Ce chapitre présente les conséquences économiques des scénarios d’action examinés dans les chapitres précédents. Il est axé sur les conséquences macroéconomiques, comme en témoignent la variation du produit intérieur brut (PIB) ainsi que l’évolution des coûts de collecte, de tri et de traitement des déchets plastiques. Il souligne qu’un ensemble équilibré de mesures, qui combine une action visant à réduire l’utilisation de plastiques et les flux de déchets à une gestion améliorée des déchets, est plus efficace économiquement qu’une action qui se concentre uniquement sur l’aval.
Scénarios d’action pour l’élimination de la pollution plastique à l’horizon 2040
6. Comparaison des coûts des différents scénarios
Copier le lien de 6. Comparaison des coûts des différents scénariosAbstract
6.1. Introduction
Copier le lien de 6.1. IntroductionLa mise en œuvre des mesures modélisées dans les scénarios d’action présentés dans les chapitres précédents a un coût pour l’économie. Par exemple, l’augmentation de la collecte des plastiques a un prix, le recyclage coûtant généralement davantage que la mise en décharge ou l’incinération, et les taxes sur les plastiques font augmenter les prix1. L’écoconception, qui consiste principalement à faciliter une meilleure conception et à permettre une transition des produits à courte durée de vie vers des produits ayant une plus longue durée de vie et bénéficiant de services de réparation, pourrait être une exception. Ce levier entraîne donc une diminution de l’activité économique (et de la valeur ajoutée) dans certains secteurs, mais une augmentation de l’activité économique (et de la valeur ajoutée) dans d’autres secteurs.
De manière générale, les coûts macroéconomiques d’une mesure sont proportionnels à sa rigueur. Les retombées économiques dépendent également du type d’instrument choisi pour concrétiser les ambitions d’un levier d’action particulier : le choix d’autres instruments pourrait modifier sensiblement ces conséquences. Les mesures choisies dans ce rapport s’appuient principalement sur des instruments économiques, car ces derniers peuvent être considérés comme une référence d’efficacité économique pouvant servir à évaluer d’autres possibilités d’action comme des mesures réglementaires. En outre, les instruments modélisés sont les mêmes dans tous les scénarios (mais avec des niveaux de rigueur différents), ce qui permet de comparer les coûts des scénarios.
Ce chapitre présente et compare les coûts macroéconomiques des dix instruments modélisés dans chaque scénario d’action. Les coûts environnementaux de l’inaction n’entrent pas dans le cadre de ce chapitre.
6.2. Les ensembles de mesures qui ciblent tout le cycle de vie des plastiques sont plus efficaces d’un point de vue macroéconomique
Copier le lien de 6.2. Les ensembles de mesures qui ciblent tout le cycle de vie des plastiques sont plus efficaces d’un point de vue macroéconomiqueDes mesures d’ambition réduite tout au long du cycle de vie des plastiques pourraient généralement en atténuer les conséquences macroéconomiques, mais cette approche se traduirait par des coûts économiques supplémentaires si l’ensemble de mesures n’est pas équilibré (c’est-à-dire s’il se concentre uniquement sur des interventions à certaines étapes du cycle de vie) et par des coûts environnementaux plus importants (Graphique 6.1). Le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur faible représente le résultat d’un accord international moins ambitieux. Si un faible niveau de rigueur des mesures peut réduire les coûts par rapport à des mesures plus strictes (selon la définition restreinte de l’effet sur le PIB, sans prendre en compte les coûts de l’inaction), il réduit également les bénéfices d’action, notamment la baisse des coûts de gestion des déchets découlant de la diminution de leur volume. Les scénarios Action mondiale en aval, Rigueur élevée et Action des économies avancées sur le cycle de vie, Rigueur élevée montrent qu’un ensemble de mesures déséquilibré peut engendrer des coûts excessifs, notamment en raison d’un accroissement des coûts de gestion des déchets résultant d’un niveau plus élevé de production et d’utilisation de plastiques et de déchets plastiques.
Le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable, qui regroupe les mesures contenues dans les trois scénarios d’ambition partielle, engendre également des coûts macroéconomiques plus élevés que nécessaire, en particulier dans les pays non membres de l’OCDE. Dans ce scénario, les pays non membres de l’OCDE se concentrent sur les interventions en aval, et combinent donc des objectifs ambitieux de recyclage et de gestion des déchets plastiques d’un côté, et d’importants volumes de déchets plastiques de l’autre. Ce cas de figure entraîne des coûts non négligeables et ne permet pas d’éliminer complètement les rejets de plastiques dans l’environnement.
Pour les pays membres de l’OCDE, le niveau d’ambition et les coûts macroéconomiques sont comparables dans les trois scénarios les plus ambitieux (Action des économies avancées sur le cycle de vie, Rigueur élevée ; Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable ; et Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale]), car tous supposent la mise en œuvre de mesures rigoureuses dans ces territoires. Cependant, les deux scénarios d’action d’ambition élevée ont un coût macroéconomique inférieur dans les pays membres de l’OCDE par rapport à ceux non membres, car les ensembles de mesures sont plus équilibrés entre les régions. Par conséquent, les entreprises ne perdent pas autant en compétitivité par rapport à leurs concurrents des pays non membres de l’OCDE.
Les conséquences macroéconomiques de l’ambitieux ensemble de mesures envisagé dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] se limitent à 0.5 % du PIB mondial en 2040. Les coûts macroéconomiques reflètent uniquement les coûts qui ont pu être modélisés, c’est-à-dire les coûts attendus de la mise en œuvre des instruments d’action envisagés et de leurs effets économiques indirects. Toutefois, la réduction des pressions environnementales et sanitaires le long du cycle de vie des produits pourrait avoir des retombées économiques substantielles. Même si ces retombées n’ont pas été évaluées de manière quantitative dans le cadre de cette analyse, elles devraient largement compenser les coûts quantifiés de la mise en œuvre des ensembles de mesures examinés (OCDE, 2023[1]).
Si les coûts sont globalement modestes au niveau mondial dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale], notamment compte tenu des avantages environnementaux notables, les coûts macroéconomiques dans les pays non membres de l’OCDE sont en moyenne supérieurs à ceux des pays membres (un peu plus de 0.6 % de perte de PIB par rapport au scénario de référence en 2040, contre moins de 0.4 %). Cette différence s’explique notamment par le fait que les systèmes de gestion des déchets de nombreux pays en développement sont moins étendus, et par le coût que représente l’amélioration de ces systèmes (voir également la section 6.3). La section 7.5 du chapitre 7 abordera plus en détail le soutien à apporter à l’action dans les pays en développement, dont le financement.
Les effets macroéconomiques du scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] diffèrent notablement selon les quatre leviers d’action2. Les mesures visant à accroître les taux de recyclage sont celles qui contribuent le plus aux coûts macroéconomiques, et consistent à la fois à améliorer les systèmes de gestion des déchets pour augmenter les taux de recyclage et à fixer des objectifs d’incorporation de matières recyclées. Selon le pays, un système de taxes et de subventions mis en œuvre dans le modèle afin de réduire les plastiques primaires et stimuler la production de plastiques secondaires fait augmenter le prix des produits en plastique pour les consommateurs3.
Les interventions visant à encourager la conception pour la circularité incluent des mesures susceptibles d’offrir des avantages économiques et environnementaux, étant donné qu’elles s’attachent à améliorer l’efficacité économique de l’utilisation des plastiques (c’est-à-dire à réduire l’intensité d’utilisation de plastiques) et à orienter l’activité économique vers des biens plus durables et des services de réparation. Ces mesures ne sont pas rentables dans le scénario de référence, où les plastiques restent bon marché, mais elles le deviennent lorsqu’elles sont associées à des interventions qui accroissent le coût d’utilisation des plastiques primaires (comme les taxes sur les plastiques prévues dans le levier « limiter la production et la demande »).
Le levier « limiter la production et la demande », c’est-à-dire des taxes sur les plastiques et les emballages, entraîne une légère réduction du PIB, les consommateurs et l’industrie se détournant des plastiques bon marché. L’effet macroéconomique de ce glissement est particulièrement marqué dans les pays non membres de l’OCDE, comme les pays en développement en Afrique subsaharienne et en Asie. L’intensité d’utilisation de plastiques de ces économies est en moyenne supérieure à celle des pays membres de l’OCDE (voir le chapitre 2), principalement en raison d’un PIB relativement faible et d’une économie moins diversifiée où les services représentent une part plus réduite. Pour ces pays, il est donc plus difficile d’éviter la hausse des coûts liée aux taxes sur l’utilisation de plastiques en orientant l’activité économique vers des secteurs qui consomment moins de plastiques. En outre, le développement économique tend à s’accompagner d’un essor des infrastructures et du secteur du bâtiment, généralement associé à une importante consommation de plastiques. Ensuite, le pays évolue vers une économie davantage axée sur les services, ce qui entraîne une diminution de l’intensité d’utilisation de plastiques4.
Enfin, les coûts macroéconomiques prévus qui seraient associés à la fermeture des voies de rejet, le quatrième levier de l’ensemble de mesures, sont relativement faibles. Comme l’explique en détail la section 6.3, ce levier accroît les coûts de collecte, de tri et de traitement des déchets. Cependant, les coûts différentiels de la mise en œuvre des mesures de ce levier, une fois que les autres politiques ont déjà contribué à réduire les flux totaux de déchets, sont très modestes, en particulier au niveau macroéconomique.
6.3. Les pays non membres de l’OCDE doivent investir davantage pour améliorer la gestion des déchets
Copier le lien de 6.3. Les pays non membres de l’OCDE doivent investir davantage pour améliorer la gestion des déchetsLe renforcement de la collecte, du tri et du traitement des déchets, autrement dit l’amélioration de la gestion des déchets, représente une part non négligeable des coûts macroéconomiques des scénarios de politiques sur les plastiques, comme le montre l’analyse des coûts macroéconomiques par levier ci - dessus. Dans le scénario de référence, les pays membres de l’OCDE investiraient déjà collectivement plus de 1 000 milliards USD dans la gestion des déchets plastiques entre 2020 et 2040. Les pays non membres de l’OCDE investiraient un montant similaire, qui s’élèverait à 2 100 milliards USD (Graphique 6.3 ; voir également le Graphique 6.4 , partie A). Une grande part de ces coûts est liée à la collecte des déchets, caractérisée par des coûts unitaires relativement faibles qui, cumulés, représentent un montant conséquent. Le traitement supplémentaire des déchets plastiques pour l’incinération ou le recyclage a un coût unitaire plus élevé, mais réduit nettement les volumes. De plus, le coût par habitant de la gestion des déchets plastiques varie considérablement d’un pays à l’autre, avec des coûts relativement élevés aux États-Unis et au Canada, les coûts les plus bas étant observés en Afrique subsaharienne.
Les différents ensembles de mesures ont deux effets distincts sur les coûts de gestion des déchets (Graphique 6.4). D’un côté, les mesures en amont et en milieu de cycle de vie peuvent réduire les volumes totaux de déchets plastiques, réduisant ainsi les coûts de collecte, de tri et de traitement. D’un autre côté, les mesures en aval impliquent la collecte d’une plus grande part des déchets (et des dépôts sauvages) et le recours à des méthodes de gestion des déchets plus onéreuses, notamment pour le recyclage. Ces coûts de gestion des déchets engagés dans les scénarios de politiques sur les plastiques, également appelés « besoins d’investissement », correspondent à la différence de coût entre le scénario d’action et le scénario de référence. Ils sont attribués aux différentes catégories de gestion des déchets, à savoir le recyclage, l’incinération, la mise en décharge (contrôlée), la collecte et le ramassage municipal des dépôts sauvages.
Au bout du compte, les changements nets des coûts de gestion des déchets induits par les mesurent sont généralement mineurs dans les pays membres de l’OCDE, mais positifs dans la plupart des pays non membres. Dans les premiers, les hausses de coût sont presque exclusivement dues à l’augmentation du recyclage, tandis que dans de nombreuses économies émergentes et en développement, la collecte des déchets plastiques entraîne également des coûts supplémentaires significatifs, surtout en l’absence de mesures suffisantes en amont et en milieu de cycle pour réduire les volumes de déchets.
Dans les pays de l’OCDE, où les volumes de déchets mal gérés sont déjà faibles dans le scénario de référence, les coûts supplémentaires concernent principalement les activités de recyclage, s’élevant à plus de 120 milliards USD entre 2020 et 2040 dans les scénarios Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable et Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale]. Ces valeurs ne correspondent pas à un coût net, étant donné que les mesures en amont et en milieu de cycle réduisent également les volumes de déchets et donc les coûts opérationnels de la gestion des déchets. C’est le même cas de figure pour la Chine.
L’augmentation des déchets produits dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable accroît l’ampleur du problème et risque de mettre sous tension les systèmes de collecte et de gestion des déchets, notamment dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire en croissance rapide. Étant donné que l’utilisation de plastiques et les déchets plastiques ne sont pas maîtrisés, certains pays font face à des coûts et à des besoins d’investissement nettement plus élevés, alors que les rejets de plastiques dans l’environnement se poursuivent. Dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable, les coûts nécessaires pour mettre en place les systèmes de gestion des déchets dans les pays non membres de l’OCDE aux échelles requises (c’est-à-dire les coûts associés au recyclage, à la collecte des déchets et à la gestion des dépôts sauvages) atteindraient 174 milliards USD, tandis que les coûts évités d’incinération et de mise en décharge se limiteraient à 20 milliards USD.
Dans les pays où la part de déchets mal gérés est significative dans le scénario de référence, comme ceux d’Afrique subsaharienne ainsi que les économies émergentes et les pays en développement d’Asie (région Reste de l’Asie), la hausse des coûts de collecte dépasse la diminution des volumes de déchets même dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale], entraînant une augmentation totale des coûts de 18 milliards USD en Afrique subsaharienne et de 14 milliards USD dans la région Reste de l’Asie (Graphique 6.5). Néanmoins, les effets des mesures combinées le long du cycle de vie des produits contribuent à limiter la hausse des coûts nets de la collecte, du tri et du traitement des déchets dans les pays non membres de l’OCDE dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale]. Les coûts nets de la gestion des déchets augmentent d’un montant relativement modeste de 50 milliards USD dans ce scénario par rapport aux niveaux du scénario de référence L’Encadré 6.1 illustre bien les liens entre l’évolution des coûts de gestion des déchets et les différents leviers d’action.
Enfin, les incertitudes techniques pourraient remettre en question la viabilité d’un recours excessif aux mesures en aval et faire croître les coûts de mise en œuvre des politiques au-delà des projections présentées dans ce document. Les contraintes technologiques, notamment le délai nécessaire pour créer des décharges contrôlées ou des installations de recyclage, pourraient faire obstacle à la mise en place rapide de ces structures. En outre, étant donné que le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] suppose un développement rapide du recyclage dans toutes les régions, des inquiétudes se font jour concernant la disponibilité d’une quantité suffisante de déchets plastiques et le fonctionnement des marchés internationaux nécessaires pour appuyer ces activités de recyclage ambitieuses.
En conclusion, bien qu’une intervention axée sur les mesures en aval offre la possibilité de limiter les déchets mal gérés, cette approche ne permettra probablement pas de s’attaquer aux causes profondes de la pollution plastique. Cela s’explique en partie par les investissements nettement plus importants nécessaires pour gérer des volumes croissants de déchets et les éventuelles contraintes techniques qui pourraient freiner la création de systèmes de gestion des déchets avancés. Il existe de fortes incertitudes autour de la viabilité et la rentabilité éventuelles d’une stratégie reposant majoritairement sur les mesures en aval. Les stratégies axées sur les mesures en aval des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire reposent sur l’hypothèse que les pays qui ne disposent pas à l’heure actuelle de systèmes robustes de collecte et de gestion des déchets sont capables de mettre en œuvre rapidement les mesures et les investissements nécessaires. La stratégie la plus rentable pour atteindre l’objectif mondial d’éliminer la pollution plastique serait probablement que les pays reconnaissent ensemble la nécessité d’opter pour des stratégies couvrant l’ensemble du cycle de vie.
Encadré 6.1. Mettre en regard les coûts de gestion des déchets et les mesures permet de montrer l’effort requis pour fermer les voies de rejet de plastiques dans l’environnement
Copier le lien de Encadré 6.1. Mettre en regard les coûts de gestion des déchets et les mesures permet de montrer l’effort requis pour fermer les voies de rejet de plastiques dans l’environnementL’évolution des coûts d’incinération des déchets plastiques présentée dans le Graphique 6.5 est déterminée par trois facteurs : (i) les volumes totaux de déchets diminuent sous l’effet des mesures en amont et en milieu de cycle (afin de limiter la production et la demande et d’encourager l’écoconception) ; (ii) la part de déchets incinérés recule du fait des mesures visant à augmenter le recyclage ; et (iii) la fermeture des voies de rejet entraîne une augmentation des taux de collecte des déchets et une diminution des taux de perte des dépôts sauvages, ce qui accroît la quantité de déchets traités (Graphique 6.5). Le Graphique 6.6 décompose les coûts de gestion des déchets en fonction de ces trois effets.
Dans les pays où la part des déchets mal gérés est actuellement faible, en particulier, les effets des mesures adoptées en amont et en aval afin de réduire les déchets correspondent à peu près aux catégories de coût négatif du Graphique 6.5, étant donné que la baisse des coûts d’incinération est en grande partie due à la diminution de la quantité totale de déchets plastiques produits.
Cependant, dans les pays où la part de déchets mal gérés est importante, les économies de coûts résultant des mesures en amont et en aval sont supérieures à l’évolution des coûts de collecte des déchets suggérée dans le Graphique 6.5, cette évolution correspondant à une diminution de déchets générés (une économie par rapport au scénario de référence) combinée une hausse des coûts de collecte (coûts supplémentaires, découlant principalement de l’augmentation de la collecte et du recyclage des déchets, par rapport au scénario de référence). Dans l’autre décomposition des coûts présentée dans le Graphique 6.6, ces coûts supplémentaires reflètent les coûts associés à la fermeture des voies de rejet, définis comme la hausse des coûts de collecte (incluant les dépôts sauvages) et de gestion en l’absence de l’effet des interventions en amont.
Enfin, les coûts supplémentaires de gestion des déchets associés à l’augmentation du recyclage correspondent pour l’essentiel aux coûts de recyclage supplémentaires, qui sont en partie compensés par la diminution des coûts d’incinération et de mise en décharge.
Le graphique ci-dessus montre que la baisse des coûts de gestion des déchets du scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] par rapport au scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée découle de l’effet des mesures visant à limiter la production et la demande, ainsi que des politiques destinées à encourager l’écoconception des produits. Les coûts de l’augmentation du recyclage sont très similaires (étant donné que l’ensemble de mesures est très semblable), tandis que les coûts associés à la fermeture des voies de rejet sont quelque peu supérieurs, mais aussi plus efficaces étant donné que les parts de déchets mal gérés sont réduites à zéro.
6.4. Des approches coordonnées peuvent limiter les coûts d’action
Copier le lien de 6.4. Des approches coordonnées peuvent limiter les coûts d’actionLes ensembles de mesures qui se concentrent sur l’aval, notamment le scénario Action mondiale en aval, Rigueur élevée, réduisent les rejets plastiques mais font augmenter les déchets plastiques totaux, entraînant une hausse conséquente des coûts totaux de gestion des déchets. L’absence de mesures en amont n’est pas rentable pour la gestion des déchets (Graphique 6.7).
En revanche, une ambition élevée tout au long du cycle de vie dans les économies avancées n’aura que des effets très limités sur les coûts de gestion de déchets à l’échelle mondiale, ces pays ayant déjà des taux de collecte des déchets très élevés. En conséquence, la réduction des rejets mondiaux de plastiques reste également modeste. Le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur faible, qui équilibre les mesures entre les quatre leviers d’action, mais avec des niveaux d’ambition partielle, a des effets intermédiaires.
La fusion des trois scénarios d’ambition partielle dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable permet d’éviter les coûts les plus importants du scénario d’action en aval uniquement, en intégrant des mesures ambitieuses en amont et en milieu de cycle du scénario Action des économies avancées sur le cycle de vie, Rigueur élevée et les mesures pour les économies émergentes et en développement du scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur faible. Toutefois, ce scénario d’action intégré ne met pas fin à tous les rejets de plastiques et dépend encore trop des mesures en aval.
Par conséquent, le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] améliore le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur variable en harmonisant davantage les mesures en amont et en milieu de cycle, en éliminant les rejets de plastiques et en réduisant simultanément les coûts totaux de gestion des déchets dans le monde.
Les conclusions énoncées ci-dessus concernant l’efficacité économique des ensembles de mesures équilibrés sont valables à l’échelle mondiale, mais peuvent malgré tout engendrer des coûts dans des pays ayant une faible capacité à réaliser l’investissement requis pour la gestion des déchets. Par conséquent, il pourrait être utile d’accompagner la solution efficace à l’échelle mondiale de politiques destinées à aider les pays en développement à augmenter leur capacité de mise en œuvre des mesures et de gestion des déchets, ainsi que d’offrir un soutien international pour les investissements nécessaires. Ce point est abordé plus en détail dans le chapitre 7.
6.5. Quelles seraient les conséquences économiques et environnementales d’une action plus étalée dans le temps ?
Copier le lien de 6.5. Quelles seraient les conséquences économiques et environnementales d’une action plus étalée dans le temps ?La vitesse de mise en œuvre des mesures dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] met sous tension l’économie, et notamment les systèmes de gestion des déchets. La définition d’un nouvel objectif pour mettre fin à la pollution plastique après 2040 permettrait peut-être de réduire les coûts de transition. Le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Retardée examine cette possibilité en modélisant le même ensemble de mesures que le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale], mais sur une période plus longue, compatible avec un objectif d’élimination des rejets de macroplastiques à l’horizon 20605. Une action retardée pourrait avoir des avantages économiques à court terme, mais au prix de répercussions significatives pour la pollution plastique et d’effets négatifs sur le bien-être des générations actuelles et futures.
En effet, la mise en œuvre des mesures sur une période plus longue (comme dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Retardée) pourrait limiter les coûts macroéconomiques d’ici 2040 à 0.2 % du PIB mondial, contre 0.5 % pour le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] (Graphique 6.8). Les coûts à plus long terme jusqu’en 2060 seraient très similaires dans les deux scénarios. Les niveaux d’ambition réduits à l’horizon 2040 pourraient limiter les coûts macroéconomiques jusqu’en 2040 dans tous les pays du fait de la mise en œuvre plus lente des mesures, ainsi que de la restructuration moins rapide des systèmes de gestion de déchets. En outre, lorsque l’ambition d’éliminer les rejets de plastiques est reportée, certains pays peuvent en tirer des avantages concurrentiels temporaires lorsqu’ils ont des objectifs relativement modestes et une importante capacité d’amélioration du recyclage. Ce phénomène résulte de l’hypothèse que les pays membres de l’OCDE renforcent plus rapidement la rigueur des mesures que les pays non membres, ce qui provoque une plus faible augmentation des coûts de production dans certains secteurs d’exportation en Asie (en Chine, notamment) que dans la plupart des autres régions, leur permettant de profiter de la hausse temporaire de leur compétitivité qui en découle (OCDE, 2023[1]). Cependant, il s’agit d’un cas exceptionnel qui ne devrait pas perdurer, étant donné que les pays accroissent la rigueur des politiques afin d’atteindre l’objectif mondial. L’augmentation temporaire du PIB ne tient pas non plus compte des externalités associées à un objectif repoussé, c’est-à-dire aux occasions manquées de réduire la production de plastiques et les déchets plastiques et d’éviter des rejets supplémentaires dans l’environnement et de la pollution. Ces externalités entraîneraient des coûts de nettoyage plus élevés à l’avenir, ainsi que des effets négatifs non négligeables sur le bien-être du fait des dommages sanitaires et environnementaux.
Fait important, une action retardée ferait peser un fardeau environnemental et sanitaire nettement plus lourd sur les générations actuelles et futures (Graphique 6.9 ; Encadré 6.2). Les volumes de déchets mal gérés diminueraient relativement lentement et il y aurait encore 64 millions de tonnes (Mt) de déchets mal gérés en 2040. De même, les volumes de rejets de plastiques ne réduiraient que de 1.1 % par an entre 2020 et 2040 (contre 13 % dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale]), ce qui signifie qu’environ 16 Mt de macroplastiques continueraient d’être rejetés dans l’environnement à l’horizon 2040. La trajectoire plus lente vers l’élimination des rejets de macroplastiques entraîne l’accumulation de 38 Mt supplémentaires de macroplastiques dans les seuls milieux aquatiques durant la période 2020-2040. La quantité de plastiques accumulés dans ces milieux augmentant, ceux-ci tendent à se dégrader en microplastiques de plus petite taille et ils deviennent difficiles, ou presque impossibles à retirer. Les rejets supplémentaires dans les milieux aquatiques ont donc des répercussions environnementales plus graves. Enfin, une action plus étalée dans le temps générerait également 3.9 Gt éq. CO2 d’émissions de gaz à effet de serre de plus que dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale] entre 2020 et 2040.
Encadré 6.2. Avantages environnementaux à long terme d’une action rapide
Copier le lien de Encadré 6.2. Avantages environnementaux à long terme d’une action rapideLe report des objectifs d’action de 2040 à 2060 implique que les rejets de plastiques se poursuivent au-delà de 2040, entraînant différents effets négatifs entre 2040 et 2060, comme une augmentation des plastiques accumulés dans l’environnement, dont les cours d’eau et les rivières, et davantage d’émissions de gaz à effet de serre.
Références
[2] Lebreton, L. (2024), Quantitative analysis of aquatic leakage for multiple scenarios based on ENV-Linkages, non publié.
[1] OCDE (2023), Perspectives mondiales des plastiques : Scénarios d’action à l’horizon 2060, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/c5abcbb1-fr.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Les recettes fiscales peuvent être réinjectées au profit des ménages et des entreprises, par exemple en diminuant d’autres taxes ou en augmentant les sommes forfaitaires versées aux premiers. Les coûts macroéconomiques d’une politique fiscale ne se mesurent donc pas au coût de la taxe elle-même, mais aux coûts associés au glissement fiscal, qui sont nettement inférieurs.
← 2. La répartition des coûts entre les différents leviers varie d’un scénario à l’autre en fonction des leviers sur lesquels est axée l’intervention.
← 3. La politique est mise en œuvre dans le modèle de manière à ce que les recettes fiscales générées par les plastiques primaires couvrent les subventions versées pour les plastiques secondaires, ce qui rend en principe la politique neutre sur le plan budgétaire pour les gouvernements (à l’exception des effets indirects). Toutefois, selon la situation du pays, cette intervention peut faire augmenter ou baisser le prix à la consommation des plastiques.
← 4. Les Perspectives mondiales des plastiques (OCDE, 2023[1]) montrent que cette courbe en U inversé existe pour les macroplastiques, mais pas pour les microplastiques.
← 5. Le taux mondial de recyclage des plastiques visé à l’horizon 2060, tel que défini dans les Perspectives mondiales des plastiques, est plus ambitieux que celui fixé pour 2040 dans le scénario Action mondiale sur le cycle de vie, Rigueur élevée [Ambition mondiale], ce qui reflète le fait que les obstacles technologiques au recyclage devraient diminuer au fil du temps.