Le secteur public doit appliquer le principe de la conception numérique pour s'adapter pleinement à l’ère du numérique et en tirer le meilleur parti possible afin de mieux servir les citoyens, d'améliorer la formulation des politiques publiques et d'accroître les performances de l'administration (OCDE, 2020a). Faire le choix de la conception numérique suppose : 1) de définir une vision stratégique et un mandat clair pour l’administration numérique ; 2) de faire en sorte qu’un leadership institutionnel solide puisse piloter les politiques et actions en faveur de l’administration numérique ; et 3) d’instaurer une coordination et une collaboration efficaces au sein du secteur public et avec l’extérieur pour que la transformation numérique se fasse de façon cohérente et inclusive à l’échelle de l’administration dans son ensemble.
Les pays de l’OCDE continuent de démontrer qu'ils ont une vision stratégique claire de l’administration numérique à travers l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies nationales pour l'administration numérique définissant des priorités telles que l’amélioration de l'accessibilité des services, la proactivité de la prestation de services et la mise en œuvre d'une approche considérant les données comme un actif stratégique pour la création de valeur publique. D'après l’enquête, pratiquement tous les pays (29 sur 30, 97 %) étaient dotés d’une stratégie nationale pour l’administration numérique en 2022. S’agissant des évolutions par rapport à 2019, la Suède a défini une ambition commune en matière d’administration numérique en se dotant d’une stratégie nationale spécifique pour l’administration numérique. L'Australie, le Mexique, et la Pologne, qui n’ont pas participé à l’enquête 2019, ont indiqué être dotés d'une stratégie nationale pour l’administration numérique en 2022 (graphique 9.1).
Le leadership institutionnel et la coordination au sein de l’administration sont indispensables à une mise en œuvre cohérente des mesures relatives à l’administration numérique dans le secteur public. L’enquête révèle que les pays continuent de consolider ces deux dimensions. Lors des éditions 2019 et 2022 de l’enquête, tous les pays qui ont répondu disposaient d’un organisme public chargé de prendre l'initiative des décisions en matière d'administration numérique au niveau central/fédéral et de coordonner leur mise en œuvre. À noter surtout que des avancées considérables ont été accomplies pour ce qui est de la création d'un organe ou mécanisme de coordination formel chargé du pilotage des politiques et mesures relatives à l'administration numérique dans le secteur public (ex. : Conseil des Directeurs des services d'information), comme le Comité pour la promotion de l'administration électronique, en Corée, et le Comité interministériel à la digitalisation, au Luxembourg. L’enquête révèle en effet que ce type d’organe ou de mécanisme existait dans 18 pays sur 26 (69 %) en 2019 et que cette proportion est passée à 29 sur 30 (97 %) en 2022. En d'autres termes, les sept pays sur 30 qui ne disposaient pas d'un tel organe ou mécanisme en ont créé un (graphique 9.2).
Une gouvernance mature de l'administration numérique suppose également que des parties prenantes externes soient associées à la création de politiques et services collaboratifs et axés sur l’usager (OCDE, 2021). Les résultats de l’enquête montrent que les pays pourraient se mobiliser encore pour favoriser la création de mécanismes permettant une coordination réelle avec ces parties prenantes. Dans l’édition 2022 de l’enquête, 11 pays sur 30 (36 %) ont indiqué avoir créé un organe consultatif/de concertation externe concernant les projets numériques ou faisant appel aux technologies de l’information et des communications (TIC) dans le secteur public, tandis que 5 pays sur 30 (17 %) disposent d’un organe de concertation informel et que 2 pays sur 30 (7 %) ont déclaré que des parties prenantes externes étaient impliquées dans le mécanisme de coordination formel évoqué au paragraphe précédent. Cependant, 12 pays sur 30 (40 %) étaient encore dépourvus d'un tel organe (graphique 9.3).