La population mondiale de réfugiés atteint aujourd’hui le niveau le plus élevé jamais observé – selon les derniers chiffres, ils sont aujourd’hui quelque six millions dans les pays de l’OCDE. La plupart y sont arrivés au cours des cinq dernières années, dans le cadre de la vague d’immigration record récemment enregistrée, en particulier en 2014-16.
Bien que les flux totaux aient diminué ces deux dernières années, il convient de dégager des enseignements de ces arrivées récentes pour faire face à d’autres situations de crise, ailleurs ou dans le futur. Il existe en effet de nombreuses régions dans le monde où des crises humanitaires provoquent d’importants flux de migration, dans les pays en développement et émergents notamment. Si les pays de l’OCDE peuvent tirer des leçons de ces situations, le bilan des politiques d’intégration mises en œuvre par les pays membres constitue également un savoir collectif qui peut s’avérer utile dans d’autres pays. À vrai dire, les facteurs de risque susceptibles de déclencher d’autres crises humanitaires ne devraient pas diminuer à l’avenir, y compris dans des régions proches de nombreux pays de l’OCDE. Un moyen de mieux se préparer à affronter ces risques futurs consiste à procéder à une évaluation approfondie des interventions nationales et multilatérales menées ces cinq dernières années pour faire face à l’afflux de réfugiés.
L’intégration des réfugiés et des autres immigrés vulnérables (voir l’encadré ci‑dessous pour une définition de ce groupe) est un objectif d’importance prioritaire, pour deux raisons. La première est qu’en améliorant l’employabilité de ces personnes, les pays d’accueil peuvent les aider à réaliser leur plein potentiel économique et tirer ainsi parti des retombées économiques positives. La seconde est que l’accroissement de l’employabilité permet aux réfugiés et aux autres immigrés vulnérables d’être mieux acceptés par la population locale et favorise leur insertion sociale. Un échec de leur intégration entraîne des coûts – en termes d’exclusion sociale, de tensions et de creusement des inégalités dans la société. Il risquerait en outre de limiter considérablement les solutions envisageables pour faire face à de futures vagues de migration.
Le présent rapport s’inscrit dans le prolongement d’un effort collectif de l’OCDE qui a mobilisé les ressources et l’expertise de l’ensemble de l’Organisation, ainsi que la participation de divers comités et groupes de travail. Il réunit des éléments portant sur de nombreux aspects du processus d’intégration des réfugiés et autres immigrés vulnérables dans les pays d’origine, de transit et de destination, tant sur le plan des résultats économiques et sociaux que des politiques en vigueur pour faire face aux défis que pose un nombre d’arrivées supérieur à la norme.
Le rapport s’intéresse en particulier aux moyens de renforcer la résilience des systèmes, à savoir : les capacités de réaction immédiates en cas de chocs extérieurs et imprévus ; l’aptitude à absorber le choc d’une situation d’urgence à court terme ; les capacités d’adaptation pour se relever des conséquences de ces chocs et limiter les pertes ; et les capacités de transformation à long terme pour anticiper des crises similaires et atténuer leurs conséquences.
La première partie du rapport donne une vue d’ensemble des récents flux d’immigrés en quête de protection, en analyse les retombées économiques escomptées, et présente les grandes étapes de la réponse multilatérale. La deuxième partie examine les nombreux aspects de l’intégration des réfugiés et des autres immigrés vulnérables, du point de vue de leurs résultats économiques et sociaux et des facteurs spécifiques de vulnérabilité. Elle contient également une évaluation détaillée des politiques mises en place pour assurer la subsistance et l’intégration de ces personnes dans les pays de destination et de transit, ainsi que dans les pays d’origine à leur retour. La troisième partie aborde les questions de l’anticipation, du suivi et de la réaction, examine le rôle des mécanismes d’alerte avancée et la tâche délicate qui consiste à améliorer les informations afin de mieux assurer le suivi des résultats et de formuler des politiques.
Le rapport s’efforce d’apporter des réponses aux problèmes que pose l’arrivée imprévue d’un nombre relativement élevé de réfugiés et autres immigrés vulnérables, en tenant compte des difficultés que présentent l’accueil et l’intégration de personnes qui n’ont pas choisi de quitter leur pays. Bien qu’il ne soit en aucun cas facile de trouver des solutions à ces problèmes, l’expérience acquise par les pays de l’OCDE dans ce domaine constitue une base de connaissances qui permettra d’éviter les erreurs du passé et de mener des interventions plus efficientes lorsque des situations analogues surgiront.