Harsh Desai
Direction de la coopération pour le développement, OCDE
Coopération pour le développement 2024
14. Orientation de l’aide publique au développement sur la pauvreté et les inégalités, et mesure de celle-ci
Copier le lien de 14. Orientation de l’aide publique au développement sur la pauvreté et les inégalités, et mesure de celle-ciAbstract
Dans quelle mesure le financement à l’appui du développement, en particulier l’aide publique au développement (APD), cible-t-il la réduction de la pauvreté et des inégalités ? Après avoir analysé les résultats des mesures existantes du ciblage de l’aide, ce chapitre présente les constatations issues d’approches innovantes de façon à dresser un tableau plus complet de l’état actuel du ciblage de la pauvreté et des inégalités par les fournisseurs bilatéraux et multilatéraux, pour les secteurs et les zones géographiques concernés. Il apporte de nouveaux éléments factuels montrant la relation entre l’allocation de l’APD et là où vivent les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Le chapitre se termine par des suggestions à l’intention des fournisseurs de coopération pour le développement, visant à redynamiser la lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le contexte du programme de transition écologique en améliorant l’affectation, le ciblage et la mesure des ressources.
L’auteur est reconnaissant à Yasmin Ahmad, Mark Baldock, Elena Bernaldo de Quiros, Olivier Bouret, Emily Bosch, Eleanor Carey, Gabrielle Germé, Renwick Irvine, Anthony Kiernan, Danielle Mallon, Ida Mc Donnell, Haje Schütte, José Suárez Sarrazin, Lou Turroques et Sandie Xu, de la Direction de la coopération pour le développement, OCDE, pour leur assistance en matière de recherche, leurs conseils et le regard de spécialistes qu’ils ont porté sur le texte.
Messages clés
Copier le lien de Messages clésIl est indispensable de disposer de mesures nouvelles et de meilleure qualité si l’on veut comprendre comment l’aide publique au développement (APD) cible la pauvreté et les inégalités à travers le monde – et comment améliorer son efficacité grâce à l’observation des relations entre l’aide, la pauvreté et les inégalités.
En 2022, 9.5 % de l’APD bilatérale des membres du CAD (19.6 milliards USD) a été affectée à des dons destinés à des secteurs contribuant à réduire la pauvreté, tel que mesuré par l’indicateur 1.a.1 relatif aux Objectifs de développement durable (ODD). Ce chiffre est en baisse par rapport au sommet historique de 11.5 % enregistré en 2021 et correspond à la moyenne sur 2012‑22.
La comparaison des dotations d’APD entre les régions montre que les fournisseurs ont alloué collectivement la plus grande part de leur APD (moyenne 2020‑22) à l’Afrique subsaharienne, où la pauvreté et les inégalités sont le plus fortement concentrées.
À l’heure où le contexte de l’APD évolue, il ressort des constatations de ce chapitre que l’accent est de moins en moins placé sur la pauvreté et les inégalités, malgré les engagements pris par les pouvoirs publics. En 2022, les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (PRITS) ont, après ajustement pour tenir compte de la répartition de la pauvreté dans le monde, reçu davantage d’aide que les pays les moins avancés (PMA). Tel n’était pas le cas en 2012.
L’aide fournie en vue de faciliter la transition écologique et de faire face à la crise climatique ne permettra pas automatiquement de porter remède à la pauvreté et aux inégalités. Les fournisseurs doivent faire en sorte que leurs financements climatiques tiennent davantage compte de la pauvreté et des inégalités, et inversement.
L’APD a un rôle important à jouer dans la réduction de la pauvreté et des inégalités, mais, pour favoriser un meilleur ciblage, il est nécessaire de disposer de meilleures mesures de la corrélation entre ces éléments
Copier le lien de L’APD a un rôle important à jouer dans la réduction de la pauvreté et des inégalités, mais, pour favoriser un meilleur ciblage, il est nécessaire de disposer de meilleures mesures de la corrélation entre ces élémentsLes programmes d’action internationaux visant à créer un monde juste et équitable qui ne laisse personne de côté se caractérisent par des objectifs d’élimination de la pauvreté et de réduction des inégalités. Ces objectifs figurent en bonne place dans le mandat actuel du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE (1960[1]) comme dans le dernier communiqué de la Réunion à haut niveau du CAD, dans lequel les membres du CAD se sont engagés à aider les pays partenaires à gérer les éventuels arbitrages qu’implique la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le processus de transitions vers le développement durable et vers la neutralité carbone (OCDE, 2023[2]). L’APD est mise à contribution pour aider les pays partenaires à atteindre et concilier ces multiples objectifs. Bien que ce ne soit pas l’unique ressource à la disposition des pays à faible revenu (PFR) ou des pays à revenu intermédiaire (PRI), et que les fournisseurs n’atteignent pas toujours leurs objectifs internationaux en matière d’APD (OCDE, 2023[3]), l’APD constitue une source stable et prévisible de financement extérieur à l’appui du développement durable (Graphique 14.1).
Les conclusions présentées dans ce chapitre confirment la nécessité de disposer d’un ensemble d’indicateurs plus complet, granulaire et nuancé pour faire en sorte que l’APD parvienne aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi qu’aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables au sein de ces pays. Les mesures classiques apportent un éclairage utile, mais ne permettent pas totalement de savoir si l’APD va là où les besoins sont les plus grands. Les financements à l’appui du développement étant de plus en plus sollicités (voir le Chapitre 12), des outils permettant de mieux orienter l’aide peuvent guider les fournisseurs dans l’allocation de l’aide en fonction du lieu et de la forme qui permettra de générer des résultats mutuellement bénéfiques pour la réduction de la pauvreté et des inégalités et pour les transitions vers la neutralité carbone. L’analyse proposée et la série d’indicateurs testés dans ce chapitre, qui reposent sur des mesures de l’APD globale et ciblant des secteurs clés et des priorités transversales dans les différents pays, peuvent éclairer les discussions sur la manière de mesurer si l’APD remplit son rôle.
Les dix pays affichant le taux d’extrême pauvreté le plus élevé en 2022 n’ont reçu en moyenne que 8.6 % des financements concessionnels de sources publiques à l’appui du développement ciblant les questions climatiques et environnementales en 2021‑22.
Améliorer le ciblage de la réduction de la pauvreté et des inégalités relève d’une ambition particulièrement importante, étant donné que les fournisseurs consacrent une part accrue de leurs financements à l’appui du développement à la promotion de la transition verte (OCDE, 2023[8]). Le financement climatique provenant de sources publiques bilatérales et multilatérales a presque doublé entre 2013 et 2021 (OCDE, 2023[8]). Certes, l’attention grandissante portée aux questions climatiques est bienvenue, mais il est crucial que le financement climatique – et plus généralement le financement à l’appui du développement – s’attaque au changement climatique tout en bénéficiant aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Toutefois, les dix pays affichant le taux d’extrême pauvreté le plus élevé en 2022 n’ont reçu, en moyenne, que 8.6 % des financements concessionnels de sources publiques à l’appui du développement axés sur les questions climatiques et environnementales1 en 2021‑22 (OCDE, 2023[9]). Il est particulièrement important de veiller à ce que les efforts de lutte contre le changement climatique s’attaquent également à la pauvreté et aux inégalités, étant donné que les PMA, zones de concentration de la pauvreté et des inégalités, reçoivent une part croissante des financements concessionnels à l’appui du développement ciblant le climat et l’environnement, laquelle est passée de 17.5 % en moyenne en 2011‑12 à 31.1 % en 2021‑22 (Graphique 14.2). Au cours de la même période, la part de ces financements affectée à des PRI a diminué, passant de 55.7 % en moyenne à 43.8 %. Cette baisse a été particulièrement prononcée pour les PRITS : la part de ces financements qui leur a été allouée a chuté, passant de 20.9 % en moyenne à 12.8 %, tandis que la part allouée à des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI) est seulement passée de 34.8 % en moyenne à 31.0 %.
D’après les indicateurs existants, l’APD ne cible pas correctement la pauvreté et les inégalités
Copier le lien de D’après les indicateurs existants, l’APD ne cible pas correctement la pauvreté et les inégalitésDe nouvelles crises et l’élargissement des objectifs mondiaux font peser des exigences et des pressions supplémentaires sur l’APD. Les constatations présentées dans cette section, fondées sur les mesures communément utilisées de la part et du volume relatifs de l’APD entre les régions ou entre les groupes de pays en fonction du revenu et au sein d’un même groupe de pays, donnent à penser que l’APD ne cible pas les besoins découlant de la pauvreté et des inégalités dans le monde2. La coopération pour le développement s’inscrivant dans un contexte mondial en mutation, l’APD est également axée sur certaines priorités plutôt que sur d’autres, ou aux dépens d’autres priorités (Calleja et Cichocka, 2022[10]), et certains signes indiquent que l’APD ne s’est pas adaptée à la nature de la pauvreté dans le sillage de la pandémie de COVID-19, en particulier pour ce qui concerne l’extrême pauvreté. Les mesures actuelles des dotations d’APD à l’appui de la réduction de la pauvreté et des inégalités brossent toutefois un tableau parcellaire, s’appuient trop sur des variables de substitution (comme la part de l’APD allouée aux PMA ou à l’Afrique subsaharienne) et sont limitées au regard de l’ampleur du problème. Elles ne permettent pas non plus d’établir une perspective comparative à même de guider l’amélioration de l’affectation des ressources, en particulier vers les zones où vivent effectivement les plus pauvres et les plus vulnérables, et vers les politiques les plus propices à la réduction de la pauvreté et des inégalités (voir les Chapitres 3 et 4). Les répondants à une enquête du CAD sur la pauvreté et les inégalités (voir le Chapitre 12) ont cité l’inadéquation des données, mesures et diagnostics comme l’un des principaux obstacles à l’amélioration du ciblage de la pauvreté et des inégalités.
Aucune corrélation claire ne se dégage de la mise en relation de l’APD et des mesures de la pauvreté et des inégalités au niveau national
Une approche classique pour mesurer la relation entre APD, pauvreté et inégalités consiste à examiner la répartition de l’APD entre les pays partenaires au regard de mesures communes de la pauvreté et des inégalités telles que l’extrême pauvreté, la pauvreté multidimensionnelle ou le coefficient de Gini. Il est frappant de constater que, pour les données les plus récentes sur les dotations d’APD, l’examen de cette relation ne fait pas apparaître de corrélation claire entre l’aide, la pauvreté et les inégalités (Graphique 14.3). S’il existait une tendance claire, une ligne diagonale apparaîtrait de manière évidente sur le graphique, suggérant que les niveaux d’aide augmentent ou diminuent en fonction du niveau de pauvreté ou d’inégalités. Le Graphique 14.3 donne à penser que certains des PFR présentant un niveau élevé d’extrême pauvreté, tant en 2022 que, selon les projections, en 2030, reçoivent de faibles volumes d’aide. D’où l’intérêt d’observer les relations entre l’aide, la pauvreté et les inégalités ventilées par groupe de revenu, qui sont examinées plus en détail dans ce chapitre.
L’une des explications de cette absence de corrélation tient au fait que l’APD est allouée en vue de porter remède à divers problèmes de développement, qui ont évolué au fil du temps. Pendant longtemps, la réduction de la pauvreté et des inégalités n’était que l’une des nombreuses raisons motivant la fourniture d’APD (Kenny et Yang, 2021[11] ; OCDE, 2019[12]). Les fournisseurs ont aussi d’autres motivations : l’intérêt national et, comme dans le cas de l’aide ciblant l’environnement ou la préparation aux maladies, la volonté de préserver les biens communs mondiaux (Gulrajani et Calleja, 2019[13] ; Melonio, Naudet et Rioux, 2022[14]). Elles peuvent évoluer au fil du temps et être coordonnées ou non entre les fournisseurs. Il est important que les travaux futurs permettent une analyse plus fine comparant les groupes de fournisseurs ou les fournisseurs entre eux, qui tienne compte de leurs motivations et de leur capacité relative à cibler la pauvreté et les inégalités.
La mesure de l’APD fournie aux PMA ne suffit pas à évaluer le ciblage de la pauvreté et des inégalités
Les PMA se heurtent à des obstacles structurels sur la voie du développement durable, notamment la persistance de taux élevés de pauvreté et d’inégalités (voir les Chapitres 2 et 3). En 2022, ces pays représentaient 14 % de la population mondiale, mais la moitié des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde et un peu plus d’un tiers (36 %) des personnes en situation de pauvreté absolue (Banque mondiale, 2024[15] ; Nations Unies, 2022[19] ; Castaneda Aguilar et al., 2024[20]). Compte tenu de ces difficultés, l’Objectif de développement durable 17.2 fixe pour les fournisseurs une cible consistant à allouer entre 0.15 % et 0.20 % de leur revenu national brut à l’APD destinée aux PMA. Cependant, en 2022, seuls 3 des 31 pays membres du CAD ont atteint cet objectif et, globalement, l’APD allouée par les membres du CAD aux PMA n’a représenté que 21.5 % de leur APD totale, proportion qui n’a jamais été aussi faible depuis le début de la période analysée, soit depuis 1996 (où cette part s’établissait à 23 % du total) (Graphique 14.4). Cette part reflète en partie l’augmentation de l’aide apportée par les membres à l’Ukraine en réponse à l’agression perpétrée par la Russie, ainsi que l’augmentation des fonds alloués aux coûts de traitement et d’accueil des réfugiés ukrainiens dans les pays fournisseurs. Sur la base du volume et de la part de l’APD destinée aux PMA – mesure fréquemment mentionnée pour le ciblage de la pauvreté et des inégalités –, l’APD ne correspond donc pas aux besoins. Toutefois, cet indicateur pris isolément ne suffit pas pour renseigner les fournisseurs sur la mesure dans laquelle leur aide cible la pauvreté et les inégalités. D’une part, l’APD destinée aux PMA n’est qu’une mesure indirecte par rapport à la concentration de la pauvreté et des inégalités dans ce groupe de pays. D’autre part, cela n’indique pas si les PMA ont reçu une aide proportionnelle à leur propre niveau de pauvreté ou d’inégalités ou à celui d’autres pays.
La mesure de l’APD par rapport aux niveaux d’extrême pauvreté dans les différentes catégories de revenu permet de dresser un tableau plus complet
Une solution permettant d’éviter d’utiliser la variable de substitution des PMA consiste à mesurer l’aide reçue par les différents groupes de revenu utilisés par le CAD en fonction de leur niveau de pauvreté, en particulier en comparant la proportion d’APD reçue à la proportion de personnes vivant dans la pauvreté dans chaque groupe. Cette approche va au-delà de la mesure générale de la part de l’APD allouée aux pays les plus pauvres (par exemple, les PMA ou l’Afrique subsaharienne) pour examiner la répartition de l’APD et de la pauvreté dans les différents groupes. Comme l’illustre le Graphique 14.5, les résultats de cette approche suggèrent qu’en 2022, l’APD, telle que mesurée par l’aide-pays programmable (APP) reçue3, ne ciblait pas l’extrême pauvreté davantage dans les pays pauvres (les PMA, par exemple) que dans les pays plus riches (les PRITS, par exemple). Les données laissent à penser que l’APD permettait de mieux cibler les groupes de pays qui enregistraient la plus forte proportion de personnes en situation d’extrême pauvreté il y a dix ans, en 2012. À cette époque, la coopération pour le développement s’inscrivait dans un contexte mondial différent qui, lui-même, dictait des buts différents à l’APD (Calleja et Cichocka, 2022[10]).
L’analyse de ces constatations au regard de l’hypothèse selon laquelle les parts mondiales d’APP sont en corrélation avec la répartition mondiale de l’extrême pauvreté par groupe de pays apporte un autre éclairage sur le ciblage de l’aide4. Les PMA auraient dû recevoir 33 % de l’APP en 2012 et 51 % en 2022, alors que les données montrent une faible correspondance : ils ont reçu 40 % de l’APP en 2012 et 34 % en 2022. En revanche, les PRITI ont reçu moins d’APP qu’attendu au regard de leur part de l’extrême pauvreté en 2012 mais davantage en 2022. Dans le même temps, alors que la part relative des PRITS dans l’extrême pauvreté a chuté, passant de 16.2 % en 2012 à 4.7 % en 2022, ils ont reçu, durant ces deux années, plus d’aide que ce que leur part de personnes en situation d’extrême pauvreté ne laisserait présager. Si l’afflux d’aide à destination de l’Ukraine (23.7 milliards USD en provenance de l’ensemble des fournisseurs publics) a peut-être contribué en partie à ce résultat en 2022, les données de 2019 laissent malgré tout entrevoir un décalage : 49 % des personnes en situation d’extrême pauvreté vivaient dans les PMA en 2019 mais ces pays ont reçu 44 % de l’APP, et 45 % de ce groupe de population vivaient dans les PRITI alors que pays ont reçu 41 % de l’APP. Parallèlement, 5.5 % des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde en 2019 vivaient dans des PRITS, qui ont reçu 14 % de l’APP.
Si l’on examine, à des fins de vérification, ces relations à l’aide de l’indicateur de pauvreté multidimensionnelle, les résultats sont les mêmes. D’après les dernières données disponibles pour chaque pays, 48 % des personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle vivent dans les PMA, 44 % dans les PRITI et 8 % dans les PRITS. En 2022, la part de l’APP reçue par les PRITI et les PRITS a été supérieure à celle que leur part de la pauvreté multidimensionnelle devrait induire, et celle reçue par les PMA (quelle que soit la catégorie de revenu utilisée par le CAD à laquelle ils appartiennent) a été plus faible.
La capacité des pays riches à financer des services de protection sociale plaide pour que l’APD soit axée sur les PMA, où elle peut avoir un impact plus fort pour combler les déficits de financement et aider les plus pauvres.
Le Graphique 14.5 donne en outre à penser que le ciblage actuel de l’aide surestime l’extrême pauvreté dans les PRI et la sous-estime dans les PMA et les PFR. Qui plus est, de nombreux PRI sont en mesure de lever des recettes suffisantes pour financer les secteurs sociaux qui luttent contre la pauvreté et les inégalités, même si des contraintes politiques et techniques expliquent pourquoi certains PRI ne le font pas (Manuel et al., 2020[21]). Les mesures prises par les pays face à la pandémie de COVID‑19 en offrent une illustration : pour atténuer les effets de la pandémie en 2020 et 2021, les PRITS ont consacré 2.5 % de leur produit intérieur brut (PIB) aux programmes de protection sociale et du marché du travail, tandis que les PRITI y ont consacré 1.7 % et les PFR 1.3 % de leur PIB (Gentilini et al., 2022[22]). En effet, dans certains des plus grands PRITS, le soutien budgétaire apporté par les pouvoirs publics aux ménages a atténué les répercussions de la pandémie sur la pauvreté et a même conduit, dans certains cas, à des réductions de la pauvreté (Banque mondiale, 2022[23]). La capacité des pays riches à financer des services de protection sociale plaide pour que l’APD soit axée sur les PMA, où elle peut avoir un impact plus fort pour combler les déficits de financement et aider les plus pauvres.
L’aide dans les PRI
Toutefois, ces constatations ne doivent pas dénigrer l’importance que revêt l’aide pour la réduction de la pauvreté et des inégalités dans les PRI. Ces pays représentaient 55 % des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde en 20245 (Banque mondiale, 2024[24]). Les inégalités sont également des défis persistants dans les PRI, ce qui indique qu’il est nécessaire de ménager un équilibre entre les investissements dans les objectifs de lutte contre la pauvreté et contre les inégalités (UNU-WIDER, 2023[16]). Les contextes fragiles sont également de plus en plus souvent des pays à revenu intermédiaire, ce qui montre bien que la richesse nationale n’empêche pas des défis multidimensionnels d’entraver leur développement (OCDE, 2023[25]). L’aide apportée dans les PRI peut en outre permettre de s’atteler à d’importantes priorités de développement ou de remédier à des poches de pauvreté, en particulier parmi les populations vulnérables comme les réfugiés ou d’autres populations les plus défavorisées (Kenny, Dissanayake et Plant, 2020[26] ; OCDE, 2023[27] ; OCDE, 2019[12]). Ces constats mettent en lumière l’intérêt qu’il y a à mener des travaux supplémentaires au sein du CAD afin de clarifier le rôle de l’aide dans les PRI, une recommandation initialement présentée dans le rapport établi par le Panel de haut niveau à l’intention du CAD en 2017 (OCDE-CAD, 2017[28]).
Les dotations régionales donnent à penser que l’aide cible en priorité les principales zones de pauvreté et d’inégalités, telles que l’Afrique subsaharienne, mais on note quelques lacunes
Une autre façon d’évaluer le ciblage de l’APD consiste à comparer les dotations d’APD d’une région à l’autre. Cette approche montre que les fournisseurs ont alloué collectivement la plus grande part de leur APD (moyenne 2020‑22) à l’Afrique subsaharienne, où la pauvreté et les inégalités sont les plus fortement concentrées (Graphique 14.6). Toutefois, elle ne montre pas si l’Afrique subsaharienne a reçu des niveaux d’APD proportionnels à ses niveaux de pauvreté et d’inégalités, ni si l’Afrique subsaharienne a reçu plus ou moins d’APD que d’autres régions au regard de ces critères. La comparaison régionale met également en évidence une difficulté supplémentaire : les régions les plus pauvres ne sont pas nécessairement des endroits où les inégalités sont élevées et, hormis en Afrique subsaharienne, les dotations d’APD bilatérale ne correspondaient pas au niveau de besoins d’une région tel que défini par la pauvreté et les inégalités. L’Asie du Sud, par exemple, affiche un taux d’extrême pauvreté plus élevé que d’autres régions, mais a reçu moins d’APD en volume. Ce constat s’explique par le fait que l’Inde, qui compte le plus grand nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté au monde, ne figure pas parmi les principaux bénéficiaires d’APD nette. De même, la région Amérique latine et Caraïbes a reçu une part d’APD plus faible que d’autres régions alors qu’elle est la troisième région où les inégalités sont les plus fortes, derrière l’Afrique subsaharienne et la région Moyen-Orient-Afrique du Nord. Ces comparaisons illustrent globalement les difficultés d’optimisation des dotations d’APD et les arbitrages potentiels à opérer entre lutte contre la pauvreté et lutte contre les inégalités. La part de l’APD non ventilée par région est également en hausse : elle est passée de 29.5 % en 2012 à 38.4 % en 2022, ce qui complique d’autant plus l’évaluation du ciblage de l’aide entre les régions puisque ces dotations sont par nature multirégionales ou mondiales.
Dotations sectorielles : possibilités d’amélioration des indicateurs aux fins d’un meilleur ciblage
Le cadre d’indicateurs relatifs aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies sert également de base à la mesure de l’APD allouée à la lutte contre la pauvreté et les inégalités, en particulier à travers l’indicateur 1.a.16. L’OCDE est l’organisme responsable de cet indicateur, qui permet une analyse détaillée des dotations de chaque fournisseur aux secteurs clés importants pour réduire la pauvreté et les inégalités. Il apporte ainsi des éclairages sur la façon dont l’APD peut être mieux utilisée pour atteindre ces objectifs. Bien que cet indicateur couvre un champ trop restreint pour rendre suffisamment compte de l’ampleur de la contribution de l’APD à la réduction de la pauvreté et des inégalités, il s’agit d’une composante importante d’un cadre de mesure plus large. Par exemple, l’indicateur pourrait être élargi de façon à inclure des secteurs tels que la protection sociale et la justice, et à intégrer dans sa mesure les prêts concessionnels plutôt que les seuls dons.
Selon cet indicateur, 9.5 % de l’APD bilatérale des membres du CAD en 2022 (19.6 milliards USD) a été affectée à des dons destinés à des secteurs contribuant à réduire la pauvreté, ce qui représente une baisse par rapport au niveau record de 11.5 % enregistré en 2021 et correspond à la moyenne de 2012 à 2022. Il ressort de l’analyse des différents secteurs que les dons d’APD sont davantage concentrés sur les services de santé depuis le début de la pandémie de COVID‑19, l’APD aux services de santé de base ayant, au sein du secteur de la santé, augmenté de 169 % entre 2019 et 2022. L’APD allouée à l’éducation de base et à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement a diminué de, respectivement, 27.9 % et 4.7 % au cours de la même période, tandis que d’autres secteurs contribuant à la réduction de la pauvreté ont enregistré des hausses modestes (Graphique 14.7). Il apparaît donc que l’orientation de l’APD sur la pauvreté et les inégalités requiert, par nature, un arbitrage. Si les investissements dans la santé ont incontestablement joué un rôle important pour aider les pays à faire face à la pandémie, une telle concentration dans ce secteur risque de favoriser la dépendance à l’égard de l’aide et de compromettre la résilience des systèmes de santé (OCDE, 2023[30]) ; en outre, des baisses correspondantes dans d’autres secteurs pourraient s’avérer préoccupantes pour des stratégies spécifiques visant à lutter à la fois contre la pauvreté et les inégalités. L’augmentation de l’APD allouée à la santé simultanément à la réduction de celle destinée à l’éducation constitue un bon exemple d’arbitrage potentiellement contreproductif, compte tenu des liens qui unissent les investissements dans la formation de capital humain et la réduction de la pauvreté et des inégalités intergénérationnelles (Collin et Weil, 2018[31] ; OCDE, 2023[3]).
Mesure de l’APD axée sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités : une nouvelle approche au banc d’essai.
Copier le lien de Mesure de l’APD axée sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités : une nouvelle approche au banc d’essai.La présente section propose et met au banc d’essai une nouvelle approche destinée à remédier aux limites des indicateurs indirects et des mesures employés actuellement dans l’évaluation de l’APD. Cette nouvelle approche repose sur un ensemble cohérent d’indicateurs, et vise à offrir un tableau plus complet de la façon dont l’APD cible la pauvreté et les inégalités – et à mieux faire comprendre les moyens à mettre en œuvre pour qu’elle y parvienne plus efficacement à l’avenir. La liste des indicateurs n’est pas exhaustive ; elle est davantage destinée à contribuer au débat sur la mesure de l’orientation de l’aide, en cours dans des enceintes telles que le CAD, la Communauté de pratique sur la pauvreté et les inégalités du CAD de l’OCDE et d’autres initiatives internationales. Le présent examen est donc un point de départ en vue d’établir une norme commune propre à améliorer la répartition, le suivi et la reddition de comptes.
La nouveauté de cette méthode réside dans le fait qu’elle associe des statistiques de l’APD à des indicateurs de pauvreté et d’inégalités, offrant ainsi des éclairages utiles aux débats stratégiques sur le ciblage de l’APD. Elle vise à proposer une mesure équilibrée de la contribution de l’APD à la lutte contre la pauvreté et à celle contre les inégalités, qui constituent des objectifs complémentaires mais distincts. Elle a par conséquent recours à des mesures distinctes et non agrégées de ces deux objectifs. Toutefois, la lutte contre la pauvreté et l’élimination des inégalités s’inscrivant au sein d’une mission commune, l’APD doit impérativement mener les deux de front (Seery et Seghers, 2019[32]).
La méthode proposée présente les principales caractéristiques suivantes (Infographie 14.1) :
Comparaisons entre groupes de pays et secteurs clés : analyse globale de l’APD et de l’APP, ainsi que des dotations dans les principaux secteurs et domaines thématiques qui influent sur la pauvreté et les inégalités entre groupes de pays. En dépit des inconvénients qu’elle peut présenter, une approche sectorielle et thématique de la mesure de l’orientation de l’aide comporte des avantages importants : elle peut être adaptée à différents objectifs de l’action publique et groupes démographiques vulnérables, elle permet d’établir des comparaisons entre les fournisseurs, et elle met à profit le niveau de détail fourni dans la base de données de l’OCDE sur les activités d’aide.
Caractéristiques démographiques des pays partenaires : évaluation des dotations d’APD par personne et par personne en situation d’extrême pauvreté7 ou de pauvreté absolue. Ces mesures s’adaptent en fonction de la taille de la population dans les pays partenaires, ainsi que du nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté ou de pauvreté absolue, dont le besoin d’aide est par conséquent le plus élevé, ce qui permet d’obtenir une image ventilée de l’orientation de l’aide, et facilite l’établissement de comparaisons fiables entre les pays ou groupes de pays.
Premières étapes en direction de la mesure du ciblage de l’aide au sein des pays à l’échelon infranational. Cette méthode peut contribuer à remédier à une limite importante des approches actuelles qui permettent de comparer l’orientation de l’aide entre différents pays, mais pas de déterminer dans quelle mesure cette aide parvient aux plus pauvres au sein de chaque pays.
Les secteurs pris en compte dans le cadre, tels qu’ils apparaissent à l’Infographie 14.1, reflètent les principales priorités définies par les membres du CAD, les engagements souscrits à l’échelon international et les autres secteurs pertinents qu’il serait judicieux d’examiner de manière plus approfondie dans le cadre d’une analyse de la pauvreté et des inégalités8 (OCDE, 2022[33]). Le secteur de la justice9 pourrait ainsi faire l’objet d’une analyse plus approfondie compte tenu des recherches qui ont récemment mis en lumière ses liens avec la croissance inclusive et la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde (OECD/Pathfinders for Peaceful, Just and Inclusive Societies, 2023[34] ; OCDE, 2023[25]). La sécurité alimentaire10 est un autre exemple, dont l’importance a été en particulier soulignée par l’appel lancé par la présidence brésilienne du G20 en faveur de la mise en place d’une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté (G20 Brésil 2024, 2024[35]).
Les sous-sections suivantes présentent les conclusions tirées des tests auxquels a été soumis le cadre et de l’analyse de la capacité de ce dernier d’orienter plus efficacement les dotations d’APD vers la lutte contre la pauvreté et les inégalités, l’objectif étant de déterminer s’il est judicieux que les membres du CAD développent les mesures qu’il emploie.
Test 1 : Répartition géographique des dotations en fonction du niveau d’extrême pauvreté par habitant
L’analyse présentée dans cette section se concentre sur l’extrême pauvreté, conformément à l’ambition énoncée dans l’ODD 1.1 d’éliminer complètement l’extrême pauvreté dans le monde entier. L’extrême pauvreté reste très répandue et concerne un nombre croissant de personnes, à la suite des crises survenues récemment (Castaneda Aguilar et al., 2024[20]). Dans le même temps, comme le montre le Chapitre 2, si elle était éradiquée, au moins un milliard de personnes continueraient de vivre dans la pauvreté absolue. Même les pays affichant de faibles niveaux d’extrême pauvreté pourraient alors être confrontés à de fortes inégalités. Le cadre permet par conséquent d’analyser également, lorsque cela est nécessaire, l’aide axée sur des seuils de pauvreté plus élevés et celle allouée à la lutte contre les inégalités. L’analyse qui suit s’appuie sur la mesure de l’aide par personne en situation d’extrême pauvreté. Elle consiste, dans un premier temps, à comparer des groupes désagrégés de PMA avec des PRITS et des PRITI, et à comparer l’aide aux PFR à celle allouée aux PRI (Graphique 14.8). Une comparaison est par la suite établie entre groupes de fournisseurs, notamment entre les fournisseurs multilatéraux et bilatéraux, et non plus au niveau de l’aide globale, ce qui permet de mettre en évidence que certains fournisseurs ciblent mieux leur aide que d’autres (Graphique 14.9).
Les PMA ont de tout temps reçu un volume d’APD (notamment d’apports concessionnels émanant des organisations multilatérales) plus élevé que les PRITI ou les PRITS (Graphique 14.8), l’année 2022 faisant figure d’exception, sous l’effet des montants d’APD alloués à l’Ukraine, qui est un PRITI. Par ailleurs, l’APD est également plus élevée pour les PMA que pour les PRITI ou les PRITS lorsque son suivi et sa mesure reposent sur les dotations par personne. Ces constats s’inversent toutefois lorsque l’on compare l’APD à la répartition de l’extrême pauvreté à l’échelle mondiale, en ayant à cette fin recours à la mesure de l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté. Si les PMA ont reçu en 2022 environ six fois plus d’aide par personne que les PRITS, ces derniers ont reçu trois fois plus d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté que les PMA. De même, les PMA ont reçu deux fois plus d’APD par personne que les PRITI, mais ces derniers ont bénéficié de dotations d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté 1.3 fois supérieures à celles reçues par les PMA.
En 2012 toutefois, les PMA ont reçu davantage d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté que les PRITS ou les PRITI, ce qui confirme l’analyse de la répartition de l’APP entre les différents groupes de revenu en fonction de l’extrême pauvreté, selon laquelle l’APP était davantage axée sur l’extrême pauvreté en 2012 qu’en 2022. Entre 2012 et 2022, l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté a bondi de 471 % dans les PRITS et de 218 % dans les PRITI, mais n’a augmenté que modestement dans les PMA (12 %) (Graphique 14.8). Pourtant, au cours de la même période, le volume de l’APD et des apports concessionnels aux PRITS et aux PMA a augmenté à des rythmes similaires (respectivement 26 % et 31 %), et a enregistré une hausse de 120 % pour les PRITI – sur la base de l’appartenance des pays à l’une des catégories de revenus utilisées par le CAD, telle qu’elle était en vigueur à l’époque 11.
... si les membres du CAD décidaient d’orienter plus explicitement leur aide vers l’extrême pauvreté, c’est-à-dire de l’allouer en fonction du nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté, l’APD actuelle devrait être réaffectée.
L’évolution de l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté témoigne par conséquent de l’augmentation progressive du nombre de ces personnes dans les PMA (16 %) et de sa diminution dans les PRITI (31 %) et les PRITS (78 %), et du fait que les dotations d’APD n’ont pas tenu compte de ce changement. Pour que les PMA et les PRITS aient reçu des niveaux égaux d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté en 2022, il aurait fallu réduire de deux tiers l’APD allouée aux PRITS et réaffecter l’intégralité de ce montant aux PMA. Par conséquent, si les membres du CAD décidaient d’orienter plus explicitement leur aide vers l’extrême pauvreté, c’est-à-dire de l’allouer en fonction du nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté, l’APD actuelle devrait être réaffectée. Les conclusions relatives à l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté s’appliquent également à l’orientation de l’APD vers la pauvreté absolue. En 2012, les PMA ont reçu deux fois plus d’APD par personne pauvre que les PRITS ; dix ans plus tard, soit en 2022, le rapport s’était inversé. Par conséquent, quel que soit le seuil de pauvreté, les PRITS ont reçu plus d’aide que les PMA lorsqu’il a été tenu compte du nombre de personnes en situation de pauvreté.
Dotations destinées aux organisations multilatérales ou transitant par leur canal
Mesurés par personne en situation d’extrême pauvreté, les fonds alloués par les organisations multilatérales aux PMA n’ont pas non plus été supérieurs à ceux reçus par les PRITS ces dernières années, sauf en 2019 (Graphique 14.9). Ils ont toutefois été systématiquement plus ciblés sur les pauvres que ceux des fournisseurs bilatéraux. L’APD bilatérale acheminée par le biais du système multilatéral a également été plus favorable aux pauvres que celle acheminée par d’autres canaux, ce qui met en lumière l’importance du système multilatéral dans la mission visant à mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, un thème examiné plus en détail dans l’édition 2024 à paraître du rapport Multilateral Development Finance de l’OCDE.
Dans les groupes de revenu établis par la Banque mondiale
Le suivi de l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté dans les différents groupes de revenu définis par la Banque mondiale fait apparaître des divergences au cours des dix dernières années. En 2012, les PFR ont reçu 1.8 fois plus d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté que les PRI. En 2022, soit dix ans plus tard, ces derniers ont reçu 1.6 fois plus d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté que les PFR (Graphique 14.10). Cette évolution peut s’expliquer en partie par la réactivité de l’APD face aux crises :
L’Ukraine a reçu un volume important d’APD en 2022 (28.7 milliards USD), mais comptait un très faible nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté (moins d’un million de personnes). Les données semblent toutefois indiquer que l’augmentation de l’APD à l’Ukraine en réponse à l’agression de la Russie n’explique pas entièrement ce constat.
L’extrême pauvreté a augmenté dans le monde entier après la pandémie de COVID-19 ; en 2022, elle avait retrouvé ses niveaux antérieurs à la pandémie dans les PRI, mais pas dans les PFR (Yonzan, Gerszon Mahler et Lakner, 2023[36]). Parallèlement, l’APD allouée aux PRI a augmenté de 66 % entre 2019 et 2022, tandis que celle versée aux PFR n’a diminué que de 10 % au cours de la même période.
Au seuil de pauvreté absolue, les PFR ont toujours reçu davantage d’APD par personne pauvre que les PRI. Cet écart s’est toutefois réduit : en 2012, les PFR ont reçu près de trois fois plus d’APD par personne pauvre que les PRI, mais seulement 1.2 fois plus en 2022.
Ces constats donnent à penser que l’APD ne s’est pas adaptée à la géographie de la pauvreté dans le prolongement de la pandémie de COVID-19, en particulier à celle de l’extrême pauvreté.
Test 2 : Dotations aux secteurs axés sur la pauvreté par rapport aux niveaux de pauvreté par habitant
L’adoption d’une approche sectorielle de la mesure de l’aide peut réorienter l’attention sur les possibilités d’obtenir des résultats mutuellement bénéfiques plutôt que sur les arbitrages à opérer. Certains secteurs – sécurité alimentaire, justice, réduction de la pauvreté (services sociaux de base) et protection sociale, essentiellement – sont plus pertinents au regard de la réduction de la pauvreté et des inégalités. Or, ces quatre secteurs n’ont reçu au total que 19.5 % de l’APD bilatérale des membres du CAD en 2022. Le suivi des dotations par zone géographique révèle que la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté sont les deux seuls secteurs dans lesquels les PFR ont reçu davantage d’APD bilatérale du CAD que les PRI par personne en situation d’extrême pauvreté (Graphique 14.11). En 2022, les PFR ont reçu près de trois fois plus d’APD par personne en situation d’extrême pauvreté au titre de la sécurité alimentaire que les PRI. S’agissant de l’aide allouée à la réduction de la pauvreté, les PFR ont également reçu des montants d’aide par personne en situation d’extrême pauvreté légèrement plus élevés que les PRI. L’écart entre les PFR et les PRI dans ce domaine se resserre toutefois depuis 2012. Il importera de procéder à un rééquilibrage afin de favoriser de nouveau davantage les PFR, de manière à veiller à ce que l’aide continue, pendant la transition écologique, de bénéficier aux secteurs pertinents au regard de la réduction de la pauvreté et des inégalités dans les pays les plus pauvres.
Test 3 : APD axée sur les inégalités
Comme nous l’avons vu précédemment, la pandémie a entraîné une réorientation des dotations d’APD par secteur, une part plus importante de l’aide étant désormais concentrée dans le secteur de la santé et l’aide diminuant, ou n’augmentant que légèrement, en faveur d’autres secteurs associés à la réduction de la pauvreté (Graphique 14.7). Le tableau a également changé pour l’aide allouée à des secteurs spécifiques en lien avec la réduction des inégalités, à savoir la protection sociale et la justice, en termes de volume et d’aide par personne en situation d’extrême pauvreté dans différents groupes de pays (Graphique 14.12). Ces secteurs ont toujours reçu une faible part de l’APD bilatérale du CAD – 1 % pour la protection sociale et 1.0-3.5 % pour la justice – par rapport à des secteurs comme la santé (9-14 %) et l’éducation (5-8 %). L’aide à l’appui de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, qui est un autre indicateur d’une APD orientée vers les inégalités, semble suivre également une trajectoire à la baisse.
Protection sociale et justice
En réaction à la pandémie de COVID-19, les fournisseurs ont presque triplé le volume de leur APD allouée à la protection sociale entre 2019 et 2020, celle-ci étant passée de 0.6 % à 1.6 % de l’APD bilatérale totale des membres du CAD. Entre 2020 et 2022, cette APD a diminué de près d’un tiers, mais restait supérieure à son niveau antérieur à la pandémie. Cela donne à penser que les fournisseurs reconnaissent l’importance d’investir durablement dans la protection sociale, même si la baisse de leurs investissements depuis 2020 est préoccupante. En outre, l’essentiel de l’augmentation enregistrée entre 2019 et 2020 était dû à trois fournisseurs : la France, l’Allemagne et les institutions de l’Union européenne, par ordre décroissant.
L’APD allouée à la justice a pour sa part reculé, passant de 3.3 % de l’aide totale en 2012 à 1.4 % en 2022, avec des baisses en volume survenant chaque année entre 2018 et 2022. Cette tendance indique que les fournisseurs négligent des facteurs importants d’inégalités, en particulier d’inégalités horizontales (OCDE, 2023[25]).
Égalité des genres et autonomisation des femmes
De manière générale, les membres du CAD orientent moins qu’avant leur aide vers l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes. Après avoir constamment augmenté en volume et en pourcentage de l’APD bilatérale ventilable des membres du CAD pendant des années, l’aide axée sur la problématique du genre a chuté, passant de 45 % du total en 2019‑20 à 43 % en 2021‑22 (OCDE, 2023[37]). Cette baisse est d’autant plus préoccupante qu’elle survient dans un contexte de féminisation de la pauvreté, en particulier depuis la pandémie et les multiples crises simultanées (PNUD et ONU-Femmes, 2023[38]), et ne cadre pas avec les conclusions de l’enquête de l’OCDE sur les approches des donneurs, selon lesquelles les membres du CAD mesurent le ciblage de leur aide sur les inégalités principalement à travers le prisme de l’égalité des genres (voir le Chapitre 12). L’OCDE mène par ailleurs des recherches sur les tendances du financement à l’appui de l’égalité des genres, qui consistent à ventiler les fonds par secteur et par domaine thématique en rapport avec l’autonomisation des femmes. L’Encadré 14.1 décrit d’autres initiatives élaborées par des membres du CAD, des organisations de la société civile et des institutions multilatérales afin de mesurer plus précisément la façon dont la coopération pour le développement cible certaines dimensions de la pauvreté, et en particulier des inégalités.
Encadré 14.1. Initiatives visant à améliorer le suivi du financement du développement ciblant la réduction de la pauvreté et des inégalités
Copier le lien de Encadré 14.1. Initiatives visant à améliorer le suivi du financement du développement ciblant la réduction de la pauvreté et des inégalitésDes initiatives en cours émanant de fournisseurs, de la société civile et d’autres acteurs visent à instaurer une mesure plus granulaire de la pauvreté et des inégalités, afin de mieux comprendre les tendances et les lacunes en matière de ciblage de l’aide sur la pauvreté et les inégalités.
En juin 2023, la Direction générale des partenariats internationaux de l’Union européenne a lancé le marqueur des inégalités (I-Marker) afin de renforcer l’impact des interventions de développement sur la réduction des inégalités. Le marqueur permet d’évaluer si, et dans quelle mesure, la réduction des inégalités est un objectif de l’intervention d’un donneur et, par conséquent, la probabilité que cette intervention ait un impact sur la réduction des inégalités au sein des pays (Commission européenne, 2023[39]).
Sightsavers, une organisation non gouvernementale internationale, a mis au point un tableau de bord de visualisation des données sur les marqueurs du handicap et de l’égalité des genres utilisés par les membres du CAD, qui s’appuie sur les données du Système de notification des pays créanciers de l’OCDE pour la période 2018-22 (Sightsavers, 2024[40]). Ce tableau de bord interactif présente une ventilation des fonds alloués par les Membres de l’OCDE par handicap et par genre, et permet de suivre l’utilisation et le champ couvert par chaque marqueur du CAD. Les données peuvent être ventilées par pays, par année, par score ou par objectif. Le tableau de bord fournit également une analyse comparative de l’intersection de différents marqueurs - par exemple, la part de l’APD favorable à l’égalité entre les genres qui est également inclusive au regard du handicap.
ONU Femmes étudie les possibilités d’introduire des marqueurs d’inclusion du handicap dans ses systèmes de suivi et de notification des résultats, afin d’améliorer les données sur les interventions de coopération pour le développement qui visent à promouvoir les droits et l’égalité des personnes souffrant de handicap (ONU-Femmes, 2022[41]).
Avec sa plateforme Shandia, l’Alliance mondiale des communautés territoriales vise à suivre les financements alloués aux peuples autochtones et aux communautés locales, et perçus par ces derniers. L’Alliance recueille ces données en vue d’élaborer une méthodologie simple ou un cadre qui améliorerait la notification et le suivi des financements et qui pourrait également être utilisé par ses institutions, les donateurs, les alliés et les organisations partenaires (Global Alliance of Territorial Communities, 2023[42]).
Source : Sightsavers (2024[40]), Voir nos marqueurs du handicap et de l’égalité des genres https://www.sightsavers.org/policy-and-advocacy/ (le lien vers le tableau de bord apparaît à côté de la section « Nos principales réalisations en matière d’action publique et de plaidoyer ») ; ONU Femmes (2022[41]), Marqueurs d’inclusion du handicap, https://www.unwomen.org/sites/default/files/2022-01/Brief-Disability-inclusion-markers-en.pdf ; Alliance mondiale des communautés territoriales (2023[42]) , Shandia, https://globalalliance.me/shandia/#top ; Commission européenne (2023[39]), Marqueur des inégalités de la Commission européenne (I-Marker), https://data.europa.eu/doi/10.2841/637400.
Test 4 : Aide à l’appui des objectifs environnementaux mondiaux
En amont de la COP26, le CAD a publié une déclaration visant à aligner son aide sur les objectifs de l’Accord de Paris, dans laquelle il reconnaît notamment les liens entre la lutte contre le changement climatique et la réduction de la pauvreté et des inégalités (OCDE, 2021[43]). Parmi les engagements souscrits par le CAD au titre de cette déclaration, figure celui d’apporter aux PMA et aux petits États insulaires en développement des financements à l’appui de l’adaptation au changement climatique. Entre 2010 et 2018, les membres du CAD ont consacré une part plus importante de leur APD bilatérale à l’atténuation qu’à l’adaptation, ces deux objectifs ayant par la suite reçu des montants relativement égaux en 2019-20 et 2021-22. Dans le même temps, à savoir en 2021-22, les PMA ont reçu en moyenne près de deux fois plus d’APD bilatérale des membres du CAD à l’appui de l’adaptation qu’à l’appui de l’atténuation, ce qui représente un ratio plus élevé qu’au cours des années qui ont précédé la pandémie de COVID-19. Les membres du CAD ont par ailleurs alloué davantage d’APD bilatérale ciblant l’adaptation au changement climatique aux PMA qu’aux PRITS ou aux PRITI.
Toutefois, les données relatives à la répartition de l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté brossent un tableau différent lorsqu’il s’agit d’examiner le ciblage sur la pauvreté et les inégalités. L’évolution de l’APD consacrée à l’adaptation n’a pas suivi la concentration progressive de l’extrême pauvreté dans les PMA. En 2011-12, les PMA et les PRITS ont reçu des niveaux d’APD à peu près équivalents par personne en situation d’extrême pauvreté au titre de l’adaptation, tandis que les niveaux alloués aux PMA étaient légèrement supérieurs à ceux perçus par les PRITI, une situation qui s’est poursuivie jusqu’en 2019-2020. Parallèlement, les PRITS ont reçu en moyenne cinq fois plus d’aide à l’adaptation par personne en situation d’extrême pauvreté que les PMA en 2021-22, et les PRITI en ont reçu en moyenne un peu plus que les PMA (Graphique 14.13). Il ressort donc des données disponibles qu’en 2021-22, les PRITS et les PRITI ont reçu davantage de soutien que les PMA pour s’adapter aux effets du changement climatique, par rapport à la proportion de personnes les plus pauvres de la planète qu’ils représentent. Pourtant, les PMA sont plus exposés au changement climatique, dont les conséquences se concentrent tout particulièrement sur les plus pauvres et les plus vulnérables, et moins à même de s’y adapter (Georgieva, Gaspar et Pazarbasioglu, 2022[44]). Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus lorsque l’aide est mesurée par personne en situation de pauvreté absolue lorsqu’il s’agit de comparer les PMA aux PRITS, tandis que les PMA ont systématiquement reçu davantage d’aide à l’adaptation au changement climatique par personne en situation de pauvreté absolue que les PRITI (Graphique 14.13).
Dans le même temps, à savoir en 2021-22, les PMA ont reçu en moyenne près de deux fois plus d’APD bilatérale des membres du CAD à l’appui de l’adaptation qu’à l’appui de l’atténuation, ce qui représente un ratio plus élevé qu’au cours des années qui ont précédé la pandémie de COVID-19.
L’adaptation au changement climatique peut également faciliter une prise en charge simultanée du changement climatique, de la pauvreté et des inégalités. Les retombées mutuelles ne sont toutefois pas automatiques. Les fournisseurs ne peuvent pas partir du principe qu’ils ciblent la pauvreté lorsqu’ils ciblent le climat. Il suffit pour le montrer de mesurer l’APD par personne exposée à des phénomènes météorologiques extrêmes, comme le propose une méthodologie pilote de mesure de la vulnérabilité aux chocs climatiques12 décrite par Doan et al. (2023[45]). En 2022, les PMA ont reçu plus d’APD que les PRITS, lorsque celle-ci était mesurée en fonction du lieu de résidence des personnes exposées à des phénomènes météorologiques extrêmes (sur la base des estimations de 2019). Selon cette mesure, les PMA ont reçu près de sept fois plus d’APD que les PRITS, mais en ont perçu moins lorsqu’elle était mesurée par personne pauvre exposée à des phénomènes météorologiques extrêmes. Par conséquent, plus d’APD a été allouée à des pays pauvres (PMA, par exemple) en fonction de leur exposition aux phénomènes climatiques, mais pas en fonction de leur niveau de pauvreté. En d’autres termes, l’aide cible le climat, mais ni la pauvreté, ni l’interface entre climat et pauvreté.
Si la mise en évidence du lien entre l’APD et la vulnérabilité face au changement climatique nécessite d’autres travaux, ces premières conclusions donnent à penser que l’APD est axée sur la promotion de la transition écologique, mais qu’elle pourrait être davantage orientée vers la pauvreté et les inégalités. Elles confirment les conclusions du présent chapitre, à savoir que les pays plus riches (par exemple, les PRITS et les PRITI) perçoivent plus d’APD que les pays plus pauvres (les PMA, par exemple), si l’on se base sur la répartition de la pauvreté et des inégalités à l’échelle mondiale. Dans le même temps, la compréhension des liens entre aide, climat, pauvreté et inégalités réclame que l’on s’affranchisse de la tyrannie des moyennes (Custer et al., 2017, p. 2[46]) afin d’évaluer le ciblage de l’aide à l’échelon infranational (Encadré 14.2). Cet échelon territorial permet en effet d’étudier plus précisément les dynamiques à l’œuvre au sein des pays et entre les groupes vulnérables, en conciliant l’objectif de lutte contre la pauvreté et les inégalités avec l’objectif mondial de ne laisser personne de côté (Cohen, Desai et Kharas, 2019[47]).
Encadré 14.2. L’adoption d’une perspective infranationale peut contribuer à concilier les objectifs de lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le contexte de la transition écologique
Copier le lien de Encadré 14.2. L’adoption d’une perspective infranationale peut contribuer à concilier les objectifs de lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le contexte de la transition écologiqueUne analyse du ciblage de l’aide au niveau infranational peut être riche d’enseignements, mais elle est limitée par la disponibilité des données. Elle nécessite des données sur les intrants (aide) et les extrants ou les résultats (pauvreté et inégalités) à des niveaux spatialement désagrégés dans le monde entier. Diverses initiatives ont été mises en œuvre afin de produire des données sur les résultats et les réalisations, qui vont d’applications de télédétection à l’utilisation d’enquêtes auprès des ménages (Doan et al., 2023[45] ; Parks, Bergeron et Tierney, 2016[48]). Les données sur l’aide au niveau infranational, en particulier celles qui émanent de sources officielles, sont plus limitées, même si les systèmes de gestion des informations sur l’aide des pays partenaires en sont une source (Manuel et al., 2019[49]), au même titre que les initiatives non officielles récentes visant à géoréférencer ces données à des fins d’utilisation publique (voir, par exemple, AidData (https://www.aiddata.org/geoquery) et l’initiative Geocoded Official Development Assistance Dataset (https://godad.uni-goettingen.de/home/) ).
Ces initiatives contribuent aux recherches sur les déterminants et les effets de l’aide au sein des pays. Bien que les résultats varient d’une étude à l’autre, peu d’éléments indiquent que l’aide cible systématiquement les régions les plus pauvres au sein d’un pays donné (BenYishay, DiLorenzo et Dolan, 2022[50] ; Manuel et al., 2019[49]). Elle cible même parfois des régions plus riches et moins isolées que les zones plus pauvres (Briggs, 2021[51]). Le présent rapport n’a pas vocation à proposer une analyse exhaustive des travaux publiés sur le ciblage de l’aide à l’échelon infranational, même si Briggs (2024[52]) en fournit un examen récent. Par ailleurs, les conclusions des travaux publiés se limitent pour la plupart à certains fournisseurs ou à un sous-ensemble de pays partenaires, ce qui rend difficile d’en généraliser les conclusions au niveau de l’action publique.
La majorité des membres du CAD ayant répondu à l’enquête sur les approches qu’ils suivent dans leurs activités de coopération pour le développement axées sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités (voir le Chapitre 12) ont indiqué qu’ils n’avaient pas mis en place de systèmes de suivi de l’aide au niveau infranational, mais qu’ils souhaitaient s’y employer. Une initiative menée sur une base systématique, visant à recueillir et à publier des données de manière exhaustive pourrait donner une nouvelle impulsion aux travaux sur le ciblage de l’aide à l’échelon infranational.
Source : Doan et al. (2023[45]), Counting people exposed to, vulnerable to, or at high risk from climate shocks, https://documents1.worldbank.org/curated/en/099602511292336760/pdf/IDU07639ca570f3cb048db09bf60fc2cc82df22d.pdf ; Parks, Bergeron et Tierney (2016[48]), Foreign aid and conflict: What we know and what we need to know, https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315625614-12/foreign-aid-conflict-bradley-parks-caroline-bergeron-michael-tierney ; Manuel et al. (2019[49]), Subnational Investment in Human Capital, https://odi.org/en/publications/subnational-investment-in-human-capital/ ; BenYishay, DiLorenzo et Dolan (2022[50]), The economic efficiency of aid targeting, https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2022.106062 ; Briggs (2021[51]), Why does aid not target the poorest?, https://doi.org/10.1093/isq/sqab035 ; Briggs (2024[52]), Aid targeting, https://doi.org/10.4337/9781800886810.00016.
Pistes pour l’avenir
Copier le lien de Pistes pour l’avenirL’analyse exposée dans le présent chapitre montre que les fournisseurs d’aide ciblent actuellement leurs financements sur certaines crises d’ampleur mondiale, comme la crise climatique, les conséquences de la pandémie de COVID-19 ou la crise géopolitique provoquée par l’agression de l’Ukraine par la Russie. Ce contexte de crise en évolution rapide fait toutefois peser des pressions supplémentaires sur la coopération pour le développement. L’APD a suivi son cours normal et n’a pas répondu au besoin croissant de s’attaquer de manière plus résolue à la pauvreté et aux inégalités. En outre, les mesures et les variables de substitution actuellement employées ne permettent pas d’orienter efficacement les dotations. L’APD est unique en son genre par sa capacité à concourir à une redistribution mondiale de la richesse en apportant des ressources concessionnelles aux pays qui en ont le plus besoin. Un meilleur ciblage de l’APD pourrait, sans qu’il soit nécessaire de procéder à une forte hausse de l’aide, grandement contribuer à la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde. Les mesures concrètes suivantes peuvent permettre de réorienter l’attention vers la pauvreté et les inégalités, conformément aux engagements souscrits en matière d’APD.
Un meilleur ciblage de l’APD pourrait, sans qu’il soit nécessaire de procéder à une forte hausse de l’aide, grandement contribuer à la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde.
Mesurer plus efficacement le ciblage de l’aide afin d’améliorer le suivi et la redevabilité. Différentes approches permettent de mesurer le ciblage de l’APD sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Des organes comme le CAD et sa Communauté de pratique sur la pauvreté et les inégalités peuvent mettre à profit les mesures examinées dans le présent chapitre pour élaborer une méthodologie commune d’évaluation des caractéristiques du ciblage de leur APD sur la pauvreté et les inégalités. Cette démarche peut s’inscrire dans le cadre d’une initiative plus large visant à élaborer des orientations du CAD sur la réduction de la pauvreté et des inégalités, et à répondre ainsi à la demande formulée dans le communiqué de la Réunion à haut niveau du CAD de 2023.
Les mesures proposées, telles que celle de l’APD par personne en situation d’extrême pauvreté, invitent à s’interroger sur l’efficacité de l’aide et sa répartition à l’échelle mondiale au regard du coût de l’élimination de la pauvreté et des inégalités. Il conviendrait de se pencher sur ces questions dans le cadre de travaux futurs, en élaborant des mesures spécifiques pour permettre aux fournisseurs de se livrer à des échanges de vues reposant sur des données concrètes.
Les possibilités d’analyser l’aide au sein des pays et de rendre les données plus facilement accessibles à cette fin pourraient être étudiées. En sa qualité d’organisme dépositaire des statistiques sur l’aide publique, l’OCDE peut faciliter les initiatives de collecte, de sélection et de publication de données géoréférencées sur l’aide. Elle pourrait également collaborer avec des institutions partenaires pour apparier ces données sur l’aide avec des données géoréférencées sur les résultats et les réalisations.
Le recours à l’APP, et non au concept d’APD, plus vaste, pour mesurer les apports dirigés vers les pays partenaires dans le cadre d’accords de coopération pour le développement à long terme, suscite un intérêt croissant. Cette mesure est en effet particulièrement importante pour déterminer si l’aide cible la pauvreté et les inégalités dans les pays partenaires.
Élaborer une boîte à outils pour intégrer les considérations relatives à la pauvreté et aux inégalités dans l’aide en général et en relation avec le climat. Des secteurs tels que la protection sociale, l’adaptation au changement climatique et l’égalité des genres, entre autres, laissent entrevoir la possibilité d’inscrire la lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le cadre de la transition écologique. Les fournisseurs ne peuvent pas partir du principe que les investissements destinés à faire face à la crise climatique ou à faciliter la transition écologique entraineront forcément un apport de ressources vers les pays ou les populations les plus pauvres. Ils devraient élaborer des critères, des lignes directrices et des mesures explicites appelant à intégrer les considérations en lien avec la pauvreté et les inégalités dans leurs programmes sur le climat et réciproquement. La plateforme Outils, éclairages et pratiques de l’OCDE contient des exemples utiles qui peuvent servir un apprentissage mutuel, à l’instar des Examens par les pairs de la coopération pour le développement. Le CAD pourrait mener de nouveaux travaux visant à définir une approche concrète permettant à ses membres de cibler leurs activités de coopération pour le développement sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités, ce qui aurait également pour effet de réaffirmer le rôle de l’APD dans la transition écologique, et de pérenniser l’accent mis sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète.
Références
[48] Backer, D., R. Bhavnani et P. Huth (dir. pub.) (2016), Foreign aid and conflict: What we know and what we need to know, Routledge, Londres, https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315625614-12/foreign-aid-conflict-bradley-parks-caroline-bergeron-michael-tierney.
[7] Banque mondiale (2024), Foreign direct investment, net inflows (BoP, current US$) (base de données), https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BX.KLT.DINV.CD.WD?_gl=1*gqusxw*_gcl_au*MTcxNjI5NDgzNC4xNzE4MDMzMzM0.
[15] Banque mondiale (2024), Poverty and Inequality Platform (PIP) de la Banque mondiale, version 20240324, https://pip.worldbank.org/ (consulté le 30 juin 2024).
[24] Banque mondiale (2024), The World Bank in Middle Income Countries (webpage), https://www.worldbank.org/en/country/mic/overview.
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[30] OCDE (2023), Coopération pour le développement 2023 : Quel système d’aide pour demain ?, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/83b806cb-fr.
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[8] OCDE (2023), Financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en 2013-2021 : Tendances agrégées et opportunités pour accroître le financement de l’adaptation et la mobilisation de fonds privés, Le financement climatique et l’objectif des 100 milliards de dollars, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/40558351-fr.
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[43] OCDE (2021), Déclaration du CAD de l’OCDE sur une nouvelle approche visant à aligner la coopération pour le développement sur les objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, Éditions OCDE, Paris, https://one.oecd.org/document/DCD/DAC(2021)1/FINAL/fr/pdf.
[12] OCDE (2019), Coopération pour le développement 2019 : Un avenir plus juste, plus vert et plus sûr, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/71a10470-fr.
[1] OCDE (1960), Le mandat du Comité d’aide au développement (CAD), https://oecdgroups.oecd.org/Bodies/ShowBodyView.aspx?BodyID=869&BodyPID=15814.
[28] OCDE-CAD (2017), A New DAC in a Changing World: Setting Out a Path for the Future, Éditions OCDE, Paris, https://one.oecd.org/document/DCD/DAC(2018)2/FINAL/fr/pdf.
[34] OECD/Pathfinders for Peaceful, Just and Inclusive Societies (2023), « Improving the monitoring of SDG 16.3.3: Towards better access to justice », Documents d’orientation sur la gouvernance publique de l’OCDE, n° 38, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/c5fbed7e-en.
[41] ONU-Femmes (2022), Disability Inclusion Markers, https://www.unwomen.org/sites/default/files/2022-01/Brief-Disability-inclusion-markers-en.pdf.
[17] PNUD (2023), 2023 Global Multidimensional Poverty Index (MPI): Unstacking global poverty: Data for high impact action, Programme des Nations Unies pour le développement, New York, https://hdr.undp.org/content/2023-global-multidimensional-poverty-index-mpi#/indicies/MPI.
[38] PNUD et ONU-Femmes (2023), The Paths to Equal: Twin Indices on Women’s Empowerment and Gender Equality, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)/ONU-Femmes, New York, https://hdr.undp.org/content/paths-equal.
[32] Seery, E. et J. Seghers (2019), Droit au but ? Pour une aide au développement qui cible la lutte contre les inégalités, Oxfam, Londres, https://policy-practice.oxfam.org/resources/hitting-the-target-an-agenda-for-aid-in-times-of-extreme-inequality-620721/.
[40] Sightsavers (2024), View Our Latest Advocacy and Policy Data (page web et base de données), https://www.sightsaversusa.org/policy-and-advocacy/.
[16] UNU-WIDER (2023), World Income Inequality Database (WIID) Version 28, https://doi.org/10.35188/UNU-WIDER/WIID-281123 (consulté le 30 juin 2024).
[36] Yonzan, N., D. Gerszon Mahler et C. Lakner (2023), « Poverty is back to pre-COVID levels globally, but not for low-income countries », Blog de données de la Banque mondiale, https://blogs.worldbank.org/en/opendata/poverty-back-pre-covid-levels-globally-not-low-income-countries.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Ces financements à l’appui du développement axés sur les questions climatiques et environnementales désignent des financements concessionnels et à visée de développement provenant de sources publiques bilatérales et multilatérales.
← 2. Voir, par exemple, les études suivantes qui analysent le lien entre APD et pauvreté : https://www.cgdev.org/sites/default/files/some-unpleasant-ODA-arithmetic.pdf et https://www.cgdev.org/sites/default/files/Mitchell-Hughes-Aid-Allocations.pdf.
← 3. L’APP est la partie de l’aide que les fournisseurs peuvent programmer au niveau d’un pays ou d’une région et sur laquelle les pays partenaires pourraient avoir un droit de regard important. Les estimations de l’APP reposent sur une version pilote actualisée de la méthodologie que l’OCDE utilise actuellement pour publier les statistiques sur l’APP ; d’autres ajustements pourraient être apportés jusqu’à la fin de 2024. De plus amples informations sont disponibles sur demande à l’adresse dac.contact@oecd.org.
← 4. https://www.oecd.org/fr/topics/sub-issues/oda-eligibility-and-conditions/dac-list-of-oda-recipients.html Cette proportion est calculée en fonction des groupes de revenu au cours de l’année du versement et de la Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD de l’OCDE, disponible à l’adresse https://www.oecd.org/fr/topics/sub-issues/oda-eligibility-and-conditions/dac-list-of-oda-recipients.html. Les catégories de revenu telles que présentées sont mutuellement exclusives ; par conséquent, les catégories APFR, PRITI et PRITS portent sur les pays de ces catégories qui ne figurent pas déjà parmi les PMA.
← 5. Ce chiffre pour 2024 repose sur des projections. Parmi les PRI, 50 % des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde vivent dans des PRITI et 5 % dans des PRITS.
← 6. Cet indicateur correspond aux dons d’APD aux services sociaux de base (santé et éducation de base, approvisionnement en eau et assainissement, aide multisectorielle aux services sociaux de base) et à l’assistance alimentaire à visée de développement. Pour de plus amples détails, voir https://unstats.un.org/sdgs/metadata/files/Metadata-01-0a-01.pdf.
← 7. L’auteur remercie Nishant Yonzan et Daniel Gerszon-Mahler, du Groupe de gestion des données sur le développement de la Banque mondiale, d’avoir mis à sa disposition des données sur les taux de pauvreté, notamment des projections jusqu’en 2030.
← 8. Les secteurs et les thèmes choisis pour figurer dans le cadre proposé ont été sélectionnés sur la base de recherches approfondies menées par la Communauté de pratique sur la pauvreté et les inégalités, d’études documentaires et de consultations, ainsi que de travaux antérieurs menés par la Direction de la coopération pour le développement et le CAD. L’auteur remercie Julie Seghers, Julia Schnatz, Carolina Guerra, Isabel Davis, Danielle Mallon, Hector Moreno et José Ignacio Suarez Sarrazin pour leurs travaux antérieurs qui ont contribué à l’élaboration de ce cadre.
← 9. Aux fins du présent rapport, l’APD allouée à la justice est définie à l’aide des codes sectoriels suivants du CAD de l’OCDE : développement des services juridiques et judiciaires (15130), droits de la personne (15160), élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles (15180) et droits du travail (16070). Cette approche s’appuie sur les mesures existantes de l’APD à l’appui de la justice, telles que celles présentées ici : https://odi.org/en/publications/justice-aid-update-2023/ .
← 10. Aux fins du présent rapport, l’aide à la sécurité alimentaire est définie à l’aide des codes sectoriels du CAD de l’OCDE relatifs à l’alimentation scolaire (11250), à la nutrition de base (12240), à la production de cultures vivrières (31161), aux agro-industries (32161), à la politique et à la gestion administratives en matière de sécurité alimentaire (43071), aux programmes de sécurité alimentaire pour les ménages (43072), à la sécurité et la qualité des aliments (43073), à l’aide alimentaire (52010) et à l’aide alimentaire d’urgence (72040), ainsi qu’à toute activité qui vise la nutrition en tant qu’objectif principal ou significatif en dehors de ces secteurs.
← 11. Contrairement à d’autres publications de l’OCDE, la présente analyse a recours, pour donner une indication du ciblage de l’aide, à une classification par groupe de revenu qui varie dans le temps, plutôt qu’à une liste fixe établie à partir de la dernière Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD.
← 12. Des estimations sont disponibles pour tous les pays en 2019. Un autre sous-ensemble, qui couvre les personnes exposées et vulnérables, est disponible pour 75 pays représentant 77 % de la population mondiale.