Tracy Ledger
Public Affairs Research Institute
Marlistya Citraningrum
Institute for Essential Services Reform
Tracy Ledger
Public Affairs Research Institute
Marlistya Citraningrum
Institute for Essential Services Reform
Les partenariats pour une transition énergétique juste sont des outils efficaces pour accélérer les transitions écologiques dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, et ce d’une façon qui réduise la pauvreté et les inégalités. Le présent chapitre montre que l’on peut tirer parti des investissements réalisés dans le cadre de ces partenariats pour réduire la pauvreté et les inégalités, en s’attachant à faire participer les communautés locales aux phases de conception et de mise en œuvre, ce qui permet de recueillir les points de vue de ces communautés et de la société civile. Il expose aussi les enseignements tirés au sujet des mécanismes de co-production et de financement à l’intention de toutes les parties prenantes impliquées dans les partenariats actuels et futurs, en particulier les partenaires internationaux qui peuvent aider à améliorer l’incidence de ces partenariats sur la réduction des émissions et leur contribution aux objectifs sociaux en promouvant des processus plus inclusifs et des financements plus souples.
L’expérience de la société civile dans le cadre des partenariats pour une transition énergétique juste en Afrique du Sud et en Indonésie, deux des premiers partenariats de ce type, montre que la décentralisation des processus pourrait être améliorée de façon à cibler plus efficacement les interventions et à obtenir le large soutien nécessaire à la mise en œuvre de transitions justes.
Le groupe des partenaires internationaux peut encourager la co-production pour la phase de conception des stratégies et des plans de mise en œuvre, et veiller à ce que davantage de fonds soient affectés aux questions prioritaires pour les communautés locales.
La prochaine génération de partenariats pour une transition énergétique juste gagnerait à ce que soit adoptée une approche plus collaborative, axée sur une participation approfondie des communautés locales dès les premières étapes du processus d’élaboration de l’action publique.
Les partenariats pour une transition énergétique juste sont des cadres de coopération multilatérale conçus pour accélérer la transition énergétique dans les pays du Sud avec des moyens et des résultats justes et équitables. L’Afrique du Sud, l’Indonésie et le Viet Nam ont conclu des partenariats pour une transition énergétique juste. L’Inde et le Sénégal devraient en faire autant (Pineau et Irish, 2023[1]) bien que le partenariat proposé en Inde rencontre une opposition au sein du pays (Sen et Kala, 2022[2]). Ces partenariats, qui constituent des cadres internationaux clés rassemblant l’administration des différents pays concernés et des partenaires internationaux, offrent une occasion très favorable de façonner les transitions écologiques de sorte qu’elles contribuent à réduire la pauvreté et les inégalités. Toutefois, depuis le lancement du premier partenariat il y a deux ans de cela, le coup de fouet qu’il était censé donner aux financements pour les transitions écologiques ne s’est pas encore concrétisé.
Les partenariats pour une transition énergétique juste offrent une occasion très favorable de façonner les transitions écologiques de sorte qu’elles contribuent à réduire la pauvreté et les inégalités.
L’expérience acquise en Afrique du Sud et en Indonésie, les deux premiers pays à avoir lancé un partenariat pour une transition énergétique juste, donne un aperçu des moyens à disposition pour donner plus de poids à une participation constructive des communautés et prendre en compte leurs priorités. Le présent chapitre, qui repose sur l’analyse menée par la société civile, permet de souligner les risques éventuels auxquels il faudra faire face pour tenir la promesse d’inclusion, ainsi que les mesures qui peuvent être prises dans le cadre de tous les partenariats pour améliorer les processus et les résultats.
Les partenariats pour une transition énergétique juste s’appuient sur une série de mécanismes de financement. L’Afrique du Sud et le groupe des partenaires internationaux1 ont conclu le premier partenariat lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2021 (COP 26). Le groupe des partenaires internationaux s’était alors engagé à fournir 8.5 milliards USD, montant qui a ensuite augmenté pour atteindre 9.3 milliards USD. L’objectif central du partenariat est d’aider l’Afrique du Sud à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables en garantissant le financement des programmes qui visent à remédier à la suppression d’emplois et au déclin de l’activité économique locale causés par l’abandon progressif du charbon. Les financements fournis sont destinés à soutenir le plan d’investissement du pays en faveur d’une transition énergétique juste. Selon les déclarations de la Commission présidentielle sud-africaine pour le climat (2022[3]), ce plan profitera à toute la population sud-africaine en stimulant la croissance économique, en créant des emplois et en renforçant la sécurité énergétique. Environ 600 millions USD ont été affectés à différents projets. Le manque de transparence dans la sélection de ces projets a cependant été critiqué dans plusieurs rapports émanant de la société civile et des médias (Fraser, 2024[4]).
Le partenariat pour une transition énergétique juste de l’Indonésie avec le groupe des partenaires internationaux a été annoncé en novembre 2022, à l’occasion du sommet du Groupe des Vingt (G20) à Bali. Dès le début, ce partenariat a été porté par un élan considérable et par des engagements s’élevant à plusieurs milliards de dollars des États-Unis destinés à financer la transition énergétique. Il comporte deux principaux objectifs : premièrement, limiter les émissions du secteur de l’électricité, en imposant un plafond absolu d’émissions de 290 millions de tonnes d’équivalent CO2 d’ici à 2030 et en atteignant la neutralité carbone à l’horizon 2050 ; et deuxièmement, accélérer le recours aux énergies renouvelables afin qu’elles servent à produire au moins 34 % de l’électricité du pays avant 2030. Les signataires se sont engagés à œuvrer pour mobiliser 20 milliards USD par l’intermédiaire du partenariat au cours des trois à cinq années suivantes, sous forme de dons, de prêts concessionnels, de prêts commerciaux, de garanties et d’investissements privés. Il a été prévu que la moitié du montant environ proviendrait de financements privés avec la coordination de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero.
La transition vers les énergies vertes fait peser un ensemble de risques économiques et sociaux sur les travailleurs des centrales à charbon et des mines de charbon, ainsi que, de façon plus large, sur les chaînes de valeur et les communautés qui dépendent de ces activités. Pour être juste, la transition doit faire l’objet d’un consensus au niveau de la société concernant sa nature et son rythme et prévoir des plans visant à soutenir ou à dédommager les personnes susceptibles de perdre leurs moyens de subsistance dans le processus.
Les partenariats pour une transition énergétique juste ne précisent pas comment les fonds mobilisés doivent être dépensés dans chaque pays. Il appartient à chaque pays d’élaborer sa propre stratégie de transition juste, en fonction du contexte et des priorités locales, puis de présenter son plan au groupe des partenaires internationaux. Il est entendu que l’élaboration de ce plan reposera sur la consultation à grande échelle d’un vaste éventail de parties prenantes, notamment des travailleurs, des représentants des entreprises et des membres de la société civile dans son ensemble. La première étape clé est d’obtenir, de façon collaborative, une vision claire des objectifs de la transition et des moyens prévus pour les atteindre. Jusqu’à présent, cette vision était mise en évidence dans l’appel des partenariats à éliminer progressivement le charbon2. En l’absence de consultations inclusives, cependant, il est quasiment impossible de susciter la large adhésion nécessaire à la mise en œuvre d’un plan. Les expériences de l’Afrique du Sud et de l’Indonésie montrent qu’il est crucial d’atteindre un consensus national à un stade précoce pour éviter que la transition ne se heurte à une forte opposition par la suite.
... il appartient à chaque pays d’élaborer sa propre stratégie de transition juste, en fonction du contexte et des priorités locales, puis de présenter son plan au groupe des partenaires internationaux.
Les meilleures idées pour lutter contre la pauvreté et les inégalités émanent souvent des communautés locales. Permettre à celles-ci de fixer le cap du développement local et de le piloter améliore grandement la probabilité de voir la transition écologique tenir ses promesses en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités. La difficulté réside, bien sûr, dans le fait qu’avec la co‑production, l’action publique suit un processus beaucoup plus long qu’avec l’approche classique. Cependant, le coût lié au délai supplémentaire pour l’achèvement de la définition des mesures d’action publique et des plans doit être mis en balance avec la possibilité très réelle que l’absence de co-production entraîne un ferme rejet de la transition énergétique de la part de vastes pans de la population (Lenferna, 2023[5]).
Intégrer à tous les programmes financés par un partenariat une obligation de mettre en place une véritable co-production serait utile pour renforcer le soutien de la population envers la transition énergétique juste ainsi que sa compréhension de celle-ci. Promouvoir une vraie co-production ne se résume pas à organiser plus de réunions sur les transitions énergétiques, à associer davantage de personnes et à diffuser des informations en plusieurs formats et langues. La co-production est plus qu’une forme de participation élargie : il s’agit d’une méthode de conception de l’action publique radicalement différente (McGuinness et Slaughter, 2019[6]).
La consultation constructive des communautés locales, menée au moment opportun, a beau être une priorité déclarée des partenariats, sa mise en œuvre se heurte à des obstacles concrets. Les parties prenantes ont été consultées à plusieurs reprises au cours du processus d’élaboration, et le cadre sud-africain pour une transition juste comportait des engagements concernant la justice en matière de procédures3 et la justice distributive4. En parallèle, le partenariat pour une transition énergétique juste et le plan d’investissement associé ont tous deux été finalisés et approuvés par le cabinet national avant leur diffusion publique. Le document d’orientation du partenariat indonésien pour une transition énergétique juste, dénommé plan global en matière d’investissement et d’action publique (Comprehensive Investment and Policy Plan, CIPP), a été publié en novembre 2023. Il présentait les projets devant être financés en premier lieu sur la base de cinq domaines d’investissement prioritaires5, le cadre d’orientation pour une transition juste ainsi que les financements recensés et ayant fait l’objet d’engagements de la part du groupe des partenaires internationaux et de financiers privés. Le partenariat pour une transition énergétique juste en Indonésie prévoit un dialogue politique inclusif avec les organisations non gouvernementales et d’autres acteurs ; le CIPP contient une définition précise de la notion de transition juste et appelle à une large participation des parties prenantes concernées et du public (Just Energy Transition Partnership Indonesia, 2023[7]).
Dans les deux pays, les médias et la société civile ont déploré que les chambres de commerce locales, les municipalités, les groupes de défense des droits des travailleurs et la société civile n’aient pas eu assez de possibilités de participer à l’élaboration des mesures d’action publique et des plans, et que la consultation tardive des communautés locales, alors que la planification était déjà bien entamée, ne leur ait pas permis d’avoir voix au chapitre sur le plan6. Par exemple, un responsable local de la province minière du Mpumalanga a déclaré publiquement que l’administration n’avait pas encore expliqué la transition énergétique juste du pays et n’en avait pas débattu, ajoutant : « Nous espérons que ce programme n’aura pas d’effets négatifs sur le taux de chômage, car, dans ce cas, les gens d’ici seront contre la transition » (Molelekwa, 2023[8]). Des médias ont rapporté que les syndicats avaient regretté l’absence de « plans crédibles de création d’emplois », et certains analystes ont déclaré que les financements du partenariat étaient utilisés pour acheter des biens d’équipement (Rahim, 2023[9])) ou encore que le processus de rédaction manquait de transparence et n’intégrait pas assez la contribution des parties prenantes, notamment sur l’utilisation des fonds (Pradipta Pandu, 2023[10]) (Waluyo, 2023[11]).
Fixer des délais ambitieux tout en ménageant un temps suffisant pour la consultation est un exercice complexe. Par exemple, il était prévu que le partenariat indonésien pour une transition énergétique juste se dote d’un secrétariat et d’un plan global d’investissement dans un délai de six mois, alors que l’avant-projet du CIPP a été communiqué à quelques parties prenantes pour consultation en août 2023, puis diffusé au public pour qu’il le commente sous deux semaines au début du mois de novembre, soit un an après la signature du partenariat. Depuis, le secrétariat a indiqué avoir organisé plus de 200 dialogues approfondis ou réunions de groupes de réflexion avec différentes parties prenantes en 2023 (Just Energy Transition Partnership Indonesia, 2024[12]).
Il est important de prendre en compte les priorités des communautés locales telles que l’accès à l’énergie et à l’eau à un coût abordable. La feuille de route de l’Indonésie s’articule autour des systèmes en réseau et privilégie les projets prêts à être financés (selon une stratégie de déploiement du capital). La plupart des projets considérés comme hautement prioritaires7 sont des projets centralisés en matière d’énergies renouvelables, mis en œuvre à grande échelle par des entreprises de services publics8 et des entreprises privées. En sont donc exclus les projets menés à petite échelle au sein des communautés, notamment les installations hors réseau qui ne sont souvent pas viables sur le plan commercial, visant à assurer un accès universel à l’électricité à un coût abordable, y compris grâce à des systèmes d’énergies renouvelables décentralisés9, dont bénéficieraient les communautés les plus pauvres et les plus isolées. Pourtant, il s’agit souvent de projets jugés prioritaires par les communautés qui espèrent ainsi accélérer leur accès à l’énergie sans avoir à attendre des années, voire des décennies, que les services publics parviennent jusqu’à elles.
Garantir un accès universel à l’électricité à un coût véritablement abordable et en quantité suffisante10, c’est-à-dire gratuitement pour les 30 % de Sud-Africains en situation d’extrême pauvreté, pourrait être la stratégie la plus efficace en faveur des pauvres que la transition écologique permettrait de faciliter. Par exemple, le coût élevé de l’électricité est depuis longtemps considéré comme un problème prioritaire pour les foyers et les petites entreprises, ainsi qu’un facteur important de pauvreté, de malnutrition et d’inégalités, car il érode le revenu disponible et empêche les familles de prendre part à une activité économique productive ou de développer leur activité existante (Ledger et Rampedi, 2022[13]). Des mesures sont déjà en place en Afrique du Sud pour garantir un accès de base gratuit à l’électricité, mais elles ne couvrent que 50 kilowatts par mois par foyer et ne sont pas correctement mises en œuvre (Ledger, 2021[14]). Porter l’indemnité à un niveau permettant de soutenir le développement économique et social (par exemple, 350 kilowatts par mois) coûterait environ 70 milliards de rands sud-africains (3.6 milliards USD) supplémentaires à l’État chaque année, mais apporterait des avantages considérables en matière de développement (Ledger et Rampedi, 2022[13]). Les ménages pauvres risqueraient moins d’amputer leur budget alimentation pour payer des factures d’électricité, ce qui améliorerait directement la nutrition dans le foyer. En outre, les familles ayant accès à l’électricité à un coût abordable sont plus susceptibles de lancer leur propre petite entreprise, et plus ce coût est bas, plus il est probable que les entreprises existantes grandissent (Ledger et Rampedi, 2022[13]). Bien que les chercheurs et les communautés locales aient repéré le potentiel de ce sujet et d’autres sujets importants pour favoriser le développement des communautés les plus pauvres et leur apporter des avantages, ils ne font pas partie des domaines prioritaires traités par les projets pour une transition énergétique juste en Afrique du Sud (Ledger et Rampedi, 2022[13]).
Une autre question prioritaire pour les communautés locales en Afrique du Sud est la réattribution des droits relatifs à l’eau actuellement utilisés par les centrales à charbon. En 2020, Eskom, compagnie d’électricité publique d’Afrique du Sud, a utilisé environ 380 millions de mètres cubes d’eau douce, ce qui représente un volume considérable au regard de la pénurie d’eau généralisée dans la province du Mpumalanga, où se trouvent la plupart des centrales à charbon. La réorientation de l’emploi de cette eau de sorte qu’elle favorise un large développement économique et social dans les zones concernées par la fermeture de centrales pourrait constituer un élément déterminant pour un développement véritablement favorable aux plus démunis.
La co-production associant la communauté n’est pas qu’un facteur important de justice sociale. Elle représente aussi une méthode efficace d’élaboration de l’action publique, qui permet de mieux repérer les problèmes et d’obtenir un large soutien particulièrement nécessaire aux mesures sujettes à controverse. Une inclusion accrue et la co-production de plans détaillés concernant les transitions renforcent la légitimité des partenariats pour une transition énergétique juste aux yeux de la société. Or, l’absence de légitimité est un obstacle majeur au succès de leur mise en œuvre. Si la population a le sentiment que l’élaboration des plans d’investissement ne repose pas sur un véritable processus de co-production, cela peut également nourrir des discours selon lesquels la transition énergétique a été imposée au pays (Creamer, 2023[15] ; Jacobs, 2023[16]).
L’engagement en faveur d’une vraie co-production a des implications pour la coopération pour le développement. La communauté des donneurs s’est engagée à appliquer le principe selon lequel les transitions énergétiques justes doivent être pensées de manière à tenir compte du contexte économique, social et politique particulier de chaque pays et à s’y adapter. En pratique, les donneurs doivent également être prêts à accepter que les priorités d’un pays en matière de financement diffèrent des leurs. Dans le contexte particulier de l’Indonésie, par exemple, privilégier le financement de projets ayant un ancrage local peut aller à l’encontre de l’objectif de la communauté internationale, qui souhaite financer des projets d’envergure susceptibles de réduire rapidement les émissions. Néanmoins, l’incapacité à adhérer aux priorités des pays (et à les financer), telles qu’exprimées par un vaste éventail de parties prenantes membres de communautés locales plutôt que par un petit groupe d’experts techniques ou de décideurs, sapera le soutien politique en faveur des résultats que les partenariats essaient précisément d’encourager.
Les partenaires internationaux dans le cadre des partenariats pour une transition énergétique juste devraient prendre en considération le poids relatif des différents instruments, surtout des dons, dans le bouquet de financements total. Il a été avancé que les prêts ne devraient pas constituer la majeure partie du mécanisme de financement de ces partenariats, puisque la réalisation de transitions énergétiques fructueuses et efficaces relève aussi de la responsabilité des pays du Nord qui aident les pays du Sud.
Les expériences indonésienne et sud-africaine avec les partenariats pour une transition énergétique juste soulignent la nécessité d’accorder une plus grande place aux dons parmi les instruments de financement, étant donné qu’ils sont essentiels pour soutenir les interventions pilotées par les communautés locales en faveur des plus démunis, lesquelles ont peu de chances d’attirer des investissements privés. Le CIPP indonésien a indiqué que de nombreuses initiatives pour la transition juste avaient un faible rendement privé, mais un rendement social potentiel très élevé, et a qualifié les dons de moyens de financement les plus appropriés en faveur d’une transition juste (Just Energy Transition Partnership Indonesia, 2023[7]). Actuellement, le CIPP ne fournit que 153.8 millions USD de dons sur un total de 20 milliards USD d’engagements11, ce qui n’est pas suffisant pour permettre la réussite de projets moins rentables, mis en œuvre à petite échelle au niveau local. Tant que la décentralisation ne sera pas intégrée de façon obligatoire dans le partenariat pour une transition énergétique juste et dans le cadre pour une transition juste12, les décisions concernant la transition seront prises en adoptant un point de vue national, sans tenir compte du contexte local et des différents avis. Il restera donc difficile de lutter contre les inégalités liées à l’accès à l’énergie et au développement en Indonésie.
Le mécanisme du partenariat repose sur le soutien aux plans élaborés au niveau national. Dans le respect du principe d’appropriation par les pays, le groupe des partenaires internationaux ne doit pas perdre de vue que, si les plans ne reposent pas sur la co-production et ne reflètent pas les priorités locales et la vision locale de ce qu’est une transition juste, ils risquent en fait de ralentir les progrès plutôt que de les accélérer. Les partenaires internationaux doivent donc insister sur l’importance des stratégies de co-production pour chaque pays. La communauté des donneurs peut également contribuer à un échange de connaissances permettant de mettre en lumière des cas de réussite d’une résolution de problème collaborative, comme les laboratoires d’innovation du secteur public (Monteiro et Kumpf, 2023[17]) ainsi que des exemples montrant en quoi les énergies renouvelables peuvent faciliter le renforcement de la fourniture gratuite d’électricité aux foyers pauvres (Gouvernement de l'Australie-Occidentale, 2023[18]).
[15] Creamer, T. (2023), « Ramaphosa denies JETP ‘incoherence’ or being forced to transition from coal », Engineering News, https://www.engineeringnews.co.za/article/ramaphosa-denies-jetp-incoherence-or-being-forced-to-transition-from-coal-2023-05-11.
[4] Fraser, L. (2024), « Worries over South Africa’s R200 billion energy deal », BusinessTech, https://businesstech.co.za/news/energy/752811/worries-over-south-africas-r200-billion-energy-deal/ (consulté le 22 avril 2024).
[18] Gouvernement de l’Australie-Occidentale (2023), « More energy savings for those doing it tough », https://www.wa.gov.au/government/media-statements/Cook-Labor-Government/More-energy-savings-for-those-doing-it-tough-20230710#:~:text=The%20new%20Community%20Energy%20program,an%20average%20household's%20daily%20usage.
[16] Jacobs, S. (2023), « Mantashe says moving away from coal too fast made load-shedding worse », My Broad Band, https://mybroadband.co.za/news/investing/499433-mantashe-says-moving-away-from-coal-too-fast-made-load-shedding-worse.html#:~:text=Mantashe%20says%20moving%20away%20from%20coal%20too%20fast%20made%20load%2Dshedding%20worse,-Shaun%20Jacobs8&text=Minister.
[12] Just Energy Transition Partnership Indonesia (2024), « A look back at 2023 and a glimpse of what is to come in 2024 », https://jetp-id.org/news/a-look-back-at-2023-and-a-glimpse-of-what-is-to-come-in-2024.
[7] Just Energy Transition Partnership Indonesia (2023), Comprehensive Investment and Policy Plan 2023, Just Energy Transition Partnership Indonesia, https://jetp-id.org/cipp.
[14] Ledger, T. (2021), Broken Promises: Electricity Access for Low-income Households - Good Policy Intentions, Bad Trade-offs and Unintended Consequences, Public Affairs Research Institute, Johannesburg, https://pari.org.za/wp-content/uploads/2021/04/broken-promises21-04-21c.pdf.
[13] Ledger, T. et M. Rampedi (2022), Hungry For Electricity, Public Affairs Research Institute, Johannesburg, https://pari.org.za/wp-content/uploads/2022/09/Hungry-for-Electricity-Digi-19092022.pdf.
[5] Lenferna, A. (2023), « What went wrong with South Africa’s once pioneering just transition plan? », African Arguments, https://africanarguments.org/2023/12/what-went-wrong-with-south-africa-once-pioneering-just-energy-transition-plan/#:~:text=In%20South%20Africa%2C%20it%20is,way%20of%20slowing%20climate%20action.
[6] McGuinness, T. et A. Slaughter (2019), « The new practice of public problem solving », Stanford Social Innovation Review, vol. 17/2, pp. 26-33, https://www.proquest.com/docview/2186985753?sourcetype=Magazines.
[8] Molelekwa, T. (2023), « Coal communities fear South Africa’s clean energy transition », Climate Home News, https://www.climatechangenews.com/2023/02/02/coal-communities-left-behind-fear-south-africa-green-energy-transition.
[17] Monteiro, B. et B. Kumpf (2023), « Innovation labs through the looking glass: Experiences across the globe », Observatory of Public Sector Innovation Blog, https://oecd-opsi.org/blog/innovation-labs-through-the-looking-glass.
[1] Pineau, E. et J. Irish (2023), « Senegal seals $2.7 billion green energy deal with richer nations », Reuters, https://www.reuters.com/sustainability/climate-energy/senegal-seals-25-bln-euro-investment-deal-help-renewable-energy-push-2023-06-22 (consulté le 22 avril 2024).
[10] Pradipta Pandu, O. (2023), « Menanti Inklusivitas dalam Program JETP [Looking forward to inclusivity in the JETP program] », Kompas, https://www.kompas.id/baca/ekonomi/2023/08/23/menanti-inklusivitas-dalam-program-pendanaan-transisi-energi.
[3] Presidential Climate Commission (2022), South Africa’s Just Energy Transition Investment Plan, https://www.climatecommission.org.za/south-africas-jet-ip.
[9] Rahim, S. (2023), « The West is making mistakes as it helps developing nations get off coal », Canary Media, https://www.canarymedia.com/articles/just-transition/the-west-is-making-mistakes-as-it-helps-developing-nations-get-off-coal.
[2] Sen, A. et R. Kala (2022), « Power Ministry opposes G7’s energy transition plans for India », The Hindu Businessline, https://www.thehindubusinessline.com/economy/power-ministry-opposes-g7s-plan-of-energy-transition-talks-with-india/article66001118.ece.
[11] Waluyo, D. (2023), « Kebijakan dan Pendanaan JETP Mengesampingkan Aspek Keadilan dan Transparansi [JETP policy and funding override fairness and transparency] », Warta Ekonomi, https://wartaekonomi.co.id/read510922/kebijakan-dan-pendanaan-jetp-mengesampingkan-aspek-keadilan-dan-transparansi.
← 1. Les membres fondateurs du groupe des partenaires internationaux sont l’Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume‑Uni et l’Union européenne. Le Danemark et les Pays‑Bas ont rejoint le groupe en 2023.
← 2. L’élimination progressive du charbon remplacerait l’adaptation ou un système énergétique équitable. Avant le lancement du partenariat indonésien pour une transition énergétique juste, la mise à l’arrêt anticipée des centrales à charbon a été signifiée par décret présidentiel.
← 3. La justice en matière de procédures désigne une situation dans laquelle les communautés locales sont étroitement associées à la conception des mesures d’action publique et des programmes.
← 4. La justice distributive désigne une situation dans laquelle les avantages (et les dommages) liés à la transition écologique sont répartis de façon à réduire la pauvreté et les inégalités.
← 5. Les cinq domaines d’investissement prioritaires sont les suivants : déploiement du réseau de transport et de distribution de l’électricité ; mise à l’arrêt anticipée des centrales à charbon et gestion de l’élimination progressive du charbon ; accélération du déploiement des énergies renouvelables appelables ; accélération du déploiement des énergies renouvelables intermittentes ; et amélioration de la chaîne d’approvisionnement en matière d’énergies renouvelables.
← 6. En règle générale, ces consultations prennent la forme d’une présentation des plans aux groupes locaux et aux autres parties prenantes, suivie d’une session de questions-réponses. À l’heure actuelle, cette méthode n’a permis d’apporter que très peu de modifications aux plans établis.
← 7. Les critères de sélection et de hiérarchisation sont énoncés au chapitre 5 du CIPP et concernent particulièrement l’incidence sur les trajectoires de décarbonation et la meilleure utilisation des fonds. Voir : https://jetp-id.org/cipp.
← 8. Il s’agit notamment des projets de PLN, société d’État et unique entreprise de distribution d’électricité d’Indonésie.
← 9. Le CIPP comprend un projet hautement prioritaire pertinent dans ce domaine, mais il n’est pas lié au développement récent des énergies renouvelables décentralisées. Le projet s’inscrit dans un programme plus vaste de dé-diésélisation, dont l’objectif est de remplacer les générateurs diesel du fournisseur d’électricité public du pays (PLN) par des dispositifs hybrides utilisant des sources d’énergie renouvelables et le stockage de l’énergie, les actifs et l’exploitation relevant toujours de la compétence de PLN.
← 10. Une quantité suffisante représente assez d’électricité pour maintenir un niveau de vie minimum et participer à l’activité économique.
← 11. Le financement public couvre les dons, les prêts concessionnels, les garanties des banques multilatérales de développement, les prêts non concessionnels et les investissements sous forme de prises de participation.
← 12. Le secrétariat du partenariat indonésien pour une transition énergétique juste a pour projet de rédiger un plan de mise en œuvre pour une transition juste en 2024.