Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Danemark

L’économie danoise devrait subir une contraction de 4 % environ en 2020 selon les prévisions, avant de connaître une reprise progressive de près de 2 % en 2021 et de 2 ½ pour cent en 2022. Un rebond vigoureux de la consommation et de l’emploi soutient la demande intérieure, alors qu’au départ les mesures visant à endiguer l’épidémie de COVID‑19 ont moins pénalisé l’économie qu’ailleurs. Toutefois, les restrictions plus sévères à l’automne et l’environnement extérieur peu porteur freineront la reprise.

Des mesures budgétaires ciblées restent en vigueur pour venir en aide aux entreprises et aux travailleurs touchés par les restrictions. La suppression opportune des vastes dispositifs de soutien, couplée à la solidité des institutions chargées de la reconversion professionnelle, devrait favoriser le redéploiement des ressources. Le déblocage, au profit des ménages, de l’épargne spéciale obligatoire provenant du régime de congés payés et le haut niveau d’investissement public relanceront massivement la demande intérieure. De nouvelles avancées des réformes structurelles, notamment le projet de structure fiscale plus écologique, pourraient permettre d’atteindre les objectifs à court et long terme, sous réserve d’une mise en œuvre bien pensée.

Endiguer la nouvelle vague de contaminations s’est avéré difficile

Pour le moment, la pandémie reste moins grave que dans la plupart des pays de l’OCDE. Les hospitalisations sont restées largement inférieures au plafond des capacités, et les taux de mortalité ne dépassent pas au total les niveaux des années précédentes. Toutefois, le Danemark a connu une recrudescence des cas de COVID‑19 depuis la fin de l’été, si bien que les autorités ont progressivement durci les mesures d’endiguement. En novembre, les rassemblements publics ont été limités à dix personnes, le port du masque est devenu obligatoire dans tous les lieux publics couverts, et les restaurants et bars ont dû fermer leurs portes à 22h00. Le télétravail a été encouragé, tout comme la limitation des interactions sociales. La propagation rapide du coronavirus dans des élevages de visons et la crainte de l’apparition de mutations ont conduit à l’éradication de ces animaux dans tout le pays, et entraîné le confinement partiel de sept communes du nord‑ouest du Danemark en novembre.

Danemark : Emploi et exportations

Source : Danish Business Authority (Erhvervsstyrelsen) ; Agence danoise pour le marché du travail et le recrutement (STAR, Styrelsen for Arbejdsmarked og Rekruttering) ; et Office statistique danois (Danmarks Statistik).

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Danemark : Demande, production et prix

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L’économie a d’abord rapidement rebondi mais la reprise a désormais ralenti

Dans la plupart des secteurs, l’activité avait redémarré au début de l’été après un confinement relativement souple. En juin 2020, les données de mobilité et la consommation mesurée à partir des transactions par carte de crédit avaient renoué avec les niveaux de l’année précédente. Les restrictions des déplacements internationaux ont stimulé le tourisme intérieur, et le marché du logement s’est nettement redressé, les prix et les ventes dépassant les niveaux antérieurs à la pandémie. L’inflation mesurée par les prix à la consommation a remonté ces derniers mois, sous l’effet d’une hausse des taux des taxes sur le tabac. La baisse de 3 % de l’emploi salarié enregistrée au printemps avait été regagnée pour moitié en août. Depuis lors, la reprise s’est essoufflée selon les chiffres quotidiens du chômage. La faiblesse de la demande extérieure freine aussi la reprise, notamment des exportations de services, même si la part importante des produits pharmaceutiques et des denrées alimentaires protège en partie les exportations de biens.

Les vastes mesures de relance et le soutien ciblé resteront d’actualité

La riposte budgétaire a été vive et le budget de 2021 prévoit une nouvelle relance à hauteur d’environ 1 % du PIB. Les autorités sont parvenues à remplacer les systèmes d’aides de grande ampleur mis en place durant le confinement par des mesures ciblées. Le dispositif de maintien dans l’emploi, qui a protégé plus de 8 % des travailleurs au plus fort de la crise, a été démantelé fin août pour couvrir uniquement les entreprises contraintes de fermer. La suspension des plafonds de dépenses des administrations locales en 2020 et la rénovation énergétique des logements sociaux stimuleront la demande jusqu’en 2022. En octobre, le gouvernement a augmenté les revenus bruts des ménages jusqu’à hauteur de 2.6 % du PIB en débloquant l’épargne‑retraite obligatoire spéciale dans le cadre d’une réforme récente des régimes de congés payés des salariés. La taxation au titre de l’impôt sur le revenu des fonds débloqués gonfle le budget de l’État en 2020 de près de 1 % du PIB.

Une reprise prolongée et fragile est prévue

Sur fond de recrudescence de la pandémie de COVID‑19, les perspectives à court terme semblent particulièrement incertaines. L’économie devrait se redresser peu à peu alors que les autorités doivent lutter contre des vagues épidémiques locales, jusqu’à ce qu’un vaccin devienne massivement disponible dans les derniers mois de 2021, de sorte que l’activité économique restera inférieure au niveau d’avant la pandémie jusqu’à mi 2022. Le dispositif de maintien dans l’emploi a protégé les revenus des ménages ce qui, parallèlement au déblocage de fonds de l’épargne liée au régime des congés payés et à un patrimoine élevé, stimulera la consommation privée. Dans un contexte de grande incertitude, l’investissement des entreprises restera modéré jusqu’à fin 2021, même s’il n’a pas régressé en raison de la forte teneur en R‑D des technologies médicales et écologiques. La vitesse de la reprise dépend énormément du retour des échanges internationaux, d’autant plus que la part, dans les exportations, des échanges de biens produits et vendus dans d’autres pays par des entreprises multinationales danoises ne cesse de croître. Le Royaume‑Uni est un partenaire commercial de premier plan et un Brexit dur sans accord constitue un risque important de divergence à la baisse par rapport aux prévisions. À l’inverse, un meilleur suivi des malades et une utilisation efficace des immenses capacités de dépistage (plus de 1 % de la population par jour en novembre) pourraient accélérer la reprise en évitant aux autorités de devoir prendre des mesures d’endiguement nombreuses et coûteuses.

Les réformes structurelles devraient se poursuivre

Des précisions claires sur les possibles mesures d’endiguement et régimes d’indemnisation seraient utiles aux entreprises et aux travailleurs afin d’anticiper un avenir incertain. Un soutien à la liquidité, des garanties d’emprunt et des aides ciblées devraient être les principales mesures pour surmonter la pandémie. Dans le cas où un reconfinement s’avèrerait nécessaire, le dispositif de chômage partiel adopté avec les partenaires sociaux en août apporterait un soutien, car son coût génèrerait moins de distorsions que celui du dispositif de maintien dans l’emploi progressivement supprimé. Tout au long de 2020, les pouvoirs publics ont maintenu leur programme de réformes structurelles, qui portent notamment sur le changement climatique. Ils devraient continuer dans cette voie, ce qui permettrait de faciliter le nécessaire redéploiement des ressources de certains services confrontés à une perte de demande vers des activités en expansion, comme celles liées à la protection de l’environnement.