Alessandro Batazzi
Organisation internationale du travail
Christine Hofmann
Organisation internationale du travail
Valeria Esquivel
Organisation internationale du travail
Alessandro Batazzi
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Christine Hofmann
Organisation internationale du travail
Valeria Esquivel
Organisation internationale du travail
La crise climatique accentue la dynamique négative à l’œuvre sur le marché du travail, compromettant les moyens de subsistance et aggravant les inégalités. Ce chapitre examine les mesures prises par les pouvoirs publics dans le domaine de l’emploi et du développement des compétences afin de favoriser une transition juste. Il s’intéresse en particulier à la façon dont la lutte contre les inégalités dans le monde du travail renforce et amplifie les efforts visant à réduire les inégalités plus générales au sein de la société, et à la façon dont le changement climatique et les transitions écologiques risquent d’accentuer les inégalités sur le marché du travail et sur le lieu de travail, en fournissant l’exemple de la stratégie de promotion du travail décent adoptée par l’Iraq. Le constat est que des politiques ciblées et judicieusement conçues en matière d’emploi et de développement des compétences constitueront un pilier central des dispositifs mis en place à l’échelle de l’ensemble de l’administration pour opérer une transition juste favorisant l’inclusivité des sociétés et des lieux de travail.
Les interventions des pouvoirs publics dans le monde du travail peuvent à la fois contribuer de manière importante à des transitions justes et réduire la pauvreté et les inégalités, en mettant l’accent sur les emplois et les compétences ayant un potentiel élevé en termes d’impact.
Il est donc fondamental, pour déterminer le type d’intervention publique qui convient et les solutions globales et coordonnées qui sont possibles en matière d’action publique, de comprendre les interactions complexes qui existent entre le marché du travail, le changement climatique et la durabilité environnementale.
La transition écologique ouvre des perspectives pour investir dans des compétences et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie qui permettront d’améliorer les moyens de subsistance et les résultats en matière de développement. Les stratégies pour l’emploi et les transformations structurelles qui s’inscrivent dans le cadre de cette transition offrent aussi l’occasion de remédier aux inégalités entre les genres et à l’économie informelle, aujourd’hui et dans les années à venir.
Les inégalités persistantes et croissantes compromettent la justice sociale, qui constitue le principe fondamental et l’objectif central permettant d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et d’orienter les transitions pour qu’elles soient justes (Global Coalition for Social Justice, 2024[1]). La lutte contre les inégalités suppose généralement une répartition et une redistribution des ressources, des chances et des avantages. Les interventions des pouvoirs publics dans les domaines de la fiscalité et de la protection sociale sont une piste d’action qui a prouvé son efficacité pour induire de tels changements. Les politiques publiques axées sur le monde du travail en sont une autre. Le travail est un mécanisme clé permettant à la fois une répartition des chances et une redistribution des avantages.
Les politiques publiques qui créent des emplois, réglementent les marchés du travail et soutiennent les institutions du travail peuvent prévenir les inégalités de revenu, et donc avoir une incidence sur la quantité et la qualité des emplois. Elles peuvent aussi contribuer à renforcer l’égalité des chances et de traitement sur le marché du travail, ce qui se traduit par une plus grande égalité entre les genres et une plus grande équité entre les différents groupes de la société. Les autres mesures favorisant la réduction des inégalités sont notamment la protection sociale universelle, l’incitation à la régularisation des activités économiques informelles1, la promotion de la croissance de la productivité, l’investissement dans les compétences et la mise en place de conditions de travail décentes. Les autres formes d’inégalité qui prévalent ailleurs que dans le monde du travail (comme l’accès inégal à une éducation de qualité, à la santé ou au logement) peuvent également être atténuées, ou au contraire amplifiées, dans le contexte professionnel.
Face à une économie informelle qui reste très développée dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, à la hausse de la pauvreté et à la crise climatique, il est devenu primordial de mettre l’accent sur les interventions liées au travail et aux travailleurs. En 2023, les augmentations de salaire n’ont pas été à la hauteur de l’inflation, même dans la majorité des pays du Groupe des Vingt (G20), où les niveaux d’inflation ont pourtant été plus faibles que dans les économies émergentes et en développement. Le nombre de travailleurs en situation d’extrême pauvreté2 s’est accru d’environ 1 million à l’échelle mondiale – pour atteindre un total de 241 millions –, et celui des travailleurs en situation de pauvreté modérée3 a progressé d’environ 8.4 millions, pour s’établir à 423 millions (OIT, 2024[2]). Malgré les progrès accomplis au niveau mondial en ce qui concerne la réduction de l’emploi informel, plus de huit travailleurs sur dix en Afrique occupaient un emploi informel en 2023, quasiment les deux tiers en Asie et Pacifique, et plus de la moitié en Amérique latine et dans les Caraïbes. Dans de nombreuses régions, les femmes ont continué à être nettement désavantagées dans toutes les variables du marché du travail, en particulier dans les pays arabes et d’Afrique du Nord (OIT, 2024[2]).
La crise climatique risque d’accroître les inégalités. Les secteurs et les chaînes de valeur seront confrontés à des risques différents, et les conséquences sur les différents segments de la population active ne seront pas les mêmes. Les personnes pauvres, par exemple, ont tendance à dépendre dans une très large mesure des revenus de l’agriculture et des services écosystémiques pour assurer leur subsistance, et elles sont donc plus exposées aux chocs sur les revenus que provoque le changement climatique (Chancel, Bothe et Voituriez, 2023[3]). La hausse des températures mondiales causée par le changement climatique augmentera les risques d’accidents du travail dus au stress thermique pour l’ensemble des travailleurs, mais surtout pour ceux employés dans les secteurs de l’agriculture, de la gestion des ressources naturelles, de la construction, du ramassage des ordures, des travaux de réparation d’urgence, des transports, du tourisme et des sports. À l’horizon 2030, le stress thermique devrait avoir pour effet de faire baisser à la fois le produit intérieur brut mondial de 2 400 milliards USD et le nombre total d’heures travaillées au niveau mondial de 2.2 % (OIT, 2019[4]).
La transition écologique peut elle aussi accentuer les inégalités lorsque, par exemple, les transformations structurelles ayant lieu dans les entreprises et sur le lieu de travail déplacent des travailleurs et provoquent des pertes d’emplois. La transition peut également créer de nouveaux emplois. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT) (2023[5]), par exemple, la transition vers des économies circulaires et bas carbone pourrait entraîner la création de 100 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030, dont 20 millions grâce aux « solutions fondées sur la nature ». Parallèlement, en l’absence de mesures de soutien sociales et économiques, des pertes d’emplois généralisées pourraient survenir de façon brutale et imprévue dans les secteurs polluants et à forte intensité de carbone, entraînant la destruction, la relocalisation ou la redéfinition de quelque 78 millions d’emplois (OIT, 2023[5]). Les inégalités géographiques pourraient également être amplifiées, certaines régions étant durement touchées, par exemple par la fermeture d’industries liées aux combustibles fossiles.
Les interventions des pouvoirs publics dans le monde du travail représentent un point de départ essentiel pour faire converger les priorités relatives à la transition écologique et à la lutte contre la pauvreté et les inégalités, ainsi que les objectifs de développement de portée plus large. L’OIT a publié des principes directeurs visant à aider les pays à mettre au point des stratégies intégrées pour assurer une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables. Ces principes directeurs reconnaissent explicitement que la transition écologique ouvre des perspectives pour la réalisation des objectifs sociaux et peut être « un nouveau moteur de la croissance, à la fois dans les pays avancés et dans les pays en développement, et un générateur important d’emplois décents et verts susceptible de contribuer sensiblement à l’éradication de la pauvreté et à l’insertion sociale » (OIT, 2015[6]). À titre d’illustration, la nouvelle stratégie nationale adoptée par l’Iraq pour prévenir et réduire les inégalités dans le monde du travail est l’une des premières à avoir été élaborée à partir de ces principes (Encadré 23.1).
… la transition écologique ouvre des perspectives pour la réalisation des objectifs sociaux et peut être « un nouveau moteur de la croissance, à la fois dans les pays avancés et dans les pays en développement »… (OIT, 2015[6])
L’Iraq est actuellement en pleine transition – de la dépendance à l’assistance humanitaire à l’adoption de solutions pérennes et la mise en place d’un développement durable –, ce qui contraint de façon particulièrement urgente les autorités iraquiennes à combattre les inégalités des chances, de richesse, de résultats et de traitement. Dans ce contexte, l’Organisation internationale du travail (OIT) a œuvré avec le pays à la définition de la stratégie nationale iraquienne de prévention et de réduction des inégalités dans le monde du travail pour 2024-28 (OIT, 2024[7]), en s’appuyant sur la réussite du programme par pays de promotion du travail décent pour la période 2019-23 (OIT, 2019[8]). À titre d’exemple, la Banque centrale d’Iraq et l’institution de microfinancement Al-Thiqa ont mis en place, en collaboration avec l’OIT, une initiative d’inclusion financière dont le but est d’élargir l’accès aux financements – qui font cruellement défaut – pour développer l’activité économique, en particulier à l’intention des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés. Par ailleurs, l’enquête sur la population active – la première en plus de dix ans – réalisée par l’Organisation centrale de la statistique et le Bureau des statistiques de la région du Kurdistan, avec le soutien du ministère de la Planification et de l’OIT, et finalisée en 2022, permettra d’élaborer des politiques publiques fondées sur des données probantes et adaptées au pays.
L’enquête sur la population active a fourni des données utiles pour la conception de la stratégie nationale sur les inégalités, à savoir que l’Iraq enregistre l’un des ratios emploi/population totale les plus faibles du Moyen-Orient : un tiers seulement environ de la population d’âge actif (15 ans et plus) occupait un emploi en Iraq en 2020/21, et presque un quart de la population active est au chômage ou au chômage partiel, tandis que 5.7 millions de personnes ont un emploi non déclaré (66.6 % de l’emploi total). L’âge entre également en ligne de compte : les jeunes ont moins accès à l’emploi (26.5 % des jeunes de 15-24 ans font partie de la population active, contre 45.8 % des adultes) et sont frappés par un taux de chômage extrêmement élevé (35.8 %, contre 11.2 % pour les adultes, c’est-à-dire les personnes de 25 ans et plus). Cela confirme que les chômeurs sont à forte majorité de nouveaux entrants sur le marché du travail.
La stratégie iraquienne sert de base à l’élaboration d’une nouvelle version du programme par pays de promotion du travail décent, qui comprend cinq piliers stratégiques et deux objectifs transversaux : l’égalité des genres et la non-discrimination. Ces piliers sont les suivants : l’emploi des femmes, des jeunes et d’autres groupes vulnérables, avec un objectif spécifique de transition juste afin de réduire les effets des changements environnementaux sur l’emploi et de profiter de l’occasion pour créer des emplois décents dans une économie plus verte ; un système d’éducation qui favorise l’égalité des chances en matière d’accès à une éducation de qualité, à la formation et à l’acquisition de compétences adéquates pour tous, en particulier pour les groupes défavorisés, notamment par la promotion d’un apprentissage numérique et entrepreneurial équitable ; la protection des droits du travail, axée sur la fourniture d’une protection adéquate pour l’ensemble des travailleurs, en veillant en particulier au respect des lois et des réglementations établissant les principes et les droits fondamentaux du travail dans tous les secteurs, en encourageant le dialogue social et en soutenant les partenaires sociaux dans le cadre des négociations collectives ; la transition vers l’économie formelle, la protection des travailleurs informels et le renforcement de la capacité des individus et des entreprises ; enfin, l’extension de la protection sociale.
Sources : OIT (2024[7]), Iraq National Strategy to Prevent and Reduce Inequalities in the World of Work (2024-2028) ; OIT (2022[9]), Stratégie globale et intégrée de l’OIT pour réduire et prévenir les inégalités dans le monde du travail, https://www.ilo.org/fr/resource/gb/346/suivi-de-la-resolution-concernant-les-inegalites-et-le-monde-du-travail ; OIT (2019[8]), Decent Work Country Programme for Iraq (2019-2023) .
Sur le long terme, la transition écologique donnera probablement naissance à des économies caractérisées par des structures d’emploi et de formation plus formelles et reconnues, des normes professionnelles de plus haut niveau ainsi qu’un développement économique et social plus durable du point de vue environnemental (OIT, 2022[10]). Cependant, les processus de transformation structurelle n’ont pas des effets neutres en matière de genre. De fait, les politiques climatiques et environnementales qui ne tiennent pas compte de la problématique du genre risquent de reproduire ou d’accentuer les inégalités déjà présentes entre les genres dans le domaine de l’emploi (BIT, 2019[11]). Ainsi, la ségrégation professionnelle entrave la capacité des femmes à bénéficier de nouvelles possibilités d’emploi. Toutefois, la présence plus faible des femmes dans les secteurs à fortes émissions pourrait signifier qu’elles sont moins exposées au risque de perdre leur emploi que les hommes. Les femmes sont déjà confrontées à des obstacles pour travailler dans les secteurs à forte productivité, notamment à des stéréotypes de genre qui limitent leur accès à une éducation et des compétences prisées sur le marché.
Les politiques climatiques et environnementales qui ne tiennent pas compte de la problématique du genre risquent de reproduire ou d’accentuer les inégalités déjà présentes entre les genres dans le domaine de l’emploi.
Les stratégies de création d’emplois qui intègrent la dimension du genre peuvent remédier aux inégalités entre les genres en mettant en place les mesures macroéconomiques et sectorielles appropriées et des politiques énergiques en ce qui concerne le marché du travail (Esquivel, 2023[12]). Si les politiques publiques qui débouchent sur une transformation structurelle propice à l’égalité des genres varient d’un pays à l’autre, elles ont pour point commun de mettre l’accent sur l’orientation des investissements en faveur des femmes occupant des emplois de production, ayant un travail salarié ou assurant des soins et des travaux domestiques non rémunérés, notamment en leur garantissant des conditions de travail décentes et l’accès à la protection sociale. Les politiques industrielles devraient tenir compte des situations de départ et des positions des femmes et des hommes dans l’économie, et s’attacher à mettre à profit les processus de transition pour rétablir, dans la mesure du possible, un équilibre.
Doter la main-d’œuvre des compétences appropriées est essentiel non seulement pour assurer la réussite et la durabilité de la transition écologique4, mais aussi pour faire en sorte que cette transition soit juste et équitable. Si le développement des compétences devrait faire partie d’un ensemble de mesures plus générales5 visant à ce que les transitions n’aggravent pas les inégalités, il s’agit d’une intervention concrète et facile à mettre en œuvre, qui peut être déployée à grande échelle et au fil du temps dans le cadre d’interventions plus larges en matière de protection sociale.
Les politiques de transition doivent tenir compte des inégalités préexistantes en matière d’accès à une éducation et une formation pertinentes et de qualité, qui se traduisent par des niveaux d’instruction plus faibles, des revenus plus bas et une probabilité accrue de se retrouver à occuper un emploi informel (Psacharopoulos et Patrinos, 2021[13] ; OIT, 2021[14]). Le fait d’investir dans les compétences nécessaires pour occuper des emplois verts et d’opérer la transition vers l’économie formelle améliore en outre la justice sociale et réduit les inégalités potentiellement accentuées par les transitions écologiques. Les adultes peu qualifiés, par exemple, ont ainsi moins tendance à progresser sur l’échelle des compétences que leurs collègues plus/très qualifiés (OIT, 2024[15]).
Les interventions des pouvoirs publics devraient combiner toutes sortes de mesures : mettre en place des dispositifs financiers et autres pour éliminer les obstacles à l’éducation et la formation, de manière à réduire les taux d’abandon ; accroître la disponibilité des programmes de la seconde chance ; intégrer la reconnaissance des acquis dans les systèmes d’avancement professionnel pour tous ; et veiller à ce que la reconversion professionnelle et le renforcement des compétences s’adressent aux personnes les plus touchées par les restructurations et les transitions (OIT, 2023[16] ; Lange, Hofmann et Di Cara, 2020[17]). Les programmes actifs du marché du travail, ciblant en particulier les femmes et les jeunes, sont plus efficaces pour améliorer la situation sur le marché du travail lorsqu’ils conjuguent développement des compétences et autres mesures de soutien (OIT et Groupe de la Banque mondiale, 2022[18]).
On voit émerger des exemples de stratégies d’enseignement et de formation techniques et professionnels et d’intégration dans les processus de transition écologique de la reconversion professionnelle et du renforcement des compétences (OIT, 2019[19] ; 2022[10]). Ainsi, au Zimbabwe, le programme Green enter PRIZE a créé de nouveaux cursus d’enseignement et de formation techniques et professionnels centrés sur l’agriculture climato-intelligente et les énergies renouvelables – qui sont les principales composantes de l’économie verte du pays –, dans le but de dynamiser le marché de nouveaux produits et d’élargir les débouchés en matière d’emploi (OIT, 2022[10]).
Les politiques de transition doivent tenir compte des inégalités préexistantes en matière d’accès à une éducation et une formation pertinentes et de qualité, qui se traduisent par des niveaux d’instruction plus faibles, des revenus plus bas et une probabilité accrue de se retrouver à occuper un emploi informel.
Le soutien public à l’acquisition de compétences de qualité néglige largement les travailleurs et les apprenants de l’économie informelle. L’amélioration des compétences techniques, professionnelles, fondamentales et commerciales entraîne des gains de productivité, et l’investissement dans des formations ouvertes à tous est important pour promouvoir la transition vers l’économie formelle et réduire les inégalités (OIT, 2023[20]). L’apprentissage informel dote en outre les jeunes de compétences favorisant leur employabilité dans les pays où l’économie informelle est très développée ; des stratégies pluridimensionnelles sont nécessaires pour faire évoluer ces systèmes vers des apprentissages de qualité, y compris pour favoriser l’égalité et l’inclusion sociale. Le Bénin, le Ghana, le Kenya et la République-Unie de Tanzanie font partie des pays qui ont pris des mesures importantes pour intégrer les apprentissages informels dans les systèmes nationaux de développement des compétences (OIT, 2024[21]).
Les approches intégrées conjuguant politiques de transition et développement des compétences devraient s’appuyer sur des partenariats plus solides avec les employeurs et les travailleurs. Les responsables de l’action publique et les acteurs du développement devraient en outre garder à l’esprit les liens qui existent avec les transformations numériques, en promouvant la culture et les compétences numériques, en plus de permettre un accès plus large aux dispositifs numériques et à l’internet (OIT/Banque africaine de développement, 2023[22]).
Le monde du travail peut subir les effets des inégalités qui apparaissent en son sein – inégalités des chances, des résultats et de traitement, pour n’en citer que quelques-unes. D’autres formes d’inégalité (par exemple en matière d’accès à une éducation de qualité, à la santé ou au logement) trouvent leur origine en dehors de ce contexte. Ces deux types d’inégalités peuvent cependant se renforcer mutuellement, exacerbant telle ou telle de leurs dimensions. Le changement climatique et les mesures prises pour y faire face en engageant des transitions écologiques peuvent aussi accroître les inégalités présentes sur le lieu de travail et au-delà. Les effets qu’auront les transitions justes sur l’emploi seront variables selon les secteurs et les pays et dépendront d’un certain nombre de facteurs, en particulier la vulnérabilité et l’adaptabilité de ces secteurs et pays face au changement climatique.
Il est donc fondamental, pour déterminer le type d’intervention publique qui convient, de comprendre les interactions complexes qui existent entre le marché du travail, le changement climatique et la durabilité environnementale. Pour produire un impact significatif, les solutions adoptées par les pouvoirs publics et les transitions écologiques doivent tenir compte de ces interactions et les assimiler. Des partenariats doivent s’établir entre les acteurs intervenant dans des domaines différents, afin de tirer parti de leurs avantages comparatifs et de leurs atouts respectifs.
[11] BIT (2019), Gender Impacts of Structural Transformation, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/media/403946/download.
[3] Chancel, L., P. Bothe et T. Voituriez (2023), Climate Inequality Report 2023, Laboratoire sur les Inégalités Mondiales, Paris, https://wid.world/wp-content/uploads/2023/01/CBV2023-ClimateInequalityReport-2.pdf.
[12] Esquivel, V. (2023), « Gender-responsive macroeconomic policies: Lessons learned from the COVID-19 crisis and beyond », dans Global Employment Policy Review 2023 : Macroeconomic Policies for Recovery and Structural Transformation, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/publications/major-publications/global-employment-policy-review-2023-macroeconomic-policies-recovery-and.
[1] Global Coalition for Social Justice (2024), Site web de la Global Coalition for Social Justice, https://social-justice-coalition.ilo.org (consulté le 3 mai 2024).
[17] Lange, R., C. Hofmann et M. Di Cara (2020), Guide pour rendre l’EFTP et le développement des compétences inclusifs pour tous, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/publications/guide-pour-rendre-leftp-et-le-developpement-des-competences-inclusifs-pour.
[7] OIT (2024), Iraq National Strategy to Prevent and Reduce Inequalities in the World of Work (2024-2028), Organisation internationale du Travail, Genève, https://webapps.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---arabstates/---ro-beirut/documents/publication/wcms_916523.pdf.
[21] OIT (2024), Renforcer les apprentissages professionnels pour les transitions vers la formalité, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/publications/renforcer-les-apprentissages-professionnels-pour-les-transitions-vers-la.
[15] OIT (2024), Skills for Social Justice: Advancing Social Justice Through Stronger Skills Systems, Organisation internationale du Travail, Genève, https://doi.org/10.54394/WYWJ9077.
[2] OIT (2024), World Employment and Social Outlook: Trends 2024, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/publications/flagship-reports/world-employment-and-social-outlook-trends-2024.
[5] OIT (2023), Achieving a Just Transition Towards Environmentally Sustainable Economies and Societies for All, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/resource/conference-paper/ilc/111/parvenir-une-transition-juste-vers-des-economies-et-des-societes.
[16] OIT (2023), Financing Mechanisms for Promoting Social Inclusion in Skills and Lifelong Learning Systems: Global Overview of Current Practices and Policy Options, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/resource/news/effective-financing-mechanisms-skills-development-can-tackle-inequality.
[20] OIT (2023), Improving Skills and Lifelong Learning for Workers in the Informal Economy to Promote Decent Work and Enhance Transitions to Formality, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/resource/improving-skills-and-lifelong-learning-workers-informal-economy-promote.
[10] OIT (2022), Écologisation de l’EFTP et développement des compétences: Guide pratique, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/publications/ecologisation-de-leftp-et-developpement-des-competences-guide-pratique.
[9] OIT (2022), Stratégie globale et intégrée de l’OIT pour réduire et prévenir les inégalités dans le monde du travail, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/resource/gb/346/suivi-de-la-resolution-concernant-les-inegalites-et-le-monde-du-travail.
[14] OIT (2021), Les inégalités et le monde du travail, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/resource/conference-paper/ilc/109/les-inegalites-et-le-monde-du-travail.
[8] OIT (2019), Decent Work Country Programme for Iraq (2019-2023), Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjo78LVspeHAxUuTaQEHV84CikQFnoECBIQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.ilo.org%2Fpublications%2Fdecent-work-country-programme-iraq-recovery-and-reform-annual-progress&usg=AOvVaw1.
[19] OIT (2019), Skills for a Greener Future: A Global View Based on 32 Country Studies, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/publications/skills-greener-future-global-view.
[4] OIT (2019), Travailler sur une planète plus chaude : l’impact du stress thermique sur la productivité du travail et le travail décent, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/publications/major-publications/travailler-sur-une-planete-plus-chaude-limpact-du-stress-thermique-sur-la.
[6] OIT (2015), Principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/fr/publications/principes-directeurs-pour-une-transition-juste-vers-des-economies-et-des.
[18] OIT et Groupe de la Banque mondiale (2022), The Impact of Active Labour Market Programmes on Youth: An Updated Systematic Review and Meta Analysis, Organisation internationale du Travail, Genève, https://english.iob-evaluatie.nl/results/publications/reports/2022/12/08/evaluation-youth-unemployment.
[22] OIT/Banque africaine de développement (2023), Building Pathways to Sustainable Growth: Strengthening TVET and Productive Sector Linkages in Africa, Organisation internationale du Travail, Genève, https://www.ilo.org/publications/building-pathways-sustainable-growth.
[13] Psacharopoulos, G. et H. Patrinos (2021), Returns to investment in education: A decennial review of the global literature, Groupe de la Banque mondiale, Washington, D.C., https://doi.org/10.1596/1813-9450-8402.
← 1. La régularisation est le résultat d’un processus complexe, long et progressif. Il est important de favoriser et de suivre les progrès, ainsi que de mettre au point des politiques publiques et des interventions au niveau des objectifs intermédiaires et des activités – et de les adapter –, tous ces éléments contribuant de façon coordonnée à s’approcher du résultat final escompté. Pour plus d’informations sur les transitions, voir https://www.ilo.org/resource/brief/transition-informal-formal-economy-theory-change.
← 2. L’extrême pauvreté se définit comme le fait de disposer de moins de 2.15 USD par jour et par personne en parité de pouvoir d’achat.
← 3. La pauvreté modérée se définit comme le fait de disposer de moins de 3.65 USD par jour et par personne en parité de pouvoir d’achat.
← 4. Voir aussi https://www.ilo.org/fr/publications/strategie-de-loit-en-matiere-de-developpement-des-competences-et.
← 5. Par exemple, des stratégies territoriales axées sur la relance de l’économie locale après la fermeture d’un employeur de premier plan dans le domaine des énergies fossiles.