Ethan Campbell Foley
Global Education Network Europe
Ana Larcher
Global Education Network Europe
Liam Wegimont
Global Education Network Europe
Ethan Campbell Foley
Global Education Network Europe
Ana Larcher
Global Education Network Europe
Liam Wegimont
Global Education Network Europe
Le soutien de l’opinion publique étaye la coopération pour le développement, et celui des contribuables est essentiel pour accélérer les efforts visant à réduire la pauvreté et à faire face au changement climatique. Les résultats des enquêtes d’opinion réalisées dans plusieurs pays mettent en évidence l’adhésion de la population aux initiatives internationales en faveur du développement qui cherchent à lutter contre la pauvreté et les inégalités. Le présent chapitre s’intéresse au rôle de l’éducation à la citoyenneté mondiale et de la pensée critique, ainsi qu’à celui de l’engagement de la population dans les pays fournisseurs de coopération pour le développement dans la lutte contre la mésinformation et pour faire en sorte que les citoyens aient une compréhension d’ensemble des enjeux mondiaux interconnectés comme la pauvreté, les inégalités et le changement climatique. Promouvoir la citoyenneté mondiale et un civisme averti au travers de l’éducation peut favoriser un débat public éclairé. Cela est indispensable pour mobiliser des ressources et une volonté politique, de manière à opérer des transitions équitables et durables au niveau mondial.
Les enquêtes portant sur le point de vue du public à l’égard de la coopération pour le développement ont généralement mis en évidence un solide noyau de soutien à l’égard des dépenses engagées par les États pour réduire la pauvreté et les inégalités, ainsi que pour engager une transition écologique juste.
Assurer l’éducation du public et combattre les idées fausses concernant la lutte contre les inégalités et la pauvreté peut dynamiser l’action : si le grand public est davantage sensibilisé, les questions relatives au changement climatique peuvent déboucher sur des mesures concrètes.
Promouvoir l’éducation à la citoyenneté mondiale, le sentiment d’être citoyen du monde, la pensée critique et l’engagement du public peut fournir un antidote à la mésinformation et favoriser une meilleure compréhension par les citoyens des problématiques mondiales telles que la pauvreté, les inégalités ou le changement climatique.
Les défis actuels du développement mondial sont complexes et liés les uns aux autres. D’énormes investissements en termes de ressources publiques et une véritable volonté politique sont nécessaires pour les relever. Ces deux aspects nécessitent le soutien appuyé et durable de la population. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne la pauvreté, les inégalités et l’action climatique, car ces défis obligent les responsables de l’action publique, les personnalités politiques et les contribuables à opérer des choix et des arbitrages difficiles. L’un des éléments clés pour obtenir ce soutien est de développer chez les citoyens une meilleure compréhension de ces questions, des enjeux et de l’importance de s’engager dans la coopération internationale pour le développement.
Les enquêtes réalisées dans les pays de l’Union européenne (UE) et de l’OCDE mettent en évidence un large soutien de l’opinion publique en faveur de la lutte contre la pauvreté à l’étranger. Ce soutien s’est toujours maintenu à un niveau élevé de 2013 à 2023, voire a augmenté au cours de cette décennie (Graphique 15.1). Un récent sondage de l’Eurobaromètre a montré que 74 % des personnes interrogées estiment que la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement devrait être l’une des principales priorités de l’UE. Bien que cela représente une baisse de six points de pourcentage par rapport à l’année précédente, le soutien de l’opinion publique reste aujourd’hui plus important que sur la période 2013-18 (Commission européenne, 2023[1]).
Ce haut niveau de soutien en faveur de la lutte contre les inégalités et la pauvreté au niveau international cadre avec une étude montrant qu’il existe une grande confiance dans la capacité des organisations internationales à traiter ces questions. Les données disponibles concernant l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni confirment également cette profonde confiance à l’égard de ces organisations et leur action contre la pauvreté. Interrogés sur l’efficacité des institutions en matière de réduction de la pauvreté dans les pays pauvres, les répondants estiment que les Nations Unies et d’autres organisations internationales peuvent obtenir les résultats les plus satisfaisants (61 % en Allemagne, 60 % en France et 56 % au Royaume-Uni).
Les inégalités sociales et économiques suscitent de grandes craintes de la part du public, presque 80 % des répondants des pays de l’OCDE reconnaissant que les disparités économiques devraient être réduites (OCDE, 2021[2]). Bien qu’il y ait parfois des divergences quant à la méthode à adopter, une étude réalisée par l’International Social Survey Programme auprès de 26 pays montre que 78 % des citoyens estiment que les inégalités entre les pays sont trop importantes, et la majorité des répondants sont mécontents de cette situation (Steinmetz, Sapin et Joye, 2022[3]). Lorsqu’il existe une opposition à la lutte contre les inégalités, il est possible d’y remédier par une formulation appropriée ; l’opinion publique est par exemple plus favorable à cette lutte si elle est présentée comme un moyen de « garantir l’égalité des chances pour tous »1.
Le soutien à l’action climatique est particulièrement fort. Une étude réalisée récemment auprès de 63 pays montre que 86 % des personnes interrogées considèrent le changement climatique comme une menace grave (Vlasceanu et al., 2024[4]). Dans une autre étude portant sur 125 pays, 89 % des sondés souhaitent que l’action politique soit renforcée (Andre et al., 2024[5]). En revanche, l’adhésion à des mesures précises (comme les taxes carbone) est plus faible en raison des impressions qu’elles donnent en matière d’équité, d’efficacité et d’impact sur les individus (Dechezleprêtre et al., 2022[6]). Ce constat apporte la confirmation que le soutien de l’opinion publique à la lutte contre le changement climatique ne peut être dissocié de ses préoccupations pour la justice sociale en général, dont relèvent notamment la pauvreté et les inégalités. Les travaux de recherche sur les perceptions de la population laissent entendre que les décideurs publics peuvent obtenir l’adhésion des citoyens pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités en exploitant le soutien de ces derniers en faveur d’une transition écologique juste.
Ce constat apporte la confirmation que le soutien de l’opinion publique à la lutte contre le changement climatique ne peut être dissocié de ses préoccupations pour la justice sociale en général, dont relèvent notamment la pauvreté et les inégalités. Les travaux de recherche sur les perceptions de la population laissent entendre que les décideurs publics peuvent obtenir l’adhésion des citoyens à la lutte contre la pauvreté et l’inégalité en exploitant le soutien de ces derniers en faveur d’une transition écologique juste.
Par exemple, lorsqu’ils sont interrogés sur le bon équilibre à trouver entre action climatique et réduction des inégalités dans les actions en faveur du développement, un grand nombre de citoyens de cinq pays européens disent considérer que les deux objectifs sont indissociables (Harris Interactive, 2024[7]).
Une enquête de l’Eurobaromètre réalisée en 2019 auprès des jeunes a montré que de nombreux répondants se sentaient éloignés de la politique traditionnelle ; cependant, les jeunes sont de plus en plus impliqués dans l’action politique non traditionnelle. Lors d’une enquête conduite en Europe auprès de 18 156 jeunes âgés de 16 à 30 ans, 87 % des répondants ont déclaré participer à au moins une activité politique ou civique, par exemple voter ou signer une pétition (Ipsos European Public Affairs, 2021[8]). Les grandes priorités citées par les jeunes sont la réduction de la pauvreté et de l’inégalité sociale (43 %), suivie par la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement (39 %), et par la résorption du chômage et la création d’emplois (37 %).
Les citoyens se déclarent généralement fortement favorables à ce que les dépenses consacrées à l’aide publique au développement (APD) en faveur des pays pauvres se poursuivent, même si les résultats varient selon les enquêtes. Une étude récente portant sur le point de vue des citoyens du monde entier à l’égard des politiques d’aide internationale a révélé que moins de 16 % des répondants souhaitent que leur pays diminue leur aide extérieure, alors que 62 % se disent favorables à son augmentation, et 17 % d’entre eux à une hausse sans condition (Fabre, Douenne et Mattauch, 2023[9]). En fait, depuis le milieu des années 1980, les sondages ont régulièrement mis en évidence un important soutien public à l’aide extérieure, même si des différences sont à noter entre les pays et au fil du temps, par exemple au moment des crises économiques (Riddell, 2007[10]).
Un sondage effectué par Development Engagement Lab en juin 2024 montre qu’une majorité de personnes approuvent l’aide au développement en France (57 %), aux États-Unis (55 %), en Allemagne (52 %) et au Royaume-Uni (48 %) (Oh, 2024[11] ; Oh, 2024[12] ; Oh, 2024[13] ; Oh, 2024[14]). Dans ces pays, l’adhésion est nettement plus importante chez les jeunes – en particulier les 18-24 ans et les 25-34 ans – que dans les groupes plus âgés. Il n’en reste pas moins que le soutien à l’aide au développement ne cesse de diminuer depuis 2020 – après avoir atteint un niveau record de 70 % en France et en Allemagne, et de 61 % aux États-Unis, mais de 56 % au Royaume-Uni en 2022 (Graphique 15.2).
Les études d’opinion montrent que le soutien à la coopération pour le développement est conditionné par les préoccupations que suscitent la pauvreté et les inégalités dans le monde. Toutefois, les fluctuations et la baisse récente de ce soutien mises en évidence dans certaines études appellent à la prudence et à ne pas considérer ce soutien comme acquis.
Les études d’opinion montrent que le soutien à la coopération pour le développement est conditionné par les préoccupations que suscitent la pauvreté et les inégalités dans le monde. Toutefois, les fluctuations et la baisse récente de ce soutien mises en évidence dans certaines études appellent à la prudence et à ne pas considérer ce soutien comme acquis.
Ce que les citoyens savent, ou croient savoir, concernant les tendances mondiales de la pauvreté et des inégalités peut avoir une influence sur le fait qu’ils adhèrent – ou non – à l’investissement public dans des actions menées sur le territoire national et à l’étranger (Rosling, Rosling et Rönnlund, 2018[15]). Fournir des informations sur les inégalités contribue pour une part importante à modifier ces perceptions et à créer une base commune propice aux discussions stratégiques (OCDE, 2021[16]).
Les idées fausses peuvent avoir des conséquences graves, en freinant le soutien à l’investissement dans la réduction de la pauvreté et des inégalités. Il ressort d’une étude réalisée dans 24 pays juste après la conclusion de l’accord sur les Objectifs de développement durable que la grande majorité des personnes interrogées ne pensaient pas que des progrès avaient été accomplis en ce qui concerne la réduction de l’extrême pauvreté, alors que celle-ci a en fait été presque divisée par deux depuis 1990 (Lampert et Papadongonas, 2018[17]).
Il ressort d’une étude réalisée dans 24 pays juste après la conclusion de l’accord sur les Objectifs de développement durable que la grande majorité des personnes interrogées ne pensaient pas que des progrès avaient été accomplis en ce qui concerne la réduction de l’extrême pauvreté, alors que celle-ci a en fait été presque divisée par deux depuis 1990.
La croyance selon laquelle l’aide est inefficace et qu’elle est accaparée par la corruption est un argument souvent invoqué pour justifier l’absence de soutien. Informer les citoyens au sujet de l’efficacité de l’aide peut créer un point de départ optimiste en vue d’un engagement ultérieur, en suscitant une dynamique qui va dans le sens d’un engagement accru de la population en faveur de la réalisation des Objectifs de développement durable (Lampert et Papadongonas, 2018[17]).
Une étude portant sur l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni a révélé que si l’on fournissait des informations exactes sur les dépenses d’APD, les répondants étaient plus enclins à se déclarer favorables à une hausse de cette aide (Fabre, Douenne et Mattauch, 2023[18]). Ce constat corrobore les résultats d’autres travaux de recherche qui montrent que lorsque les personnes interrogées sont informées avec exactitude sur la part que représente l’aide extérieure dans le budget national, leur souhait de voir ces dépenses budgétaires diminuer évolue sensiblement à la baisse (Scotto et al., 2017[19] ; Gilens, 2001[20]). Les idées fausses au sujet de ce que pense autrui ont également une incidence sur le degré de soutien. Pour Andre et al. (2022[21]), combattre les idées erronées permettrait d’accroître efficacement les comportements bénéfiques au climat.
Toutefois, le simple fait de remédier aux idées fausses ne va peut-être pas se traduire automatiquement par une augmentation du soutien en faveur de la réduction de la pauvreté ou de l’apport d’une aide extérieure. L’étude menée par van Heerde-Hudson (2019[22]) a montré que si les citoyens ont pour habitude de surestimer (souvent lourdement) les dépenses de leur gouvernement en matière d’APD, la communication de données exactes ne suffit pas toujours à ce qu’ils soutiennent une hausse des dépenses.
Il est essentiel, pour le bon fonctionnement de la démocratie, que les citoyens soient informés, mais l’adhésion du public à la lutte contre la pauvreté au niveau mondial dépend de toutes sortes de facteurs et d’un ensemble complexe de motivations (Hudson et van Heerde-Hudson, 2012[23]). Ces constats sont des preuves irréfutables qu’un approfondissement des connaissances et de l’action concernant les problèmes mondiaux permet d’acquérir une pensée critique ainsi que des compétences sociales et émotionnelles comme l’empathie et l’ouverture d’esprit.
Promouvoir la citoyenneté mondiale, la pensée critique et l’engagement du public peut fournir un antidote à la mésinformation et au manque d’informations concernant les difficultés et les bienfaits de la réalisation des objectifs mondiaux ayant trait à la pauvreté, aux inégalités et au climat. C’est également une étape clé pour qu’un vaste soutien de la population en faveur de ces objectifs puisse se traduire par une volonté d’investir des fonds publics pour les atteindre. Comme le note un récent rapport de l’OCDE sur la lutte contre les inégalités (OCDE, 2024[24]), l’éducation à la citoyenneté mondiale permet aussi de garantir la durabilité dans le temps des interventions.
Pendant de nombreuses années, les pays de l’OCDE ont mis au point des programmes éducatifs visant à promouvoir une citoyenneté mondiale active ainsi qu’à faire face aux défis qui se posent à la justice mondiale, aux droits humains et à la durabilité. L’éducation à la citoyenneté mondiale, qui est l’intitulé donné à l’ensemble de ces initiatives, est un concept qui prend de l’ampleur et se développe dans les pays de l’OCDE et à l’échelle mondiale depuis plusieurs décennies2,3. Elle est déployée dans le système éducatif formel et l’enseignement supérieur, mais aussi dans les processus d’enseignement non formels comme l’animation socio-éducative et l’apprentissage informel, souvent avec des aides publiques et l’implication dynamique de nombreuses parties prenantes (McAuley et Wegimont, 2022[25])4. La notion d’éducation à la citoyenneté mondiale est aujourd’hui très répandue dans les systèmes éducatifs, et de nombreux pays ont adopté des stratégies pour accroître et améliorer cette forme d’enseignement et pour l’ouvrir à l’ensemble de la population, en s’appuyant à la fois sur les ressources de l’éducation nationale et celles de la coopération pour le développement (Encadré 15.1).
Le concept d’éducation à la citoyenneté mondiale est en pleine expansion dans un grand nombre de pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) depuis plusieurs dizaines d’années. Ces pays ont élaboré des stratégies nationales pour guider leur action, mis en place une solide coopération interministérielle, favorisé la coordination et fourni aux administrations publiques, aux parties prenantes et aux initiatives stratégiques des financements annuels et pluri-annuels. À l’échelle internationale, ces travaux gagnent en qualité et leur réseau s’étoffe, de même que la base de recherche et d’évaluation. Les quelques exemples de pays européens membres du CAD (voir ci-après) proviennent du réseau GENE (Global Education Network Europe).
Belgique : La Direction générale de la coopération au développement, qui est une administration fédérale, a adopté durant la Présidence belge de l’Union européenne en 2024 une nouvelle note stratégique Éducation à la citoyenneté mondiale en Belgique. L’éducation à la citoyenneté mondiale y est présentée comme ayant un rôle transformateur à l’égard de la coopération internationale pour le développement, en permettant aux citoyens de comprendre les enjeux mondiaux. L’aide publique au développement finance l’éducation à la citoyenneté mondiale conduite par les parties prenantes. BeGlobal, géré par Enabel, promeut l’engagement des citoyens au service des enjeux internationaux et investit dans la recherche et la diffusion des connaissances.
Tchéquie : Le ministère des Affaires étrangères (MAE) dirige un groupe chargé de la stratégie nationale pour l’éducation à la citoyenneté mondiale, qui travaille avec des parties prenantes et d’autres ministères, dont celui de l’Éducation, dans le but d’intégrer ce volet éducatif à toutes les étapes, depuis la formation des enseignants jusqu’aux processus de durabilité des établissements scolaires. Le MAE a récemment organisé une table ronde régionale à laquelle ont participé les dirigeants de l’Autriche, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Pologne, de la République slovaque et de la Slovénie afin de réfléchir à l’intégration de la Déclaration européenne sur l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’horizon 2050 dans la politique nationale et sa réalisation.
Irlande : Le ministère des Affaires étrangères possède une unité spécialisée qui s’occupe de l’intégration de l’éducation à la citoyenneté mondiale dans l’enseignement (formel, non formel et informel). Les responsables de l’action publique travaillent en étroite collaboration avec les parties prenantes, en se conformant aux documents de la stratégie nationale. Les dispositions en matière de financement assurent un équilibre entre les partenariats stratégiques (comme le Development and InterCultural Education, DICE) et les approches sectorielles (par exemple pour les établissements scolaires ou pour la jeunesse), tout en permettant la création d’initiatives par les parties prenantes. L’Irlande, en co-présidence avec le Luxembourg, a dirigé la rédaction de la Déclaration européenne sur l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’horizon 2050, et accueilli en 2022 le Congrès de Dublin qui était consacré à ces questions.
Portugal : Sous la direction de Camões, l’institut portugais pour la coopération et la langue, le pays élabore actuellement la troisième édition de sa stratégie nationale pour l’éducation à la citoyenneté mondiale. À l’instar des précédentes éditions, celle-ci repose sur le fait que l’éducation à la citoyenneté mondiale est l’un des trois piliers de la politique nationale de coopération au service du développement. Le processus de conception, de suivi et d’évaluation de cette stratégie nationale s’appuie sur une approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration et de la société, qui fait participer tous les ministères et organismes publics concernés ainsi que les parties prenantes importantes.
Note : Voir aussi https://knowledge.gene.eu pour un éventail complet d’exemples de pays européens.
Source : GENE (2015[26] ; 2017[27] ; 2018[28] ; 2019[29] ; 2021[30]) State of Global Education in Europe et édition 2022-23 (à paraître) ; GENE (2017[31]), Global Education in Belgium ; GENE (2012[32]), Global Education in Ireland ; GENE (2014[33]), Global Education in Portugal ; GENE (2008[34]), Global Education in the Czech Republic ; (2024[35]), Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement, https://doi.org/10.1787/23097132 ; Scheunpflug et Wegimont (2024[36]), Global Education in Europe: National Histories.
L’éducation à la citoyenneté mondiale a pour but de dissiper les idées fausses ainsi que de favoriser la pensée critique et l’engagement des citoyens en abordant directement les questions de l’élimination de la pauvreté et des inégalités (aux niveaux local et mondial) et de la justice climatique. Elle véhicule les valeurs de justice et de solidarité internationales et promeut l’idée d’une citoyenneté mondiale active. Ce type d’éducation favorise en outre le civisme, la participation active des citoyens au débat politique ainsi qu’à d’autres aspects vitaux de la démocratie, et est essentiel pour éviter le rétrécissement de l’espace civique5.
La Déclaration européenne sur l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’horizon 2050 fournit un cadre stratégique aidant à la conception et à la mise en œuvre de ce type d’éducation dans les pays européens (Encadré 15.2). Cette déclaration, adoptée en novembre 2022, et ses processus de suivi sont cohérents avec d’autres mécanismes régionaux et internationaux comme le programme pour l’éducation et la sensibilisation aux problèmes de développement (DEAR) de la Direction générale des Partenariats internationaux (DG INTPA) de la Commission européenne, la Stratégie de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe pour l’éducation en vue du développement durable, et la Recommandation de l’UNESCO sur l’éducation pour la paix, les droits de l’homme et le développement durable (2023).
La Déclaration européenne sur l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’horizon 2050 est un document stratégique présentant la vision et les engagements des pays européens et de diverses parties prenantes en vue de promouvoir l’éducation à la citoyenneté mondiale.
Processus : Élaborée à l’initiative du réseau Global Education Network Europe (GENE) et sous la direction de l’Irlande et du Luxembourg, cette déclaration a réuni des décideurs publics, des organisations de la société civile, des administrations locales et régionales, des universitaires, des « amis critiques » représentant d’autres régions, ainsi que des organisations internationales attestant de la vigueur du soutien à l’éducation à la citoyenneté mondiale dans de nombreux pays.
Valeurs et vision : L’éducation à la citoyenneté mondiale promeut une vision de l’éducation qui sensibilise à la justice sociale, aux droits humains, à l’égalité des genres, à la préservation de la planète et de la paix dans un contexte international. Elle garantit la compréhension des défis mondiaux ainsi que de leurs origines profondes. Elle valorise différentes perspectives et les connaissances de l’ensemble des cultures, en même temps qu’elle promeut des pratiques pédagogiques inclusives, participatives et propices à l’émancipation, qui permettent de développer une pensée critique et d’inspirer l’espoir. L’éducation à la citoyenneté mondiale donne aux citoyens les moyens d’agir pour une transformation sociale, économique et écologique.
Stratégie de mise en œuvre : Le réseau GENE travaille avec les ministères et les organismes publics des États membres dans le but de renforcer l’éducation à la citoyenneté mondiale :
en apportant une aide à l’élaboration des stratégies, en passant en revue les politiques publiques et les pratiques, en proposant des conseils et des bonnes pratiques, et en encourageant la collaboration avec les parties prenantes (par exemple, les autorités locales et régionales, les jeunes et les organisations de la société civile) ;
en renforçant la collaboration avec des organisations internationales comme la Commission européenne, l’UNESCO, la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et l’OCDE ;
en accompagnant les processus régionaux et internationaux en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Afrique.
Engagements nationaux : La déclaration encourage les pays à élaborer des stratégies nationales relatives à l’éducation à la citoyenneté mondiale, à procéder à une intégration systématique de cette éducation et à renforcer la coopération et la cohérence entre les ministères. Elle met l’accent sur l’implication de parties prenantes variées, le soutien aux éducateurs et la mobilisation de ressources pour l’éducation à la citoyenneté mondiale. Elle préconise en outre de soutenir la recherche (y compris sur les communautés marginalisées), d’investir dans la qualité, le suivi et l’évaluation, et de stimuler l’innovation. La déclaration encourage également à déployer des efforts pour toucher des publics nouveaux et à participer activement à des réseaux internationaux.
Source : GENE (2022[37]), « Déclaration européenne sur l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’horizon 2050 », https://www.gene.eu/ge2050-congress.
Pour lutter contre la pauvreté et les inégalités et opérer la transition écologique, des investissements massifs de ressources publiques sont indispensables. Mais sans une large adhésion de l’opinion, les interventions et les actions que doivent engager les pouvoirs publics pour relever ces défis locaux et mondiaux ne seront soit pas efficaces, soit pas tenables dans le temps. Il convient, dans un premier temps, de mesurer le soutien de la population à la coopération pour le développement et à l’investissement au service des objectifs mondiaux. Après quoi, la participation des citoyens au débat civique et politique, la déconstruction des idées fausses et la sensibilisation accrue aux enjeux peuvent permettre de maintenir le niveau de soutien en faveur de la coopération à l’échelle mondiale. Les programmes d’éducation à la citoyenneté mondiale qui favorisent une meilleure compréhension des problèmes mondiaux et l’engagement des citoyens du monde entier, encouragent la pensée critique et proposent des pistes d’action sont de plus en plus intégrés aux systèmes éducatifs et ont la faculté de susciter un soutien critique de l’opinion publique et un engagement international des citoyens au service d’un monde plus juste et plus durable.
[5] Andre, P. et al. (2024), « Globally representative evidence on the actual and perceived support for climate action », vol. Nature Climate Change/14, pp. 253-259, https://doi.org/10.1038/s41558-024-01925-3.
[21] Andre, P. et al. (2022), « Misperceived social norms and willingness to act against climate change », SAFE Working Paper, vol. 414, https://doi.org/10.2139/ssrn.4740469.
[1] Commission européenne (2023), EU Citizens and Development Cooperation, Special Eurobarometer 537, Union européenne, https://europa.eu/eurobarometer/surveys/detail/2952.
[22] Cowley, P. et R. Ford (dir. pub.) (2019), Information matters: Public support for overseas aid, Biteback Publishers.
[6] Dechezleprêtre, A. et al. (2022), Fighting climate change: International attitudes toward climate policies, National Bureau of Economic Research, Cambridge, MA, https://www.nber.org/papers/w30265.
[9] Fabre, A., T. Douenne et L. Mattauch (2023), International attitudes toward global policies, https://doi.org/10.2139/ssrn.4448523.
[18] Fabre, A., T. Douenne et L. Mattauch (2023), « International attitudes toward global policies », Berlin School of Economics Discussion Paper, vol. 22, https://doi.org/10.2139/ssrn.4448523.
[37] GENE (2022), The European Declaration on Global Education to 2050, https://www.gene.eu/declaration.
[30] GENE (2021), The State of Global Education in Europe 2020/2021, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/6659d9853e499c16ffe93652/1717164422380/SOGE2020-2021.pdf.
[29] GENE (2019), The State of Global Education in Europe 2019, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc40cf96457125654ba5954/1606683902082/SOGE-2019-web-version+%282%29.pdf.
[28] GENE (2018), The State of Global Education in Europe 2018, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc40dceeaf37e3b641b2214/1606684113510/State-of-Global-Education-2018.pdf.
[31] GENE (2017), Global Education in Belgium, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc0f5723485235c86e8e09d/1606481274415/Belgium-Peer-Review-Report-with-cover.pdf.
[27] GENE (2017), State of Global Education in Europe 2017, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc410d33485235c864563f8/1606684887670/State-of-Global-Education-2017-low-res.pdf.
[26] GENE (2015), The State of Global Education in Europe 2015, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc411d73f75b16643531de4/1606685150618/State-of-GE-2015-with-covers.pdf.
[33] GENE (2014), Global Education in Portugal, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc8e24da9f67830ca0619a8/1607000655623/Portugal.pdf.
[32] GENE (2012), Global Education in Ireland, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fc8e22643b29e7a5a00db6f/1607000628764/Ireland.pdf.
[34] GENE (2008), Global Education in the Czech Republic, https://static1.squarespace.com/static/5f6decace4ff425352eddb4a/t/5fce1274cded405bb8ff7327/1607340662599/GE-Czech+Republic.pdf.
[20] Gilens, M. (2001), « Political ignorance and collective policy preferences », American Political Science Review, vol. 95/2, pp. 379-396, https://doi.org/10.1017/S0003055401002222.
[7] Harris Interactive (2024), L’adhésion des Européens à la solidarité internationale et au développement durable.
[38] Hewlett, K. et al. (2022), Public Attitudes to Poverty, King’s College, Londres, https://doi.org/10.18742/pub01-105.
[23] Hudson, D. et J. van Heerde-Hudson (2012), « A mile wide and an inch deep’: Surveys of public attitudes towards development” », International Journal of Development Education and Global Learning, vol. 4(1), pp. 5-23, https://ssrn.com/abstract=2015216.
[8] Ipsos European Public Affairs (2021), European Parliament Youth Survey, Parlement européen, Strasbourg, https://www.europarl.europa.eu/at-your-service/en/be-heard/eurobarometer/youth-survey-2021.
[17] Lampert, M. et P. Papadongonas (2018), Towards 2030 Without Poverty.
[25] McAuley, J. et L. Wegimont (2022), The State of Global Education in Europe 2020/2021, Global Education Network Europe.
[24] OCDE (2024), Agir pour l’égalité des chances : explorer les opinions sur les mesures à prendre pour lutter contre les inégalités, https://doi.org/10.1787/3fcf2cda-fr.
[35] OCDE (2024), Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement, https://doi.org/10.1787/23097132.
[16] OCDE (2021), Les inégalités comptent-elles ? : Comment les gens perçoivent les disparités économiques et la mobilité sociale ?, https://doi.org/10.1787/0fa43215-fr.
[2] OCDE (2021), Les inégalités comptent-elles ? : Comment les gens perçoivent les disparités économiques et la mobilité sociale ?, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/0fa43215-fr.
[11] Oh, S. (2024), DEL Dashboard – France June 2024, Development Engagement Lab. Londres.
[12] Oh, S. (2024), DEL Dashboard – Germany June 2024.
[13] Oh, S. (2024), DEL Dashboard – Great Britain June 2024.
[14] Oh, S. (2024), DEL Dashboard – Great Britain June 2024.
[10] Riddell, R. (2007), Does Foreign Aid Really work, Oxford University Press.
[15] Sceptre (dir. pub.) (2018), Factfulness: Ten Reasons We’re Wrong About The World - And Why Things Are Better Than You Think.
[36] Scheunpflug, A. et L. Wegimont (2024), Global Education in Europe: National Histories, GENE.
[19] Scotto, T. et al. (2017), « We spend how much? Misperceptions, innumeracy, and support for the foreign aid in the United States and Great Britain », Journal of Experimental Political Science, vol. 4/2, pp. 119-128, https://doi.org/10.1017/XPS.2017.6.
[3] Steinmetz, S., M. Sapin et D. Joye (2022), International Social Survey Programme: Social Inequality V – ISSP 2019, https://doi.org/10.4232/1.14009.
[4] Vlasceanu, M. et al. (2024), « Addressing climate change with behavioral science: A global intervention tournament in 63 countries », Science Advances, vol. 10, p. 6, https://doi.org/10.1126/sciadv.adj5778.
← 1. Un rapport de 2022 relevait par exemple que les politiques de lutte contre la pauvreté dans le pays, souvent impopulaires, peuvent être davantage soutenues par la population britannique si elles sont présentées comme des moyens de garantir l’égalité des chances, étant donné la très large empathie du public à l’égard des personnes qui sont perçues comme ne bénéficiant pas des mêmes opportunités (Hewlett et al., 2022[38]).
← 2. Examens par les pairs du CAD : https://doi.org/10.1787/23097132.
← 3. Examens par les pairs du GENE : https://www.gene.eu/peer-reviews.
← 4. Voir aussi la plateforme de connaissances du réseau GENE à l’adresse https://knowledge.gene.eu/ et la base de données sur les travaux de recherche relatifs à l’éducation à la citoyenneté mondiale du réseau ANGEL.
← 5. Pour en savoir plus sur les travaux du GENE en ce qui concerne l’établissement de réseaux entre les décideurs publics en Europe, voir www.gene.eu. Pour des études sur le sujet, voir les travaux du réseau ANGEL : www.angel-network.net.