La philanthropie à l’œuvre, c’est un volume cumulé de 14.7 milliards USD octroyés en 2017 par les 50 principaux donneurs ; c’est encore l’affectation de fonds à l’élaboration d’un nouveau vaccin contre le paludisme, ou l’ouverture d’écoles dispensant un enseignement de qualité aux filles. Ces exemples et tant d’autres, qui attestent du rôle de la philanthropie dans la promotion d'un développement durable, suscitent une attention considérable. Reste à déterminer comment ce rôle peut être optimisé pour contribuer à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030. En apportant à la fois des ressources financières et des approches novatrices, les fondations montrent leur potentiel d’influence et d’impact sur le développement socio-économique dans le monde. Alors que les ressources économiques dévolues à la mise en œuvre des priorités ambitieuses des Objectifs de développement durable (ODD) sont limitées, en particulier depuis la crise financière de 2007, il est temps de concrétiser la promesse de l’action philanthropique. Pour évaluer le rôle de celle-ci, il faut d’abord disposer de données fiables. Or, l’enquête sur laquelle se fonde le présent rapport fournit des données mondiales comparables et inédites sur l’étendue et les modalités de l’appui philanthropique au développement. Il s’agit donc d’une enquête sans précédent. Ces données et ces informations qualitatives nous donnent les éléments nécessaires pour formuler des recommandations concrètes visant à optimiser le rôle de l’action philanthropique à l’appui du développement durable.
De fait, l’analyse des informations relatives aux ressources allouées par les fondations philanthropiques en faveur du développement, aux priorités retenues, aux canaux de mise en œuvre et aux liens entretenus avec d'autres acteurs nous permet de casser les préjugés et de remettre en question les idées reçues. Tout d’abord, nous avons une vision plus claire de l’importance des fondations philanthropiques, qui s’imposent comme de nouveaux acteurs influents dans le paysage du financement du développement. Si les apports de source philanthropique demeurent modestes en volume (5 %) par rapport à l'aide publique au développement (APD), ils semblent jouer un rôle majeur dans des secteurs essentiels comme celui de la santé, où ils figurent en troisième position. Ensuite, nous savons désormais plus précisément où va l’essentiel de ces financements. Les fondations philanthropiques préfèrent investir dans des économies à revenu intermédiaire stables, par le truchement de partenaires établis et de premier plan tels que les organisations internationales et les organisations non gouvernementales. Enfin, nous avons conscience de la valeur accordée par les fondations philanthropiques aux partenariats et du fait qu’elles peuvent encore accroître leur participation à des alliances avec les gouvernements, les donneurs, les entrepreneurs sociaux et les organisations de la société civile. Les données disponibles mettent à mal le stéréotype selon lequel les fondations éviteraient consciencieusement de collaborer avec d'autres partenaires au développement au niveau des pays. En réalité, la plupart des fondations interrogées aux fins de l'enquête déclarent coopérer systématiquement avec les gouvernements et les donneurs – 67 % et 45 % respectivement – dans le cadre de l’élaboration ou de la mise en œuvre de leurs programmes et projets.
De tels constats n’auraient pu être dressés sans notre collaboration étroite et notre connaissance spécialisée de l’action philanthropique au service du développement. D’un côté, le Centre de développement de l'OCDE héberge le Réseau mondial des fondations œuvrant pour le développement (netFWD). Cette plateforme de dialogue a produit des orientations pratiques mettant en exergue les avantages comparatifs des fondations dans le discours public général sur le développement durable. De l’autre, la Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE (DCD), de par sa fonction de secrétariat du Comité d'aide au développement (CAD), possède une expérience inégalée en matière d’établissement de normes statistiques et de collecte de données sur les ressources allouées aux pays en développement, en particulier l’APD. L'enquête réalisée aux fins du présent rapport est un des résultats concrets des efforts déployés par la DCD au cours des dernières années pour affiner ses statistiques sur le financement du développement, au-delà de l’aide publique. En effet, les fournisseurs d’aide publique considèrent de plus en plus les fondations comme des partenaires clés, susceptibles de démultiplier et d’optimiser leurs ressources limitées. Le rapport vient enrichir ces connaissances et apporte des éclairages originaux ainsi que des données nouvelles sur les possibilités et les facteurs propices à un engagement plus soutenu des fondations à l’appui du développement.
Le rapport présente un intérêt pratique que les responsables de l'élaboration des politiques publiques et les décideurs des organisations de la société civile, des entreprises sociales et des fondations ne manqueront pas de reconnaître. Il s’agit d’une étude complète et approfondie, qui a vocation à éclairer les politiques et les stratégies visant à favoriser la participation active des fondations philanthropiques, afin d’obtenir des résultats significatifs et durables dans le domaine du développement. Nous vous invitons à l’étudier attentivement et à l’exploiter pleinement aux fins de cet objectif dont l’importance n’est pas à démontrer.
Mario Pezzini
Directeur,
Centre de développement de l’OCDE,
Conseiller spécial auprès du Secrétaire général de l’OCDE chargé du développement
Jorge Moreira da Silva
Directeur,
Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE