En 2024, l’Afrique devrait atteindre une croissance moyenne du PIB de 3.5 % et compter cinq des dix économies à la croissance la plus rapide au monde. Le taux de croissance de l’Afrique sera supérieur à la croissance mondiale estimée à 3.1 % et devrait atteindre 4.0 % en 2025, contre 3.2 % au niveau mondial. Ces perspectives de croissance peuvent être davantage stimulées en s’appuyant sur le dividende démographique lié à la croissance de la population en âge de travailler qui devrait doubler d’ici 2050 et représenter 86 % de l’augmentation totale de la population mondiale. Avec une population croissante de mieux en mieux éduquée, les pays africains se dotent d’un réservoir de talents sans précédent. L’Union africaine s’est engagée à améliorer les perspectives éducatives et professionnelles de la jeune main-d’œuvre africaine. Le développement des compétences est au cœur de son Agenda 2063 et l’éducation est le thème de l’Union africaine pour 2024.
Un meilleur accès à des initiatives de développement des compétences, de qualité et alignées aux opportunités d’emploi, sera déterminant pour soutenir la transformation productive des économies africaines. En 2022, plus d’un jeune Africain sur quatre était déscolarisé, sans emploi, ni formation. Le PIB de l’Afrique pourrait être multiplié par plus de 22, soit une augmentation d’environ 154 000 milliards USD – plus que dans toute autre région du monde – si tous les enfants du continent parvenaient à une maîtrise de base des compétences fondamentales. En 2021, les dépenses publiques d’éducation représentaient en moyenne 3.7 % du PIB et 14.5 % des dépenses publiques totales, soit un peu moins que les objectifs internationaux d’au moins 4 % et 15 % respectivement. Identifier des axes d’intervention prioritaires peut aider les gouvernements africains à obtenir de meilleurs résultats avec des budgets limités. Collaborer avec le secteur privé sera essentiel pour combler l’apparent déficit de compétences et résoudre les problèmes de chômage, de pauvreté et d’inégalité.
Répondre au défi de l’informalité en développant les compétences et en offrant des opportunités d’emplois décents améliorera la productivité, l’accès à la protection sociale, la sécurité de l’emploi et les conditions de travail. La part d’emplois informels en Afrique est supérieure à n’importe quelle autre région du monde. On estime que 82 % des travailleurs africains occupent des emplois informels, contre 56 % en Amérique latine et Caraïbes et 73 % dans les pays en développement d’Asie. Une approche politique ciblée aiderait les travailleurs informels à surmonter les obstacles au développement de leurs compétences, incluant un coût d’opportunité élevé, des ressources limitées, un manque de prérequis et une plus grande vulnérabilité aux chocs. Une attention particulière devrait être également accordée aux femmes. La proportion de femmes occupant un emploi informel et n’ayant pas reçu d’éducation formelle étant supérieure de 14 points de pourcentage à la proportion correspondante chez les hommes.
Le rapport Dynamiques du développement en Afrique 2024 évalue les lacunes en matière de compétences, liés à l’évolution de la demande et à la lumière des spécificités des marchés du travail africains. Il propose des stratégies de développement des compétences associant un accès inclusif à l’éducation et la formation, avec l’excellence requises dans les secteurs économiques les plus productifs. Nous suggérons trois axes prioritaires :
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Élaborer des stratégies spécifiques à chaque pays afin d’identifier et répondre aux besoins en compétences requises dans les secteurs dynamiques et productifs.
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Améliorer l’accès à une éducation de qualité, notamment à l’enseignement et la formation techniques et professionnels, ciblant en particulier les travailleurs informels, les femmes et les habitants des zones rurales.
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Renforcer la coopération régionale sur les politiques de développement des compétences afin d’améliorer l’efficacité des flux de main-d’œuvre et l’allocation des compétences.
Le partenariat entre la Commission de l’Union africaine et l’OCDE, notamment par l’intermédiaire du Centre de développement de l’OCDE, continue de se renforcer. En octobre 2023, nous avons renouvelé notre protocole d’accord, en définissant un plan d’action concret : une approche pratique consistant à générer conjointement de nouvelles données et à encourager un dialogue direct entre les décideurs politiques. C’est dans ce cadre, compte tenu du mandat confié par les organes politiques de l’Union africaine, que nous avons commencé à opérationnaliser la Plateforme virtuelle de l’investissement en Afrique. Cette initiative entend soutenir l’investissement sur le continent en faveur de la mise en œuvre de la vision et des aspirations de l’Agenda 2063 pour une Afrique intégrée, pacifique et prospère. Cette sixième édition de notre rapport phare est un élément clé de notre travail commun visant à informer le dialogue politique et la collaboration internationale conformément à l’Agenda 2063.
Moussa Faki Mahamat
Président,
Commission de l’Union africaine
Mathias Cormann
Secrétaire général,
Organisation de coopération et de développement économiques