Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Nouvelle-Zélande

Après la chute de l’activité due au COVID-19, la croissance économique a repris au second semestre de 2020 et elle s’établira en moyenne aux alentours de 2 ¾ pour cent en 2021, la montée du chômage pesant sur la consommation privée et la forte incertitude freinant l’investissement des entreprises. Dans l’hypothèse d’une réouverture des frontières au début de 2022 après la diffusion d’un vaccin efficace dans le monde entier, le tourisme et l’immigration alimenteront la poursuite de la reprise, le taux de croissance économique s’établissant à un peu plus de 2 ½ pour cent en 2022. Tant que la population ne sera pas immunisée, la reprise pourrait cependant être interrompue, par des vagues épidémiques intermittentes et localisées, ainsi que par les mesures d’endiguement connexes.

Le gouvernement devrait se tenir prêt à prendre des mesures de relance budgétaire et monétaire allant au‑delà de celles envisagées aujourd’hui si la reprise économique s'essouffle. Il devrait aussi renforcer les mesures destinées à favoriser le redéploiement de la main-d’œuvre des activités non viables à long terme vers celles qui le sont.

Un confinement localisé a été imposé pour circonscrire le risque d’une vague épidémique

Après un arrêt des contaminations par le COVID-19 en juin, la Nouvelle-Zélande a connu une vague localisée d’infections à Auckland au cours de la seconde moitié du mois d’août. Le gouvernement y a rapidement appliqué des mesures d’endiguement, imposant la suspension des activités économiques qui exigeaient des contacts physiques étroits et interdisant les déplacements vers le reste du pays, où ont été appliquées des restrictions plus limitées. Ces mesures d’endiguement ont été levées à l’échelle nationale au début d’octobre, après une période sans infections sur le territoire néo-zélandais. Les nombres quotidiens de nouveaux cas de COVID‑19 devraient sans doute rester faibles, à un chiffre, et concerner essentiellement des personnes se trouvant dans les installations de quarantaine mises en place pour les arrivées internationales, dans la mesure où la Nouvelle-Zélande maintient des contrôles stricts à ses frontières et applique une politique préventive d’endiguement.

Nouvelle-Zélande : Dépenses par carte et activité économique

1. Les valeurs correspondent à la différence en pourcentage entre les niveaux du PIB au T4 de 2019 et au T2 de 2020.

2. Les données montrent la baisse de la mobilité par rapport au niveau de référence entre le 1er mars et le 27 juin. Le niveau de référence correspond à la valeur médiane de la mobilité pendant la période de 5 semaines comprise entre le 3 janvier et le 6 février 2020.

3. Les secteurs de détail comprennent le commerce de détail, l'hébergement et la restauration (divisions G et H de la nomenclature ANZSIC).

Source : OCDE, base de données des Comptes nationaux ; Office statistique de Nouvelle-Zélande (Statistics New Zealand) ; Google LLC, Rapports sur la mobilité de la communauté - COVID-19, www.google.com/covid19/mobility/?hl=fr.

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Nouvelle-Zélande : Demande, production et prix

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L’économie s’est redressée mais n’est pas encore fermement engagée sur la voie de la reprise

En dépit d’une diminution marquée de la mobilité, la baisse du PIB réel observée entre le dernier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2020 a été proche de la moyenne de l’OCDE. Après avoir fortement reculé en avril, les transactions par carte électronique ont vivement rebondi et restent dynamiques. La confiance des consommateurs demeure faible, malgré la hausse rapide des prix des logements et la vigueur des cours des produits de base exportés, compte tenu de la forte augmentation du nombre de chômeurs observée au troisième trimestre de 2020. La confiance des entreprises, qui était tombée très bas, se redresse grâce à un effort considérable de relance budgétaire, à une reprise du tourisme interne, ainsi qu’à la vigueur de l’activité dans les secteurs du logement et de la construction.

Une relance budgétaire et monétaire massive soutient l’emploi et les entreprises

Le gouvernement apporte une aide financière considérable aux ménages et aux entreprises en 2020 et 2021, 70 % des fonds affectés au train de mesures budgétaires adopté pour faire face à la crise liée au COVID‑19 (20 % du PIB) devant être dépensés d’ici à juin 2021. Son axe prioritaire est la préservation des emplois existants. La mesure la plus coûteuse est le dispositif de subvention salariale (Wage Subsidy Scheme), au titre duquel 14 milliards NZD (4.5 % du PIB) ont été versés aux entreprises pour qu’elles conservent leurs salariés. Des subventions salariales temporaires complémentaires ont été mises en place pour la période de restrictions accrues. Cet ample dispositif d’aide au revenu, dont ont bénéficié à un moment donné 71 % des entreprises et 60 % des actifs occupés, a été réduit progressivement par le biais d’un durcissement des conditions d’admissibilité, et a expiré en novembre 2020. La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande (RBNZ, Reserve Bank of New Zealand) a renforcé les mesures destinées à favoriser la distribution du crédit et à réduire les coûts d’emprunt. Elle a sensiblement augmenté le montant de son programme d’achats d’actifs de grande ampleur, dont elle estime qu’il a fait baisser le rendement des obligations d’État à 10 ans de plus de 100 points de base. Les taux d’intérêt hypothécaires ont également diminué, étayant le dynamisme du marché du logement. En décembre, la RBNZ doit par ailleurs commencer à mettre en œuvre le programme de financement du crédit (FLP, Funding for Lending Programme), qui permettra aux banques d’obtenir des financements à bas coût sur la base de leur encours de prêts accordés à des emprunteurs résidents et de l’augmentation de leur volume de crédits distribués. Depuis qu’il a été abaissé en mars de 1 % à 0.25 %, le taux officiel de l’argent au jour le jour (OCR, Official Cash Rate) est resté inchangé. La date d’entrée en vigueur des exigences de fonds propres renforcées applicables aux banques a été encore reportée, à juillet 2022.

La reprise sera modérée et tributaire de l’évolution de l’épidémie de COVID‑19

Après un rebond de l’activité au second semestre de 2020, la reprise ralentira en raison de la montée régulière du chômage consécutive à l’expiration du dispositif de subvention salariale, qui pèsera sur la consommation privée. L’investissement des entreprises sera atone, car elles chercheront à assainir leur bilan et à se doter d’une réserve de liquidités pour faire face aux répercussions économiques d’éventuelles résurgences de l’épidémie. Le tourisme international, qui représentait 20 % des exportations totales en 2019, sera réduit à néant par la fermeture persistante des frontières aux non‑résidents étrangers, même si cet effet est composé en partie par une augmentation du tourisme interne. L’inflation et la croissance des salaires resteront faibles du fait de l’ampleur du volant de ressources inutilisées dans l’économie. Dans l’hypothèse d’une réouverture des frontières en janvier 2022 après la diffusion d’un vaccin efficace à l’échelle mondiale, la croissance économique s’accélérera, le renforcement des exportations exerçant un effet stimulant sur les recrutements et l’investissement des entreprises. La reprise pourrait être retardée par des vagues sporadiques de contamination, nécessitant des mesures localisées d’endiguement pour y mettre fin, ou par une résurgence mondiale pire que prévu de la pandémie de COVID-19, qui pèserait sur la croissance des marchés d’exportation. À l’inverse, une diffusion plus rapide d’un vaccin contre le COVID‑19 permettrait de rouvrir plus tôt les frontières, éventuellement via des zones de voyage sûres dans un premier temps.

Le gouvernement devrait se tenir prêt à prendre des mesures de relance supplémentaires

Si des risques à la baisse devaient se matérialiser en 2021, en particulier une vague de contamination de grande ampleur nécessitant l’adoption de mesures d’endiguement dans les grandes villes, il faudrait prendre des mesures de relance budgétaire et monétaire allant au-delà de celles envisagées aujourd’hui pour éviter un déraillement de la reprise économique. Une mise en œuvre rapide du volet relatif aux investissements en infrastructures du train de mesures budgétaires adopté pour faire face à la crise liée au COVID‑19 ainsi que du programme de modernisation de la Nouvelle-Zélande (New Zealand Upgrade Programme) dans les domaines du logement et des infrastructures vertes étayerait la reprise et améliorerait le bien-être des Néo‑Zélandais. Le gouvernement devrait aussi faciliter le redéploiement des travailleurs occupant des emplois qui risquent de ne plus être viables, dans l’esprit du dispositif de reconversion qui forme les salariés des secteurs de l’hébergement et de la restauration et du transport aérien pour qu’ils puissent travailler dans la construction, l’agriculture, l’industrie manufacturière et la santé. Le gouvernement devrait par ailleurs renforcer l’accompagnement des travailleurs pendant les périodes de transition professionnelle, en réformant le dispositif de protection sociale constitué par l'aide aux demandeurs d'emploi (Jobseeker Support), en mettant en place un régime d’assurance chômage, ou en adoptant une approche hybride.