Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Lettonie

Le PIB devrait se contracter de 4.3 % en 2020, avant de progresser de 2.4 % en 2021 et 4.0 % en 2022. L’activité a redémarré rapidement au troisième trimestre 2020, après la levée des mesures d’endiguement. Toutefois, la reprise a été interrompue par le récent tour de vis donné aux mesures prises pour gérer une nouvelle vague de propagation du virus et devrait reprendre lentement, une fois que les restrictions auront été assouplies. La consommation privée repartira grâce à un regain de confiance des ménages et à une hausse de leur revenu disponible net. L’investissement s’accélérera également progressivement. Le marché du travail a fait preuve d’une certaine résilience. Toutefois, le chômage restera élevé en 2021 à cause de la lenteur de la reprise dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre.

La politique budgétaire a permis d’éviter un ralentissement plus sérieux de l’activité et continuera à soutenir la reprise. La solidité des finances publiques laisse de la marge au gouvernement pour aider encore, si nécessaire, les ménages et les entreprises. Afin de faciliter la réallocation du travail et du capital, il conviendrait de renforcer la formation et de rendre plus efficaces les procédures de faillite.

De nouvelles restrictions ont été imposées pour lutter contre la seconde vague

Les taux d’incidence et de mortalité liés au COVID-19 ont été bas jusqu’à présent en comparaison d’autres pays européens. Toutefois, le nombre de cas confirmés s’est élevé rapidement à partir de la mi-septembre et l’état d’urgence a été décrété le 9 novembre. Les événements privés ne peuvent rassembler plus de deux familles, les équipements publics de loisirs sont fermés, et les restaurants ne peuvent proposer que de la vente à emporter. L’obligation de porter un masque dans les transports publics et les commerces et l’autorisation d’ouverture le week-end accordée seulement à certains commerces de détail figurent parmi les autres mesures prises au niveau national. À la différence des mesures adoptées au printemps, les écoles primaires et les garderies restent ouvertes. Les données de Google indiquent que la fréquentation de lieux comme les restaurants et les centres commerciaux, quoique supérieure au niveau de la plupart des pays de l’OCDE, restait à la mi-novembre inférieure d’environ 17 % au niveau pré‑pandémie. À Riga, le réseau routier en milieu de semaine est moins embouteillé depuis la mi-octobre.

Lettonie : Consommation et reprise

1. Variation hebdomadaire en pourcentage, en glissement annuel. Moyenne sur les quatre dernières semaines.

2. Évolution de la mobilité mesurée par Google pour la fréquentation des commerces et lieux de loisirs. Le niveau de référence est la valeur de la médiane, pour un jour donné de la semaine, calculée sur la période de 5 semaines comprise entre le 3 janvier et le 6 février 2020. Moyenne sur les 14 derniers jours.

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 108 ; Google LLC, « Rapports sur la mobilité de la communauté COVID-19 », https://www.google.com/covid19/mobility/?hl=fr ; et Swedbank.

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Lettonie : Demande, production et prix

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L’efficacité des mesures d’endiguement a permis un redressement économique rapide dès la première vague

Une chute brutale de la consommation privée a entraîné une contraction du PIB de 9 % au deuxième trimestre 2020, par rapport à la même période de 2019, mais les données du troisième trimestre indiquent un net rebond dans la plupart des secteurs, notamment l’industrie manufacturière et le commerce de détail. La rapidité de la reprise résulte en partie de restrictions moins draconiennes et d’une riposte efficace des pouvoirs publics, qui a permis d’emblée de circonscrire la propagation du virus. Le taux de chômage corrigé des variations saisonnières était en hausse de deux points environ pour atteindre son point culminant en juillet, mais était en recul dès septembre pour s’établir à 8.4 %, malgré la fin du dispositif de maintien dans l’emploi. La progression de la rémunération des salariés à temps complet ralentit, mais reste supérieure à zéro. Les dépenses par cartes bancaires et les retraits d’espèces sont en deçà de leurs niveaux de l’année dernière et ont récemment amorcé une baisse.

La riposte budgétaire privilégie l’investissement

Le gouvernement a pris des mesures de grande ampleur, représentant 4 ¾ pour cent du PIB, pour soutenir la trésorerie des entreprises, le système de santé et l’emploi dans les entreprises ébranlées par la crise. Toutefois, les dépenses ont été moindres que prévu du fait d’une demande limitée pour certains programmes, en particulier les garanties de prêts, et de retards d’exécution. La mesure de soutien du revenu des travailleurs en inactivité a été suspendue à la fin du mois de juin, mais a été réintroduite en novembre. Comparativement aux pays voisins, la riposte budgétaire de la Lettonie a privilégié le coup de pouce à l’investissement, et la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience pourrait permettre de poursuivre dans cette voie. Le projet de loi de finances 2021 fait état d’un déficit structurel de quelque 2 % du PIB, sans tenir compte des aides de l’UE. Le gouvernement prévoit de le ramener à environ 1 % du PIB en 2022. Il a aussi l’intention de faire passer le salaire minimum de 430 EUR à 500 EUR à partir de janvier 2021. Par ailleurs, les taux de cotisations de sécurité sociale diminueront d’un point et le seuil d’imposition applicable au revenu des personnes physiques sera relevé de 50 %. La politique accommodante de la BCE atténue la récession en maintenant les coûts d’emprunt à un niveau bas.

Une reprise lente s’annonce en raison de la persistance des risques sanitaires

On prévoit une reprise lente, car certaines mesures d’endiguement du virus sont supposées être assouplies graduellement à partir de décembre. Le PIB devrait retrouver son niveau d’avant la crise pendant le premier semestre 2022. La revalorisation du salaire minimum et la réduction du coin fiscal sur les bas salaires augmenteront le revenu disponible des ménages et favoriseront leur consommation. Néanmoins, les restrictions imposées à plusieurs activités et le montant élevé de l’épargne de précaution, tant qu’un vaccin efficace n’aura pas été déployé, modéreront la consommation privée jusqu’à ce que les ménages aient repris confiance. L’investissement des entreprises se redressera lentement, soutenu par des taux d’intérêt bas et par la levée de certaines incertitudes. Les exportations vont augmenter au fur et à mesure que l’activité se renforcera graduellement en Europe. Le chômage restera élevé tant que les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme le tourisme, ne pourront pas fonctionner normalement. L’effort d’investissement public devrait favoriser l’amélioration du marché du travail et compenser l’incidence potentiellement négative de la revalorisation du salaire minimum sur l’emploi. L’inflation ne s’orientera que lentement à la hausse du fait de l’ampleur des ressources inutilisées. L’incapacité à maîtriser la propagation du virus jusqu’à ce qu’un vaccin soit accessible aurait pour effet de réduire la consommation privée et de ralentir encore la reprise à court terme. En revanche, une utilisation rapide des aides au titre de la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience pourrait entraîner un rebond plus vigoureux de l’activité.

Les politiques publiques devraient favoriser les redéploiements de main-d’œuvre et la productivité

Des mesures visant à renforcer les compétences ainsi qu’à favoriser la réallocation du travail et du capital devraient compléter le développement de l’investissement public. Le marché immobilier locatif de Lettonie offre peu de solutions de logement abordables, ce qui réduit les possibilités de faire coïncider les offres et les demandes d’emploi. Consacrer des budgets supplémentaires aux politiques d’activation du marché du travail et réformer le marché locatif privé faciliteraient la réallocation du travail. Pour renforcer l’accès au logement, il faudrait que la Lettonie élargisse les compétences des bailleurs sociaux communaux et facilite le développement de prestataires à but non lucratif ou à but lucratif encadré. Par ailleurs, l’amélioration des procédures de faillite faciliterait la restructuration des entreprises viables et la liquidation de celles en déficit. Enfin, la nécessité d’accélérer la transformation numérique est désormais encore plus urgente ; en particulier, le développement de formations destinées à renforcer les compétences numériques favoriserait une plus large adoption de ces technologies.