Si les effets conjugués complexes de la mondialisation, des progrès technologiques et de l’évolution démographique ouvrent de nouvelles perspectives pour de nombreux travailleurs des pays de l'OCDE, ils sont aussi synonymes de difficultés. Ce chapitre présente de nouvelles données sur trois thèmes qui occupent une place de premier plan dans le débat sur l’avenir du travail : la stabilité de l’emploi, le sous-emploi et l’évolution de la part des emplois bien rémunérés. L’analyse met en évidence, dans plusieurs pays, une détérioration de la situation des personnes non diplômées de l’enseignement supérieur et des jeunes sur le marché du travail. En fait, ce sont les jeunes travailleurs non diplômés du supérieur qui ont subi la dégradation la plus marquée de leur situation dans un grand nombre de pays. Le défi à relever est donc double : il s’agit d’une part d’offrir de meilleurs débouchés aux jeunes qui quittent le système éducatif et entrent sur le marché du travail, et d’autre part d’améliorer les perspectives d’emploi de la cohorte de jeunes confrontés à des conditions très difficiles sur le marché du travail depuis une dizaine d’années.
Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2019
3. L'avenir du travail : de nouvelles données sur la stabilité de l'emploi, le sous-emploi et l'accès à des emplois de qualité
Abstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
En bref
Si les effets conjugués complexes de la mondialisation, des progrès technologiques et de l’évolution démographique ouvrent de nouvelles perspectives pour de nombreux travailleurs dans les pays de l'OCDE, ils sont aussi synonymes de difficultés. Il est donc essentiel de recenser les gagnants et les perdants potentiels de ces mutations profondes afin d’élaborer des politiques publiques à même de favoriser une plus grande inclusivité sur le marché du travail.
Ce chapitre présente de nouvelles données sur trois thèmes liés à la fois à la qualité et à la quantité des emplois, qui occupent une place de premier plan dans le débat sur l’avenir du travail : la stabilité de l’emploi, le sous-emploi et l’évolution de la part des emplois bien rémunérés. Il s’agit dans un premier temps d’évaluer si la stabilité de l’emploi a réellement diminué et, si tel est le cas, dans quelle mesure ces changements sont liés à un accroissement de la mobilité des travailleurs d'un emploi à l'autre ou de l'emploi au non-emploi. Ensuite, le chapitre vise à déterminer s’il existe un risque croissant de sous-emploi (qui correspond à la situation où des travailleurs en poste souhaiteraient effectuer davantage d’heures de travail) plutôt que de chômage technologique. Plus précisément, il analyse comment le risque de sous-emploi a évolué pour différents groupes sociodémographiques, à mesure qu’il s’est accru dans plusieurs pays sous l’effet de l’essor du secteur des services, des professions peu qualifiées et des formes d’emploi atypiques. Enfin, le chapitre enquête sur l'évolution de la probabilité qu'ont différentes catégories de population de décrocher un emploi moyennement rémunéré. Là encore, l’une des questions clés est peut-être que l’avenir qui se dessine pour certaines catégories de travailleurs ne sera pas celui d’un monde du travail où les emplois auront disparu mais plutôt celui d’un monde du travail où il sera plus difficile de trouver un emploi bien payé.
L'un des principaux constats est que la situation sur le marché du travail de nombreux jeunes, et notamment de ceux qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur, s'est détériorée depuis une dizaine d'années. En fait, les jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur ont été particulièrement touchés, puisqu’ils sont aujourd’hui plus nombreux à être concernés par le sous-emploi, le non-emploi et les emplois faiblement rémunérés. L’ampleur de ces changements varie selon les pays, mais il n’y a que dans deux pays (l’Allemagne et la Pologne) que les jeunes non diplômés de l'enseignement supérieur n’ont pas vu leur situation empirer. Les données recueillies laissent à penser qu'il ne s'agit pas simplement d’effets passagers de la dernière crise économique mondiale.
On constate également de nettes disparités entre hommes et femmes. En valeur absolue, les femmes sont toujours exposées à des risques de sous-emploi et de non-emploi plus importants, tandis que le risque de non-emploi qui pèse sur les hommes a augmenté dans la plupart des pays (surtout pour ceux qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur). Les hommes non diplômés du supérieur ont aussi enregistré un accroissement proportionnellement marqué du risque de sous-emploi. Toutefois, les femmes restent plus susceptibles que les hommes d'occuper des emplois faiblement rémunérés et ont moins de chances d'exercer des emplois à la rémunération élevée, même si la probabilité qu'elles occupent des emplois moyennement rémunérés a augmenté.
Les principales conclusions de l'analyse présentée dans ce chapitre sont les suivantes :
Stabilité de l’emploi
Depuis 2006, la stabilité moyenne de l’emploi (mesurée au regard de l’ancienneté dans l’emploi, c’est-à-dire de la durée d’exercice de l’emploi actuel) a augmenté dans plusieurs pays de l'OCDE. Il s’agit néanmoins d’un effet de composition provoqué par l’augmentation de la part des travailleurs plus âgés dans la population active, qui ont généralement une plus longue ancienneté dans l’emploi. Si l’on tient compte de ce phénomène, l’ancienneté dans l’emploi a en fait reculé dans la plupart des pays.
Tous les travailleurs ne sont pas touchés de la même manière par ces changements. Ce sont les travailleurs peu qualifiés (c’est-à-dire ceux qui ne sont pas diplômés du deuxième cycle du secondaire) qui ont enregistré le plus fort recul en termes de stabilité de l’emploi.
Certains éléments portent à croire que la diminution de l’ancienneté dans l’emploi tient au fait que les travailleurs passent plus fréquemment d’un emploi à un autre plutôt que de l’emploi au non-emploi. Toutefois, l’ampleur de ces changements est limitée et traduit une hétérogénéité importante entre les pays.
Sous-emploi
Le sous-emploi s’est accru dans de nombreux pays au cours des dix dernières années. Si cela tient en grande partie à la conjoncture économique, des évolutions plus structurelles et de plus longue haleine entrent aussi en jeu, comme la montée en puissance du secteur tertiaire, la progression de la proportion de professions peu qualifiées et l’essor de nouvelles formes d’emploi atypiques sans garanties en termes de nombre d’heures de travail.
Là aussi, certains travailleurs sont plus durement touchés que d’autres. Dans la zone OCDE, ce sont les jeunes (et en particulier ceux qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur) qui accusent la plus forte hausse du risque de sous-emploi. Étant donné que les travailleurs en situation de sous-emploi sont désavantagés dans de nombreux domaines, ces évolutions représentent d’importants obstacles à surmonter sur le chemin qui mène à des marchés du travail plus inclusifs.
Dans la zone OCDE, les femmes sont toujours beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être victimes du sous-emploi (8 % contre 3.2 %), mais ce dernier a enregistré une progression plus rapide chez les hommes dans la plupart des pays, notamment chez les hommes non diplômés de l'enseignement supérieur.
Polarisation de l’emploi et niveaux de rémunération
Dans la plupart des pays de l'OCDE, la part des emplois à la rémunération moyenne s’est accrue en dépit de la contraction de la part des emplois moyennement qualifiés (polarisation de l’emploi). Toutefois, du fait de la contraction de la part de ces emplois, les travailleurs non diplômés du supérieur sont de plus en plus nombreux à occuper des emplois peu qualifiés, voire à être tout bonnement sans emploi.
En moyenne dans les pays de l'OCDE, la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré a légèrement augmenté pour les jeunes et pour les travailleurs moyennement qualifiés. Pour autant, on constate une nette détérioration de la situation des jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur sur le marché du travail dans de nombreux pays. Ainsi, les jeunes sortis du système éducatif sont beaucoup plus nombreux à être sans emploi, ou, lorsqu’ils travaillent, à occuper des emplois peu rémunérés.
La part des jeunes hautement qualifiés occupant des emplois faiblement rémunérés a aussi augmenté dans certains pays. En moyenne dans la zone OCDE, ils sont désormais plus susceptibles d’exercer un emploi à bas salaire qu’un emploi au salaire élevé.
Introduction
Ce chapitre présente de nouvelles données sur trois thèmes liés à la fois à la qualité et à la quantité des emplois, qui sont au cœur du débat sur l’avenir du travail. Il examine plus particulièrement les évolutions récentes enregistrées dans les domaines de la stabilité de l’emploi, du sous-emploi et de l’offre d’emplois aux différents échelons de rémunération.
L’une des préoccupations les plus fréquemment exprimées en ce qui concerne l’avenir du travail tient au fait que la stabilité de l’emploi pourrait diminuer à mesure que les entreprises adoptent des modèles économiques qui privilégient des interactions ponctuelles avec les travailleurs au détriment des relations du travail traditionnelles à long terme. D’un côté, cela pourrait renforcer la précarité de l’emploi et accroître la volatilité des revenus du travail si les changements d’emplois que cela implique sont majoritairement subis par les travailleurs. D’un autre côté, la diminution de l’ancienneté moyenne pourrait résulter d’une tendance accrue des travailleurs à changer fréquemment d’emploi, avec à la clé une amélioration des conditions de travail. Chacun de ces scénarios implique une approche stratégique différente. La section 3.1 analyse donc l’évolution de la stabilité de l’emploi et propose de nouvelles données sur les flux liés aux changements d’emplois et le risque de cessation d’emploi involontaire pour différentes catégories de travailleurs.
L’autre problématique examinée dans la section 3.2 est celle du sous-emploi (qui consiste à déterminer dans quelle mesure les travailleurs en poste souhaiteraient effectuer davantage d'heures de travail). Comme indiqué dans le chapitre 2, les pertes d’emplois provoquées par l’automatisation ne devraient pas être aussi importantes que ce qui a été parfois avancé. Pour autant, on assiste à une désindustrialisation de l’économie et à la montée en puissance du secteur des services, où les emplois peu qualifiés et précaires sont plus courants. Cette évolution structurelle pourrait favoriser une augmentation durable du sous-emploi même si elle n’aboutit pas à un futur où les emplois auront disparu. Le sous-emploi figure déjà parmi les facteurs cités pour expliquer la faible progression globale des salaires enregistrée ces dix dernières années (OCDE, 2018[1]), mais il constitue aussi un véritable défi car les travailleurs en situation de sous-emploi sont fortement désavantagés sur le marché du travail : ils sont moins bien payés et ont de moins bonnes conditions de travail par rapport à des travailleurs au profil comparable occupant des emplois à temps plein ou à temps partiel choisi (MacDonald, à paraître[2]). Si le sous-emploi touche plus certains groupes que d’autres, il pourrait aussi accroître les disparités sur le marché du travail. Il est donc essentiel de comprendre les variations entre les différentes catégories de travailleurs en termes de sous-emploi afin d’être en mesure d’élaborer des politiques publiques propres à améliorer l’inclusivité du marché du travail.
Enfin, la dernière question abordée dans la section 3.3 concerne le risque d'une polarisation croissante de l’emploi non seulement en termes de niveaux de compétence (comme indiqué dans le chapitre 2) mais aussi en termes de niveaux de rémunération. Il s’agira notamment de déterminer si les pays enregistrent un recul de la proportion d’emplois moyennement rémunérés, desquels dépend traditionnellement le niveau de vie de la classe moyenne (OCDE, 2019[3]).Pour remédier au manque d’informations sur cet enjeu clé pour l’action publique, la section 3.3 cherche à évaluer si la polarisation de l’emploi a réduit la part des emplois moyennement rémunérés. Cette analyse permet de faire le bilan de l’évolution des liens entre niveau de compétences professionnelles et niveau de rémunération, et de ses implications pour les différents types de travailleurs.
3.1. La stabilité de l’emploi est-elle en recul ?
Lorsque l’on essaie d’imaginer le monde du travail de demain, il est fréquent d’entendre que l’emploi « à vie » est amené à disparaître progressivement. À la place, la mobilité professionnelle va s’accroître et les transitions entre emploi et non-emploi et d’un emploi à un autre seront plus fréquentes, avec à la clé des changements de statut d’emploi (par exemple du statut de salarié à celui de travailleur indépendant).
Plusieurs mégatendances semblent contribuer au recul de la stabilité de l’emploi, qui peut constituer une avancée ou au contraire un recul pour les travailleurs. Les progrès rapides réalisés dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) stimulent la mobilité de la main-d’œuvre en facilitant la recherche d’emploi, en favorisant l’émergence de nouveaux modèles économiques qui s’appuient davantage sur la sous-traitance, et en multipliant les possibilités de travail indépendant au détriment des relations travailleurs-employeurs traditionnelles (voir les chapitres 2 et 4). La dynamique de la mondialisation est tout aussi cruciale : si elle accentue le risque de suppressions d’emplois en exposant les travailleurs à la concurrence internationale, elle élargit aussi leurs débouchés en leur donnant accès au marché du travail mondial. Par ailleurs, les préférences des travailleurs évoluent en matière d’emploi, de flexibilité et de travail indépendant, et influent elles-aussi sur la mobilité de la main-d’œuvre (Prising, 2016[4]). L’avènement de l’économie des plateformes et du travail « à la demande » est l’illustration parfaite de ces transformations, et alimente les craintes d’une précarisation accrue de l’emploi.
Les emplois sont-ils réellement devenus moins stables ? Pour répondre à cette question, la section qui suit s’appuie sur des données portant sur les travailleurs sortis du système éducatif afin d’analyser l’évolution de la stabilité de l’emploi et de la mobilité sur le marché du travail dans 30 pays au cours des 10 dernières années1. La section 3.1.2 tente de déterminer si les changements constatés au plan de l’ancienneté dans l’emploi sont le reflet d’une augmentation du flux de travailleurs passant d’un emploi à l’autre ou plutôt du flux de travailleurs passant de l’emploi au non-emploi.
3.1.1. La stabilité de l’emploi diminue pour toutes les classes d’âge
Dans l’ensemble, la stabilité de l’emploi (telle que mesurée par l’ancienneté moyenne dans l’emploi) est restée constante ces dix dernières années dans la plupart des pays de l'OCDE, et a même parfois augmenté légèrement (Graphique 3.1). Cependant, après prise en compte des changements dans la composition de la population active en termes d’âge, de niveau d’études et de sexe, l’ancienneté dans l’emploi s’inscrit en baisse en moyenne. Cet écart s’explique, dans une large mesure, par le vieillissement de la population, qui entraîne une hausse de la part des travailleurs seniors (dont l’ancienneté dans l’emploi est généralement plus longue) par rapport à celle des travailleurs plus jeunes. Ce phénomène a été accentué par les réformes engagées récemment, notamment la suppression des dispositifs de retraite anticipée et le relèvement de l’âge légal de la retraite dans plusieurs pays de l'OCDE, qui ont conduit à une hausse du taux d’activité des travailleurs seniors (OCDE, 2014[5]).
Après prise en compte de l’évolution de la structure démographique, on constate un recul de l’ancienneté dans l’emploi de 4.9 % (soit cinq mois environ) en moyenne (Graphique 3.1)2. L’ampleur modérée de ce changement masque des variations considérables entre les pays de l'OCDE. Ainsi, dix-neuf des trente pays considérés ont enregistré une baisse de l’ancienneté dans l’emploi (la République tchèque n’ayant enregistré quasiment aucun changement). L’ancienneté dans l’emploi a diminué de plus de 17 % en Suède, au Luxembourg et en Lituanie, alors qu’elle a fortement augmenté dans plusieurs pays comme l’Espagne et la Lettonie. La diminution de l’ancienneté moyenne dans l’emploi peut s’expliquer en partie par le redressement économique, qui a permis aux travailleurs de trouver de nouveaux emplois dans lesquels ils n’ont donc pas d’ancienneté. La période considérée étant limitée, il est difficile d’isoler les effets du cycle économique ; toutefois, la diminution moyenne de l’ancienneté dans l’emploi dans les pays de l'OCDE est plus importante lorsque l’on tient compte des effets cycliques3. Cela donne à penser que l’évolution du cycle économique sur la période considérée a eu pour principale conséquence de faire augmenter l’ancienneté dans l’emploi, ce qui corrobore l’observation selon laquelle la crise a davantage détruit les emplois occupés par des travailleurs ayant peu d’ancienneté.
Le recul de la stabilité de l’emploi a touché en premier lieu les travailleurs peu qualifiés
Les travailleurs peu qualifiés (dont le niveau de formation est inférieur au deuxième cycle du secondaire)4 ont accusé un recul plus marqué de la stabilité de l’emploi que les autres (Graphique 3.2). Cela se vérifie pour toutes les classes d’âge, à l’exception des hommes jeunes qui ont enregistré une contraction de la stabilité de l’emploi quasiment identique quel que soit leur niveau d’études.
Plus de deux tiers des pays de l'OCDE retenus dans l’échantillon sont concernés par la contraction de la stabilité de l’emploi des travailleurs peu qualifiés (voir Graphique d’annexe 3.A.1). Dans certains pays, ce recul a été marqué, dépassant par exemple 30 % en République slovaque, en Lituanie, en Hongrie, en Suède et en Pologne. À l’inverse, la Norvège et l’Australie, de même que l’Estonie et la Lettonie, ont enregistré un allongement de plus de 15 % de l’ancienneté dans l’emploi des travailleurs non diplômés du deuxième cycle du secondaire.
3.1.2. La contraction de l’ancienneté dans l’emploi peut être la conséquence d’un accroissement de la mobilité professionnelle
L’évolution de la stabilité de l’emploi peut être liée à un plus grand nombre de transitions d’un emploi à un autre ou de l’emploi au non-emploi. Pour évaluer l’importance relative de ces mécanismes, la présente section analyse les variations de différents types de flux sur le marché du travail.
Pour déterminer si les changements d’emplois ont augmenté, la section s’appuie sur des données portant sur les transitions annuelles d’un emploi à l’autre. Dans les travaux de recherche, toute augmentation de ce type de transition est souvent considérée comme positive, puisqu’il est avéré que le fait de changer d’emploi est généralement associé à des possibilités d'avancement professionnel et de hausse de salaire (Topel et Ward, 1992[7] ; Hahn et al., 2018[8])5. Néanmoins, les changements d’emploi peuvent être involontaires et ne débouchent pas nécessairement sur de meilleurs résultats (comme c’est le cas par exemple pour les travailleurs qui changent d’emploi à l’issue de leur contrat à durée déterminée). Malheureusement, les données disponibles ne permettent pas de procéder à cette distinction.
Pour déterminer si l’évolution de l’ancienneté dans l’emploi est liée à une augmentation des transitions vers le non-emploi, la section examine : i) les transitions de l’emploi au non-emploi (hors transitions vers la formation), et ii) l’évolution de la probabilité de se trouver involontairement au chômage, à la suite d’un licenciement ou à l’issue d’un contrat à durée déterminée.
Les données qui montrent que la réduction de l’ancienneté dans l’emploi est provoquée par une mobilité professionnelle accrue sont contrastées selon les pays
Ces dix dernières années, les flux d’emploi à emploi ont augmenté dans plus de la moitié des 27 pays considérés après prise en compte des évolutions démographiques (Graphique 3.3)6,7. Parallèlement, les transitions vers le non-emploi ont diminué sur la période dans la plupart des pays. Il semble donc que la contraction de l’ancienneté dans l’emploi soit plus généralement liée à une mobilité professionnelle accrue plutôt qu’aux transitions de l’emploi au non-emploi. Ce phénomène est particulièrement évident en Allemagne, au Royaume-Uni et en Slovénie. Toutefois, dans dix pays, les flux d’emploi à emploi ont reculé, de manière particulièrement prononcée en Lettonie, en Espagne, en Finlande, en Islande et aux États-Unis.
Le risque de transition involontaire vers le chômage reste stable en moyenne dans les pays
Sur la même période, la part des travailleurs ayant basculé involontairement dans le chômage (à la suite d’un licenciement ou à l’issue d’un contrat à durée déterminée) est restée stable en moyenne dans la zone OCDE, mais on observe de fortes disparités entre les pays. Après prise en compte des facteurs démographiques, la probabilité de basculer de manière involontaire dans le chômage a fortement progressé aux Pays-Bas, en Italie, en Grèce, en Lettonie et en Espagne, alors qu’elle a enregistré son plus fort recul en Suède, en France, en Allemagne et en Pologne (Graphique 3.4).
Cinq des douze pays dans lesquels le risque de cessation d'emploi involontaire a augmenté (Graphique 3.4) ont aussi enregistré une baisse des flux d’emploi à emploi (Graphique 3.3). Il s’agit de l’Italie, de l’Australie, du Danemark, de l’Espagne et de la Lettonie. Par conséquent, l’évolution de la mobilité dans ces pays semble liée à une intensification des risques et des incertitudes qui pèsent sur les travailleurs8. À l’inverse, sur les douze pays dans lesquels le risque de cessation d'emploi involontaire a diminué, dix ont vu leurs flux d’emploi à emploi augmenter (à l’exception de l’Islande et de la Finlande). C’est en Suède, en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Hongrie que l’on observe les plus forts replis des cessations d’emploi involontaires et les augmentations les plus marquées des passages d’un emploi à un autre.
L’accroissement du risque de chômage involontaire a davantage touché les hommes
Si les variations constatées sur le front des cessations d’emploi involontaires sont limitées en moyenne dans la zone OCDE, les hommes ont été plus durement touchés que les femmes d’une manière générale. Parmi les hommes, l’augmentation des cessations d’emploi involontaires a été de la même ampleur (moins d'un demi-point de pourcentage) quels que soient le niveau d’études et la classe d’âge, à deux exceptions notables toutefois (Graphique 3.5) : les travailleurs seniors hautement qualifiés et les hommes jeunes peu qualifiés ont enregistré un recul des cessations d’emploi involontaires d’un peu plus d’un demi-point de pourcentage.
Le tableau est nuancé pour les femmes : on constate une corrélation négative entre le taux de cessations d’emploi involontaires enregistré par une catégorie donnée avant la crise et celui de la même catégorie après la crise. Les femmes jeunes peu et moyennement qualifiées affichaient le plus grand nombre de cessations d’emploi involontaires avant la crise et ont enregistré le plus fort recul après la crise (de 0.5 et 1.2 point de pourcentage respectivement). Pour les femmes plus âgées et les femmes d’âge très actif peu et moyennement qualifiées, le taux de cessations d’emploi involontaires a peu, voire pas du tout, diminué. Les femmes hautement qualifiées toutes classes d’âge confondues – qui affichaient le plus faible taux de cessations d’emploi involontaires avant la crise – ont enregistré une progression comparable à celle constatée pour leurs homologues masculins.
Dans l’ensemble, le bilan est mitigé à l’échelle de l'OCDE et le recul de la stabilité n’est pas nécessairement associé à une mobilité professionnelle accrue
L’hypothèse selon laquelle la stabilité de l’emploi recule sous l’effet de l’accroissement de la mobilité professionnelle est relativement étayée dans les pays de l'OCDE. Après prise en compte de l’évolution de la composition, l’ancienneté dans l’emploi est orientée à la baisse en moyenne, de même que les transitions vers le non-emploi ; les transitions d’un emploi à un autre sont quant à elles en hausse. Toutefois, l'ampleur de ces changements est limitée et traduit davantage une hétérogénéité importante entre les pays qu'une tendance claire. Une tendance se dégage tous groupes démographiques confondus, à savoir que les travailleurs non diplômés du deuxième cycle du secondaire sont ceux qui ont enregistré le plus fort recul de la stabilité de l’emploi.
Ces observations montrent à quel point il est nécessaire d’engager des actions bien pensées afin de veiller à ce que les travailleurs victimes d’une précarisation de l’emploi puissent compter sur des filets de sécurité adaptés, des mesures d’activation efficaces (et, si possible, préventives), et des possibilités suffisantes de formation et de reconversion. Même lorsque la contraction de l’ancienneté dans l’emploi résulte d’une plus grande mobilité d’un emploi à un autre (ce qui peut constituer une évolution positive), les pouvoirs publics doivent s’assurer que la fragmentation des parcours professionnels ne pénalise pas les travailleurs en termes d’accès à la protection sociale ou à la formation.
3.2. L’avenir du travail sera marqué non pas par le chômage, mais par le sous-emploi
L’avenir du travail ne sera peut-être pas caractérisé par une montée du chômage (voir chapitre 2), mais est-ce qu’il sera synonyme de généralisation du sous-emploi ? La présente section montre que le sous‑emploi est en hausse dans plusieurs pays depuis quelque temps. S’il est étroitement lié au cycle économique, le sous-emploi est aussi influencé par les changements structurels qui continuent de s’opérer sur le marché du travail. Ainsi, la fréquence du sous-emploi est plus élevée dans le secteur des services et dans les professions peu qualifiées (MacDonald, à paraître[2] ; Valletta, Bengali et van der List, à paraître[9]), qui se développent depuis plusieurs décennies (OCDE, 2017[10]).
Les travailleurs en situation de sous-emploi sont particulièrement pénalisés sur le marché du travail9. Ils perçoivent généralement un salaire horaire inférieur et ont des conditions de travail moins bonnes par rapport à des travailleurs au profil comparable occupant des emplois à temps plein ou à temps partiel choisi (MacDonald, à paraître[2]). Il est donc essentiel de comprendre les variations entre les différentes catégories de travailleurs en termes de sous-emploi afin d'être en mesure d'élaborer des politiques publiques propres à améliorer l'inclusivité sur le marché du travail.
Cette section apporte de nouveaux éléments sur l’évolution récente du risque de sous-emploi pour différentes catégories de travailleurs, en s’appuyant sur des données portant sur 33 pays de l'OCDE et la Colombie, entre 2006 et 2017. Les travailleurs en situation de sous-emploi sont définis comme ceux qui exercent leur emploi principal à temps partiel et qui déclarent soit n’avoir pas réussi à trouver d’emploi à temps plein, soit souhaiter effectuer davantage d’heures de travail10. Sont ainsi exclues de l’analyse les personnes qui poursuivent leurs études, afin de s’assurer que les résultats ne tiennent pas à une augmentation du nombre d’étudiants désireux de travailler à temps partiel.
3.2.1. La fréquence du sous-emploi varie d’un pays à l’autre et a augmenté de manière plus marquée dans ceux qui ont été le plus durement touchés par la crise
Le niveau de sous-emploi varie considérablement entre les pays (Graphique 3.6). En moyenne dans les pays de l'OCDE en 2017, un tiers environ des travailleurs à temps partiel étaient en situation de sous-emploi, soit 5.5 % environ de tous les salariés. En Italie, en Espagne et en Australie, 10 % ou plus des salariés étaient en situation de sous-emploi en 2017, tandis que cette proportion était inférieure à 2 % en Colombie, au Japon, en Estonie, en Turquie, en Hongrie et en République tchèque.
La récession a évidemment largement contribué à la montée du sous-emploi dans certains pays. Ainsi, en Irlande, en Italie, en Grèce et en Espagne, pays durement touchés par la crise, le sous-emploi a progressé de 6.2 points de pourcentage en moyenne, contre une augmentation moyenne de 1.1 point à l’échelle de l'OCDE11. En fait, la poussée enregistrée dans ces pays explique en grande partie la progression globale du sous-emploi. Si l’on exclut ces quatre pays, le sous-emploi a augmenté de 0.4 point en moyenne dans la zone OCDE.
Pour autant, le niveau du sous-emploi était plus élevé en 2017 qu’en 2006 dans plusieurs pays ayant déjà bien engagé leur processus de reprise ou peu touchés par la récession (comme l’Australie, les États-Unis, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni). Il semble donc que l’augmentation observée du sous-emploi est en partie liée à des changements structurels de long terme qui vont au-delà des fluctuations à court terme du cycle économique.
3.2.2. La montée du sous-emploi est aussi imputable à des mutations structurelles de long terme
Dans les pays de l'OCDE, le sous-emploi s’inscrit en hausse, même en tenant compte des fluctuations conjoncturelles, comme en témoigne la ligne en pointillés du Graphique 3.712. La convergence entre les tendance corrigées et non corrigées ces dernières années donne à penser que le sous-emploi ne devrait pas reculer beaucoup plus, à moins d’une tension particulièrement accrue sur les marchés du travail dans les années précédant immédiatement la récession.
Le principal changement structurel contribuant à la hausse du sous-emploi après prise en compte des effets conjoncturels est la croissance lente mais soutenue du secteur des services. Le Graphique 3.7 montre que la tendance corrigée de l'évolution de la composition sectorielle est beaucoup plus plate que celle corrigée des effets conjoncturels uniquement. Il apparaît, au vu de l’écart croissant entre ces deux courbes depuis la récession, que le rôle joué par l’expansion du secteur des services dans l’augmentation du sous-emploi s’est intensifié dernièrement. Ces résultats sont conformes à ceux obtenus pour les États-Unis par Valletta, Bengali et Van Der List (à paraître[9]).
Certains pans du secteur des services sont beaucoup plus touchés par le sous-emploi que le secteur manufacturier. Par exemple, en 2017, le secteur de l’hôtellerie-restauration comptait 12.2 % de travailleurs en situation de sous-emploi, contre 1.8 % seulement dans l’industrie manufacturière (Graphique 3.8). Un tel écart s’explique notamment par le fait que les entreprises de ces secteurs privilégient souvent le travail à temps partiel pour faire face aux fluctuations de la demande (Euwals et Hogerbrugge, 2006[11]). Dans ce contexte, le choix du travail à temps partiel étant davantage dicté par les préférences des employeurs que par celles des travailleurs, il est plus probable qu’il aboutisse à un temps partiel subi. Cet argument laisse à penser que le sous-emploi pourrait être particulièrement important sur les marchés du travail où les travailleurs ont un pouvoir de négociation limité par rapport à leurs employeurs (le chapitre 4 examine plus en détail la question du pouvoir de monopsone).
Les autres facteurs qui entrent en jeu dans l’accroissement du sous-emploi sont la progression de la proportion de professions peu qualifiées et l'essor des formes d'emploi atypiques (MacDonald, à paraître[2]). Le développement des professions peu qualifiées (associé à l’expansion du secteur des services) est une tendance bien connue qui touche un grand nombre de pays de l'OCDE – voir OCDE (2017[10]) et la section 3.3. Le chapitre 2 étudie l’émergence des contrats de travail à temps partiel très atypiques, comme le travail à la demande ou les contrats zéro heure, qui ne garantissent pas un nombre d’heures de travail fixe, voire d’heures de travail tout court.
Les dynamiques structurelles qui sous-tendent la hausse du sous-emploi devraient persister à l’avenir, il est donc probable que le sous-emploi continue de concerner un nombre important (voire croissant) de travailleurs.
3.2.3. La hausse du sous-emploi a été plus marquée pour les jeunes et pour les travailleurs non diplômés du supérieur
La fréquence du sous-emploi s’est intensifiée davantage pour les travailleurs jeunes et ceux qui ont un niveau d’études faible ou moyen (Graphique 3.9). Quels que soient la classe d’âge et le sexe, les personnes les moins instruites sont celles qui ont enregistré la plus forte hausse du risque de sous-emploi. Indépendamment du niveau de formation et du sexe, les travailleurs jeunes sont davantage concernés par la montée du sous-emploi que les seniors, à une seule exception, à savoir les femmes peu qualifiées d’âge très actif dont la probabilité de se trouver en situation de sous-emploi est plus élevée que celle de leurs collègues plus jeunes et que de toute autre catégorie (à un peu plus de 4 points de pourcentage). Au total, trois des quatre catégories dont le risque de sous-emploi a le plus augmenté comprennent des jeunes (hommes et femmes) non diplômés de l’enseignement supérieur. Pour toutes ces catégories, la hausse enregistrée est supérieure à 3.0 points de pourcentage.
Par pays, les jeunes ont enregistré une hausse de la probabilité d’être en situation de sous-emploi dans 23 des 34 pays considérés dans l’analyse (voir Graphique d’annexe 3.A.2). En moyenne, cette hausse s’établit à 2.4 points de pourcentage pour les jeunes dans tous les pays, mais quinze ont enregistré une progression plus marquée, supérieure à dix points dans trois pays (Espagne, Grèce et Italie).
3.2.4. Les femmes sont toujours beaucoup plus susceptibles que les hommes d'être victimes du sous-emploi, en dépit d’une hausse supérieure à la moyenne du risque de sous-emploi pour les hommes peu qualifiés
La proportion de travailleurs en situation de sous-emploi a augmenté de 1 point de pourcentage environ pour les hommes comme pour les femmes, mais ces dernières partaient d’un niveau initial bien plus élevé. En 2017, la proportion de travailleurs salariés en situation de sous-emploi s’élevait à près de 8 % pour les femmes (tous niveaux d’instruction et âges confondus) et à 3.2 % seulement pour les hommes. Concernant certains des groupes d’âge et de niveau d’instruction présentés dans le Graphique 3.9, la situation relative des femmes s’est améliorée uniquement parce que celle des hommes s’est détériorée davantage (comme c’est le cas pour les jeunes travailleurs peu qualifiés).
Si le sous-emploi continue de toucher davantage les femmes, sa fréquence a augmenté notamment parmi les hommes non diplômés de l’enseignement supérieur. S’agissant des hommes d’âge très actif peu qualifiés, la fréquence du sous-emploi a presque doublé, passant de 2.7 % en 2006 à 5.1 % en 2017. Parallèlement, elle a augmenté de près de 80 % pour les hommes jeunes peu qualifiés, pour atteindre 9.7 %. Parmi les hommes moyennement qualifiés, la fréquence du sous-emploi a été multipliée par deux pour les jeunes (passant de 3.0 % à 6.1 %), tandis qu’elle a augmenté de 79 % pour les hommes d’âge très actif (de 1.3 % à 2.4 %).
La probabilité de se trouver en situation de sous-emploi a augmenté pour les hommes dans 28 des 34 pays considérés (à l’exception de la Colombie, de la Pologne, de la Lituanie, de la Lettonie et de la Hongrie), voir le Graphique d’annexe 3.A.3. La situation des femmes varie davantage entre les pays, puisque leur risque de sous-emploi a en fait reculé dans 13 des 34 pays. Par ailleurs, dans cinq des six pays affichant la plus forte progression de la probabilité de sous-emploi des hommes (c’est-à-dire la République slovaque, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et l’Irlande), les femmes ont été encore plus touchées. Seul le Danemark fait exception puisque les hommes ont vu leur risque de sous-emploi augmenter davantage que celui des femmes.
3.3. Polarisation de l’emploi et accès à des emplois de qualité
La part des professions moyennement qualifiées a diminué dans la plupart des pays de l'OCDE au cours des dernières décennies (OCDE, 2017[10]). L'une des principales préoccupations des pouvoirs publics est que ce phénomène pourrait être à l’origine d’un recul de la proportion d'emplois moyennement rémunérés, desquels dépend traditionnellement le niveau de vie de la classe moyenne. Cette crainte est souvent relayée dans la presse (Yglesias, 2014[12] ; Elliot, 2017[13]) ainsi que dans les débats universitaires et politiques sur l’évolution de la situation de la classe moyenne ces dernières années (Vaughan-Whitehead, Vazquez-Alvarez et Maître, 2016[14] ; Pew Research Center, 2015[15]). Toutefois, la proportion d’emplois moyennement rémunérés pourrait se maintenir si les professions peu ou hautement qualifiées offrent de plus en plus des salaires proches de la rémunération médiane. La polarisation de l’emploi occupe une place de premier plan dans les discussions portant sur l’avenir du travail, mais il est surprenant de constater qu’il existe peu de données sur la stabilité de la proportion des emplois moyennement rémunérés.
Cette section apporte donc un nouvel éclairage sur cette question, en s’appuyant sur des données issues de 32 pays et couvrant la période comprise entre 2006 et 201613. Le choix de cette période de référence s’explique par la nécessité de disposer de données fiables sur les salaires pour un grand nombre de pays. Les emplois sont classés comme hautement, moyennement ou peu qualifiés en fonction de la profession de laquelle ils relèvent. La classification retenue est la même que celle utilisée dans OCDE (2017[10]) et dans la plupart des travaux antérieurs cités ici14. La distribution des emplois selon qu’ils offrent une rémunération élevée, moyenne ou faible dépend du niveau de leur salaire horaire par rapport au salaire horaire médian sur une année donnée. Conformément à la définition standard de l'OCDE15, les emplois peu rémunérés sont ceux dont le salaire est inférieur à deux tiers du salaire médian, tandis que les emplois à la rémunération élevée sont ceux dont le salaire est supérieur à 1.5 fois le salaire médian16.
3.3.1. La contraction de la part des emplois moyennement qualifiés n’a pas entraîné de recul de la proportion de travailleurs moyennement rémunérés
Ces dix dernières années, la polarisation constatée sur les marchés du travail de la zone OCDE s’est poursuivie, la plus grande partie du recul des professions moyennement qualifiées étant compensée par l’expansion des professions hautement qualifiées (voir Graphique d’annexe 3.A.4). Ce phénomène a fait suite à une tendance connue qui remonte au moins aux années 90 (OCDE, 2017[10]), qui s’est accélérée pendant la crise économique (Green, à paraître[16]). Entre 2006 et 2016, la part des emplois moyennement qualifiés a reculé dans les 31 pays considérés, à l’exception du Luxembourg17. En moyenne, cette contraction était légèrement supérieure à 5 points de pourcentage, et elle a été entièrement compensée par une hausse de la part des emplois hautement qualifiés.
Pour étudier l’influence de la polarisation de l’emploi sur la part des emplois à la rémunération moyenne, le Graphique 3.10 présente une décomposition en deux volets des changements observés dans la part totale des emplois à la rémunération faible, moyenne et élevée. Le premier volet correspond à « l’impact de la polarisation de l’emploi », déterminé par les changements de la taille relative des différentes professions. Par exemple, on peut considérer que la contraction de la part des emplois moyennement qualifiés – qui sont aussi généralement moyennement rémunérés – pourrait avoir entraîné un recul de la part des emplois moyennement rémunérés. Le deuxième volet dépend de l’évolution de la propension des différentes professions à offrir des salaires moyens. Ainsi, la part des emplois à la rémunération moyenne pourrait s’accroître du fait d’une hausse de la proportion d’emplois hautement ou peu qualifiés proposant des salaires moyens. Étant donné que cela équivaudrait à une « réorientation » de la distribution de ces professions vers la rémunération moyenne, on désigne ce phénomène par le terme de « réorientation des professions » dans la présente analyse.
Dans la plupart des pays de l'OCDE, la part des emplois moyennement rémunérés s'est accrue en dépit de la contraction de la part des emplois moyennement qualifiés
Loin de diminuer, la part des emplois à la rémunération moyenne a augmenté de près de 2 points de pourcentage en moyenne dans les 31 pays considérés (partie B du Graphique 3.10)18. En 2016, la proportion moyenne d’emplois moyennement rémunérés s’élevait à 60 % au plan international, dans une fourchette comprise entre 45 % en Lituanie et 77 % au Danemark. Elle a augmenté dans 18 pays, avec des progressions de plus de 10 points de pourcentage observées en Hongrie, en Pologne et en Grèce. Parmi les 13 pays dans lesquels la part des emplois moyennement rémunérés a diminué, ce recul n’a pas dépassé -2 points de pourcentage en moyenne. C’est en Espagne que la contraction a été la plus marquée (‑7 points) suivie par l’Estonie (‑4 points). Elle a aussi reculé en Australie (-3 points), sous l’effet toutefois de l’augmentation de la part des emplois à la rémunération élevée plutôt que de la part des emplois faiblement rémunérés.
Au total, la polarisation de l’emploi n’explique qu’une petite partie de l’évolution de la part des emplois moyennement rémunérés : la plus grande partie tient en fait à l’évolution de la propension des différentes professions à proposer des rémunérations moyennes. Or cela n’a rien à voir avec la hausse ou la baisse de la part des emplois moyennement rémunérés. En moyenne dans tous les pays, la polarisation de l’emploi a réduit la part des emplois moyennement rémunérés de 0.8 point de pourcentage, tandis que l’évolution de la propension des professions à proposer des salaires moyens a augmenté la part des emplois moyennement rémunérés de plus de 2.5 points de pourcentage, ce qui aboutit à une progression nette totale d’un peu moins de 2 points19.
La part des emplois à la rémunération élevée n’a pas augmenté aussi rapidement que celle des professions hautement qualifiées
D’une manière générale, la polarisation de l’emploi a contribué à l’accroissement de la part des emplois à la rémunération élevée dans tous les pays, mais la baisse de la propension des différentes professions à offrir des rémunérations élevées a limité la progression de la part des emplois fortement rémunérés (partie C du Graphique 3.10). En moyenne, la polarisation de l’emploi a contribué à hauteur de 1.3 point de pourcentage à la croissance des professions à la rémunération élevée, tandis que la baisse de la propension des différentes professions à offrir des rémunérations élevées a fait reculer de 1.8 point la part des professions hautement rémunérées, ce qui aboutit à une légère contraction nette de ‑0.5 point. Autrement dit, la part des emplois à la rémunération élevée a globalement enregistré une progression moindre qu’attendue au vu de la réorientation de la structure des professions vers les professions hautement qualifiées. C’est ce que l’on peut observer dans la grande majorité des pays20. En 2016, la part moyenne des emplois à la rémunération élevée (par rapport au salaire médian de chaque pays) s’élevait à 21 % tous pays confondus, dans une fourchette comprise entre 11 % au Danemark et 29 % au Portugal.
En moyenne dans les 31 pays, la part des emplois faiblement rémunérés a diminué de 1.3 point de pourcentage (partie A du Graphique 3.10). Ce recul s’explique à hauteur de 0.5 point de pourcentage par le fait que les professions hautement qualifiées se sont davantage développées que les autres. Le reste (0.8 point) tient à la baisse de la propension des différentes professions à proposer de faibles rémunérations. 20 des 31 pays considérés ont vu la part des emplois faiblement rémunérés diminuer.
La polarisation de la structure des professions n’a pas entraîné d’évidemment de l’échelle de rémunération
La principale conclusion à tirer de cette analyse est que la polarisation de l’emploi n’a entraîné ni de contraction de la part des emplois moyennement rémunérés ni de hausse de la part des emplois à la rémunération élevée, comme on aurait pu s’y attendre. Au lieu de cela, l’évolution de la propension des différentes professions à proposer des salaires moyens a eu pour effet d’accroître la proportion d’emplois moyennement rémunérés et de faire diminuer celle des emplois à la rémunération élevée.
Ces résultats mettent en évidence l’évolution de la corrélation entre les niveaux de compétence des professions et les niveaux de rémunération relative, qui devrait avoir des répercussions variables sur les travailleurs, avec à la clé des gagnants et des perdants, qu’il est important d’identifier. En fait, à mesure que la propension des différentes professions à offrir des salaires de différents niveaux évolue, les caractéristiques des travailleurs qui exercent ces professions évoluent elles-aussi. Ce phénomène est en partie lié aux tendances sociodémographiques, comme la hausse du taux d’activité des femmes, le vieillissement démographique et le relèvement du niveau d’études. Mais la propension des différentes catégories de travailleurs à exercer différentes professions évolue elle-aussi (voir Encadré 3.1).
Dans ce contexte, pour recenser ceux qui ont perdu du terrain sous l’effet de tous ces changements, la prochaine section analyse l’évolution de la probabilité d’occuper un emploi à bas salaire pour les hommes et pour les femmes de classes d’âge et de niveaux d’études différents.
Encadré 3.1.Avec la polarisation des marchés de l’emploi, les travailleurs non diplômés de l’enseignement supérieur sont plus nombreux à occuper des emplois peu qualifiés
Vers quels emplois se dirigent les travailleurs qui occupaient traditionnellement des emplois moyennement qualifiés ? Il s’agit d’une question essentielle pour comprendre les implications de la polarisation de l’emploi pour les travailleurs. La réponse à cette question pourrait en outre étayer les mesures à mettre en œuvre pour contrer les effets non désirés de la polarisation de l’emploi.
La destruction des emplois moyennement qualifiés peut être source de difficultés pour les travailleurs concernés, mais cela n’a rien d’une fatalité. Les travailleurs peuvent être en mesure de se recycler rapidement ou de travailler avec leur employeur pour opérer une transition vers des emplois hautement qualifiés. La destruction des emplois moyennement qualifiés peut aussi être partiellement liée à un processus d’attrition selon lequel personnes qui occupent ces emplois et qui partent à la retraite ne sont pas tous remplacés. Il se peut aussi que les travailleurs qui perdent leurs emplois moyennement qualifiés ne puissent retrouver du travail que dans des professions peu qualifiées, ou qu’ils décident de quitter le marché du travail au vu de la détérioration de leurs conditions de rémunération et de leurs perspectives professionnelles.
L'OCDE, dans le cadre de travaux récents, fournit les premières données comparatives sur les conséquences de la contraction de la part des emplois moyennement qualifiés sur les travailleurs non diplômés de l’enseignement supérieur, qui sont majoritaires parmi les travailleurs occupant des emplois moyennement qualifiés (Green, à paraître[16]). Les recherches précédentes s’appuyaient sur des études par pays (Jaimovich, Siu et Cortes, 2017[17] ; Bachmann, Cim et Green, 2018[18] ; Maczulskij et Kauhanen, 2017[19] ; Salvatori, 2018[20]).
Entre le milieu des années 90 et le milieu des années 2010 dans la zone OCDE21, la proportion des hommes d’âge actif (occupant un emploi ou non) ayant un niveau d’instruction moyen et exerçant une profession moyennement qualifiée a reculé de 2.9 points de pourcentage, de 40.4 % à 37.5 %, tandis que la part de ceux qui occupent un emploi peu qualifié est passée de 11.3 à 15.4 %. Les femmes moyennement qualifiées ont enregistré une réorientation encore plus marquée de l’emploi moyennement qualifié vers l’emploi peu qualifié : ainsi, la part des femmes au niveau d’instruction moyen qui occupent un emploi moyennement qualifié a diminué de 6.0 points, passant de 22.6 % à 16.6 %, tandis que leur part dans les emplois peu qualifiés a augmenté de 18.1 % à 28.0 %. Ce phénomène est en partie lié à l’accroissement du taux d’activité des femmes. Le rapport emploi/population des femmes moyennement qualifiées a en effet progressé de 4 points de pourcentage sur la période.
La proportion d’hommes ayant un faible niveau d’instruction qui occupent des emplois peu qualifiés a elle aussi augmenté, de 12.0 % à 14.8 %, tandis que leur part dans les emplois moyennement qualifiés a reculé de 7.8 points. Sur la même période, la proportion des hommes peu qualifiés en situation de non-emploi est passée de 47.1 % à 53.3 % (voir aussi la section 3.3.3).
La proportion de femmes ayant un faible niveau d’instruction qui occupent des emplois moyennement qualifiés a reculé de 5.5 points de pourcentage, de 19.2 % à 14.7 %, tandis que leur part dans les emplois peu qualifiés a augmenté dans les mêmes proportions, passant de 17.2 % à 22.4 %. La proportion de femmes peu qualifiées occupant un emploi est restée stable sur la période.
Pour résumer, on observe une diminution sensible du nombre de travailleurs non diplômés du supérieur exerçant un emploi moyennement qualifié. Or, ces emplois assuraient un bon niveau de vie à de nombreux travailleurs. Cela signifie que les travailleurs non diplômés du supérieur qui occupaient auparavant un emploi moyennement qualifié sont de plus en plus nombreux à passer à des emplois peu qualifiés, voire à quitter purement et simplement le marché du travail.
3.3.2. La probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré s’est accrue pour certaines catégories de travailleurs
En moyenne, tous les travailleurs, quels que soient leur âge, leur niveau d’études ou leur sexe, ont aujourd’hui moins de chances d’occuper un emploi à la rémunération élevée, avec un recul plus particulièrement marqué pour les travailleurs hautement qualifiés (Graphique 3.11)22. Pour toutes les catégories de travailleurs, cela s’est traduit par une probabilité accrue de se situer dans la tranche de rémunération intermédiaire, mais aussi, pour certains, par une probabilité légèrement plus élevée d’occuper un emploi faiblement rémunéré. En particulier, si la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré a diminué en moyenne pour les hommes comme pour les femmes23, les résultats varient selon le niveau d’études et la classe d’âge.
La fréquence des emplois à bas salaire s’est plus particulièrement accrue parmi les jeunes et les travailleurs moyennement qualifiés
Tous les niveaux d’études ont vu leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré augmenter dans la zone OCDE entre 2006 et 201624. Les variations enregistrées sont très limitées, la plus importante s’élevant à 0.8 point de pourcentage seulement pour les travailleurs moyennement qualifiés25. La faible variation moyenne s’explique par des divergences très importantes entre les pays26.
En moyenne dans les pays, les travailleurs peu et moyennement qualifiés sont davantage concernés que les travailleurs hautement qualifiés par le déplacement de l’emploi vers les professions peu rémunérées. Ainsi, les travailleurs peu qualifiés ont vu leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré augmenter dans 18 des 32 pays considérés (hausse moyenne : 4 points de pourcentage), et les travailleurs moyennement qualifiés dans 23 pays (hausse moyenne : 3 points de pourcentage) (voir le Graphique d’annexe 3.A.5). Dans un peu plus de la moitié seulement des pays (17), ces deux catégories de travailleurs réunies ont enregistré un glissement net de l’emploi vers les professions peu rémunérées. L’Encadré 3.2 examine, à l’échelle de l’ensemble de la distribution des salaires, les conséquences de ces changements sur les écarts de rémunération en fonction des niveaux d’études.
S’agissant des classes d’âge, seule la plus jeune a enregistré une hausse de la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré en moyenne dans les pays considérés, hausse très limitée d’ailleurs (à 0.2 point de pourcentage, Graphique 3.11)27. Cette hausse a été constatée dans 15 des 32 pays considérés (moyenne de 6.5 points), et elle a abouti à un déplacement net des jeunes travailleurs vers les emplois peu rémunérés dans 13 pays. À titre de comparaison, pour les travailleurs de 30 à 50 ans, la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré a reculé en moyenne dans la zone OCDE d’un peu plus de 1 point de pourcentage, et n’a augmenté que dans 8 pays (voir le Graphique d’annexe 3.A.6).
En dépit des divergences constatées entre les pays, les résultats de l’analyse mettent en évidence une légère hausse, en moyenne, de la probabilité d’occuper un emploi à bas salaire pour les travailleurs jeunes et ceux qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur. Ces résultats ne s’expliquent pas par une augmentation des effectifs scolarisés puisqu’ils sont obtenus sans prendre en compte les personnes qui poursuivent des études et sont confirmés lorsque l’on restreint l’échantillon aux travailleurs à temps plein. Il serait donc utile d’examiner plus en détail la situation des travailleurs jeunes en fonction de leur niveau d’études.
La probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré s’est accrue pour les jeunes moyennement qualifiés
Les jeunes peu et moyennement qualifiés sont concernés par la réorientation de l’emploi vers les professions faiblement rémunérées. Dans un souci de concision, la partie A du Graphique 3.12 présente les résultats des jeunes moyennement qualifiés. En moyenne, ces derniers ont vu leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré augmenter davantage que celle des travailleurs jeunes et peu qualifiés (2.6 points de pourcentage contre 0.3). Par ailleurs, ils constituent un groupe de population plus important et plus stable qui est au premier plan des discussions sur l’action à mener dans de nombreux pays depuis quelques années28.
La probabilité qu’un jeune moyennement qualifié occupe un emploi faiblement rémunéré a augmenté de 2.6 points de pourcentage en moyenne dans les pays considérés. Ce phénomène s’est accompagné d’un recul comparable de la probabilité qu’ont ces jeunes d’occuper un emploi moyennement ou hautement qualifié (‑1.1 point et ‑1.5 point respectivement), sans écart notable selon le sexe. Par conséquent, la proportion de travailleurs jeunes moyennement qualifiés occupant un emploi à bas salaire s’élevait à 38 % en 2016 29.
La probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré a augmenté pour les travailleurs jeunes moyennement qualifiés dans deux tiers des pays (19). L’augmentation moyenne s’établit à 8 points de pourcentage (contre un recul de 6.6 points dans les autres pays). Dans six pays, la probabilité a augmenté de plus de 10 points (France, Norvège, Espagne, Autriche, Danemark et Estonie). Parmi les pays dans lesquels la probabilité a reculé, trois ont enregistré une contraction supérieure à 10 points (Suède, Pologne et Hongrie).
Dans de nombreux pays, même les jeunes ayant un niveau d’études élevé sont concernés par l’accroissement de la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré
Dans de nombreux pays, les jeunes au niveau d’études élevé ont également vu augmenter leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré (partie B du Graphique 3.12). En moyenne, cette probabilité a augmenté de 3.5 points de pourcentage dans la zone OCDE, contribuant à hauteur de plus de moitié à la contraction de 6.5 points de la probabilité d’occuper un emploi à la rémunération élevée. Il en résulte donc qu’en moyenne dans la zone OCDE, les jeunes au niveau d’études élevé sont désormais plus susceptibles d’occuper des emplois à bas salaire que des emplois à la rémunération élevée (21 % contre 14.5 %). C’était déjà le cas dans 18 pays en 2006, auxquels sont venus s’ajouter la Slovénie, l’Islande et l’Autriche en 2016.
La probabilité qu’ont les jeunes très instruits d’occuper un emploi faiblement rémunéré a augmenté dans 22 pays. Cette tendance s’est traduite par un transfert net des emplois vers les professions à bas salaire dans 13 pays. Dans 17 pays, ce transfert net s’est opéré vers les emplois moyennement rémunérés. Le Luxembourg est le seul pays qui a enregistré un transfert net des emplois vers les professions à la rémunération élevée. Les plus fortes progressions de la probabilité d’occuper un emploi à bas salaire ont été constatées au Portugal (16 points de pourcentage), en Irlande (17 points) et en Espagne (20 points), tandis que l’augmentation la plus marquée de la probabilité d’occuper un emploi moyennement rémunéré a été enregistrée en République tchèque (14 points), en Suède (16 points) et en Hongrie (26 points).
3.3.3. Le risque d’être sans emploi après ses études s’est accru pour certaines catégories de population
Compte tenu de l’évolution des types d’emplois occupés en fonction des niveaux de compétence et de rémunération telle que présentée dans la section précédente, il est possible que certains groupes peinent à trouver un emploi. Ainsi, Beaudry et al. (2016[21]) considèrent que l’augmentation du nombre de travailleurs au niveau d’études élevé occupant des emplois peu qualifiés a entraîné une hausse du nombre de travailleurs peu qualifiés sans emploi. Cette section fait donc le point sur l’évolution de la probabilité d’être sans emploi pour les travailleurs âgés de 20 à 60 ans qui ont achevé leurs études.
Encadré 3.2. Évolution de l’avantage salarial associé aux études supérieures
Avec la survenue concomitante de la polarisation de l’emploi et du relèvement du niveau d’études, la répartition des différents groupes de population en fonction du niveau d’études dans les professions et, plus généralement, la distribution des salaires évolue (voir section 3.3.2 et Encadré 3.1). Comment ces changements influent-ils sur l’avantage salarial dont bénéficient les diplômés du supérieur par rapport aux diplômés du secondaire ?
Entre 2006 et 2016, l’avantage salarial moyen dans les pays de l'OCDE pour lesquels on dispose de données relatives à l’enseignement supérieur a reculé de 3.3 points de pourcentage environ (Graphique 3.13)30. On observe toutefois des variations entre les pays. Dans l’ensemble, l’avantage salarial a diminué dans 21 des 32 pays considérés, mais ce recul a dépassé 5 points de pourcentage dans 12 pays seulement. Six pays ont enregistré un repli d’au moins 10 points de pourcentage (Grèce, Pologne, Chili, Slovénie, Hongrie et Portugal). Cinq pays ont enregistré une variation positive ou négative inférieure à 1 point de pourcentage (France, Luxembourg, Canada et Lettonie). Dans trois pays, la prime salariale a progressé de plus de 5 points de pourcentage (Belgique, Royaume-Uni et Estonie).
La polarisation de l’emploi et d’autres effets de composition contribuent à hauteur de 40 % environ à expliquer la contraction de l’avantage salarial moyen. À profession, âge et sexe constants, la contraction moyenne dans tous les pays s’établit à 2.1 points de pourcentage. En général, cette estimation corrigée est inférieure à l’estimation brute dans les pays où l’avantage salarial s’inscrit en baisse, surtout dans ceux où cette baisse est marquée. Même dans les pays où l’avantage salarial global augmente, l’évolution de la composition de la main-d’œuvre pèse souvent sur l’avantage salarial, comme en témoigne le fait que l’estimation corrigée est supérieure à l’estimation brute.
Les différences entre les emplois en termes de dynamique des salaires ont aussi joué un rôle déterminant dans l’évolution de l’avantage salarial lié aux études dans la plupart des pays. Cela tient en grande partie au fait que la croissance moyenne des salaires entre 2006 et 2016 a été particulièrement limitée dans les emplois hautement qualifiés, où se concentre une forte proportion de travailleurs hautement qualifiés. En effet, une fois prises en compte les différences de progression des salaires entre les professions, l’évolution moyenne de l’avantage salarial lié aux études dans les 32 pays considérés est positive (+1.5 point), et elle ne reste négative que dans 12 pays (en deçà de 1 point de pourcentage dans deux d’entre eux, à savoir l’Australie et l’Italie).
Les différences entre les professions en termes de progression des salaires ont été particulièrement déterminantes dans les pays qui ont accusé les plus fortes contractions de l’avantage salarial brut lié aux études. Parmi les cinq pays ayant enregistré les plus forts replis, la prise en compte de la profession, de l’âge, du sexe et de la croissance des salaires par profession atténue la contraction estimée de l’avantage salarial de plus de 80 % dans trois pays (Portugal, Slovénie et Pologne), et de 60 % dans les deux autres (Hongrie et Chili). La contraction moyenne enregistrée dans ces pays passe ainsi de 18 à 4 points de pourcentage environ.
L’avantage salarial lié aux études dans les différentes catégories professionnelles est stable ou en hausse en moyenne dans les pays. Il est notamment resté stable dans les professions hautement qualifiées, tandis qu’il a augmenté de 3 points de pourcentage environ dans les professions peu et moyennement qualifiées. Pour ces trois catégories professionnelles, l’avantage salarial lié aux études a diminué dans moins de la moitié des pays considérés.
Pour résumer, si les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur conservent un avantage salarial dans les pays de l'OCDE (OCDE, 2018[22]), cet avantage a diminué depuis une dizaine d’années dans un certain nombre de pays. Ce phénomène tient en partie au fait qu’un nombre de plus en plus important de travailleurs diplômés du supérieur occupent des emplois qui n’offrent pas une rémunération élevée. La principale explication est la faible progression des salaires des emplois hautement qualifiés, qui continuent d’être occupés par une grande partie des travailleurs au niveau d’études élevé. Les données qui montrent une baisse de l’avantage salarial lié aux études au sein des différentes professions sont beaucoup moins probantes. Cela donne à penser que, d’une manière générale, toutes les professions ont réussi à absorber l’offre croissante de travailleurs hautement qualifiés, et que les professions peu et moyennement qualifiées en particulier pourraient traverser une phase de relèvement du niveau de qualification, du moins dans certains pays.
Le risque de non-emploi a augmenté pour les hommes mais diminué pour les femmes
En moyenne, la proportion d’hommes sortis du système éducatif et sans emploi a augmenté (de 2 points de pourcentage), de manière plus particulièrement marquée pour ceux qui sont moins qualifiés. S’agissant des femmes, cette proportion n’a augmenté que parmi les jeunes (tous niveaux d’études confondus) et les femmes de 30 à 50 ans peu qualifiées (Graphique 3.14). De fait, en moyenne dans tous les pays, la proportion de femmes sorties du système éducatif et sans emploi a reculé de 3 points de pourcentage.
La probabilité de non-emploi s’est accrue dans 26 des 32 pays considérés pour les hommes, alors qu’elle a diminué dans autant de pays pour les femmes. Au total, à l’exception de quatre pays (Pologne, Slovénie, Slovaquie et Estonie), la situation des femmes par rapport aux hommes s’est améliorée. Néanmoins, les femmes demeurent beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être sans emploi (27.7 % en moyenne contre 15.8 % en 2016).
Les jeunes peu et moyennement qualifiés sont ceux dont le risque de non-emploi s’est le plus accru
Parmi les personnes sorties du système éducatif, quel que soit leur sexe, la probabilité d’être sans emploi a augmenté plus particulièrement chez les jeunes, notamment les moins qualifiés31,32. En fait, les hommes jeunes et peu qualifiés sont ceux qui ont accusé la plus forte augmentation du risque de non-emploi (+13 points de pourcentage). À l’inverse, ce sont les femmes hautement qualifiées qui ont enregistré l’augmentation la plus limitée (+2 points)33. Lorsque l’on ne tient compte que de la classe d’âge (sans faire de distinction en fonction du sexe ou du niveau d’études), seuls les jeunes ont vu le risque de non-emploi augmenter (+4 points) en moyenne dans la zone OCDE34.
La probabilité qu’un jeune soit sans emploi à la fin de ses études a augmenté dans 25 des pays considérés (voir le Graphique d’annexe 3.A.7). La progression moyenne enregistrée dans l’ensemble des pays considérés s’établit à 4 points de pourcentage pour les jeunes, tandis que les deux autres classes d’âge ont vu leur risque de non-emploi diminuer légèrement. La progression a été supérieure à 10 points de pourcentage dans cinq pays (Islande, Irlande, Italie, Grèce, et Espagne) et inférieure à 1 point de pourcentage en Estonie, Belgique et Corée. Parmi les sept pays dans lesquels le risque de non-emploi a diminué pour les jeunes, les reculs les plus marqués ont été enregistrés en Allemagne (4 points), en République tchèque (5 points) et en Pologne (10 points). Les États-Unis, le Royaume-Uni et la République slovaque ont enregistré une baisse inférieure à 1 point.
Il n’y a que les groupes de travailleurs peu qualifiés qui ont vu leur probabilité d’être sans emploi augmenter aussi fortement que celle des jeunes (Graphique 3.14).
La situation des jeunes se dégrade
Les résultats de cette section mettent en évidence une dégradation de la situation des jeunes sur le marché du travail, qui touche plus particulièrement les jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur. En fait, la fréquence du non-emploi s’est accrue parmi les jeunes sortis du système éducatif dans la plupart des pays, de manière plus marquée parmi les jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, les travailleurs jeunes peu ou moyennement qualifiés ont également vu augmenter le risque d’occuper un emploi faiblement rémunéré lorsqu’ils parviennent à trouver du travail. Seuls deux pays font exception à ces observations, à savoir l’Allemagne et la Pologne.
Même les jeunes au niveau d'études élevé sont moins bien lotis sur le marché du travail dans plusieurs pays. D’ailleurs, étant donné qu’ils ont désormais moins de chances d’occuper des emplois à la rémunération élevée, un plus grand nombre d’entre eux occupent des emplois à bas salaire plutôt que des emplois à haut salaire en moyenne dans l'OCDE.
Même si ces changements ont été de plus ou moins grande ampleur selon les pays, les grandes conclusions de cette section s’appliquent à un grand nombre de pays. Ces derniers ont été touchés plus ou moins durement par la crise économique et, en 2016, la plupart étaient sur le chemin de la reprise depuis plusieurs années. S’il est certain que la durée et l’ampleur de la récession ont contribué à exacerber certains des changements constatés dans les pays, les résultats de l’analyse laissent à penser qu’au total, les tendances qui émergent ne peuvent être interprétées comme étant simplement les conséquences temporaires de la récession dans tous les pays. En effet, la plupart de ces résultats restent valables en moyenne dans l'OCDE même lorsque l’on tient compte du cycle économique ; pour autant, ces conclusions ne peuvent pas être considérées comme définitives compte tenu de la période de temps limitée couverte par les données, qui permet difficilement d’isoler les effets conjoncturels35.
3.4. Conclusions
Il est essentiel de comprendre les effets qu'ont, sur les différents travailleurs, les mutations en cours sur le marché du travail afin de concevoir des mesures propres à renforcer l'inclusivité du marché du travail à l'avenir. Ce chapitre présente de nouvelles données dans trois domaines clés de l'action publique, à savoir la stabilité de l'emploi, le sous-emploi et la disponibilité des emplois aux différents échelons de rémunération.
Si les résultats varient quelque peu d’un domaine et d’un pays à l’autre, les données recueillies montrent que, en moyenne dans les pays de l'OCDE, la situation sur le marché du travail de deux catégories de population, à savoir les jeunes et les travailleurs non diplômés de l’enseignement supérieur, s’est détériorée. Ceux qui appartiennent à ces deux catégories, c’est-à-dire les jeunes non diplômés du supérieur, sont ceux qui ont vu se détériorer leurs résultats au regard de la plupart des dimensions analysées ici et dans un grand nombre de pays.
On constate notamment, depuis une dizaine d’années, une augmentation généralisée du risque d’être sans emploi, d’occuper un emploi faiblement rémunéré ou d’être en situation de sous-emploi pour les jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur. Ces changements sont d’une ampleur variable selon les pays, mais seules l’Allemagne et la Pologne n’ont vu aucun de ces indicateurs se dégrader36. Si les jeunes plus qualifiés tirent globalement mieux leur épingle du jeu que leurs homologues moins qualifiés, leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré a tout de même augmenté dans plusieurs pays.
Il est peu probable que ces changements soient une conséquence passagère de la récente crise financière mondiale. Cette dernière a en effet touché plus ou moins durement les différents pays de l'OCDE, mais la majorité d’entre eux sont sur une trajectoire de reprise depuis plusieurs années : pourtant, la détérioration de la situation des jeunes sur le marché du travail reste manifeste dans les données. Les principales conclusions de l’analyse restent aussi valables lorsque l’on s’efforce de tenir compte des fluctuations conjoncturelles, en dépit de la période limitée couverte par les données. Dans ces conditions, les conclusions de ce chapitre donnent à penser qu’il subsiste d’importants obstacles à surmonter sur le chemin qui mène à des marchés du travail plus inclusifs.
Face à l’assombrissement des perspectives des jeunes, les pouvoirs publics doivent relever un double défi. Tout d’abord, il leur faut améliorer les débouchés offerts aux nouvelles cohortes qui entrent sur le marché du travail. Ensuite se pose le problème des cohortes de jeunes qui sont déjà moins bien loties sur le marché du travail que les générations précédentes. Un grand nombre de travaux montrent en effet que les conditions rencontrées à l’entrée sur le marché du travail ont des répercussions durables sur la trajectoire salariale et professionnelle tout au long de la vie37. Cela signifie que même si une partie des changements présentés dans ce chapitre sont les conséquences de la crise, ils représentent un enjeu majeur pour l’action publique à l’avenir. Accompagner les cohortes qui ont affronté l'environnement difficile des dix dernières années de sorte qu'elles bénéficient de meilleures perspectives à l'avenir sera donc l’un des principaux enjeux des politiques inclusives.
Si l’on analyse la situation sous l’angle de la dimension hommes-femmes, on constate que les hommes sont touchés par une hausse du risque de non-emploi et de sous-emploi dans un certain nombre de pays. Néanmoins, les femmes sont toujours exposées à des risques de sous-emploi et de non-emploi plus importants. Elles restent aussi plus susceptibles que les hommes d’occuper des emplois faiblement rémunérés et ont moins de chances d’exercer des emplois au salaire élevé, même si la probabilité qu’elles occupent des emplois moyennement rémunérés a augmenté. S'il est nécessaire de mieux comprendre les raisons qui expliquent la dégradation de la situation des hommes sur le marché du travail, les mesures visant à résorber les inégalités entre hommes et femmes continuent donc d’être une priorité pour renforcer l’inclusivité sur le marché du travail (OCDE, 2018[1]).
Face à l'ampleur de la tâche, une action sur plusieurs fronts s'impose. Les politiques relatives aux compétences ont un rôle essentiel à jouer pour améliorer le vécu des nouveaux arrivants sur le marché du travail, et pour soutenir la progression professionnelle des cohortes plus âgées. Compte tenu de la mobilité croissante évoquée dans ce chapitre, les politiques en faveur des compétences devront s’adapter pour veiller à ce que les programmes de formation bénéficient aussi à ceux qui ont des parcours professionnels moins stables (voir chapitre 6). L’amélioration du dialogue social et de la réglementation de l’emploi peut contribuer à réduire les déséquilibres dans les relations du travail susceptibles d’avoir des retombées négatives sur les travailleurs plus vulnérables (voir chapitres 4 et 5). Enfin, l’intensification de la précarité de l’emploi décrite dans ce chapitre implique de passer en revue les systèmes de protection sociale existants afin d’empêcher qu’un nombre croissant de travailleurs ne soient pas couverts (voir chapitre 7).
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[10] OCDE (2017), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2017, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/empl_outlook-2017-fr.
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[15] Pew Research Center (2015), The American middle class is losing ground, https://www.pewsocialtrends.org/2015/12/09/the-american-middle-class-is-losing-ground/.
[4] Prising, J. (2016), Four changes shaping the labour market, Forum économique mondial, https://www.weforum.org/agenda/2016/01/four-changes-shaping-the-labour-market/ (consulté le 8 décembre 2017).
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[23] Schwandt, H. et T. von Wachter (2019), « Unlucky Cohorts: Estimating the Long-Term Effects of Entering the Labor Market in a Recession in Large Cross-Sectional Data Sets », Journal of Labor Economics, vol. 37/S1, pp. S161-S198, http://dx.doi.org/10.1086/701046.
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[9] Valletta, R., L. Bengali et C. van der List (à paraître), « Cyclical and Market Determinants of Involuntary Part-Time Employment », Journal of Labor Economics.
[14] Vaughan-Whitehead, D., R. Vazquez-Alvarez et N. Maître (2016), « Is the world of work behind middle-class erosion? », Chapters, pp. 1-61, https://ideas.repec.org/h/elg/eechap/17301_1.html (consulté le 31 janvier 2018).
[12] Yglesias, M. (2014), Robots won’t destroy jobs, but they may destroy the middle class, Vox, https://www.vox.com/2014/8/23/6057551/autor-job-polarization (consulté le 11 septembre 2018).
Annexe 3.A. Résultats complémentaires
Notes
← 1. Le fait de choisir une date de début plus ancienne n’a pas d’incidence sur la qualité des résultats et assure la cohérence avec les autres sections du chapitre.
← 2. On obtient ce résultat au moyen d’une analyse de régression fondée sur l’évolution de l’ancienneté dans l’emploi entre 2006 et 2017, en tenant compte de l’âge des travailleurs, de leur niveau d’études et de leur sexe.
← 3. Par rapport au modèle corrigé pour tenir compte uniquement des évolutions démographiques, le modèle corrigé des effets du cycle économique (écart de production) aboutit à un recul supplémentaire de 4.4 points de pourcentage de l'ancienneté dans l'emploi depuis 2006. L'ancienneté dans l'emploi corrigée des effets conjoncturels a diminué au Canada, en Estonie, en République tchèque, en Lettonie et au Royaume-Uni, tandis que l'ancienneté dans l'emploi corrigée uniquement des évolutions démographiques a augmenté dans ces pays. La prise en compte des effets conjoncturels ne modifie pas l’orientation de l’ancienneté dans l’emploi dans les pays où cette dernière s’inscrit en baisse après prise en compte des effets démographiques.
← 4. On entend par travailleurs hautement qualifiés ceux qui sont diplômés de l’enseignement supérieur. Les travailleurs moyennement qualifiés sont diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, voire au-delà, sans toutefois atteindre le niveau de la licence. Enfin, les travailleurs peu qualifiés sont ceux qui n’ont pas achevé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
← 5. Les indicateurs disponibles sur les transitions d’un emploi à un autre mesurent les changements d'emplois sur plusieurs années calendaires consécutives. Les transitions d’une année sur l’autre peuvent en réalité masquer un ou plusieurs passages de l’emploi au non-emploi au cours de l’année considérée. Ainsi, un travailleur qui occupait un emploi l’année précédente peut avoir traversé une période de non-emploi avant de trouver l’emploi qu’il occupe actuellement ; toutefois, il sera comptabilisé parmi ceux qui ont connu un passage d’un emploi à un autre puisque le statut d’emploi est relevé chaque année. C’est pourquoi cet indicateur ne doit pas être interprété comme illustrant le passage direct d’un emploi à un autre mais plutôt comme une mesure des transitions impliquant de brèves périodes de non-emploi entre deux postes.
← 6. L’analyse repose sur la technique utilisée pour tenir compte des évolutions démographiques dans les données sur l’ancienneté dans l’emploi.
← 7. Il convient de noter que les pays considérés dans l’analyse des flux d’emploi ne correspondent pas parfaitement à ceux qui ont été examinés dans l’analyse de l’ancienneté dans l’emploi, en raison des limites des données. Sont ainsi exclus le Canada, l’Irlande, la Norvège et la Suisse, tandis que le Japon est inclus.
← 8. On relève bien entendu des différences entre ces pays. Par exemple, les évolutions enregistrées au Danemark sont relativement restreintes ; il s’agit en outre du pays qui affiche le plus grand nombre de passages d’un emploi à un autre parmi tous ceux considérés.
← 9. Le terme de « sous-emploi » est parfois utilisé pour désigner des travailleurs occupant des emplois nécessitant un niveau de qualification ou de compétence inférieur au leur. Comme cela est clairement indiqué dans le texte, cette section ne porte que sur le sous-emploi défini comme du travail à temps partiel non choisi.
← 10. Pour une analyse des questions de mesure liées au sous-emploi, consulter (MacDonald, à paraître[2]).
← 11. La moyenne non pondérée de l'OCDE est passée de 4.3 % en 2006 à 5.4 % en 2017.
← 12. Les résultats présentés sont corrigés des effets conjoncturels au moyen d’un terme quadratique du chômage, mais ils offrent le même niveau de qualité si l’on utilise un terme quadratique de l’écart de production. Les résultats présentés ne tiennent compte que de la part de l’emploi dans les secteurs des services où l’on observe un niveau élevé de sous-emploi. Toutefois, il n’est pas surprenant de constater que les résultats sont très similaires lorsque l’on tient compte de la part globale de l’emploi dans le secteur plus général des services.
← 13. On ne dispose de données fiables et comparables que pour quelques pays avant 2006. Au moment de la rédaction du présent document, la plupart des séries de données utilisées aux fins de l’analyse étaient disponibles jusqu’à 2016 au maximum. Les variables considérées dans cette section varient généralement peu d’une année sur l’autre, il est donc peu probable que l’ajout d’une année supplémentaire de données fasse une réelle différence. Par ailleurs, les études réalisées aux fins de l’analyse présentée dans les sections 3.1 et 3.2 (qui s’appuient sur des séries de données différentes) indiquent que les même grandes tendances émergent lorsqu’on prend pour dernière année soit 2017 soit 2016.
← 14. Les professions hautement qualifiées correspondent aux dirigeants et cadres supérieurs d’entreprise, aux professions intellectuelles et scientifiques et aux professions intermédiaires (codes CITP-88 : 1, 2 et 3). Les professions moyennement qualifiées correspondent aux employés de bureau, aux conducteurs d’installations et de machines et aux artisans (codes : 4, 7 et 8). Les professions peu qualifiées correspondent aux employés non qualifiés des services et de la vente et aux ouvriers et employés non qualifiés (codes : 5 et 9). La catégorie 6 de la CITP-88 (« Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture et de la pêche ») n’est pas prise en compte dans l’analyse. Cette classification est conforme à celles utilisées dans les travaux de recherche internationaux. Voir OCDE (2017[10]) et les références ci-après. En règle générale, ces travaux utilisent les salaires moyens par profession comme indicateurs des compétences – voir par exemple Goos et al. (2009[25]) pour une illustration couvrant plusieurs pays. Lorsque l’on utilise les données sur les salaires analysées dans le présent chapitre, le classement moyen des professions au niveau international reflète bien la répartition des professions en fonction du niveau de compétence retenue dans cette analyse et dans d’autres travaux.
← 16. La distribution des salaires utilisée est celle de l’ensemble des salariés. Toutefois, les principales conclusions présentées dans l’analyse sont aussi valables si l’on ne retient que les salariés à plein temps pour calculer les salaires médians.
← 17. Le Mexique n’est pas inclus dans cette analyse en raison d’incohérences dans la classification des professions sur la période considérée.
← 18. Comme indiqué plus haut, les emplois moyennement rémunérés sont définis ici comme ceux dont le salaire est compris entre 66 % et 150 % du salaire médian. Le constat selon lequel la proportion des emplois moyennement rémunérés n’a pas enregistré de recul généralisé au niveau international est valable même si l’on a recours à une définition plus restreinte de cette catégorie d’emplois. En particulier, lorsqu’on utilise huit tranches plus petites (66‑80 %, 81‑90 %, et ainsi de suite jusqu’à 140‑150 % du salaire médian), toutes à l’exception d’une (correspondant aux salaires compris entre 1.3 fois et 1.4 fois le salaire médian) ont vu leur part dans l’emploi total augmenter en moyenne dans les 31 pays considérés. Il apparaît donc que, quelle que soit la définition précise retenue, aucun recul massif de la part des emplois moyennement rémunérés n’a accompagné, dans les pays, la contraction globale de la part des emplois moyennement qualifiés qui caractérise la polarisation de l’emploi.
← 19. La contribution globalement limitée et négative de la polarisation de l’emploi à l’évolution de la part des emplois moyennement rémunérés résulte de deux facteurs qui se neutralisent en partie l’un l’autre. Le premier est la contraction de la part des professions moyennement qualifiées qui tend à faire diminuer la part des emplois moyennement rémunérés. Le second est la hausse de la part des emplois hautement qualifiés, qui contribue à la croissance des emplois moyennement rémunérés dans la mesure où un grand nombre de ces emplois proposent des salaires de niveau intermédiaire.
← 20. Sur les 19 pays où la part des emplois à la rémunération élevée a augmenté, la hausse moyenne enregistrée était inférieure à 1 point de pourcentage. C’est en Espagne (2.5 points), au Luxembourg (2.7 points) et en Australie (2.8 points) que les plus fortes hausses ont été constatées. Il n’y a que dans sept pays que l’accroissement de la part des emplois fortement rémunérés est conforme à (voire plus important que) la croissance attendue compte tenu de la réorientation générale vers les professions hautement qualifiées. Il s’agit de la Norvège, du Canada, de l’Allemagne, des États-Unis, de l’Islande, de l’Autriche et du Luxembourg. Dans les 12 pays où la part des emplois fortement rémunérés a reculé, la contraction moyenne est de ‑2.6 points de pourcentage, les plus forts replis ayant été observés en Italie (‑3.4 points), en Corée (‑7.2 points) et en Grèce (‑8.6 points). Tous ces pays ont enregistré une baisse considérable de la propension des différentes professions à offrir des rémunérations élevées.
← 21. Ces pays englobent tous les pays membres de l'OCDE qui sont aussi membres de l’Union européenne, ainsi que la Suisse, la Norvège, l’Islande et les États-Unis. L’analyse est fondée sur les séries de données suivantes : Enquête sur les forces de travail de l'Union européenne (EFT-UE), panel socioéconomique (GSOEP) pour l'Allemagne, et Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
← 22. Les divergences entre les variations constatées au sein d’une même catégorie présentées dans le Graphique 3.11 et celles présentées dans le Graphique 3.10 (pour la moyenne de l'OCDE) sont liées aux variations dans la composition de la main-d’œuvre. Par exemple, le recul global de la part des travailleurs occupant des emplois à la rémunération élevée constaté pour la moyenne OCDE dans le Graphique 3.10 est plus limité que les reculs observés dans chacun des trois niveaux d’études présentés dans le Graphique 3.11, étant donné que la composition de la main-d’œuvre s’est réorientée vers les catégories plus susceptibles d’occuper des emplois à la rémunération élevée (c’est-à-dire vers les travailleurs plus âgés et plus qualifiés).
← 23. En dépit d’un recul plus marqué de la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré, les femmes demeurent beaucoup plus susceptibles que les hommes d’occuper un emploi à bas salaire (23 % contre 16 %) et ont toujours beaucoup moins de chances d’exercer un emploi à la rémunération élevée (17 % contre 25 %).
← 24. Comme indiqué dans la note 22, les divergences entre la contraction globale (limitée) de la proportion de travailleurs occupant des emplois à bas salaire (voir la moyenne de l'OCDE dans le Graphique 3.11) et la progression constatée dans chacun des trois niveaux d’études (Graphique 3.12) tient au fait que l’évolution de la composition de la main-d’œuvre a favorisé des groupes qui sont généralement moins nombreux dans la catégorie des emplois à bas salaire. Une analyse par décomposition montre qu’un relèvement global du niveau d’études (c’est-à-dire une évolution de la composition de la main-d’œuvre vers davantage de travailleurs hautement qualifiés) a débouché sur une baisse de 1.6 point de pourcentage de la part de travailleurs à bas salaire, tandis que la propension accrue de chaque catégorie de travailleurs par niveau d’études à occuper un emploi faiblement rémunéré a fait augmenter cette proportion de 0.3 point, ce qui correspond à un recul net de 1.3 point.
← 25. En 2016, la proportion moyenne de travailleurs occupant un emploi faiblement rémunéré s’élevait à 37 % pour les travailleurs peu qualifiés, à 23 % pour les travailleurs moyennement qualifiés, et à 10 % pour les travailleurs hautement qualifiés.
← 26. L’une des préoccupations est que la variation des résultats de différentes catégories de travailleurs au fil du temps pourrait tenir à l’évolution de la composition non observée de ces catégories. Toutefois, des tests de robustesse montrent qu’on obtient des résultats de qualité comparable lorsque l’on suit dans le temps une seule cohorte de travailleurs (âgés de 25 à 45 ans en 2006 et de 35 à 55 ans en 2016) d’un niveau d’études donné. Le niveau d’études de cette cohorte étant relativement stable sur la période considérée, il est moins à craindre que les principaux résultats soient principalement déterminés par des effets de sélection.
← 27. La part moyenne des travailleurs jeunes occupant un emploi faiblement rémunéré s’élevait à 35 % en 2016, contre 15 % et 16 % seulement respectivement pour les travailleurs de 30 à 50 ans et pour les plus âgés.
← 28. Dans les données utilisées aux fins de cette analyse, la proportion de jeunes peu qualifiés occupant un emploi a chuté de 22 % à 17 % entre 2006 et 2016 en moyenne dans l'OCDE. La proportion de jeunes moyennement qualifiés occupant un emploi est restée stable à 47‑48 % environ. Au vu d’une telle stabilité, il est peu plausible que les résultats présentés ici soient uniquement ou principalement liés au fait que les travailleurs jeunes non diplômés de l’enseignement supérieur soient de plus en plus écartés. En fait, comme nous l’indiquons dans le corps du texte, la probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré s’est accrue y compris pour les travailleurs jeunes diplômés du supérieur dans plusieurs pays. Par ailleurs, les résultats présentés dans le Graphique 3.11 montrent qu’au total, tous les niveaux d’études ont vu leur probabilité d’occuper un emploi à bas salaire augmenter. Ainsi, ces résultats reflètent une mutation généralisée des conditions observées sur le marché du travail plutôt qu’une évolution de la sélection qui pénaliserait un groupe en particulier. Voir également la note 26 pour un test supplémentaire qui donne à penser que la sélection dans les différents niveaux d’études ne devrait que très peu contribuer à expliquer les résultats constatés ici.
← 29. Comme indiqué plus haut, seuls les travailleurs occupant officiellement un emploi sont pris en compte. Cela permet de pallier en partie le problème de savoir si les résultats présentés peuvent être déterminés par les jeunes qui poursuivent leurs études tout en travaillant à temps partiel. Par ailleurs, les résultats attestant de la probabilité accrue qu’ont les jeunes d’occuper un emploi faiblement rémunéré (d’une manière générale et plus particulièrement pour les jeunes peu et moyennement qualifiés) restent valables même lorsqu’on restreint l’échantillon aux travailleurs à temps plein exclusivement. Cela atténue encore davantage le risque que les résultats soient fortement influencés par les jeunes travaillant à temps partiel tout en poursuivant leurs études.
← 30. Ces estimations sont obtenues au moyen de régressions par pays portant sur le logarithme des salaires par rapport aux variables de contrôle pertinentes. Les estimations présentées sont donc exprimées en points de logarithme et peuvent être interprétées comme des variations en points de pourcentage.
← 31. Il convient de noter que les chiffres présentés ici ne correspondent pas à la proportion de jeunes (âgés de 15 à 29 ans) qui sont sans emploi et sortis du système éducatif (désignés par l’acronyme NEET en anglais). Comme indiqué dans le corps du texte, l’analyse se concentre sur l’évolution de la fréquence du non-emploi parmi ceux qui ont fini leurs études et les jeunes correspondent ici aux travailleurs âgés de 20 à 30 ans. Par ailleurs, compte tenu des sources de données utilisées aux fins de la présente analyse, la définition du statut d’emploi diffère elle aussi de celle utilisée pour déterminer la proportion de NEET, généralement fondée sur les définitions de l’emploi de l’OIT issues des données des enquêtes sur la population active. Ici, la définition de l’emploi est fondée sur la situation économique autodéclarée.
← 32. La hausse du taux de non-emploi des jeunes peu qualifiés pourrait s’expliquer, en partie, par l’évolution de la composition de cette catégorie de population : aujourd’hui, de plus en plus de personnes poursuivent leurs études de plus en plus longtemps, ce qui signifie que ceux qui arrêtent leurs études plus tôt sont ceux dont les perspectives sur le marché du travail sont les plus sombres. Cette analyse ne permet pas d’écarter totalement cette possibilité, mais deux éléments donnent à penser qu’il est peu probable que l’accroissement de la probabilité de non-emploi pour les jeunes sortis du système éducatif soit déterminé par des effets de sélection. Tout d’abord, comme indiqué dans la note 28, la stabilité de la proportion de jeunes moyennement qualifiés qui ont un emploi laisse penser que la composition de ce groupe est très probablement restée stable sur cette période. Ensuite, la détérioration de la situation professionnelle décrite dans cette section et dans d’autres parties de ce chapitre est plus marquée pour ceux qui ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur, mais elle touche aussi les jeunes travailleurs diplômés du supérieur (d’autres classes d’âge sont également concernées, dans une certaine mesure). Si des changements dans la sélection peuvent peut-être en partie expliquer les écarts constatés entre les groupes, le fait que les changements observés ne soient pas limités à certains sous-groupes particuliers donne à penser que la sélection n’est certainement pas l’unique facteur qui entre en ligne de compte. Enfin, il convient de souligner que, même lorsque la dégradation de la situation d’un groupe spécifique sur le marché du travail peut être attribuée à une évolution de sa composition sous l’effet des mécanismes de sélection, cela reste un enjeu majeur pour les politiques publiques visant à promouvoir un marché du travail plus inclusif.
← 33. Les femmes jeunes et ayant un niveau d’études élevé sont encore plus susceptibles que leurs homologues masculins d’être sans emploi (21 % contre 16 %).
← 34. Ce chiffre correspond à la moyenne pondérée des six groupes de jeunes présentés dans le Graphique 3.14.
← 35. En particulier, l’augmentation moyenne de la probabilité qu’ont les jeunes moyennement qualifiés d’occuper un emploi faiblement rémunéré dans la zone OCDE reste valable si l’on tient compte soit de l’écart de production soit du taux de chômage. L’accroissement de la probabilité de non-emploi des jeunes sortis du système éducatif se vérifie même lorsque l’on tient compte du taux de chômage, mais pas de l’écart de production.
← 36. En particulier, l’Allemagne et la Pologne sont les deux seuls pays dans lesquels les jeunes n’ont pas vu augmenter leur probabilité de se trouver en situation de sous-emploi ou de non-emploi, et dans lesquels les jeunes moyennement qualifiés n’ont pas vu augmenter leur probabilité d’occuper un emploi faiblement rémunéré.
← 37. Voir notamment Liu et al. (2016[24]), Burgess et al. (2003[26]), Schwandt et al. (2019[23]), Brunner and Kuhn (2013[27]) et les références ci-avant.