L’ampleur et l’urgence de la crise climatique appellent une nouvelle approche globale de la planification et de la réalisation d’infrastructures. Pour atteindre l’objectif d’émissions nettes nulles en 2050, il faudra porter l’investissement annuel total dans le secteur de l’énergie de 2 300 milliards USD ces dernières années à 5 000 milliards USD à l’horizon 2030 (AIE, 2021). Pour les énergies propres liées aux transports, cette augmentation devrait passer de 75 milliards USD par an à plus de 570 milliards USD d'ici 2030 (AIE, 2021). Dans le même temps, les actifs d’infrastructure et leur fonctionnement seront de plus en plus exposés aux effets du changement climatique, ce qui exigera une approche intégrée du renforcement de la résilience climatique. Dans ce contexte, la Recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des infrastructures souligne la nécessité d’améliorer l’action gouvernementale à l’appui de la mise en service d’infrastructures durables sur le plan environnemental et résistantes au changement climatiques, et de collaborer avec le secteur privé et la société civile pour œuvrer collectivement à la réalisation des objectifs de l'action en faveur du climat.
L’indicateur de l’OCDE sur la gouvernance des infrastructures (IGI) de l’OCDE sur le service d’infrastructures durables et résistantes au climat donne un aperçu des différents éléments qui favorisent la création de telles infrastructures : conditions favorables, planification jusqu’à l’évaluation des projets, préparation du budget d’investissement, financement et suivi. Les valeurs de l’indicateur par pays sont comprises entre 0.19 et 0.93, la moyenne de l’OCDE étant de 0.52 (graphique 8.7). Les pays ont appliqué quelques bonnes pratiques, mais des améliorations sont possibles dans toutes les cinq sous-rubriques.
La plupart des pays de l’OCDE sont conscients de l’importance d’une planification rigoureuse pour rendre les infrastructures durables et résilientes, et beaucoup ont établi des lignes directrices les implémenter: 69 % d’entre eux, dont les données sont disponibles (20 sur 29), en ont défini pour l’adaptation au changement climatique, 66 % (19) pour l’atténuation du changement climatique, 55 % (16) pour les questions liées à la biodiversité et 48 % pour les solutions naturelles (14) (tableau 8.8). Ces lignes directrices sont essentielles pour développer des systèmes d’infrastructures résistantes au climat et promouvoir l'utilisation d'infrastructures vertes pour compléter ou remplacer les infrastructures grises. Les lignes directrices peuvent également favoriser l’intégration de considérations environnementales et climatiques dans la planification et la réalisation des infrastructures. Centro de Estudios y Experimentación de Obras Públicas en Espagne, par exemple, coordonne les travaux du groupe de travail transversal sur le changement climatique et la résilience des routes en vue d’élaborer des lignes directrices pour l’intégration des éléments liés au changement climatique à toutes les phases du cycle de vie des routes.
Les pays pourraient aussi mieux utiliser les outils méthodologiques pour intégrer les questions environnementales et climatiques au processus d’évaluation des projets. Tous les pays de l’OCDE dont l’information est disponible exigent une étude d’impact pour évaluer les éventuelles incidences d’un projet d’infrastructure de transport à cet égard, mais seuls 68 % (19 sur 28) en utilisent systématiquement les résultats pour guider la sélection et la hiérarchisation des projets. De plus, 63 % d’entre eux seulement (17 sur 27) imposent une étude d’impact climatique pour estimer les émissions potentielles d’un tel projet. Ils ne sont que 44 % (12 sur 27) à en utiliser systématiquement les résultats pour guider la sélection et la hiérarchisation des projets. Moins de la moitié (12 sur 26, soit 46 %) exigent que les mesures d'adaptation au changement climatique soient intégrées dans la conception d'un projet d'infrastructure de transport. Parmi eux, seuls 35 % (9 sur 26) utilisent systématiquement des critères de résilience climatique pour éclairer la sélection et la hiérarchisation des projets (tableau 8.8).