Les restrictions imposées afin de freiner la propagation de l’épidémie de COVID-19 ont déclenché la plus grave récession mondiale de l’après-guerre. La majorité des petites et moyennes entreprises (PME) ont été contraintes de suspendre leurs activités ou ont vu leurs recettes s’effondrer. Même s’il est plus difficile pour de petites entreprises d’adopter leurs technologies numériques, les ventes en ligne ont permis à bon nombre d’entre elles de limiter la perte de chiffre d’affaires. En outre, la réaction massive et rapide des pouvoirs publics a pour l’heure largement contribué à éviter une vague de faillites. Dans les différents pays, ce sont les PME des secteurs les plus pénalisés par les mesures de confinement et celles dont les ventes ont sensiblement chuté qui ont été les principales bénéficiaires des aides publics. Il a toutefois été plus difficile d’aider les travailleurs indépendants, les entreprises les plus petites et les plus jeunes, et les entrepreneurs femmes et/ou issus des minorités. On observe par ailleurs une disparité notable entre pays dans la proportion de PME recevant des aides publiques, notamment en raison de différences de cadre institutionnel, d’efficacité des mécanismes d’acheminement ou de capacité budgétaire. Fin 2020, une grande part des PME estimaient toujours qu’elles auraient encore besoin de soutien à l’avenir, notamment dans les pays où des mesures de confinement strictes étaient en place. À mesure que la situation économique se normalisera et que les mesures de soutien seront levées, les gouvernements devront à la fois veiller à ce que le poids de la dette ne vienne pas compromettre la survie des entreprises viables et assurer la réaffectation des ressources consacrées à des entreprises qui ne le sont pas.
Perspectives de l'OCDE sur les PME et l'entrepreneuriat 2021
1. Performance des PME et de l'entrepreneuriat en période de COVID-19
Abstract
Une année particulière, entre pandémie mondiale et crise économique sans précédent
La pandémie de COVID19 a obligé les pouvoirs publics à prendre des mesures inédites afin de limiter la propagation du virus et par là même donné lieu à la récession la plus grave de l’après-guerre dans les pays de l’OCDE. Certains secteurs économiques et zones géographiques ont été touchés de manière disproportionnée par les mesures de confinement mises en place pour endiguer la pandémie. Au moment de la rédaction du présent document, les perspectives d’une sortie de crise se sont améliorées, mais l’avenir reste incertain.
Lorsque la crise du COVID19 a éclaté, la situation financière des PME était globalement favorable. Les taux d’intérêt à long terme avaient atteint des niveaux historiquement bas et les politiques monétaires se faisaient plus souples afin de tenir compte de la relative faiblesse de l’activité économique. Les PME bénéficiaient de meilleures conditions de crédit, avec des taux de refus très peu élevés et une évolution progressive des portefeuilles de prêts vers des échéances à plus long terme. Cependant, une part importante des PME devaient principalement compter sur des capitaux internes et des crédits bancaires pour financer leurs activités et leur croissance, ce qui les rendait d’autant plus vulnérables aux chocs économiques. Certains signes laissent par ailleurs penser que les nouvelles sources de financement des PME qui avaient commencé à se développer suite à la crise financière de 2008-09 sont profondément affectées par la crise actuelle, avec un risque de reversement des progrès réalisés.
Malgré le choc économique majeur qu’a pu entraîner la pandémie, les données disponibles (jusqu’au début de l’année 2021) n’indiquent pour le moment aucune augmentation significative du nombre total de faillites. Cela est en grande partie dû aux mesures de soutien mises en place par les différents gouvernements, dont les réglementations temporaires en matière d’insolvabilité. Même si l’on estime que ces mesures ont permis d’éviter des fermetures massives d’entreprises et une flambée du chômage, il existe un risque d’accumulation des dettes dans les PME qui pourrait se traduire par une augmentation importante du nombre de faillites après la levée des mesures de soutien public, avec potentiellement des effets durables sur l’économie, comme cela a pu être le cas au lendemain de la crise financière. Face à cette situation, les pouvoirs publics devront mettre en œuvre des politiques spécifiques, visant notamment à faciliter les restructurations des dettes dans les délais utiles pour les entreprises viables ou à rendre plus efficaces les procédures de liquidation afin de garantir que les ressources sont réaffectées des entreprises non viables vers les autres.
Les créations d’entreprises ont également connu une baisse importante au plus fort de la crise, mais le retard a depuis été comblé dans la plupart des pays, ce qui ne peut qu’inciter à l’optimisme. Il reste à l’heure actuelle encore difficile de déterminer combien de ces créations d’entreprises sont le fruit d’opportunités et combien sont dictées par la nécessité face à la montée du chômage.
Il existe par ailleurs un nombre croissant de données qui montrent que les femmes entrepreneurs, les travailleurs indépendants et les entrepreneurs appartenant à des minorités ont été touchés de manière disproportionnée par la crise, avec des risques accrus de perte d’emploi et de baisse de leurs revenus. Ces données ne font que souligner les difficultés inhérentes à l’accès au financement pour ces entrepreneurs, aux secteurs économiques dans lesquels ils opèrent ou encore à l’augmentation de la charge des responsabilités familiales pour les femmes.
Sur la situation des PME, les données disponibles (dont l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale) montrent que les petites entreprises ont été davantage contraintes de mettre fin à leurs activités pendant la crise que les entreprises de plus grand taille. Par ailleurs, les PME relevant des secteurs les plus affectés par les mesures de confinement (par exemple : l’hébergement, la restauration, le transport et autres services) ont également été particulièrement touchées, enregistrant des taux de fermeture supérieurs et une baisse des ventes pour une part plus importante des entreprises.
La dématérialisation et les ventes en ligne ont représenté une véritable aubaine pour de nombreuses PME, mais là encore non sans certaines difficultés, notamment pour les petites entreprises dont les capacités internes d’adaptation et d’adoption des outils numériques sont plus limitées qu’au sein des grandes entreprises.
Les pouvoirs publics ont dans l’ensemble pris des mesures à la fois fortes et rapides, et l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale montre que les PME des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement ou ayant enregistré une baisse importante de leurs ventes ont bénéficié d’aides publiques de façon disproportionnée au sein des pays. Étendre les mesures de soutien aux entreprises les plus petites et les plus jeunes a parfois pu poser certains problèmes. Il apparaît en effet de plus en plus clairement que, dans différents pays, les politiques publiques de soutien n’ont pas été suffisamment efficaces dans la protection de catégories spécifiques de travailleurs ou d’entrepreneurs indépendants. À titre d’exemple, les travailleurs ayant récemment adopté le statut d’indépendant, les entrepreneurs à temps partiel et ceux disposant de sources de revenus différentes peuvent, dans certains pays, ne pas entrer dans le champ d’application des mesures d’aide.
Outre les inégalités d’accès aux aides publiques entre entreprises d’un même pays, il existe également des disparités d’un pays à l’autre dans la part des PME bénéficiaires de ce type d’aides, reflétant en partie les cadres institutionnels en place et la marge de manœuvre budgétaire disponible dans ces pays pour le soutien aux PME. En pratique, les données disponibles ne révèlent aucune relation claire dans les différents pays entre l’ampleur du choc économique et la part des PME qui ont reçu une aide de l’État en 2020. Les PME continuent par ailleurs de se heurter à des difficultés lors de la phase de relance. Dans les 32 pays de l’OCDE couverts par l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale en décembre 2020, une grande partie des PME ont indiqué qu’elles auront besoin d’une aide complémentaire à moyen terme, notamment dans les pays où des mesures d’endiguement strictes ont été mises en place. Étant donné que les simulations montrent que les mesures de soutien financier jouent un rôle majeur pour limiter l’augmentation du nombre de faillites pendant la crise, il existe un risque que les pays dont les PME bénéficient de manière plus limitée d’un soutien financier tout en subissant de plein fouet les effets de la crise économique finiront par enregistrer un taux de faillite des PME plus important, renforçant ainsi la nécessité d’envisager sérieusement l’adoption de nouvelles politiques afin de prévenir une nouvelle vague de faillites d’entreprises pourtant viables.
Le premier chapitre de ce rapport est consacré aux conséquences à court terme de la crise liée à la pandémie COVID19 pour les PME et les entrepreneurs. Il examine également la manière dont les politiques de soutien d’urgence ont été accueillies par les PME et les entrepreneurs au sein des pays et d’un pays à l’autre. Il s’appuie pour cela sur les données macroéconomiques les plus récentes, les indicateurs actualisés de l’entrepreneuriat de l’OCDE, les statistiques structurelles et démographiques des entreprises de l’OCDE et les derniers résultats de l’enquête sur l’avenir des entreprises (Future of Business Survey) réalisée par la Banque mondiale, Facebook et l’OCDE. Les chapitres suivants proposeront quant à eux une analyse des répercussions de la crise à long terme, des risques croissants et des nombreuses possibilités générés par la crise pour les PME et les entrepreneurs, et enfin des besoins en matière d’action publique pour les années à venir.
Évaluation des risques et des vulnérabilités pendant la crise du COVID19
La crise liée à la pandémie de COVID19 a provoqué un choc sans précédent
La crise du COVID19 a entraîné la récession mondiale la plus grave et la plus brutale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La distanciation physique, les confinements et autres mesures restrictives adoptées dans le monde entier pour endiguer la pandémie ont provoqué des bouleversements des conditions et activités économiques sans précédents, aussi bien dans les pays de l’OCDE que dans les pays non membres. Cette récession a même été plus profonde et plus soudaine que la crise financière de 2008-09 (Graphique 1.1). Dans la plupart des principales économies de l’OCDE, le PIB s’est contracté de manière sensible au cours des deux premiers trimestres de 2020, et notamment de 21 % au Royaume‑Uni.
Dans l’ensemble des pays, on peut constater que plus les mesures de confinement ont été contraignantes, plus la baisse initiale de la croissance économique a été forte (Graphique 1.2). Confrontés à une crise sanitaire majeure, de nombreux gouvernements ont réagi en adoptant toute une série de mesures de distanciation (confinement) visant à endiguer la circulation du virus, provoquant par là même un ralentissement considérable de l’activité économique1.
Suite à l’assouplissement au cours de l’été des restrictions affectant les activités économiques, le PIB a connu un certain redressement mais à un niveau encore inférieur à ce qu’il était avant la crise (OCDE, 2020[1]). Bien que le PIB global dans la zone OCDE ait connu une baisse de 11.6 % entre le 2e trimestre 2019 et le 2e trimestre 2020, cet écart n’était plus que de 3.8 % au 3 trimestre 2020. L’apparition de nouveaux variants a toutefois ralentit ce redressement et le niveau du PIB au 4e trimestre 2020 stagnait à 3.4 % en dessous de son niveau d’un an plus tôt2.
Au moment de la rédaction du présent document, les perspectives de sortie de crise se sont améliorées, comme le montrent les récentes révisions à la hausse des prévisions économiques, mais l’avenir reste incertain et des inégalités subsistent d’un pays à l’autre (Tableau 1.1). Ces perspectives favorables dont principalement dues à l’efficacité de plus en plus manifeste des vaccins, ainsi qu’à l’annonce de mesures de relance budgétaire supplémentaires massives aux États-Unis. Le PIB mondial devrait dépasser son niveau d’avant la pandémie à la mi-2021, mais à la fin 2022 il devrait finalement rester inférieur aux estimations réalisées antérieurement à la crise. Concernant les effets de la crise et le rythme de la reprise, la situation est par ailleurs extrêmement contrastée selon les pays. Les risques de nouvelles poussées épidémiques, aggravés par l’apparition de variants régionaux, et les difficultés que pose le déploiement de vaccins à une si grande échelle continuent de peser fortement sur la reprise.
Tableau 1.1. Une reprise mondiale progressive mais inégale
Croissance du PIB réel, en pourcentage
Moyenne 2013-19 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2020 T4 |
2021 T4 |
2022 T4 |
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Monde2 |
3.3 |
2.7 |
-3.5 |
5.8 |
4.4 |
-0.9 |
4.4 |
3.4 |
G202 |
3.5 |
2.8 |
-3.1 |
6.3 |
4.7 |
-0.4 |
5.0 |
3.4 |
OCDE2 |
2.2 |
1.6 |
-4.8 |
5.3 |
3.8 |
-2.9 |
5.1 |
2.4 |
Etats-Unis |
2.5 |
2.2 |
-3.5 |
6.9 |
3.6 |
-2.4 |
7.4 |
1.5 |
Zone euro |
1.8 |
1.3 |
-6.7 |
4.3 |
4.4 |
-4.7 |
4.6 |
2.9 |
Japon |
0.8 |
0.0 |
-4.7 |
2.6 |
2.0 |
-1.0 |
1.4 |
1.2 |
Non-OCDE2 |
4.3 |
3.7 |
-2.3 |
6.2 |
4.9 |
0.9 |
3.8 |
4.2 |
Chine |
6.8 |
6.0 |
-2.3 |
8.5 |
5.8 |
5.7 |
5.9 |
5.2 |
Inde3 |
6.8 |
4.0 |
-7.7 |
9.9 |
8.2 |
|||
Brésil |
-0.3 |
1.4 |
-4.1 |
3.7 |
2.5 |
|||
Taux de chômahe4 |
6.5 |
5.4 |
7.1 |
6.5 |
6.0 |
6.9 |
6.4 |
5.7 |
Taux d’inflation1,5 |
1.7 |
1.9 |
1.5 |
2.7 |
2.4 |
1.4 |
3.1 |
2.4 |
Equilibre budgétaire6 |
-3.2 |
-3.1 |
-10.8 |
-10.1 |
-6.0 |
|||
Croissance du commerce mondial réel1 |
3.4 |
1.3 |
-8.5 |
8.2 |
5.8 |
-4.7 |
6.4 |
4.8 |
Note : 1. Variations en pourcentage (les trois dernières colonnes indiquent la variation par rapport à l'année précédente) ; 2. pondérations mobiles du PIB nominal, en utilisant les parités de pouvoir d'achat ; 3. année fiscale ; 4. pourcentage de la population active ; 5. déflateur de la consommation privée ; 6. pourcentage du PIB.
Source : OCDE (2021[1]), Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2021 Numéro 1 : Préliminaire.
Certains secteurs et zones géographiques comptant une part disproportionnée de PME ont particulièrement souffert des restrictions liées à la pandémie de COVID19
Même si l’ensemble des entreprises et des secteurs économiques ont été directement ou indirectement affectés par les mesures de confinement adoptées par les pouvoirs publics, certains secteurs caractérisés par une surreprésentation des PME ont été les plus durement touchés, du moins dans un premier temps.
Le secteur du tourisme en est un exemple notable. On estime ainsi que le tourisme international aurait chuté d’environ 80 % en 2020 (OCDE, 2021[2]). Bien que le tourisme interne ait enregistré de meilleurs résultats, ceux-ci restent bien inférieurs au niveau d’avant la pandémie. L’Espagne et le Royaume-Uni, par exemple, estiment entre 45 % et 50 % la baisse du tourisme interne en 2020 par rapport à 2019. Les activités culturelles, en raison de la fermeture des musées, des théâtres et des cinémas notamment, ont également été durement touchées. Aucune reprise significative du tourisme international n’est prévue avant une date avancée de 2021, avec un retour aux niveaux d’avant la crise au plus tôt en 2023 (OCDE, 2021[2]).
Au-delà du secteur du tourisme, les secteurs économiques les plus directement touchés par les mesures de confinement, du moins dans un premier temps, incluent les secteurs des transports, de l’industrie manufacturière, de la construction, du commerce de gros et de détail, des transports aériens, des services d’hébergement et d’alimentation, de l’immobilier, des services professionnels et autres services à la personne (services de coiffure, par exemple) (OCDE, 2020[3]). Ces secteurs représentent à eux seuls en moyenne 40 % de l’emploi total dans les pays de l’OCDE (Graphique 1.3).
Les PME représentent l’essentiel de l’emploi dans les secteurs les plus touchés, à hauteur de 75 % en moyenne sur l’ensemble de la zone OCDE et de près de 90 % en Grèce et en Italie (Graphique 1.4). Les micro-entreprises de moins de 10 salariés, certainement les plus exposées au risque de difficultés de trésorerie, comptent pour 30 % de l’emploi dans ces secteurs et jusqu’à 60 % en Grèce et en Italie3.
En termes de part de l’emploi régional total que représentent ces secteurs, il existe une hétérogénéité non négligeable d’une région à l’autre au sein de certains pays (Graphique 1.5). Par exemple, des régions comme l’Égée méridionale en Grèce et l’Algarve au Portugal présentent une part de l’emploi supérieure dans le secteur des services d’hébergement et d’alimentation, et par conséquent une vulnérabilité plus importante aux effets de la pandémie de COVID19 et aux restrictions associées. Dans ces régions, la baisse des flux touristiques a également eu des répercussions sur d’autres activités de l’économie locale en raison d’une contraction de la demande (OCDE, 2021[4]).
La crise a ralenti les récentes améliorations de l’accès au financement, en particulier pour les PME
Avant la pandémie, la situation financière des PME était globalement favorable. Les taux d’intérêt à long terme avaient atteint des niveaux historiquement bas et les politiques monétaires se faisaient plus souples afin de tenir compte de la relative faiblesse de l’activité économique. Les PME bénéficiaient de meilleures conditions de crédit, avec des taux de refus très peu élevés et une évolution progressive des portefeuilles de prêts vers des échéances à plus long terme.
Par ailleurs, depuis la crise financière de 2008-09, le nombre de nouvelles sources de financement à la disposition des PME s’est élargi au-delà des financements bancaires traditionnels4, que ce soit par le biais de dettes privées, par la possibilité pour les entreprises d’émettre de la dette en contractant des prêts spéciaux, ou par l’intermédiaire de plateformes en ligne. Les outils numériques ont également contribué à l’émergence de nouvelles banques en ligne, dont certaines sont spécialisées dans les services destinés aux travailleurs indépendants et aux dirigeants de petites entreprises. Au-delà de l’émission de dette, les financements adossés à des actifs se sont également imposés comme une source possible de financement pour un nombre croissant de PME. Au cours des dernières années, on a ainsi pu observer le développement de techniques financières comme la location de longue durée ou à option d’achat, ou l’affacturage, lesquelles permettent aux PME de monétiser certains de leurs actifs pour lever des fonds à court terme. Les investissements de capital-risque pour les PME étaient en outre en augmentation, notamment sous l’action des pouvoirs publics dans le but de faciliter le développement du financement des PME par prises de participation, que ce soit par le biais d’investissements directs par les banques publiques d’investissement ou par l’adoption d’exigences pour l'introduction en bourse et de réglementations plus souples pour simplifier l’accès des PME aux marchés d’actions à petite capitalisation.
Parallèlement à ces évolutions positives, il convient de noter qu’un tiers des PME de l’Union européenne continuent de s’appuyer uniquement sur des sources de revenus internes pour leurs activités quotidiennes et leurs investissements (Moritz, Block and Heinz, 2017[5]), ce qui explique en partie la croissance atone des prêts au cours des dernières années malgré des conditions de crédit favorables. Les schémas de financement restent en outre sensiblement différents entre les petites et les moyennes entreprises, notamment en Europe. Les plus petites entreprises ont en effet tendance à recourir davantage à l’autofinancement et au crédit à court terme, mais plus rarement aux subventions publiques et aux financements adossés à des actifs (Masiak et al., 2019[6]). Certains signes laissent par ailleurs penser que les crédits commerciaux, les prises de participation et autres nouvelles sources de financement sont profondément affectées par la crise actuelle, avec un risque de reversement des progrès réalisés. Il sera essentiel à l’avenir de garantir que les avancées en termes de diversification financière ne sont pas irrémédiablement remises en cause5.
À ce jour, les petites entreprises subissent encore des contraintes d’ordre financier plus importantes que les grandes entreprises6. Lever des fonds auprès d’investisseurs extérieurs nécessite généralement l’utilisation d’actifs corporels comme garantie afin d’atténuer les asymétries d’information entre prêteurs et emprunteurs (Almeida and Campello, 2007[7]), lesquelles sont souvent plus préjudiciables pour les petites entreprises. Ceci est accentué par le fait que les responsables et dirigeants de petites entreprises disposent la plupart du temps de compétences financières plus limitées, et que leurs connaissances et leur maîtrise des sources possibles de financement sont également plus sommaires que celles des responsables et dirigeants de grandes entreprises. Les PME sont par conséquent plus dépendantes que les grandes entreprises de leur trésorerie et de leurs ressources financières internes, et ce, aussi bien pour réaliser des investissements que pour couvrir leurs dépenses récurrentes, comme la rémunération de leurs salariés.
Du fait de ces difficultés spécifiques, les PME sont plus vulnérables aux chocs économiques et aux contractions des recettes que les grandes entreprises. Cette vulnérabilité est encore plus marquée dans le cas des micro-entreprises qui ne peuvent compter que sur des financements bancaires ou sur un nombre limité de nouvelles sources de financement. En outre, de nombreuses PME présentant un fort potentiel de croissance (p. ex., les PME technologiques) rencontrent des difficultés à utiliser comme garantie leur capital principalement incorporel. Dans leur étude, North et al. (2015[8]) montrent par exemple que l’accès au financement des PME technologiques britanniques est encore plus limité en période de croissance faible ou instable.
Les récessions économiques accentuent les difficultés structurelles de financement auxquelles les PME sont déjà confrontées en temps normal. Ces chocs temporaires peuvent également avoir des répercussions sur le long terme et ralentir la restauration des conditions de crédit pour les PME suite à la crise financière de 2008-09 dans les pays les plus durement touchés (OCDE, 2019[9]).
Bien que les conditions de crédit dans la crise actuelle se soient détériorées dans une moindre mesure que lors de la crise financière mondiale (notamment grâce à la forte intervention des pouvoirs publics ; voir également la section 2), les données de la crise de 2008-09 mettent en évidence les risques importants auxquels doivent faire face les PME dans la récession actuelle. En analysant la situation d’un groupe de PME britanniques pendant la crise financière, Cowling et al. (2020[10]) ont constaté que les entreprises enregistrant une stagnation de leur croissance ou une baisse de leur chiffre d’affaires avaient tendance à augmenter leur demande de crédit, à l’inverse des grandes entreprises et des entreprises plus anciennes qui peuvent avoir accès au capital. Nombre de petites entreprises ont en effet été privées de financement extérieur pendant plusieurs mois, ce qui n’a fait que renforcer les risques de fermeture.
Nouvelles données d’observation sur les répercussions économiques de la crise sur l’entrepreneuriat et les PME
Les créations d’entreprises ont connu une baisse importante au plus fort de la crise, mais le retard a depuis été comblé
Les nouvelles et les jeunes entreprises jouent un rôle essentiel dans la création d’emploi. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, ces entreprises comptent pour environ 20 % de la main-d’œuvre totale et pour près de la moitié des nouveaux emplois créés. En tant que vecteurs d’innovation, elles contribuent également sensiblement à la productivité et à la croissance économique à long terme. Toutefois, en période de récession, la baisse des créations d’entreprise peut amplifier les contractions de l’activité économique, ralentir la reprise, voire peser durablement sur l’économie de manière générale (OCDE, 2021[11]).
La crise avait au départ eu un effet quasiment immédiat sur les créations d’entreprises dans la plupart des pays de l’OCDE (Graphique 1.6) en raison des mesures de confinement, avec des baisses particulièrement sensibles aux deuxième et troisième trimestre 2020 (par rapport à la même période de 2019)7. Parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, seuls les États-Unis, le Japon et la Suède n’ont pas suivi cette tendance. Les créations d’entreprises sont reparties à la hausse dans la plupart des pays, même si les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie et Portugal) enregistrent une baisse globale sur l’année 2020 par rapport à 2019.
Les statistiques agrégées ne permettent toutefois pas de mettre en évidence l’existence de tendances inégales d’un secteur à l’autre (OCDE, 2021[11]). Par exemple, dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration, de l’immobilier, et des arts, des spectacles et des loisirs, une baisse notable a pu être observée dans quasiment tous les pays, coïncidant de toute évidence avec la mise en œuvre de mesures de confinement dont les répercussions ont été particulièrement lourdes pour ces activités. À l’inverse, les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière ont connu des reprises bien plus rapides dans un certain nombre de pays.
Malgré les signes de reprise encourageants pour les jeunes entreprises, il convient à ce stade encore précoce de faire preuve de vigilance dans leur interprétation. Il est en effet difficile de déterminer si la résilience de l’entrepreneuriat répond à une logique d’opportunité ou de nécessité, et l’importante augmentation du chômage dans une grande partie des économies de l’OCDE ne fait que renforcer la nécessité de faire preuve de prudence. En tout état de cause, l’essor du marché du financement des jeunes entreprises observé à la fin de l’année 2020 dans certains pays (Israël, par exemple) ne peut qu’inciter à l’optimisme (CFE/SME(2021)2).
Les aides publiques ont jusque-là permis d’éviter une vague de faillites
Les PME ont dû faire face à d’importants déficits de liquidités en raison d’une baisse considérable de leurs recettes suite aux mesures de confinement, laquelle fut beaucoup plus rapide que la baisse de leurs dépenses d’exploitation. Dans leur étude, (Banerjee et al., 2020[12]) estiment que les dépenses d’exploitation (souvent fixes) chutent généralement de 6 % seulement lorsque les revenus baissent de 10 %. Ceci est accentué par le fait que de nombreuses petites entreprises disposent de réserves de trésorerie limitées, qui leur permettent généralement de subsister seulement deux à trois semaines. Les données fournies par les États-Unis montrent par exemple que 86 % des petites entreprises devront prendre des mesures pour compléter leur financement ou réduire leurs dépenses en cas de perte de revenus pendant deux mois (Federal Reserve Bank of New York, 2020[13]).
Les aides publiques ont joué un rôle essentiel pour les PME et les entrepreneurs confrontés à des problèmes de liquidités. Un certain nombre de pays ont ainsi adopté des mesures temporaires visant à limiter l’ampleur des faillites. À titre d’exemple, la France a limité l’obligation de dépôt de bilan si les entreprises ont commencé à éprouver des difficultés avant le 12 mars 2020 et cette mesure a été maintenue jusqu’au 24 août 2020. En Allemagne, l’obligation à laquelle sont soumises les entreprises de déclarer leur insolvabilité a été suspendue depuis le 1er mars 2020. En Italie, un moratoire sur les faillites a été décrété entre le 9 mars et le 30 juin 2020.
Les effets de ces mesures peuvent être observés dans les statistiques sur les faillites, dont le niveau a été inférieur en 2020 et au début de l’année 2021 (par rapport à 2019) dans tous les pays où des données étaient disponibles (Graphique 1.7).
Ces tendances ont été confirmées par plusieurs études réalisées sur de vastes échantillons d’entreprises de différents secteurs économiques, lesquelles études montrent qu’en l’absence d’une intervention des pouvoirs publics une part importante des entreprises auraient rencontré des déficits de liquidités dès les premiers mois de la crise.
Un exercice d’étalonnage préalable, fondé sur les données au niveau des entreprises de 17 pays de l’OCDE (principalement européens), montre par exemple que le taux de dépôts de bilan serait passé de 4.5 % à 12.1 % sans l’intervention des pouvoirs publics en 2020 (Gourinchas, Penciakova and Kalemli-Ozcan, 2020[14]).
Demmou et al. (2021[15]) montrent également que sans ce type d’intervention (qu’il s’agisse de reports d’impôts, de soutien financier pour le remboursement de dettes ou encore d’aides temporaires au paiement des salaires) 18 % des entreprises de leur échantillon constitué de 14 pays européens auraient épuisé leurs liquidités au bout d’un mois et 30 % après trois mois.
De la même manière, en France, le Conseil national de productivité (2021[16]) propose un comparatif des facteurs économiques jouant un rôle sur la probabilité de faillite pour les entreprises, et ce, avant et pendant la crise liée à la pandémie de COVID19. Cette fois aussi, les mesures adoptées par le gouvernement français en soutien aux entreprises ont profondément atténué l’incidence des chocs économiques sectoriels sur le nombre de faillites.
Il convient toutefois de faire preuve de prudence dans l’interprétation du Graphique 1.7, car il est possible que les mesures de confinement aient au moins partiellement influencé les statistiques établies à partir de données sur les faillites. La Banque de France, par exemple, qui compile les données relatives aux décisions des tribunaux de commerce, met en avant que les mesures de confinement ont eu une incidence sur le fonctionnement normal des tribunaux, et ont par conséquent retardé l’enregistrement des faillites. Les statistiques disponibles pour le 2e trimestre 2020 devraient donc sous-estimer le nombre réel de faillites en France (Banque de France, 2020[17]). Il en va de même au Royaume-Uni (Insolvency Service, 2020[18]) et très probablement pour la plupart des autres pays.
Cette fois encore, l’interprétation des données oblige à une certaine prudence. Il est en effet possible que les aides publiques n’aient fait que retarder la vague de faillites, notamment dans les pays où ce soutien financier a augmenté le niveau d’endettement des entreprises. Il sera donc nécessaire que les pouvoirs publics mettent en œuvre des politiques spécifiques pour remédier à cette situation et éviter les possibles effets de contagion à l’économie dans son ensemble. Ces politiques doivent notamment viser à faciliter les restructurations des dettes dans les délais utiles pour les entreprises viables ou à rendre plus efficaces les procédures de liquidation afin de garantir que les ressources sont réaffectées des entreprises non viables vers les autres (Demmou et al., 2021[19]). Notez que le chapitre 2 du présent rapport aborde plus en détail le risque de surendettement des entreprises.
Les jeunes entreprises, les travailleurs indépendants et les entrepreneurs ont dû faire face à des difficultés spécifiques pendant la crise
Certaines jeunes entreprises innovantes ont réagi avec célérité à la crise du COVID19 et ainsi confirmé la grande flexibilité des entrepreneurs. Ces entreprises ont joué un rôle essentiel dans la transition numérique, y compris par le télétravail (sachant que de nombreux entrepreneurs tirent parti des possibilités offertes par la formation et la santé en ligne) et par le développement d’innovations dans le secteurs des biens et services médicaux8.
Cette crise a toutefois entraîné des défis de taille pour les entreprises créées juste avant le début de la pandémie. De nombreuses enquêtes confirment que ces jeunes entreprises ont été fortement touchées. Plus de 40 % des nouvelles entreprises sont passées dans la « zone rouge » (avec seulement l’équivalent de trois mois ou moins de liquidités pour poursuivre leurs activités) (Forum économique mondial, 2020[20]). Près de trois jeunes entreprises interrogées sur quatre ont connu une baisse de leurs recettes et des problèmes de liquidités, et 41 % ont eu besoin d’augmenter leur capital au cours des trois mois suivants pour préserver leurs activités (Startup Genome, 2020[21]).
Il existe par ailleurs un nombre croissant de données qui montrent que les travailleurs indépendants et les entrepreneurs ont été touchés de manière disproportionnée par les répercussions de la pandémie de COVID19. Ces conséquences négatives ont été pour eux beaucoup plus lourdes que pour les grandes entreprises et les salariés de manière générale. Une enquête internationale d’Eurofound (Eurofound, 2020[22]) a par exemple montré que la probabilité de perdre son emploi pendant la pandémie était supérieure pour les travailleurs indépendants (13 %) que pour les salariés (8 %) et pour les travailleurs indépendants avec salariés (2.3 %). Toutefois, une part importante de ces travailleurs indépendants avec salariés (5.9 %) se sont séparés de leurs collaborateurs pour devenir des travailleurs indépendants sans personnel. Plus de la moitié des travailleurs indépendants ont par ailleurs fait part d’une diminution de leur temps de travail (53 % pour les indépendants avec personnel et 51 % pour les indépendants sans personnel), contre 27 % des salariés. Ces valeurs confirment celles des évaluations nationales réalisées dans les pays de l’OCDE, y compris en Allemagne (Kritikos, Graeber and Seebauer, 2020[23]; Graeber, Kritikos and Seebauer, 2021[24]), en Australie (Biddle et al., 2020[25]), au Canada (Beland, Fakorede and Mikola, 2020[26]; Beland, Fakorede and Mikola, 2020[27]), aux États-Unis (Fairlie, 2020[28]) et au Royaume-Uni (Blundell, Machin and Ventura, 2020[29]; ONS, 2021[30]). Les travailleurs indépendants et les entrepreneurs n’ont pas tous été égaux face aux répercussions de la pandémie. Il apparaît ainsi que les travailleurs indépendants sans personnel et les entreprises non constituées en sociétés ont enregistré les plus fortes contractions, que ce soit par choix ou qu’ils y aient été contraints pour des raisons financières.
Les données montrent également que certains sous-groupes d’entrepreneurs, comme les femmes et les minorités, ont été plus durement touchés que les autres dans les pays de l’OCDE, ce qui s’explique en partie par les difficultés particulières qu’ils rencontrent dans l’accès aux financements, par les secteurs économiques dans lesquels ils opèrent ou encore par l’augmentation de la charge des responsabilités familiales pour les femmes pendant la crise.
Le nombre de femmes chefs d’entreprise aux États-Unis a chuté de 10 % entre février et juin 2020, contre seulement 7 % pour leurs homologues masculins (Fairlie, 2021[31]). En Allemagne, les données montrent que les femmes entrepreneurs étaient plus susceptibles que leurs homologues masculins (30 %) de subir une perte de leurs revenus (Graeber, Kritikos and Seebauer, 2021[24]). De la même manière, au Canada (Beland, Fakorede and Mikola, 2020[26]) et au Royaume-Uni (Blundell, Machin and Ventura, 2020[29]), les femmes entrepreneurs ont en moyenne subi une baisse de leurs heures de travail 1.5 fois supérieure à celle des hommes entrepreneurs. Une grande partie de ces inégalités entre les hommes et les femmes peuvent s’expliquer par les différences inhérentes à leurs secteurs de prédilection. Les femmes ont par ailleurs été plus susceptibles d’assumer davantage de responsabilités ménagères et de garde des enfants pendant la pandémie (OCDE, 2020[32]), limitant par là même le temps disponible à leur activité professionnelle.
Lors de la première phase de la crise liée à la pandémie de COVID19 (février à avril 2020), bien que le nombre total de chefs d’entreprise en activité ait baissé de 22 %, le nombre de chefs d’entreprise afro-américains, hispaniques et asiatiques a chuté de 41 %, 32 % et 26 % respectivement (Fairlie, 2020[28]). Les mêmes tendances ont pu être observées pendant la crise financière de 2008-09 aux États-Unis. En 2011, 60 % des entreprises détenues par des Blancs et créées avant 2002 existaient toujours, contre 49 % des entreprises détenues par des Noirs. Les valeurs correspondantes dans le cas des entreprises détenues par des hommes étaient de 61 % et de 55 % pour les entreprises détenues par des femmes (Liu and Parilla, 2020[33]).
La crise a eu des conséquences disproportionnées sur l’activité des petites entreprises et des PME œuvrant dans les secteurs les plus touchés par les mesures de confinement
Les petites entreprises et les PME œuvrant dans les secteurs les plus touchés par les mesures de confinement étaient les plus susceptibles de devoir cesser leurs activités
Bartik et al. (2020[34]) furent parmi les premiers à réaliser une enquête ciblée visant à évaluer la situation financière des petites entreprises aux États-Unis et leurs besoins en termes d’aides publiques9. Leur échantillon rassemblait des entreprises établies aux États-Unis, interrogées entre le 26 mars et le 2 avril 2020. Au moment de la réalisation de cette enquête, près de 45 % des petites entreprises américaines avait fermé au moins temporairement, contre 36 % des entreprises comptant 20 à 99 salariés et 26 % des entreprises comptant 100 à 499 salariés. Cette enquête confirmait également la fragilité financière des petites entreprises, étant donné que 25 % d’entre elles disposaient d’une trésorerie équivalent à moins d’un mois de dépenses, et la moitié d’entre elles d’une trésorerie suffisante pour un à deux mois de dépenses.
Pour répondre aux besoins en matière de données sur les conséquences de la crise, Facebook, l’OCDE et la Banque mondiale ont réalisé, de mai à octobre 2020, une enquête mensuelle en ligne visant à rendre compte de la situation des petites entreprises. Cette enquête fut complétée par une nouvelle phase d’étude lancée en décembre 2020 (Encadré 1.1).
Encadré 1.1. L’enquête commune Facebook-OCDE-Banque mondiale sur l’avenir des entreprises
L’enquête sur l’avenir des entreprises (Future of Business Survey, réalisée conjointement par la Banque mondiale, Facebook et l’OCDE, a pour objet d’observer de manière régulière la situation des entreprises présentes sur Facebook et de déterminer leurs besoins, les difficultés auxquelles elles sont confrontées et les possibilités qui s’offrent à elles dans le monde entier. Cette collaboration a commencé en 2016. L’enquête vise à compléter les données des enquêtes traditionnelles menées auprès des entreprises, et ce, grâce à des informations en temps quasi réel sur les perspectives des petites et moyennes entreprises dans plus de 100 pays.
En mars 2020, à la demande de l’OCDE et avec l’appui de la Banque mondiale, Facebook a adapté son enquête sur l’avenir des entreprises afin de passer d’une approche semestrielle à six campagnes mensuelles et disposer ainsi d’informations actualisées, d’une part, sur l’incidence du COVID19 sur les petites entreprises et, d’autre part, sur la manière dont ces entreprises s’adaptent à la pandémie. Des enquêtes mensuelles ont donc été réalisées entre la fin mai et la fin octobre 2020, avec une nouvelle vague d’enquêtes lancée à la fin du mois de décembre 2020. Chacune de ces campagnes couvrait entre 78 et 109 pays, dont 23 à 32 pays de l’OCDE. La campagne de décembre est celle qui a couvert le plus grand nombre de pays, aussi bien au sein de la zone OCDE que dans le monde entier.
L’enquête a pour population cible les administrateurs de pages Facebook qui sont responsables ou dirigeants de petites entreprises. On estime ainsi que le cadre d’échantillonnage compte plus de 80 millions d’entreprises. Dans la mesure où l’ouverture d’une page Facebook est quasiment une condition préalable pour toute entreprise qui souhaite assurer sa publicité auprès des utilisateurs de Facebook ou leur proposer des contenus, le critère applicable au rôle d’administrateur permet vraisemblablement d’inclure la quasi-totalité des entreprises inscrites sur la plateforme.
Afin d’améliorer la qualité des résultats, l’analyse des réponses à l’enquête sur l’avenir des entreprises proposée dans ce chapitre se limite aux responsables et dirigeants des petites et moyennes entreprises comptant moins de 250 salariés. Les responsables ou dirigeants de petites entreprises sont en effet plus susceptibles de maîtriser les plans de développement, les finances et les antécédents de leurs entreprises.
Afin de tenir compte des entreprises qui n’ont pas répondu et de veiller à ce que les participants soient bien représentatifs de la population des administrateurs de pages Facebook dans chaque pays, Facebook s’appuie sur un modèle économétrique afin de déduire la probabilité d’une réponse à l’enquête et pondérer les réponses pour une analyse plus précise.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le nombre de responsables et dirigeants de PME ayant participé à l’enquête est d’environ 500 par pays.
L’évaluation économétrique proposée dans ce chapitre examine systématiquement le secteur d’activité, la taille des entreprises et le pays où elles sont établies afin de tenir compte des possibles différences de représentativité des entreprises dans l’échantillon de Facebook et dans la population des PME actives.
Dans l’ensemble, l’évaluation économétrique réalisée dans le cadre des campagnes successives de l’enquête de mai à décembre 2020 montre que plus les entreprises étaient de taille réduite, plus elles étaient susceptibles de devoir cesser leurs activités. Toutes choses égales par ailleurs, les PME sans aucun salarié étaient 10 points plus susceptibles de fermer que les PME comptant de 50 à 249 salariés (Graphique 1.8). Ces données sont conformes aux conclusions de Bartik et al. (2020[34]) sur la situation aux États-Unis au début de la pandémie.
De la même manière, les PME des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement étaient également les plus exposées à un risque de fermeture. À titre d’exemple (et encore une fois, toutes choses égales par ailleurs), les PME du secteur de l’hébergement et de la restauration étaient 8 points plus susceptibles de fermer que les PME du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les PME des secteurs du transport et des autres services10 présentaient elles aussi un risque de cessation d’activité sensiblement supérieur à celui des PME du secteur des TIC (Graphique 1.9).
Une part importante des PME restées ouvertes ont connu une baisse significative de leurs ventes
Les PME ont connu une baisse de leurs recettes particulièrement rapide pendant la première vague de la pandémie, et ces recettes sont restées faibles par la suite dans la plupart des pays. L’OCDE a procédé à une analyse de 125 enquêtes sur les PME réalisées dans 31 pays depuis février 2020 et ainsi déterminé que la majorité des PME ont enregistré une baisse importante de leur recettes ou de leurs ventes (OCDE, 2020[35]).
Les conclusions de l’enquête menée par Facebook, l’OCDE et la Banque mondiale confirment ces résultats. À chaque nouvelle campagne de l’enquête, 55 à 70 % des PME ont signalé un volume de ventes plus faible que l’année précédente pour la même période, et deux tiers des PME avaient enregistré une baisse des ventes de plus de 40 % (Graphique 1.10). Par ailleurs, malgré l’assouplissement des mesures de confinement dans de nombreux pays sur cette période, l’amélioration de la situation des PME restait marginale.
La réduction des recettes reste une difficulté majeure pour une part importante des PME un an après le début de la pandémie, notamment en raison du prolongement ou du renforcement des restrictions dans de nombreux pays. Par exemple, une enquête publiée en février 2021 par la confédération espagnole des petites et moyennes entreprises (Confederación Española de la Pequeña y Mediana Empresa, CEPYME) mettait en garde contre la mise en place d’un nouveau confinement à l’échelle nationale, lequel entraînerait une perte de revenus de 1.8 milliard EUR par semaine pour les entreprises espagnoles, et à hauteur de 60 % pour PME. 11 Fort heureusement, l’exemple de la Nouvelle-Zélande incite à l’optimisme et on observe des signes de résilience dans les PME viables, étayant ainsi l’argumentaire en faveur des mesures d’aide publique. En Nouvelle-Zélande, où les mesures d’endiguement ont été levées plus tôt que partout ailleurs, les recettes des petites entreprises n’ont fait qu’augmenter depuis juillet 2020, à l’exception des entreprises du secteur hospitalier (Steeman, 2020[36]).
Les PME des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement ont été les plus fortement affectées, même si celles réalisant des ventes en ligne ont enregistré de meilleurs résultats
De la même manière que les PME relevant des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement étaient les plus susceptibles de cesser leurs activités, les PME qui sont restées ouvertes dans ces secteurs devaient s’attendre à une baisse de leurs ventes. Tel qu’illustré dans le Graphique 1.11, en moyenne dans les pays de l’OCDE, et toutes choses égales par ailleurs, les PME du secteur de l’hébergement et de la restauration étaient environ 15 points plus susceptibles d’observer une baisse de leurs ventes en 2020 que les PME du secteur des TIC et 25 points plus susceptibles que les PME du secteur agricole.
Néanmoins, les PME assurant des ventes en ligne, même dans les secteurs les plus affectés, ont enregistré des résultats bien meilleurs que les PME qui n’ont pas recours à des canaux de vente numériques. À nouveau, toutes choses égales par ailleurs, les PME qui vendent une part importante (> 75 %) de leurs produits en ligne étaient près de 15 points moins susceptibles de subir une baisse de leurs ventes que les PME ne vendant en ligne qu’une part limitée (< 25 %) de leurs produits (Graphique 1.12).
Ces observations sur la capacité des ventes en ligne à atténuer les effets de la pandémie sont conformes aux témoignages recueillis auprès des PME dans le cadre de l’initiative mondiale de l’OCDE sur le numérique pour les PME (OCDE, 2020[37]), dont voici quelques exemples :
Wix (Israël), éditeur de logiciels proposant des services infonuagiques de développement, a observé une augmentation rapide du nombre de PME cherchant à développer un site internet intégrant des capacités de commerce électronique pendant la pandémie. Les PME qui n’avaient auparavant pas de présence en ligne s’appuient désormais majoritairement, voire uniquement, sur un modèle de vente en ligne. À titre d’exemples, Browniegod (Royaume-Uni), société de production alimentaire et de livraison, et ReWax & UnWine (États-Unis), société d’événementiel et de divertissement, ont ouvert leur tout premier site internet en réponse à la pandémie.
Jeongyookgak (Corée), plateforme en ligne de vente directe de produits frais et d’épicerie, a renforcé ses services de livraison « à domicile » pendant la pandémie et tiré parti d’autres plateformes en ligne pour engager de nouveaux livreurs.
Holybelly (France), restaurant et café, a transformé son modèle économique pour faire face aux restrictions liées à la pandémie de COVID19 et créé son propre site internet afin de proposer la vente à emporter et de tirer parti des plateformes de livraison de proximité pendant les périodes de confinement.
Five Way Cellars (Australie), détaillant de vin et de spiritueux, a été en mesure de poursuivre ses activités pendant toute la durée de la pandémie de COVID19 en augmentant sa présence sur l’internet, notamment par l’ouverture d’une boutique en ligne. Après l’assouplissement des restrictions en Australie, l’entreprise a continué de mettre l’accent sur sa boutique en ligne afin de toucher des clients sur des marchés inexploités.
Quantum (Grèce), une société qui propose des services de comptabilité et de contrôle fiscal à l’intention des PME et qui les accompagne dans la dématérialisation de leurs activités comptables, la gestion budgétaire ou les opérations de conformité fiscales, a constaté une forte augmentation de la demande pour ce type de services au cours de la crise. L’un des clients de Quantum, un magasin de fleurs familial au bord de la cessation d’activité après le premier confinement, a été en mesure de transformer son modèle économique en renforçant sa présence en ligne.
Rose Bikes (Allemagne), fabricant et revendeur de cycles, a développé une boutique en ligne capable de faire l’interface entre ses circuits de distribution en ligne et hors ligne. Pendant la crise du COVID19, Rose Bikes a su s’appuyer sur ses capacités de commerce électronique pour renforcer les liens aussi bien avec ses fournisseurs qu’avec les nouveaux clients ou ses clients existants.
Le développement des capacités internes nécessaires à la vente de produits en ligne, associé à l’augmentation rapide de l’activité des plateformes en ligne, devrait avoir des effets plus durables en permettant une accélération de la transformation numérique des PME, un renforcement de leur résilience et une augmentation de leurs parts de marché (OCDE, 2021[38]). Les plateformes en ligne offrent en effet aux entreprises un moyen simple d’opérer leur transition numérique, tout en proposant des services à leurs utilisateurs (par exemple, des services avancés de paiement et de logistique à bas coûts, de la publicité sur mesure, une communication améliorée entre acheteurs et fournisseurs, ou encore la résolution des différends), lesquels peuvent s’avérer particulièrement utiles aux PME.
La capacité à tirer profit de la transition numérique n’est toutefois pas uniformément partagée par toutes les PME et de nombreuses entreprises ont besoin de temps pour développer les infrastructures nécessaires et renforcer leur présence en ligne. La crise liée à la pandémie de COVID19 semble avoir accéléré l’adoption des technologies numériques par les PME, mais de manière plus notable pour les moyennes entreprises que pour les plus petites. Les petites entreprises restent souvent limitées par les coûts d’acquisition des technologies numériques, mais aussi par le manque de connaissances ou des compétences requises. Les aides publiques peuvent certainement contribuer à résoudre ces difficultés, tout comme les initiatives ciblées du secteur privé pendant le processus de transition numérique des PME. Voir (Pisu, von Rüden and Hwang, à paraître[39]) et le chapitre 2 du présent rapport.
L’intervention des pouvoirs publics a dans l’ensemble été forte et rapide, mais avec des différences entre les pays et des difficultés particulières pour toucher les nouvelles entreprises, les travailleurs indépendants et les entrepreneurs
Dans le monde entier, les pouvoirs publics ont réagi rapidement et de manière forte en mettant en œuvre des mesures de soutien de grande ampleur à l’intention des entreprises. Même si la priorité était de préserver la santé publique, un éventail complet de mesures ont été adoptées pour atténuer l’incidence économique de la pandémie et ces aides ont été généralement étendues et renforcées au cours de l’année passée. Les banques centrales ont également assoupli les conditions monétaires afin de permettre aux banques commerciales d’octroyer davantage de prêts aux PME, et des prêts directs ont été proposés par l’intermédiaire des institutions publiques.
L’OCDE a recueilli un grand nombre d’informations sur les mesures prises par les pouvoirs publics afin de soutenir les PME (CFE/SME(2021)2). Les mécanismes les plus couramment proposés ont été les reports de paiement, les garanties de prêts et les prêts directs aux PME, ainsi que les subventions salariales. Ces observations confirment les conclusions du tableau de bord de la Banque mondiale sur les mesures de soutien aux PME, lequel montre que, sur les 1 600 instruments d’action publique utilisés dans le monde à destination des PME, 594 ont trait au financement par emprunt (prêts et garanties), 358 à l’aide à l’emploi et 314 au report de paiement de l’impôt12.
Dans chaque pays, les PME des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement et les PME ayant subi les baisses de ventes les plus importantes sont celles qui ont reçu le plus d’aides publiques en 2020
L’enquête réalisée par Facebook, l’OCDE et la Banque mondiale apporte de précieuses informations sur la manière dont les PME (disposant d’une page Facebook) ont réellement bénéficié des mesures de soutien public. L’enquête distingue trois types de mesures de soutien public : le soutien financier sous forme de crédits et de reports de paiements (impôts ou loyers, par exemple) ; le soutien financier sous forme de subventions non remboursables ; et le soutien non financier sous forme d’informations, d’assistance technique ou de services de conseil.
L’évaluation économétrique de l’enquête permet d’affirmer que, dans chaque pays, les PME des secteurs les plus touchés par les mesures de confinement et celles ayant subi les baisses de ventes les plus importantes étaient plus susceptibles de bénéficier d’aides publiques au cours de l’année 2020. À titre d’exemple, le Graphique 1.13 montre que, toutes choses égales par ailleurs, les PME du secteur de l’hébergement et de la restauration étaient environ 20 points plus susceptibles de recevoir des aides publiques que les PME du secteur des TIC. Le Graphique 1.14 montre également que les PME qui ont connu une baisse significative de leurs ventes (> 40 %) étaient environ 15 points plus susceptibles de bénéficier d’aides publiques que les PME dont le volume de ventes était égal ou supérieur à l’année précédente13.
Les PME plus jeunes et plus petites ont été moins susceptibles de recevoir des aides publiques
Les PME plus jeunes et plus petites ont dans l’ensemble été moins susceptibles de bénéficier d’aides publiques. Dans les 32 pays de l’OCDE, 33 % des PME âgées d’un ou deux ans en 2020 ont reçu des aides publiques, contre 39 % des entreprises âgées de trois à quatre ans et 45 % des PME âgées d’au moins cinq ans (Graphique 1.15). Les entreprises venant d’être créées étaient encore moins susceptibles de bénéficier d’une quelconque aide, et seules 15 % des PME ayant commencé leur activité en 2020 ont reçu un soutien des pouvoirs publics. Parmi les PME de 1 à 9 salariés et les travailleurs indépendants, 38 % et 29 % ont respectivement bénéficié d’une aide, contre 58 % pour les autres PME.
Bien que ces deux groupes se recoupent dans une certaine mesure (les jeunes entreprises sont également plus petites), l’âge et la taille des entreprises jouent aussi un rôle sur la probabilité d’octroi d’une aide, indépendamment l’un de l’autre. L’évaluation économétrique montre en effet que, si l’on prend en compte la taille des entreprises, le pays et le secteur économique, la probabilité d’être éligible aux aides publiques augmente avec l’âge d’une entreprise. Le Graphique 1.16 montre par exemple que, toutes choses égales par ailleurs, les PME âgées d’au moins quatre ans étaient environ 25 points plus susceptibles de bénéficier d’aides publiques que les entreprises créées en 2020. Dans le cas d’un soutien des pouvoirs publics, d’une part, sous forme de crédits et de reports de paiements et, d’autre part, sous forme de subventions, les probabilités augmentent en fonction de l’âge de l’entreprise, même si cette augmentation est plus prononcée dans le cas des subventions.
L’évaluation économétrique révèle également que, si l’on prend en compte l’âge de l’entreprise, le pays et le secteur économique, la probabilité de bénéficier d’aides publiques sous forme de crédits et de reports de paiements augmente proportionnellement à la taille des entreprises. Le Graphique 1.17 montre également que, toutes choses égales par ailleurs, les PME d’au moins 50 salariés étaient environ 15 points plus susceptibles de recevoir ce type d’aide que les PME sans aucun salarié. Cela pourrait s’expliquer par les difficultés pratiques rencontrées dans l’accès aux facilités de crédit (p. ex. : les procédures administratives) et par l’avantage des grandes entreprises sur les plus petites entreprises en matière d’information. Cirera et al. ont eux aussi tiré des conclusions du même ordre concernant la probabilité supérieure pour les grandes entreprises de bénéficier d’une aide des pouvoirs publics (2021[40]). L’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale ne permet toutefois pas de confirmer l’effet de la taille des entreprises sur la probabilité de bénéficier de subventions.
La conclusion selon laquelle les PME plus jeunes et plus petites étaient moins susceptibles de bénéficier d’aides publiques trouve un écho dans les critiques selon lesquelles il n’y avait pas nécessairement d’adéquation dans certains pays entre l’accès aux aides publiques et l’ampleur des difficultés rencontrées par les travailleurs indépendants et les entrepreneurs (Juergensen, Guimón and Narula, 2020[41]; Moreira and Hick, 2021[42]).
On constate d’abord des lacunes dans le soutien apporté à certains types de travailleurs indépendants. À titre d’exemple, pas moins de 2 millions de personnes au Royaume-Uni ne remplissaient pas les critères pour bénéficier du chômage technique ou du soutien des revenus de l’emploi indépendant en raison du statut du dirigeant de l’entreprise ou parce que les travailleurs indépendant n’avaient commencé leur activité que trop récemment (IPSE, 2021[43]).
Les critiques portent également sur la gestion des initiatives de soutien et des conditions d’attribution (Cribb, Delestre and Johnson, 2021[44]). Le niveau de soutien accordé aux travailleurs indépendants et aux entrepreneurs sous forme de subventions aux entreprises ou d’aides aux revenus dépend en grande partie des déclarations fiscales antérieures, et dans certains pays ce soutien est soumis à une condition de ressources basé sur l’épargne et les bénéfices (p. ex. : le Royaume-Uni). Si le travail indépendant n’était pas la source de revenus principale du demandeur, l’aide aux revenus pouvait lui être refusée, ce qui touchait alors directement les entrepreneurs à temps partiel et les personnes s’appuyant sur différentes sources de revenus. Le traitement des demandes pouvait également poser certaines difficultés aux pouvoirs publics, repoussant d’autant le versement des aides accordées (Adams-Prassl et al., 2020[45]).
Le troisième aspect faisant l’objet de critiques a trait à l’insuffisance du soutien apporté aux jeunes entreprises et aux entreprises innovantes dans le but d’ajuster leur modèle économique. Bien que les gouvernements aient à l’origine privilégié la protection et la sauvegarde des capacités économiques existantes, ils n’ont réservé qu’une moindre attention au maintien des possibilités de développement des jeunes entreprises et de l’innovation dans les entreprises existantes. Il semble évident que les risques inhérents à la création d’une entreprise sont décuplés en période de crise, or les entreprises qui cherchent à lancer leur activité sont elles aussi confrontées à des difficultés spécifiques. Les nouvelles entreprises ont besoin de financement, notamment pour faire la transition entre les prêts et les prises de participation. La pandémie de COVID19 a toutefois limité ces possibilités en réduisant les interactions entre les clients et les financiers (Brown, Rocha and Cowling, 2020[46]). Les entreprises établies ont également besoin de soutien pour innover, réorienter leurs activités ou opérer la transformation numérique de leurs processus et de leurs interactions aussi bien avec leurs clients qu’avec leurs fournisseurs. Les enseignements tirés des précédentes récessions laissent néanmoins penser que les petites entreprises connaissent généralement une baisse supérieure de leurs dépenses en matière de recherche et de développement (Roper and Turner, 2020[47]).
Fin 2020, la majorité des PME avaient toujours besoin de soutien
Les pouvoirs publics ont dû faire un compromis difficile entre la volonté de soutenir le plus grand nombre d’entreprises vulnérables et la nécessité d’éviter le gaspillage de ressources par le versement d’aides à des entreprises dont l’activité n’a pas été affectée par la crise. Ce compromis a, par la force des choses, créé des situations où certaines PME particulièrement touchées par la crise n’ont pu bénéficier d’aides publiques. L’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale permet d’évaluer la part des PME « laissées pour compte » par les mesures de soutien, autrement dit les PME qui n’ont pas reçu d’aides mais qui ont enregistré une baisse importante de leurs ventes en 2020 par rapport à 2019 (considérées ainsi comme des PME nécessitant un soutien financier). Cette approche permet de déterminer que 17 % des PME ont ainsi été « laissées pour compte ». Cette proportion reste globalement la même pour les PME quels que soient leur taille et leur âge.
Environ 70 % des PME ayant participé à l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale en décembre 2020 ont indiqué qu’elles auraient besoin de davantage d’aide à l’avenir, avec peu de variations entre les PME de taille et d’âge différents. Toute nouvelle intervention des pouvoirs publics devrait ainsi couvrir les PME de manière égale, tous groupes d’âge et de taille confondus (y compris les nouvelles entreprises et les micro-entreprises), et ce, afin que toutes les entreprises qui auraient besoin d’une aide complémentaire puissent en bénéficier. Il existe cependant des différences importantes dans la part des PME qui s’attendent à être aidées à l’avenir suivant leur niveau d’exposition aux conséquences négatives du choc économique actuel (Graphique 1.18). Plus de 80 % des PME ayant subi une forte baisse de leurs ventes en 2020 ont besoin d’une aide dont la forme reste à définir, contre 52 % et 56 %, respectivement, pour les PME dont les ventes se sont maintenues ou ont augmenté. Les PME ayant subi une forte baisse de leurs ventes sont également beaucoup plus susceptibles d’avoir besoin d’un soutien pour faire face à leurs dépenses à venir, comparé à d’autres types d’aides à des fins d’innovation, de formation ou d’adoption des outils numériques. On peut ainsi déduire que, pour une grande part des PME, la priorité au début de l’année 2021 était d’assurer la viabilité financière de leurs activités, plutôt que de s’adapter à cet environnement né de la crise qui constitue la nouvelle norme pour les entreprises.
La part des PME bénéficiaires d’aides publiques en 2020 s’est révélée très variable d’un pays à l’autre
Il existe de grandes disparités entre les pays de l’OCDE dans le niveau de soutien financier accordé au secteur privé par les pouvoirs publics, avec des dépenses budgétaires directes allant de 0.6 % du PIB au Mexique et 1.2 % en Turquie à 14.7 % aux États-Unis et 18.6 % en Nouvelle-Zélande14. Certains pays ont également financé d’importants programmes de garantie de crédit, comme l’Italie (où les fonds mobilisés peuvent atteindre 35 % du PIB), l’Allemagne (jusqu’à 25 % du PIB) et le Royaume-Uni (jusqu’à 16 % du PIB).
D’après l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale, la part des PME ayant réellement bénéficié d’aides publiques financières ou non financières reflète bien ces différences dans les dépenses de nature budgétaire d’un pays à l’autre. À titre d’exemple, 52 % des PME (disposant d’une page Facebook) ayant participé à l’enquête ont bénéficié d’au moins une mesure d’aide depuis le début de la crise en Nouvelle-Zélande, contre seulement 8 % en Colombie et 7 % au Mexique (Graphique 1.19). Les pays qui ont été en mesure de mobiliser davantage de ressources ont permis à une part plus importante d’entreprises de bénéficier d’aides publiques (Graphique 1.20). Une augmentation des dépenses budgétaires directes de 5 % du PIB (soit la différence entre la Belgique et le Royaume-Uni, par exemple) entraîne une augmentation de 8 points de la part des entreprises bénéficiaires d’une aide15. Les estimations relatives aux garanties de crédit permettent de révéler un effet d’une ampleur plus limitée : une augmentation de 5 % du PIB du financement des garanties de crédit entraîne une augmentation de 3 points de la part des PME bénéficiaires d’une aide.
En pratique, la part des PME bénéficiaires d’aides publiques dans un pays donné n’est aucunement corrélée à l’ampleur du choc économique de 2020 dans ce pays (Graphique 1.21). On peut ainsi penser que les facteurs institutionnels et la marge de manœuvre budgétaire ont joué un rôle non négligeable dans la décision des pouvoirs publics de prendre des mesures de soutien à l’intention des PME. Étant donné que les simulations montrent que les mesures de soutien financier ont fortement contribué à limiter l’augmentation des faillites (voir ci-dessus), il est possible que les pays où une part plus faible des PME bénéficient d’une aide financière enregistrent à terme un nombre plus important de faillites parmi les PME. Cela est d’autant plus vrai dans les pays où la crise a eu une incidence importante sur l’économie et où le soutien aux PME a été particulièrement limité16.
L’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale montre que la part des PME qui ont été « laissées pour compte » par les mesures d’aides publiques en 2020 (correspondant aux PME ayant subi une baisse de leurs ventes d’au moins 40 % sans pour autant bénéficier d’un soutien financier) s’élève entre 2 et 6 % en Hongrie et en Nouvelle-Zélande, et entre 41 à 47 % en Colombie et au Mexique. Les pays où ont été mises en place les mesures d’endiguement les plus strictes sont également ceux où la part des PME « laissées pour compte » par les mesures de soutien est la plus élevée (Graphique 1.22)17.
Sur l’ensemble des pays, la part des PME « laissées pour compte » baisse en proportion du volume de dépenses budgétaires. En moyenne, une augmentation des dépenses directes à hauteur de 5 % du PIB est associée à une baisse de 5 points de la part des PME « laissées pour compte », alors qu’une augmentation du montant des garanties de crédit n’a qu’un effet très limité18. Au Royaume-Uni par exemple, les dépenses directes représentaient 11 % du PIB et 9 % des PME ne bénéficiaient pas d’aides publiques. À l’inverse, en France et en Autriche, les dépenses directes correspondaient à 8 % du PIB et, respectivement, 17 % et 14 % des PME étaient « laissées pour compte » par les mesures d’aides publiques.
Les PME continuent de rencontrer des difficultés pendant la pandémie et la phase de relance : sur les 32 pays de l’OCDE de l’échantillon, 42 à 96 % des PME participant à l’enquête en décembre 2020 ont exprimé la nécessité de bénéficier d’un soutien à moyen terme. Les PME œuvrant dans les pays où les mesures d’endiguement sont plus strictes sont susceptibles d’avoir besoin d’aides publiques supplémentaires à l’avenir (Graphique 1.23)19. Ainsi, en Nouvelle-Zélande, pays où les mesures d’endiguement ont été relativement souples, 58 % des PME s’attendent à bénéficier d’un soutien à moyen terme. Cette proportion est de 85 % au Chili, où l’indice de rigueur est le double de celui de Nouvelle-Zélande, témoignant ainsi de mesures d’endiguement plus strictes. Cela s’explique par le fait que les PME couvertes par l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale concentrent principalement leurs activités dans les secteurs non échangeables et offrent souvent des services en contact direct avec les clients. Si les services qu’elles proposent ne sont pas essentiels, leurs activités deviennent d’autant plus vulnérables lorsque les économies sont soumises à des mesures de confinement ou autres mesures d’endiguement de la pandémie. Cela s’applique également aux pays qui ont déjà pu mettre en œuvre des mesures fiscales ambitieuses, étant donné que le montant des dépenses budgétaires ne montre aucune corrélation significative avec la part des entreprises qui auront à l’avenir besoin de soutien20.
Des travaux de recherche complémentaires seront à l’avenir nécessaires pour évaluer de manière plus complète l’efficacité des mesures de soutien public à l’intention des PME
Le Tableau 1.2 montre que les PME interrogées par Facebook, l’OCDE et la Banque mondiale ont bénéficié d’aides publiques sous des modalités très différentes d’un pays à l’autre. La Grèce, l’Italie et la Pologne sont les trois pays de l’OCDE où les PME ont été le plus susceptibles de recevoir des aides sous forme de crédits et de reports de paiements. Au Japon, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande, il s’agissait principalement d’aides directes et de subventions. En Norvège, en Corée et en Irlande, il s’agissait d’informations, d’assistance technique et de services de conseil. Il convient toutefois de faire preuve de vigilance dans l’interprétation du Tableau 1.2 ne permet pas de déterminer l’ampleur des aides dont chaque entreprise a bénéficié en termes monétaires. Le montant des sommes perçues jouera naturellement un rôle important dans l’analyse des résultats des PME pendant la crise. Par exemple, certains gouvernements (Allemagne, Australie, Chili, Grèce, Irlande, Japon ou Nouvelle-Zélande) ont prévu des subventions dont le montant est fixe ; d’autres (Autriche, Danemark, France ou Suède) ont versé des aides proportionnelles à la perte de revenus.
Tableau 1.2. Part des PME disposant d’une page Facebook bénéficiaires d’aides publiques financières ou non financières depuis le début de la crise du COVID19, réparties par type d’aide
Pays |
Aide publique (d’au moins un type) |
Crédits et reports de paiements |
Aides et autres subventions |
Informations, assistance technique ou services de conseil |
---|---|---|---|---|
AUS |
38 % |
7 % |
34 % |
3 % |
AUT |
42 % |
13 % |
36 % |
2 % |
BEL |
41 % |
14 % |
33 % |
4 % |
CAN |
21 % |
6 % |
15 % |
2 % |
CHE |
37 % |
19 % |
18 % |
2 % |
CHL |
10 % |
4 % |
4 % |
3 % |
COL |
8 % |
3 % |
5 % |
1 % |
CZE |
32 % |
9 % |
24 % |
2 % |
DEU |
40 % |
7 % |
35 % |
3 % |
DNK |
26 % |
9 % |
24 % |
2 % |
ESP |
31 % |
14 % |
22 % |
3 % |
FIN |
35 % |
9 % |
30 % |
3 % |
FRA |
35 % |
10 % |
28 % |
2 % |
GBR |
55 % |
15 % |
45 % |
6 % |
GRC |
58 % |
28 % |
34 % |
2 % |
HUN |
18 % |
9 % |
11 % |
2 % |
IRL |
33 % |
10 % |
23 % |
10 % |
ISR |
39 % |
4 % |
37 % |
1 % |
ITA |
54 % |
25 % |
38 % |
0 % |
JPN |
62 % |
13 % |
56 % |
3 % |
KOR |
43 % |
15 % |
36 % |
12 % |
LTU |
31 % |
10 % |
24 % |
2 % |
MEX |
7 % |
5 % |
2 % |
1 % |
NLD |
36 % |
8 % |
23 % |
6 % |
NOR |
32 % |
1 % |
19 % |
13 % |
NZL |
52 % |
10 % |
45 % |
7 % |
POL |
50 % |
25 % |
35 % |
3 % |
PRT |
21 % |
7 % |
14 % |
2 % |
SVK |
16 % |
1 % |
16 % |
0 % |
SWE |
25 % |
9 % |
19 % |
2 % |
TUR |
16 % |
12 % |
3 % |
2 % |
USA |
30 % |
8 % |
24 % |
2 % |
Note : la première colonne reprend la part des PME disposant d’une page Facebook et bénéficiaires d’au moins un type d’aide publique. Les trois autres colonnes précisent la répartition par type d’aide. Les valeurs répertoriées dans la première colonne sont inférieures ou égales à la somme des valeurs des trois autres colonnes car les PME peuvent bénéficier de différents types d’aides publiques au cours d’une même année.
Source : calculs de l’OCDE réalisés à partir de l’enquête Facebook-OCDE-Banque mondiale sur l’avenir des entreprises (décembre 2020)
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une analyse de l’efficacité des aides publiques au sens propre, le rapport diffusé sous la cote CFE/PME(2021)2 identifie certains enseignements importants à tirer des mesures de soutien mises en place pour faire face à la crise au cours de l’année passée. Ce rapport met toutefois en avant que certaines caractéristiques des mesures de soutien, comme leur rapidité ou leur facilité d’accès, sont des facteurs déterminants de leur efficacité. Il souligne également le grand nombre d’objectifs d’action publique en fonction desquels les mesures de soutien devront être évaluées, comme leur capacité à toucher les entreprises vulnérables, à sauver les entreprises viables, à préserver les emplois ou encore à encourager la réorganisation des entreprises (p. ex., leurs investissements dans les outils numériques). Les travaux de recherche devront à l’avenir s’appuyer sur des sources de données qui couvrent un grand nombre des caractéristiques des entreprises, et ce, afin de constituer des groupes de contrôle fiables, une description détaillée des aides dont les entreprises ont bénéficié et un large éventail de variables permettant d’évaluer leurs résultats selon différentes dimensions.
References
[49] Adams-Prassl, A. et al. (2020), The impact of the coronavirus Lockdown on mental health: evidence from the US.
[7] Almeida, H. and M. Campello (2007), “Financial Constraints, Asset Tangibility, and Corporate Investment”, Review of Financial Studies, Vol. 20/5, pp. 1429-1460.
[60] Bakhtiari, S. et al. (2020), “Financial Constraints and Small and Medium Enterprises: A Review”, Economic Record, https://doi.org/10.1111/1475-4932.12560.
[13] Banerjee, R. et al. (2020), COVID-19 and Corporate Sector Liquidity, BIS Bulletin, n° 10, https://www.bis.org/publ/bisbull10.pdf.
[18] Banque de France (2020), Défaillances d’entreprises, juillet 2020.
[35] Bartik, A. et al. (2020), How are Small Businesses Adjusting to COVID-19? Early Evidence from a Survey, NBER Working Paper No. 26989, http://dx.doi.org/10.3386/w26989.
[26] Beland, L., O. Fakorede and D. Mikola (2020), Canadian Small Businesses’ Employees and Owners during COVID-19, Global Labor Organization (GLO).
[25] Beland, L., O. Fakorede and D. Mikola (2020), “Short-Term Effect of COVID-19 on Self-Employed Workers in Canada”, Canadian Public Policy, Vol. 46/s1, http://dx.doi.org/10.3138/cpp.2020-076.
Notes
← 1. Le forte Graphique 1.2 n’a pas pour objet d’indiquer ce qu’aurait être le résultat économique d’un pays si des mesures de confinement moins strictes avaient été adoptées. Établir un tel scénario contrefactuel nécessiterait une analyse spécifique de la manière dont la situation sanitaire du pays aurait évolué si d’autres politiques avaient été mises en œuvre.
← 2. Au moment de la rédaction du présent document, les comptes nationaux trimestriels pour le 1er trimestre 2021 n’ont pas encore été publiés pour l’ensemble des pays de l’OCDE.
← 3. Ces taux sont calculés pour les secteurs dont la répartition de l’emploi par taille d’entreprise est possible. Autrement dit, ils correspondent à la taille relative des barres bleues par rapport à la somme des barres bleues, orange et grises dans le Graphique 1.4.
← 4. Un examen complet des conditions de financement des PME et des nouvelles sources de financement offertes au cours des années précédant la crise du COVID19 est disponible dans le document intitulé Le financement des PME et des entrepreneurs 2020 : Tableau de bord de l’OCDE (OCDE, 2020[63]).
← 5. Voir l’édition spéciale sur les conséquences du COVID19 du rapport intitulé « Le financement des PME et des entrepreneurs. Tableau de bord de l’OCDE » (OCDE, 2020[61]), ainsi que le chapitre 2 du présent rapport.
← 6. Pour une récente enquête sur les contraintes financières et les PME, voir (Bakhtiari et al., 2020[56]).
← 7. Dans la mesure où le nombre de faillites a également baissé (voir ci-dessous), le solde de créations d’entreprises pourrait rester positif sur cette période malgré la baisse des créations brutes d’entreprises.
← 8. Pour une liste d’exemples en Europe, voir https://sifted.eu/articles/startup-initiatives-coronavirus/.
← 9. Conformément à la définition américaine des petites entreprises, les auteurs se sont intéressés aux entreprises de moins de 500 salariés. La définition de l’OCDE est légèrement plus restrictive, puisqu’elle limite les PME à 250 salariés. Voir l’encadré 1.1 dans (OCDE, 2019[58]).
← 10. Ces « autres services » incluent : les activités immobilières ; les arts, les spectacles et les loisirs ; et les services à la personne (p. ex., la réparation d’articles ménagers, le lavage de textile ou la coiffure).
← 12. https://dataviz.worldbank.org/views/SME-COVID19/Overview?%3Aembed=y&%3AisGuestRedirectFromVizportal=y&%3Adisplay_count=n&%3AshowAppBanner=false&%3Aorigin=viz_share_link&%3AshowVizHome=n&fbclid=IwAR0vfwIVUpPgT9qn7w9473B7hyi8mVlB4PZVkosOLRJCQR6NgS1ZJPeR5qM.
← 13. Ces effets marginaux sont déterminés à partir de la même régression (logit) qui prend en compte la taille des entreprises, le secteur économique, l’évolution des ventes et les effets fixes par pays. Ces effets sont donc cumulatifs. Ainsi, les PME ayant connu les baisses de ventes les plus importantes dans le secteur de l’hébergement et de la restauration étaient plus susceptibles de bénéficier d’aides publiques que les autres PME du même secteur.
← 14. Les données relatives à l’ampleur des mesures d’aides fiscales en réaction à la pandémie de COVID19 sont fournies par le Fonds monétaire international (FMI, 2021[53]). Les dépenses budgétaires directes incluent à la fois les dépenses « ordinaires et définitives » (p. ex. : subventions salariales, allocations directes à certains groupes d’individus ou allégement des impôts sur les salaires) et les mesures « extraordinaires » (p. ex. : apports de capitaux ou reprises de dette).
← 15. Ces résultats découlent d’une évaluation économétrique prenant en compte la portée des différents types d’aides fiscales, ainsi que l’âge des entreprises, la taille des entreprises, leur secteur d’activité et la rigueur des mesures de confinement.
← 16. Il conviendra d’approfondir cette question lorsque des statistiques complémentaires seront disponibles sur les faillites, ventilées par taille d’entreprise.
← 17. Les données sur la rigueur des mesures de confinement sont issues de l’outil de suivi des mesures gouvernementales en réponse au COVID19 de l’université d’Oxford (Oxford COVID19 Government Response Tracker, OxCGRT). Cet outil associe les résultats de différents indicateurs sur la rigueur des mesures de confinement (p. ex. : fermetures des établissements scolaires ou des entreprises, annulation d’événements publics et restriction des rassemblements), puis établit un indice sur une échelle de 0 à 100.
← 18. Ces résultats découlent d’une évaluation économétrique prenant en compte la portée des différents types d’aides fiscales, ainsi que l’âge des entreprises, la taille des entreprises, leur secteur d’activité et la rigueur des mesures de confinement.
← 19. L’évaluation économétrique confirme que cette corrélation positive est statistiquement significative et fiable pour permettre l’inclusion d’un large éventail de variables de contrôle.
← 20. Ces résultats découlent d’une évaluation économétrique prenant en compte la portée des différents types d’aides fiscales, ainsi que l’âge des entreprises, la taille des entreprises, le secteur économique et la part des entreprises dans le pays qui ont déjà bénéficié de soutien, ainsi que la rigueur des mesures de confinement.