Shinyoung Pyeon
Agence coréenne de coopération internationale
Coopération pour le développement 2021
36. Étude de cas : l’approche en deux volets de la KOICA en matière de passage au numérique
Abstract
L’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) a récemment adopté une approche en deux volets pour relever le défi de la transformation numérique dans les pays partenaires. Cette approche comprend une Stratégie d’intégration transversale du numérique (Digital Mainstreaming Strategy), qui a pour but d’intégrer une composante numérique dans tous les secteurs, et un Programme de transition numérique (Digital Transition Programme), visant à favoriser la transformation numérique des pays partenaires.
Messages clés
La stratégie de la Corée définit quatre piliers sur lesquels s’appuyer pour que l’aide publique au développement (APD) facilite la transformation numérique des pays partenaires : l’administration numérique, l’accessibilité numérique, l’économie numérique et la sécurité numérique.
Les projets mis en œuvre à ce jour par la KOICA dans le domaine du numérique se sont révélés particulièrement fructueux. Lors d’une récente analyse interne portant sur 29 projets numériques menés à bien, 52 % de ces projets ont été qualifiés de « succès » et 38 % de « grands succès ».
Les évaluateurs ont insisté sur la nécessité d’harmoniser les projets numériques soutenus avec l’environnement réglementaire global des pays partenaires.
Défi
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 accorde une large place à la science, à la technologie et à l’innovation (STI), vues comme des leviers pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Les technologies numériques peuvent accélérer les avancées sur la voie de la réalisation des ODD et sont indispensables à l’avènement d’une économie numérique. Toutefois, sans une approche inclusive, elles risquent de creuser encore les inégalités de revenu et les écarts entre hommes et femmes et entre population urbaine et population rurale. L’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) a mis au point une stratégie qui lui permet de contribuer à l’accélération des avancées vers la concrétisation des ODD en tirant parti de la quatrième révolution industrielle et en cherchant à combler la fracture numérique au sein des pays et entre eux, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
Approche
La stratégie en deux volets de la Corée en matière de transformation numérique est axée sur la volonté de favoriser l’engagement stratégique et l’implication de l’administration dans son ensemble en tirant parti de l’avantage comparatif de la Corée. En outre, la stratégie prévoit de faire de l’utilisation des technologies numériques une dimension transversale de tous les projets afin d’en accroître l’efficience et d’obtenir de meilleurs résultats.
Le Programme de transition numérique (KOICA, 2021[1]) vise à permettre la transformation numérique des pays partenaires. Il s’inscrit dans le prolongement du soutien que la Corée apporte de longue date aux projets d’administration électronique dans les pays partenaires en s’appuyant sur sa propre expérience et ses propres connaissances. À titre d’exemple, l’indice de l’administration numérique de l’OCDE (2020[2]) a démontré l’ampleur de l’engagement de la Corée dans le domaine de l’administration électronique, les estimations du financement qu’elle alloue à des projets numériques réalisées à partir du Système de notification des pays créanciers de l’OCDE ([3]) montrant qu’une grande partie de ses financements bilatéraux est consacrée à la transformation numérique (voir Chapitre 40).
La Stratégie d’intégration transversale du numérique (2021[4]) vise à intégrer une composante numérique dans tous les secteurs, de manière à renforcer l’impact des projets en s’appuyant sur la nature universelle des technologies numériques. Elle énonce les principes directeurs à respecter, les actions à mener et les objectifs à atteindre pour intégrer les technologies numériques dans toutes les stratégies sectorielles à mi‑parcours portant sur les domaines de l’éducation, de la santé, de la gouvernance publique, du développement rural et des STI (KOICA, 2021[5]).
La stratégie de la Corée définit quatre piliers sur lesquels sur lesquels s’appuyer pour que l’aide publique au développement (APD) facilite la transformation numérique des pays partenaires :
1. Administration numérique : renforcer l’efficacité, l’efficience, la transparence et la redevabilité.
2. Accessibilité numérique : soutenir l’infrastructure économique et sociale numérique (c’est-à-dire l’infrastructure publique, les communications et services d’utilité publique) et la maîtrise du numérique.
3. Économie numérique : soutenir le secteur du numérique et favoriser l’avènement d’un environnement propice.
4. Sécurité numérique : protéger la vie privée et la sécurité dans la société numérique.
La stratégie énonce par ailleurs les principes directeurs suivants :
concevoir des outils faciles à utiliser pour en favoriser l’utilisation ;
adopter une approche permettant l’inclusion des populations marginalisées ;
opter pour des systèmes transparents et ouverts ;
veiller à l’évolutivité et à l’interopérabilité ;
prendre les décisions sur la base de données ;
veiller à la cybersécurité.
Résultats
Les projets mis en œuvre à ce jour par la KOICA dans le domaine du numérique se sont révélés particulièrement fructueux. Lors d’une récente analyse interne portant sur 29 projets numériques menés à bien, 52 % de ces projets ont été qualifiés de « succès » et 38 % de « grands succès ». Ainsi, le projet mis en œuvre à Asunción, au Paraguay, pour améliorer le système de gestion de la circulation (KOICA, 2017[6]) a directement contribué à réduire le nombre d’accidents de la circulation, qui est passé de 373 en 2011 à 165 en 2015. Il a également permis de faire passer le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail de 42 à 33 minutes.
La KOICA projette d’établir une synthèse des résultats du Programme de transition numérique en suivant un cadre logique composé des éléments suivants :
objectifs : améliorer la gouvernance des pays partenaires, l’infrastructure économique et sociale numérique et l’accessibilité en faisant appel aux technologies numériques ;
liens avec les ODD : ODD 4, ODD 9, ODD 16 et ODD 17 ;
indicateurs de résultats : la proportion de la population se disant satisfaite de son expérience la plus récente en matière de services publics (ODD 16.6.2) ; le nombre de services numériques utilisés ou l’utilisation globale des services numériques ;
résultats principaux : pour l’administration numérique, un système établi ou une politique en matière de réglementation, du personnel ou des utilisateurs formés, etc. ; pour l’accessibilité numérique et l’infrastructure économique et sociale numérique, une infrastructure établie, l’adoption de programmes ou cursus de formation au numérique, du personnel et des utilisateurs formés, etc.
Enseignements tirés
Les évaluateurs ont insisté sur la nécessité d’harmoniser les projets numériques soutenus avec l’environnement réglementaire global des pays partenaires. Un changement de culture au profit d’une culture caractérisée par l’adhésion à la transformation numérique est un facteur de réussite essentiel.
Parmi les recommandations à suivre pendant la phase de conception des futurs projets figurent l’identification de leviers juridiques et institutionnels, l’organisation d’une vaste consultation des parties prenantes concernées et une implication précoce des utilisateurs, dès la phase de prototypage, pour garantir la facilité d’utilisation des systèmes.
Pour ce qui est des recommandations pour les phases de fonctionnement et d’entretien des futurs projets, il faut veiller à prévoir un budget suffisant pour l’entretien et du temps pour les expérimentations pilotes, si possible impliquer les entreprises technologiques locales depuis la phase de conception et de développement, et renforcer les capacités techniques et les capacités en matière de gestion des données.
Cette étude de cas est également publiée sur la plateforme en ligne d’apprentissage mutuel de l’OCDE consacrée aux Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement, dans les pages En pratique. Celles-ci décrivent des exemples de réponses concrètes à divers défis auxquels fait face la coopération et mettent l’accent sur les résultats obtenus et les enseignements tirés.
Références
[4] KOICA (2021), Digital Mainstreaming Stategy, https://tmslib.koica.go.kr/bbs/content/5_4715?pn=3& (consulté le 1 December 2021).
[5] KOICA (2021), KOICA’s Sectoral Mid-Term Strategy 2021-2025, https://koica.go.kr/bbs/koica_kr/2058/332080/download.do (consulté le 1 December 2021).
[1] KOICA (2021), Korea Digital Transition Programme, https://tmslib.koica.go.kr/bbs/content/5_4756?pn=3& (consulté le 1 December 2021).
[6] KOICA (2017), Paraguay Asuncion advanced traffic management system construction project end evaluation report, https://lib.koica.go.kr/search/detail/CATTOT000000040855?mainLink=/search/tot&briefLink=/search/tot/result?type=local_A_commandType=advanced_A_si=TOTAL_A_st=KWRD_A_lmtsn=000000000001_A_lmtst=OR_A_oi=DISP06_A_os=DESC_A_lmt0=TOTAL_A_p1=91_A_q=%EC%95%84%EC" (consulté le 1 December 2021).
[2] OCDE (2020), « Digital Government Index: 2019 results », Documents d’orientation sur la gouvernance publique de l’OCDE, n° 03, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/4de9f5bb-en.
[3] OCDE (s.d.), Système de notification des pays créanciers (SNPC), https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=crs1 (consulté le 26 November 2021).