Actuellement, la politique monétaire est davantage axée sur la croissance économique qu’il y a un an lorsque, dans le contexte d’alors marqué par des sorties de capitaux, le souci de stabilité primait sur d’autres considérations. L’assouplissement opéré par les principales banques centrales a donné à la Banque d’Indonésie la possibilité d’abaisser ses taux d’intérêt sans rien sacrifier à la stabilité. De juillet à octobre, elle a ainsi abaissé ses taux directeurs de 100 points de base. Les taux débiteurs des banques et les rendements des obligations d’État à long terme ont sensiblement diminué, induisant de ce fait une détente des conditions financières. L’objectif d’inflation sera ramené à 3 %, plus ou moins 1 %, en 2020 et l’inflation devrait s’établir dans cette fourchette, d’où une certaine latitude pour réduire encore les taux d’intérêt.
La Banque d’Indonésie a eu abondamment recours aux outils macroprudentiels pour donner un tour globalement plus accommodant à sa politique monétaire. Elle a cherché par divers moyens à faire baisser les taux d’intérêt et à favoriser l’essor du crédit. Ainsi, les quotités de financement maximales applicables aux primo-accédants à la propriété sont supprimées dès lors que la banque prêteuse remplit certains critères. La série de mesures prises pour encourager le crédit peut stimuler la croissance, mais n’est pas sans risque. C’est pourquoi les critères de prêt appliqués par les banques devraient être surveillés de près pour y déceler tout signe de détérioration de la qualité du crédit. La poursuite des efforts d’approfondissement des marchés financiers permettra de renforcer la résilience globale du système.
La politique budgétaire devrait être neutre dans l’ensemble, le gouvernement s’attachant à contenir le déficit total et jouant sur la composition des recettes et des dépenses publiques pour améliorer la croissance. Le déficit de l’administration centrale est en passe de passer sous la barre de 2 % du PIB en 2020. La marge de manœuvre pour réagir si les perspectives de croissance venaient à s’assombrir est donc confortable. Les dépenses d’infrastructures devraient être relancées au moyen de garanties et d’autres instruments destinés à promouvoir les partenariats public-privé. Compte tenu des risques budgétaires y afférents, il conviendrait de favoriser également d’autres solutions comme l’attribution de concessions et l’investissement direct étranger. Enfin, les mesures d’aide sociale pourraient être mieux ciblées en remplaçant progressivement les subventions directes et indirectes aux énergies fossiles par des transferts sociaux.
La levée de ressources publiques reste l’un des défis majeurs pour la réalisation des projets de dépenses. La baisse des prix des produits de base et le ralentissement des échanges pèsent sur les recettes, comme le feront les nouvelles incitations fiscales à l’investissement. Aussi faudrait-il agir sur les facteurs non fiscaux qui sont susceptibles d’influer davantage sur les décisions de localisation des investissements prises par les entreprises. Enfin, il reste primordial d’améliorer la discipline fiscale via la simplification administrative pour améliorer le respect volontaire des règles, et de mieux exploiter les données disponibles pour renforcer le contrôle de leur application.
De nouvelles réformes sont nécessaires pour encourager l’investissement privé et la création d’emplois et gagner en productivité. Tout d’abord, la rationalisation et la simplification des règles applicables aux entreprises doivent rester prioritaires. Le processus en cours d’amélioration du portail unique destiné aux entreprises, par lequel celles-ci peuvent soumettre en ligne leurs demandes à l’administration, devrait se poursuivre à partir des remontées d’information des utilisateurs. La réduction des réglementations restrictive du marché du travail, accompagnée de mesures de soutien aux salariés, faciliterait les embauches dans des emplois déclarés. Ensuite, un plus grand nombre de secteurs devraient être ouverts à l’investissement étranger. En outre, poursuivre la lutte contre la corruption reste d’une importance cruciale. Par ailleurs, les incertitudes entourant l’action publique dans le secteur minier devraient être levées. Enfin, il conviendrait de mieux faire respecter certaines réglementations, ainsi qu’en témoigne la propagation des feux de forêts dus à l’exploitation illégale des tourbières, en dépit d’un durcissement de la législation.