Depuis des décennies, les responsables des politiques de santé s’efforcent de mettre en place des systèmes de santé performants, qui permettent aux populations d’obtenir de bons résultats en matière de santé, de prévenir les maladies et de fournir des soins de haute qualité accessibles à tous, à un coût abordable pour les contribuables et les patients.
Ces questions sont devenues encore plus pressantes aujourd’hui. Les systèmes de santé sont soumis à une pression accrue pour obtenir de bons résultats dans de nouvelles conditions. La crise du COVID-19 a bouleversé les sociétés et les économies. Elle a mis en évidence la nécessité pour les systèmes de santé d’être correctement équipés pour faire face aux chocs majeurs et s’en remettre rapidement. Dans ce contexte, il est devenu essentiel pour les systèmes de santé de développer des moyens d’évaluer leur résilience aux perturbations. Cette notion de résilience des systèmes de santé est essentielle, que le choc soit le fait d’une cause externe, comme un agent pathogène susceptible de provoquer une pandémie, d’autres menaces biologiques, d’une guerre ou de défis plus persistants tels que le vieillissement de la population ou les menaces environnementales.
Les systèmes de santé se sont trop souvent concentrés sur ce qu’ils pouvaient fournir, plutôt que sur les besoins et les préférences des personnes. Les gens réclament des soins davantage centrés sur ce qui compte le plus pour eux, et les systèmes de santé doivent pouvoir mesurer et évaluer leur capacité à répondre aux besoins et aux attentes des patients. Les systèmes de santé doivent également améliorer les résultats et l’expérience des soins, notamment tels qu’ils sont évalués et rapportés par les patients eux-mêmes. En outre, avec le vieillissement des populations, l’évolution des besoins de santé exige une plus grande continuité des soins, l’intégration des services et des données, et des populations compétentes en matière de santé. Il s’agit là d’éléments essentiels pour des systèmes de santé performants et centrés sur la personne.
Le changement climatique est un défi permanent qui accentue la pression sur les systèmes de santé. Il requiert une action immédiate pour répondre de manière adéquate aux besoins sanitaires nouveaux et croissants causés par les vagues de chaleur et d’autres menaces liées au climat. L’impact environnemental et l’empreinte carbone des systèmes de santé eux-mêmes doivent également être réduits. Pourtant, aujourd’hui, nous n’évaluons toujours pas de manière adéquate la capacité des systèmes de santé à répondre à la pression exercée par le réchauffement climatique sur la santé et le bien-être des populations, ni leur capacité à contribuer à la durabilité de l’environnement et à réduire leur empreinte carbone.
La transformation numérique et l’intelligence artificielle offrent de nouvelles opportunités pour repenser la façon dont les systèmes de santé peuvent proposer des soins de grande qualité accessibles à tous. La télémédecine permet de rapprocher les services de la population. L’intelligence artificielle présente un fort potentiel d’amélioration des soins cliniques, de la recherche et de la gouvernance des systèmes. Ces technologies pourraient améliorer les performances des systèmes de santé, mais il faut pour cela relever les défis éthiques qui y sont liés – et les systèmes de santé doivent être en mesure d’évaluer leur impact de manière plus efficace.
Enfin, la nécessité pour les systèmes de santé de fournir des soins de qualité et sûrs dans un contexte de pression croissante sur les budgets signifie qu’il leur est de plus en plus demandé de fournir, de récompenser et de mesurer la valeur plutôt que le simple volume de soins. Les efforts d’optimisation des ressources doivent s’accompagner d’une meilleure capacité à évaluer les effets sur différents groupes de population, indépendamment de l’âge, du revenu ou du genre, en accordant une attention particulière aux plus vulnérables.
Cette évolution du contexte d’action requiert une nouvelle vision de l’évaluation des performances des systèmes de santé, qui intègre de nouvelles dimensions de la performance telles que la résilience, l’approche centrée sur la personne et la durabilité environnementale.
L’évaluation des performances des systèmes de santé est devenue un élément crucial pour s’assurer que les systèmes de santé proposent des soins de qualité et répondent aux besoins des individus. En évaluant les systèmes de santé de manière cohérente et systématique, cette évaluation constitue un élément précieux pour aider les responsables publics à identifier les domaines qui nécessitent une amélioration, à favoriser une meilleure affectation des ressources, et à évaluer la réalisation des principaux objectifs de l’action publique.
Au cours des trois dernières décennies, l’évaluation des performances des systèmes de santé a constitué un élément clé des efforts de l’OCDE pour favoriser une qualité élevée des soins dans un contexte d’augmentation des dépenses et d’évolution des tendances démographiques. Les mesures de la performance des systèmes de santé ont évolué au fur et à mesure de l’apparition de nouvelles données sur les politiques et les expériences du secteur de la santé, depuis la première publication par l’OCDE d’examens comparatifs des réformes des systèmes de santé en 1992 (voir à l’Annexe A une description plus détaillée de l’histoire de l’évaluation des performances des systèmes de santé). Le nouveau Cadre élaboré par le Secrétariat reflète l’évolution du paysage actuel des systèmes de santé et conjugue plusieurs composantes d’autres cadres actuellement utilisés.