Ce chapitre analyse l’incidence des compétences numériques sur l’emploi et la productivité en Afrique de l’Est (Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Maurice, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Somalie, Soudan, Soudan du Sud et Tanzanie). Il dresse tout d’abord un état des lieux des résultats éducatifs globaux, des structures professionnelles et des tendances migratoires de la région. Il analyse ensuite l’offre et la demande de compétences numériques, ainsi que l’offre de formation dans ce domaine ; et recommande enfin un éventail de politiques publiques : l’élargissement de l’accès à Internet et l’intégration des compétences numériques dans les programmes d’enseignement, le ciblage de la formation aux compétences numériques en fonction des besoins spécifiques de chaque pays, et l’intégration régionale du développement des compétences numériques.
Dynamiques du développement en Afrique 2024
Chapitre 5. Compétences numériques en Afrique de l’Est
Abstract
En bref
L’Afrique de l’Est gagnerait à mettre sa croissance économique davantage au service du développement des compétences de sa population. La productivité du travail y est inférieure à la moyenne africaine, bien que la région affiche la croissance économique la plus rapide du continent. Plus des trois quarts des travailleurs occupent un emploi non qualifié dans l’agriculture et le commerce. Le nombre moyen d’années de scolarisation n’est que de 6.7 – comme pour la moyenne continentale – et, une fois corrigé en fonction de la qualité de l’apprentissage, varie considérablement entre les différents pays de la région, de seulement 2.5 au Soudan du Sud à 9.7 aux Seychelles.
Le développement sans précédent des compétences numériques a néanmoins permis d’améliorer la productivité dans la région, avec toutefois des progrès très inégaux. La transformation numérique à l’œuvre dans les entreprises et les économies alimente l’offre et la demande de compétences numériques de base dans la plupart des pays d’Afrique de l’Est, tandis que celles de niveau intermédiaire et avancé restent pour le moment cantonnées à certains secteurs spécifiques, comme la finance, la santé, l’énergie, l’agriculture, les transports et les infrastructures. Les compétences dans le domaine de l’entrepreneuriat numérique apparaissent quant à elles insuffisantes dans toute la région, à l’exception de Nairobi ; tandis que l’essor des exportations de services numériques crée une demande croissante de main-d’œuvre en ligne dotée de compétences numériques intermédiaires et avancées.
L’offre de formation aux compétences numériques varie par ailleurs considérablement entre les pays d’Afrique de l’Est. Ceux où la transformation numérique est bien engagée forment désormais aux compétences numériques spécialisées et sectorielles, notamment dans le cadre des établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels. Des obstacles subsistent cependant, comme la faiblesse des taux de scolarisation dans les cursus de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. Les possibilités de formation restent en outre inégales dans la région, et ne mettent pas assez l’accent sur leur accessibilité aux travailleurs informels, aux femmes et aux jeunes.
Pour améliorer le développement des compétences numériques en Afrique de l’Est, trois grands axes d’action peuvent donc être priorisés :
1. Élargir l’accès à Internet et intégrer les compétences numériques dans les programmes d’enseignement afin d’augmenter l’offre et la demande de compétences numériques de base
2. Cibler la formation aux compétences numériques intermédiaires et avancées en fonction des besoins spécifiques de chaque pays et de la demande mondiale
3. Renforcer l’intégration régionale sur le plan du numérique – marchés, infrastructure et offre de formation – afin d’instaurer des conditions plus favorables au développement des compétences et à l’entrepreneuriat dans ce domaine.
Profil régional de l’Afrique de l’Est
En Afrique de l’Est, la plupart des travailleurs occupent des emplois vulnérables et non qualifiés, et la qualité de l’éducation varie considérablement d’un pays à l’autre
Malgré une croissance économique vigoureuse, l’Afrique de l’Est affiche une productivité du travail inférieure à la moyenne continentale et un taux d’emploi vulnérable élevé. Elle reste ainsi la région africaine à la croissance économique la plus rapide (4.9 % en 2020-22, contre 4.4 % pour le continent dans sa globalité). Et pourtant, la productivité du travail y stagne depuis plus de 15 ans, ne progressant que marginalement, de 7 057 USD par travailleur en 2006 à 7 608 USD en 2022, soit la deuxième valeur la plus faible de toutes les régions africaines, juste au-dessus de l’Afrique centrale (5 712 USD) et à moins de la moitié de la moyenne continentale (15 902 USD). En 2021, 65 % des travailleurs d’Afrique de l’Est occupaient en outre un emploi vulnérable (travailleurs indépendants ou travailleurs familiaux non rémunérés) (Graphique 5.1), contre 33 % en Afrique du Nord et 75 % en Afrique de l’Ouest.
La grande majorité des travailleurs d’Afrique de l’Est occupent un emploi non qualifié dans l’agriculture et le commerce, tandis que les disparités de part d’emploi qualifié entre les sexes et entre zones rurales et urbaines varient considérablement d’un pays à l’autre. Environ 76 % des travailleurs de la région occupent un emploi non qualifié. C’est le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche qui reste de loin le gros pourvoyeur d’emploi (avec une part dans l’emploi total de 58 % en 2021, contre 70 % en 2000), suivi du commerce de gros et de détail (11 %) et de l’industrie manufacturière (6 %) (Graphique 5.3). Quant aux disparités de part d’emploi qualifié, elles sont les plus marquées entre zones rurales et urbaines en Éthiopie, au Rwanda et à Madagascar (où la part de l’emploi qualifié est supérieure de respectivement 31, 18 et 16 points de pourcentage dans les zones urbaines), et entre les sexes, en Ouganda (avec une part supérieure de 13 points de pourcentage chez les hommes), au Kenya (11 points de pourcentage) et en Tanzanie (11 points de pourcentage).
En Afrique de l’Est, le niveau d’éducation de la majorité des travailleurs n’est pas en adéquation avec celui requis dans leur emploi. La prévalence des situations de sous-éducation est particulièrement forte aux Comores, à Djibouti, au Soudan et en Tanzanie. Les situations de sous-éducation et de suréducation ressortent en revanche dans des proportions similaires chez les femmes et les hommes de la région (59 % contre 55 % pour les situations de sous-éducation ; 12 % contre 11 % pour celles de suréducation), mais pas chez les travailleurs indépendants et les salariés, les premiers étant bien plus susceptibles d’être en situation de sous-éducation que les seconds (64 % contre 46 %), tandis que l’inverse s’observe pour les situations de suréducation (9 % des travailleurs indépendants, contre 16 % des salariés) (Graphique 5.4).
Le niveau et la qualité de l’éducation en Afrique de l’Est sont comparables à la moyenne continentale ; toutefois, le manque de données pourrait bien masquer de très fortes disparités au sein de la région.
-
Le nombre moyen d’années de scolarisation est de 6.7 en Afrique de l’Est, comme pour la moyenne continentale. Une fois prise en compte la qualité de l’apprentissage, il diminue toutefois de plus d’une année, pour tomber à 5.6, soit une demi-année de plus que la moyenne continentale (5.1), mais environ 2 années de moins que l’Asie en développement (7.2) et l’Amérique latine et les Caraïbes (7.8). Par ailleurs, compte tenu de l’absence de données pour Djibouti, l’Érythrée et la Somalie, il se pourrait que la moyenne de la région soit en réalité nettement inférieure (Graphique 5.5).
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Le nombre d’années de scolarisation corrigé en fonction de la qualité de l’apprentissage varie considérablement entre les différents pays de la région, allant de seulement 2.5 au Soudan du Sud à 9.7 aux Seychelles (Graphique 5.5). Le pourcentage de la population âgée de plus de 15 ans considérée comme analphabète atteint de son côté 68 % et 48 % au Soudan du Sud et en Éthiopie, contre 4 % et 9 % aux Seychelles et à Maurice.
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Si les systèmes éducatifs pouvaient être améliorés de manière à permettre à tous les enfants de la région de parvenir à une maîtrise de base des compétences fondamentales (correspondant au niveau 1 de compétence du Programme international pour le suivi des acquis des élèves [PISA]), le produit intérieur brut (PIB) des pays d’Afrique de l’Est augmenterait en moyenne de 4 % par an d’ici à 2100, soit l’équivalent d’une création de valeur ajoutée totale de 26 000 milliards USD.
L’Afrique de l’Est affiche le taux d’émigration de diplômés du supérieur le plus élevé du continent, tandis que les Seychelles accueillent le plus grand nombre de travailleurs immigrés extra-continentaux. Avec plus de 2 millions de ses diplômés du supérieur (« hautement éduqués ») résidant à l’étranger en 2020, la région affiche ainsi le taux le plus élevé du continent (chapitre 1). Parmi les pays est-africains, ce sont les Seychelles qui arrivent en tête pour les départs de diplômés du supérieur, mais qui sont également la première destination des travailleurs immigrés extra-continentaux. Les travailleurs émigrés d’Afrique de l’Est non diplômés du supérieur sont quant à eux généralement originaires des Seychelles, de l’Érythrée, du Soudan du Sud et de Maurice (par ordre décroissant) (Graphique 5.6).
Le développement des compétences numériques progresse en Afrique de l’Est, mais des disparités subsistent entre les pays
Malgré l’essor rapide de l’économie numérique dans certains pays d’Afrique de l’Est, le manque d’intégration au marché mondial et les disparités d’adoption des technologies pointent la nécessité de renforcer les compétences numériques dans la région. L’Afrique de l’Est a placé la transformation numérique au cœur de sa stratégie globale de développement, le Kenya se démarquant d’ailleurs comme précurseur dans ce domaine à l’échelle du continent (Dupoux et al., 2022[10]). Pourtant, en dépit des progrès rapides réalisés dans de nombreux pays, les aspirations de la région à percer sur les marchés numériques mondiaux, via notamment l’externalisation des processus d’entreprise, ne se sont pour grande partie pas concrétisées. L’adoption de technologies numériques améliorant la productivité est en outre restée inégale à travers la région. Autant d’opportunités manquées à mettre en partie au compte du déficit de compétences numériques (Caribou Digital Institute, 2024[11] ; Melia, 2020[12]).
L’Afrique de l’Est présente un tableau très hétérogène sur le plan du développement des compétences numériques, celui-ci dépendant en grande partie de l’état de préparation des pays aux technologies de l’information et de la communication (TIC), c’est-à-dire des conditions préalables au développement de leur économie numérique que sont l’accès aux technologies numériques, leur adoption et l’offre de formation aux compétences associées (Cisco, 2024[13] ; CNUCED, 2021[14]). Les pays d’Afrique de l’Est peuvent ainsi se répartir en trois groupes, selon l’état d’avancement de leur économie numérique (voir CUA/OCDE (2023[15]) (Tableau 5.1) :
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Groupe 1 : Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Éthiopie. Ces pays disposent d’un PIB et d’une croissance du PIB plus robustes, d’un taux d’accès à Internet élevé, d’une stratégie explicite en matière d’économie numérique et d’un important capital humain inexploité. Ils devraient, avec l’avancée de la digitalisation de leur économie, voir la demande de compétences numériques augmenter rapidement. Leurs capitales bénéficient en outre d’un écosystème d’entrepreneuriat numérique dynamique.
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Groupe 2 : Maurice et Seychelles. Respectivement pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et pays à revenu élevé, Maurice et les Seychelles ont une population relativement peu nombreuse et disposent d’un capital humain élevé, d’infrastructures numériques et complémentaires, de politiques numériques bien établies et d’une bonne gouvernance.
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Groupe 3 : Comores, Djibouti, Érythrée, Madagascar, Somalie, Soudan et Soudan du Sud. Dans ces pays, les débouchés sont relativement plus limités et d’importants obstacles, souvent aggravés par la présence de conflits, impactent l’état de préparation aux TIC.
Tableau 5.1. Regroupement des pays d’Afrique de l’Est selon l’état d’avancement de leur économie numérique
Pays |
Accès à Internet et utilisation du numérique |
Taille du marché |
Indices numériques |
État de préparation aux TIC |
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Accès à Internet (% de la population âgée de 15 ans et plus) (année la plus récente, 2013-22) |
Part de la population capable d’utiliser un compte d’argent mobile sans aide (2021) |
Part de la population ayant les moyens d’acheter un forfait mobile mensuel d’un gigaoctet de données (%) (2018) |
Population (en milliers, 2023) |
PIB par habitant en dollars PPA (2023 ou année la plus récente) |
Taux de croissance du PIB réel (%) (année la plus récente, 2013-22) |
Classement mondial (sur 134) du Wiley’s Digital Skills Gap Index (indice du déficit de compétences numériques) (2021) |
Classement (sur 193) de l’indice de préparation des gouvernements à l’IA d’Oxford Insights (2023) |
Base de compétences en TIC (0-100) |
Infrastructures numériques (0-100) |
Investissements (0-100) |
Flux de capitaux à destination des startups technologiques (en millions USD) |
Environnement des affaires (0-100) |
Politique/stratégie en matière de TIC (0-100) |
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Groupe 1 |
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Kenya |
50.8 |
57.6 |
55.3 |
51 539 |
6 603 |
4.8 |
70 |
101 |
23 |
38 |
62 |
564 |
54 |
59 |
Ouganda |
30.8 |
42.3 |
25.1 |
45 484 |
3 185 |
6.4 |
100 |
132 |
.. |
.. |
.. |
38 |
.. |
.. |
Tanzanie |
19.9 |
28.7 |
31.4 |
63 343 |
3 570 |
4.7 |
111 |
137 |
20 |
25 |
34 |
.. |
53 |
48 |
Rwanda |
12.6 |
.. |
23.2 |
13 499 |
3 156 |
8.2 |
80 |
84 |
.. |
.. |
.. |
126 |
.. |
.. |
Éthiopie |
10.0 |
.. |
5.7 |
105 707 |
3 754 |
6.4 |
119 |
140 |
20 |
33 |
24 |
.. |
39 |
58 |
Groupe 2 |
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Maurice |
64.1 |
9.9 |
90.7 |
1 261 |
29 882 |
8.7 |
55 |
61 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Seychelles |
.. |
.. |
60.6 |
100 |
41 180 |
8.9 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Groupe 3 |
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Comores |
32.7 |
.. |
13.6 |
991 |
3 456 |
2.6 |
.. |
181 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Somalie |
17.9 |
.. |
.. |
16 051 |
1 996 |
2.4 |
.. |
183 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Madagascar |
12.8 |
12.1 |
0.4 |
29 766 |
1 900 |
4.0 |
123 |
162 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Soudan du Sud |
4.9 |
.. |
.. |
15 013 |
433 |
0.5 |
.. |
191 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Djibouti |
.. |
.. |
.. |
1 030 |
7 157 |
3.2 |
.. |
155 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Érythrée |
.. |
.. |
.. |
3 453 |
1 832 |
3.8 |
.. |
190 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Soudan |
.. |
.. |
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47 895 |
3 600 |
-2.5 |
.. |
177 |
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.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Note : IA = Intelligence artificielle. Go = Gigaoctet. PIB = Produit intérieur brut. PPA = Parités de pouvoir d’achat. TIC = Technologies de l’information et de la communication.
Source : Oxford Insights (2023[16]), Government AI Readiness Index (base de données), https://oxfordinsights.com/ai-readiness/ai-readiness-index/ ; Demirgüç-Kunt et al. (2022[17]), The Global Findex Database 2021: Financial Inclusion, Digital Payments, and Resilience in the Age of COVID-19 (base de données), https://doi.org/10.1596/978-1-4648-1897-4 ; CUA/OCDE (2021[18]), Dynamiques du développement en Afrique 2021 : Transformation digitale et qualité de l’emploi, https://doi.org/10.1787/cd08eac8-fr, pour la part de la population ayant les moyens d’acheter un forfait mobile mensuel d’un gigaoctet de données ; Wiley (2021[19]), Digital Skills Gap Index 2021, https://dsgi.wiley.com/ ; Choi, Dutz et Usman (2020[20]), The Future of Work in Africa: Harnessing the Potential of Digital Technologies for All, https://documents1.worldbank.org/curated/en/511511592867036615/pdf/The-Future-of-Work-in-Africa-Harnessing-the-Potential-of-Digital-Technologies-for-All.pdf, pour les scores d’état de préparation aux TIC. Les données sur les flux de capitaux à destination des startups technologiques proviennent de la littérature.
L’offre et la demande des différents niveaux de compétences numériques varient entre les pays d’Afrique de l’Est en fonction de l’état d’avancement de leur économie numérique. Les compétences numériques peuvent s’exercer à trois grands niveaux : de base (utilisation d’un smartphone, courrier électronique), intermédiaire (utilisation de plusieurs appareils, médias sociaux professionnels) et avancé (conception de sites web, science des données) (chapitre 1). Dans l’ensemble, les pays d’Afrique de l’Est moins bien positionnés sur le plan de la préparation aux TIC affichent une offre et une demande plus faibles de compétences numériques, à l’instar de la Tanzanie, qui obtient un score de 3.3 sur 10 sur le Wiley Digital Skills Gap Index 2021 (indice du déficit de compétences numériques)1 et où seulement 1.7 % des jeunes occupent un emploi nécessitant des compétences numériques, contre 3.2 % au Kenya et 5.6 % au Nigeria (Makaro, 2023[21]).
L’offre de compétences numériques est en hausse dans la plupart des pays d’Afrique de l’Est, tandis que les compétences numériques avancées et dans le domaine de l’entrepreneuriat numérique restent rares
Le développement de l’accès à l’Internet haut débit et des applications numériques de type comptes d’argent mobile a amélioré l’offre de compétences numériques dans certains pays de la région. L’arrivée de l’Internet haut débit dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est a ainsi permis le développement des compétences numériques des travailleurs informels (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]), au même titre que la généralisation des applications numériques, comme les comptes d’argent mobile, dont le nombre dans la région est le plus élevé au monde (1 106 pour 1 000 adultes, contre 600 pour la moyenne continentale, 533 en Asie en développement et 245 pour l’Amérique latine et les Caraïbes) (StearsData, 2024[22]). À Madagascar, la formation récente de centaines de nouveaux ingénieurs en informatique (Ericsson, 2024) coïncide également avec l’expansion des réseaux 4G et 5G. Toutefois, lorsque l’accès à l’Internet haut débit et aux smartphones est limité, la culture numérique et l’offre de compétences dans ce domaine le sont aussi (Gottschalk et Weise, 2023[23]). Le coût élevé de l’accès à Internet réduit notamment l’adoption des technologies numériques par les ménages et les entreprises. En Afrique de l’Est, seul un tiers (34 %) de la population avait ainsi les moyens en 2020 d’acheter un forfait mobile mensuel d’un gigaoctet de données (CUA/OCDE, 2021[18]). L’offre de compétences numériques de base reste donc limitée dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, comme en atteste la part de la population âgée de plus de 15 ans les maîtrisant : 33 % à Maurice, et seulement 16 % à Djibouti et 4 % au Soudan du Sud2.
Le renforcement de l’offre de compétences numériques peut améliorer la productivité des organisations à travers l’Afrique de l’Est, à l’instar de la culture numérique et de l’analyse des données dans les organisations des secteurs public, privé et tertiaire (TradeMarkAfrica, 2023[24] ; Choi, Dutz et Usman, 2020[20]). L’utilisation des plateformes de commerce électronique peut notamment accroître la productivité des agriculteurs et des petits commerçants de la région, en leur permettant d’accéder à de nouveaux clients, d’échanger idées et connaissances et d’améliorer leur maîtrise des applications numériques comme les comptes d’argent mobile et les médias sociaux (Caribou Digital Institute, 2024[11] ; Begazo, Blimpo et Dutz, 2023[25]).
La productivité des 27 000 professionnels de santé d’Ouganda a connu une réelle amélioration avec l’introduction par le gouvernement de l’application mobile mTrac, qui leur a permis de renforcer leur culture numérique et les compétences y afférentes (Bastos de Morais, 2017[26]).
La faiblesse des investissements dans la recherche et le développement (R-D), des taux de scolarisation dans les cursus de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) et de l’infrastructure universitaire sont autant d’entraves à l’offre de compétences numériques avancées dans la région. Sur la période 2000-16, l’Afrique de l’Est n’a ainsi consacré que 0.27 % de ses dépenses publiques totales à la R-D, une part nettement en deçà de la cible de 1 % fixée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et plus encore des 2.5 % de la moyenne OCDE (CUA/OCDE, 2019[27]), qui contribue à la pénurie de compétences numériques avancées, notamment de talents dans le domaine de l’ingénierie (Mia, 2024[28] ; Dupoux et al., 2022[10] ; UNESCO/Huawei Technologies, 2022[29]). La faiblesse des taux de scolarisation dans les cursus d’enseignement supérieur en STIM, le coût élevé des frais d’inscription pour les étudiants et le manque relatif d’enseignants spécialisés, dotés des connaissances techniques et compétences pédagogiques les plus avancées, sont par ailleurs autant de facteurs qui participent aussi à l’insuffisance de l’offre de compétences numériques, au même titre que le manque d’équipements des universités et des établissements d’enseignement locaux (qui ne disposent par exemple pas d’ordinateurs et de serveurs suffisamment puissants) (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]). Différentes initiatives peuvent néanmoins pallier ces insuffisances, pourvu qu’elles soient bien conçues et dotées de ressources suffisantes (Encadré 5.1).
Encadré 5.1. Développer l’intelligence artificielle et les compétences numériques de pointe aux Seychelles
Lancé en 2018, le « Seychelles Innovation HUB » est devenu l’épicentre de l’écosystème de l’intelligence artificielle (IA) de l’État insulaire et un incubateur florissant pour les startups et les entrepreneurs. Il suscite un vif intérêt auprès du secteur privé, conforté par la réputation des Seychelles sur le plan de la rigueur réglementaire ainsi que leur classement pour l’état de préparation aux TIC (3e rang continental) et l’indice de préparation à l’IA 2020 (68e rang mondial). Parmi les entreprises ayant rejoint ses rangs, figurent Accenture et son centre d’innovation dédié à l’IA, ainsi que différentes sociétés de technologie financière (fintech), comme CoinFlex, Prime XBT et LetsExchange. Le secteur fintech des Seychelles compte deux licornes, KuCoin et Scroll, respectivement valorisées à environ 945 millions USD et 4.8 milliards USD (CoinMarketCap, 2024[30] ; CoinBrain, 2024[31]). Le pôle « IA générative » du hub accueille de son côté Travizory, pionnier technologique seychellois visant à améliorer la protection des données et l’accès à Internet grâce à l’IA. Ses outils numériques, conformes aux normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale et du Conseil de sécurité des Nations Unies, ont déjà profité à plus de 4 millions de passagers, en facilitant la vérification de près de 15 millions de documents.
Source : Mia (2024[28]), « Seychelles’ thriving artificial intelligence ecosystem », https://capmad.com/technology-en/seychelles-thriving-artificial-intelligence-ecosystem/.
Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Est, l’offre de compétences dans le domaine de l’entrepreneuriat numérique est insuffisante. Les startups numériques opèrent dans des secteurs très variés (applications, logiciels, médias, fintech, commerce électronique, tourisme, sport, entre autres) (Begazo, Blimpo et Dutz, 2023[25] ; Bosson et al., 2022[32]). Toutefois, à l’exception du Kenya, les compétences dans le domaine de l’entrepreneuriat numérique (comprendre les tenants et les aboutissants de la gestion et du développement d’une entreprise numérique, ainsi que leurs spécificités locales) restent limitées dans les pays de la région. Un déficit à mettre au compte de la taille et de la maturité globalement limitées des écosystèmes d’entrepreneuriat numérique, qui restreignent l’accès à des mentors expérimentés et donc le potentiel de développement des jeunes entrepreneurs du numérique (Friederici, Wahome et Graham, 2020[33]).
La transformation numérique à l’œuvre dans les entreprises et les économies d’Afrique de l’Est alimente la demande de compétences numériques, notamment de base
La digitalisation des économies d’Afrique de l’Est crée une augmentation de la demande de compétences numériques. Environ 87 % des chefs d’entreprise africains voient ainsi dans la maîtrise du numérique un outil d’amélioration de la productivité et donc un domaine prioritaire d’investissement (Dupoux et al., 2022[10]). Dans toute la région, les grandes entreprises, les gouvernements et les startups sont demandeurs d’une main-d’œuvre qualifiée dans le numérique, pour opérer dans des domaines aussi éclectiques que la fintech, l’éducation, la santé, l’énergie, l’agriculture, les transports, les infrastructures, les technologies de l’information, l’externalisation des processus d’entreprise, le commerce international, le tourisme, l’industrie manufacturière, la sylviculture, la gestion foncière, le bâtiment et la construction (SFI, 2024[34] ; Sandbox, 2024[35] ; SFI, 2021[36]). L’impératif de digitaliser les processus opérationnels pour garantir la continuité du travail et des services pendant la pandémie de COVID-19 a accéléré cette tendance, en attestent les projections au Kenya et au Rwanda, qui chiffrent à respectivement 1.5 milliard USD et 0.3 milliard USD le coût du développement des compétences numériques de la main-d’œuvre actuelle, et à 1.3 milliard USD et 0.2 milliard USD celui de la formation des nouvelles recrues sur la période 2019-30.
Les compétences numériques de base sont les plus recherchées, tandis que la demande de compétences numériques intermédiaires et avancées progresse, elle, plus lentement et dans des secteurs spécifiques. Au Kenya, par exemple, 32.7 millions d’emplois devraient nécessiter des compétences numériques d’ici 2030, mais pas tous au même niveau de complexité : 65 % (21.4 millions d’emplois) au niveau de base, 29 % (9.6 millions d’emplois) au niveau intermédiaire et 5 % (1.7 million d’emplois) au niveau avancé. Sur le marché rwandais, de plus petite taille mais en pleine expansion, ce sont 6.5 millions d’emplois qui devraient nécessiter des compétences numériques à l’horizon 2030, dont 69 % (4.5 millions d’emplois) au niveau de base, 29 % (1.9 million d’emplois) au niveau intermédiaire et 1.5 % (0.1 million d’emplois) au niveau avancé (SFI, 2021[36]). Madagascar devrait de son côté créer 140 000 emplois requérant des compétences numériques d’ici 2027 (SFI, 2024[34]), tandis qu’à Maurice, le secteur du tourisme est en quête de compétences numériques avancées, en particulier dans la conception de sites Internet.
L’insuffisance de l’offre de compétences numériques avancées, en génie logiciel par exemple, est un frein à la croissance des entreprises numériques de la région. Les nouvelles entreprises numériques, comme celles de la fintech, alimentent la demande de compétences numériques intermédiaires et avancées (Mauritius Africa FinTech Hub, 2024[37]). Elles s’appuient en général sur des collaborateurs hautement qualifiés et créatifs, spécialisés notamment dans les domaines du génie logiciel, de la conception, du développement produit, de la gestion de projet, de la science des données, des médias sociaux et de l’entrepreneuriat. Or, l’embauche d’un ingénieur logiciel capable de développer des produits attractifs, de maîtriser les langages de codage, de co-définir une stratégie et de diriger des équipes de développeurs juniors, s’avèrera souvent inabordable ou inaccessible pour les entreprises numériques locales, dont certaines recourront alors au recrutement de leurs talents dans les pays à revenu élevé ou à l’externalisation (principalement en Inde et parfois en Europe), s’exposant toutefois généralement à des coûts considérables (Friederici, Wahome et Graham, 2020[33]).
L’essor des exportations de services numériques crée une demande de main-d’œuvre dotée de compétences numériques intermédiaires et avancées, travaillant à distance pour des entreprises du monde entier. Les fournisseurs de services numériques d’Afrique de l’Est (d’assistance à la clientèle, par exemple) alimentent la demande de travailleurs à distance compétents dans le domaine du numérique (Melia, 2020[12]). Au Kenya, leader régional, les services TIC ont généré d’importantes recettes d’exportation (629 millions USD) en 2019 (UNCTADstat, 2023[38]), et la création d’un million d’emplois supplémentaires dans l’externalisation des processus d’entreprise est escomptée d’ici 2028 (Mwangi, 2023[39]). Quatre autres pays se démarquent également par l’ampleur de leurs recettes d’exportation de services TIC en 2019-20 : l’Éthiopie (123 millions USD), Madagascar (128 millions USD), Maurice (124 millions USD) et Djibouti (113 millions USD) (Graphique 5.7). Les compétences numériques recherchées dans ce cadre sont globalement de niveau intermédiaire (conception de sites web, création de comptes sur les médias sociaux) et avancé (génie logiciel).
Les suppressions d’emplois dues à la montée en compétences numériques et à l’automatisation ne devraient affecter l’Afrique de l’Est que de manière limitée. Les marchés du travail formels de la région ne sont bien sûr pas à l’abri des risques d’obsolescence des compétences et de suppressions d’emplois à grande échelle associés à l’automatisation, l’IA et la demande de compétences numériques de plus en plus poussées. Mais ces évolutions ne devraient toutefois pas avoir d’incidence majeure en Afrique de l’Est, au vu du peu de probabilité qu’elles y menacent autant d’emplois que dans les régions plus industrialisées du monde (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]). Le secteur de la fabrication de meubles au Kenya en offre un bon exemple : d’après les données, les robots y deviendront plus compétitifs que les humains en 2034, soit 11 ans plus tard qu’aux États-Unis, en raison du moindre coût de la main-d’œuvre kenyane et, à l’inverse, des coûts opérationnels plus élevés des robots (Banga et Willem, 2018[40]).
L’offre de formations aux compétences numériques est plus spécialisée dans les économies avancées d’Afrique de l’Est, mais pèche par son manque d’inclusivité dans toute la région
Le degré d’approfondissement et de spécialisation des formations aux compétences numériques varie considérablement entre les différents pays d’Afrique de l’Est. Les recherches documentaires menées dans l’ensemble des pays de la région mettent ainsi en évidence une forte concentration dans les pays des groupes 1 et 2 de l’offre de formations aux compétences numériques, portée par un large éventail de bailleurs et de prestataires publics et privés, locaux et internationaux (Tableau 5.2). L’augmentation du nombre de diplômés en STIM et en TIC dans la région, et plus particulièrement dans les pays du groupe 1, atteste bien de l’intérêt accru porté au numérique (Banque mondiale, 2023[41] ; UNESCO/Huawei Technologies, 2022[29]).
Tableau 5.2. Exemples de prestataires de formation aux compétences numériques en Afrique de l’Est
Prestataire |
Pays |
Public cible |
Niveau de compétences numériques |
Partenaires |
Impact/résultat |
---|---|---|---|---|---|
Universités et établissements d’enseignement supérieur locaux |
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AI Center of Excellence |
Kenya |
Professionnels |
Avancé |
Plusieurs, notamment Huawei |
Renforcement des compétences de la main-d’œuvre |
Jomo Kenyatta University |
Kenya |
Étudiants, enseignants |
Avancé |
Plusieurs, notamment IBM, Chandria |
Formation des étudiants et des enseignants |
Strathmore University (privée) |
Kenya |
Étudiants, enseignants |
Avancé |
Plusieurs, notamment Standard Chartered |
Formation des étudiants et des enseignants |
Uganda Institute of Information and Communications Technology |
Ouganda |
Étudiants |
Intermédiaire, avancé |
Plusieurs |
Formation des étudiants |
Rwanda Coding Academy |
Rwanda |
Étudiants |
Intermédiaire, avancé |
S/O |
Formation des étudiants |
Entreprises numériques multinationales |
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Cisco Networking Academy, Digital Transformation Centres |
Kenya |
Étudiants, jeunes, enseignants |
De base, intermédiaire, avancé (certification) |
PNUD Érythrée, Eritrean Workers, UIT |
104 978 personnes formées |
Andela |
Kenya, Ouganda ; Rwanda, en ligne |
Étudiants, employeurs |
Avancé |
S/O |
100 000 personnes ciblées |
Microsoft Development Centres |
Kenya, Nigeria, Ouganda ; camp de formation |
Étudiants, enseignants, professeurs, jeunes |
Avancé |
Cisco Systems, Safaricom, Nestlé |
Préparation à la carrière et capacité, programme d’études, capacités techniques |
Huawei DigiTalent, DigiTruckproject |
Kenya, Éthiopie ; stages, en ligne |
Jeunes, ruraux, apprenants adultes, professionnels, femmes |
De base, intermédiaire, avancé (certification) |
Gouvernements, Nations Unies, universités, ICOG Anyone Can Code |
1 000+ personnes formées |
Google Hustle Academy |
Éthiopie, Ghana, Madagascar, Soudan du Sud ; camp de formation virtuel gratuit |
Jeunes, employeurs |
De base, intermédiaire, avancé |
S/O |
1 000 personnes formées |
Entreprises numériques locales et secteur privé |
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Rift Valley Tech Training Institute |
Kenya |
Étudiants |
Intermédiaire |
S/O |
5 000 personnes formées |
Fikrcamp |
Éthiopie, Somalie ; camp de formation |
Jeunes |
De base, intermédiaire, avancé, non technique |
Ridwan Tukale (co-fondateur) |
186 personnes formées |
LP Digital |
Tanzanie ; trois mois en ligne, gratuit |
Jeunes, femmes, étudiants, entrepreneurs |
De base, intermédiaire |
S/O |
56 personnes formées |
Maendeleo Foundation |
Ouganda ; virtuel |
Filles, enseignants, professionnels |
De base, intermédiaire, avancé, non technique |
S/O |
100 filles, 50 enseignants, 100 parents |
Meta Boost Ethiopia |
Éthiopie ; en ligne |
Petites entreprises et entreprises informelles |
|
Ministère de la Fonction publique et du Travail et des Compétences, Summer Media |
7 000 personnes formées |
Partenariats internationaux et organisations à but non lucratif |
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African Institute for Mathematical Sciences Rwanda (AIMS Rwanda) |
Rwanda |
Étudiants |
Avancé |
S/O |
Formation des étudiants, dont 47 % de femmes |
Carnegie Mellon University-Africa |
Rwanda |
Étudiants |
Avancé |
Gouvernement du Rwanda |
S/O |
Tecnológico de Monterrey, Mercer et universités malgaches |
Madagascar |
Jeunes, femmes |
Avancé |
SFI, projet PRODIGY de la Banque mondiale, gouvernement malgache |
6 000 employés formées, dont des jeunes et des femmes |
GaroBits School (conception graphique et web) |
Somalie (État du Puntland) |
Jeunes |
Intermédiaire |
Organisation Shaqadoon, Garowe. Union européenne, États-Unis |
200 personnes formées |
Note : S/O = Sans objet.
Source : Compilation des auteurs.
La plupart des établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP) proposant une formation aux compétences numériques se trouvent dans les pays des groupes 1 et 2 et se concentrent sur l’application de ces compétences à différents secteurs techniques. Parmi les 14 établissements d’EFTP identifiés pour la présente analyse3, seuls 2 se trouvent dans des pays du groupe 3 (Madagascar et Soudan). Dans les 12 pays des groupes 1 et 2, la plupart (9) intègrent les compétences numériques à l’enseignement des compétences techniques pour l’exercice de professions dans un large éventail de secteurs, notamment l’automobile (4), l’ingénierie (4) et l’électronique (3). Les programmes d’EFTP proposés par les universités locales, les établissements d’enseignement supérieur, les partenaires de développement et les organisations à but non lucratif tendent à dispenser à un public jeune des formations aux compétences numériques intermédiaires et avancées, tandis que les programmes du secteur privé s’adressent de leur côté à un public plus large, permettant l’acquisition de compétences des plus élémentaires aux plus avancées, notamment via la formation en ligne.
En matière d’offre de formation aux compétences numériques, les programmes adaptés aux enfants sont rares et les femmes, souvent sous-représentées. Les enseignants du primaire n’ont souvent pas les capacités nécessaires pour aider les enfants à acquérir les compétences numériques de base, comme l’illustrent les cas de la Somalie (Khalif, 2023[42]) et de l’Ouganda (PNUD, 2023[43]). Les femmes ne représentent en outre que 30 % des diplômés en TIC de la région, qui constituent l’un des principaux viviers de compétences numériques (Begazo, Blimpo et Dutz, 2023[25]). Au Kenya, par exemple, bien que 41 % des effectifs universitaires interrogés soient des femmes, elles ne sont que 17 % à suivre un cursus dans les domaines des sciences et des technologies (Mbogho, 2017[44]) et contribuent à hauteur de moins de 20 % à la main-d’œuvre numérique du pays.
Le programme #SheGoesDigital propose à des femmes kényanes financièrement défavorisées une formation de 40 jours aux médias sociaux et au marketing numérique, suivie de stages en entreprise.
Le programme de stages Inde-Afrique sélectionne, en priorisant les jeunes femmes, des diplômés prometteurs d’Afrique de l’Est dans le domaine de l’informatique, afin de leur permettre d’effectuer des stages de trois à six mois dans des entreprises indiennes (ITC, 2018[45]).
Bien que rares, les formations à l’entrepreneuriat et les dispositifs d’apprentissage permettent l’acquisition de compétences numériques pratiques et pertinentes. L’enseignement dispensé dans le cadre des programmes éducatifs conventionnels peut pallier les déficits de la région en compétences entrepreneuriales et capacités analytiques dans le domaine du numérique, en s’attachant par exemple à renforcer la capacité à mobiliser données et connaissances à l’appui de la prise de décisions dans le monde réel (Dupoux et al., 2022[10] ; Choi, Dutz et Usman, 2020[20]). Le Kenya (UNESCO/Huawei Technologies, 2022[29]), Madagascar (SFI, 2024[34]) et l’Ouganda (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]) présentent toutefois des lacunes à cet égard. Quant aux dispositifs d’apprentissage, ils permettent de doter la main-d’œuvre de compétences numériques recherchées, mais pâtissent d’un manque de soutien politique et d’incitations, qui a souvent pour conséquence une faible participation du secteur privé (UNESCO/Huawei Technologies, 2022[29]). Le Kenya4, le Rwanda5 et l’Ouganda6 font à cet égard figures d’exception, ayant mis en place des dispositifs nationaux d’apprentissage qui ont permis d’ améliorer les perspectives d’emploi de leurs participants, permettant une baisse des taux de chômage et une augmentation des revenus (David et Schoar, 2021[46]).
Les compétences numériques (conception de sites web et graphisme, notamment) et entrepreneuriales, acquises via l’incubateur de l’université de Strathmore, iBiz Africa, ont aidé l’entreprise Purpink, basée à Nairobi, à devenir une entreprise prospère. En témoigne l’extension de ses activités (cadeaux personnalisés co-créés via ses plateformes numériques) à d’autres villes du Kenya et d’Afrique de l’Est, dont Kampala (Strathmore University, 2024[47]).
Le programme pour l’emploi numérique du Digital Opportunity Trust propose à ses plus de 1 000 participants une formation, notamment via un mentorat entre pairs, aux produits logiciels en demande sur le marché du travail tanzanien. Plusieurs de ses participants ont vu leur revenu mensuel augmenter de 20 % du fait de nouvelles opportunités d’emploi (DOT Tanzania, 2024[48]).
La formation aux compétences numériques vertes pour des entités spécifiques gagne en importance. Avec la digitalisation du secteur vert, la demande de compétences numériques vertes ou de création de solutions numériques durables est en plein essor (INCO Academy, 2024[49]). Centres de données, réseaux électriques intelligents, parcs éoliens numériques, centrales hydroélectriques numériques et applications d’efficacité opérationnelle, on ne compte ainsi plus les exemples d’entités qui ne peuvent fonctionner sans compétences en analyse de données et dans des domaines d’ingénierie spécifiques. Dans la droite ligne de cette dynamique, Microsoft et l’INCO Academy (2024[49]), soutenue par LinkedIn, proposent d’ailleurs gratuitement des programmes de certification en compétences numériques vertes, permettant à leurs participants, généralement issus du secteur du numérique, d’acquérir des compétences vertes spécifiques afin de faciliter leur accès aux emplois verts.
L’incubateur agricole de l’Université Jomo Kenyatta s’emploie à former une main-d’œuvre verte dotée de toutes les compétences numériques dont elle a besoin pour être compétitive à l’international et prospérer dans ce XXIe siècle placé sous le signe du numérique (JKUAT, 2024[50]).
Les pays d’Afrique de l’Est doivent cibler leurs stratégies de développement des compétences numériques en fonction de leurs niveaux nationaux d’offre et de demande
Outre l’élargissement de l’accès à Internet, les pays d’Afrique de l’Est gagneraient à adopter des stratégies nationales de développement des compétences numériques ciblées en fonction de l’offre et de la demande locale et mondiale, et à encourager la collaboration régionale. Celles-ci pourraient d’ailleurs s’appuyer sur le large éventail de politiques numériques déjà en place dans les pays de la région (Tableau 5.3), y compris ceux en conflit (Encadré 5.2). Afin de maximiser les effets positifs de ces stratégies sur l’emploi et la productivité, les pays d’Afrique de l’Est peuvent prioriser trois grands axes d’action complémentaires :
1. Élargir l’accès à Internet et intégrer les compétences numériques dans les programmes d’enseignement afin d’augmenter l’offre et la demande de compétences numériques de base
2. Cibler la formation aux compétences numériques intermédiaires et avancées en fonction des besoins spécifiques de chaque pays et de la demande mondiale
3. Renforcer l’intégration régionale sur le plan du numérique – marchés, infrastructure et offre de formation – afin d’instaurer des conditions plus favorables au développement des compétences et à l’entrepreneuriat dans ce domaine.
Tableau 5.3. Politiques et cadres réglementaires en matière de numérique en Afrique de l’Est
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Groupe 1 |
Groupe 2 |
Groupe 3 |
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Cadre |
Kenya |
Ouganda |
Tanzanie |
Rwanda |
Éthiopie |
Maurice |
Seychelles |
Comores |
Somalie |
Madagascar |
Soudan du Sud |
Djibouti |
Érythrée |
Soudan |
Politique nationale/plan directeur en matière de TIC |
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Stratégie/vision pour l’économie numérique |
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Politique nationale de développement des compétences |
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Feuille de route/plan directeur pour la transformation numérique ou l’innovation |
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Plan d’action en matière de compétences numériques et de talents |
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Politique en matière de sciences, de technologie et d’innovation |
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Politique d’EFTP |
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Politique en matière de compétences fondamentales et de culture numérique |
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Reconnaissance des acquis |
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Programmes d’enseignement ciblés en fonction de la demande |
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Système de marché du travail des TIC |
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Politique d’autonomisation des jeunes |
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Pédagogie et enseignants |
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Stages en entreprise |
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Mesures incitatives pour le secteur privé |
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Source : Compilation des auteurs.
Encadré 5.2. Politiques en faveur des compétences numériques dans les pays d’Afrique de l’Est les moins avancés et en conflit
En Somalie, les taux d’alphabétisation sont faibles, l’accès à Internet, limité, et la formation des enseignants, lacunaire. La pandémie de COVID-19 a toutefois insufflé un élan d’innovation dans l’offre de programmes d’apprentissage à distance (UNESCO, 2023[51]).
Le Soudan du Sud n’a ni loi spécifique sur les TIC et les TIC dans l’éducation, ni cadre de compétences pour ses enseignants. Ses stratégies d’éducation et de développement ainsi que son cadre pédagogique incluent toutefois désormais la formation aux compétences numériques (République du Soudan du Sud, 2017[52]). Son cadre pédagogique vise notamment l’inclusion des TIC dans les programmes scolaires, de la petite enfance à la 8e année, ainsi que le développement de compétences telles que l’esprit critique, la pensée créative, la communication et les compétences numériques et non techniques (République du Soudan du Sud, s.d.[53]).
La stratégie éducative du Soudan met à l’honneur l’informatique et priorise à ce titre les investissements pour équiper les établissements d’enseignement ; elle ne comprend toutefois ni cadre de compétences numériques, ni accent spécifique sur les STIM. Face à la pandémie de COVID-19, le pays s’est attaché à soutenir l’apprentissage numérique et la formation des enseignants aux compétences numériques requises à cet effet (UNESCO, 2022[54]).
L’élargissement de l’accès à Internet et l’intégration des compétences numériques dans les programmes d’enseignement peuvent accroître l’offre et la demande de compétences numériques de base en Afrique de l’Est
L’amélioration de l’accès à Internet, la réglementation du marché et l’investissement dans l’infrastructure numérique sont des pré-requis indispensables à l’augmentation de l’offre et de la demande de compétences numériques en Afrique de l’Est. Dans chaque pays, l’offre et la demande de compétences numériques apparaissent étroitement liées, et tributaires du degré de transformation numérique de certains secteurs et du pays en général. Compte tenu de ses retombées importantes sur la productivité, l’élargissement de l’accès à Internet aux populations marginalisées doit être une priorité pour tous les pays d’Afrique de l’Est. L’accessibilité financière pourrait notamment être améliorée grâce au renforcement de la concurrence et à l’amélioration de la gestion des actifs publics de télécommunications, notamment de la transparence des règles sur l’octroi de licences et la domination du marché, l’accès aux infrastructures et leur partage (Begazo, Blimpo et Dutz, 2023[25]). Les investissements dans l’infrastructure numérique pourront en outre attirer des investissements privés locaux et internationaux, ainsi que des contributions de partenaires de développement (Dupoux et al., 2022[10]).
Les projets régionaux d’infrastructure numérique, à l’instar des 2 milliards USD d’investissement de la Banque africaine de développement ou du projet d’intégration numérique régionale en Afrique de l’Est de 130 millions USD de la Banque mondiale, devraient faire baisser les coûts d’accès au numérique grâce aux économies d’échelle.
L’intégration des compétences numériques dans les programmes d’éducation des jeunes enfants s’avère un investissement rentable, surtout lorsqu’il est financé par des approches novatrices. Les contraintes budgétaires et le profil d’endettement des pays d’Afrique de l’Est (Comores, Djibouti, Éthiopie, Kenya et Soudan du Sud, notamment) imposent d’y rationaliser au mieux les stratégies de développement des compétences numériques (BAfD, 2023[55]). Pour ces pays, l’investissement dans l’enseignement de ces compétences dès la petite enfance constitue à ce titre une première étape essentielle, puisqu’il leur permet de répondre à la forte demande de compétences de base et intermédiaires (chapitre 1). Pour son financement, l’adoption d’approches innovantes, mobilisant des financements mixtes de partenaires publics, privés et internationaux, semble une solution efficace (voir le Tableau 5.4 pour la présentation de différents exemples d’initiatives de ce type).
Depuis 2021, l’UNICEF teste des solutions d’apprentissage numérique dans 93 centres d’apprentissage de zones reculées du Soudan. Les exercices y sont expliqués aux enfants à l’aide d’histoires et de vidéos qu’ils consultent sur des tablettes solaires, notamment. Les participants de ce programme obtiennent des résultats d’apprentissage 1.7 fois supérieurs à ceux des autres apprenants (UNICEF, 2023[56]).
La start-up malgache Jirogasy collabore avec Aceleron, développeur britannique de batteries lithium-ion issues de l’économie circulaire, pour équiper en ordinateurs solaires construits à Madagascar 10 000 enfants par an dans des écoles de Madagascar et d’Afrique de l’Est (Envirotech, 2021[57]).
Tableau 5.4. Exemples d’initiatives inclusives de développement des compétences numériques en Afrique de l’Est
Objectif |
Programme/pays |
Bailleur |
Impact |
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Culture numérique de base universelle |
Programme des ambassadeurs du numérique, Rwanda |
Gouvernement |
Déploiement de 110 ambassadeurs du numérique, formation de 67 627 personnes |
Développement des compétences numériques via l’apprentissage tout au long de la vie |
Projet « Digital Skills @ Your Local Library » (2021-23), Ouganda |
Enabel Belgique |
Plus de 22 000 jeunes, dont 50 % de femmes |
Renforcement des capacités des universités en matière d’enseignement numérique |
Initiative pour le renforcement de l’enseignement supérieur, Éthiopie |
Mastercard Foundation |
800 000 étudiants et 35 000 enseignants de 50 universités publiques, via 2 cours numériques |
Développement des compétences numériques des réfugiés |
Programme « Universal Digital Acceleration » (2023-28), Ouganda |
Banque mondiale |
Formation de plus de 1.5 million de réfugiés aux compétences numériques essentielles et aux compétences connexes |
Culture numérique universelle |
« Leaving No One Behind in the Digital Era », Ouganda |
Fonds d’équipement des Nations Unies |
Accès de 1 million d’Ougandais à une culture numérique de base d’ici 2024 |
Élargissement des compétences numériques |
Projet « Digital Foundations », Djibouti (10 millions USD) |
Banque mondiale |
Réduction des coûts de connectivité |
Extension du service d’argent mobile Mvola aux personnes non bancarisées, Comores |
SFI |
Accès des personnes non bancarisées à une culture numérique de base |
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Programme pour l’emploi numérique et ambassadeurs du numérique (depuis 2013), Tanzanie |
Digital Opportunity Trust |
Formation de plus de 30 000 jeunes issus de milieux défavorisés et de 400 jeunes leaders aux compétences numériques |
|
Projet « Daring to Shift » (2019-23), Tanzanie |
Gouvernement du Canada |
Accès de plus de 1 000 jeunes, dont des femmes, et 40 000 membres de la collectivité à une culture numérique de base et à une préparation à l’emploi |
|
Développement des compétences numériques |
Soutien à l’éducation par les TIC, Somalie |
UNESCO |
Accès aux compétences numériques et élaboration de politiques pertinentes |
Source : Compilation des auteurs.
La mise en place de dispositifs efficaces d’alternance (entre formation théorique et immersion pratique dans le monde professionnel) peut améliorer le développement des compétences numériques des jeunes tout en comblant les pénuries de main-d’œuvre des entreprises. Les stages et formations en milieu de travail s’avèrent ainsi aussi profitables aux étudiants, en leur permettant d’acquérir des compétences avancées, qu’aux entreprises, en comblant les pénuries de main-d’œuvre dans le secteur du numérique, par exemple dans les très actifs pôles numériques de Nairobi. Les pays du groupe 1 encouragent d’ailleurs de plus en plus ce type de programmes, tandis que les pays du groupe 3, à l’instar de la Somalie, en ont particulièrement besoin pour réduire l’inadéquation des compétences et faciliter la transition de leurs étudiants vers l’emploi (Aylaw, 2023[58]).
Au Kenya, le « Presidential Digital Talent Program » a pour vocation de former les futurs responsables gouvernementaux aux technologies numériques. Sur une période de 12 mois, ses participants suivent une formation poussée aux compétences numériques et à la gestion de projet, assortie d’une expérience pratique de 10 mois dans des fonctions gouvernementales et 2 mois en entreprise privée (UNESCO/Huawei Technologies, 2022[29]).
Les pays ont tout à gagner à cibler leur offre de formation aux compétences numériques intermédiaires et avancées en fonction de leurs besoins spécifiques et de la demande mondiale
Les données sur le marché du travail peuvent aider les décideurs politiques à mieux cerner les déficits de compétences numériques intermédiaires et avancées. La demande de compétences numériques intermédiaires et avancées est principalement portée par les secteurs à forte productivité et les marchés mondiaux. Le renforcement des systèmes d’information sur le marché du travail et l’analyse des données d’offres d’emploi peuvent aider les décideurs à identifier les nouveaux besoins de compétences et les éventuels déficits en la matière (chapitre 2). Les compétences numériques se prêtent ainsi particulièrement bien à une évaluation à partir du big data et des données d’offres d’emploi, des approches que peuvent mobiliser les décideurs politiques d’Afrique de l’Est pour identifier les déficits de compétences numériques dans les secteurs stratégiques et cibler ainsi le plus efficacement possible leur offre de formation (par exemple, capteurs et IA dans l’agriculture, apprentissage automatique dans la fintech).
Le Plan stratégique 2030 de Maurice prévoit le développement d’un écosystème numérique de pointe et d’un esprit « technopreneurial », notamment via le financement de 50 bourses annuelles en technologie blockchain (République de Maurice, 2020[59]).
La valorisation de l’EFTP peut élargir l’offre de compétences numériques. L’apport d’un soutien politique aux établissements d’EFTP et d’enseignement secondaire peut, en plus d’être un élément de réponse à la demande de formation aux compétences numériques, contribuer à une amélioration substantielle de l’offre de compétences intermédiaires dans ce domaine à travers la région (SFI, 2021[36]). Les partenaires internationaux pourront, dans cette même optique, aider à la création ou à l’amélioration de cursus d’EFTP agréés et adaptés aux besoins des employeurs, sous l’égide de partenariats public-privé.
Sous le parrainage de l’Agence japonaise de coopération internationale (Japan International Cooperation Agency [JICA]), l’Ouganda a créé le Nakawa Vocational Training College, où sont proposés des cursus d’EFTP en électrotechnique et ingénierie automobile.
L’établissement rwandais d’EFTP IPRC Tumba, financé par la JICA et l’Agence française de développement, en collaboration avec le gouvernement local et le secteur privé, est un pôle de formation aux compétences numériques avancées pour les futurs professionnels du numérique, du génie électrique, de l’électronique et du génie mécanique (IPRC Tumba, 2024[60]).
Lancée en janvier 2019, la Rwanda Coding Academy (RCA) forme ses étudiants, via une approche pédagogique conjuguant enseignement général et EFTP, à toute une gamme de compétences numériques avancées, comme le développement logiciel, la programmation des systèmes embarqués et la cybersécurité (SFI, 2021[36]).
Le renforcement de la collaboration entre universités et industrie peut aider l’enseignement supérieur à former des diplômés dotés de compétences numériques véritablement adaptées au marché. La mise en place, dans le cadre des cursus universitaires, d’interventions de professionnels de terrain des domaines enseignés permet de dispenser des formations axées sur la pratique, en phase avec la réalité des différents métiers. De leur côté, les comités consultatifs sectoriels, composés de professionnels et d’experts de différents secteurs, peuvent conseiller les établissements sur l’élaboration de leurs programmes d’études et permettre aux enseignants d’entretenir une collaboration mutuellement bénéfique avec les professionnels de terrain. Si dans l’ensemble, les universités d’Afrique de l’Est, en particulier celles des pays du groupe 3, ont encore des progrès à réaliser dans ce domaine, la région peut toutefois se féliciter de plusieurs coopérations fructueuses entre universités et industrie.
Lancée au Rwanda en décembre 2023 avec le financement du Research and Innovation Systems for Africa (RISA) Fund, l’Innovative Digital Platform7 a pour vocation de réduire les inadéquations de compétences entre université et industrie grâce à l’amélioration de la recherche et du conseil, à l’élaboration conjointe des programmes d’études et à la mise en place de dispositifs d’insertion professionnelle.
Le projet EASTRIP (East Africa Skills for Transformation and Regional Integration Project), financé par la Banque mondiale, a permis le placement de plus de 30 enseignants de l’Institut de technologie de Dar es Salam (Tanzanie) dans différentes entreprises dans le cadre d’initiatives de formation mutuelle et de collaboration (Banque mondiale, 2023[41]).
Maurice entend procéder à une révision stratégique de ses programmes de formation afin de corriger l’inadéquation entre les compétences de ses nouveaux diplômés et les besoins du marché du travail en ingénieurs logiciel.
L’intensification du développement des compétences numériques avancées et des compétences des diplômés en STIM peut renforcer le positionnement de l’Afrique de l’Est comme pôle numérique mondial. Il apparaît primordial pour la région d’investir dans le développement de compétences numériques avancées et spécialisées afin de former des innovateurs et des entrepreneurs de pointe dans le secteur du numérique. Il est notamment essentiel pour les pays du groupe 1 d’augmenter leurs investissements dans la R-D et la production de connaissances afin d’amorcer une solide dynamique d’innovation. Parmi les différentes initiatives envisageables, l’apport d’un soutien ciblé aux étudiants brillants en STIM peut s’avérer efficace, mais doit, pour l’être plus encore et remédier aux inégalités entre les sexes, se concentrer tout particulièrement sur les femmes, qui ne représentent que 30 % des diplômés en STIM en Afrique de l’Est. L’amélioration de l’accès des femmes aux formations dans les domaines du numérique et des STIM permettrait en outre à la région d’élargir son offre de spécialistes dans ces secteurs.
En 2018, ONU Femmes et la Commission de l’Union africaine, en partenariat avec l’Union internationale des télécommunications, l’UNESCO, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et l’UNICEF, ont lancé l’initiative « African Girls Can Code », avec pour objectif de doter les jeunes filles et femmes africaines âgées de 17 à 25 ans de compétences numériques avancées.
Le renforcement des compétences numériques peut favoriser la création de startups numériques et stimuler l’entrepreneuriat. Un engagement stratégique de la région en faveur de l’innovation peut contribuer à la montée en compétences numériques, au développement de startups (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]) et à la progression de l’entrepreneuriat numérique au sein des entreprises et organisations existantes.
Le programme de développement des compétences du Mauritius Africa FinTech Hub, soutenu par PwC, vise à doter les startups mauriciennes de compétences entrepreneuriales afin de leur permettre de développer leur activité et d’accéder aux marchés panafricains et internationaux (Mauritius Africa FinTech Hub, 2024[37]).
Depuis 2015, le programme « Smart Duka », mené sous la houlette de TechnoServe, propose toute une palette de formations entrepreneuriales et contribue à la digitalisation des micro-commerces de détail du secteur informel au Kenya et en Tanzanie. On lui doit également la création d’un écosystème numérique collaboratif, dans le cadre duquel les commerçants opèrent collectivement au sein de groupes d’affaires (par exemple via WhatsApp) et ont accès à un réseau de soutien de partenaires financiers, technologiques et de la chaîne d’approvisionnement (TechnoServe, 2020[61]).
La création d’un marché unique du numérique et le renforcement des partenariats peuvent favoriser l’intégration régionale de l’offre et de la demande de compétences numériques
L’instauration d’un marché régional unique du numérique et d’un facilitateur de paiement numérique multidevise pourrait favoriser le développement des compétences numériques. La mise en place d’un marché numérique unifié permettrait ainsi de favoriser la fluidité de la connectivité, d’harmoniser les réglementations et de faciliter les paiements transfrontaliers. Elle viendrait en outre renforcer les initiatives de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe en faveur de l’interconnexion des pays, de la transformation numérique et de l’innovation (CUA/OCDE, 2021[18]). Le vaste marché intégré ainsi créé contribuerait à élargir le champ des possibilités sur le plan du développement des compétences numériques, de l’entrepreneuriat numérique et de la demande de compétences numériques, et permettrait une augmentation potentielle de 2.6 milliards USD du PIB de la région (TradeMark Africa, 2022[62]), notamment sous l’effet d’une dynamisation du commerce intra-africain, qui représente actuellement 30 % des exportations de l’Afrique de l’Est (Kuwonu, 2024[63]). Les initiatives de la Zone de libre-échange continentale africaine, à l’instar de son système panafricain de paiement et de règlement, peuvent renforcer l’offre et la demande de compétences numériques (Choi, Dutz et Usman, 2020[20]).
En partenariat avec l’Université de Strathmore au Kenya, le « Digital for Development Hub », porté conjointement par l’Union africaine et l’Union européenne, a lancé une initiative en faveur du renforcement de la protection des données en Afrique de l’Est. Celle-ci a pour objectif de faciliter le partage d’enseignements, de meilleures pratiques, de ressources et de recommandations entre les autorités chargées de la protection des données et les représentants du secteur privé (D4D Hub, 2023[64]).
En soutien aux startups numériques portées par des jeunes et aux petites et moyennes entreprises, la Commission de l’Union africaine et Google se sont associés pour proposer leurs « Digital Skills Campaigns », des ateliers de cinq jours autour des compétences numériques. Jusqu’à présent, 45 jeunes entrepreneurs, managers et étudiants d’Éthiopie et du Kenya ont pu en bénéficier (Mpemba, 2023[65]).
L’établissement de partenariats régionaux entre les établissements d’enseignement supérieur de recherche et de formation et les centres d’excellence régionaux peut favoriser le développement de compétences numériques avancées, en forte demande dans le secteur privé. Avec le soutien des partenaires de développement, les partenariats régionaux et les centres d’excellence peuvent ainsi mettre en place à l’échelon régional des formations à certaines compétences numériques avancées et spécialisées, indispensables notamment aux centres de données régionaux et aux pôles d’analyse supranationaux (Dupoux et al., 2022[10]).
Le Regional Flagship ICT Centre (RAFIC), un des 16 centres d’excellence régionaux créés dans le cadre du projet EASTRIP, compte 1 400 diplômés, 5 000 étudiants, 180 enseignants, et 60 gestionnaires et autres employés. Il a notamment permis l’accompagnement de 200 femmes dans leur formation dans les domaines des sciences et des technologies.
Dans le cadre de l’initiative « Digital Skills for an Innovative East African Industry » de la CAE, le Conseil interuniversitaire d’Afrique de l’Est, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit et un consortium universitaire germano-est-africain se sont associés pour proposer des formations de pointe dans le domaine du numérique. L’initiative propose ainsi un programme de master de deux ans en systèmes embarqués et mobiles, et a dans ce cadre permis la formation de 96 étudiants du Burundi, du Kenya, d’Ouganda, du Rwanda, du Soudan du Sud et de Tanzanie – dont 34 % de femmes – à toute une palette de compétences numériques et entrepreneuriales. Autre composante de l’initiative, le « Digital Skills Accelerator » a de son côté formé 150 diplômés sans emploi au développement d’applications mobiles Android (BMZ et al., 2021[66]).
Il est capital pour les pays d’Afrique de l’Est d’attirer des talents dotés de compétences numériques avancées et spécialisées afin de permettre à la région de participer aux futures avancées numériques. Les programmes visant à attirer les talents (de la diaspora et d’ailleurs) et à faire circuler les compétences – visas « nomade numérique », partenariats pour la mobilité des compétences ou encore programmes de réintégration (voir le chapitre 2) – s’avèrent ainsi un tremplin majeur pour le développement des technologies numériques locales.
Maurice a récemment lancé un visa « nomade numérique » permettant aux non-ressortissants de vivre à Maurice et de travailler à distance pour une entreprise ou un client ou de posséder une entreprise basée hors du pays pendant un an, avec possibilité de renouvellement une deuxième année (Quantamnomad, 2023[67]).
Les Seychelles ont lancé leur visa « nomade numérique », le « Workation Retreat Program », en avril 2021. Valable un an et renouvelable six mois, il offre des exonérations fiscales sur les revenus locaux et personnels, ainsi que sur les taxes professionnelles (VisaGuide.World, 2024[68]).
Références
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[19] Wiley (2021), Digital Skills Gap Index 2021, https://dsgi.wiley.com/.
Notes
← 1. Les pays couverts sont les suivants : Éthiopie, Kenya, Madagascar, Maurice, Ouganda, Rwanda et Tanzanie. Ils sont classés en fonction de leurs scores sur six grands indicateurs : (1) acquisition des compétences numériques dans le cadre institutionnel (notamment compétences numériques à la fin des études) ; (2) réactivité numérique (notamment du système éducatif) ; (3) soutien du gouvernement (notamment importance accordée aux TIC dans la stratégie gouvernementale) ; (4) offre, demande et compétitivité (notamment ampleur de l’écart entre les sexes dans le domaine des STIM) ; (5) éthique et intégrité des données (notamment performance en matière de cybersécurité) ; et (6) intensité de la recherche (notamment nombre d’articles universitaires pour 1 000 diplômés). Les scores sont normalisés sur une échelle de 0 à 100.
← 2. Calculs des auteurs d’après « Indicateurs de l’UIT pour les ODD relatifs aux TIC – Pourcentage de jeunes et d’adultes ayant des compétences en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), par type de compétence » (UIT, 2024[69]).
← 3. L’aperçu complet des programmes d’EFTP peut être obtenu sur demande.