Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Chili

Le Chili devrait enregistrer une reprise progressive ces deux prochaines années, l’activité renouant avec les niveaux d’avant la pandémie à la fin de 2022. Le taux de croissance du PIB sera de 4.2 % en 2021, après s’être contracté de 6% en 2020. La consommation privée sera l’un des principaux moteurs de la reprise, laquelle sera alimentée, par les mesures prise par le gouvernement pour soutenir les ménages, par l’amélioration graduelle d'un marché du travail soutenu par les aides à l’embauche, et par la possibilité de puiser dans l’épargne-retraite auprès des fonds de pension. L’investissement regagnera lentement en vigueur, sous réserve de l’évolution de la pandémie dans un contexte de grande incertitude, sous l’impulsion des projets d’infrastructures publiques, des conditions de financement porteuses et des incitations fiscales. Le redressement de la demande mondiale sera également propice.

Des cadres d’action budgétaire et monétaire solides ont permis aux autorités d’appliquer des mesures audacieuses, qui ont empêché une contraction plus forte et évitent aujourd’hui que la pandémie ne laisse des cicatrices plus profondes. La poursuite d’un programme de réformes structurelles ambitieuses, en particulier les projets de réforme visant à augmenter les retraites et le taux d’activité féminine, devrait soutenir une reprise inclusive. Des investissements publics supplémentaires, spécialement dans l’éducation, le dispositif de formation continue, les politiques actives du marché du travail et les infrastructures numériques et de transport, devraient permettre de consolider un peu plus la reprise.

Le pays a été durement touché par la pandémie

Le Chili a été durement touché par la pandémie et affiche l’un des plus forts taux de décès par million d’habitants. Les cas se sont concentrés dans la région métropolitaine de Santiago, avec des contaminations éparpillées dans les autres régions du pays. Des mises en quarantaine locales, des restrictions de mobilité et des couvre-feux nocturnes ont été appliqués dans tout le pays. La ville de Santiago et les principales villes du pays ont été placées sous confinement strict en mai. Ces mesures ont pour la plupart été levées progressivement à la mi-juillet, au moment où le nombre de contaminations commençait à diminuer. L’état d’urgence, qui avait été décrété en mars pour imposer des mesures d’endiguement, a été prolongé jusqu’à la fin de l’année.

Chili : Investissement et marché du travail

1. La catégorie « reste » comprend les employeurs, les travailleurs domestiques et les travailleurs familiaux non rémunérés.

Source: Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 108; et institut chilien de la statistique (Instituto Nacional de Estadísticas, INE).

Statlink

Chili : Demande, production et prix

Statlink

L’activité économique a amorcé un redressement

Après les mouvements de contestation sociale de la fin de 2019, l’épidémie de COVID-19 a plongé l’économie dans une récession, la plus profonde que le pays ait connue depuis 1982. L’emploi a atteint un plus bas niveau historique, sachant que près de 25 % des actifs ont perdu leur emploi. Environ 10 % des entreprises ont recours au dispositif de maintien dans l’emploi, qui concerne à présent près de 17 % de l’ensemble des salariés. Alors que les mesures d’endiguement sont peu à peu assouplies depuis juillet, il ressort des indicateurs à court terme que l’activité économique a commencé à se redresser, notamment les ventes au détail et la production manufacturière. En revanche, les secteurs du tourisme et de l’hébergement et restauration demeurent fragiles. La confiance des chefs d’entreprise s’est nettement améliorée et celle des ménages est également repartie à la hausse ces derniers temps. L’inflation reste maîtrisée en raison de la forte contraction de la demande.

La riposte audacieuse des pouvoirs publics atténuera les cicatrices de la pandémie sur l’économie

L’orientation de la politique monétaire a été fortement expansionniste, des taux directeurs à leur plus bas niveau historique et des mesures non conventionnelles garantissant la stabilité financière et l’expansion du crédit. Il faudrait reconduire cette politique monétaire, ainsi qu’il est prévu, pour soutenir la reprise. Quant à la réponse budgétaire, elle a été l’une des plus massives de la région et prévoyait des transferts monétaires en faveur des travailleurs informels, des ménages vulnérables et de la classe moyenne, un dispositif de maintien dans l’emploi, des reports d’imposition et des allègements fiscaux, ainsi que des aides de trésorerie et des garanties en faveur des entreprises. En outre, un accord entre les partis politiques a abouti à un plan d’urgence temporaire pour soutenir le redressement de l’économie pour les deux prochaines années et à un engagement à assainir ensuite les finances publiques. Cet accord, scellé sur la base d’aides à l’embauche, de mesures de soutien aux ménages modestes, d’investissement public et d’incitations fiscales en faveur des entreprises, favorisera une reprise rapide et inclusive. Des mesures destinées à accélérer et à simplifier la réglementation et les projets d’investissements privés sont également mises en œuvre.

Une reprise progressive est en cours dans un contexte d’incertitude

La reprise économique sera progressive et inégale au cours des deux prochaines années. La consommation privée en sera le principal moteur grâce à la progression de l’emploi dans le secteur formel, soutenu par les aides à l’embauche, mais l’épargne de précaution restera élevée. L’investissement privé commencera à ne se redresser que lentement, sous réserve de l’évolution de la pandémie dans un contexte incertain. Les exportations minières ont bien résisté et le Chili continuera à profiter du rebond de la demande mondiale, en particulier de la demande en Chine et aux États-Unis. De nouvelles vagues de contaminations constituent le principal risque entourant ces perspectives jusqu’à ce qu’un vaccin efficace soit largement déployé, et pourraient nécessiter de prolonger les restrictions aux déplacements internationaux, les interdictions des grands rassemblements publics et les mesures restrictives appliquées aux bars et restaurants. La révision constitutionnelle en cours, une série de scrutins électoraux en 2021 et la résurgence des mouvements de contestation sociale pourraient encore accentuer l’incertitude et freiner l’investissement. En revanche, une reprise mondiale potentiellement plus vigoureuse que prévu serait bénéfique aux exportations et aux créations d’emplois.

Un programme de réformes structurelles ambitieuses renforcerait encore la croissance inclusive

La dette publique augmente rapidement mais devrait rester viable, à condition que les mesures budgétaires temporaires soient levées progressivement une fois que la reprise sera pleinement repartie. Les autorités devraient s’attacher à un redéploiement des dépenses publiques qui fasse gagner en efficience, par exemple en réduisant les exonérations fiscales. Poursuivre le renforcement du cadre budgétaire, y compris de la règle budgétaire et du conseil budgétaire autonome, qui est d’ores et déjà un succès, permettrait de renforcer la crédibilité des plans budgétaires. Une deuxième vague de retraits exceptionnels sur les placements dans les fonds de pension réduirait et, dans bon nombre de cas, épuiserait l’épargne-retraite individuelle et pourrait perturber les marchés financiers, tout en n’ayant qu’un impact légèrement positif sur la demande. Des aides publiques directes en faveur de ceux qui en ont le plus besoin seraient mieux à même de renforcer la demande tout en préservant les futures pensions de vieillesse.

La poursuite d’un programme de réformes structurelles ambitieuses sera le principal levier pour stimuler la croissance inclusive à moyen terme. La levée des obstacles s’opposant depuis longtemps à l’accroissement de la productivité nécessitera d’optimiser les dépenses dans le domaine de l’éducation et de faire en sorte que les entreprises soient davantage exposées à la concurrence et à l’innovation. La simplification de la réglementation relative aux contrats de concession dans le secteur des télécommunications favoriserait le déploiement d’infrastructures numériques et contribuerait à atténuer les disparités de connectivité. Une refonte des programmes de formation dispensés par les employeurs pourrait permettre d’en améliorer la qualité et de les cibler sur les travailleurs vulnérables, ce qui offrirait à ces derniers de meilleures chances de trouver un emploi formel dans des secteurs en plein essor. Le projet de loi en cours sur la rationalisation et la simplification des procédures de faillite permettrait un redéploiement plus rapide du capital.