Ce chapitre porte sur les compétences soutenant le développement du secteur agroalimentaire dans les quinze pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Il dresse un tableau des niveaux d’éducation, d’emploi et de développement des compétences dans la région puis propose une étude de cas sur les compétences requises dans le secteur agroalimentaire. Il offre une analyse des potentiels et limites du secteur agroalimentaire en Afrique de l’Ouest et évalue l’adéquation entre l’évolution des compétences des travailleurs et celles des demandes du secteur. Le chapitre conclut par des recommandations de politiques permettant d’aligner l’offre de compétences à la demande et basées sur des améliorations concernant trois domaines : les stratégies de développement de la formation, la coopération entre organismes de recherche et entreprises et le financement de programmes axés sur des compétences ciblées.
Dynamiques du développement en Afrique 2024
Chapitre 7. Compétences pour l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest
Abstract
En bref
L’amélioration des systèmes éducatifs et de formation apporterait d’énormes opportunités en Afrique de l’Ouest, mais la région accuse d’importants déficits de compétences. En 2020, la durée de scolarisation moyenne s’établissait à 5.5 ans, soit en dessous de la moyenne du continent (6.7 ans). Le nombre de jeunes de la région ayant terminé l’enseignement secondaire ou supérieur atteignait 23 % mais seuls 9 % des apprenants du secondaire suivaient une formation ou un enseignement technique ou professionnel (EFTP).
L’industrie agroalimentaire représente un levier majeur de la transformation productive en Afrique de l’Ouest. Fin 2020, le secteur agricole à lui seul contribuait à environ 25 % du produit intérieur brut (PIB) et à 45 % de l’emploi de la région. L’Afrique de l’Ouest est confrontée à des défis climatiques et technologiques qui nécessitent des compétences techniques et non-techniques ainsi que des investissements dans la recherche agroalimentaire. Le manque de compétences techniques et de sensibilisation sur les bonnes pratiques de conservation parmi les agriculteurs, les transformateurs et les commerçants entraîne des pertes de 24 % des produits après récolte dans la région, soit le chiffre le plus élevé du continent.
Des compétences renforcées s’étendant sur les secteurs primaire, secondaire et tertiaire du secteur agroalimentaire favoriseraient l’autosuffisance alimentaire et l’essor de l’industrie agroalimentaire. Les responsables politiques pourraient privilégier trois grands axes d’action. Il s’agirait pour eux : i) d’élaborer des plans et des programmes nationaux sectoriels en matière de professionnalisation qui favorisent les structures de transformation locale et encouragent les partenariats public-privé ; ii) d’institutionnaliser des accords de coopération entre les organismes de recherche régionaux et les entreprises du secteur agroalimentaire ; et iii) de miser sur le financement des programmes de renforcement des compétences pour répondre aux défis globaux, notamment le changement climatique.
Profil régional de l’Afrique de l’Ouest
Les pays d’Afrique de l’Ouest font face à un important déficit de compétences
Malgré les progrès réalisés en matière d’accès à l’éducation, le niveau et la qualité de celle-ci restent généralement faibles dans la région. En 2020, la durée de scolarisation moyenne s’établissait à 5.5 ans en Afrique de l’Ouest, un chiffre inférieur à celui de la moyenne du continent (6.7 ans), de l’Amérique latine et Caraïbes (ALC) (9.2 ans) et de l’Asie en développement (8.4 ans). Néanmoins, une forte hétérogénéité existe concernant le nombre d’années moyen de scolarité ajusté à la qualité de l’apprentissage. Si ce chiffre s’élève à 6 ans au Ghana et au Togo, il est de moins de 3 ans au Liberia, au Mali et au Niger (Graphique 7.3). De ce fait, moins d’un tiers des élèves qui terminent l’école primaire acquièrent les compétences de base en lecture. De même, moins de 30 % des adolescents en début d’enseignement secondaire atteignent un niveau satisfaisant en lecture et moins de 15 % un niveau satisfaisant en mathématiques (Graphique 7.4). Des disparités importantes existent entre les milieux urbains et ruraux, les inégalités de genre étant moins prononcées.
En Afrique de l’Ouest, la performance du système éducatif est déterminée par des facteurs socio-économiques tels que la présence parentale, le soutien scolaire et l’alphabétisation. Les études du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC), menées par la Conférence des ministres de l’Éducation des États et des gouvernements de la francophonie (CONFEMEN) dans plusieurs pays africains, dont sept en Afrique de l’Ouest1, montrent de meilleures performances en lecture et mathématiques chez les élèves aidés à domicile. Les enfants performants ont accès à des livres et vivent avec des parents alphabétisés ou sous la tutelle d’institutions qui renforcent l’apprentissage scolaire, améliorant ainsi la qualité de l’éducation (PASEC, 2020[7]).
À la faible performance éducative s’ajoute une insertion limitée dans les programmes professionnels. Bien que le nombre de jeunes de la région ayant terminé l’enseignement secondaire ou supérieur ait progressé de 13 % à 23 % entre 2000 et 2020, cela ne s’est pas traduit par une participation plus importante dans la formation professionnelle (CUA/OCDE, 2021[8]). En moyenne, seuls 9 % des apprenants du secondaire sont inscrits dans des programmes professionnels, cette part variant de 47 % en Gambie à moins de 3 % au Burkina Faso, au Cabo Verde et au Ghana (UNESCO, 2023[6]).
L’essentiel des emplois restent peu qualifiés, avec des disparités entre hommes et femmes. La part des travailleurs qualifiés est d’environ 18 % en Afrique de l’Ouest contre environ 22 % pour l’ensemble du continent (Graphique 7.5). La Côte d’Ivoire (29 %) et le Ghana (27 %), disposant d’une avance dans le secteur manufacturier, emploient dans la région la plus forte proportion de la main-d’œuvre qualifiée. Les disparités dans l’accès à l’emploi sont marquées entre travailleurs urbains et ruraux, de même qu’entre hommes et femmes. La proportion de travailleurs occupant des emplois qualifiés est relativement plus élevée en milieu urbain, en lien avec l’implantation des usines dans les villes ; la main-d’œuvre non qualifiée est, elle, concentrée en milieu rural et exerce essentiellement des emplois agricoles. En Afrique de l’Ouest, 26 % des hommes occupent un emploi qualifié contre 14 % des femmes. Ceci peut s’expliquer par les inégalités d’accès à l’éducation, en particulier à l’éducation supérieure, de même que par l’existence d’institutions sociales défavorables aux femmes à savoir les discriminations au sein de la famille, les atteintes à l’intégrité physique, l’accès restreint aux ressources productives et financières et les atteintes aux libertés civiles (Centre de développement de l’OCDE, 2022[9] ; BAfD/ECA, 2020[10]).
Une majorité de travailleurs ne possèdent pas le niveau d’éducation requis pour leur profession. En moyenne, 78 % des travailleurs d’Afrique de l’Ouest occupent des emplois pour lesquels ils ne disposent pas d’un niveau d’éducation adéquat (Graphique 7.6). Cette situation est plus répandue chez les femmes et les travailleurs à leur propre compte. Une majorité de travailleurs (72 %) ont un niveau d’étude inférieur aux attentes de leur profession. Ce taux varie à travers la région : s’il s’élève à 37 % et 45 % au Cabo Verde et au Ghana, il s’établit à plus de 90 % au Burkina Faso et au Mali. Seule une faible part des travailleurs (entre 4 % et 11 %) disposent d’un niveau d’éducation supérieur au besoin de leur profession.
Le déficit en compétences techniques s’explique en partie par la faible capacité du système éducatif. En Afrique de l’Ouest, le système éducatif est sous-doté en ressources humaines et pédagogiques ce qui le place dans l’incapacité à former la main-d’œuvre qualifiée indispensable à l’essor du secteur industriel. Par exemple, le ratio des dépenses de recherche et développement (R-D) par rapport au PIB en Afrique de l’Ouest s’est établi à 0.23 % entre 2010 et 2022, contre environ 2.2 % au niveau mondial. En conséquence, l’Afrique de l’Ouest ne compte que 102 chercheurs par million d’habitants quand ce chiffre atteint 1 392 à l’échelle globale (Graphique 7.7). Il découle de l’absence de travailleurs qualifiés qu’une grande majorité des travailleurs occupent des postes pour lesquels ils ne disposent pas de compétences appropriées, ce qui a pour effet de réduire la productivité sectorielle.
Les compétences numériques peuvent contribuer à transformer les économies mais elles se développent inégalement à travers la région. Le pourcentage de personnes interrogées capables d’utiliser un compte bancaire mobile sans l’aide d’un tiers varie ainsi de plus de 45 % au Ghana à moins de 15 % au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et en Sierra Leone (Graphique 7.8). La faible pénétration des compétences numériques est un indicateur de la capacité limitée des pays d’Afrique de l’Ouest à adopter des technologies pouvant améliorer les compétences indispensables au développement du secteur agroalimentaire.
La région est témoin d’importants déplacements internes, tandis que les travailleurs qualifiés s’orientent vers des destinations en dehors du continent. Les migrations de personnes peu ou moyennement qualifiées – ayant un niveau d’éducation secondaire ou inférieur – s’établissent principalement au sein de la région. En revanche, la majorité des migrations de travailleurs qualifiés – avec un niveau d’éducation tertiaire ou supérieur – s’oriente principalement vers des destinations extérieures au continent, en particulier en partance du Cabo Verde (Graphique 7.9).
L’agroalimentaire : un levier majeur de la transformation productive en Afrique de l’Ouest
En Afrique de l’Ouest, le secteur agroalimentaire constitue un enjeu stratégique en faveur de l’essor économique des pays. Plus de 50 % de la population ouest-africaine vit en zone rurale et 65 % de la main-d’œuvre active travaille dans le secteur agricole (CUA/OCDE, 2022[16]). Fin 2020, celui-ci contribuait à hauteur d’environ 25 % au PIB de la région et de 45 % à l’emploi. Ce poids devrait atteindre 430 milliards USD en 2030 et pourvoir alors 131 millions d’emplois. Les emplois de l’économie alimentaire se concentrent essentiellement dans l’agriculture (78 %) et sont principalement exercés en zone rurale (81 %), dont 15 % dans la transformation alimentaire, la commercialisation et la restauration hors domicile, ce chiffre atteignant 60 % en zone urbaine (Allen, Heinrigs et Heo, 2018[17]). L’amélioration des compétences permettant le développement du secteur agroalimentaire peut favoriser une meilleure insertion de la région dans les chaînes de valeur et permettre de tirer un meilleur parti de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
L’Afrique de l’Ouest occupe une position de leader mondial dans la production de plusieurs produits agricoles et alimentaires, mais dépend des importations pour les produits de base. En 2019, la part de la région dans la production mondiale de produits tels que le fonio, les noix de karité, les ignames et les fèves de cacao était comprise entre 66 et 100 % (CUA/OCDE, 2022[16]) tandis qu’entre 5 et 9 pays de l’Afrique de l’Ouest se classent régulièrement parmi les 20 premiers producteurs mondiaux d’une dizaine de produits agricoles (CUA/OCDE, 2019[18]) (Tableau 7.1). Les acteurs locaux possèdent en outre une base solide dans la transformation notamment de l’huile végétale, des dérivés du manioc, de la canne à sucre et des fruits tropicaux. Toutefois, malgré la diversité des produits agricoles cultivés, l’Afrique de l’Ouest fait face à d’importants déficits pour des produits de base tels que le riz (première région importatrice du continent avec 20 millions de tonnes/an), le maïs (en 2022, exportations de 9.87 millions USD mais importations de 208.26 millions USD) et les huiles végétales (dont celles de soja et de tournesol, malgré une production significative d’huile de palme).
Tableau 7.1. Produits agroalimentaires les plus exportés en Afrique de l’Ouest, par pays, 2018-22
Pays |
Produit |
Exportations en millions de dollars USD, 2018-22 |
---|---|---|
Afrique de l’Ouest |
Fèves de cacao |
30 070 |
Côte d’Ivoire |
Fèves de cacao |
19 129 |
Ghana |
Fèves de cacao |
7 301 |
Nigeria |
Fèves de cacao |
2 981 |
Sénégal |
Poissons |
1 461 |
Bénin |
Fruits à coque comestibles |
1 279 |
Guinée-Bissau |
Fruits à coque comestibles |
812 |
Burkina Faso |
Graines oléagineuses |
781 |
Togo |
Fèves de soja |
678 |
Niger |
Graines oléagineuses |
678 |
Mali |
Bovins vivants |
279 |
Guinée |
Fruits à coque comestibles |
276 |
Cabo Verde |
Poissons préparé ou conservé |
261 |
Liberia |
Huile de palme |
225 |
Note : Les produits correspondent au code à quatre chiffres de la nomenclature du « Système harmonisé ».
Source : Calculs des auteurs basés sur Gaulier et Zignago (2023[19]), BACI (base de données), www.cepii.fr/cepii/fr/bdd_modele/presentation.asp?id=37.
La région est confrontée à des défis majeurs qui freinent l’expansion et la modernisation de l’agriculture, telles les conditions climatiques et des structures de production à petite échelle. Les températures élevées et l’humidité peuvent accélérer la détérioration des fruits, légumes et viandes. Or, les agriculteurs et les transformateurs agroalimentaires ont souvent un accès limité à des technologies de conservation modernes (réfrigération, congélation, déshydratation, transformation par irradiation, par ex.) ce qui réduit la productivité agricole. Le manque de compétences et de sensibilisation sur les bonnes pratiques de conservation parmi les agriculteurs, les transformateurs et les commerçants entraîne des pertes de 23.6 % des produits après récolte, le taux le plus élevé du continent (FAOSTAT, 2023[20]). De surcroît, les exploitants agricoles, majoritairement à la tête de petites structures de type familial, jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire de la région mais disposent d’un accès insuffisant aux infrastructures adaptées, aux services de vulgarisation agricole, aux financements, aux intrants agricoles et aux marchés étrangers (Encadré 7.1). Moins de 10 % des terres potentiellement irrigables sont effectivement irriguées – due entre autres à la sous-utilisation des ressources souterraines d’eau – limitant ainsi le potentiel agricole de la région (Gadelle, 2005[21]).
Encadré 7.1. Développer les chaînes de valeur stratégiques pour favoriser l’industrie locale
La concurrence étrangère reste un défi majeur pour les industries agroalimentaires locales, qui contraint leur capacité à mobiliser les compétences indispensables à leur développement. Les industries nationales, qui n’ont pas encore atteint le niveau d’efficacité des industries étrangères, n’ont pas accès aux marchés étrangers en raison du faible niveau d’élaboration de leurs produits et de différentes normes réglementaires, sanitaires et phytosanitaires. Entre 2016 et 2020, les pays d’Afrique de l’Ouest ont ainsi dû importer pour près de 60 milliards USD de produits alimentaires, dont environ 67 % de produits semi-transformés ou transformés (Badiane, Collins et Glatzel, 2022[22]). Pour permettre l’émergence d’industries agroalimentaires locales et les doter du degré de technicité leur permettant de rivaliser avec les industries étrangères, des partenariats avec des multinationales pourront monter en gamme et mobiliser des compétences.
Des initiatives de formation qui répondent aux demandes des chaînes de valeur spécifiques se multiplient. Une réunion sur les chaînes de valeur agroalimentaires en octobre 2023 a mis l’accent sur les enjeux clés dans la transformation des préparations alimentaires pour nourrissons – dont les importations en Afrique devraient dépasser 1.1 milliard USD d’ici à 2026 (ITC/UA/UE, 2022[23]) – à savoir la sécurité, la gestion et la mesure des potentiels contaminants. L’entreprise Danone a quant à elle mis en évidence des résultats positifs dans la filière laitière dans laquelle 10 000 agriculteurs ouest-africains ont déjà été formés aux techniques d’irrigation pour faire face au stress hydrique. L’objectif est d’atteindre 100 000 agriculteurs prochainement (OCDE/CUA/AUDA-NEPAD/CE, 2023[24]).
Réduire l’écart de compétences agroalimentaires peut augmenter la productivité et la résilience du secteur
Le développement de l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest nécessite une diversité de compétences s’étendant sur les secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Le secteur agroalimentaire englobe un large éventail d’activités demandant des compétences spécifiques (Tableau 7.2). Des professionnels qualifiés sont nécessaires pour la gestion et le contrôle de la sécurité alimentaire, la gestion et l’assurance de la qualité des processus et des produits, l’utilisation efficace des ressources et l’organisation. Les compétences en matière de planification, de vision et de réflexion stratégiques sont les plus recherchées (Ramalho Ribeiro et al., 2023[25]).
Tableau 7.2. Liste des compétences nécessaires au développement du secteur agroalimentaire
Responsabilités |
Compétences requises |
Exemples de profession |
Types de compétences |
---|---|---|---|
Production agricole |
|
Agriculteur, technicien agricole |
Techniques |
Sécurité alimentaire |
|
Responsable de la sécurité alimentaire, inspecteur sanitaire |
Techniques ; managériales et non techniques |
Transformation des aliments |
|
Transformateur alimentaire, technicien en génie alimentaire |
Techniques |
Contrôle qualité |
|
Chef de qualité alimentaire, technicien de laboratoire alimentaire |
Techniques |
Gestion de l’approvisionnement |
|
Logisticien agroalimentaire |
Techniques |
Conformité réglementaire |
|
Inspecteur sanitaire, spécialiste en sécurité alimentaire |
Techniques |
Gestion de la qualité et de la sécurité alimentaires |
|
Responsable de la sécurité alimentaire, chef de qualité alimentaire |
Techniques ; managériales et non techniques |
Gestion financière |
|
Contrôleur de gestion agroalimentaire |
Techniques ; managériales et non techniques |
Postes manageriels |
|
Chef de production alimentaire, chef de rayon alimentaire |
Managériales et non techniques |
Marketing et vente |
|
Commercial agroalimentaire, chef de produit alimentaire |
Managériales et non techniques |
Source : Élaboration des auteurs.
Les compétences dans le domaine de la transformation des produits agricoles sont insuffisantes et généralement acquises par le biais d’un apprentissage informel. Les acteurs concernés, du fait de leur usage de technologies rudimentaires, se heurtent à des limitations considérables en termes d’efficacité et d’innovation. Fortes des compétences modernes, ce sont les multinationales opérant dans le domaine de l’agro-transformation qui parviennent à tirer parti de nouvelles technologies modernes et plus efficientes (Aryeetey, Twumasi Baffour et Ebo Turkson, 2021[26]).
Les compétences techniques et en gestion des ressources, et les compétences non-techniques sont cruciales pour l’essor de l’industrie agroalimentaire. Au Ghana, l’offre de compétences de base répond bien à la demande des entreprises du secteur, mais il existe de forts déficits en termes de compétences techniques et systémiques2 (Aryeetey, Twumasi Baffour et Ebo Turkson, 2021[26]). Au Sénégal, le niveau de compétences requis dans plusieurs métiers dépasse largement l’offre actuelle, avec un écart allant de sept à neuf années de scolarité, soulignant un déficit significatif de compétences (Graphique 7.10). Les techniciens alimentaires doivent détenir le plus large éventail possible de compétences, notamment des compétences de base, systémiques et en résolution de problèmes (Aly Mbaye et al., 2021[27]). D’autres professions, telles que celles de comptable et d’électromécanicien, ont des besoins similaires, en particulier concernant la résolution de problèmes dans l’agro-transformation.
L’essor de l’industrie agroalimentaire exige des investissements en recherche et développement (R-D) pour acquérir des compétences techniques
La faible assimilation des compétences techniques, l’investissement limité en R-D et les lacunes dans les connaissances de base ont accentué l’écart de productivité dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest. En dépit de la progression de la productivité dans le secteur agricole, celle-ci reste relativement faible. L’accroissement de l’écart de productivité montre un déficit de qualification de la main-d’œuvre. L’écart de productivité entre l’Afrique de l’Ouest et les pays d’Europe et d’Asie centrale est grandissant dans les secteurs primaire et secondaire, mettant en évidence l’ampleur des efforts à fournir pour développer une industrie agroalimentaire compétitive (Graphique 7.11).
En Afrique de l’Ouest le déficit en compétences techniques dans le domaine de la recherche agroalimentaire est notable. Le nombre de chercheurs en sciences alimentaires et nutrition est faible dans plusieurs pays, en particulier au Cabo Verde, en Gambie, au Ghana, en Guinée, au Sénégal et au Togo (Graphique 7.12). Le pourcentage du total équivalent temps-plein de chercheurs en sciences alimentaires et nutrition pour ces pays est en dessous de la moyenne régionale (3.6 %). Le Nigeria et le Ghana, qui font figure d’exceptions, disposent d’une industrie agroalimentaire relativement plus développée.
Les disparités de points de vue des chercheurs en médecine vétérinaire témoignent du besoin d’investissement dans les compétences et de collaboration régionale. En Afrique de l’Ouest, le pourcentage de chercheurs en médecine vétérinaire représente environ 2.6 % des chercheurs en agriculture, ce qui est inférieur à la moyenne de l’Afrique (3.7 %), avec des disparités significatives au sein de la région ouest-africaine (Graphique 7.13). Des initiatives visant à accroître le nombre de chercheurs et à promouvoir la collaboration régionale dans ce domaine spécifique sont essentielles pour améliorer la santé animale et, par conséquent, la productivité et la sécurité alimentaire.
Développer des compétences adaptatives est essentiel pour relever les défis auxquels est confronté le secteur agricole, tels que les transformations technologiques, les normes internationales et le changement climatique
La demande en compétences pour la transformation et la logistique agroalimentaires augmente en Afrique de l’Ouest. L’accroît des supermarchés dans les chaînes de valeur agroalimentaires augmente et standardise la production et impose des normes de qualité strictes (CUA/OCDE, 2022[16]) tout en engendrant de nouveaux défis en termes de compétences. Les politiques éducatives doivent s’adapter à ces évolutions pour que l’industrie agroalimentaire ouest-africaine reste compétitive et conforme aux réglementations. L’accent mis sur l’enseignement secondaire et la formation technique est crucial pour combler la demande croissante de compétences. En investissant dans l’éducation et la formation, les gouvernements peuvent renforcer la main-d’œuvre pour s’adapter à des marchés en évolution.
Le respect des normes et standards internationaux nécessite des compétences spécifiques. Le contrôle des normes obligatoires (systèmes de surveillance, de traçabilité et d’assurance qualité) est indispensable pour le développement et la mise à échelle de la production agroalimentaire. La mesure de la qualité à travers des échantillonnages, des analyses microbiologiques et biochimiques, des tests environnementaux et des évaluations en calories et scores nutritionnels nécessite des investissements en équipements mais également du personnel qualifié. La réussite du secteur dépendra de l’harmonisation des politiques, de l’introduction de nouvelles réglementations, procédures et organismes communautaires et des compétences techniques qui permettront de respecter ces normes. Dans le cadre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la CEDEAO ou de la ZLECAf, les normes concernent essentiellement les domaines alimentaires, sanitaires et phytosanitaires.
Apprentissage continu et compétences vertes sont nécessaires pour adapter les pratiques agricoles au changement climatique. En Afrique de l’Ouest, la productivité agricole est fortement affectée par le changement climatique. Les sécheresses, les pluies excessives et les inondations influent déjà sur la productivité agricole et, par conséquent, sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux. Bien qu’environ 51 % des populations interrogées dans 13 pays d’Afrique de l’Ouest aient déjà entendu parler du changement climatique, ce chiffre se réduit à 42 % pour les personnes n’ayant pas reçu d’éducation et à 47 % pour les habitants des zones rurales contre 55 % pour les résidents des villes (Afrobarometer, 2023[29]). Le changement climatique nécessite un apprentissage continu et des compétences à appliquer à différentes stratégies d’adaptation telles que le changement de variétés, les dates de semis, la densité et l’irrigation des cultures, la gestion des engrais (Sultan et Gaetani, 2016[30]) et le recours à l’agriculture biologique (Encadré 7.2). Les techniques d’agriculture résilientes au climat présentent le double défi supplémentaire d’un besoin de solides compétences en matière de gestion et de coûts initiaux élevés pour l’équipement de plantations spécialisées (Abegunde, Sibanda et Obi, 2019[31]).
Encadré 7.2. L’agriculture biologique en Afrique de l’Ouest
L’Afrique de l’Ouest présente un potentiel important en matière de développement de l’agriculture biologique. Si la surface allouée à l’agriculture biologique ne représentait en 2021 que 0.23 % de la surface agricole totale, ce chiffre correspondait néanmoins à une augmentation de 543 % en comparaison de 2012. Du fait de l’importance de la demande internationale, le développement de ce type d’agriculture permettrait de développer les exportations ouest-africaines vers des régions à plus haut revenu (FiBL, 2023[32]). Toutefois les programmes orientés vers l’exportation devraient être conçus de manière à ne pas compromettre la sécurité alimentaire (Aïhounton et Henningsen, 2024[33]).
L’agriculture biologique permet une meilleure adaptation aux problèmes environnementaux. Si les méthodes liées à ce type de production permettent un usage plus soutenable des sols et des ressources en eau, les produits agricoles biologiques les plus exportés, notamment le soja, s’avèrent également adaptés au réchauffement climatique (FiBL, 2023[32] ; De Bon et al., 2018[34]).
Le développement de l’agriculture biologique devra s’accompagner d’une évolution des compétences. Ce type d’agriculture se base sur un mode de production à plus forte intensité de travail et nécessitant relativement peu de capitaux. Il est donc relativement adapté au contexte ouest-africain. Cependant des compétences poussées en agronomie sont nécessaires pour obtenir des rendements suffisants sans recourir à des fertilisants chimiques (Agricultural Recruitment Specialists, 2024[35]). Si de nombreuses organisations œuvrent dans la région pour propager les connaissances nécessaires à la bonne mise en œuvre de l’agriculture biologique (De Bon et al., 2018[34]), une formation technique des fermiers sera nécessaire pour que leurs efforts soient rentables.
Les décideurs d’Afrique de l’Ouest peuvent s’appuyer sur des outils de politique publique pour améliorer les compétences dans l’agroalimentaire
La transformation de l’économie ouest-africaine est en cours, comme en témoignent les initiatives et projets touchant le secteur agro-industriel. Toutefois, le rythme de progression et le degré d’adaptation aux mutations économiques restent faibles pour faire de l’agro-industrie le levier du développement économique de la région. Dans l’optique de concrétiser cet objectif, les recommandations de politiques devront s’organiser autour de trois axes : l’élaboration de plans et programmes de professionnalisation, l’institutionnalisation des accords de coopération entre organismes de recherche et entreprises du secteur agroalimentaire et le financement des programmes de compétences pour mieux répondre aux défis globaux.
Les plans et programmes nationaux et régionaux en matière de professionnalisation du secteur pourraient mieux favoriser les structures de transformation locale et encourager les partenariats public-privé
Le renforcement des connaissances fondamentales doit servir de base à l’élaboration des plans et programmes nationaux de compétences en fonction des secteurs ciblés. En fonction de leurs dotations naturelles et de leurs avantages comparatifs en termes d’industries agroalimentaires, les pays devraient définir les compétences requises pour atteindre les objectifs de transformation structurelle et pour disposer de ces compétences. Ces plans de compétences permettront de mieux cibler les domaines porteurs de développement pour les pays. Les avantages comparatifs étant la clé du choix des spécialisations, les pays côtiers pourront par exemple s’orienter vers les industries agroalimentaires en lien avec le poisson, les légumes, les fruits, les jus et leurs dérivés, tandis que les pays sahéliens opteraient pour les industries de la viande, du lait, des fruits secs et leurs dérivés. Les compétences à promouvoir devront être en lien avec les industries de spécialisation des pays.
La CEDEAO a élaboré une stratégie régionale afin de soutenir l’employabilité des jeunes dans le secteur agro-sylvo-pastoral. Adoptée en 2019, cette stratégie vise à répondre aux défis spécifiques auxquels sont confrontés les jeunes dans la région en matière d’emploi dans le secteur agricole (CEDEAO ARAA, 2024[36]). Cet outil tient à encourager les jeunes à s’engager dans l’entrepreneuriat agricole en leur fournissant un soutien financier, technique et institutionnel pour démarrer et développer leurs entreprises. Il prévoit des programmes de formation et de renforcement des capacités visant à développer les compétences techniques, entrepreneuriales et de leadership. La stratégie vise à améliorer l’accès des jeunes aux ressources productives telles que la terre, l’eau et les intrants agricoles, ainsi qu’aux services de conseil et de commercialisation. Elle incite à l’adoption de pratiques agricoles innovantes et l’utilisation des compétences digitales pour accroître l’efficacité et la productivité dans le secteur agricole. La stratégie préconise la collaboration entre les gouvernements, les organisations régionales et internationales, le secteur privé, la société civile et d’autres acteurs pour mettre en œuvre des programmes efficaces visant à améliorer l’employabilité des jeunes dans le secteur agro-sylvo-pastoral.
Des initiatives valorisent les produits locaux pour favoriser la transformation sur place. Pour créer de la valeur localement, un nombre de pays misent sur l’installation de parcs agro-industriels, d’agropoles (pôles d’excellence productive des filières agro-industrielles) ou de zones économiques spéciales. En effet, les systèmes alimentaires de nombre de pays ouest-africains ont été affectés par les conséquences de la pandémie de COVID-19 et les perturbations touchant les exportations céréalières en Ukraine et Russie. Ces pays ont donc multiplié les investissements et collaborations entre secteur privé et public. Par exemple :
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Au Bénin et au Togo les zones industrielles, respectivement, de Glo-Djigbé et d’Adétikopé sont développées grâce à un partenariat noué par les deux États avec le groupe Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP) spécialisé dans les plateformes logistiques et industrielles. L’objectif est de maximiser la valeur des ressources naturelles telles que le coton, la noix de cajou, le soja, les céréales, les fruits (mangue, oranges ou ananas) en les transformant localement, afin de les exporter.
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Au Sénégal, des agropoles sont destinées à dynamiser les ventes sur le marché local, où les petites et moyennes entreprises agroalimentaires sont des acteurs clés dans la fabrication des produits laitiers, des céréales transformées, des huiles végétales et des jus de fruits. Trois agropoles intégrées sont déjà opérantes (au Centre et au Sud du pays), tandis que les agropoles du Nord et de l’Ouest sont en cours de construction.
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L’agropole de Bagré au Burkina Faso se distingue par ses compétences diversifiées et son engagement en faveur du développement agricole. Elle constitue un hub stratégique qui réunit des professionnels et des chercheurs spécialisés dans divers sous-secteurs de l’agriculture. Les compétences clés de cette agropole englobent la recherche agronomique, la promotion de bonnes pratiques agricoles et la mise en place de technologies innovantes pour accroître la productivité et la durabilité du secteur (Kaboré et Sédogo, 2014[37]).
La prolifération du secteur informel dans les pays de l’Afrique de l’Ouest est une contrainte à surmonter au moyen de la mise en place de mécanismes visant la transformation d’unités de production familiales en coopératives. Bien que les entreprises informelles offrent actuellement une panoplie de produits transformés ou semi-transformés dans les pays d’Afrique, elles ne sont pas aptes pour faire face aux enjeux d’une industrialisation du secteur agroalimentaire. L’amélioration qualitative des produits agroalimentaires et son adaptation à la demande constituent un enjeu important pour les exploitations familiales qui regroupent 95 % de la population ouest-africaine investie dans l’agriculture (ROPPA, 2018[38]). En effet, le secteur agroalimentaire est sensible à des normes de qualité, de traçabilité, d’hygiène et de conditionnement que les petites unités de production informelles ont plus de difficultés à respecter. De surcroît, les coûts liés à la mise en place d’une industrie agroalimentaire moderne et compétitive ne sont pas à la portée de petites structures informelles sans accès au financement bancaire. En conséquence, le regroupement des unités de production et de transformation informelles opérant dans le même sous-secteur en coopératives permet souvent de réaliser de meilleures économies d’échelle, d’accroître la taille des structures de production, de faire face à la concurrence et de mobiliser les compétences indispensables à la mise en place d’industries agroalimentaires de pointe en Afrique de l’Ouest.
Des initiatives privées, alliant formation professionnelle, développement de procédés innovants et production locale sont indispensables pour une montée en compétences dans le secteur agroalimentaire. Les pépinières d’entreprises dans le secteur agroalimentaire doivent se développer dans le cadre de projets de recherche intégrant également la formation et la professionnalisation. Ces projets de recherche permettront un suivi plus rigoureux des activités de production, mais également une mise à jour et une montée en gamme des compétences pour une production optimale et répondant aux exigences du marché. Le projet Songhaï au Bénin s’inscrit dans cette perspective et représente un exemple à démultiplier au niveau de la région (Encadré 7.3).
Encadré 7.3. Le Centre Songhaï : une pépinière de compétences dans l’agroalimentaire en Afrique de l’Ouest
La mission du Centre Songhaï s’inscrit dans le riche capital environnemental du continent africain, alliant de nouvelles trajectoires technologiques et des systèmes de production plus durables. Son modèle de production intensifie les liens dynamiques et les synergies entre les unités de production primaires (végétale, animale, aquacole) et l’industrie et les services (agro-business).
Fondé en 1984 par le Frère Godfrey Nzamujo sur 1 hectare de terrain, le Centre Songhaï a depuis pris racine sur plus de 22 hectares, essaimant son modèle innovant dans d’autres régions du Bénin ainsi qu’au Liberia, au Nigeria et en Sierra Leone. Sa renommée tient notamment à son engagement en faveur de la formation des jeunes entrepreneurs agricoles depuis 1989.
Outre ses fonctions de laboratoire d’expérimentation pour une agriculture respectueuse de l’environnement, le Centre Songhaï joue un rôle prépondérant dans la formation des compétences nécessaires pour un développement durable dans le domaine agroalimentaire. Le programme de formation « Songhaï Leadership Academy » bénéficie du soutien de divers partenaires au développement, dont l’Agence Française de Développement (AFD) (Ambassade de France au Bénin, 2021[39]). La formation dure 6 mois et une nouvelle promotion de 80 à 120 élèves en pension complète est accueillie tous les 2 mois. Ce programme de formation se veut un catalyseur pour la création d’un réseau d’échange d’expériences.
Le modèle Songhaï va au-delà de la simple exploitation agricole pour devenir une pépinière de compétences (notamment production de jus de fruits, pâtisseries, riz, huile de palme et savon) qui façonne une nouvelle génération d’entrepreneurs dans l’agriculture, ou « agripreneurs », désireux de prospérer dans un cadre respectueux de l’environnement et économiquement viable.
L’opérationnalisation des accords de coopération entre les organismes de recherche régionaux et les entreprises du secteur agroalimentaire pourrait créer davantage de passerelles avec le monde du travail
Renforcer la collaboration avec les centres de formation au niveau régional et international est stratégique. L’Afrique de l’Ouest abrite plusieurs centres de recherche technique et institutions spécialisés dans le domaine de l’agriculture au sein des universités (Tableau d’annexe 7.A.1). Ces centres jouent un rôle crucial dans la recherche et l’innovation ainsi que dans la formation des cadres dans le secteur agricole ; ils offrent des formations pour différents niveaux de compétences (techniciens agricoles, chercheurs, professionnels du secteur agroalimentaire). Les profils de formation peuvent inclure des domaines tels que l’amélioration des cultures, la gestion de l’eau et la sécurité alimentaire. Ces centres tireraient profit de programmes d’échange de recherche et de mobilité intra-africains et intercontinentaux (voir chapitre 2).
Le développement de compétences doit mieux préparer à un environnement de travail en constante évolution, notamment grâce à une offre de formation adaptée. Pour maximiser l’efficacité de ces programmes, il est crucial d’établir des liens étroits entre les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie, d’une part, et entre les centres de formation professionnelle et les industries agroalimentaires, d’autre part. Cela peut être réalisé en développant des programmes d’EFTP en alternance, intégrant des stages en entreprise et des partenariats avec des entreprises du secteur agroalimentaire. Ces contrats d’apprentissage en alternance devraient servir de pont entre les centres de formation et les unités de production. Concernant les avantages fiscaux (réservés à la minorité d’entreprises formelles), des mécanismes de soutien financier appuyés par les gouvernements peuvent être mis en place pour permettre le développement de procédés de production innovants dans le cadre des accords de coopération entre entreprises et centres de recherche. Dans cette perspective, le gouvernement nigérian a lancé en 2009 un programme visant à développer et à moderniser le secteur agricole du pays et à promouvoir l’autosuffisance alimentaire (Encadré 7.4).
En Afrique de l’Ouest si l’EFTP dans le secteur agricole s’impose aujourd’hui comme une nécessité, l’offre reste insuffisante. Le secteur agricole emploie à lui seul près de la moitié de la main-d’œuvre de la région mais la plupart des pays continuent d’importer une grande partie de leurs produits alimentaires en raison notamment du manque de compétences (Gustafson, 2023[40]). Celui-ci s’explique notamment par une offre de formation limitée dans le secteur agricole. Au Nigeria, sur les 171 collèges techniques recensés, 37 seulement (21.6 %) proposent des cours dans le domaine de l’agriculture et des disciplines connexes (Akinde et Vitung, 2020[41]). À l’inverse, un effort d’augmentation de l’offre de formation professionnelle est constaté au Bénin, où le nombre de lycées techniques agricoles passera d’une dizaine à une trentaine en 2025, selon la Stratégie nationale de l’enseignement et la formation techniques et professionnelles du pays (SN-EFTP 2020-2030) (Marie, 2022[42]).
Encadré 7.4. Initiatives en matière de formation agricole au Nigeria
Le Nigeria a entrepris des changements majeurs dans sa politique agricole nationale au cours des dernières années. Le programme Vision 2020 du Nigeria, lancé en 2009, visait à développer et à moderniser le secteur agricole du pays et à promouvoir l’autosuffisance alimentaire. L’Agenda de transformation agricole (ATA), mis en œuvre en 2011, s’inscrit dans cet effort de long terme de transformation du secteur, la formation des générations futures en constituant l’un des éléments cruciaux.
Les politiques mises en œuvre incorporaient la dimension du genre. En 2009, les femmes représentaient 70 % de la main-d’œuvre agricole au Nigeria, tout en étant sévèrement affectées par un manque d’accès aux ressources (FAO, 2018[43]). En 2012, le ministère fédéral nigérian de l’Agriculture et du Développement rural (FMARD) a fusionné deux de ses divisions pour créer la division du genre et de la jeunesse, afin de mieux promouvoir la participation des jeunes dans l’emploi agricole. Cette division a lancé en 2013 le Programme d’investissement pour les jeunes et les femmes dans l’agro-industrie (Youth and Women in Agribusiness Investment Program – YWAIP), qui a permis de former 5 000 jeunes pendant 2 à 6 semaines, de les présenter à des mentors et de leur fournir une aide financière pour lancer leur entreprise. Plus de la moitié de ces stagiaires étaient des femmes. En 2015, 5 500 bénéficiaires du programme, dont plus de 3 000 femmes, étaient encore employés dans des entreprises agricoles (Adesugba et Mavrotas, 2016[44]).
Les politiques de formation dans le secteur agricole se sont concentrées sur les jeunes et l’agro-industrie. Une initiative importante a été mise en place de 2015 à 2020. Dirigé par la division de la jeunesse et du genre du FMARD avec le soutien de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce programme visait à former les jeunes aux compétences en matière de leadership, d’entrepreneuriat et de gestion afin de promouvoir le travail indépendant et d’améliorer la perception des jeunes à l’égard du secteur agricole. Plus de 80 % des bénéficiaires ont pu créer des entreprises après leur formation. Cependant, seulement un peu plus de 6 600 stagiaires y avaient participé en 2014 (Mavrotas, 2015[45]).
Il est indispensable d’institutionnaliser des accords de coopération entre les organismes de recherche régionaux ou internationaux et les entreprises du secteur agroalimentaire. Ces dernières sont souvent déconnectées des centres de recherche et de formation en Afrique de l’Ouest ce qui ne facilite pas le transfert des compétences et la mise à niveau des employés sur les nouveaux procédés. L’inadéquation entre la formation et l’emploi est un reproche récurent adressé au secteur éducatif. De surcroît, les nouveaux procédés mis en place dans les centres de recherche ne sont pas toujours appliqués dans les industries, faute d’interconnexion entre les deux sphères. Ces accords de coopération permettront de former les cadres aux compétences indispensables au développement des structures productives. Ils offrent un support pratique pour l’expérimentation de la recherche et l’opérationnalisation des procédés. Les entreprises pourront ainsi soutenir et appuyer la recherche scientifique, qu’elles exploiteront pour améliorer leur efficience. Des contrats de recherche, dits Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre), destinés à l’obtention de diplômes appliqués de niveau master et même doctorat, déjà en œuvre en France, peuvent également être expérimentés dans les pays d’Afrique de l’Ouest.
Des réseaux de formation régionaux et continentaux sont indispensables pour un renforcement des compétences agricoles et agroalimentaires en Afrique de l’Ouest. Le Réseau international pour la formation agricole et rurale (FAR)3 s’inscrit dans cette perspective à travers une plateforme de renforcement des compétences dédiée à la promotion de l’agriculture (Encadré 7.5). Par exemple, le Réseau FAR offre des formations académiques en ingénierie agricole et rurale et s’adresse aux formateurs, directeurs d’établissements et coordonnateurs de dispositifs de formation. Le Forum régional des universités pour le renforcement des capacités en agriculture (RUFORUM), quant à lui, est un réseau de 129 universités africaines, dont 27 situées en Afrique de l’Ouest. Il forme des étudiants universitaires et soutient la collaboration et la coordination en matière de recherche en agriculture.
Encadré 7.5. Un engagement pour les formations agricoles et rurales
Le Réseau international pour la formation agricole et rurale (FAR) est une plateforme d’échange et de renforcement des compétences dédiée à la promotion d’une agriculture et de milieux ruraux durables. Fondé en 2005 à Ouagadougou lors d’une conférence majeure1, le FAR réunit 18 pays d’Afrique et d’ailleurs, engagés à favoriser l’insertion professionnelle et sociale par le biais de la formation. Avec plus de 3 000 membres actifs, le réseau s’efforce de développer les compétences nécessaires pour relever les défis de l’agriculture moderne.
Outre l’accompagnement personnalisé des pays membres dans la rénovation de leurs dispositifs de formation, le réseau offre des formations de haut niveau tel que le Master international MIFAR. Par le biais d’ateliers de renforcement des capacités et de projets innovants, le FAR catalyse le développement de compétences de pointe, indispensables pour transformer les milieux ruraux.
En produisant des connaissances, en communiquant et en plaidant en faveur de la formation agricole et rurale, le FAR se positionne en tant qu’acteur majeur du changement dans le secteur agricole à l’échelle internationale. Le FAR œuvre pour un secteur agricole plus dynamique, inclusif et durable à travers le partage des meilleures pratiques et la facilitation du dialogue entre les parties prenantes.
1. L’atelier « Formation de masse en milieu rural, élément de réflexion pour la définition d’une politique nationale » s’est tenu en juin 2005 à Ouagadougou (Burkina Faso). Il a été organisé le Pôle National de Coopération Internationale (Marseille) à la demande des ministères français des Affaires étrangères et de l’Agriculture.
Des organisations œuvrant au niveau international dans le domaine de la promotion du secteur agricole et de l’autosuffisance alimentaire peuvent jouer un rôle décisif dans l’amélioration des compétences dans le secteur agroalimentaire en Afrique de l’Ouest. Par exemple, le Centre international de développement des engrais (IFDC) travaille principalement dans les pays en développement pour promouvoir la sécurité alimentaire et améliorer les moyens de subsistance des populations agricoles. Son action se concentre sur le développement et la diffusion de technologies efficaces et durables pour la gestion de la fertilité des sols, ainsi que sur la création de marchés pour les intrants et les produits agricoles en vue de favoriser le progrès rural et d’augmenter la productivité agricole. L’IFDC coordonne la mise en œuvre de ses activités dans plusieurs pays africains et en Asie. Au Bénin, l’IFDC a permis la création de 461 champs-écoles, formant 6 915 producteurs et 294 producteurs de semences aux bonnes pratiques agricoles. Plus de 4 050 producteurs additionnels ont adopté les pratiques qu’ils avaient apprises dans les écoles de terrain en 2021.
Pour mieux répondre aux défis globaux actuels, notamment au changement climatique, il conviendra de miser sur le financement des programmes de renforcement des compétences
Les compétences à développer bénéficieront d’une vision prospective qui intègre les impératifs du changement climatique. Pour faire face au changement climatique, le développement des compétences pourrait intégrer des modules de formation sur la gestion responsable des ressources naturelles et la promotion de l’agriculture biologique et écologiquement durable, ainsi que sur les stratégies d’adaptation aux changements climatiques. Les acteurs du secteur agroalimentaire doivent être formés aux pratiques agricoles durables qui préservent la biodiversité, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et favorisent la résilience des systèmes alimentaires face aux défis environnementaux et climatiques. La CEDEAO, par exemple, met en œuvre depuis 2018 le Programme agroécologie (PAE) en Afrique de l’Ouest pour contribuer à la formation agricole et au renforcement des capacités pour l’intensification agricole durable et la promotion de l’agroécologie.
Le financement du développement de l’industrie agroalimentaire est un défi majeur, qui peut être relevé par de bonnes politiques et des modèles novateurs de mobilisation de capitaux. Depuis 2010, les investissements formels dans le secteur agroalimentaire stagnent dans la région. Les prêts octroyés par les banques locales constituent la principale source formelle de financement du secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche (6.7 milliards USD en 2020), alors que les décaissements au titre du financement du développement et les dépenses publiques se limitaient à 1.7 milliard USD et 1.1 milliard USD la même année. Les investissements directs étrangers (IDE) sont volatiles et se concentrent sur les grandes économies d’Afrique de l’Ouest, laissant apparaître un manque généralisé de financements dans la productivité agricole et les activités en aval (par ex. : transformation, marketing, distribution) (CUA/OCDE, 2023[46]). Le modèle de franchise de « Babban Gona » (Grande Ferme en langue Haoussa), regroupant des investisseurs, des institutions de financement du développement et des fondations, fait preuve de son efficacité. Babban Gona entend doubler les revenus net des bénéficiaires – principalement des jeunes dans les zones rurales du nord du Nigeria – par rapport à la moyenne nationale, au moyen de prêts, d’intrants, de services de récolte et de stockage et d’une formation disponible sur la plateforme BG Farm University (en agronomie, culture financière, compétences commerciales et leadership). Depuis 2010, l’organisation a créé 300 000 emplois agricoles et 850 000 personnes additionnelles en ont bénéficié de manière indirecte (Babban Gona, 2024[47]).
Plus d’investissements publics permettront de développer le secteur et l’autosuffisance alimentaire. En raison du risque persistant en matière d’insécurité alimentaire les États se sont engagés, à la suite de la Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire de 2003, à consacrer au moins 10 % de leur budget national à la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA). L’objectif visé était de porter à 6 % la croissance annuelle de ce secteur. À l’exception du Bénin, de la Guinée-Bissau, du Mali et du Togo, les pays de la CEDEAO ont alloué moins de 5 % de leurs dépenses au secteur agricole. En outre, l’Indice d’orientation agricole des dépenses publiques4 est relativement faible en Afrique de l’Ouest (0.13) comparativement à son niveau mondial (0.5) (Graphique 7.14).
Si le financement privé informel joue un rôle très important pour les petits exploitants en Afrique de l’Ouest, comparé à d’autres régions, il ne vise généralement pas l’amélioration des compétences. La plupart de ces investissements dans la région (23.1 milliards USD en 2020) se concentrent sur la production agricole et peuvent comporter des risques, avec notamment des taux d’intérêt excessifs ou une faible responsabilité financière (CUA/OCDE, 2023[46]). Néanmoins, des initiatives qui pallient à la fois le manque de crédits et de compétences vertes en Afrique de l’Ouest existent dans le secteur formel. Par exemple, l’Initiative ouest-africaine pour une agriculture intelligente face au climat (West African Initiative for Climate-Smart Agriculture), pilotée par la CEDEAO, est un fonds de financement mixte qui incite les petits exploitants à adopter des pratiques agricoles intelligentes face au climat et à élargir ainsi leurs compétences en matière environnementale. Le fonds, qui envisage d’atténuer jusqu’à 2 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an (soit l’équivalent de plus de 6 milliards de kilomètres parcourus par un véhicule thermique), regroupe des capitaux publics et concessionnels et permet l’octroi aux organisations d’agriculteurs et aux agro-industries de prêts pouvant aller jusqu’à 1 million USD à des taux d’intérêt préférentiels (The Lab, 2024[49]).
Annexe 7.A. Centres de recherche technique agroalimentaire
Tableau d’annexe 7.A.1. Exemples de centres de recherche technique agroalimentaire de l’Afrique de l’Ouest
Pays |
Centres de recherche technique |
Missions et/ou cible de recherche |
---|---|---|
Bénin |
Institut national de la recherche agronomique du Bénin (INRAB) |
Amélioration de la productivité, de la résilience climatique et de la durabilité des systèmes alimentaires |
Centre de contrôle biologique de l’IITA - Cotonou |
Spécialisé dans la productivité et la durabilité des cultures, la résilience des cultures aux changements climatiques, la lutte contre les maladies et les ravageurs, et le renforcement des capacités des agriculteurs |
|
Burkina Faso |
Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) |
Spécialisé dans l’amélioration de la productivité, de la durabilité et de la résilience des systèmes agricoles |
Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) |
Spécialisé dans l’agroécologie, l’amélioration des cultures, et le développement agricole durable |
|
Côte d’Ivoire |
Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) anciennement INRA – Côte d’Ivoire |
Productivité agricole, développement des pratiques agricoles durables |
Centre national de recherche agronomique (CNRA) |
Domaine agricole et aspects liés à l’agroalimentaire |
|
Mali |
Institut d’économie rurale (IER) |
Spécialisé dans, la gestion des sols, l’élevage, la lutte contre les maladies des plantes et des animaux. Recherche des approches agricoles durables et en favorisant la sécurité alimentaire |
Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) |
Formations et recherche dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage |
|
Niger |
Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN) |
Spécialisé dans la sécurité alimentaire et le développement agricole et rural du Niger |
Centre national de spécialisation en agro-météorologie et en environnement (CNSAME) |
Spécialisé dans l’agro-météorologie, la gestion agricole et la sécurité alimentaire |
|
Centre régional AGRHYMET |
Recherche et formation dans le domaine de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles et du suivi climatique |
|
Nigeria |
Institut national de recherche sur les plantes-racines (National Root Crops Research Institute - NRCRI) |
Cultures racines et tubercules |
Institut de recherche sur le riz du Nigeria (National Institute for Rice Research - NIRRI) |
Riz et riziculture |
|
Institut international de recherche sur les cultures des tropiques semi-arides (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics – ICRISAT) |
Des cultures vitales pour les communautés des zones arides, allant du pois chiche, du pois d’Angole, de l’arachide et du sorgho, au millet chandelle, à l’éleusine, au petit mil et aux graines oléagineuses. |
|
Institut International d’Agriculture Tropicale (International Institute of Tropical Agriculture - IITA) |
Agriculture tropicale : amélioration des cultures, gestion des sols et sécurité alimentaire. |
|
Institut de recherche du lac Tchad (Lake Chad Research Institute - LCRI) |
Céréales |
|
Institut de recherche sur l’huile de palme du Nigeria (Nigerian Institute for Oil Palm Research - NIFOR) |
Huile de palme |
|
Centre de recherche agricole et de formation du Nigeria (National Agricultural Extension Research and Liaison Services - NAERLS) |
Services de vulgarisation agricole |
|
Sénégal |
Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS) |
Amélioration des cultures adaptées aux conditions de sécheresse, de la gestion de l’eau et de la sécurité alimentaire |
Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) |
Amélioration de la productivité, de la durabilité et de la résilience des systèmes agricoles |
Note : Ce tableau comporte les Centres de recherche les plus représentatifs de la région.
Source : Compilation des auteurs.
Références
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[12] ILOSTAT (2023), ILO Education and Mismatch Indicators, https://ilostat.ilo.org/resources/concepts-and-definitions/description-education-and-mismatch-indicators/ (consulté le 10 février 2024).
[23] ITC/UA/UE (2022), Fabriqué par l’Afrique : Créer de la valeur par l’intégration régionale - Fiche d’information sur la chaîne de valeur, https://ntmsurvey.intracen.org/media/12422/factsheet-sectors-baby-food_v4_fr.pdf.
[37] Kaboré, E. et S. Sédogo (2014), Économie politique autour des grands barrages : Le cas du barrage de Bagré, Burkina Faso, IIED Rapport Pays, IIED, https://www.iied.org/sites/default/files/pdfs/migrate/14642IIED.pdf.
[42] Marie, P. (2022), « Bénin : 30 lycées techniques agricoles fonctionnels en 2025 », Réseau FAR, https://www.reseau-far.com/benin-30-lycees-techniques-agricoles-fonctionnels-en-2025/.
[45] Mavrotas, G. (2015), « The Nigerian youth Story », Grain de Sel, vol. 71, https://www.inter-reseaux.org/wp-content/uploads/gds71_nigeria_youth_story.pdf.
[24] OCDE/CUA/AUDA-NEPAD/CE (2023), Atelier conjoint : Développer des chaînes de valeur stratégiques pour la transformation productive de l’Afrique, tenu le 31 octobre 2023 à l’OCDE, en marge du 22ème Forum économique international sur l’Afrique de la CUA-Centre de développement de l’OCDE.
[7] PASEC (2020), PASEC2019 - Qualité des systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne francopohone : Performances et environnement de l’enseignement-apprentissage au primaire, PASEC, CONFEMEN, Dakar, https://pasec.confemen.org/wp-content/uploads/sites/2/2022/08/RapportPasec2019_Rev2022_WebOK.pdf.
[25] Ramalho Ribeiro, A. et al. (2023), « Skill needs for sustainable agri-food and forestry sectors (II): Insights of a European survey », Sustainability, vol. 15/5, p. 4115, https://doi.org/10.3390/su15054115.
[38] ROPPA (2018), Étude sur les mécanismes/outils nationaux et régionaux de financement du secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest, https://reca-niger.org/IMG/pdf/004-synthese_regionale-v5_bdef.pdf.
[30] Sultan, B. et M. Gaetani (2016), « Agriculture in West Africa in the Twenty-First Century: Climate Change and Impacts Scenarios, and Potential for Adaptation », Frontiers in Plant Science, vol. 7, https://doi.org/10.3389/fpls.2016.01262.
[49] The Lab (2024), « The West African initiative for climate smart agriculture », https://www.climatefinancelab.org/ideas/the-west-african-initiative-for-climate-smart-agriculture/.
[6] UNESCO (2023), World Inequality Database on Education, https://www.education-inequalities.org/ (consulté le 27 avril 2024).
[13] UNESCO Institute for Statistics; UIS Stat (2023), UIS Stat, http://data.uis.unesco.org/ (consulté le 27 avril 2024).
[11] USAID/DHS (2023), The Demographic and Health Surveys (DHS) Program, https://dhsprogram.com/ (consulté le 13 octobre 2023).
Notes
← 1. Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Niger, Sénégal et Togo.
← 2. Les compétences systémiques sont une sous-catégorie des compétences non-techniques et des compétences cognitives transversales (voir l’encadré 1.1 dans le chapitre 1). Elles englobent ici : i) la prise de décisions éclairées ; ii) l’optimisation et l’anticipation des impacts ; et iii) l’évaluation et l’ajustement des performances pour atteindre les objectifs.
← 3. Pays prioritairement concernés (membres du Réseau FAR) : Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Haïti, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo et Tunisie.
← 4. L’Indice d’orientation agricole pour les dépenses publiques est la part des dépenses publiques affectée à l’agriculture divisée par la part de l’agriculture dans le PIB – l’agriculture est définie ici comme englobant l’agriculture au sens strict, la foresterie, la pêche et l’élevage. Il mesure les progrès accomplis au regard de la Cible 2.a des Objectifs de développement durable (ODD).