La proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a reculé depuis le lancement des Objectifs de développement durable, passant de 10.8 % (soit 787 millions de personnes) en 2015, à 8.4 % (soit 689 millions de personnes) en 2019. La pandémie de COVID-19 a donné un coup d’arrêt à ces progrès, et si l’on se fonde sur la trajectoire actuelle, 7.0 % de la population mondiale, soit près de 575 millions de personnes, seront encore en situation d’extrême pauvreté en 2030. Parallèlement, les effets du changement climatique pèseront de manière disproportionnée sur les populations les plus vulnérables, menaçant de faire basculer 132 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté.
En tant que source stable et fiable de financement pour les pays en développement, l’aide au développement a un rôle essentiel à jouer dans l’accélération des progrès en matière de réduction de la pauvreté et de développement, le soutien à l’adaptation au changement climatique et la mise à profit de la transition écologique à l’appui d’une croissance résiliente, durable et inclusive.
L’aide publique au développement (APD) et le financement climatique destiné aux pays en développement ont tous deux atteint des niveaux record, malgré les fortes pressions qui s’exercent sur les budgets publics. D’après les chiffres préliminaires, l’APD totale a atteint 223.7 milliards USD en 2023 ; c’est la quatrième année consécutive qu’elle atteint un niveau record. Le financement climatique provenant de sources publiques bilatérales et multilatérales a atteint 115.9 milliards USD en 2022, soit, pour la première fois, davantage que les 100 milliards USD promis.
Le rapport Coopération pour le développement 2024 de l’OCDE formule des recommandations d’actions ciblées visant à optimiser la contribution de ce financement au développement durable :
Accroître l’efficacité des financements disponibles en intégrant mieux la lutte contre la pauvreté et le changement climatique dans la conception et l’évaluation des programmes ;
Renforcer les capacités relatives au système fiscal des pays en développement, par exemple, afin d’améliorer la mobilisation des ressources intérieures ;
Multiplier les possibilités de développement des compétences pour les femmes afin d’accroître leur participation au marché du travail et qu’elles soient mieux à même de participer à la transformation écologique et d’en bénéficier ; et,
Faire prévaloir des marchés du travail inclusifs et des conditions de travail décentes en soutenant la régularisation de l’emploi informel et les droits de négociation collective.
L’OCDE est on ne peut mieux placée pour contribuer à aligner le soutien apporté par les politiques de développement à la lutte contre la pauvreté et celui axé sur l’action climatique en mettant à profit l’expertise de l’ensemble de l’Organisation. Notre aptitude à recueillir et analyser des données, à promouvoir un dialogue inclusif et à élaborer des pratiques optimales et des normes peut aider les partenaires au développement à repérer, mettre en œuvre et évaluer les innovations en matière d’action publique visant à améliorer l’efficacité et l’efficience de la coopération pour le développement.
Les participants au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui s’est tenu en 2023, se sont engagés à faire en sorte qu’aucun pays ne soit contraint de choisir entre lutter contre le changement climatique et lutter contre la pauvreté ou relever d’autres défis en matière de développement. Le Secrétariat du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), hébergé par l’OCDE, constitue un exemple de mobilisation de tout l’éventail des compétences de l’OCDE pour aider les pays à traduire leurs engagements en actions concrètes en faveur de l’action climatique et du développement durable.
L’édition 2024 du rapport Coopération pour le développement de l’OCDE insiste sur cette approche intégrée et formule des recommandations concrètes dans les domaines d’action où la coopération pour le développement peut sensiblement changer la donne, pour créer un avenir plus résilient, inclusif et durable.
Mathias Cormann,
Secrétaire général de l’OCDE