1. La transformation numérique stimule l’innovation, génère des gains de productivité et améliore les services tout en favorisant une croissance plus inclusive et plus durable ainsi qu’une amélioration du bien-être. Cela étant, la portée et la rapidité de ces changements soulèvent des défis dans de nombreux domaines de l’action publique, dont la fiscalité. Aussi, la réforme du système fiscal international visant à relever les défis fiscaux que pose la transformation numérique de l’économie représente depuis plusieurs années une priorité pour la communauté internationale, qui s’est engagée à parvenir à une solution fondée sur un consensus d’ici la fin de l’année 2020.
2. Ces défis fiscaux constituaient l’un des axes principaux du Projet OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS), qui a donné lieu à l’élaboration du Rapport sur l’Action 1 du Projet BEPS (Rapport sur l’Action 1) publié en 2015 (OCDE, 2017[1]). Les auteurs du Rapport sur l’Action 1 reconnaissaient que la transformation numérique touche l’économie toute entière et qu’en conséquence, il serait difficile, sinon impossible, de délimiter le champ de l’économie numérique. En mars 2018, le Cadre inclusif a publié, en collaboration avec le Groupe de réflexion sur l’économie numérique (GREN), Les défis fiscaux soulevés par la numérisation de l’économie – rapport intérimaire 2018 (le Rapport intérimaire) (OCDE, 2018[2]), rapport qui reconnaissait la nécessité d'élaborer une solution mondiale.
3. Depuis lors, les 137 membres du Cadre inclusif ont travaillé sur une solution mondiale basée sur une approche à deux piliers. Au titre du second pilier, le Cadre inclusif est convenu de réfléchir à une approche centrée sur les questions de BEPS non résolues en offrant une solution pour que les entreprises qui exercent leur activité à l’international s’acquittent systématiquement d’un impôt minimum. Ce faisant, elle contribue à apporter une solution aux problématiques de BEPS non résolues liées à la numérisation de l’économie, numérisation qui va de pair avec un accroissement de l’importance relative des actifs incorporels dans la création de valeur, donnant aux entreprises du numérique souvent davantage d’opportunités pour recourir à des structures d’optimisation via un transfert des bénéfices. Le deuxième Pilier laisse les juridictions libres de déterminer leur propre système fiscal – elles ont ainsi le choix de mettre en place un impôt sur les bénéfices des sociétés et d’en définir les taux – et prévoit le droit d’autres juridictions d’appliquer les règles contenues dans le présent rapport lorsque les bénéfices sont taxés à un taux effectif inférieur à un taux minimum.
4. Conformément à la Note politique intitulée « Relever les défis fiscaux soulevés par la numérisation de l’économie » (OCDE, 2019[3]), approuvée le 23 janvier 2019, et au Programme de travail, approuvé les 28 et 29 mai 2019, les membres du Cadre inclusif conviennent que les règles éventuellement élaborées au titre de ce Pilier ne devront pas conduire à une imposition en l’absence de bénéfice économique, ni faire naître une double imposition. Conscients des coûts liés à la charge administrative et au respect des obligations fiscales, les membres du Cadre inclusif ont également décidé de simplifier toute règle autant que le permet le contexte de la politique fiscale, y compris en envisageant de possibles mesures de simplification.
5. Après l’adoption du Programme de travail en mai 2019, le Cadre inclusif s’est attaché à développer les différents aspects du Pilier Deux. Une consultation publique organisée le 9 décembre 2019 a rassemblé plus de 150 contributions écrites, totalisant plus de 1 300 pages provenant d’un large éventail d’entreprises, d’associations sectorielles, de cabinets juridiques et de conseil et d’organisations non gouvernementales, qui ont apporté un éclairage essentiel sur la conception de nombreux aspects du deuxième Pilier (OCDE, 2019[4]). En janvier, le Cadre inclusif a diffusé un rapport d’étape sur l’avancement des travaux techniques. Depuis janvier, et malgré l’épidémie de COVID-19, tous les membres ont fait avancer les travaux et le dialogue avec les parties prenantes s’est poursuivi par le biais de canaux numériques, y compris les groupes de contact numériques mis en place par le Comité consultatif économique et industriel auprès de l’OCDE (BIAC).
6. Ce rapport représente le Blueprint du deuxième Pilier (le « Blueprint »). Il identifie des composantes techniques du deuxième Pilier. Il recense également les domaines se rattachant à la mise en œuvre et à la simplification, pour lesquels des contributions supplémentaires des parties prenantes seraient utiles et des travaux techniques complémentaires sont nécessaires la finalisation. La finalisation du deuxième Pilier suppose aussi un accord politique sur les principales caractéristiques de conception de la règle d’assujettissement à l’impôt et des règles GloBE, y compris les exclusions, l’agrégation, la hiérarchie des règles et les taux d’imposition, sur lesquelles des divergences de vue persistent.
7. Le reste de cette section expose les considérations générales relatives à la conception, avant de s’intéresser aux aspects administratifs et de mise en conformité en matière fiscale, qui ont joué un rôle important dans l’élaboration du deuxième Pilier. Il examine ensuite la coexistence du régime GILTI des États‑Unis relatif aux revenus mondiaux générés par des actifs incorporels faiblement imposés, avant de résumer chacun des chapitres et de présenter un diagramme synoptique.