Ce chapitre présente une analyse du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en faveur des pays en développement en le décomposant par région, par pays bénéficiaire et par groupe de pays classés en fonction du revenu. L’analyse porte également sur la répartition par volume total ainsi que par habitant. L’annexe C donne la liste complète des pays et territoires bénéficiaires étudiés dans le présent rapport.
Financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en 2013-2018
2. Répartition géographique
2.1. Par région
L’Asie a été de loin la principale région bénéficiaire du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en 2016-18, avec 30.1 milliards USD (43 %) par an en moyenne, suivie de l’Afrique (17.3 milliards USD ; 25 %) et des Amériques (12 milliards USD ; 17 %). L’Europe hors UE/EEE a reçu 2.4 milliards USD (4 %) et l’Océanie 0.5 milliard USD (1 %) par an en moyenne (Graphique 2.1). Sur ces trois années, la répartition régionale des financements climatiques est stable en glissement annuel. Au moment où les données ont été communiquées, un dixième du financement climatique fourni et mobilisé sur les trois années considérées (7.1 milliards USD par an en moyenne) n’était pas spécifié par région ou était destiné à plusieurs pays dans différentes régions (voir l’annexe B pour des précisions sur cette limite méthodologique).
Au niveau infrarégional (Graphique 2.2) on constate qu’au cours de la période 2016-18 :
En Asie, le financement climatique était destiné principalement à l’Asie du Sud (12.5 milliards USD ; 18 % du total du financement climatique par an en moyenne) et à l’Asie de l’Est (9.1 milliards USD ; 13 %). L’Asie centrale a reçu la plus faible part (1.9 milliard USD ; 3 %).
En Afrique, le financement climatique a été alloué essentiellement à l’Afrique de l’Est (4.8 milliards USD ; 7 %), à l’Afrique du Nord (4.1 milliards USD ; 6 %) et à l’Afrique de l’Ouest (3.3 milliards USD ; 5 %). L’Afrique centrale (1.1 milliard USD) et l’Afrique australe (0.8 milliard USD) ont reçu 3 % à elles deux.
Aux Amériques, le financement climatique est allé principalement à l’Amérique du Sud (8.5 milliards USD ; 12 %), suivie de l’Amérique centrale (2.3 milliards USD ; 3 %) et des Caraïbes (0.7 milliard USD ; 1 %).
Les régions et sous-régions relativement peu peuplées ont reçu les volumes de financement climatique les plus élevés par habitant sur la période 2016-18 (Graphique 2.3). C’est tout particulièrement le cas de l’Océanie (47 USD par habitant pour une population de 11 millions de personnes), des pays en développement en Europe (31.3 USD par habitant pour une population de 78 millions), et de la sous-région de l’Asie centrale (21.2 USD par habitant pour une population de 88 millions). Parmi les autres sous-régions ayant reçu des montants élevés par habitant figurent l’Afrique du Nord (21.6 USD pour une population de 192 millions) et l’Amérique du Sud (20.2 USD pour une population de 419 millions).
À l’opposé, les régions densément peuplées, notamment l’Asie de l’Est (2.1 milliards d’habitants) et l’Asie du Sud (1.9 milliard d’habitants), se sont vues attribuer les montants par habitant les plus faibles (4.3 USD et 6.8 USD, respectivement) par an en moyenne au cours de la période 2016-18. L’Afrique subsaharienne dans son ensemble (1.1 milliard d’habitants) a bénéficié de 9.5 USD par habitant, mais avec d’importantes variations au niveau infrarégional. Par exemple, l’Afrique australe (64.8 millions d’habitants) a reçu 12.5 USD par habitant, mais l’Afrique centrale (164 millions d’habitants) seulement 6.4 USD par habitant.
2.2. Par groupe de revenu
Sur la période 2016-18, en moyenne par an, 55.2 milliards USD étaient ventilables par pays (79 % de la moyenne annuelle du total des financements climatiques). Les 14.3 milliards USD restant (21 %) ont été notifiés comme couvrant un périmètre plus vaste, régional, et, de ce fait, ne pouvaient pas être ventilés par groupe de revenu.
Comme le montre le Graphique 2.4, les pays à revenu intermédiaire ont été les principaux bénéficiaires du financement climatique en 2016‑18. En moyenne par an, 28.1 milliards USD (40 % du total) sont allés aux pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI) et 19.9 milliards USD (29 %) aux pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (PRITS). Les pays à faible revenu (PFR) ont bénéficié de 5.4 milliards USD (8 %). Les pays à revenu élevé (PRE) entrant dans la catégorie des pays en développement telle que définie pour les besoins de l’analyse (voir annexe C) ont reçu 1.7 milliard USD (2 %). Le Graphique 2.4 illustre également les différences qui existent en termes de destination entre les différentes composantes qui sous-tendent les chiffres. Si les financements climatiques publics bilatéraux sont fortement axés sur les PRITI, les financements climatiques publics multilatéraux et le financements privés mobilisés se répartissent de manière plus égale entre les PRITI et les PRITS.
L’objectif climatique du total des financements climatiques fournis et mobilisés au sein des différents groupes de revenu a été relativement stable au cours des trois années considérées. Le Graphique 2.5 montre que plus le niveau de revenu des pays bénéficiaires est élevé, plus la part du financement climatique ciblant des objectifs d’atténuation s’accroît et plus celle du financement climatique ciblant des objectifs d’adaptation diminue. Ainsi, en 2016-18, 92 % du financement alloué au nombre limité de PRE entrant dans le champ de l’analyse ciblaient des objectifs d’atténuation ; seulement 7 % ciblaient des objectifs d’adaptation. À l’opposé, les parts respectives du financement des objectifs d’atténuation et des objectifs d’adaptation destiné aux PFR atteignaient presque 46 % et 44 %.
Une corrélation peut également s’observer entre les instruments financiers et le groupe de revenu dans le contexte du financement public bilatéral et multilatéral (Graphique 2.6). Plus le revenu du pays bénéficiaire est important, plus la part des dons est faible et celle des prêts élevée. Ainsi, la part des prêts dans le financement public émanant des pays développés est la plus élevée pour les PRE (96 %), tandis celle des dons est la plus élevée pour les PFR (42 %). Dans les PRI, la plupart des financements climatiques publics ont été fournis sous la forme de prêts (88 % dans les PRITS et 89 % dans les PRITI), et les dons ont représenté 10 % dans les deux groupes. Les prises de participation ont été utilisées surtout dans les PRITS (1.4 %).
Concernant la distribution sectorielle du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en faveur des pays en développement en 2016‑18 (Graphique 2.7), l’énergie a été le principal secteur bénéficiaire dans tous les groupes de revenu. Sa part, toutefois, augmente considérablement avec le niveau de revenu, passant de 34 % dans les PFR à 75 % dans les PRE. Le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche a été fortement ciblé dans les PFR (18 %) et les PRITI (11 %), mais très peu dans les PRITS (4 %) et les PRE (1 %). Le secteur du transport et de l’entreposage enregistre sa plus grande part dans les PRITI (25 %). La part de l’eau et de l’assainissement avoisine les 10 % dans les PFR, les PRITI et les PRE.
2.3. Par pays
De nombreux grands pays en développement à revenu intermédiaire densément peuplés ont été les principaux bénéficiaires du financement climatique fourni et mobilisé en 2016-18 (Graphique 2.8). En outre, tous les pays en développement qui ont bénéficié d’un volume de financement climatique supérieur à 1 milliard USD par an en moyenne en 2016-18 sont des PRI (PRITI ou PRITS). Le montant annuel moyen par PRI varie considérablement, et la plupart des PFR se sont vus allouer en moyenne 50‑300 millions USD par an. La plupart des PEID (voir Encadré 2.1) et des PRE ont reçu les plus faibles volumes de financement climatique (voir aussi Graphique 2.10).
L’analyse par pays et par habitant du financement climatique fourni et mobilisé en 2016-18 donne un tableau différent. Généralement, les pays et territoires ayant reçu les plus fortes sommes par habitant sont les PEID et les pays comptant relativement peu d’habitants (Graphique 2.9 et Graphique 2.10). Vingt-et-un des 25 premiers bénéficiaires par habitant sont des PEID situés en Océanie, dans les Caraïbes et en Afrique. Les quatre autres bénéficiaires sont des pays comptant moins de 10 millions d’habitants. Ces 25 premiers pays et territoires ont reçu plus de 69 USD par habitant et par an en moyenne. Par contre, les PFR ont reçu, en moyenne, moins de 15 USD par habitant. Les pays et territoires ayant perçu les plus faibles sommes par habitant sont les PRE, essentiellement au Moyen-Orient, et les PRI et les PFR touchés par un conflit.
Étudier séparément le financement de l’adaptation et le financement de l’atténuation fait apparaître les enseignements suivants :
Les principaux bénéficiaires par habitant du financement de l’adaptation demeurent les PEID et les pays comptant moins de 10 millions d’habitants. La liste des 20 premiers bénéficiaires par habitant du financement de l’adaptation comprend 18 PEID, qui ont tous reçu plus de 25 USD par habitant au titre du financement de l’adaptation. En outre, 42 des 50 premiers bénéficiaires par habitant du financement pour l’adaptation au changement climatique sont des pays comptant moins de 10 millions d’habitants, six en comptent 10-20 millions et deux plus de 20 millions.
Les principaux bénéficiaires par habitant du financement de l’atténuation constituent un éventail plus diversifié de pays. Si plus de la moitié des 20 premiers bénéficiaires par habitant du financement de l’atténuation sont des PEID, la liste comprend aussi sept autres pays comptant moins de 10 millions d’habitants. Contrairement à ce que l’on peut observer pour le financement de l’adaptation, la liste des 50 premiers bénéficiaires par habitant du financement de l’atténuation comprend 13 pays comptant plus de 10 millions d’habitants, dont cinq en ayant plus de 40 millions.
De plus, le Graphique 2.10 représente par niveau de revenu le financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en faveur des pays en développement et territoires individuels (anonymisés) par an en moyenne au cours de la période 2016-18. Les PEID constituent la majorité des pays et territoires recevant les plus faibles volumes de financement climatique en termes absolus (principalement moins de 100 millions USD), mais les plus forts montants par habitant (principalement 100 USD et plus). En outre, les volumes de financement climatique alloués aux PMA individuels présentent des écarts considérables, variant de 10 millions USD à 1 milliard USD, en termes absolus, mais se concentrent aux alentours de 10 USD par habitant. Globalement, le Graphique 2.10 fait également apparaître que plus le niveau de revenu du bénéficiaire est élevé, plus les montants alloués sont faibles. Par habitant, cette tendance est moins évidente à établir, même si la plupart des PRI ont reçu entre 10 et 100 USD par habitant.
Encadré 2.1. Financement climatique destiné aux PEID et aux PMA
De 2016 à 2018, le financement climatique fourni et mobilisé en faveur des PEID et des PMA a doublé pour atteindre 12 milliards USD et 2 milliards USD (Graphique 2.10) respectivement. Dans le contexte du total des financements climatiques fournis et mobilisés par les pays développés en 2016-18, les financements destinés aux PEID et ceux destinés aux PMA représentent 14 % et 2 %, respectivement. Ces chiffres ne peuvent être additionnés, car ces deux groupes se chevauchent.
Le financement climatique destiné aux PMA et celui destiné aux PEID mettent l’accent sur l’objectif d’adaptation (41 % et 39 % respectivement). La part des dons dans les financements climatiques publics pour chacun des deux groupes (49 % pour les PEID et 33 % pour les PMA) est supérieure à la tendance observée pour le financement climatique fourni et mobilisé pour l’ensemble des pays en développement (19 %).
La part du secteur de l’énergie et du secteur du transport et de l’entreposage est légèrement inférieure dans les PMA et dans les PEID (45 % et 41 %) à celle observée pour l’ensemble des pays en développement (voir section 1.4), principalement au profit du secteur de l’eau et assainissement et du secteur des autres infrastructures sociales, qui représentent conjointement 13 % dans les PEID et 17 % dans les PMA. Le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche représente 17 % du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés pour les PMA et 11 % pour les PEID.