Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Grèce

L'économie grecque devrait se contracter de 10 % en 2020 et se redresser progressivement en 2021, sachant que la propagation de l’épidémie et les restrictions en cours pèseront sur les activités de service, les exportations, l’emploi et l’investissement. Le redressement devrait s’accélérer en 2022, avec une meilleure maîtrise de la propagation du virus grâce au déploiement plus général d’un vaccin, l’assouplissement général des mesures restrictives et la réalisation de nouveaux projets d’investissements publics. Une maîtrise plus rapide de la pandémie accélérerait la reprise, réduisant le risque d’augmentation des faillites et des prêts non performants, et d’un recul du niveau de bien-être.

La crise se prolongeant, la prolongation et le renforcement du soutien aux ménages subissant des pertes de revenu allégeraient les tensions sur la consommation et le bien-être, sans enfermer les travailleurs dans des activités confrontées à une demande en berne. Prolonger et mieux cibler les aides à la liquidité permettraient aux entreprises viables de rester en activité. Le projet de budget pour 2021 donne la priorité à une baisse de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et des taux de prélèvements sociaux, ce qui favorisera la progression à plus long terme de l’emploi. Le développement résolu de programmes de formation efficaces aiderait à doter la main-d’œuvre des compétences dont le marché du travail aura besoin après la crise.

Les taux de contamination et de décès sont en hausse

En Grèce, l’impact sanitaire de la première vague du coronavirus a été très limité grâce à la riposte énergique des pouvoirs publics. Toutefois, le nombre quotidien de contaminations, d’hospitalisations et de décès a augmenté à partir de la fin de l’été, tout en restant inférieur à la moyenne de l’Union européenne. En réaction à l’accélération de la deuxième vague, le gouvernement a imposé le port du masque dans les espaces publics clos très fréquentés, a réintroduit des restrictions draconiennes concernant les déplacements sur l’ensemble du territoire et ordonné la fermeture des établissements impliquant de nombreuses interactions physiques, comme les écoles et les crèches. La Grèce continue de développer ses capacités de dépistage, de suivi et d’isolement des personnes contaminées et de renforcer les capacités de son système sanitaire pour faire face à d’éventuelles tensions dans son système de soins.

Grèce : Exportations et COVID-19

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 108 ; et Banque de Grèce.

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Grèce : Demande, production et prix

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Le marasme de l’activité touristique nuit à la reprise

En Grèce, la consommation intérieure et les activités de service ont rebondi après la levée des restrictions en mai et juin. En revanche, les arrivées de touristes ont été exceptionnellement réduites pendant toute la haute saison estivale à cause des incertitudes entourant la situation sanitaire et les mesures d’endiguement, mais aussi parce que les autorités des principaux marchés touristiques exigeaient une mise en quarantaine des voyageurs arrivant de Grèce. Cette situation a beaucoup pesé sur la demande, les chiffres d’affaires, l’emploi et les exportations. Au troisième trimestre 2020, le chiffre d’affaires des entreprises de secteur de l’hébergement et de la restauration accusait une baisse de 50 % sur un an. La demande intérieure s’en est trouvée réduite, ce qui a contribué à une chute notable de l’activité dans l’industrie et dans le commerce de gros et de détail. La faiblesse de la demande a également beaucoup pesé sur la création d’emplois, mais les mesures de soutien ont permis de limiter les destructions en la matière. Certains demandeurs d’emploi se sont retirés du marché du travail, ce qui a atténué la hausse du taux de chômage.

Les pouvoirs publics passent du soutien des revenus et de la trésorerie aux allègements fiscaux et aux dépenses d’investissement

En 2020, le gouvernement a inscrit dans le budget 21.5 milliards EUR de dépenses (11 % du PIB de 2019) pour venir en aide aux salariés et aux entreprises des secteurs les plus touchés, aux travailleurs indépendants, aux chômeurs et aux emprunteurs, ainsi que pour renforcer la trésorerie des entreprises grâce à des reports d’impôts et de cotisations sociales et à des bonifications d’intérêts. Le versement ponctuel rétroactif d’une rallonge de 1.4 milliard EUR au titre des pensions va permettre de soutenir le revenu des ménages fin 2020. Pour 2021, le gouvernement a prévu 2.7 milliards EUR de crédits budgétaires pour soutenir le revenu des personnes au chômage partiel et la réduction du coin de l’impôt sur le revenu, et pour subventionner les cotisations sociales prélevées sur les nouvelles embauches. Il aidera les primo-accédants et diminuera certains taux de TVA. Enfin, le gouvernement envisage de compléter en 2021 son budget de l’investissement public, de 6.75 milliards EUR, par des aides non remboursables, d’un montant de 2.6 milliards EUR, du plan de relance européen (appelé « Next Generation EU »), ce qui ferait plus que doubler ses dépenses d’investissement de 2019. Les politiques du travail et de l’inclusion sociale, l’éducation et la santé, la croissance verte et les projets numériques, les infrastructures et l’amélioration de l’environnement des entreprises sont ses priorités d’investissement.

La poursuite de la crise sanitaire freinera la reprise

Le renouvellement de mesures strictes de confinement et les nouvelles fermetures devraient fragiliser la demande des consommateurs et les exportations de service au dernier trimestre 2020 et au premier trimestre 2021. Plus tard en 2021, le redressement de l’activité devrait être graduel, la crise sanitaire en cours pesant sur la confiance des ménages et amplifiant le climat d’incertitude en Grèce et chez ses principaux partenaires commerciaux. La dégradation des revenus et de l’activité devrait faire baisser les recettes publiques. Dans l’hypothèse où la situation sanitaire s’améliorerait au début de 2022, avec le déploiement d’une campagne de vaccination contre le virus, le redressement prévu des activités de service s’accélérerait, les revenus et les taux d’emploi augmenteraient, et les exportations et les recettes publiques se rapprocheraient de leurs niveaux antérieurs à la crise. Le budget continuant à soutenir l’activité, la dette publique devrait amorcer un repli depuis un pic de 214 % du PIB en 2020. Les projets d’investissements publics ambitieux et l’accès des investisseurs privés à des financements bon marché devraient soutenir la demande intérieure à partir de la fin de 2021. L’investissement pourrait être plus vigoureux que prévu si le rythme d’exécution des projets s’accélérait notablement et si la demande de prêts au titre de la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience était solide. Les exportations grecques de services exposent particulièrement l’économie du pays aux effets d’une crise sanitaire prolongée, ce qui pourrait faire augmenter les faillites d’entreprises et les prêts non performants et gommer ainsi en partie les progrès récents observés dans la solidité des banques et dans leur capacité à financer de nouveaux investissements privés.

Le soutien ciblé des revenus, le développement des compétences et l’amélioration du climat de l’investissement renforceraient la reprise

La crise du COVID-19 souligne la nécessité pour la Grèce de résoudre des problèmes auxquels elle est confrontée depuis longtemps. Face à la crise de l’emploi, il est urgent de renforcer le soutien ciblé des revenus. Les reports de paiement d’impôts et de cotisations sociales, destinés à relâcher les tensions sur les trésoreries, devraient s’accompagner d’un redoublement des efforts pour améliorer le respect des obligations en la matière. Les difficultés de trésorerie que connaissent de nombreuses entreprises feront probablement augmenter à nouveau les prêts non performants des banques, malgré la prolongation des crédits et garanties publics et les progrès dans l’application du programme de cession de ces créances (« Hercules »). Il faudrait préparer de nouvelles mesures destinées à augmenter les fonds propres des banques et leur capacité à financer des investissements en faveur de la reprise. Des mesures contribuant à un redéploiement de l’activité vers des secteurs exportateurs et très innovants généreraient des gains de productivité. Les récentes avancées dans la transformation numérique des services publics démontrent comment celle-ci peut aider à alléger les pesanteurs administratives. Une amélioration des programmes d’activation du marché du travail, de l’éducation et de la formation professionnelle doterait les demandeurs d’emploi des compétences leur permettant d’exploiter les opportunités qui s’offriront après la crise du  COVID-19.