Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 2

Suède

L’économie suédoise se redresse progressivement après la crise liée à la pandémie de COVID‑19. Globalement, le PIB devrait augmenter de 3.3 % en 2021 comme en 2022. Néanmoins, le niveau élevé du chômage et le maintien des mesures de distanciation limiteront le rebond de la consommation des ménages. Le faible taux d’utilisation des capacités et l’incertitude freinent l’investissement des entreprises. Les exportations repartiront progressivement à la hausse parallèlement à la reprise de l’économie mondiale. Le chômage ne diminuera que lentement malgré le redressement de l’activité économique, car les employeurs commenceront par allonger le temps de travail de leurs salariés, tombé à un bas niveau, avant de recruter.

La politique monétaire restera accommodante pour favoriser le crédit et apporter des liquidités suffisantes aux entreprises. Le gouvernement met en œuvre un vaste train de mesures budgétaires destiné à soutenir l’économie et l’emploi, qui est également axé sur des enjeux structurels tels que la transition verte et les inégalités régionales. Des mesures supplémentaires pourraient néanmoins être nécessaires pour venir en aide aux chômeurs jeunes, faiblement qualifiés ou nés à l’étranger, ainsi qu’aux régions isolées.

Des mesures d’endiguement supplémentaires peuvent maintenant être mises en œuvre localement

Le nombre de cas de COVID‑19 est reparti à la hausse depuis septembre. Le nombre de patients en unité de soins intensifs et le nombre de décès ont également augmenté. Pour endiguer la propagation du virus, l’Agence suédoise de santé publique (Folkhälsomyndigheten) a durci les règles d’isolement applicables aux personnes vivant avec quelqu’un qui est atteint du COVID-19 : jusqu’à présent, il leur était vivement conseillé de rester chez elles, tandis que maintenant, elles ont l’obligation de rester à leur domicile si un médecin l’ordonne. En outre, il a été interdit de vendre et de servir de l’alcool après 22h00. Le nombre maximum de personnes pouvant être réunies dans le cadre d’une manifestation publique a été ramené de 50 à 8, et près de 90 % des comtés ont adopté des consignes supplémentaires spécifiques à leur territoire.

Suède : Marché du travail et dépenses par carte

1. Moyenne mobile sur 7 jours.

Source : Agence pour l’emploi (Arbetsförmedlingen) suédoise ; Swedbank Pay ; et Swedbank Research.

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Suède : Demande, production et prix

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L’activité économique repart

Bien que les autorités n’aient pas imposé de confinement en Suède, des secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration et les transports ont été durement touchés, et le chômage a fortement augmenté malgré l’existence d’un dispositif de chômage partiel généreux. Cela étant, le nombre d’avis de licenciement et les nouvelles inscriptions auprès du service public de l’emploi ont considérablement reflué depuis le début de l’été, laissant entrevoir un ralentissement progressif de la hausse du chômage. Pendant les mois d’été, le tourisme intérieur a soutenu la consommation privée. Les transactions par carte bancaire ont augmenté depuis la fin du mois de juin, y compris pour les produits de consommation non courante. Les entreprises du secteur manufacturier, du commerce de détail et des services commencent à être moins pessimistes.

Le gouvernement continue d’apporter un soutien généreux à l’économie

Le projet de loi de finances pour 2021 comprend de nouvelles mesures d’un montant de 105 milliards SEK (2 % du PIB) en 2021 et de 85 milliards SEK (1.7 % du PIB) en 2022. Les réductions de cotisations patronales de sécurité sociale et d’impôt sur le revenu soutiendront l’emploi et le pouvoir d’achat des ménages. L’augmentation des indemnités de chômage, les formations de reconversion professionnelle et les aides accordées aux personnes ayant des liens ténus avec le marché du travail contribueront à réduire le chômage. Les communes et les régions recevront des dotations supplémentaires destinées à financer les dépenses liées au COVID‑19 et la hausse des coûts de protection sociale. Les mesures structurelles comprennent des investissements dans les infrastructures et dans l’économie verte. La politique monétaire va rester très accommodante : la Banque de Suède (Sveriges Riksbank) a l’intention de maintenir le taux des prises en pension à zéro au moins jusqu’en 2023 et prévoit d’acheter des obligations de sociétés pour un montant total de 10 milliards SEK (0.2 % du PIB) dans le cadre de son programme d’achat de titres.

La reprise économique sera progressive

Le taux d’épargne des ménages a augmenté et se maintiendra à un niveau très élevé à court terme, en raison de la hausse du chômage et des restrictions pesant sur la vie sociale. Néanmoins, la consommation devrait progressivement retrouver de la vigueur, pour autant que le nombre de contaminations reste bas dans la majeure partie du pays et qu’un vaccin efficace soit diffusé. Les exportations devraient se redresser à mesure que la demande montera en régime dans les pays voisins. La reprise de l’investissement des entreprises sera toutefois lente. Le faible taux d’utilisation de leurs capacités et le niveau élevé d’incertitude freineront l’investissement des entreprises, malgré le surcroît de liquidités procuré par les mesures gouvernementales. Sur le marché du travail également, les progrès seront lents. L’augmentation du chômage a été limitée par le dispositif de chômage partiel, mais elle se poursuivra pendant un certain temps, car les employeurs commenceront par augmenter le nombre d’heures travaillées par leurs salariés actuels avant d’embaucher. Une recrudescence de la pandémie de COVID‑19, une aggravation des tensions commerciales mondiales et une absence d’accord commercial entre le Royaume‑Uni et l’Union européenne (UE) pèseraient sur les exportations et l’investissement, retardant encore la reprise économique.

D’autres mesures pourraient être requises pour remédier aux inégalités

La crise liée au COVID-19 a exacerbé les inégalités entre les individus. Le chômage a frappé plus durement les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et les personnes nées à l’étranger, dont beaucoup travaillaient dans le secteur de l’hébergement et de la restauration. Même si les politiques actuelles soutiennent ces catégories, de nouvelles mesures pourraient s’avérer nécessaires pour améliorer leur formation et faciliter leur transition vers de nouveaux emplois. Les régions isolées étaient déjà confrontées à des problèmes démographiques grandissants, dus au vieillissement de leur population et au départ des travailleurs jeunes et qualifiés. Il faudra peut-être leur allouer des dotations supplémentaires pour qu’elles puissent fournir des services de protection sociale adéquats, notamment en matière de soins de santé, de prise en charge des personnes âgées et d’éducation.