Selon la moyenne calculée sur la base des 21 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, il reste 54 ans à vivre aux diplômés de l’enseignement tertiaire à l’âge de 30 ans, soit cinq ans de plus environ qu’aux non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (49 ans).
L’association entre niveau de formation et espérance de vie à l’âge de 30 ans est plus forte chez les hommes que chez les femmes : la différence d’espérance de vie entre les niveaux de formation représente six ans chez les premiers, contre trois ans chez les secondes.
Les diplômés de l’enseignement tertiaire ont l’avantage non seulement d’espérer vivre plus longtemps, mais aussi de se dire en meilleure santé que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Dans tous les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, plus le niveau de formation est élevé, plus le pourcentage d’adultes se disant en bonne ou en très bonne santé augmente.
La prévalence de l’obésité est plus élevée chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire que chez les diplômés de l’enseignement tertiaire. Selon la moyenne calculée sur la base des 26 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, l’incidence de l’obésité chez les 25-64 ans est particulièrement élevée dans l’effectif non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (25 %) et relativement peu élevée dans l’effectif diplômé de l’enseignement tertiaire (14 %).
Regards sur l’éducation 2021
Indicateur A6. En quoi les retombées sociales sont-elles liées à l’éducation ?
Faits marquants
Contexte
La santé est un domaine important pour l’action publique dans les pays de l’OCDE, vu non seulement l’allongement de l’espérance de vie enregistré ces dernières décennies, mais aussi l’actuelle pandémie de COVID-19.
Par ailleurs, des retombées autres que les retombées classiques de l’éducation – telles que la rémunération, l’emploi et le PIB – suscitent de plus en plus d’intérêt, par exemple des aspects non économiques, tels que le bien-être et le progrès social – la santé, l’engagement civique, l’intérêt pour la politique, la criminalité et le bonheur (OCDE, 2010[1]).
Dans ce contexte, les responsables politiques, les chercheurs et les praticiens versés dans l’éducation commencent à réfléchir au rôle que l’éducation peut avoir dans l’amélioration du bien-être et la réduction des inégalités en matière de santé.
Selon un grand nombre d’études empiriques, l’éducation est en relation étroite avec la santé et les déterminants de la santé, tels que les comportements sains, les situations dangereuses et la fréquentation des services de prévention (Feinstein et al., 2006[2] ; Cutler et Lleras-Muney, 2006[3]).
La présente édition de Regards sur l’éducation étudie l’association entre le niveau de formation et les comportements sains, susceptibles d’intervenir dans la relation entre le niveau de formation et l’obésité, l’espérance de vie ou encore le bien-être subjectif.
Les analyses présentées ci-après sont dérivées des résultats de simples corrélations à deux variables. Il faut toutefois garder présent à l’esprit le fait que l’éducation n’influe pas sur la santé indépendamment d’autres facteurs. En fait, de nombreux facteurs se conjuguent pour influer à la fois sur l’éducation et les comportements, d’une part, et sur les retombées en matière de santé, d’autre part (Brunello et al., 2011[4]). De plus, l’association entre l’éducation et la santé n’est pas unidirectionnelle. Un mauvais état de santé peut non seulement expliquer un niveau de formation peu élevé, mais aussi bloquer l’accès à des niveaux d’enseignement supérieurs (OCDE, 2019[5]). À ce sujet, l’encadré A6.1 fournit quelques résultats empiriques sur des troubles neurodéveloppementaux qui font obstacle à l’enseignement post-secondaire au Canada, aux États-Unis et en Israël.
Autres faits marquants
Le pourcentage d’adultes se disant en bonne ou en très bonne santé varie davantage chez les femmes que chez les hommes entre les diplômés de l’enseignement tertiaire et les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans tous les pays dont les données sont disponibles. Dans les pays de l’OCDE dont les données proviennent des EU-SILC, la différence de pourcentage de 25-64 ans se disant en bonne ou en très bonne santé entre les diplômés de l’enseignement tertiaire et les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire représente 31 points de pourcentage chez les femmes, contre 24 points de pourcentage chez les hommes.
La différence de pourcentage d’adultes obèses entre les niveaux de formation est légèrement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Dans les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le gradient du niveau de formation atteint en moyenne 13 points de pourcentage chez les femmes, contre 8 points de pourcentage chez les hommes.
Les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire consomment à leurs dires moins de fruits et légumes que les plus instruits. Selon la moyenne calculée sur la base des 32 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le pourcentage de 25-64 ans qui consomment au moins cinq portions de fruits et légumes par jour varie entre 12 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et 19 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire.
L’activité physique en dehors du cadre professionnel est moindre chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire que chez les plus instruits. Selon la moyenne calculée sur la base des 30 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le pourcentage de 25-64 ans ayant au moins 180 minutes d’activité physique par semaine en dehors de leur travail s’établit à 40 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et à 56 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire (soit un gradient moyen de 16 points de pourcentage).
Remarque
Les différences par niveau de formation et sexe présentées dans cet indicateur sont calculées abstraction faite du milieu socio-économique et d’autres facteurs susceptibles d’intervenir. La prudence est donc de mise lors de l’interprétation du gradient du niveau de formation.
Analyse
Éléments à l’appui de la relation entre l’éducation et l’espérance de vie
L’espérance de vie est le reflet d’une longue trajectoire dans laquelle des aspects de la situation socio-économique influent sur l’état de santé et des facteurs de mortalité. Dans les pays de l’OCDE, l’espérance de vie à la naissance a atteint en moyenne près de 81 ans en 2018 ; elle est cinq ans plus élevée chez les femmes (83 ans) que chez les hommes (78 ans) (Statistiques de l’OCDE sur la santé).
Dans les pays de l’OCDE, l’espérance de vie varie selon le milieu socio-économique, dont l’un des indicateurs est par exemple le niveau de formation. Un niveau de formation plus élevé a le mérite non seulement d’améliorer les conditions de vie et de travail, mais aussi de promouvoir l’adoption de modes de vie plus sains et de faciliter l’accès à des soins de santé appropriés (OCDE, 2019[6]). Selon la moyenne calculée sur la base des 21 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, il reste 54 ans à vivre aux diplômés de l’enseignement tertiaire à l’âge de 30 ans, soit cinq ans de plus qu’aux non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (49 ans) (voir le Graphique A6.1).
Il ressort de l’analyse des données que l’association entre niveau de formation et espérance de vie à l’âge de 30 ans est plus forte chez les hommes que chez les femmes. La différence moyenne d’espérance de vie entre les niveaux de formation est égale à six ans chez les hommes, mais à trois ans chez les femmes. Les différences sont particulièrement marquées en Hongrie, en Pologne et en République slovaque, où l’espérance de vie à l’âge de 30 ans est 11 ans plus élevée chez les diplômés de l’enseignement tertiaire que chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le Graphique A6.1).
Éléments à l’appui de la relation entre l’éducation et le bien-être subjectif
Les plus instruits ont l’avantage non seulement d’espérer vivre plus longtemps, mais aussi de se dire en meilleure santé que les moins instruits. Dans tous les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, plus le niveau de formation est élevé, plus le pourcentage d’adultes s’estimant en bonne ou en très bonne santé augmente. Selon les chiffres de 2019, le pourcentage de 25-64 ans se disant en bonne ou en très bonne santé varie entre 37 % (en Lituanie) et 80 % (en Grèce) chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, entre 45 % (en Lituanie) et 90 % (en Grèce) chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire et entre 68 % (en Lettonie) et 94 % (en Grèce) chez les diplômés de l’enseignement tertiaire (voir le Tableau A6.2).
Le pourcentage d’adultes s’estimant en bonne ou en très bonne santé varie davantage chez les femmes que chez les hommes entre les diplômés de l’enseignement tertiaire et les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans tous les pays dont les données sont disponibles. Dans les pays de l’OCDE dont les données proviennent des EU-SILC, la différence de pourcentage de 25-64 ans se disant en bonne ou en très bonne santé entre les diplômés de l’enseignement tertiaire et les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire représente 31 points de pourcentage chez les femmes, contre 24 points de pourcentage chez les hommes. Cette différence d’état de santé perçu varie entre 15 et 44 points de pourcentage chez les femmes (en Italie et en République tchèque, respectivement) et entre 10 et 37 points de pourcentage chez les hommes (en Suède et en Pologne, respectivement). Dans l’ensemble, cette tendance se confirme dans les pays de l’OCDE dont les données proviennent de sources nationales ou de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), sauf en Australie (voir le Graphique A6.2).
Éléments à l’appui de la relation entre l’éducation et l’obésité
Une épidémie d’obésité frappe la quasi-totalité des pays de l’OCDE depuis une trentaine d’années. En moyenne, près d’un adulte sur cinq (19.5 %) est obèse dans l’ensemble des pays de l’OCDE selon les chiffres de 2015 (OCDE, 2017[7]). Le surpoids, la pré-obésité et l’obésité sont des facteurs de risque majeurs de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers (OCDE, 2019[6]). Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’obésité provoque le décès de 2.8 millions de personnes dans le monde chaque année (OMS, 2021[8]). De plus, certains éléments montrent que l’obésité accroît le risque de formes graves du COVID-19. Selon une étude menée en France, la probabilité de développer une forme grave du COVID-19 est sept fois plus élevée chez les patients obèses (Simonnet et al., 2020[9]).
De nombreux pays de l’OCDE s’inquiètent non seulement de la progression rapide de l’épidémie d’obésité, mais aussi de la prévalence inégale de l’obésité entre les groupes sociaux, en particulier ceux définis par le niveau de formation, le milieu socio-économique et l’appartenance ethnique (Devaux et al., 2011[10]).
Les données confirment que la prévalence de l’obésité est plus élevée chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire que chez les diplômés de l’enseignement tertiaire. Selon la moyenne calculée sur la base des 26 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, l’incidence de l’obésité chez les 25-64 ans est particulièrement élevée dans l’effectif non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (25 %) et relativement peu élevée dans l’effectif diplômé de l’enseignement tertiaire (14 %) (voir le Tableau A6.3).
La différence incrémentielle dans les effets de l’élévation du niveau de formation sur la santé est communément appelée le gradient du niveau de formation. Plus le gradient est pentu, plus l’association entre le niveau de formation et l’aspect visé en matière de santé est forte. Le gradient est supérieur à 10 points de pourcentage dans la majorité des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles ; il est égal ou supérieur à 14 points de pourcentage en République tchèque et en Slovénie et est de l’ordre de 19 points de pourcentage en Australie. Aux États-Unis et en Lettonie, la prévalence de l’obésité chez les 25-64 ans est plus élevée dans l’effectif diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire que dans l’effectif non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou diplômé de l’enseignement tertiaire. De plus, ces deux pays se caractérisent par un gradient relativement limité (inférieur à 5 points de pourcentage) (voir le Graphique A6.3).
La différence de pourcentage d’adultes obèses entre les niveaux de formation est légèrement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Dans les pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le gradient du niveau de formation atteint en moyenne 13 points de pourcentage chez les femmes, contre 8 points de pourcentage chez les hommes. Ce gradient est égal ou supérieur à 15 points de pourcentage chez les femmes dans 10 des 26 pays de l’OCDE dont les données sur les femmes sont disponibles ; il l’est également chez les hommes, mais uniquement en Australie (voir le Tableau A6.3).
Éléments à l’appui de la relation entre l’éducation et les comportements liés à la santé
De multiples facteurs contribuent à la prise de poids, notamment la prédisposition génétique et les influences sociales, mais le surpoids s’explique avant tout par un déséquilibre entre l’apport (l’alimentation) et la dépense (l’activité physique) d’énergie. Les populations des pays de l’OCDE se caractérisent de plus en plus par des modes de vie mauvais pour la santé, par exemple des régimes alimentaires inappropriés et la consommation insuffisante de fruits et légumes, dont il est pourtant établi qu’ils réduisent le risque d’obésité et d’autres maladies chroniques. De plus, nombreux sont ceux qui, de leur propre aveu, ne font pas suffisamment d’exercice physique et ont des comportements sédentaires qui impliquent une très faible dépense d’énergie (OCDE, 2019[5]).
Consommation de fruits et légumes
Les régimes alimentaires mauvais pour la santé sont associés à des niveaux de formation inférieurs et à des milieux socio-économiques moins favorisés. (OMS, 2020[11]).L’OMS recommande de consommer plus de 400 grammes de fruits et légumes (cinq portions) par jour pour améliorer l’état de santé et réduire le risque de surpoids et d’obésité, de maladies cardiovasculaires, de cancers, d’affections respiratoires, etc.
Selon la moyenne calculée sur la base des 32 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le pourcentage de 25-64 ans qui consomment au moins cinq portions de fruits et légumes par jour varie entre 12 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et 19 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire (soit un gradient moyen de 7 points de pourcentage). Ce gradient du niveau de formation est égal ou supérieur à 15 points de pourcentage au Danemark, en Irlande et au Royaume-Uni, mais inférieur ou égal à 5 points de pourcentage dans la moitié environ des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles (voir le Graphique A6.4).
Dans l’ensemble, les hommes consomment à leurs dires moins de fruits et légumes que les femmes. Dans la grande majorité des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le pourcentage d’adultes disant consommer au moins cinq portions de fruits et légumes par jour est systématiquement moins élevé chez les hommes que chez les femmes, quel que soit le niveau de formation. De plus, le pourcentage d’adultes disant consommer au moins cinq portions de fruits et légumes par jour varie relativement plus entre les niveaux de formation chez les femmes que chez les hommes. Dans les pays de l’OCDE, ce gradient du niveau de formation s’établit en moyenne à 9 points de pourcentage chez les femmes, contre 4 points de pourcentage chez les hommes (voir le Tableau A6.4).
Activité physique
Les adultes sont moins susceptibles d’avoir une activité physique suffisante en dehors de leur travail s’ils sont moins instruits ou qu’ils sont issus d’un milieu socio-économique moins favorisé. L’OMS recommande en particulier entre 150 et 300 minutes d’activité d’endurance par semaine entre l’âge de 16 et 64 ans (OMS, 2020[12]).
Selon la moyenne calculée sur la base des 30 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, le pourcentage de 25-64 ans ayant au moins 180 minutes d’activité physique par semaine en dehors de leur travail s’établit à 40 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et à 56 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire (soit un gradient moyen de 16 points de pourcentage). Ce gradient est égal ou supérieur à 30 points de pourcentage en Lituanie et en République tchèque, mais inférieur à 10 points de pourcentage en Estonie, en Finlande, en Italie, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas (voir le Graphique A6.5).
Dans les pays dont les données sont disponibles, le pourcentage d’adultes ayant au moins 180 minutes d’activité physique par semaine en dehors de leur travail varie davantage entre les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les diplômés de l’enseignement tertiaire chez les hommes que chez les femmes. Le gradient moyen s’établit à 18 points de pourcentage chez les hommes et à 14 points de pourcentage chez les femmes. Il varie entre 8 points de pourcentage (en Nouvelle-Zélande) et 39 points de pourcentage (en République tchèque) chez les hommes et entre 1 point de pourcentage (aux Pays-Bas) et 30 points de pourcentage (au Canada) chez les femmes (voir le Tableau A6.5).
Encadré A6.1. Les troubles neurodéveloppementaux, obstacles à l’enseignement post-secondaire
L’éducation est associée à des retombées positives en matière de santé, par exemple une espérance de vie plus longue et des taux inférieurs de morbidité, d’obésité et de tabagisme (OCDE, 2013[13]). Toutefois, la relation entre éducation et santé est bidirectionnelle : l’éducation est un déterminant de la santé, et une bonne santé peut être un déterminant de l’élévation du niveau de formation. Le niveau de formation des parents, le revenu des ménages, les résultats scolaires et le sexe des élèves sont autant de variables explicatives courantes de la poursuite des études au-delà de l’enseignement secondaire (Cutler et Lleras-Muney, 2006[3]). Il n’existe que peu d’éléments à l’appui de l’effet des troubles mentaux et neurodéveloppementaux sur la scolarisation dans l’enseignement post-secondaire à l’échelle internationale. Les jeunes atteints de troubles mentaux ou neurodéveloppementaux, notamment du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et de difficultés d’apprentissage, vont au-devant de problèmes spécifiques dans l’enseignement post-secondaire (Mezzanotte, 2020[14]). Les difficultés d’apprentissage couvrent une variété de problèmes (tels que la dyslexie ou la dysgraphie) qui altèrent les capacités d’apprentissage d’un élève. Certains des éléments mis en lumière par Arim et Frenette (2019[15]) au Canada sont résumés et comparés à des données en provenance des États-Unis et d’Israël ci-dessous.
Vu ce manque d’éléments dans la littérature, cet encadré compare les taux de scolarisation dans l’enseignement post-secondaire entre les jeunes selon que des difficultés d’apprentissage ou le TDAH ont été diagnostiqués chez eux durant leurs études secondaires. Des données provenant d’enquêtes longitudinales ou de registres administratifs sont combinées à des données sanitaires sur l’effectif de l’enseignement secondaire et sur les taux de scolarisation dans l’enseignement post-secondaire au Canada, aux États-Unis et en Israël. Cette analyse donne des indications sur les obstacles que les diplômés de l’enseignement secondaire ayant des difficultés d’apprentissage ont à surmonter dans l’enseignement post-secondaire.
Les jeunes chez qui des difficultés d’apprentissage ont été diagnostiquées durant leurs études secondaires sont nettement moins susceptibles d’entamer un cursus post-secondaire. Le taux de scolarisation dans l’enseignement post-secondaire des 20-25 ans sans trouble diagnostiqué pendant les études secondaires s’élève à 77 % au Canada, à 79 % aux États-Unis et à 46 % en Israël. 60 % au Canada, 49 % aux États-Unis et 21 % en Israël (voir le Graphique A6.6).Ce taux est en revanche nettement moins élevé dans l’effectif de 20-25 ans chez qui des difficultés d’apprentissage ont été diagnostiquées :
Le taux de scolarisation des jeunes chez qui le TDAH a été diagnostiqué s’élève seulement à 48 % au Canada et à 57 % aux États-Unis dans l’enseignement post-secondaire. Les jeunes chez qui les deux problèmes de santé à l’étude ici (difficultés d’apprentissage et TDAH) ont été diagnostiqués sont encore moins susceptibles d’entamer une formation post-secondaire : leur taux de scolarisation s’établit seulement à 36 % au Canada et à 49 % aux États-Unis. Leur taux est inférieur à celui des jeunes sans aucun de ces deux problèmes, de 41 points de pourcentage au Canada et de 30 points de pourcentage aux États-Unis (Graphique A6.6).
Dans les trois pays à l’étude, le taux de scolarisation des jeunes sans aucun des problèmes de santé à l’étude ici est plus élevé chez les femmes que chez les hommes dans l’enseignement post-secondaire. Le taux de scolarisation des jeunes chez qui des difficultés d’apprentissage ou le TDAH ont été diagnostiqués est en revanche plus élevé chez les hommes. Le taux de scolarisation des jeunes sans aucun des deux problèmes de santé dans l’enseignement post-secondaire s’élève à 54 % au Canada, à 55 % aux États-Unis et à 64 % en Israël chez les femmes et à 46 % au Canada, à 45 % aux États-Unis et à 36 % en Israël chez les hommes. Par contre, dans l’effectif de jeunes chez qui des difficultés d’apprentissage ont été diagnostiquées et qui sont scolarisés dans l’enseignement post-secondaire, 57 % étaient des hommes au Canada et aux États-Unis. En Israël, dans l’effectif de jeunes chez qui des difficultés d’apprentissage ont été diagnostiquées, les femmes sont plus scolarisées que les hommes dans l’enseignement post-secondaire (53 % et 47 %, respectivement). Dans l’effectif de jeunes chez qui le TDAH a été diagnostiqué, 70 % sont des hommes au Canada et 68 % aux États-Unis (voir le Graphique A6.7). Le TDAH est souvent ignoré chez les jeunes filles et de nombreuses femmes ne sont diagnostiquées qu’à l’âge adulte (Mezzanotte, 2020[14]). Pour de plus amples informations sur le diagnostic du TDAH chez les hommes et les femmes, voir Mezzanotte (2020[14])
Dans les trois pays à l’étude ici, les jeunes sont nettement moins susceptibles d’entamer des études post-secondaires si l’un des deux problèmes de santé (difficultés d’apprentissage ou TDAH) a été diagnostiqué que si aucun des deux ne l’a été. Ils sont encore moins susceptibles d’en faire autant en cas de comorbidité (c’est-à-dire si les deux problèmes de santé ont été diagnostiqués). La grande majorité des jeunes scolarisés dans l’enseignement post-secondaire alors que l’un des deux ou les deux problèmes de santé ont été diagnostiqués sont des hommes.
Définitions
Groupes d’âge : le terme « adultes » désigne la population âgée de 25 à 64 ans.
Le niveau de formation correspond au plus haut niveau d’enseignement dont les individus sont diplômés.
Le gradient du niveau de formation correspond aux différences de retombées en matière de santé entre les diplômés de l’enseignement tertiaire et les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
Niveaux d’enseignement : les niveaux de la CITE 2011 sont tous décrits dans le Guide du lecteur, au début du présent rapport.
L’espérance de vie à la naissance et à l’âge de 30 ans correspond au nombre moyen d’années restant à vivre aux individus à la naissance et à l’âge de 30 ans dans l’hypothèse où les taux de mortalité par âge restent constants dans le temps.
Par pré-obésité, on entend un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 25 et 29 kilogrammes (poids) par mètre au carré (taille).
Par obésité, on entend un IMC égal ou supérieur à 30 kilogrammes (poids) par mètre au carré (taille).
Méthodologie
Les analyses présentées dans cet indicateur sont basées sur les résultats de corrélations simples à deux variables. Il importe toutefois de garder présent à l’esprit le fait que l’éducation n’influe pas sur la santé indépendamment d’autres facteurs. En fait, de nombreux facteurs se conjuguent pour influer à la fois sur l’éducation et les comportements, d’une part, et sur les retombées en matière de santé, d’autre part. De plus, l’association entre l’éducation et la santé n’est pas unidirectionnelle. Un mauvais état de santé peut non seulement expliquer un niveau de formation peu élevé, mais aussi bloquer l’accès à des niveaux d’enseignement supérieurs. Toutes ces raisons appellent à la prudence lors de l’interprétation des résultats présentés ici.
De plus, la comparabilité internationale des résultats peut être compromise dans certains cas, étant donné que la plupart des tableaux de cet indicateur combinent des données de sources différentes. Il y a donc lieu de s’en tenir essentiellement aux différences nationales et non internationales de retombées en matière de santé entre les niveaux de formation.
Les métadonnées des sources européennes sont accessibles en ligne : les statistiques démographiques le sont à l’adresse https://ec.europa.eu/eurostat/cache/metadata/en/demo_mor_esms.htm ; les Statistiques communautaires sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) et le module ad hoc « Santé et santé des enfants », à l’adresse https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=EU_statistics_on_income_and_living_conditions_(EU-SILC)_methodology ; et les statistiques relatives à l’Enquête européenne sur la santé (EHIS), à l’adresse https://ec.europa.eu/eurostat/web/products-manuals-and-guidelines/-/KS-02-18-240.
Dans les données de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC), les chiffres dont le numérateur est inférieur à 5 observations ou dont le dénominateur est inférieur à 30 observations multipliées par le nombre de catégories sont remplacés par la lettre « c » dans les tableaux.
Les spécificités suivantes sont à signaler au sujet des données nationales sur lesquelles l’encadré A6.1 se base.
Canada : l’épilepsie, les infirmités motrices cérébrales, les déficiences intellectuelles et les troubles de l’apprentissage figurent aussi dans la catégorie des « difficultés d’apprentissage » et représentent 14 % du total de cette catégorie. Le groupe témoin est constitué des jeunes chez qui aucun problème de santé chronique n’a été diagnostiqué. Les élèves étaient âgés de 6 à 15 ans lorsque leur problème de santé chronique a été diagnostiqué. Les données se rapportent aux 21-22 ans.
Israël : les élèves de 11e ou de 12e année chez qui soit des difficultés d’apprentissage, soit le TDAH, soit les deux ont été diagnostiqués sont classés dans la catégorie des jeunes ayant des difficultés d’apprentissage. Ces élèves étaient scolarisés selon trois formules différentes : 1) dans des classes normales, mais avec des services spécifiques ; 2) dans des classes spéciales dans des établissements ordinaires ; et 3) dans des établissements d’enseignement spécial. Le groupe témoin est constitué de tous les autres élèves de la cohorte, à savoir ceux chez qui aucun besoin spécifique n’a été diagnostiqué en matière d’éducation et qui étaient scolarisés dans l’enseignement ordinaire. Les données se rapportent aux individus âgés de 25 ans, afin de tenir compte du service militaire obligatoire.
États-Unis : les chiffres sont dérivés du pourcentage d’élèves dont les parents ont été informés des troubles de l’apprentissage qui leur ont été diagnostiqués en 9e année. Le groupe témoin est constitué des élèves dont les parents ont été informés qu’ils ne présentaient pas de troubles de l’apprentissage en 9e année. Les données se rapportent aux 21-22 ans.
En Israël, l’enseignement post-secondaire correspond à l’enseignement tertiaire uniquement et exclut l’enseignement post-secondaire non tertiaire, tandis qu’au Canada et aux États-Unis, l’enseignement post-secondaire inclut tous les niveaux d’enseignement post-secondaire.
Source
Les données du tableau A6.1 (sur l’espérance de vie à l’âge de 30 ans, selon le niveau de formation et le sexe) proviennent des statistiques démographiques d’Eurostat dans les pays européens membres de l’OCDE, sauf en Belgique, en Espagne, en France, en Islande et aux Pays-Bas ; et de sources nationales en Belgique (recensement de 2011 et état civil de 2017), au Canada (Cohorte santé et environnement du recensement canadien), en Espagne (Indicadores Demográficos Básicos), en France (Échantillon démographique permanent), en Israël (Enquête sociale nationale), en Islande (statistiques démographiques) et aux Pays-Bas (statistiques nationales sur la santé publique).
Les données du tableau A6.2 (sur le pourcentage de la population en bonne ou en très bonne santé, selon le niveau de formation et le sexe) proviennent des Statistiques communautaires sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) dans les pays européens membres de l’OCDE ; de la Base de données sur la santé de l’OCDE au Chili, en Corée et au Japon ; de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) au Mexique ; et de sources nationales en Australie (Enquête nationale sur la santé), au Canada (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes), aux États-Unis (Enquête nationale sur la santé), en Israël (Enquête nationale sur la santé) et en Nouvelle-Zélande (Enquête nationale sur la santé).
Les données du tableau A6.3 (sur le pourcentage d’adultes obèses, selon le niveau de formation et le sexe) proviennent du module ad hoc « Santé et santé des enfants » des EU-SILC dans les pays européens membres de l’OCDE, sauf en Italie et au Portugal, et en Suisse ; et de sources nationales en Australie (Enquête nationale sur la santé), au Canada (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes), aux États-Unis (Enquête nationale sur la santé et l’alimentation), en Israël (Enquête nationale sur la santé), en Italie (données soumises lors dans le cadre de l’EHIS de 2019, mais non publiées à ce jour), en Nouvelle-Zélande (Enquête nationale sur la santé) et au Portugal (Enquête nationale sur la santé, selon les définitions de l’EHIS).
Les données du tableau A6.4 (sur le pourcentage d’adultes consommant au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, selon le niveau de formation et le sexe) proviennent de l’EHIS dans les pays européens membres de l’OCDE, sauf au Portugal ; et de sources nationales en Australie (Enquête nationale sur la santé), au Canada (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes), aux États-Unis (Enquête nationale sur la santé et l’alimentation), en Israël (Enquête nationale sur la santé), en Nouvelle-Zélande (Enquête nationale sur la santé), au Portugal (Enquête nationale sur la santé, selon les définitions de l’EHIS) et en Suisse (Enquête nationale sur la santé).
Les données du tableau A6.5 (sur le pourcentage d’adultes ayant au moins 180 minutes d’activité physique par semaine, selon le niveau de formation et le sexe) proviennent du module ad hoc « Santé et santé des enfants » des EU-SILC dans les pays européens membres de l’OCDE, sauf au Portugal, et en Suisse ; et de sources nationales en Australie (National Health Survey), au Canada (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes), aux États-Unis (Enquête nationale sur la santé et l’alimentation), en Israël (Enquête nationale sur la santé), en Nouvelle-Zélande (Enquête nationale sur la santé) et au Portugal (Enquête nationale sur la santé, selon les définitions de l’EHIS).
Les données de l’encadré A6.1 proviennent de sources nationales au Canada (Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes [cycle de 2000-01, cohorte âgée de 0 à 11 ans] et du Fichier sur la famille T1 [T1FF de 2004 à 2015], aux États-Unis (High School Longitudinal Study de 2009 [HSLS:09], Second Follow-Up [2016]) et en Israël (registres administratifs du ministère de l’Éducation, cohorte née en 1993).
Références
[15] Arim, R. et M. Frenette (2019), « Les problèmes de santé mentale et les troubles neurodéveloppementaux font-ils obstacle à l’accès aux études postsecondaires? », Direction des études analytiques : documents de recherche, n° 417, Statistique Canada, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2019005-fra.htm.
[4] Brunello, G. et al. (2011), « The causal effect of education on health: What is the role of health behaviors? », IZA Discussion Paper, n° 5944, https://www.iza.org/publications/dp/5944/the-causal-effect-of-education-on-health-what-is-the-role-of-health-behaviors.
[3] Cutler, D. et A. Lleras-Muney (2006), « Education and health: Evaluating theories and evidence », NBER Working Paper Series, n° 12352, https://www.nber.org/system/files/working_papers/w12352/w12352.pdf.
[10] Devaux, M. et al. (2011), « Exploring the Relationship Between Education and Obesity », OECD Journal: Economic Studies, https://dx.doi.org/10.1787/eco_studies-2011-5kg5825v1k23.
[2] Feinstein, L. et al. (2006), « What are the effects of education on health? », dans Measuring the Effect of Education on Health and Civic Engagement, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/education/innovation-education/37437718.pdf.
[14] Mezzanotte, C. (2020), « Policy approaches and practices for the inclusion of students with attention-deficit hyperactivity disorder (ADHD) », OECD Education Working Papers, n° 238, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/49af95e0-en.
[6] OCDE (2019), Panorama de la santé 2019 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5f5b6833-fr.
[5] OCDE (2019), The Heavy Burden of Obesity : The Economics of Prevention, OECD Health Policy Studies, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/67450d67-en.
[7] OCDE (2017), Obesity Udpate 2017, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/health/health-systems/Obesity-Update-2017.pdf.
[13] OCDE (2013), Regards sur l’éducation 2013 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eag-2013-fr.
[1] OCDE (2010), L’éducation, un levier pour améliorer la santé et la cohésion sociale, La recherche et l’innovation dans l’enseignement, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264086333-fr.
[8] OMS (2021), « Obesity », page web, Organisation mondiale de la santé, Genève, https://www.who.int/news-room/facts-in-pictures/detail/6-facts-on-obesity#:~:text=Obesity%20has%20reached%20epidemic%20proportions,%2D%20and%20middle%2Dincome%20countries.
[12] OMS (2020), Activité physique, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity (consulté le 22 juin 2021).
[11] OMS (2020), Alimentation saine, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/healthy-diet (consulté le 22 juin 2021).
[9] Simonnet, A. et al. (2020), « High prevalence of obesity in severe acute respiratory syndrome Coronavirus‐2 (SARS‐CoV‐2) requiring invasive mechanical ventilation », Obesity, vol. 28/7, pp. 1195-1199, http://dx.doi.org/10.1002/oby.22831.
Tableaux de l’indicateur A6
Tableaux de l’indicateur A6. En quoi les retombées sociales sont-elles liées à l’éducation ?
Tableau A6.1 |
Espérance de vie à l’âge de 30 ans, selon le niveau de formation et le sexe (2017) |
Tableau A6.2 |
Pourcentage de la population en bonne ou en très bonne santé, selon le niveau de formation et le sexe (2010, 2015 et 2019) |
Tableau A6.3 |
Pourcentage d’adultes obèses, selon le niveau de formation et le sexe (2017) |
Tableau A6.4 |
Pourcentage d’adultes consommant cinq portions de fruits et légumes par jour, selon le niveau de formation et le sexe (2014) |
Tableau A6.5 |
Pourcentage d’adultes ayant au moins 180 minutes d’activité physique par semaine, selon le niveau de formation et le sexe (2017) |
Date butoir pour les données : 17 juin 2021. Les mises à jour peuvent être consultées en ligne (http://dx.doi.org/10.1787/eag-data-en). D’autres données désagrégées sont disponibles dans la Base de données de Regards sur l’éducation (http://stats.oecd.org).