Le rapport Financement des PME et des entrepreneurs 2019 : Tableau de bord de l’OCDE livre des informations sur les tendances et les politiques publiques en matière de financement des PME dans 46 pays.
L’activité de prêts bancaires aux PME a connu une croissance modérée dans l’ensemble, avec de fortes disparités selon les pays en 2017. L’encours des prêts aux PME était en forte hausse dans la majorité des pays à revenu intermédiaire du Tableau de bord, le taux de croissance médian s’établissant à près de 5 %, à quelques exceptions notables près. Dans les pays à haut revenu, la progression a été plus timide, à 2.2 %, voire négative, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni par exemple, où la plus grande disponibilité de sources « alternatives » de financement a freiné la demande pour les emprunts bancaires classiques. En revanche, dans les pays européens les plus touchés par la crise financière, l’encours des prêts aux PME affiche un repli d’une valeur médiane de 3.9 % en 2017.
Parallèlement, divers instruments de financement alternatifs continuent de gagner du terrain, parfois de manière significative.
Les volumes d’affacturage ont augmenté d’une valeur médiane de 3.3 % en 2017, une évolution globalement comparable à celles des années précédentes, la demande émanant des PME actives sur les marchés internationaux alimentant la croissance du secteur ;
Les activités de crédit-bail et de location-vente ont connu une hausse de 6.2 % (valeur médiane) dans 26 pays sur 34, qui pourrait traduire des effets de substitution par rapport aux crédits bancaires classiques ;
La dette privée s’est accrue de 10 % dans le monde et de 27 % en Europe en 2017, confirmant la progression amorcée au lendemain de la crise. Cet instrument intéresse particulièrement les grandes PME parvenues à maturité qui connaissent une phase de transition majeure, comme un changement d’actionnariat, l’expansion vers de nouveaux marchés et/ou activités, ou des opérations de croissance externe ;
Les investissements de capital-risque se sont eux aussi intensifiés dans la majorité des pays, et le nombre de PME s’introduisant en Bourse a continué d’augmenter en 2017, sachant que l’on compte 24 « bourses des PME » en activité dans les pays participants. Ces deux marchés ont été dynamisés par une croissance économique relativement solide en 2017 et l’appui des pouvoirs publics dans bon nombre de pays ;
Le financement alternatif en ligne comme le financement participatif par apport de fonds propres et les prêts interentreprises s’est sensiblement accru en 2017, en particulier dans les pays où les marchés sont étroits. C’est en Chine, puis aux États-Unis et au Royaume-Uni, que les marchés du financement alternatif en ligne sont les plus conséquents. Selon les estimations disponibles, le tutorat-investissement a progressé à la fois en Europe (+ 9 %) et aux États-Unis (+ 12.6 %).
Les évolutions observées s’inscrivent sur fond de conjoncture économique globalement positive, et d’amélioration de l’environnement des affaires. Le PIB mondial a affiché une croissance de 3.6 % en 2017 et les retards de paiement, les faillites et les prêts improductifs ont continué de diminuer dans la majorité des pays participant au Tableau de bord. On constate une baisse générale des taux de faillite, dans des pays ayant des niveaux de revenus, une croissance économique, des conditions de crédit et des taux de croissance des prêts différents.
Par ailleurs, en 2017, les conditions de crédit sont restées favorables dans la majorité des pays, le taux d’intérêt médian appliqué aux PME étant en baisse pour la septième année consécutive. Les données d’enquête relatives à la proportion de chefs de petites et moyennes entreprises estimant que l’accès au financement constitue leur principale préoccupation, conjuguées aux données faisant ressortir de faibles exigences de sûretés et taux de rejet des demandes de financement, permettent de penser que les conditions de crédit favorables observées depuis plusieurs années se sont maintenues.
Dans ce contexte propice, les PME ont été plus nombreuses à recourir à l’autofinancement pour réaliser leurs investissements et combler leurs besoins de trésorerie en 2017. Selon les données d’enquête, la part des PME invoquant des ressources propres suffisantes pour ne pas solliciter de prêts n’a cessé d’augmenter, passant de 35 % en 2014 à 44 % en 2018. Une situation qui a contribué à modérer la demande de crédit ces dernières années, comme l’indique le faible taux de croissance médian des nouveaux prêts aux PME (0.4 %) en 2017, qui fait suite à la phase de contraction observée l’année dernière. La part des prêts à long terme aux PME a continué d’augmenter en 2017, gagnant près de 1.5 point de pourcentage, et plus de 10 points sur la période comprise entre 2007 et 2017.
Ces évolutions positives masquent les difficultés persistantes que connaissent certaines PME dans l’accès au financement, notamment les micro-entreprises, les entreprises innovantes, les start-ups et les jeunes entreprises, en particulier dans les pays où la reprise a été plus lente. De plus, on observe une dégradation des perspectives macro-économiques, s’accompagnant d’un ralentissement du commerce mondial.
Les actifs incorporels représentent une part grandissante des actifs des PME, mais ne sont que peu utilisés pour obtenir des financements, en particulier des emprunts, en raison de la difficulté à en estimer la valeur et des coûts de transaction généralement élevés. Les données d’expérience des différents pays montrent que sur la durée, les politiques publiques peuvent enclencher un cercle vertueux, où, à la faveur de la baisse de coûts, la disponibilité des données et des pratiques normalisées s’améliore.
Le financement des PME reste une priorité de l’action publique dans le monde. Quatre grandes tendances se dégagent :
Les garanties de crédit, l’instrument le plus utilisé pour soutenir le financement des PME, se développent tant en termes d’échelle que de volumes, ou voient leurs critères d’admissibilité évoluer, et s’accompagnent de services complémentaires de conseil dans nombre de pays. De manière générale, l’objectif consiste à mieux cibler certains segments de la population des PME, comme les entreprises innovantes, les start-ups ou les femmes entrepreneurs ;
Les pouvoirs publics se sont attachés à réduire les retards de paiement, par exemple en introduisant des codes de paiement et des systèmes de facturation électronique, et en incitant les organismes publics à effectuer leurs règlements dans les délais ;
Un nombre croissant de pays ont élaboré des cadres réglementaires ou perfectionné les cadres existants, et adopté des politiques ciblées visant à soutenir l’évolution des technologies financières (« fintech ») comme le financement participatif par apport de fonds propres et les prêts interentreprises ;
Bon nombre de pays ont pris des mesures visant à soutenir le secteur du capital-risque, ou renforcé les dispositifs en place, principalement en créant ou en développant des fonds d’investissement réunissant acteurs publics et privés.
Pour concrétiser pleinement leur potentiel et contribuer à une croissance économique inclusive, les PME doivent avoir accès à tout un éventail d’instruments financiers. À cet égard, certains risques au niveau macro-économique, commercial et financier, pourraient assombrir des perspectives au demeurant favorables, ou réduire à néant des améliorations récentes. En outre, des lacunes demeurent s’agissant des données sur le financement des PME et des efforts supplémentaires seront nécessaires pour améliorer le socle de données, en particulier en ce qui concerne le niveau de détail des données, la comparabilité internationale des données d’enquête, et le recueil d’informations sur les sources de financement non bancaires. Cette publication permettra de poursuivre l’amélioration du corpus de données dans ces domaines et s’attachera à mieux cerner, données à l’appui, l’hétérogénéité de la population des PME. Ces éléments aideront les pays à suivre les dernières évolutions de l’accès des PME au financement et à concevoir les conditions-cadres et les politiques adaptées en la matière