Le chapitre 4 analyse la répartition spatiale des violences politiques et des victimes en Afrique du Nord et de l’Ouest depuis le milieu des années 2010. Les violences y évoluent de manière contrastée. Alors que le nord du Sahara enregistre un niveau de violence historiquement bas depuis la formation du Gouvernement d’accord national en Libye en 2020, l’Afrique de l’Ouest est en proie à une vague de violence sans précédent depuis 2016. Près de la moitié des événements violents et un tiers des victimes recensées en Afrique de l’Ouest depuis 1997 sont survenus au cours des trois dernières années. Ce chapitre s’appuie sur l’indicateur de la dynamique spatiale des conflits (Spatial Conflict Dynamics indicator [SCDi]) pour illustrer l’intensité des violences en termes de décès et leur diffusion croissantes.
Frontières et conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest
4. La géographie fluctuante des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest
Abstract
Messages clés
La violence politique recule en Afrique du Nord et atteint des niveaux sans précédent en Afrique de l’Ouest, où près de la moitié des événements violents et un tiers des décès enregistrés depuis 1997 ont eu lieu au cours des trois dernières années.
Au sud du Sahara, les violences sont à la fois plus intenses et dispersées géographiquement, comme le montre l’indicateur SCDi.
La plupart des conflits sont caractérisés par des foyers de violences concentrées. Cependant, le nombre de régions avec des actes dispersés augmente, suggérant que la violence se propage.
Plus de la moitié du territoire nigérian est touchée par des conflits en 2020. L’autre épicentre de violences frontalières en Afrique de l’Ouest se situe dans la région Mali-Burkina Faso-Niger.
La violence évolue de manière différente en Afrique du Nord et de l’Ouest
Les violences politiques en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest ont évolué différemment depuis la fin des années 2010. Elles ont fortement diminué au nord du Sahara depuis la signature d’un cessez-le-feu permanent entre l’Armée nationale libyenne (LNA) et le Gouvernement d’accord national (GNA), en octobre 2020, et la formation en Libye d’un Gouvernement d’union nationale en mars 2021. Si cette tendance persiste, l’Afrique du Nord devrait connaître seulement 150 événements violents d'ici la fin de 2021, contre plus de 1 200 en 2019, soit le plus grand nombre jamais enregistré depuis qu’ACLED a commencé à fournir des données détaillées en 1997 (Graphique 4.1). Le nombre de victimes devrait également rester bas en 2021, avec environ 200 morts, contre 5 000 lors de la Première guerre civile libyenne en 2011 et 3 700 lors de la Seconde guerre civile libyenne, en 2014 (Graphique 4.2). Tous les types de violences ont fortement diminué au nord du Sahara depuis 2020, y compris les explosions et les violences à distance, qui atteignirent des records dans la dernière phase du conflit libyen, lors de l’offensive ratée du Général Khalifa Haftar contre Tripoli.
Au sud du Sahara, la situation sécuritaire s’est détériorée depuis le milieu des années 2010. Les trois dernières années sont les pires jamais observées, avec plus de 15 000 événements violents et 46 000 morts, soit près de la moitié de toutes les violences politiques et un tiers des décès enregistrés par ACLED en Afrique de l’Ouest depuis 1997. Tous les types d’événements violents augmentent fortement. On compte plus de 2 200 combats et 3 000 incidents contre des civils en 2020, soit un niveau de violence sans précédent et une dégradation historique de la situation sécuritaire. Depuis 2017, les événements violents impliquant des civils surpassent les combats en Afrique de l’Ouest, et l’écart entre les deux types d’événements se creuse. Les explosions et les violences à distance, relativement rares en Afrique de l’Ouest jusqu’au milieu des années 2010, ont fait plus de 2 500 morts au cours de 500 incidents en 2020.
Les violences sont concentrées dans certains pays
Les conflits sont répartis de façon très inégale (Tableau 4.1). Entre janvier 2020 et juin 2021, 87 % des événements violents et des victimes sont concentrés dans cinq pays : le Nigéria, le Cameroun, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Le Nigéria, avec plus de 12 000 victimes dans 3 400 incidents, reste l’épicentre des violences, une tendance déjà visible depuis les années 90 (OCDE/CSAO, 2020[2]). Un tiers des événements violents et près de la moitié des décès y sont reportés et trois insurrections majeures sont en cours (lac Tchad, Middle Belt et Delta du Niger).
Le Cameroun est le deuxième pays le plus touché par les violences (17 %), en raison de l’insurrection menée par Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) autour du lac Tchad, et, plus récemment, du conflit entre le gouvernement et les minorités anglophones le long des frontières occidentales. Le conflit malien et ses ramifications au Burkina Faso et au Niger expliquent pourquoi ces trois pays sont parmi les plus touchés par les violences politiques ces dernières années. Finalement, moins de 100 événements violents ou décès sont recensés dans 14 pays d’Afrique du Nord, du golfe de Guinée et en Mauritanie, où les conflits ont presque disparu.
Tableau 4.1. Événements violents et victimes par pays, 2020-21
|
Événements violents |
Victimes |
Population |
Ratio événements (%) vs population (%) |
Ratio victimes (%) vs population (%) |
|||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
|
Nombre |
% |
Nombre |
% |
Nombre (x1000) |
% |
Ratio |
Ratio |
Nigéria |
3 406 |
33.6 |
12 506 |
46.2 |
211 401 |
38.0 |
0.9 |
1.2 |
Cameroun |
1 685 |
16.6 |
2 428 |
9.0 |
27 224 |
4.9 |
3.4 |
1.8 |
Mali |
1 469 |
14.5 |
3 774 |
13.9 |
20 856 |
3.7 |
3.9 |
3.7 |
Libye |
1 140 |
11.3 |
1 543 |
5.7 |
6 959 |
1.2 |
9.0 |
4.6 |
Burkina Faso |
1 114 |
11.0 |
3 219 |
11.9 |
21 497 |
3.9 |
2.8 |
3.1 |
Niger |
572 |
5.6 |
1 835 |
6.8 |
25 131 |
4.5 |
1.3 |
1.5 |
Tchad |
160 |
1.6 |
1 361 |
5.0 |
16 915 |
3.0 |
0.5 |
1.7 |
Bénin |
100 |
1.0 |
90 |
0.3 |
12 451 |
2.2 |
0.4 |
0.1 |
Autres |
485 |
4.8 |
314 |
1.2 |
214 454 |
38.5 |
0.1 |
0.0 |
Total |
10 131 |
100.0 |
27 070 |
100.0 |
556 887 |
100.0 |
1.0 |
1.0 |
Les sept pays mentionnés ci-dessus connaissent plus de violences au regard du nombre de leurs habitants en 2021. Le ratio entre le pourcentage d’événements ou de victimes et le pourcentage de population par pays y est supérieur à 1. Le nombre d’événements violents par habitant est relativement proche de la moyenne régionale au Nigéria, alors même qu’il s’agit de l’épicentre des violences en Afrique de l’Ouest, tandis que l’occurrence d’actes violents en regard du poids démographique est neuf fois plus élevé que la moyenne régionale en Libye, pays peu peuplé.
Les principaux foyers de violence apparus en Afrique de l’Ouest dans les années 2000 se sont étendus géographiquement et en intensité depuis 2015 (Carte 4.1). Dans le Sahel central, la diffusion du conflit malien au-delà des frontières burkinabè et nigériennes est particulièrement préoccupante. Mopti, qui recense 50 % des événements violents et des morts, est la région la plus violente du Mali, suivie de Gao, avec 20 % (Carte 4.8). La région de Kidal, où le conflit malien débute en 2012, n’est plus un foyer majeur de violence : moins de 50 événements y sont recensés en 2020-21, soit 3 % du total national (Tableau 4.2). Ces chiffres illustrent le déplacement du conflit malien du Sahara vers le Sahel et son pourtour méridional.
Au Nigéria, le nombre d’attaques quotidiennes menées par Boko Haram et ISWAP a augmenté ces dernières années après la décision du gouvernement de se retirer des zones rurales et de concentrer ses forces (et les civils) dans des villes-garnison. Les violences communautaires, le vol de bétail, les enlèvements et le banditisme sont plus fréquents dans les États de Zamfara, Sokoto et Katsina, près de la frontière nigérienne. Bien que violemment réprimées par les forces de sécurité, ces formes de violence progressent avec la prolifération des armes légères dans le nord du Nigéria (Carte 4.2).
Tableau 4.2. Événements violents et victimes par région au Mali, 2020-21
|
Événements violents |
Victimes |
||
---|---|---|---|---|
|
Nombre |
% |
Nombre |
% |
Mopti |
718 |
48.9 |
2025 |
53.7 |
Gao |
288 |
19.6 |
814 |
21.6 |
Tombouctou |
135 |
9.2 |
297 |
7.9 |
Ségou |
125 |
8.5 |
332 |
8.8 |
Ménaka |
70 |
4.8 |
150 |
4.0 |
Kidal |
48 |
3.3 |
69 |
1.8 |
Sikasso |
41 |
2.8 |
30 |
0.8 |
Kayes |
22 |
1.5 |
20 |
0.5 |
Koulikoro |
15 |
1.0 |
29 |
0.8 |
Bamako |
7 |
0.5 |
8 |
0.2 |
Total |
1 469 |
100.0 |
3 774 |
100.0 |
Note : Données disponibles jusqu’au 30 juin 2021.
Source : Auteurs d’après les données ACLED (2021[1]). Les données ACLED sont accessibles au public.
Tripoli est la ville affichant le plus grand nombre d’événements violents (541) et de morts (521) entre janvier 2020 et juin 2021, en raison de la bataille lancée par la LNA en avril 2019 dans cette ville. En Afrique de l’Ouest, les villes entre le Nigéria et le Cameroun (Bamenda, Mora, Maiduguri, Kolofata) sont parmi celles qui ont connu le plus de violences tandis que le plus grand nombre de morts est recensé dans les agglomérations touchées par l’insurrection de Boko Haram et ISWAP au nord du Nigéria (Zurmi, Mongano) et au Tchad (Mao) (Carte 4.3).
L’est et le nord du Tchad sont également devenus des sources d’instabilité au Sahara (Encadré 4.1). Les violences communautaires augmentent dans les régions du Ouaddaï, du Sila et du Wadi Fira, situées à la frontière de la région du Darfour, au Soudan. Ces conflits sont marqués par des tensions de longue date entre éleveurs et agriculteurs et des crispations ethniques entre les populations arabes et non arabes qui ont fait 37 morts entre janvier 2020 et juin 2021. Au nord, dans la région reculée du Tibesti, voisine de la Libye, les affrontements entre chercheurs d’or et milices locales, ainsi que les batailles entre les forces gouvernementales et les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), ont fait 128 morts entre janvier 2020 et juin 2021.
Encadré 4.1. Les conflits frontaliers au Tchad
Depuis son accession à l’indépendance en 1960, sous la présidence de François Tombalbay (au pouvoir entre 1960 et 1975), le Tchad a connu de nombreux conflits frontaliers, au nord comme au sud. Après le coup d’État libyen de septembre 1969, Mouammar Kadhafi revendique la bande d’Aozou, un territoire chevauchant la frontière séparant la Libye et le Tchad. Les soldats libyens y opèrent de nombreuses incursions entre 1973 et 1987 et le gouvernement soutient plusieurs rébellions armées contre l’État tchadien ; tandis que ce dernier, soutenu par la France et aux côtés des factions rebelles, combat les forces armées de Kadhafi. La défaite et la capture en 1987 de Khalifa Haftar, alors subordonné de Kadhafi qui deviendra après 2011 un acteur central en Libye avec une influence qui s’étendra au Tchad, marque cette guerre. Après les efforts de paix qui débutent en 1988, la Cour internationale de justice reconnaît la souveraineté tchadienne sur la bande d’Aozou en 1994.
Ces dernières années, le Tchad connaît des attaques transfrontalières liées à la crise du Darfour au Soudan, une insurrection jihadiste majeure autour du lac Tchad et de nouvelles incursions rebelles depuis la Libye et la République centrafricaine (RCA). Ces conflits contribuent à la militarisation de l’État tchadien (Eizenga, 2018[4]), illustrée par l’autoproclamation d’Idriss Déby au statut de « maréchal », la prise de pouvoir par sa famille dès sa disparition, et le rôle endossé par le gouvernement d’acteurs de la sécurité régionale au Sahel. La fragilité de l’État tchadien a incité ses responsables à contribuer militairement aux opérations menées au Sahel, notamment l’opération Serval dirigée par l’Armée française au Mali, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), la Force multinationale mixte (MNJTF) autour du lac Tchad, et la Force conjointe du G5 Sahel dans la zone des trois frontières du Sahel central. Dans ce sens, les déploiements militaires transfrontaliers des forces tchadiennes peuvent apparaître comme un moyen de conserver le soutien international et celui de ses pairs et de maintenir le règne de la famille Déby.
Source : Alexander Thurston pour cette publication.
Intensification et diffusion des violences
L’augmentation rapide des violences et des victimes en Afrique de l’Ouest depuis le milieu des années 2010 reflète l’intensification et l’extension de plusieurs conflits interdépendants. Ces changements peuvent être mesurés à l’aide du SCDi, développé pour cartographier l’évolution de la géographie des conflits dans la région (OCDE/CSAO, 2020[2] ; Walther et al., 2021[5]). Comme évoqué au chapitre 3, le SCDi mesure l’intensité et la concentration des violences dans les 6 540 « cellules » ou régions de 50 x 50 km qui composent l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. L’intensité des conflits correspond au nombre d’événements violents dans une région donnée divisé par sa superficie. La concentration s’obtient en comparant la distance moyenne entre les événements violents dans une région donnée avec la distance moyenne si ces manifestations étaient distribuées de manière aléatoire. Cela détermine si les événements violents d’une cellule sont concentrés ou dispersés. Les cellules peuvent connaître une intensité de conflit élevée ou faible, et une distribution concentrée ou dispersée d’événements violents.
Les conflits s’intensifient, notamment en Afrique de l’Ouest
Depuis 2019, les conflits se sont intensifiés en Afrique de l’Ouest, où un nombre croissant de régions connaissent des niveaux de violence élevés. Les violences se sont intensifiées au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Mali, au Niger et au Nigéria. Dans ces pays, les zones où l’intensité des conflits était peu élevée jusqu’à la fin des années 2010 montrent désormais des niveaux de violence particulièrement élevés en 2019 et 2020 (Carte 4.4). De plus, certains foyers isolés de violences de forte intensité commencent à fusionner. Dans le Sahel central, la frontière Mali-Burkina Faso-Niger est ainsi devenue un foyer continu de violences de forte intensité en 2020, alors que d’autres parties de la région sont encore épargnées ou relativement préservées en 2018. Tous les conflits majeurs au Nigéria connaissent la même évolution. La région du lac Tchad est désormais un foyer de violences de forte intensité de N’Guigmi (Niger) à Mubi (Nigéria) et Maroua (Cameroun). Un autre faisceau ininterrompu d’insécurités s’est formé du nord du Nigéria jusqu’au delta du Niger. En Afrique du Nord, les régions à forte intensité de violences sont beaucoup moins nombreuses en 2019 et 2020 que les années précédentes, et centrées autour de Tripoli et d’autres villes côtières.
La violence est de plus en plus dispersée
En 2019 et 2020, plus de 80 % des régions en conflit présentent une distribution concentrée d’événements violents : les conflits sont surtout locaux et rapprochés. Dans les régions où l’intensité des violences est élevée, celles-ci sont également plus concentrées. Ce type de conflits est très présent entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, au Nigéria et dans le nord-ouest de la Libye jusqu’en 2020 (Carte 4.5).
En 2021, le nombre de régions avec des violences politiques concentrées diminue à 82 % par rapport au pic de 2011, où elles représentaient 95 % des événements (Graphique 4.3). En contrepartie, les zones de violences dispersées augmentent, signe que les conflits s’affaiblissent ou qu’ils s’étendent à des régions auparavant épargnées. Dans les deux cas, la dispersion est le signe d’une transition. En Afrique de l’Ouest, des violences dispersées naissent aux marges de grandes zones de conflits, comme dans le sud du Mali, mais aussi au Ghana, en Côte d’Ivoire et dans le sud-ouest du Nigéria, illustrant une propagation de la violence. En Libye, les violences qui persistent sont fortement concentrées dans les zones urbaines, et les récents événements dispersés restent un vestige de la Seconde guerre civile.
Évolution de la géographie de la violence
L’analyse de l’intensité et de la concentration des violences permet de comprendre l’évolution de la géographie des conflits. Développé à cette fin, le SCDi identifie quatre types spatiaux de conflits, selon que les conflits s’intensifient localement, s’accélèrent, sont en transition ou s’enlisent.
Les régions où les violences sont concentrées et de forte intensité sont les plus préoccupantes. Ces dernières années, elles représentent une part croissante du Sahel central et du Nigéria (type 1 indiqué sur les Carte 4.6 et Carte 4.7). Le Nigéria est de loin le pays qui compte le plus grand nombre de régions en conflit (495). Plus de la moitié de son territoire (52 %) est touchée par un conflit en 2020.
Les régions où la violence est intense mais dispersée sont moins fréquentes en Afrique du Nord et de l'Ouest (type 2). Elles sont généralement proches d’un foyer de violence, comme dans certaines parties reculées de la frontière Mali-Burkina Faso (Carte 4.8), ou dans le delta du fleuve Niger, au Nigéria (Carte 4.9). Dans ces régions, les conflits s’accélèrent.
Les régions où les violences sont à la fois concentrées et de faible intensité sont en transition (type 3). Elles sont fréquentes en marge des grands foyers de violence, comme au Mali et au Nigéria, mais aussi dans des régions plus reculées où la violence est demeurée diffuse, comme dans le nord du Ghana ou autour de Tripoli (Carte 4.10). Dans ces régions, les conflits peuvent être en voie d’émergence ou d’achèvement.
Les régions avec une violence dispersée et de faible intensité sont assez rares (type 4). Elles sont souvent isolées des principales zones de conflit.
Le SCDi confirme l’augmentation de tous les types de conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest ces 10 dernières années. En 2020, 606 cellules sont touchées par des conflits, contre 300 en 2016 et moins de 100 en 2011. Le nombre de régions impacté est multiplié par six au cours de la dernière décennie. Les conflits avec des violences concentrées et de forte intensité (type 1) sont les plus courants depuis la fin des années 90. Leur fréquence augmente plus rapidement que les autres depuis le milieu des années 2010, touchant 329 régions en 2020, contre 65 en 2013 lorsque les Français interviennent militairement au Mali (Graphique 4.4).
Les conflits intenses et concentrés (type 1) représentent 54 % des cellules de la région en 2020, contre 28 % en 2005 (Graphique 4.5). Les zones dans lesquelles les conflits commencent ou se terminent (type 3) connaissent une croissance spectaculaire avec 185 cellules en 2020, étant désormais en seconde position. En dépit de cette augmentation, leur part diminue depuis le milieu des années 2000, où elles représentaient la moitié des régions (52 % des conflits entre 2005 et 2012). Les régions où les conflits s’enlisent (type 4) ou s’accélèrent (type 2), rares jusqu’en 2010, représentent aujourd’hui près de 15 % des cellules de la région.
L’évolution du SCDi indique que les conflits ne sont pas seulement devenus plus violents : leur nature a changé. Bien que les violences soient toujours concentrées dans la grande majorité des zones de conflits, des schémas plus diffus se développent, rendant la géographie de la violence plus volatile. Cette évolution est particulièrement marquée dans les régions frontalières, où la violence s’intensifie et s’étend (chapitre 5).
Références
[1] ACLED (2021), Armed Conflict Location & Event Data Project, https://acleddata.com.
[4] Eizenga, D. (2018), « The unstable foundations of political stability in Chad », Notes ouest-africaines, n° 12, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/508844d3-en.
[2] OCDE/CSAO (2020), « Géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest », Cahiers de l’Afrique de l’Ouest, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/4b0abf5e-fr.
[3] United Nations (2019), United Nations Population Prospects 2019, United Nations Population Division, New York.
[5] Walther, O. et al. (2021), « Introducing the Spatial Conflict Dynamics indicator of political violence », Terrorism and Political Violence, https://doi.org/10.1080/09546553.2021.1957846.