Genaro Cruz
GSMA
Melle Tiel Groenestege
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Ce chapitre montre, données à l’appui, que la couverture du haut débit mobile s’est rapidement étendue dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, mais que l’adoption de cette technologie n'a pas décollé et que des inégalités femmes-hommes subsistent à la fois en ce qui concerne l’équipement en smartphones et l’utilisation de l’internet mobile. Il souligne l’importance de s'attaquer aux obstacles qui empêchent l’adoption des technologies numériques tels que l’accessibilité financière, le manque de compétences, les problèmes de sécurité, les contenus inappropriés et le manque d'accès aux outils de facilitation. Pour éliminer totalement ces obstacles et progresser sur la voie du développement durable, le chapitre appelle les pouvoirs publics à se concentrer non plus sur l’infrastructure mais sur la capacité des individus à profiter des bienfaits de la transformation numérique.
Parmi les 3.8 milliards de personnes qui, dans le monde, n’ont toujours pas accès à l’internet mobile, 88 % vivent dans des zones déjà couvertes par le haut débit mobile mais n’en utilisent pas les services.
Bien qu’elles aient diminué, les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent importantes : dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, les femmes ont 15 % de chances en moins que les hommes d'utiliser l’internet mobile et de détenir un smartphone.
Les principaux obstacles à l’adoption de l’internet mobile sont l’accessibilité financière, les connaissances et les compétences numériques, le manque de contenus et de services pertinents, les problèmes de sécurité et de sûreté, et l'accès aux outils de facilitation.
La coopération pour le développement peut aider à combler les fractures de trois manières : en facilitant la collecte de données et de renseignements sur les personnes n’ayant pas accès à l’internet ; en renforçant les capacités et en fournissant une assistance technique pour créer un contexte général favorable ; et en finançant des projets permettant de faire tomber les obstacles à l’adoption de l’internet.
Les téléphones portables sont à l’origine d'une extension sans précédent de la connectivité au niveau mondial. Fin 2020, plus de 4 milliards de personnes utilisaient l'internet mobile, soit une augmentation de 220 millions de personnes en seulement un an (GSMA, 2021[1]). Le téléphone portable demeure le principal et, dans certains cas, le seul moyen d'accéder à l'internet, en particulier dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. À titre d’exemple, au Bangladesh et au Kenya, respectivement 85 % et 69 % de l’ensemble des utilisateurs de l'internet se connectent uniquement à l'aide d’un téléphone portable (GSMA, 2021[1]).
Ces chiffres témoignent de l’extension rapide, ces dernières années, de la couverture du haut débit mobile. Néanmoins, plus de 3.8 milliards de personnes n’avaient pas accès à l’internet mobile en 2020 et, faute d’action supplémentaire, il sera difficile d’atteindre l’objectif de connectivité universelle fixé au titre des ODD (GSMA, 2020[2]). La connectivité a joué un rôle crucial pendant la pandémie de COVID-19, car de nombreuses activités ont été menées en ligne. Pourtant, des études préliminaires de la GSMA montrent que si la consommation individuelle de données a sensiblement augmenté, la progression du nombre de nouveaux adeptes de l'internet mobile n’a pas été très rapide. Sans surprise, l’écrasante majorité des personnes n'ayant pas accès à l’internet mobile vivent dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire (93 %) et présentent souvent les caractéristiques suivantes : grande pauvreté, faible niveau d'éducation, sexe féminin et habitant d'une zone rurale. S’agissant de l'utilisation de l’internet mobile, l’écart entre les femmes et les hommes a continué de diminuer mais il reste important : dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, les femmes ont 15 % de chances en moins que les hommes d'utiliser l’internet mobile, ce qui signifie qu’elles sont 234 millions en moins à le faire par rapport aux hommes (GSMA, 2021[3]).
Aujourd'hui, la principale difficulté liée à la réduction de la fracture numérique persistante ne réside plus simplement dans le manque d’infrastructure correspondante. D'autres obstacles – liés à la demande – empêchent l’adoption et l'utilisation de l’internet. Parmi les 3.8 milliards de personnes qui n’avaient pas accès à l’internet mobile en 2020, la plupart (88 %) vivent dans des zones qui sont déjà couvertes par le haut débit mobile, mais où il existe d'autres entraves. Il peut s'agir par exemple du manque de moyens financiers pour acquérir un smartphone, de l’absence de connaissances de base ou de compétences numériques, ou encore des freins exercés par des normes sociales restrictives.
L'amélioration de la connectivité apporte de nombreux avantages à long terme. Les études montrent qu'une augmentation de 10 % du taux de pénétration du haut débit mobile entraîne une hausse de 1.5 % du produit intérieur brut (PIB) (UIT, 2020[4]). Si la fracture numérique risque d’exacerber les inégalités sociales existantes, la réduction de l’écart entre les femmes et les hommes en matière d’utilisation de l’internet mobile dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire pourrait gonfler le PIB de 700 milliards USD sur cinq ans, ce qui représente une croissance de 0.7 % (GSMA, 2019[5]).
L’extension de la connectivité transforme également la vie des individus. Une étude effectuée récemment en République-Unie de Tanzanie montre que l’existence du haut débit mobile entraîne une hausse de la consommation des ménages de 7 % et un recul de la pauvreté de 5 points de pourcentage – des effets dus principalement aux répercussions positives sur le marché de l’emploi (Bahia et al., 2021[6]). L'internet mobile améliore le bien-être des populations car il leur permet d'accéder à des informations importantes qui leur seraient sinon inaccessibles et qui les aident dans leur vie quotidienne (GSMA, 2020[7]). Selon le pays, entre 58 % et 90 % des femmes possédant un appareil portable déclarent que cela les aide au quotidien dans leur travail, leurs études ou les tâches domestiques (GSMA, 2020[7]), un grand nombre d’entre elles indiquant qu’elles utilisent l’internet mobile pour poster des photos de leurs produits sur les médias sociaux afin de trouver de nouveaux clients, chercher des recettes de cuisine bonnes pour la santé, effectuer des consultations médicales et vérifier le prix des produits en ligne avant d’effectuer des achats1.
La mise en œuvre de politiques publiques dans le seul domaine des infrastructures ne sera pas suffisant pour combler la fracture numérique. Malgré l’extension rapide de la couverture du haut débit mobile, l’adoption de l’internet est restée à la traîne (Graphique 4.1). Bien que l’instauration de mesures favorisant le développement des réseaux mobiles demeure importante – en particulier en Afrique subsaharienne, où pas moins de 19 % de la population n’ont toujours pas accès au haut débit mobile –, les pouvoirs publics doivent cibler davantage les individus et les utilisateurs finaux pour lever les obstacles qui empêchent l'adoption et l’utilisation de l’internet. Il conviendrait également, dans ce contexte, de renforcer les actions visant à répondre aux besoins spécifiques des groupes ayant peu accès à l’internet, comme les femmes et les personnes handicapées, qui, plus que les autres, sont exclus des bienfaits d’une société de plus en plus connectée (GSMA, 2020[7]).
Les études réalisées par la GSMA dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire ont mis en évidence cinq obstacles à l’adoption et l'utilisation par les individus de l’internet mobile disponible, à savoir : l’accessibilité financière, les connaissances et les compétences, la sécurité et la sûreté, la pertinence, et l'accès aux outils de facilitation comme l’électricité et une identification officielle. Bien que tous ces obstacles soient présents d'une façon ou d'une autre, l'importance de chacun varie en fonction de la région et du niveau de développement du numérique de chaque pays. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, par exemple, les deux freins le plus souvent cités sont l'accessibilité financière (en particulier des téléphones) ainsi que l’absence de connaissances de base et de compétences numériques. En Amérique latine, c’est la question de la sécurité et de la sûreté qui, d’après les personnes interrogées, constitue la principale entrave à l’utilisation de l’internet mobile. Par conséquent, les autorités publiques qui ont pour ambition de combler la fracture numérique doivent mettre en place un cadre d'action global qui permette de s'attaquer à tous ces obstacles selon une approche holistique (GSMA, 2021[8]).
En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, par exemple, les deux freins les plus souvent cités sont l'accessibilité financière (en particulier des téléphones) ainsi que l’absence de connaissances de base et de compétences numériques. En Amérique latine, c’est la question de la sécurité et de la sûreté qui, d’après les personnes interrogées, constitue la principale entrave à l’utilisation de l’internet mobile.
Le coût d’achat d’un téléphone compatible avec l’internet est un obstacle important à l’acquisition d'un appareil portable. Bien que le prix des offres groupées de données ait baissé de 40 % depuis 2016, la moitié des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire n’ont pas encore atteint l’objectif d'accessibilité financière de 2 % fixé par les Nations Unies (Commission « Le large bande au service du développement durable », 2021[9]).2 De surcroît, la barrière financière touche sensiblement plus les femmes, qui sont souvent moins indépendantes financièrement et ont des revenus plus faibles que les hommes, et qui ne jouissent pas du même accès aux sources de financement externes. Dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, les femmes ont 15 % moins de chances que les hommes de détenir un smartphone (GSMA, 2021[3]).
Les politiques publiques visant à améliorer l’accessibilité financière doivent être axées sur l’amélioration du pouvoir d'achat des individus (par exemple en versant des subventions ciblées) et sur la baisse des coûts de la fourniture des services mobiles (par exemple en supprimant des taxes sectorielles et en fixant des tarifs adaptés pour les spectres de fréquences) (GSMA, 2021[8]). D'autres mesures sont également possibles, comme celles qui facilitent l’adoption de stratégies innovantes de tarification et de financement des téléphones ou permettent une souplesse tarifaire pour les offres groupées de données sur les marchés concurrentiels. L'initiative « Safaricom Lipa Mdogo Mdogo », au Kenya, en est un exemple : elle permet aux clients d'acheter un smartphone et de le payer à raison de plusieurs petits prélèvements échelonnés. Complétée par la campagne « Maisha Ni Digital » (« Le numérique, c’est la vie »), elle permet d'accroître l’adoption du smartphone au sein de la population féminine (GSMA, 2021[10]). La souplesse tarifaire est importante car elle permet d’améliorer l'accessibilité financière, mais aussi de maintenir des niveaux d'investissement salutaires dans l’infrastructure (GSMA, 2018[11]).
L’étude réalisée par la GSMA dans huit pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire montre que près d'un quart des personnes interrogées – en particulier les habitants des zones rurales et les femmes – ne savent pas ce qu’est l'internet mobile ni comment elles peuvent en bénéficier3 (GSMA, 2020[2])4. En Inde, par exemple, 53 % des femmes seulement connaissent l’internet mobile (GSMA, 2021[3]). Même parmi les utilisateurs de la téléphonie mobile, le manque de connaissances de base et de compétences numériques (par exemple pour créer un compte ou utiliser des applications mobiles connues) est souvent rapporté comme l’obstacle numéro un à l’adoption de l’internet mobile. Cet obstacle concerne particulièrement les femmes et les personnes handicapées, dont le taux d'alphabétisation et le niveau d'éducation sont plus faibles (GSMA, 2021[3] ; 2020[12]).
Les initiatives visant à améliorer les compétences numériques doivent correspondre aux besoins des utilisateurs et comprendre ce qui les motive à apprendre, des facteurs très variés pouvant intervenir à cet égard (notamment leurs besoins essentiels et leurs niveaux de compétences). L’enquête de la GSMA montre que les communications, les réseaux sociaux et les divertissements sont souvent les principaux points d’entrée à l'utilisation de l’internet mobile (GSMA, 2021[1]). Tout programme visant à améliorer les compétences numériques doit refléter le fait que la plupart des utilisateurs de l’internet y accèdent à l’aide d'un appareil portable. Le cas échéant, l’apprentissage en autonomie peut être facilité par l’utilisation d’outils numériques et l’apprentissage collectif par la mise en place de programmes de formation des formateurs. Un exemple de ce type de programme est celui conçu par les autorités rwandaises en partenariat avec une organisation non gouvernementale, qui vise à former des ambassadeurs du numérique. Après un essai réussi, ce programme va désormais former 5 000 jeunes (femmes et hommes), qui se rendront auprès des communautés pour enseigner des compétences numériques de base à 5 millions de Rwandais ayant peu ou pas d’expérience de l’internet et leur apprendre à utiliser le commerce en ligne et les services de l’administration électronique5.
Dans un grand nombre de pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, l'écosystème local des services et des ressources numériques est sous-développé et les contenus, produits et services proposés ne correspondent pas aux capacités ni aux besoins des utilisateurs. À titre d’illustration, alors que la crise du COVID-19 a entraîné une multiplication des achats en ligne, 8 % de la population d’Afrique du Sud et 24 % de celle du Brésil seulement ont utilisé le commerce électronique (CNUCED, 2021[13]). Pour élargir l’offre locale de services et de contenus numériques qui incitent les individus à se connecter à l’internet et permettent aux entreprises locales de tirer le maximum de profit d’une présence en ligne, des politiques publiques appropriées doivent être mises en place. Ces politiques devraient faciliter la création d’un environnement propice au développement des entreprises numériques, à la croissance des jeunes entreprises et à la mise en œuvre par les secteurs prioritaires et les petites et moyennes entreprises de leur stratégie de transformation numérique. Les pouvoirs publics peuvent en outre stimuler l’écosystème local en accélérant le passage au numérique des services publics, ce qui, en plus d’accroître l’utilité de l’adoption de l’internet mobile, peut aussi contribuer à la création d'une industrie numérique – emplois, formations et infrastructure – favorisant la transformation numérique au niveau local.
Les inquiétudes relatives à la sécurité et la sûreté – concernant notamment les risques de harcèlement ou d’intidimation, de désinformation, d’escroquerie ou même de vol en ligne – dissuadent de plus en plus les individus de se connecter à l’internet et les empêchent d'y avoir une expérience positive. Les femmes, en particulier, peuvent être confrontées à des situations d'insécurité et de harcèlement qui les découragent d’acquérir un téléphone ou d’utiliser l’internet. En Afrique du Sud, par exemple, 22 % des femmes qui savent que l’internet mobile existe mais ne l’utilisent pas invoquent comme principale raison les questions de sécurité et de sûreté ; seuls 5 % des hommes ayant un profil similaire citent la même raison (GSMA, 2020[7]). Il importe toutefois de noter que pour un grand nombre de femmes, le fait de détenir un appareil portable et d'accéder à des services mobiles peut aussi être un moyen d'accroître leur sécurité (GSMA, 2018[14]).
Les décideurs publics devraient veiller à ce que des cadres d’action et des cadres juridiques appropriés, tenant compte des risques en matière de sécurité et de sûreté, soient en place. Ils devraient aussi fournir aux utilisateurs les capacités et les outils nécessaires pour faire face à ces risques – campagnes de sensibilisation, formations ou assistance téléphonique notamment. Pour instaurer la confiance, un modèle réglementaire commun permettant de lutter contre la désinformation devrait être institué. Les codes de bonnes pratiques contre la désinformation adoptés par l’Union européenne et l’Australie sont à cet égard des initiatives prometteuses. Une étude montre que les utilisateurs de la téléphonie mobile sont préoccupés par la protection de leurs données personnelles et veulent pouvoir effectuer des choix clairs et simples pour contrôler l’utilisation qui est faite de leurs données et être sûrs de pouvoir avoir confiance dans les entreprises qui les collectent (GSMA, 2014[15]). Des lois devraient être adoptées pour protéger le droit fondamental des individus à la protection de la vie privée, mais en offrant suffisamment de souplesse pour encourager l’innovation6.
L'utilisation de l’internet repose sur des outils de facilitation comme l’électricité, l’existence d’une preuve formelle d’identité, les détaillants7 et les conditions d’accessibilité, qui sont donc des leviers d'action importants pour favoriser une adoption plus large de cette technologie. À titre d’exemple, un milliard de personnes ne possèdent toujours pas d’identification officielle, alors que la réglementation de plus de 150 pays exige une telle preuve pour l’enregistrement d'une carte SIM (GSMA, 2021[16]). L’absence d’électricité (par exemple pour charger un appareil) constitue un obstacle, de même que les difficultés d'accès (par exemple pour les personnes peu instruites ou handicapées). L'accès à un détaillant, à de l’électricité ou à une connexion de qualité peut être particulièrement difficile pour les femmes lorsque cela implique de quitter le domicile, soit parce que les lieux où se trouvent ces outils de facilitation sont peu sûrs, soit parce que les normes sociales restreignent la liberté de mouvement des femmes. Celles-ci sont en outre moins susceptibles de détenir les documents d’identification officiels nécessaires pour enregistrer une carte SIM8.
Les pouvoirs publics pourraient s’attaquer à ces obstacles en adoptant des politiques qui, par exemple, élargissent l'accès à l'électricité (notamment grâce à la mise en place de solutions énergétiques hors réseau faisant appel à la technologie mobile) (GSMA, 2020[17] ; 2017[18]). Les processus d’enregistrement appliqués pour l’accès aux services numériques (notamment mobiles) devraient être inclusifs et transparents, ce qui nécessite des exigences équilibrées pour l’enregistrement de la carte SIM et l’application homogène de règles de protection des consommateurs dans l’ensemble de l’écosystème numérique. D'après une étude récente réalisée par la GSMA (2021[16]) dans 31 pays, l’assouplissement des obligations réglementaires pour les nouveaux utilisateurs par les autorités de 11 pays (par exemple en autorisant un plus large éventail de preuves d’identité et une collecte réduite d'informations sur les utilisateurs pour certains services limités) s’est traduit par une augmentation du nombre de personnes en mesure d’accéder à l’internet mobile. Accroître l’accessibilité des services, des canaux de distribution et des formations pour les groupes désavantagés – comme les femmes et les personnes handicapées – est une autre mesure qui devrait être envisagée, outre le développement et l'amélioration des fonctionnalités d’accessibilité. Cet aspect est particulièrement important pour les femmes vivant dans des pays où les normes sociales restreignent leur mobilité et, par exemple, leur interdisent de s'adresser à des hommes pour acheter des crédits de connexion ou de se rendre dans un cybercafé ou une bibliothèque fréquenté(e) par des hommes qui ne sont pas membres de leur famille.
Une grande attention et de nombreuses ressources ont été consacrées à l’extension de l’infrastructure du haut débit mobile. Plus de 160 pays se sont dotés d'une stratégie nationale pour le haut débit (Commission « Le large bande au service du développement durable », 2020[19]), des efforts qui se sont traduits par un élargissement régulier de la couverture : 94 % de la population mondiale avait accès à une connexion haut débit en 2020, contre 56 % en 2010.
Accroître le niveau d’adoption et d'utilisation est en revanche plus complexe, car cela nécessite des politiques centrées sur l’humain qui tiennent compte des besoins des utilisateurs finaux et s’attaquent aux obstacles que sont l’accessibilité financière, la culture numérique, la confiance, la pertinence et la facilité d'accès. Outre le fait que ces obstacles sont profondément liés aux difficultés plus générales d’ordre socioéconomique, un large éventail de ministères, d'autorités de régulation, d’organismes publics et de parties prenantes se partage la responsabilité d’y remédier. Le problème est d'autant plus ardu que l’on manque de données fiables sur les personnes n’ayant pas accès à l'internet – en particulier des données ventilées par sexe –, ce qui empêche les pouvoirs publics de mener des actions ciblées.
Par conséquent, les stratégies des pouvoirs publics ne seront efficaces que si elles tiennent compte des difficultés structurelles et de la nécessité d'améliorer l’inclusion numérique dans toutes ses dimensions ; mettent l’accent sur la collecte de données ; et cherchent à surmonter les différents obstacles en adoptant une approche globale à l’échelle de l’ensemble de l’administration. La coopération pour le développement peut contribuer à ce que ce processus favorise également un développement inclusif et durable en :
renforçant les capacités locales de collecte et d'analyse de données granulaires, fiables et ventilées par sexe, afin de permettre une meilleure compréhension du contexte, des caractéristiques et des besoins des personnes n’ayant pas accès à l'internet ;
fournissant des capacités et une assistance technique pour aider les pouvoirs publics à concevoir et à mettre en œuvre des politiques et des réglementations qui s'attaquent aux cinq principaux obstacles à l’adoption et à l'utilisation de l'internet mobile ;
finançant des projets visant à éliminer les obstacles à l'utilisation de l'internet mobile, en particulier les initiatives axées sur les compétences numériques conduites en partenariat avec des parties prenantes locales et le secteur privé.
[6] Bahia, K. et al. (2021), « Mobile broadband internet, poverty and labor outcomes in Tanzania », Document de travail de recherche sur les politiques, n° 9749, Banque mondiale, Washington, D.C., https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/36172 (consulté le 5 octobre 2021).
[13] CNUCED (2021), « COVID-19 has changed online shopping forever, survey shows », news, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, Genève, https://unctad.org/news/covid-19-has-changed-online-shopping-forever-survey-shows (consulté le 5 octobre 2021).
[9] Commission « Le large bande au service du développement durable » (2021), « 2025 targets: Connecting the other half », page web, https://broadbandcommission.org/broadband-targets (consulté le 5 octobre 2021).
[19] Commission « Le large bande au service du développement durable » (2020), The State of Broadband 2020: Tackling Digital Inequalities, Union internationale des télécommunications et Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Genève et New York, NY, https://www.itu.int/dms_pub/itu-s/opb/pol/S-POL-BROADBAND.21-2020-PDF-E.pdf.
[8] GSMA (2021), Accelerating Mobile Internet Adoption: Policy Considerations to Bridge the Digital Divide in Low- and Middle-Income Countries, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2021/05/Accelerating-Mobile-Internet-Adoption-Policy-Considerations.pdf.
[16] GSMA (2021), Access to Mobile Services and Proof of Identity 2021: Revisiting SIM Registration and Know Your Customer (KYC) Contexts During COVID-19, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2021/04/Digital-Identity-Access-to-Mobile-Services-and-Proof-of-Identity-2021_SPREADs.pdf.
[10] GSMA (2021), Safaricom’s Maisha Ni Digital Campaign: A Holistic Approach to Address the Barriers Preventing Kenyan Women from Using Mobile Internet, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2021/03/Safaricom-Maisha-Ni-Digital-Case-Study.pdf.
[3] GSMA (2021), The Mobile Gender Gap Report 2021, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/r/wp-content/uploads/2021/07/The-Mobile-Gender-Gap-Report-2021.pdf.
[1] GSMA (2021), The State of Mobile Internet Connectivity Report 2021, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/r/wp-content/uploads/2021/09/The-State-of-Mobile-Internet-Connectivity-Report-2021.pdf.
[12] GSMA (2020), The Mobile Disability Gap Report 2020, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2020/12/GSMA_Mobile-Disability-Gap-Report-2020_32pg_WEB.pdf.
[7] GSMA (2020), The Mobile Gender Gap Report 2020, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2020/05/GSMA-The-Mobile-Gender-Gap-Report-2020.pdf.
[2] GSMA (2020), The State of Mobile Internet Connectivity Report 2020, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/r/wp-content/uploads/2020/09/GSMA-State-of-Mobile-Internet-Connectivity-Report-2020.pdf.
[17] GSMA (2020), The Value of Pay-As-You-Go Solar for Mobile Operators, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/resources/the-value-of-pay-as-you-go-solar-for-mobile-operators.
[5] GSMA (2019), The Mobile Gender Gap Report 2019, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2019/03/GSMA-Connected-Women-The-Mobile-Gender-Gap-Report-2019.pdf.
[14] GSMA (2018), A Framework to Understand Women’s Mobile-related Safety Concerns, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2018/07/A-framework-to-understand-womens-mobile-report_Mar_v12_MI080618.pdf.
[11] GSMA (2018), Assessing the Impact of Market Structure on Innovation and Quality, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/publicpolicy/wp-content/uploads/2018/05/Assessing_impact-market-structure.pdf.
[18] GSMA (2017), Mobile for Development Utilities: Lessons from the Use of Mobile in Utility Pay-as-you-go Models, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2017/01/Lessons-from-the-use-of-mobile-in-utility-pay-as-you-go-models.pdf.
[15] GSMA (2014), Mobile Privacy: Consumer Research Insights and Considerations for Policymakers, GSMA, Londres, https://www.gsma.com/publicpolicy/wp-content/uploads/2014/02/GSMA2014_Research_MobilePrivacyConsumerResearchInsightsForPolicymakers.pdf.
[4] UIT (2020), « Economic impact of broadband, digitization and ICT regulation », page web, https://www.itu.int/en/ITU-D/Regulatory-Market/Pages/Economic-Contribution.aspx (consulté le 5 octobre 2021).
← 1. La GSMA mène des enquêtes sur le terrain pour comprendre comment les femmes utilisent l’internet mobile et quels avantages elles en retirent. Certains de ces usages sont illustrés dans une série de vidéos disponibles à l'adresse suivante : https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/resources/connected-women-life-stories.
← 2. L’objectif est que les services haut débit d’entrée de gamme proposés dans les pays en développement soient accessibles financièrement à l’horizon 2025. La Commission des Nations Unies sur le haut débit pour le développement durable considère qu'une offre groupée d’entrée de gamme (par exemple de 1 Go) est abordable pour le consommateur moyen lorsqu’elle coûte moins de 2 % du revenu national brut mensuel par habitant. Voir : https://www.broadbandcommission.org/broadband-targets.
← 3. La GSMA réalise une enquête annuelle dans plusieurs pays sur un échantillon représentatif d’environ un millier d’hommes et de femmes âgés de 18 ans et plus. Des entretiens en face à face ont eu lieu dans huit pays à faible revenu et à revenu intermédiaire en 2020, 15 en 2019, 18 en 2018 et 24 en 2017. Les huit pays sondés en 2020 étaient les suivants : Algérie, Bangladesh, Guatemala, Inde, Kenya, Mozambique, Nigéria et Pakistan. Les pays pris en compte dans toutes les éditions de l’enquête représentent environ 78 % de la population des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
← 4. Les personnes interrogées savent ce qu’est l’internet mobile parce qu’elles l'ont déjà utilisé sur un téléphone portable ou sont au courant qu’il est possible d'accéder à l’internet depuis un téléphone portable.
← 5. Pour plus d’informations, voir le site web du ministère rwandais des Technologies de l'information et de la communication et de l’Innovation : https://www.minict.gov.rw/news-detail/digital-ambassador-programme-to-connect-5-million-rwandans.
← 6. Les principes relatifs à la protection des données énoncés par la GSMA s'appliquent aux applications et services mobiles qui ont accès aux données personnelles des utilisateurs et les collectent en vue de les utiliser. Voir : https://www.gsma.com/publicpolicy/resources/mobile-privacy-principles.
← 7. Dans un grand nombre de pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, la plupart des utilisateurs achètent des services mobiles prépayés – donnant droit à une durée de connexion et à un volume de données – auprès d'un réseau de détaillants.