Depuis la crise financière qui a ébranlé le monde il y a plus de 10 ans, le paysage du financement des PME s’est considérablement transformé. L’offre de crédit aux PME s’est progressivement rétablie dans bon nombre de pays à la faveur de la baisse générale des taux d’intérêt, les conditions de crédit se sont améliorées et les retards de paiement ont diminué. On observe également depuis quelques années une nette montée en puissance de sources alternatives de financement des PME et des entrepreneurs : les volumes des instruments financiers tels le crédit-bail, l’affacturage et l’investissement participatif ont augmenté, contribuant à la diversification des instruments et sources de financement des PME, conformément aux Principes de haut niveau du G20/OCDE sur le financement des PME.
L’édition 2019 du rapport annuel de l’OCDE intitulé Le financement des PME et des entrepreneurs : Tableau de bord de l’OCDE porte sur 46 pays et livre de précieux renseignements sur un large éventail d’instruments de financement accessibles aux PME. Il en ressort notamment que ces tendances globalement positives masquent en réalité de très fortes disparités nationales. Par exemple, dans les pays qui ont été les plus touchés par la crise financière, les PME peinent à retrouver un accès fluide au financement. Dans certains grands pays émergents où le climat économique reste difficile, les indicateurs montrent une dégradation de l’accès des PME au financement depuis quelques années. Par ailleurs, dans un certain nombre de grands pays développés, les volumes de crédit stagnent, souvent en raison de la faiblesse de la demande des PME, qui préfèrent puiser dans leurs ressources internes ou se tourner vers des solutions alternatives. On note également une nette évolution du recours à des instruments tels que les investissements de capital-risque et le financement alternatif en ligne, qui peuvent gagner encore du terrain dans les pays dont les marchés sont moins développés.
Ce constat coïncide avec les pénuries de financement persistantes observées dans la population des PME : les micro-entreprises, les jeunes entreprises, les start-ups et les entreprises innovantes restent les plus susceptibles de manquer de moyens financiers. Le rapport présente les initiatives que de nombreux pays ont mises en place ou renforcées pour remédier à la pénurie structurelle de financement à laquelle sont confrontées les PME ces dernières années, dans l’objectif de les aider à renforcer leur résilience et à saisir les opportunités offertes par le numérique. À cet égard, il apparaît que l’adoption d’un cadre réglementaire adapté ou l’élaboration de mesures ciblées visant à promouvoir le secteur des technologies financières (« fintech ») se généralisent depuis quelques années.
Le Tableau de bord 2019 de l’OCDE sur le financement des PME et des entrepreneurs constitue pour les décideurs un outil précieux qui les aide à observer de près la transformation du paysage du financement des PME et à adopter des politiques en phase avec ces évolutions rapides – un aspect d’autant plus important compte tenu de la fragilité du contexte économique actuel, en particulier du ralentissement du commerce mondial. En ce qui concerne l’avenir, nous nous employons à enrichir encore les informations et les analyses proposées en collectant des données plus détaillées, notamment par taille, secteur d’activité, âge ou région d’implantation des entreprises ou encore par caractéristiques des propriétaires. Ce Tableau de bord représente un élément majeur du soutien que l’OCDE apporte aux pouvoirs publics pour les aider à imaginer et mettre en œuvre des politiques favorables aux PME et à l’entrepreneuriat, qui soient cohérentes et fondées sur des données concrètes. Je ne doute pas qu’il aidera les décideurs à concevoir, élaborer et mener à bien, à l’égard des PME, des politiques meilleures pour une vie meilleure
Angel Gurría
Secrétaire général de l’OCDE