L’engagement civique fournit des informations sur la question de savoir si les citoyens peuvent participer et participent effectivement à des activités civiques importantes, leur permettant d’influer sur la société dans laquelle ils vivent. Dans les pays de l’OCDE, la participation électorale est restée relativement stable par rapport à 2010-13, s’établissant à 69 % durant la période 2016-19. En revanche, seul un habitant des pays de l’OCDE sur trois estime avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics. Les seniors votent plus que les autres, mais les personnes d’âge moyen sont plus susceptibles de déclarer qu’elles ont le sentiment d’avoir leur mot à dire – même si les tendances varient d’un pays de l’OCDE à l’autre. Par ailleurs, 84 % des personnes diplômées du supérieur indiquent avoir voté, contre 78 % de celles qui ne sont pas allées au-delà de l’enseignement secondaire. Les différences entre hommes et femmes sont généralement faibles – en moyenne dans les pays de l’OCDE, il n’y a pas d’écart entre hommes et femmes, que ce soit pour la participation électorale ou pour le sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics. Il subsiste néanmoins des inégalités dans certains pays de l’OCDE, et elles sont le plus souvent en faveur des femmes.
Comment va la vie ? 2020
12. Engagement civique
Abstract
Participation électorale
Au cours de la période 2016-19, la participation électorale a été comprise entre 91 % en Australie, où le vote est obligatoire, et 46.5 % au Chili (Graphique 12.2). En moyenne, environ les deux tiers des personnes inscrites sur les listes électorales des pays de l’OCDE ont voté au cours de la dernière élection (68.7 %), et ce pourcentage est resté stable par rapport à 2010-13. Cette stabilité moyenne masque cependant une progression d’au moins 5 points de pourcentage en Autriche, au Canada, en Colombie, en Hongrie et aux Pays-Bas (pays qui, pour la plupart, affichaient déjà un taux de participation électorale supérieur à la moyenne) et des chutes de plus grande ampleur, de plus de 7 points de pourcentage au Japon et de 10 points de pourcentage en Lettonie et en Slovénie.
Avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics
La proportion de personnes qui ont le sentiment d’avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics est comprise entre 9.6% en France et près de 70 % en Lituanie et en Grèce, et s’établit à 34 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (Graphique 12.3). À l’inverse, 46 % des personnes en moyenne estiment ne pas avoir leur mot à dire et les 20 % restants sont ambivalents. Les pays nordiques, le Chili, la Lituanie, la Grèce et les États-Unis sont les seuls pays de l’OCDE où la proportion de personnes estimant avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics est supérieure à la proportion de celles qui pensent le contraire.
Inégalités en matière d’engagement civique : écarts entre groupes de population
Les écarts entre hommes et femmes en matière d’engagement civique sont faibles, et les femmes devancent légèrement les hommes
Dans la majorité des pays de l’OCDE, les différences entre hommes et femmes en matière de comportement électoral et de sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics sont très faibles. La parité est même atteinte en moyenne dans la zone de l’OCDE. Lorsqu’il existe des différences, les femmes font mieux que les hommes dans une petite majorité de pays (Graphique 12.4). C’est dans les pays nordiques et en Corée que cet écart en faveur des femmes est le plus grand ; la Suède (où 47.9 % des femmes et 41.3 % des hommes estiment avoir leur mot à dire) se classe en tête. La République tchèque, le Japon et la Hongrie sont les pays qui affichent l’écart le plus grand en faveur des hommes. Dans la moitié des 24 pays de l’OCDE pour lesquels des données autodéclarées sur le taux de participation électorale sont disponibles, les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes à déclarer voter, avec un écart compris entre moins de 1 point de pourcentage en Australie, en Israël et en Hongrie et 9 points en Lituanie. Il n’existe pas de corrélation entre les écarts en matière d’engagement civique : dans les pays où les femmes sont plus nombreuses à voter, elles ne sont pas nécessairement plus nombreuses que les hommes à estimer qu’elles ont leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics, et vice versa.
L’engagement civique diffère sensiblement selon l’âge et le niveau d’études
La participation électorale autodéclarée est plus élevée parmi les seniors que parmi les jeunes et les personnes d’âge moyen. Dans tous les pays pour lesquels des données sont disponibles, c’est parmi les jeunes de 15 à 24 ans que le taux de participation électorale est le plus faible : dans les pays de l’OCDE, il est en moyenne de 68 %, contre 85 % parmi les personnes de 54 ans ou plus (Graphique 12.5). L’écart entre générations est plus grand dans les pays où la participation électorale est globalement plus faible, ce qui signifie que les différences de participation électorale des jeunes expliquent la plus grande partie des écarts observés entre les pays.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, il n’existe que des différences très limitées entre tranches d’âge en ce qui concerne le sentiment d’avoir son mot à dire sur les décisions des pouvoirs publics. Ces différences sont toutefois non négligeables dans certains pays (Graphique 12.6). Dans certains cas, les personnes âgées sont moins susceptibles que les générations plus jeunes d’avoir le sentiment qu’elles ont leur mot à dire sur les affaires publiques (en Corée, en Estonie, en Pologne, en Slovénie, en République slovaque et en Autriche, par exemple). À l’inverse, dans d’autres pays, les seniors sont plus susceptibles que les jeunes d’avoir ce sentiment (en Nouvelle-Zélande, en Lituanie, en Grèce, aux États-Unis, au Royaume-Uni (Angleterre) et en Australie, par exemple). Au Chili, ce sont les personnes d’âge moyen qui estiment le plus souvent avoir leur mot à dire sur les décisions des pouvoirs publics.
Dans 20 pays de l’OCDE sur 24, les personnes qui ont un niveau d’études élevé sont plus susceptibles de voter que les autres (Graphique 12.7). En moyenne, 84 % des personnes qui ont suivi des études supérieures déclarent avoir voté, contre 78 % de celles qui ne sont pas allées au-delà de l’enseignement secondaire.
Encadré 12.1. Mesure et programme statistique à venir
L’engagement civique fournit des informations sur la question de savoir si les citoyens peuvent participer et participent à diverses activités civiques importantes, à travers lesquelles ils peuvent exercer une influence sur la société dans laquelle ils vivent. Une batterie idéale d’indicateurs permettrait de mesurer si les citoyens ont des possibilités de s’impliquer ; s’ils pensent avoir les compétences, capacités et autres ressources nécessaires à cette fin ; s’ils saisissent effectivement les possibilités à leur disposition ; et si le fait de saisir ces possibilités change réellement les choses en pratique. Ce chapitre présente des données sur les droits et préférences politiques des citoyens (participation électorale) et sur l’influence qu’ils pensent avoir à cet égard (le sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics) (Tableau 12.1). Il est complété par le chapitre 16, qui est consacré au capital social et qui porte sur certains facteurs institutionnels (comme la participation des parties prenantes à la gouvernance) et certaines normes sociales (comme la confiance envers les institutions) qui ont un lien avec l’engagement civique.
Tableau 12.1. Indicateurs d’engagement civique examinés dans ce chapitre
Moyenne |
Inégalités verticales (écart entre les parties supérieure et inférieure de la distribution) |
Inégalités horizontales (écarts entre les groupes en fonction du sexe, de l'âge et du niveau d’études) |
Privations |
|
---|---|---|---|---|
Participation électorale |
Proportion de votants au sein de la population inscrite sur les listes électorales |
s.o. |
Écarts de participation électorale autodéclarée |
s.o. |
Avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics |
Proportion de personnes de 16 à 65 ans estimant avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics |
s.o. |
Écarts au niveau de la proportion de personnes estimant avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics |
Proportion de personnes âgées de 16 à 65 ans estimant avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics |
La participation électorale est égale au nombre de votes exprimés en pourcentage du nombre d’inscrits (sur les listes électorales). Ces informations sont fournies par les offices statistiques nationaux et les organismes nationaux chargés de l’organisation des élections, et sont compilées par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale. Elles se rapportent aux élections nationales les plus importantes (parlementaires ou présidentielles). Les estimations relatives à la ventilation de la participation électorale (selon l’âge, le sexe et le niveau d’études) ont été obtenues au moyen de données autodéclarées recueillies dans le cadre d’enquêtes postélectorales et sont extraites de l’étude comparative des systèmes électoraux (Comparative Study of Electoral Systems).
La proportion de personnes estimant avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics est mesurée par une question posée dans le cadre du PIAAC de l’OCDE. Cette question invite les personnes interrogées à indiquer dans quelle mesure elles sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Les personnes comme moi n’ont pas leur mot à dire sur l’action publique ». Les réponses possibles sont les suivantes : « pas du tout d’accord, pas d’accord, ni d’accord ni pas d’accord, d’accord ou tout à fait d’accord ». On considère que les personnes qui choisissent les réponses « pas du tout d’accord » ou « pas d’accord » estiment avoir leur mot à dire, tandis que celles qui se disent « d’accord » ou « tout à fait d’accord » pensent ne pas avoir leur mot à dire.
Corrélations entre indicateurs de l’engagement civique
Il n’existe pas de corrélation entre le fait d’estimer avoir son mot à dire sur l’action des pouvoirs publics et la participation électorale, ce qui indique que le sentiment d’être capable d’influencer la vie politique ne se traduit pas nécessairement par le comportement électoral correspondant (Tableau 12.2).
Tableau 12.2. Il n’existe pas de corrélation entre le fait d’estimer avoir son mot à dire sur l’action publique et la participation électorale
Coefficients de corrélation simple entre les indicateurs de l’engagement civique
Participation électorale (enregistrée) |
Sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action publique |
|
---|---|---|
Participation électorale (enregistrée) |
||
Sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action publique |
-0.15 (31) |
Note : Les valeurs entre parenthèses correspondent au nombre d’observations (pays). * signale des corrélations significatives au niveau p<0.10 ; ** au niveau p<0.05, et *** au niveau p<0.01.
Programme statistique à venir
Les données relatives au sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action publique proviennent de l’enquête du PIAAC, qui n’est conduite que tous les dix ans et dont les principales vagues ont été administrées en dernier lieu en 2012. L’enquête sociale européenne, qui est administrée tous les trois ans, comprend une question similaire (libellée positivement : « D’après vous, dans quelle mesure le système politique de [pays] permet-il à des personnes comme vous d’avoir leur mot à dire sur l’action des pouvoirs publics ? »), mais elle ne couvre que l’Europe. Lors des prochaines vagues, la question posée dans le cadre du PIAAC sera aussi libellée de manière positive pour améliorer la comparabilité des informations. Désormais, l’indicateur du sentiment d’avoir son mot à dire présenté dans Comment va la vie ? ne mesure que la conviction que les institutions et responsables publics réagissent aux demandes des citoyens (aspect externe) et ne tient pas compte du sentiment (aspect interne) d’avoir les compétences personnelles requises pour participer à la vie politique (Hoskins, Janmaat et Melis, 2017[1]). Dans la version révisée en 2019 de la liste d’indicateurs du développement durable établie par le Groupe d’experts interinstitutionnel, les aspects internes et externes ont été ajoutés dans le cadre de l’Objectif 16 (paix, justice et institutions efficaces) (United Nations Department of Economic and Social Affairs Statistics Division, 2019[2]).
Le vote est la forme la plus traditionnelle d’expression politique. Il existe cependant d’autres formes importantes de participation à la vie politique, par exemple la signature d’une pétition, la participation à des meetings politiques ou à des manifestations, la prise de contact avec des responsables publics et la participation à des campagnes et mouvements de protestation dans les réseaux sociaux (Boarini et Diaz, 2015[3]). On ne dispose cependant de données comparables sur ces formes de participation que pour les pays européens (à travers l’enquête européenne sur la qualité de vie), si bien que ces données ne sont pas prises en compte ici.
Références
[3] Boarini, R. et M. Diaz (2015), « Cast a Ballot or Protest in the Street - Did our Grandparents Do More of Both?: An Age-Period-Cohort Analysis in Political Participation », 2015, n° 02, OECD Statistics Working Papers, Paris, https://doi.org/10.1787/5js636gn50jb-en (consulté le 11 septembre 2019).
[1] Hoskins, B., J. Janmaat et G. Melis (2017), « Tackling inequalities in political socialisation: A systematic analysis of access to and mitigation effects of learning citizenship at school », Social Science Research, vol. 68, pp. 88-101, http://dx.doi.org/10.1016/j.ssresearch.2017.09.001.
[2] United Nations Department of Economic and Social Affairs Statistics Division (2019), SDG Indicators: Global indicator framework for the Sustainable Development Goals and targets of the 2030 Agenda for Sustainable Development, http://unstats.un.org/sdgs/indicators/indicators-list/ (consulté le 12 février 2019).