Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2019 Numéro 2

Espagne

La modération de la croissance économique en 2019 devrait perdurer en 2020 et 2021. La demande intérieure restera le principal moteur de l'expansion économique, quoique à un rythme moins rapide qu'au cours des dernières années, le ralentissement de la progression de l'emploi pesant sur la consommation, et l'incertitude accrue freinant l'investissement. Le fléchissement de la croissance des marchés extérieurs pèsera sur les exportations. L'inflation restera modérée, sur fond de sous‑utilisation persistante des ressources économiques.

Les améliorations récentes des finances publiques tenaient dans une large mesure aux conditions macroéconomiques favorables. Une réduction durable du ratio dette publique/PIB, qui est élevé, passe par une poursuite de l'amélioration du solde budgétaire structurel. Pour rehausser la croissance potentielle et réduire les inégalités, il conviendrait d'améliorer les compétences des catégories vulnérables et leur situation au regard du marché du travail. Le renforcement des gains de productivité exige une exposition accrue des entreprises à la concurrence et à l'innovation.

La croissance s'est modérée

La demande intérieure a été moins dynamique qu'au cours des dernières années, dans un contexte d'incertitude accrue. La poursuite des créations d'emplois, les hausses de salaires et la faiblesse de l'inflation ont soutenu le revenu disponible réel des ménages et l'augmentation récente de leur épargne. La dégradation de la confiance et l'atonie de la croissance de la demande extérieure ont mis à mal le secteur manufacturier, mais les services continuent d'enregistrer de bons résultats. La croissance de l'emploi s'est modérée récemment, mais elle demeure aux alentours de 2 %. L'évolution des ventes de biens immobiliers d'habitation et des nouveaux prêts au logement laisse entrevoir une poursuite du ralentissement de l'investissement résidentiel.

PIB et emploi et consommation privée: Espagne

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n°106.

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Espagne : Demande, production et prix

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Il est essentiel de renforcer la croissance de la productivité

La politique monétaire restera accommodante dans la zone euro, stimulant l'investissement et la consommation via une diminution des taux débiteurs. L'incertitude politique est source d'ambiguïté quant à l'orientation future de la politique budgétaire, dont on suppose qu'elle sera globalement neutre au cours des deux années à venir. Le ratio dette publique/PIB demeurant élevé (à 96 %), de nouvelles améliorations du solde structurel s'imposent pour assurer une réduction durable de la dette publique.

Une accélération de la croissance potentielle peut aussi favoriser l'amélioration de la viabilité des finances publiques et accroître la résilience aux chocs. Un renforcement des compétences, de la concurrence et de l'innovation étayerait la croissance de la productivité. Des politiques actives, ciblées, du marché du travail pourraient aider les travailleurs peu qualifiés à améliorer leurs perspectives sur le marché de l'emploi, en réduisant les inégalités. Mettre en place un guichet unique pour les services sociaux et de l'emploi afin d'offrir une assistance intégrée aux demandeurs d'emploi améliorerait la coordination. Les formations au numérique devraient s'adresser en priorité aux personnes les moins instruites et ayant de faibles revenus, dont les emplois pourraient être davantage exposés au risque d'automatisation. Intensifier encore la coordination et l'évaluation des politiques d'innovation régionales et nationales permettrait de rehausser la qualité de l'innovation. Pour réaliser des économies d'échelle, il est essentiel de veiller au préalable à la mise en œuvre effective de réformes structurelles destinées à remédier à la fragmentation interne des marchés de produits.

La croissance devrait ralentir

La croissance devrait refluer à 1.6 % en 2020 et 2021. La demande intérieure restera le principal moteur de l'expansion économique. Dans un contexte d'atténuation des effets de la demande non satisfaite et de poursuite de l'augmentation de l'épargne des ménages, la consommation privée va se modérer. La progression de l'emploi devrait ralentir, mais le taux de chômage devrait continuer de reculer pour s'établir à 13.6 % en 2021. L'investissement des entreprises sera moins dynamique que par le passé, mais il sera soutenu par un niveau élevé d'utilisation des capacités et par des conditions de financement favorables. La contribution du solde extérieur à la croissance sera négative en 2020, sur fond de ralentissement de la croissance des marchés extérieurs, et neutre en 2021.

Une expansion économique moins forte que prévu en Europe, qui nuirait aux exportations espagnoles, dans la mesure où il s'agit de leur principale destination, constitue un risque majeur de divergence à la baisse par rapport aux prévisions. Le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (« Brexit ») pourrait avoir un impact négatif sur le secteur du tourisme. La hausse de la consommation pourrait s'avérer plus faible que prévu, si le ralentissement de la progression de l'emploi est plus marqué ou si l'incertitude perdure. À l'inverse, compte tenu de la solidité des paramètres fondamentaux de l'économie, l'investissement pourrait être plus élevé, si une atténuation de l'incertitude venait renforcer la confiance des entreprises.