La définition de la « population immigrée » varie selon les pays. La plupart des pays d’installation (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande), le Royaume-Uni et les pays d’Amérique latine membres de l’OCDE comme le Mexique font généralement référence à la population née à l’étranger. Les autres pays européens utilisent plusieurs notions différentes, parmi lesquelles des facteurs comme la nationalité actuelle, la nationalité à la naissance, le pays de naissance et l’appartenance ethnique autodéclarée. Quelques pays de l’UE excluent de leur définition nationale de la population immigrée les expatriés (nationaux de naissance nés à l’étranger), comme la France ou l’Italie, ou les étrangers nés à l’étranger qui appartiennent au même groupe ethnique que la population majoritaire (par exemple la Hongrie, la Grèce et en partie aussi l’Allemagne). D’autres peuvent aussi prendre en compte une durée de séjour minimum pour définir la population immigrée, par exemple les pays ayant des registres de population. Au Japon et en Corée, les statistiques utilisent essentiellement la notion de nationalité. Au Canada, de façon générale, les personnes titulaires d’un permis de résidence temporaire sont exclues de la catégorie des immigrés.
Pour ce qui est de la définition des descendants d’immigrés, les pays d’immigration de longue date sont nombreux à englober les enfants nés dans le pays d’au moins un parent immigré, ou les enfants nés dans le pays qui possèdent une nationalité étrangère. D’autres prennent seulement en considération les enfants nés dans le pays de deux parents immigrés. La plupart des pays disposent de peu d’informations sur les descendants d’immigrés parce que les informations sur l’origine des parents sont rarement recueillies. Le présent rapport évite d’employer l’expression très répandue d’immigrés « de la deuxième génération », qui laisse entendre que le statut d’immigré se transmet de génération en génération. Elle est en outre inappropriée, puisque dans les faits les personnes concernées ne sont pas immigrées puisqu’elles sont nées dans le pays.
Le présent rapport définit les immigrés comme la population née à l’étranger. En fait, contrairement à la nationalité qui peut changer au cours de la vie, le lieu de naissance, lui, reste le même. En outre, les conditions d’acquisition de la nationalité du pays d’accueil sont très différentes, rendant difficiles les comparaisons internationales. Dans les pays qui sont plus libéraux à cet égard – par exemple les pays d’installation de l’OCDE –, la plupart des ressortissants étrangers peuvent être naturalisés au bout de cinq années de résidence. Quelques pays européens, comme la Suède, appliquent aussi ces critères relativement favorables à certaines catégories de personnes. En revanche, les descendants d’immigrés sont nombreux à ne pas détenir la nationalité de leur pays de naissance dans les pays baltes, en Suisse et en Allemagne, par exemple.
Plusieurs raisons expliquent l’écart entre les résultats des immigrés – en particulier ceux qui sont arrivés à l’âge adulte – et ceux des personnes nées dans le pays. Les immigrés ont été élevés et éduqués dans un environnement, et souvent une langue, qui peuvent être différents de ceux du pays d’accueil. Si certains des éléments liés à leur origine étrangère risquent d’empêcher leur pleine intégration, ils ne représentent en général plus des obstacles lorsque les individus résident longtemps dans leur pays d’accueil.
La problématique est très différente s’agissant des descendants d’immigrés. Élevés et instruits dans le pays d’accueil, ils ne devraient pas rencontrer les mêmes obstacles que leurs parents et l’on s’attendrait à ce qu’ils obtiennent des résultats analogues à ceux des descendants de parents nés dans le pays. À bien des égards, les résultats des descendants d’immigrés sont par conséquent un meilleur indicateur de l’intégration que les résultats des personnes nées à l’étranger. La situation des individus nés à l’étranger, mais arrivés enfants dans les âges de scolarité obligatoire, est également différente de celle des étrangers arrivés à l’âge adulte. En fait, pour ces derniers, certaines caractéristiques clés, comme le niveau d’éducation, ne sont guère influencées par les politiques d’intégration (puisqu’ils ont effectué leur scolarité à l’étranger) et ne devraient donc pas être considérées comme des indicateurs d’intégration. En revanche, le niveau d’éducation est un indicateur clé pour les individus qui sont arrivés enfants et pour ceux qui sont nés dans le pays de parents immigrés.
Le Graphique 1.1 donne un aperçu de la population d’origine immigrée ventilée en fonction des critères susmentionnés, à savoir les individus nés à l’étranger qui sont arrivés à l’âge adulte, les individus nés à l’étranger qui sont arrivés enfants et les descendants d’immigrés. On distingue en outre dans cette dernière catégorie ceux dont les deux parents sont nés à l’étranger et ceux dont un seul parent est né à l’étranger (c’est-à-dire « d’origine mixte »). Le rapport examine plus en détail ces dernières catégories de personnes dans le chapitre 7 sur les jeunes.
D’après des données administratives et des enquêtes menées auprès des ménages, près de 10 % des personnes qui résident dans l’OCDE et 11 % dans l’UE sont nées à l’étranger. Parmi la population immigrée, un quart est arrivé avant l’âge de 15 ans dans l’OCDE, une part qui est légèrement supérieure dans l’UE (28 %). Les personnes nées dans le pays d’au moins un parent immigré représentent environ 7 % de la population totale de l’OCDE comme de l’UE, soit environ 85 et 35 millions de personnes, respectivement. Dans l’ensemble de l’OCDE, un peu plus de la moitié des descendants d’immigrés ont leurs deux parents qui sont nés à l’étranger. Cette part est quelque peu inférieure dans l’UE, où les personnes d’origine mixte sont majoritaires. La grande majorité des descendants d’immigrés ont un parent né dans le pays et un parent né à l’étranger dans les nouveaux pays de destination où ils sont peu nombreux, mais aussi en Suède et dans les pays de l’Europe centrale et orientale dans lesquels la population immigrée est relativement âgée.