La décennie précédente a été marquée par une baisse spectaculaire de la croissance de la production potentielle, qui est principalement imputable à un ralentissement de la croissance tendancielle de la productivité du travail. Cette faiblesse des gains de productivité s’explique quant à elle par le bas niveau de l’investissement et la lenteur de l’accumulation de capital. La concurrence est un domaine essentiel, dans lequel les politiques publiques peuvent renforcer les incitations des entreprises à moderniser leurs technologies, leurs structures organisationnelles et leurs pratiques commerciales. L’environnement réglementaire devrait favoriser l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché et les laisser se développer, tout en permettant aux entreprises en situation d’échec de réduire leurs activités ou de fermer leurs portes. Les régimes d’insolvabilité qui ne pénalisent pas de manière excessive les entreprises défaillantes facilitent ce processus. Réduire les obstacles réglementaires, qu’ils concernent l’ensemble de l’économie ou qu’ils soient sectoriels, rationaliser la réglementation, simplifier les procédures d’octroi des permis et autorisations et réduire l’ampleur du secteur des entreprises publiques, tout en améliorant leur gouvernance, constituent d’autres recommandations dont la mise en œuvre pourrait contribuer à relancer la croissance de la productivité.
Dans d’autres domaines, l’investissement public en infrastructures peut également jouer un rôle de catalyseur de l’investissement privé. Dans plusieurs pays, il serait possible de renforcer les capacités des infrastructures et d’améliorer leur réglementation dans des domaines tels que l’énergie et les transports. L’existence d’un cadre juridique solide est également cruciale pour lever les obstacles à la croissance, et il est recommandé à quelques pays de l’OCDE et pays non membres de prendre des mesures pour renforcer l’état de droit et l’efficience du système judiciaire. Un accroissement des aides publiques à la recherche-développement (R-D) est également de mise de manière générale, étant donné qu’une incertitude considérable va de pair avec l’investissement dans l’innovation, et que ses résultats revêtent souvent les caractéristiques de biens publics. On pourrait également rendre les systèmes d’imposition plus propices à la croissance et à l’équité, en effectuant un transfert de charge fiscale vers la propriété immobilière, en élargissant la base d’imposition et en réduisant la fragmentation de la fiscalité. Une augmentation du poids relatif des taxes environnementales contribuerait aussi à améliorer la durabilité de la croissance économique et le bien-être, à condition que des mesures soient prises pour garantir qu’elle n’ait pas des répercussions disproportionnées sur les ménages à faible revenu.
En outre, étant donné que les connaissances demeurent un moteur essentiel de la croissance et de l’innovation, continuer d’investir dans les programmes d’éducation, de développement des compétences et de recyclage professionnel figure aussi souvent parmi les recommandations identifiées. Il reste également nécessaire de favoriser une hausse du taux d’activité et d’améliorer les incitations au travail, en particulier parmi les groupes vulnérables et sous-représentés. Des réformes destinées à rendre les marchés du travail plus inclusifs et plus flexibles, tout en limitant leur dualisme et les incitations au départ anticipé à la retraite, constitueraient autant d’initiatives essentielles à cet égard. En outre, et bien que des progrès aient été réalisés au cours de la dernière décennie, les pouvoirs publics pourraient prendre des mesures supplémentaires pour rehausser le taux d’activité des femmes, notamment en offrant des services d’accueil des jeunes enfants, en s’appuyant sur les dispositifs de congé parental, et en améliorant les incitations fiscales.
À l’échelle internationale, les mesures protectionnistes devraient être évitées. La mondialisation a eu de nombreuses retombées positives en termes de gains de productivité, de baisses de prix, d’augmentation de la diversité des biens disponibles et d’accélération de la convergence des revenus de nombreuses économies de marché émergentes. Néanmoins, des vents contraires politiques soufflent maintenant sur la mondialisation, compte tenu de la montée en puissance des considérations de sécurité nationale et d’ordre stratégique, ce qui risque d’accentuer la fragmentation de l’ordre économique et politique international. Le chapitre 2 de cette édition présente de nouvelles analyses de l’OCDE qui portent sur certaines caractéristiques de l’intégration commerciale fondée sur les chaînes de valeur mondiales, met en évidence des lacunes dans notre compréhension des risques liés à ces chaînes, et décrit des stratégies envisageables pour gérer les risques inhérents aux chaînes de valeur mondiales. Elles consistent notamment à diversifier les chaînes d’approvisionnement, à procéder à des délocalisations dans des pays amis ou à des délocalisations de proximité, et à s’appuyer sur la gestion des stocks, sachant que les deux dernières options auraient probablement un coût plus élevé.