard est un logiciel conçu par Guardtime (Estonie) une plateforme numérique qui partage des certificats de vaccination sécurisés sur la chaîne de blocs. VaccineGuard a été créé pour aider l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement estonien à mettre en œuvre un programme de vaccination efficace et à suivre le statut vaccinal des individus, tout respectant leur vie privée.
Source : (OCDE, 2020[40]), base de données de l’OCDE sur le numérique pour les PME (Digital for SMEs)
L’économie sociale, les entreprises sociales et les initiatives d’innovation sociale ont le vent en poupe. Les entreprises sociales privilégient leur impact social plutôt que leurs bénéfices et contribuent à améliorer le bien-être des individus et des communautés. Elles sont des acteurs majeurs de l’innovation sociale, même si elles ne sont pas les seules intervenantes (Encadré 4.5). D’après le rapport Social Enterprise: Market Trends Report (2017), près de 9 % des petites entreprises britanniques sont des entreprises sociales (SEUK, 2020[45]). On estime à 471 000 le nombre total d’entreprises sociales au Royaume-Uni, dont 99 000 emploient des salariés et 371 000 ne comptent aucun salarié. Les entreprises sociales emploient environ 1.44 million de personnes, dont une majorité de salariés, les autres étant des propriétaires et des partenaires actifs ; 22 % de la population des petites entreprises britanniques (soit 1.21 million d’entreprises) sont des PME à orientation sociale, c’est-à-dire des PME qui ont des objectifs sociaux et environnementaux mais qui ne consacrent pas la majeure partie de leurs excédents/bénéfices à l’atteinte de ces objectifs.
Encadré 4.5. Entrepreneuriat social, entreprises sociales et innovation sociale
L’entrepreneuriat social est souvent défini comme le processus par lequel des types spécifiques d’acteurs « entrepreneurs sociaux » créent et développent des organisations qui peuvent être soit des entreprises sociales, soit d’autres types d’organisations (Defourny, 2008 ; Mair, 2006). L’entrepreneuriat social comprend un large éventail d’initiatives ayant un impact social, depuis les entreprises à but lucratif aux organismes sans but lucratif (Nicholls H., 2012 ; OCDE, 2010). Les entreprises sociales ne sont qu’un sous-ensemble de ce domaine, dans lequel les modèles commerciaux servent de vecteur pour atteindre des objectifs sociaux (Nicholls, A., 2006 ; Thompson, 2008).
Ces entreprises sont définies comme « toute activité privée, d’intérêt général, organisée à partir d’une démarche entrepreneuriale et n’ayant pas comme raison principale d’existence la maximisation des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux ainsi que la capacité de mettre en place par la production de biens ou de services des solutions innovantes aux problèmes d’exclusion et de chômage » (OCDE, 2010). Une analyse plus récente de l’OCDE souligne que les entreprises sociales se caractérisent par une approche entrepreneuriale plus résolue – leurs revenus provenant principalement d’activités commerciales, plutôt que de subventions et de dons (OCDE, 2018).
Les entreprises sociales privilégient leur impact social plutôt que leurs bénéfices. Par exemple, en Europe, les entreprises sociales sont très souvent associées à une « manière différente » d’exercer une activité (entreprendre autrement), alors qu’aux États-Unis, elles désignent généralement des organisations à but non lucratif qui élaborent des stratégies de recettes provenant d’opérations de type commercial afin de générer des revenus pour financer leur mission sociale. Elles sont actives dans un large éventail de secteurs : insertion des chômeurs ou des populations exclues, aide et soins, éducation, développement communautaire, environnement et énergie, logement social, etc.
Elles peuvent prendre différentes formes juridiques, comme une association, une coopérative, une fondation, une société mutuelle ou une société. Certains pays ont adopté des cadres juridiques et des réglementations (par ex. Belgique, France, Italie, Espagne) pour reconnaître les entreprises sociales, ce qui leur permet de prendre différentes formes juridiques ou statuts/qualifications (par ex. Société d’impact social – Luxembourg ; Convention ESUS – France ; Social Enterprise Mark – Royaume-Uni ; Gütesiegel für soziale Unternehmen – Autriche). En Autriche, le Social Entrepreneurship Network Austria (SENA) remet à ses membres un certificat attestant de leur qualité d’entreprises sociales conformes aux critères du SENA. Ces critères sont coordonnés avec ceux de l’Allemagne et à l’échelle de l’UE. D’autres pays ont décidé de ne pas adopter de législation spécifique (par ex. Pays-Bas, Suède) et ont plutôt mis en œuvre des stratégies et des plans d’action visant à recenser les entreprises sociales et promouvoir leur développement.
Au-delà des réglementations nationales, les entreprises sociales partagent un certain nombre de caractéristiques, comme l’autonomie et l’indépendance vis-à-vis du secteur public, la distribution limitée des bénéfices, une finalité explicite de services à la collectivité, un pouvoir de décision non fondé sur la propriété du capital, une structure de gouvernance démocratique large ou répartie, et une participation multipartite, etc.
L’innovation sociale consiste à concevoir et à mettre en œuvre de nouvelles solutions qui impliquent un changement de concept, de processus, de produit ou d’organisation et qui, en fin de compte, améliorent le bien-être des individus et des communautés (OCDE LEED, 2000). Bien que les entrepreneurs sociaux adoptent souvent des approches socialement innovantes, ils n’ont pas le monopole de l’innovation sociale. Les innovations sociales peuvent également être mises en œuvre dans le secteur public, les organismes à but non lucratif ou les entreprises traditionnelles (OCDE, 2010). (OECD, 2019[12])
Les organisations de l’économie sociale et les entreprises sociales jouent désormais un rôle important dans l’atténuation des effets de la pandémie. Elles ont non seulement soutenu les gouvernements en s’attaquant aux problèmes sanitaires, mais ont également fourni des solutions innovantes pour compléter l’action des pouvoirs publics. Elles font également office de partenaire de confiance pour mieux répartir les ressources allouées à la fourniture des biens et services nécessaires (Encadré 4.6) (OIT, 2020[46]) (OCDE, 2020[47]) .
Encadré 4.6. L’économie sociale et l’innovation à l’heure du COVID-19 : quelques exemples d’entreprises
Good Wash Company (Pays de Galle, Royaume-Uni), une entreprise sociale spécialisée dans la fabrication de savons et de produits de beauté de luxe, a utilisé ses bénéfices pour mettre en place des projets visant à réduire les inégalités et à améliorer le bien-être des animaux. Depuis le début de la crise, l’entreprise travaille avec des bénévoles pour distribuer des colis d’articles de toilette aux travailleurs du National Health Service du Pays de Galles. Trois mille paquets ont été remis au cours de la première semaine. L’entreprise fournit également des produits aux banques alimentaires et aux organisations caritatives locales.
Masques-Coronavirus. Bruxelles (Région de Bruxelles-Capitale, Belgique) est un exemple d’initiative d’économie sociale qui a permis de remédier rapidement à la pénurie d’équipements de protection individuelle. EcoRes, un laboratoire d’innovation spécialisé dans l’économie circulaire, a coordonné le projet visant à mettre en place une chaîne de production collaborative et décentralisée de masques. Des étudiants d’une école professionnelle de stylisme ont conçu le motif du masque et ont animé un tutoriel sur la conception. Travie, une entreprise sociale d’insertion professionnelle qui emploie des personnes handicapées, a prédécoupé et préparé des kits de masques. Urbiketo a livré les kits. Un réseau de citoyens bénévoles a cousu les masques conformément aux normes de qualité. En un mois et demi, plus de 2 000 personnes ont participé à la production de 240 000 masques réutilisables pour les soignants en première ligne.
Source : (OCDE, 2020[47]).
Si le choc du COVID-19 a accéléré la conception et l’adoption de solutions et de plateformes numériques, il a également suscité des inquiétudes quant à la concentration du marché et aux risques d’abus de pouvoir de marché. Alors que la crise faisait rage, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ont enregistré des résultats exceptionnels en 2020. Google consolide sa position de chef de file mondial dans le domaine de la publicité en ligne, ses bénéfices ayant augmenté de 50 % au cours du second semestre. Malgré un effondrement des recettes publicitaires liées au tourisme, la société a augmenté ses revenus provenant des services informatiques dématérialisés et de la plateforme YouTube (La Tribune, 2021[48]). Apple a franchi le seuil des 2 000 milliards USD de capitalisation boursière. Les résultats de l’entreprise ont bénéficié de l’essor du télétravail pendant la pandémie, ce qui a largement compensé les pertes dues à la fermeture de ses magasins (Reuters, 2021[49]). Amazon n’a doublé ses bénéfices qu’au cours du dernier trimestre 2020, du fait que les points de vente physiques étaient fermés ou que la clientèle les évitait. Outre l’essor de la vente en ligne, Amazon doit ses performances historiques à une augmentation rapide de l’adoption de ses services Web (Amazon, 2021[50]). Microsoft a observé une forte augmentation de l’utilisation de Microsoft Teams au début de la pandémie, qui s’est maintenue au cours des mois suivants (The Verge, 2021[51]). En octobre 2020, Microsoft faisait état de 115 millions d’utilisateurs quotidiens, soit une augmentation de plus de 50 % en six mois.
Plus généralement, les multinationales ayant une forte présence numérique ont vu leurs rendements boursiers augmenter pendant la crise (OCDE, à paraître 2021[52]). À titre d’exemple, les grandes enseignes du commerce de détail ont pu transférer une partie de leurs ventes et de leur chiffre d’affaires vers leur site web à mesure que leurs magasins physiques fermaient (La Tribune, 2021[54]).
Certains changements liés à la transformation numérique vont s’inscrire dans la durée, compte tenu des investissements irréversibles réalisés et des avantages obtenus. Parmi ceux qui ont davantage utilisé les technologies et plateformes numériques pendant la pandémie, les indépendants (63 %), les micro-entreprises (64 %) et les petites entreprises (69 %) ont déclaré que ces changements seraient permanents (Graphique 4.5) ; 78 % des entreprises de taille moyenne (jusqu’à 100 salariés) prévoient également que cette transformation sera permanente. De même, 78 % des salariés interrogés en juillet 2020 déclarent qu’ils seraient disposés à télétravailler au moins de manière occasionnelle en l’absence de restrictions liées au COVID-19, de préférence plusieurs fois par semaine (Eurofound, 2020[44]). Le commerce électronique (par exemple, les réseaux sociaux et les ventes en ligne) étant un point d’entrée dans le monde numérique (OECD, 2021[16]), la crise a peut-être aidé des millions de PME à raccourcir leur processus de transformation de plusieurs années.
Toutefois, cette transformation accélérée a également mis en évidence des risques et des vulnérabilités pour la population des PME et des entrepreneurs. En particulier, des acteurs malveillants ont profité de la crise du COVID-19 pour intensifier les cyberattaques, en tirant parti de la plus grande dépendance à l’égard des technologies numériques et des infrastructures de communication, ainsi que des vulnérabilités des PME. Les opérateurs de télécommunications et de services à haut débit ont enregistré une hausse de 60 % du trafic Internet par rapport à la période précédant la crise du COVID-19 (OCDE, 2020[55]). Les PME n’étaient pas suffisamment préparées à faire face à des attaques complexes, en raison de mauvaises pratiques de gestion des risques liés à la sécurité numérique, et d’un manque de sensibilisation aux risques et pertes encourus (OECD, 2021[16]).
En outre, d’anciens obstacles à la transformation numérique des PME subsistent, en termes de sensibilisation, de compétences nécessaires (tant pour les dirigeants que pour les salariés), de solutions pour combler le déficit d’investissement, d’incertitude juridique, de verrouillage technologique, de faiblesse de la culture et des pratiques de gestion des données, de risques pour la réputation en cas de litige, etc. (OECD, 2021[16]). Par exemple, la dépendance accrue à l’égard des infrastructures informatiques a mis en évidence la nécessité de remédier plus rapidement aux disparités d'accès à internet et de permettre à tous les territoires, entreprises et personnes d’avoir accès à une connexion haut débit de qualité. À l’avenir, des inégalités abyssales pourraient apparaître entre ceux qui « possèdent » un profil numérique et ceux qui n’en possèdent pas, ce qui compromettrait les perspectives d’une reprise équitable et durable.
Il est trop tôt pour dire si ces activités d’innovation peuvent renforcer la productivité, la croissance des entreprises et la création d’emplois. De même, il est trop tôt pour dire si les nouvelles pratiques commerciales perdureront, et quelles seront leurs répercussions en termes d’avantages économiques et sociétaux. Enfin, il est trop tôt pour évaluer l’impact négatif de la crise sur les investissements dans l’innovation. Par exemple, la Lituanie a entrepris des recherches sur l’impact de la crise du COVID-19 sur les investissements des entreprises dans la R-D et l’innovation (UE/OCDE, 2021[56]). Quarante pour cent des entreprises prévoient de réduire leurs investissements dans la R-D-I, et 56 % de les maintenir au même niveau. Seuls 3 % des répondants prévoient de les augmenter, ce qui met en évidence une évolution négative par rapport à 2019, où ils étaient 17 % à les avoir augmentés. Toutefois, il est très probable que les spécificités mêmes de la crise aient pu favoriser certaines formes d’innovation plus que d’autres. Il sera crucial d’exploiter ce dynamisme pendant la période de reprise, et d’axer la créativité sur la résolution de problèmes plus orientés vers l’avenir, et non plus sur des solutions de crise immédiates.
Transformation numérique, recyclage professionnel et verdissement pour reconstruire en mieux
Les pouvoirs publics ont fait preuve de proactivité afin d’aider leurs PME à passer au numérique, en élargissant ou en accélérant la mise en œuvre des programmes existants, ou mettant en place de nouveaux programmes (OECD, 2021[16]). Depuis les services d’administration en ligne aux mesures d’incitation en faveur du numérique, au recyclage professionnel, au renforcement de la sécurité et de l’infrastructure numériques ou des liens entre les PME et les réseaux d’innovation et les fournisseurs de solutions numériques, les gouvernements ont mis en place un large éventail de mesures, ciblant également les points d’entrée des PME dans le monde numérique, à savoir le commerce électronique, l’utilisation des réseaux sociaux et l’interaction avec les pouvoirs publics. Les exemples suivants sont tirés des documents (CFE/SME(2021)/2/ANN1), (OECD, 2021[16]), (CFE/TOU(2020)4/REV2) et (CFE/RDPC(2020)4/REV2) dans leurs domaines respectifs, sauf indication contraire.
Les services administratifs en ligne ont été renforcés afin d’améliorer et accélérer la prestation des services publics. Les instruments numériques comme les portails administratifs, visant à accroître la transparence, fournir des informations et un moyen d’accès, et faciliter l’interaction avec les PME (OECD, 2021[16]). L’innovation dans les services publics, favorisée par la crise, est une bonne occasion de renforcer la résilience régionale, car la transformation numérique de l’administration publique encourage la transformation des PME, et ces innovations améliorent l’environnement informatique et technologique d’une région (OCDE, 2020[57]).
Plusieurs pays ont mis en œuvre d’importantes mesures pour aider les PME à dématérialiser leurs activités. Les décideurs publics s’emploient à apporter aux PME un soutien financier et une assistance technique ciblés afin de les aider à mener à bien des diagnostics technologiques et des exercices de résolution de problèmes ou à mettre en œuvre des cybersolutions, généralement dans le cadre d’initiatives à petite échelle et territorialisées (OECD, 2021[16]). Dans certains cas, les dispositifs de soutien financier et technique sont complétés par des formations et des conseils sur la palette de compétences et les réformes organisationnelles nécessaires pour accompagner le changement technologique. Parfois, les initiatives sont mises en œuvre en coopération avec le secteur des entreprises. Dans d’autres cas, l’action des pouvoirs publics est élaborée à l’échelon sectoriel (Encadré 4.7).
Encadré 4.7. Favoriser l’adoption du numérique par les PME : quelques exemples nationaux
L’Australie a annoncé en septembre 2020 un plan de 800 millions AUD pour supprimer les obstacles réglementaires obsolètes, renforcer les capacités des petites entreprises et soutenir l’adoption des technologies dans l’ensemble de l’économie. Parmi les mesures prévues, citons l’octroi d’une enveloppe de 29 millions AUD au déploiement de la 5G, et d’une autre enveloppe de 28.5 millions AUD à la promotion des systèmes bancaires ouverts (open banking), qui permettent aux clients de reprendre la main sur leurs données pour explorer le marché des services financiers. Le plan prévoit également une enveloppe de 6.9 millions AUD pour tester l’utilisation de la chaîne de blocs et réduire ainsi les coûts de conformité.
SME.DIGITAL est une initiative du ministère fédéral autrichien du Numérique et des Affaires économiques qui vise à soutenir la transformation numérique des PME. Depuis septembre 2017, plus de 15 000 projets de conseil et de mise en œuvre ont bénéficié d’une aide. Le programme comporte deux modules. Le premier propose des services de conseil sur les thèmes suivants : modèles et processus commerciaux, commerce électronique et marketing en ligne, informatique et cybersécurité, et administration numérique. Le second finance la mise en œuvre des concepts élaborés avec des consultants dans le cadre du premier module, en accordant des subventions représentant jusqu’à 30 % des coûts d’investissement dans de nouveaux actifs matériels et immatériels.
En novembre 2020, la France, a alloué 100 millions EUR aux petites entreprises pour les aider à développer leurs activités en ligne. En outre, la plateforme gouvernementale FranceNum, lancée en 2018 pour mettre en relation les PME désireuses de passer au numérique avec un réseau de consultants spécialisés, est devenue une plateforme d’informations en direct sur les initiatives de soutien mises en place par les administrations nationales et locales, et par le secteur privé. Pour accroître son audience, une émission de radio quotidienne s’intéresse aux prochaines évolutions du numérique.
La Slovénie soutient les PME par le biais du programme de transformation numérique qui octroie des chèques d’un montant maximal de 10 000 EUR à l’appui de l’élaboration de stratégies, du développement du marketing numérique, de l’amélioration des compétences numériques ou du renforcement de la sécurité numérique. Le guichet unique de la transformation numérique (DIH Slovénie) donne également des conseils sur les processus de transformation numérique et la formation du personnel.
En Autriche, les neuf Bundesländer ont mis en place des mesures d’aide aux PME qui complètent et étendent les mesures prises par le gouvernement fédéral. Il s’agit notamment de la prise en charge des coûts d’infrastructure pour passer au télétravail (nouveau programme de soutien « Telearbeit!Offensive » en Styrie) et du passage des PME au numérique (Tyrol).
La Nouvelle-Zélande a annoncé le lancement du fonds de relance du tourisme (Tourism Recovery Fund), une initiative de 400 millions NZD destinée à appuyer la relance du secteur du tourisme, les PME bénéficiant d’un soutien ciblé afin de faciliter leur transformation numérique. Ce programme étend les dispositions prises dans le cadre des initiatives existantes, en donnant accès à des conseils et des formations spécialisés.
En Turquie, la KOSGEB, l’Organisation de développement des petites et moyennes entreprises, a axé le programme de soutien au développement des PME KOBİGEL sur la transformation numérique des PME de l’industrie manufacturière. Les projets visent à aider ces PME à adapter leurs méthodes de travail et processus de production à l’aide des technologies numériques, comme l’exploration de données, l’infonuagique, l’internet des objets, l’intelligence artificielle, etc. Une enveloppe de 38 millions USD leur a été octroyée.
La promotion du commerce électronique et l’assistance aux PME qui souhaitent se convertir à la vente en ligne bénéficient d’une attention particulière (Encadré 4.8).
Encadré 4.8. Permettre aux PME de vendre en ligne : quelques exemples nationaux
L’Autriche a lancé l’initiative KMU.E-Commerce afin d’encourager le passage des PME au commerce en ligne. En 2021, le programme prévoit l’octroi de 10 millions EUR à la mise en œuvre de projets spécifiques de commerce électronique (les subventions s’élèvent à 20 % des coûts du projet).
Le Canada a lancé l’initiative Go Digital Canada en coopération avec Shopify pour aider les petites entreprises à augmenter leurs ventes en ligne, grâce à des formations gratuites et à l’utilisation de canaux de marketing numérique.
L’Irlande a mis en œuvre le programme Digital Trading Online Voucher pour un montant total de 3.3 millions EUR (4 millions USD). Les micro-entreprises peuvent bénéficier d’un chèque de 2 500 EUR pour une formation en ligne.
La Malaisie a lancé une campagne de commerce électronique en collaboration avec 20 plateformes de commerce électronique afin de proposer aux PME des infrastructures de formation à l’intégration du commerce électronique, ainsi que des services d’aide à la vente.
La Nouvelle-Zélande a créé un outil accessible depuis sa plateforme .govt.nz pour permettre aux entreprises d’obtenir de l’aide et des informations personnalisées sur la manière de faire du commerce en ligne. Cette ressource met à disposition des études de cas et des informations sur les différentes options en matière de commerce électronique, la manière d’attirer des clients en ligne, la fidélisation de la clientèle et l’amélioration de l’expérience client. Il existe également un outil d’autoévaluation permettant aux entreprises de suivre et de contrôler leur capacité à utiliser efficacement les plateformes en ligne.
Une attention particulière est accordée à l’instauration du télétravail. En général, les administrations nationales ont pris des mesures pour encadrer le travail à domicile (CFE/LEED(2020)14). Les options proposées allaient de l’instauration d’une toute nouvelle réglementation ou de l’adaptation de réglementations préexistantes, à la publication de lignes directrices ou d’autres outils quasi juridiques. Plusieurs administrations nationales ont mis en place des plateformes en ligne pour rendre les services numériques proposés par les grands prestataires informatiques accessibles à tous. Les administrations régionales et locales, quant à elles, se sont concentrées sur le renforcement des capacités pour accroître le recours au télétravail. Plusieurs d’entre elles ont donné la priorité à l’offre de services d’information et de formation. D’autres ont commencé à élaborer des plans à long terme pour une diffusion plus large du télétravail sur une base permanente. Enfin, plusieurs administrations, régionales principalement, ont conçu des programmes d’aide financière pour favoriser le passage des PME au numérique, généralement en subventionnant les investissements dans les outils et les compétences numériques (Encadré 4.9).
Encadré 4.9. Favoriser le télétravail et les solutions professionnelles intelligentes dans les PME : quelques exemples nationaux
L’Argentine a mis en place une ligne de financement de 8.6 millions USD (532 millions ARS) pour inciter les PME à recourir au télétravail.
Le Chili a modifié le code du travail réglementant le télétravail afin de lever les obstacles réglementaires et d’offrir une certaine souplesse aux employeurs et aux salariés en matière d’adoption ou d’interruption du télétravail. Elle donne également aux salariés le droit de se déconnecter totalement 12 heures sur 24.
La Nouvelle-Zélande a lancé en décembre 2020 une initiative de formation et de soutien aux compétences intitulée Digital Boost, financée par les pouvoirs publics en partenariat avec le secteur privé, afin d’aider des milliers de petites entreprises à bénéficier des avantages de l’utilisation des outils et technologies numériques dans le cadre de leur activité.
Un recyclage massif est nécessaire. Les mesures existantes relatives à la formation et au développement des compétences des PME ont été étendues, ou de nouvelles mesures ont été lancées. Des mesures visant à retenir les salariés et leurs compétences, ou à les réembaucher, ont également été mises en œuvre (Encadré 4.10).
Encadré 4.10. Aider les PME à se recycler ou à conserver leurs compétences : quelques exemples nationaux
L’Australie a adapté son programme national « My Skills », qui subventionne l’amélioration des compétences, le recyclage et la formation professionnels. Le programme octroie jusqu’à 5 000 AUD (3 750 USD) pour l’embauche d’un nouvel apprenti, jusqu’à 1 500 AUD (1 125 USD) pour le remboursement des équipements et des services, notamment la formation en ligne, lorsque les entreprises embauchent de nouveaux apprentis, ou une indemnité de voyage et d’hébergement liée à l’embauche d’un apprenti originaire d’une région rurale ou du sud de l’Australie. En outre, en octobre 2020, le gouvernement a débloqué 1.2 milliard AUD (900 millions USD) supplémentaires pour créer 100 000 places d’apprentis et de stagiaires, assortis d’une subvention salariale de 50 % pour les entreprises qui emploient des personnes diplômées.
L’Autriche a lancé une campagne de promotion des qualifications pour renforcer les programmes de transformation numérique et d’innovation des entreprises. L’objectif est de développer et d’élargir systématiquement les compétences des entreprises et de leurs salariés dans les domaines de la recherche, de la technologie, du développement, de l’innovation et de la transformation numérique. En outre, le programme soutient le transfert de connaissances et la coopération entre la science et l’industrie.
L’Allemagne a conçu le programme « Digital jetzt – Investitionsförderung für KMU », qui se poursuivra jusqu’en 2023, afin de proposer des aides financières et d’encourager les PME à investir davantage dans les technologies numériques et dans l’amélioration des compétences de leurs salariés. Les PME candidates doivent présenter un plan de transformation numérique prévoyant d’investir soit dans des logiciels/du matériel, soit dans la formation des salariés.
Singapour subventionne les salaires des employés qui suivent une formation, à hauteur de 90 % du salaire horaire de base, dans le cadre de l’initiative Skills Future Singapore. Cette initiative vise en particulier les secteurs de la restauration et du commerce de détail.
La Turquie accorde une importance stratégique à la diffusion de la culture et de l’écosystème entrepreneuriaux et propose des formations à l’entrepreneuriat. Pour répondre à la demande croissante, la KOSGEB a mis en place depuis 2019 une plateforme dénommée E-Academy, qui donne accès à des formations en ligne gratuites. Les bénéficiaires peuvent également accéder au programme de soutien à l’entrepreneuriat, un traitement préférentiel étant accordé aux femmes, aux jeunes et aux entrepreneurs handicapés. Des activités supplémentaires sont menées pour garantir la visibilité du programme dans les directions de la KOSGEB et sensibiliser les femmes et les jeunes.
En septembre 2020, Le Royaume-Uni a mis en place son Kickstart Scheme, une subvention à l’embauche visant à inciter les entreprises à recruter des jeunes travailleurs (âgés de 16 à 24 ans). Ce programme prend en charge 100 % du salaire minimum national pour 25 heures par semaine pendant six mois, et un financement supplémentaire est prévu pour leur formation.
La Colombie-Britannique (Canada) a conçu un plan de relance économique intitulé StrongerBC, qui prévoit de nouvelles mesures de soutien pour aider les entreprises à rouvrir, à s’adapter, à embaucher, à réembaucher et à se développer. Ces aides comprennent, entre autres, une nouvelle subvention à la relance des petites et moyennes entreprises, et un crédit d’impôt de 15 % en faveur de l’emploi (Increased Employment Incentive).
Ces initiatives visent à renforcer la sécurité numérique des PME et à améliorer l’infrastructure numérique (Encadré 4.11).
Encadré 4.11. Renforcer la sécurité et l’infrastructure numériques : quelques exemples nationaux
La stratégie de cybersécurité de l’Australie comprend des instruments politiques qui ciblent spécifiquement les PME, en tant que groupe vulnérable. La stratégie du Centre australien de cybersécurité (ACSC) en faveur des PME s’appuie sur une terminologie technique simplifiée pour permettre aux petites entreprises de comprendre les menaces liées à la sécurité numérique. Elle met l’accent sur les solutions logicielles, les compétences et les méthodes pragmatiques. Elle propose aux PME des kits d’outils sur mesure (par ex. pour évaluer les niveaux de maturité en matière de sécurité numérique) et des aides financières destinées à être dépensées auprès d’entreprises de cybersécurité du secteur privé. En outre, la stratégie ACSC en faveur des PME s’associe à d’autres acteurs de l’écosystème afin de mettre en relation les prestataires en charge de la sécurité numérique et les PME. Cette stratégie comporte une dimension locale grâce à des centres régionaux qui jouent le rôle d’intermédiaires et proposent des consultations en face à face (OCDE, 2020[40]).
Au Royaume-Uni, le programme d’accès numérique (Digital Access Programme) de la Fondation Cybersafe vise à doter 1 500 PME des connaissances et des compétences nécessaires pour identifier les cybermenaces liées au COVID-19 et s’en prémunir. En outre, le Centre britannique pour la protection des infrastructures nationales a élaboré une série de campagnes de sensibilisation à la sécurité, visant à fournir aux organisations et aux PME une gamme complète de matériel.
La Commission européenne a débloqué 1.6 million EUR (1.9 million USD) pour des appels ouverts destinés à financer des expériences dans les systèmes cyberphysiques et encourager ainsi la création d’autres outils innovants pour les PME.
Le gouvernement a joué un rôle d’intermédiaire en mettant les PME en relation avec des réseaux d’innovation et de connaissances et des fournisseurs de solutions numériques, parfois selon une approche sectorielle. Les PME s’appuient généralement sur des systèmes externes et des sources externes de solutions numériques, de soutien et de conseils pour dématérialiser leurs opérations et compenser la faiblesse de leurs capacités internes, mais aussi pour des questions de coût (OECD, 2021[16]). Toutefois, la vraie difficulté pour les PME consiste à identifier et à nouer des relations avec des partenaires et des réseaux du monde de la connaissance aux échelons local, national et mondial. Parmi les obstacles, citons les problèmes inhérents aux interactions entre les PME et les acteurs du secteur du numérique, le manque de possibilités de mise en réseau, l’asymétrie de l’information, par exemple lorsque les utilisateurs potentiels n’ont pas toujours connaissance des technologies et innovations numériques à leur disposition, ni des avantages qu’elles pourraient leur apporter, etc. Les pouvoirs publics interviennent pour remédier à ces défaillances du système (Encadré 4.12).
Encadré 4.12. Connecter les PME aux réseaux d’innovation et aux prestataires de solutions numériques : quelques exemples nationaux
À l’échelle européenne, le Digital Innovation Hub Network permet aux pôles numériques actifs dans les 27 États membres de partager les meilleures pratiques sur la manière de soutenir la transformation numérique des PME et d’améliorer leur résilience. Il s’intéresse principalement aux solutions de livraison et de paiement, à la protection numérique des entreprises et au soutien des PME à la collaboration numérique.
L’Italie a lancé une initiative intitulée « Solidarité numérique » qui comprend la création d’un portail en ligne sur lequel les PME et les indépendants peuvent s’inscrire pour accéder gratuitement aux services numériques fournis par les grandes entreprises du secteur privé dans des domaines comme le télétravail, la vidéoconférence, l’accès aux données mobiles et l’infonuagique (CFE/LEED(2020)14).
En France, la région Grand Est a mis en place une plateforme dénommée « Plus Forts Grand Est », afin de mettre en relation une cinquantaine d’entreprises et collectivités, entreprises, associations, établissements de santé innovants, etc. de la région et recenser les produits et services innovants qui pourraient aider à surmonter la crise et à rebondir.
La Turquie a mis en place des centres de développement technologique (TEKMER) avec le soutien de la KOSGEB, afin d’encourager la coopération entre les acteurs de l’écosystème d’entrepreneuriat, et de promouvoir une culture du travail coopératif et une R-D conjointe. La structure des TEKMER s’adresse principalement aux micro PME en leur fournissant des services professionnels (accompagnement, conseil, mentorat) et un accès aux services de machinerie et d’équipements.
Les quatre pays nordiques ont mis en place Digital Tourism Norden, une collaboration en matière d’innovation et de marketing touristique. L’accent est mis sur la transformation numérique des PME du secteur du tourisme, les partenaires du secteur travaillant main dans la main à la création d’une communauté numérique nordique, d’une boîte à outils numérique et d’une plateforme de déploiement pouvant fournir des diagnostics et des ressources pour soutenir la transformation numérique des entreprises. L’initiative devrait s’être étendue aux universités locales afin de poursuivre le développement de la boîte à outils et de la plateforme communes.
Les aides aux start-ups et aux entreprises de taille moyenne ont été étendues, principalement pour soutenir leur trésorerie, mais aussi pour leur permettre d’accéder à l’innovation et au capital croissance (Encadré 4.13).
Encadré 4.13. Protéger les start-ups et les entreprises en hypercroissance : quelques exemples nationaux
La France a lancé un Plan d’urgence de soutien aux start-ups d’un montant de 4 milliards EUR, afin de financer des bridges entre deux levées de fonds, de soutenir la disponibilité du capital-risque, de permettre un remboursement accéléré des crédits d’impôt sur les sociétés et un versement accéléré des aides à l’innovation du Programme des Investissements d’Avenir (PIA) déjà allouées, et de maintenir un soutien aux entreprises innovantes, par exemple sous la forme de prises de participation directes, à travers Bpifrance.
L’Allemagne a déployé son plan 2020 de soutien à la trésorerie des start-ups, qui prévoit des financements supplémentaires pour les investisseurs publics en capital-risque (fonds individuels et fonds de fonds), ainsi qu’un fonds d’avenir (Zukunftsfonds) de 10 milliards EUR, destiné aux start-ups qui ont besoin de liquidités supplémentaires pour sortir de la crise.
La Turquie propose des subventions et des aides remboursables aux start-ups afin de promouvoir la R-D et l’innovation dans le domaine de la conception de produits ou des activités logicielles. Un module Développement de produits a été ajouté à l’appel à projets 2021. Le programme de soutien technologique aux PME vise également à soutenir les investissements dans la production et la commercialisation de produits de haute et de moyenne-haute technologie.
Le Royaume-Uni a élaboré un programme d’aide aux entreprises innovantes (Future Fund) qui accorde aux entreprises à forte croissance établies au Royaume-Uni des prêts compris entre 125 000 et 5 millions GBP, sous réserve d’un financement au moins égal de la part d’investisseurs privés. En outre, des aides ciblées sont accordées aux PME présentant la plus forte intensité de R-D, sous la forme de subventions et de prêts.
La Haute-Autriche a élaboré un programme local de soutien aux start-ups, qui consiste en un service de conseils spécialisés assuré par « tech2b Inkubator », le conseil régional de conseil et de soutien aux start-ups, et en un report des prêts actifs accordés aux start-ups par « tech2b Inkubator ». Tech2B est l’un des six incubateurs du programme AplusB, qui soutient les start-ups technologiques à fort potentiel de croissance. Le programme AplusB joue un rôle important dans le paysage universitaire autrichien, en tant que partenaire de la coopération et de l’inspiration. Les projets technologiques sont recensés et développés dans le cadre d’une start-up. Nombre de ces projets de start-up sont soutenus par l’apport de capital d’amorçage ou de pré-amorçage.
La crise du COVID-19 est l’occasion de mettre en œuvre une économie plus verte et circulaire. Les gouvernements ont déployé de vastes plans de verdissement des activités des PME, parfois couplés à la stratégie numérique. Depuis le mois de juin, les plans de relance visent de plus en plus à favoriser une reprise durable et à reconstruire en mieux (CFE/SME(2021)2). Bien que leur taille et leur contenu varient d’un pays à l’autre, dans de nombreux cas, ils mettent fortement l’accent sur le développement durable (Encadré 4.14).
Encadré 4.14. Verdissement des activités des PME : quelques exemples nationaux
La Colombie a dévoilé en juillet 2020 son Compromiso por el Futuro de Colombia, un plan de relance de plus de 100 milliards COP (29 millions USD) qui compte cinq piliers, parmi lesquels le développement de technologies et de secteurs propres et durables (Presidencia de la República de Colombia, 2020[145]). Ce plan vise à renforcer l’écosystème entrepreneurial en simplifiant le cadre réglementaire. Parmi les autres mesures, citons de nouvelles lignes de crédit, l’accès aux marchés publics et une baisse des impôts. Les investissements seront versés par l’intermédiaire d’acteurs non traditionnels comme les établissements de microfinance, les Fintech et les coopératives de crédit.
L’Allemagne a été le premier pays à mettre en œuvre un plan à long terme, au-delà de la reprise immédiate. En juin 2020, le gouvernement a publié « Fighting Corona, securing prosperity, strengthening sustainability », un document qui expose la stratégie du gouvernement pour asseoir la reprise économique sur des bases plus durables. Cette stratégie vise notamment à réduire le coût de l’électricité pour les PME, pour un coût estimé de 11 milliards EUR (13.3 milliards USD). Le plan comporte un volet PME et entrepreneuriat pour stimuler les investissements des entreprises, l’internationalisation et les activités d’innovation, comme l’extension de l’abattement fiscal en faveur de la recherche (ETTG, 2020[146]).
L’Italie allouera 196 milliards EUR à son plan de relance, dont 74.3 milliards à des initiatives vertes.
En juillet 2020, la Corée a présenté son nouveau projet de programme d’action, qui comporte un volet numérique et écologique.
L’Espagne a annoncé en octobre un plan de relance de 72 milliards EUR – une feuille de route pour la modernisation – visant à créer 800 000 emplois entre 2021 et 2023, qui sera financé par le fonds « New Generation EU » (voir plus bas). Trente-sept pour cent des fonds iraient à la transition écologique, 32 % à la transformation numérique. Dans le cadre de ce plan de relance, 2.5 millions de PME bénéficieront d’une formation pour passer au numérique.
La Commission européenne a lancé sa Facilité pour la reprise et la résilience (FRR), dotée de 672.5 milliards EUR sous forme de prêts et de subventions, afin d’apporter aux États membres un soutien financier à grande échelle pour préparer une reprise durable. Au moment de la rédaction du présent document, les États membres s’employaient à élaborer leurs plans de relance et de résilience, qui définissent un ensemble cohérent de réformes et de projets d’investissement public (voir partie III, profils par pays). Pour bénéficier du soutien de la Facilité, ces réformes et investissements devront être mis en œuvre d’ici à 2026. La FRR est un volet essentiel du plan de relance Next Generation EU qui vise à générer 2 % de PIB supplémentaire d’ici à 2024 et à créer 2 millions d’emplois, notamment en accélérant la transition écologique et numérique (CE, 2021[58]).
À l’avenir, les plans nationaux de relance des PME et de l’entrepreneuriat devront intégrer une dimension territoriale explicite, et des mécanismes de gouvernance efficaces. Les administrations infranationales doivent être associées très tôt à la conception et à la mise en œuvre de ces stratégies. Les organismes de coordination à plusieurs niveaux, qui réunissent des représentants des administrations nationales et infranationales, peuvent aider à coordonner les réponses politiques afin d’éviter les doublons et les incitations malvenues dans l’action publique. En Italie, par exemple, des mesures de simplification ont été mises en œuvre par 14 régions afin de simplifier les procédures administratives et réglementaires pour les PME. Il s’agit notamment de reporter les dates butoirs de dépôt des demandes de financement public et des rapports sur les plans d’investissement bénéficiant d’incitations publiques, et de simplifier les marchés publics (OCDE, 2020[59]). La coopération entre les niveaux d’administration et les municipalités permet de convenir de solutions communes et de mieux faire accepter les mesures à tous les niveaux. Elle permet également de limiter le plus possible les mesures de relance fragmentées ou isolées et la concurrence à l’égard des ressources (OCDE, 2020[59]). Les pratiques de passation de marchés sont un domaine dans lequel la coopération entre les juridictions est particulièrement pertinente. Les administrations infranationales représentent près de 50 % des marchés publics dans l’OCDE, 62 % dans les pays fédéraux et 38 % dans les pays unitaires (OCDE, 2018[60]). La collaboration interrégionale ou intercommunale en matière de passation de marchés, notamment dans les situations d’urgence, contribuera à harmoniser et accélérer les pratiques de passation des marchés à l’échelon infranational, et à soutenir la reprise des PME.
L’impact territorial de la pandémie peut également donner aux PME et aux entrepreneurs l’occasion de contribuer à renforcer l’environnement d’innovation régional. La crise du COVID-19 pourrait renforcer les vulnérabilités existantes des PME et de l’entrepreneuriat (par exemple, les pénuries de liquidités ou de main-d’œuvre) qui affectent les économies régionales et la capacité d’innovation, en particulier lorsque les PME et les entrepreneurs représentent une part importante du tissu entrepreneurial. Elle offre concomitamment aux régions la possibilité d’accélérer l’innovation dans les secteurs privé et public. Par exemple, elle peut être une bonne occasion de prendre le virage du numérique et d’améliorer les environnements informatique et technologique, en particulier dans les régions en transition industrielle (OCDE, 2019). En outre, l’innovation dans les services publics, favorisée par la crise, y compris dans les services publics soutenant la transition vers une économie plus verte et circulaire, constitue un autre lien important et symbiotique entre l’action des administrations infranationales et l’environnement des PME. Une meilleure accessibilité des services d’un point de vue physique et numérique, par exemple, peut contribuer à la résilience des entreprises d’une région et au bien-être des citoyens, tout en offrant des débouchés commerciaux. Le Piémont, en Italie, est un exemple de région qui revoit actuellement son soutien à l’innovation afin d’atténuer les problèmes et de tirer parti des débouchés découlant de la crise du COVID-19.
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[4] OECD (2020), “Social economy and the COVID-19 crisis: Current and future roles”, OECD Policy Responses to Coronavirus (COVID-19), OECD, Paris, http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/social-economy-and-the-covid-19-crisis-current-and-future-roles-f904b89f/ (accessed on 12 March 2021).
[70] OECD (2020), “The territorial impact of COVID-19: Managing the crisis across levels of government”, Tackling Coronavirus (COVID-19): Contributing to a Global Effort, OECD Publishing, Paris, https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=128_128287-5agkkojaaa&title=The-territorial-impact-of-covid-19-managing-the-crisis-across-levels-of-government (accessed on 22 December 2020).
[65] OECD (2020), “The territorial impact of COVID-19: Managing the crisis across levels of government”, Tackling Coronavirus (COVID-19): Contributing to a Global Effort, OECD, Paris, https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=128_128287-5agkkojaaa&title=The-territorial-impact-of-covid-19-managing-the-crisis-across-levels-of-government&_ga=2.110862661.1945087649.1623162598-584799875.1623162598.
[15] OECD (2019), “Local entrepreneurship ecosystems and emerging industries: Case Study of Mazowieckie, Poland”, OECD Local Economic and Employment Development (LEED) Papers, No. 2019/06, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/e11d7a26-en.
[1] OECD (2019), OECD SME and Entrepreneurship Outlook 2019, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/34907e9c-en.
[52] OECD (2018), Job Creation and Local Economic Development 2018: Preparing for the Future of Work, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264305342-en.
[28] OECD (2018), Market Concentration: Issues Paper, OECD, Paris, http://www.oecd.org/daf/competition/market-concentration.htm (accessed on 2 November 2018).
[9] OECD (2018), OECD Science, Technology and Innovation Outlook 2018: Adapting to Technological and Societal Disruption, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/sti_in_outlook-2018-en.
[71] OECD (2018), Subnational Governments in OECD Countries: Key Data 2018 Edition, OECD, Paris, https://www.oecd.org/regional/Subnational-governments-in-OECD-Countries-Key-Data-2018.pdf (accessed on 15 January 2021).
[18] OECD (2018), “Workshop on Building business linkages that boost SME productivity”, OECD, Paris, http://www.oecd.org/industry/smes/Agenda-OECD-INADEM-workshop-Boosting-Business-Linkages.pdf (accessed on 6 June 2018).
[10] OECD (2017), Business Dynamics and Productivity, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264269231-en.
[20] OECD (2017), Entrepreneurship at a Glance 2017, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/entrepreneur_aag-2017-en.
[19] OECD (2017), OECD Digital Economy Outlook 2017, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264276284-en.
[17] OECD (2015), The Innovation Imperative: Contributing to Productivity, Growth and Well-Being, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264239814-en.
[13] OECD (2013), Skills Development and Training in SMEs, OECD Skills Studies, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264169425-en.
[11] OECD (2010), SMEs, Entrepreneurship and Innovation, OECD Studies on SMEs and Entrepreneurship, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264080355-en.
[51] OECD (2010), “Social Entrepreneurship and Social Innovation”, in SMEs, Entrepreneurship and Innovation, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264080355-50-en.
[16] OECD (2009), Innovation in Firms: A Microeconomic Perspective, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264056213-en.
[53] OECD (2000), “OECD LEED Forum on Social Innovations”, Local Economic and Employment Development (LEED Programme), OECD, Paris, https://www.oecd.org/regional/leed/social-innovation.htm#:~:text=In%202000%2C%20the%20OECD%20LEED,set%20of%20socially%20innovative%20initiatives.
[5] OECD (forthcoming), “Spurring growth and closing gaps through digitalization in a post-COVID world: Policies to LIFT all boats”, Economics Department, OECD Publishing, Paris.
[36] OECD/Eurostat (2020), ICT Access and Usage by Businesses (dataset), https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=ICT_BUS.
[22] OECD/Eurostat (2007), Eurostat-OECD Manual on Business Demography Statistics, https://www.oecd.org/sdd/business-stats/eurostat-oecdmanualonbusinessdemographystatistics.htm.
[67] Presidencia de la República de Colombia (2020), “Nace el nuevo Compromiso por el Futuro de Colombia”, https://id.presidencia.gov.co/Paginas/prensa/2020/Nace-el-nuevo-Compromiso-por-el-Futuro-de-Colombia-200807.aspx.
[56] Reuters (2021), “Apple plans to increase dividend, approves executive compensation”, https://www.reuters.com/article/us-apple-dividend-idUSKBN2AN24Z.
[8] Schumpeter, J. (1934), The Theory of Economic Development, Harvard Economic Studies, Cambridge, MA.
[45] SEUK (2020), Social Enterprise and COVID-19, Social Enterprise UK, https://www.socialenterprise.org.uk/wp-content/uploads/2020/05/Social-Enterprise-COVID-19-research-report-2020.pdf.
[58] The Verge (2021), “Microsoft Teams usage jumps 50 percent to 115 million daily active users”, https://www.theverge.com/2020/10/27/21537286/microsoft-teams-115-million-daily-active-users-stats (accessed 28 February 2021).
[50] Thompson, J. (2008), “Social enterprise and social entrepreneurship: Where have we reached? A summary of issues and discussion points”, Social Enterprise Journal, Vol. 4/2, pp. 149-161, https://doi.org/10.1108/17508610810902039.
[32] Valetti, T. et al. (2017), “Concentration trends in Europe”, Presentation, European Commission, https://ecp.crai.com/wp-content/uploads/2017/12/Valletti-Concentration_Trends_TV_CRA-002.pdf (accessed on 2 November 2018).
Annex 4.A. Aperçu des politiques structurelles nationales par pays
Politiques structurelles |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|
|
Nouveaux marchés |
Télétravail/transformation numérique |
Innovation |
Formation et recyclage professionnels |
Start-ups |
Mesures en faveur de la durabilité |
Afrique du Sud |
✔ |
|
|
|
|
|
Allemagne |
|
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
Arabie saoudite |
|
✔ |
|
|
|
|
Argentine |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
|
Australie |
|
✔ |
|
✔ |
|
✔ |
Autriche |
✔ |
✔ |
✔ |
|
✔ |
✔ |
Belgique |
✔ |
|
|
|
✔ |
|
Brésil |
✔ |
|
|
|
|
|
Canada |
✔ |
✔ |
|
✔ |
✔ |
✔ |
Chili |
✔ |
✔ |
|
|
|
|
Chine |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
Colombie |
|
✔ |
✔ |
|
|
|
Corée |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
✔ |
Costa Rica |
✔ |
|
|
✔ |
|
|
Danemark |
|
|
✔ |
✔ |
✔ |
|
Égypte |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
Espagne |
|
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
Estonie |
|
✔ |
|
|
|
|
États-Unis |
|
|
✔ |
✔ |
|
|
Fédération de Russie |
|
|
|
|
|
|
Finlande |
|
✔ |
✔ |
|
|
✔ |
France |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
Grèce |
|
✔ |
|
✔ |
✔ |
✔ |
Hongrie |
✔ |
✔ |
|
|
|
|
Inde |
|
|
|
|
✔ |
|
Indonésie |
|
✔ |
|
✔ |
|
|
Irlande |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
Israël |
✔ |
✔ |
✔ |
|
|
|
Italie |
✔ |
✔ |
✔ |
|
✔ |
✔ |
Japon |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
✔ |
Lettonie |
✔ |
✔ |
✔ |
|
|
|
Lituanie |
|
|
|
|
|
|
Luxembourg |
|
|
|
|
✔ |
|
Malaisie |
|
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
Mexique |
|
|
|
✔ |
|
|
Norvège |
|
|
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
Nouvelle-Zélande |
✔ |
✔ |
✔ |
|
|
|
Pays-Bas |
✔ |
✔ |
||||
Pologne |
|
✔ |
✔ |
|
|
|
Portugal |
✔ |
|
|
✔ |
✔ |
|
République slovaque |
|
|
|
|
|
|
République tchèque |
✔ |
|
✔ |
|
✔ |
|
Roumanie |
|
|
|
|
|
|
Royaume-Uni |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
Singapour |
|
✔ |
✔ |
✔ |
|
|
Slovénie |
✔ |
✔ |
|
|
|
✔ |
Suède |
|
|
|
|
|
|
Suisse |
✔ |
|
✔ |
|
✔ |
|
Thaïlande |
|
|
✔ |
✔ |
✔ |
|
Turquie |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
✔ |
|
Note : sur la base d’un suivi réalisé de février 2020 à février 2021 concernant les effets de la crise sur les PME&E et les réponses apportées par les pouvoirs publics.
Source : [CFE/SME(2021)2].
Notes
← 1. La baisse du nombre de faillites n’est pas nécessairement le signe d’une amélioration de la dynamique des entreprises si elle découle de la survie d’entreprises peu efficientes (« entreprises zombies »). De même, la hausse du nombre de créations d’entreprises n’est pas forcément un signal d’amélioration de la performance entrepreneuriale si les incitations résultent de facteurs d’incitation négatifs (resserrement budgétaire et baisse des cotisations sociales) et non de facteurs d’attraction (débouchés commerciaux).
← 2. Fondé sur une spécification économétrique tenant compte, en plus des différents types d’aide publique, de l’âge de l’entreprise, de sa taille, du secteur et du pays.
← 3. Une connexion à haut débit correspond à un débit descendant de 100 Mbit/s minimum.
← 4. Si une transformation numérique amorcée antérieurement est un facteur favorable à l’échelle du secteur, il convient de noter que l’analyse est menée sur un échantillon d’entreprises qui avaient déjà adopté certains outils numériques de base avant la crise (entreprises possédant une page Facebook). Les taux sectoriels d’adoption du numérique de l’ensemble de la population des entreprises pendant la crise pourraient donc être inférieurs.