Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Costa Rica

Le Costa Rica a connu une envolée des cas de contamination au second semestre de 2020, ce qui a retardé l’assouplissement des mesures de confinement. Après une forte récession cette année, la croissance du PIB devrait se redresser peu à peu en 2021 pour s’établir à 2 %, puis s’accélérer en 2022 et atteindre 3.8 %. Suite à la levée progressive des mesures de confinement, la demande intérieure redémarrera, mais elle restera faible en raison de l’ampleur du chômage. L’incertitude liée au niveau élevé de la dette publique pèsera sur l’investissement. Le rebond de l’économie des États-Unis favorisera la reprise des exportations, de fournitures médicales et de services aux entreprises en particulier.

Face à la pandémie, les autorités ont, à juste titre, augmenté les dépenses de santé et de protection sociale, après avoir suspendu la règle budgétaire. Cependant, une fois la reprise engagée, il sera crucial pour la stabilité macroéconomique de placer la dette publique sur une trajectoire descendante et viable. C’est pourquoi il faudrait revenir à la prudence budgétaire et rétablir la règle budgétaire à ce stade. Veiller à ce que les dépenses sociales bénéficient avant tout aux personnes qui en ont le plus besoin soutiendrait les revenus, réduirait la pauvreté et améliorerait l’efficience des dépenses. Une réduction des exonérations fiscales à caractère régressif pourrait permettre d’accroître les recettes. Un allégement des formalités administratives à accomplir pour créer une entreprise ou régulariser sa situation renforcerait l’investissement et la création d’emplois formels.

Le nombre quotidien élevé de cas de contamination a commencé à diminuer

Les mesures de confinement ont empêché la propagation du virus de mars à juin. À la fin du mois de juin, le nombre quotidien de cas de contamination a commencé à augmenter rapidement, provoquant une prolongation des mesures de confinement, et leur durcissement dans les régions fortement touchées. Cependant, depuis septembre, de nombreux services impliquant des contacts avec la clientèle ont été autorisés à reprendre leurs opérations en utilisant jusqu’à 50 % de leurs capacités, et une petite fraction seulement des activités reste suspendue. Les restrictions aux déplacements internationaux ont été assouplies, mais des restrictions limitées concernant le trafic intérieur de véhicules et des mesures de distanciation sociale sont toujours en vigueur. Depuis le début de novembre, les nombres quotidiens de cas d’infection et de décès liés au COVID-19 ont commencé à diminuer.

Costa Rica : Risque et paiement d'interêt

1. Les primes de risque correspondent à l’écart de rendement entre les obligations souveraines et les bons du Trésor des États-Unis.

Source: Refinitiv; ministère chilien des Finances; et FMI, Perspectives de l'économie mondiale.

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Costa Rica : Demande, production et prix

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Une reprise progressive est en cours

Après un recul marqué de l’activité économique au deuxième trimestre de 2020, la propagation du virus et la prolongation des mesures de confinement ont différé la reprise. L’ampleur du chômage pèse sur les revenus des ménages et sur la consommation privée. Les mesures de confinement et le repli de la demande ont particulièrement pénalisé les secteurs de services à forte intensité de main-d’œuvre, tels que l’hôtellerie et la restauration, le commerce de détail, les services de transport, les services domestiques et la construction. Les récents barrages routiers mis en place autour des zones portuaires ont perturbé temporairement encore davantage l’activité économique. Toutefois, l’activité a rebondi dans les zones franches, sous l’effet de la vigueur de la demande d’exportations de fournitures médicales, de services informatiques et de services aux entreprises émanant des États-Unis. L’emploi commence à se redresser, et le taux de chômage a légèrement diminué, passant d’un point haut niveau historique de 24.4 % en juillet à 23.2 % en août. Étant donné que les besoins de financement de la dette souveraine représentent 15.7 % du PIB en 2021 et qu’une grande incertitude entoure la stratégie budgétaire, les risques de difficultés de financement à court terme se sont accrus. Les primes de risque sur les emprunts souverains ont recommencé à augmenter récemment, ce qui a pesé sur la confiance et l’investissement des entreprises. Les autorités ont engagé des consultations avec le Fonds monétaire international (FMI) au sujet d’un programme triennal d’assistance financière.

Les dépenses sociales ont contribué à protéger les personnes qui en ont le plus besoin

Les autorités ont, à juste titre, augmenté les dépenses de santé et de protection sociale pour atténuer les effets négatifs de la pandémie. Un programme de transferts monétaires directs bénéficie aux individus qui ont perdu leur emploi ou sont confrontés à une réduction de leur temps de travail, y compris aux travailleurs informels et indépendants. Un programme de prêts assure le financement du fonds de roulement des entreprises. Les paiements de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de l’impôt sur les sociétés, des taxes sur le tourisme, des droits de douane et des cotisations de sécurité sociale ont été reportés à la fin de l’année. La banque centrale a abaissé son taux directeur à 0.75 % et mis en place des facilités de prêt supplémentaires pour soutenir les entreprises et les ménages. La réduction temporaire des provisions contracycliques imposées aux banques leur a permis de rééchelonner le remboursement des emprunteurs en difficulté.

La reprise sera partielle et progressive

La croissance du PIB devrait s’établir à 2 % en 2021, puis à 3.8 % en 2022. La reprise demeurera tirée par les exportations, alimentées par la progression de la demande émanant des États-Unis. L’assouplissement progressif des mesures de confinement soutient les secteurs de services durement touchés. La consommation privée s’améliorera lentement, même si l’ampleur du chômage continue à peser sur les revenus des ménages. La contraction de l’activité économique s’est traduite par une perte importante de recettes publiques, aggravant une situation budgétaire déjà dégradée. Le déficit budgétaire devrait se creuser pour s’établir aux alentours de 9 ½ pour cent du PIB en 2020, et la dette de l’administration centrale atteindra environ 80 % du PIB au cours des prochaines années. L’investissement et la confiance resteront en demi-teinte jusqu’à ce que se dissipe l’incertitude budgétaire. Les risques à la baisse sont liés à la possibilité que la situation de blocage politique empêche la mise en œuvre des réformes budgétaires nécessaires. De nouvelles vagues fortes d’infections par le COVID‑19 pourraient imposer un nouveau durcissement des mesures de confinement à l’échelle régionale. À l’inverse, les risques de divergence à la hausse résident dans la possibilité d’une reprise plus vigoureuse que prévu aux États-Unis et d‘un accroissement de la demande d’exportations.

La mise en œuvre des réformes structurelles est cruciale pour la reprise

Étoffer le système de santé et cibler les aides budgétaires sur les personnes les plus durement touchées par la récession devrait rester la priorité à court terme. Une suppression des exonérations fiscales à caractère régressif et une amélioration de l’efficience des dépenses publiques, notamment par le biais d’une réforme de l’emploi public, pourraient permettre de dégager des marges de manœuvre budgétaires supplémentaires et de jeter les bases d’une stratégie budgétaire à moyen terme ramenant la dette publique sur une trajectoire viable. Il est essentiel de continuer à mettre en œuvre les réformes structurelles, comme celles destinées à renforcer la concurrence intérieure, pour favoriser la création d’emplois formels. Une stratégie globale de réduction du poids de l’économie informelle, passant notamment par une diminution des cotisations de sécurité sociale pour les bas salaires, et la création d’un système de protection sociale couvrant l’ensemble des travailleurs, conjuguée à une amélioration de la qualité de l’enseignement et de la formation, rendraient la croissance plus inclusive. La poursuite du développement des capacités de dépistage et de suivi des malades dans tout le pays contribuerait à réduire les risques de nouvelles vagues de contaminations.