En assurant la diversité et l’égalité des genres dans les professions judiciaires, y compris aux échelons supérieurs, on peut réduire les obstacles auxquels se heurtent les femmes pour accéder à la justice et accroître leur disposition à faire appel au système juridique. L’amélioration de la représentativité et de la diversité de l’appareil judiciaire peut également renforcer sa qualité, son indépendance, son impartialité et son intégrité (OCDE, 2022). Dans l’ensemble, assurer l’équilibre des genres au sein du pouvoir judiciaire demeure pour les pays de l’OCDE une question de gouvernance essentielle en ce qu’elle est liée à l’équité, à la transparence et à l’efficacité de l’État de droit (OCDE, 2019).
En 2020, les femmes représentaient 57.2 % en moyenne de l’appareil judiciaire dans les pays de l’OCDE, chiffre en légère hausse, soit 3.9 points de pourcentage par rapport à 2014 (graphique 12.7). Dans tous ces pays, elles occupent au moins 30 % des postes judiciaires, avec toutefois de fortes variations, cette proportion allant de 81 % en Lettonie à 31 % au Royaume-Uni. Huit pays de l’OCDE sur 23 dont les données étaient disponibles ont vu cette part augmenter de 5 p.p. ou plus depuis 2014, la plus forte hausse étant observée en Türkiye (13 p.p.). La proportion de femmes juges est restée la même en Autriche, en Hongrie et en République slovaque, et a légèrement diminué en République tchèque (1 p.p.). Cependant, une mesure de l’équilibre des genres au sein de la magistrature devrait aussi être envisagée en fonction des caractéristiques inhérentes aux systèmes juridiques nationaux et des profils de développement professionnel des femmes. Il existe par exemple des différences entre les différents systèmes juridiques : dans les systèmes de droit civil, les femmes peuvent être recrutées directement après leurs études de droit, avant d’être confrontées à d’éventuelles interruptions de carrière, tandis que les systèmes judiciaires habituels, elles sont soumises à l’obligation réglementaire d’acquérir au moins cinq ou sept ans d’expérience dans l’exercice d’une profession juridique, avant l’obtention de leur diplôme, pour prétendre à un poste de magistrat.
Ces dernières années, la représentation des femmes au niveau des juridictions suprêmes a progressé dans les pays de l’OCDE, accusant une hausse substantielle de 7 p.p. entre 2014 et 2020 (graphique 12.9). Toutefois, la part des femmes dans les juridictions de niveau supérieur reste faible, avec des différences significatives au niveau des juridictions suprêmes. Alors que les femmes occupent en moyenne 61.8 % des postes judiciaires dans les juridictions de première instance et 54.3 % d’ appel, elles n'occupaient en 2020 que 40 % des postes dans les juridictions suprêmes (graphique 12.8). Bien que les systèmes de recrutement judiciaire varient beaucoup d’un pays de l’OCDE à l’autre, la faible part de postes occupés par des femmes dans les juridictions de haut niveau tient en partie à des problèmes liés aux stéréotypes de genre exprimés dans les comportements et les attitudes du personnel et des autorités judiciaires, aux possibilités limitées de développement professionnel pour les femmes, à la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée, aux obstacles, et à la mobilité et aux mutations (OCDE, 2019).