Dans les pays de l’OCDE, les 25-34 ans diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire qui travaillent à temps plein toute l’année gagnent dans l’ensemble autant qu’ils aient suivi la filière professionnelle ou la filière générale. Le différentiel salarial se creuse chez les 45-54 ans, souvent en faveur de la filière générale, dans la plupart des pays dont les données sont disponibles.
La filière professionnelle prépare à entrer sur le marché du travail, mais la rémunération plus élevée que promet l’enseignement tertiaire peut inciter à poursuivre des études. Dans les pays de l’OCDE, les jeunes gagnent en moyenne 29 % de plus s’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire en licence (ou équivalent) plutôt que du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle ; ils en gagnent en moyenne 13 % de plus s’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire de cycle court.
Le différentiel salarial entre les hommes et les femmes qui travaillent à temps plein toute l’année est plus élevé chez les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire qui ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. Chez les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire, les femmes gagnent en moyenne un pourcentage de la rémunération des hommes égal à 80 % dans l’effectif diplômé de la filière professionnelle, mais à 84 % dans l’effectif diplômé de la filière générale dans les pays de l’OCDE.
Regards sur l'éducation 2023
Indicateur A4. Quel avantage salarial le niveau de formation procure-t-il ?
Faits marquants
Contexte
Dans l’ensemble, l’élévation du niveau de formation entraîne l’amélioration des débouchés sur le marché du travail (voir l’Indicateur A3) et l’augmentation de la rémunération. Conjuguée à d’autres retombées sociales, la perspective de percevoir une rémunération plus élevée et de la voir de surcroît augmenter au fil du temps est un aiguillon important qui incite à poursuivre ses études.
L’avantage salarial associé à des niveaux de formation plus élevés peut toutefois varier selon l’âge, la filière et le domaine d’études. Le temps de travail est, au-delà du niveau de formation, un autre facteur déterminant de la rémunération (les travailleurs à temps partiel gagnent moins non seulement en valeur absolue, mais également en valeur relative). Les plus qualifiés qui travaillent plus sont plus susceptibles de gagner davantage. Toutefois, la rémunération varie toujours selon le sexe indépendamment de l’âge, du niveau de formation et de la filière dans tous les pays.
D’autres facteurs interviennent dans la rémunération et contribuent aux différences dans la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération : la demande de compétences sur le marché du travail, l’offre de main-d’œuvre aux divers niveaux de formation, la législation sur le salaire minimum et le droit du travail et les structures et les usages professionnels (dont la puissance des syndicats, le champ d’application des conventions collectives et la qualité des conditions de travail).
Autres faits marquants
L’avantage salarial des diplômés de l’enseignement tertiaire tend à augmenter avec le niveau d’enseignement. Dans la plupart des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion, les actifs occupés à temps plein toute l’année gagnent plus après un master ou un doctorat (ou équivalent) qu’après une licence (ou équivalent) et après une licence qu’après un cursus de cycle court.
Le différentiel salarial entre hommes et femmes se creuse entre les 25-34 ans et les 45-54 ans dans la quasi-totalité des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion. Chez les 45-54 ans occupés à temps plein toute l’année, les femmes gagnent environ trois quarts de ce gagnent les hommes, quels que soient le niveau de formation et la filière. Elles gagnent environ 20 points de pourcentage de moins qu’eux chez les 25-34 ans.
En moyenne, un diplômé de l’enseignement tertiaire sur cinq environ gagne, qu’il travaille à temps plein ou partiel, plus du double de la rémunération médiane dans les pays de l’OCDE. À l’autre extrême, un tiers des non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire gagnent moins de la moitié de la rémunération médiane en moyenne.
Remarque
Dans cette analyse, trois rémunérations différentes sont tour à tour utilisées comme valeur de référence : 1) la rémunération des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ; 2) la rémunération des non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ; et 3) la rémunération des hommes. La première et la troisième rémunérations ont déjà été retenues comme valeurs de référence dans Regards sur l’éducation, et la deuxième sert dans la présente édition à comparer la rémunération par filière chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et de l’enseignement post-secondaire non tertiaire.
Dans tous les cas, l’accent est mis sur la rémunération relative, de sorte que la variation des écarts à la hausse ou à la baisse peut s’expliquer par un changement dans le groupe à l’étude (le numérateur) ou le groupe de référence (le dénominateur). Il est recommandé au lecteur de s’en tenir au salaire effectif indiqué dans les Tableaux X3.A4.4 et X3.A4.5 de Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes, lors de l’interprétation de la rémunération relative.
Comme les méthodes de collecte de données varient entre les pays, l’analyse de la rémunération relative porte sur les actifs occupés à temps plein toute l’année dans un souci de comparabilité internationale. Voir Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes pour les méthodes de collecte de données à l’annexe « Sources, méthodes et notes techniques » de Regards sur l’éducation 2023. Les chiffres sur le salaire relatif de tous les actifs occupés (à temps plein ou partiel) peuvent être consultés en ligne (OCDE, 2023[2]).
Analyse
Rémunération relative, par comparaison avec les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire
Dans l’ensemble, l’élévation du niveau de formation entraîne l’augmentation de l’avantage salarial. Dans les pays de l’OCDE, les diplômés (les 25-64 ans) du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire qui travaillent à temps plein toute l’année gagnent en moyenne de l’ordre d’un quart de plus que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Le différentiel salarial est supérieur à 40 % en Allemagne, au Chili, en Colombie et en République tchèque, mais est minime en Finlande, où les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent à peu de choses près autant que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le Tableau A4.4).
L’enseignement tertiaire procure un avantage salarial nettement plus élevé. Dans les pays de l’OCDE, les diplômés de l’enseignement tertiaire occupés à temps plein toute l’année gagnent en moyenne près de deux fois plus que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les différences de rémunération relative se creusent aussi entre les pays si l’analyse porte sur l’effectif diplômé de l’enseignement tertiaire. Les diplômés de l’enseignement tertiaire jouissent d’un avantage salarial inférieur à 40 % au Danemark, en Finlande et en Nouvelle-Zélande, mais gagnent jusqu’à trois fois plus que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire au Brésil, au Chili et en Colombie (voir le Tableau A4.4).
L’avantage salarial des diplômés de l’enseignement tertiaire tend à augmenter avec le niveau d’enseignement. Dans la plupart des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion, les actifs occupés à temps plein toute l’année gagnent plus après un master ou un doctorat (ou équivalent) qu’après une licence (ou équivalent) et après une licence qu’après un cursus de cycle court. Les diplômés de l’enseignement tertiaire de cycle court gagnent en moyenne 51 % de plus que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans les pays de l’OCDE. L’avantage salarial augmente et passe à 76 % après une licence (ou équivalent) et à 133 % (soit plus du double) après un master ou un doctorat (ou équivalent). L’Autriche, la Grèce et la Norvège échappent à ce constat général : l’avantage salarial des diplômés de l’enseignement tertiaire est plus de 10 points de pourcentage plus élevé après un cursus de cycle court qu’après une licence (ou équivalent) (voir le Tableau A4.4).
Différentiel salarial selon la filière
La filière professionnelle prépare souvent à entrer dans la vie active. Les jeunes (les 25-34 ans) diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire affichent un taux d’emploi plus élevé s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale dans la quasi-totalité des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion (voir l’Indicateur A3). Ce taux d’emploi plus élevé chez les diplômés de la filière professionnelle n’est toutefois pas associé à une rémunération plus généreuse. Dans plus de la moitié des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion dont les données sont disponibles, les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent davantage s’ils ont suivi la filière générale plutôt que la filière professionnelle. Le différentiel salarial est modeste, voire minime dans la plupart des pays, mais il est supérieur à 10 % en Lettonie, au Luxembourg et au Royaume-Uni. À l’inverse, les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent au moins 10 % de plus s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale en République tchèque et en Norvège et même près de 30 % de plus au Canada (voir le Graphique A4.1). Il y a lieu de préciser qu’au Canada (hors Québec), la filière professionnelle n’existe pas en tant que filière distincte dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et commence dans l’enseignement post-secondaire non tertiaire (voir l’Indicateur A1). L’avantage salarial de la filière professionnelle n’est donc pas totalement comparable entre le Canada et les pays où il est courant d’être diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle.
La filière professionnelle prépare à entrer sur le marché du travail et à exercer une profession, mais elle peut aussi ouvrir la voie à des niveaux supérieurs d’enseignement. La plupart des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle le sont d’un cursus suffisant à la réussite totale de ce niveau d’enseignement qui leur donne accès à l’enseignement tertiaire de cycle court ou à la licence (ou équivalent) (voir l’Indicateur B1). La rémunération plus élevée à laquelle ils pourraient prétendre peut, avec d’autres facteurs, les inciter à poursuivre leurs études dans l’enseignement tertiaire.
Dans les pays de l’OCDE, les jeunes gagnent en moyenne 13 % de plus s’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire de cycle court plutôt que du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle. L’avantage salarial est le plus élevé en Lettonie (50 %) et au Royaume-Uni (31 %). Le Canada est le seul pays où les jeunes gagnent moins s’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire de cycle court plutôt que du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle (voir le Tableau A4.4).
L’avantage salarial que procure la licence (ou équivalent) est encore plus élevé. En moyenne, les jeunes gagnent 29 % de plus après une licence (ou équivalent) qu’après le deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle dans les pays de l’OCDE. Les jeunes gagnent plus de deux fois plus s’ils sont diplômés en licence (ou équivalent) que s’ils le sont du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle au Chili (voir le Graphique A4.1 et le Tableau A4.4). La licence (ou équivalent) procure aux jeunes un avantage salarial de l’ordre de 50 % en Espagne, en Lettonie et au Royaume-Uni. Il y a lieu d’interpréter ces résultats compte tenu de l’importance de la filière professionnelle et des secteurs cibles de cette filière dans chaque pays (voir les Indicateurs A1 et B5).
Différentiel salarial selon les groupes d’âge
Le différentiel salarial lié au niveau de formation tend à se creuser avec l’âge. Dans les pays de l’OCDE, les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent plus que les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire : leur avantage salarial atteint en moyenne 21 % chez les 25-34 ans et 26 % chez les 45-54 ans. Quant à l’avantage salarial des diplômés de l’enseignement tertiaire par rapport aux non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, il atteint 66 % chez les 25-34 ans et passe la barre des 100 % chez les 45-54 ans (voir le Tableau A4.4).
Dans un tiers environ des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion dont les données sont disponibles, l’avantage salarial des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle sur les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est plus élevé chez les 25-34 ans que chez les 45-54 ans. C’est particulièrement vrai en Lettonie et au Luxembourg, où les 45-54 ans gagnent nettement moins s’ils sont diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle que s’ils ne sont pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Dans les deux autres tiers de pays, l’avantage salarial des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle sur les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ne représente souvent pas plus de 40 % chez les 45-54 ans. Le Canada, le Chili et la République tchèque sont les seuls pays où les 45-54 ans gagnent de l’ordre de 1.5 fois plus s’ils sont diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle que s’ils ne sont pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le Graphique A4.2).
Le différentiel salarial entre les filières est modeste, voire négligeable chez les jeunes dans la plupart des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion, mais il se creuse chez leurs aînés, souvent en faveur de la filière générale. Dans les pays de l’OCDE, les 45-54 ans diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent 6 % de moins s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. Ce différentiel salarial en faveur des diplômés de la filière générale est de l’ordre de 40 % en Finlande et au Luxembourg et est supérieur à 10 % en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Lettonie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni (voir le Tableau A4.4). Il reste que l’effectif diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et de l’enseignement post-secondaire non tertiaire l’est moins souvent en filière générale qu’en filière professionnelle (voir l’Indicateur A1). Les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire affichent de surcroît un taux d’emploi plus élevé s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale (voir l’Indicateur A3).
À l’inverse, les 45-54 ans gagnent au moins 10 % de plus s’ils sont diplômés de la filière professionnelle plutôt que de la filière générale au Brésil, au Canada et en République tchèque (voir le Tableau A4.4). Il y a lieu de préciser que les cursus de la filière professionnelle ont vraisemblablement évolué au fil du temps. La prudence est de rigueur lors de la comparaison de la rémunération selon les filières entre les groupes d’âge, car elle n’est pas nécessairement révélatrice des perspectives financières qui s’offriront aux jeunes durant toute leur carrière.
Différentiel salarial entre hommes et femmes, selon le niveau de formation, la filière et le groupe d’âge
L’élévation du niveau de formation réduit la variation du taux d’emploi entre les femmes et les hommes (voir l’Indicateur A3), mais le différentiel salarial varie peu entre les niveaux de formation. Chez les jeunes qui travaillent à temps plein toute l’année, les femmes gagnent en moyenne 84 % de la rémunération des hommes dans l’effectif diplômé de l’enseignement tertiaire, contre 81 % dans celui diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire et 82 % dans celui non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans les pays de l’OCDE (voir le Tableau A4.3). Comme les femmes sont plus susceptibles de travailler à temps partiel ou une partie de l’année seulement, les différentiels salariaux sont plus élevés tous actifs occupés confondus que dans l’effectif occupé à temps plein toute l’année (OCDE, 2023[3]).
Le différentiel salarial entre les hommes et les femmes qui travaillent à temps plein toute l’année est plus élevé chez les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire qui ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. Chez les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire, les femmes gagnent en moyenne un pourcentage de la rémunération des hommes égal à 80 % dans l’effectif diplômé de la filière professionnelle, mais à 84 % dans l’effectif diplômé de la filière générale dans les pays de l’OCDE. Au Canada, en France et au Royaume-Uni, ce différentiel salarial chez les jeunes est tel que les femmes gagnent moins de deux tiers de la rémunération des hommes dans l’effectif diplômé de la filière professionnelle, mais il se comble de plus de 20 points de pourcentage dans l’effectif diplômé de la filière générale (voir le Graphique A4.3). En filière professionnelle, le choix du domaine d’études varie fortement entre les femmes et les hommes. Selon une étude récente, les femmes sont nettement sous-représentées dans les cursus en rapport non seulement avec l’ingénierie, les industries de transformation et la construction, mais également avec les technologies de l’information et de la communication. Ces différences de domaine d’études entre les femmes et les hommes se traduiront par des différences de vie professionnelle et pourraient expliquer le différentiel salarial plus important entre filières (OCDE, 2023[2]).
Le différentiel salarial entre hommes et femmes se creuse avec l’âge dans la quasi-totalité des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion. Chez les 45-54 ans occupés à temps plein toute l’année, les femmes gagnent environ trois quarts de ce gagnent les hommes, quels que soient le niveau de formation et la filière. Le Costa Rica est le seul pays où chez les 45-54 ans diplômés de l’enseignement tertiaire, les femmes gagnent plus que les hommes, un cinquième de plus environ (voir le Tableau A4.3). Selon des études récentes, le différentiel salarial croissant entre les femmes et les hommes s’explique en grande partie par la mobilité professionnelle. Les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’obtenir une promotion ou une forte augmentation de salaire en cas de changement d’employeur. De surcroît, les interruptions de carrière qui s’observent chez les femmes en âge de procréer contribuent largement au différentiel salarial entre femmes et hommes dans de nombreux pays de l’OCDE (OCDE, 2022[4]).
Répartition des travailleurs à temps plein et partiel entre les catégories de rémunération, selon le niveau de formation
Analyser la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération permet d’évaluer le différentiel salarial sous un autre angle. Cette répartition montre dans quelle mesure les travailleurs sont proches de la rémunération médiane de leur pays. La rémunération médiane est calculée sur la base de la rémunération de tous les actifs occupés (à temps plein et à temps partiel), sans contrôle des différences de temps de travail. L’analyse de la rémunération relative porte sur la rémunération des actifs occupés à temps plein toute l’année dans un souci de comparabilité, et la répartition de tous les travailleurs rémunérés entre les catégories de rémunération en est complémentaire puisqu’elle permet de déterminer plus largement la variation des différentiels salariaux entre les pays.
La probabilité de gagner plus que la rémunération médiane augmente avec le niveau de formation. Le pourcentage moyen d’actifs occupés à temps plein et à temps partiel qui gagnent plus que la rémunération médiane s’élève à 26 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, contre 43 % chez les diplômés de ce niveau ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire dans les pays de l’OCDE. Ce pourcentage atteint 69 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire (OCDE, 2023[3]).
Les différences sont plus marquées si l’analyse porte sur les actifs qui gagnent plus du double de la rémunération médiane. Dans les pays de l’OCDE, le pourcentage d’actifs qui gagnent plus du double de la rémunération médiane s’élève en moyenne à 24 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire, contre seulement 7 % chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire et 3 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le Graphique A4.4 et le Tableau A4.2).
La répartition des diplômés de l’enseignement tertiaire entre les catégories de rémunération varie parfois sensiblement selon les niveaux de l’enseignement tertiaire. Dans la quasi-totalité des pays membres et partenaires de l’OCDE, le pourcentage d’actifs gagnant plus du double de la rémunération médiane augmente de niveau en niveau dans l’enseignement tertiaire : cycle court, licence, master et doctorat (ou équivalent). Dans les pays de l’OCDE, le pourcentage de diplômés de l’enseignement tertiaire gagnant plus du double de la rémunération médiane s’établit en moyenne à 13 % après au plus un cursus de cycle court, à 20 % après une licence (ou équivalent) et à 34 % après un master ou un doctorat (ou équivalent). L’Autriche, le Danemark, la Grèce, la Norvège et la République slovaque sont les seuls pays où les diplômés de l’enseignement tertiaire sont plus susceptibles de gagner plus du double de la rémunération médiane après un cursus de cycle court qu’après une licence (ou équivalent) (voir le Graphique A4.4 et (OCDE, 2023[3])). En Autriche et en Norvège, cette probabilité est vraisemblablement liée la popularité du grand domaine d’études que constituent les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) chez les nouveaux inscrits de l’enseignement tertiaire de cycle court (voir l’Indicateur B4).
Les actifs sont plus susceptibles de gagner moins de la moitié de la rémunération médiane nationale s’ils sont moins instruits plutôt que plus instruits. La récente hausse du coût de la vie érode le pouvoir d’achat de tous, certes, mais a un effet disproportionné sur les travailleurs peu rémunérés, qui sont souvent relativement peu diplômés. Les travailleurs situés à l’extrémité inférieure du spectre de rémunération peinent à suivre l’inflation, en particulier dans les pays où le salaire minimum est peu élevé par rapport à la rémunération médiane (OCDE, 2022[5] ; Balestra, Hirsch et Vaughan-Whitehead, 2023[6]). Dans les pays de l’OCDE, le pourcentage d’actifs qui ne gagnent pas plus de la moitié de la rémunération médiane est en moyenne de l’ordre de 30 % chez les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, contre 18 % chez les diplômés de ce niveau ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire et 10 % chez les diplômés de l’enseignement tertiaire. Le pourcentage de non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire qui gagnent moins de la moitié de la rémunération médiane varie sensiblement aussi entre les pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion : il atteint 61 % au Brésil et 52 % en Norvège, mais est inférieur à 1 % en Pologne et en Slovénie (voir le Tableau A4.2).
Définitions
Le terme « adultes » désigne la population âgée de 25 à 64 ans ; et l’expression « jeunes (adultes) », la population âgée de 25 à 34 ans.
Le niveau de formation correspond au plus haut niveau d’enseignement dont les individus sont diplômés.
Niveaux de formation : les niveaux de la Classification internationale type de l'éducation (CITE) 2011 sont tous décrits dans le Guide du lecteur, au début du présent rapport.
Les actifs occupés dont la rémunération est nulle sont ceux qui perçoivent une rémunération, mais dont le résultat de l’activité professionnelle est nul.
Les actifs occupés dont la rémunération est négative sont ceux dont l’activité professionnelle est déficitaire.
Filière professionnelle : selon la définition de la Classification internationale type de l’éducation (CITE 2011), les formations de la filière professionnelle sont conçues pour inculquer « les connaissances, aptitudes et compétences spécifiques à une profession, à un métier ou à un ensemble de professions ou de métiers ». Ces formations peuvent comporter un volet pratique en entreprise (par exemple, les formations sous contrat d’apprentissage ou en alternance). La réussite de ces formations est sanctionnée par des diplômes certifiant des qualifications professionnelles utilisables sur le marché du travail et reconnues comme telles par les autorités nationales compétentes ou le marché du travail.
Méthodologie
Dans l’analyse de la rémunération relative par niveau de formation et de la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération, le temps de travail n’est pas contrôlé, alors qu’il peut influer sur la rémunération en général et sur la répartition entre les catégories de rémunération en particulier. Concernant la rémunération des actifs occupés à temps plein, les pays ont précisé s’ils se sont basés sur une définition spécifique du travail à temps plein ou sur le temps de travail hebdomadaire minimum.
La période de référence des données sur les rémunérations est annuelle, mensuelle ou hebdomadaire, selon les pays. Cet indicateur présente des données annuelles ; les données dont la période de référence est inférieure à un an sont ajustées. Pour de plus amples informations sur les méthodes d’ajustement, voir le Tableau X3.A4.1 dans Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes (OCDE, 2023[1]). Dans la plupart des pays, les données se rapportent aux revenus avant impôts. La rémunération des travailleurs indépendants est exclue des chiffres de nombreux pays ; il n’existe pas de méthode simple et comparable qui permette de faire la distinction entre la rémunération et le rendement du capital investi dans l’activité.
Cet indicateur ne tient pas compte de l’impact des revenus effectifs générés par les services publics gratuits. En conséquence, la rémunération peut être moins élevée dans certains pays que dans d’autres, mais les soins de santé et l’enseignement peuvent être gratuits. La rémunération moyenne des hommes et des femmes n’est pas la moyenne simple de leur rémunération, mais est calculée sur la base de la rémunération de l’ensemble de la population. Pour calculer cette moyenne globale, la rémunération moyenne des hommes et des femmes est pondérée en fonction du pourcentage d’hommes et de femmes à chaque niveau de formation.
Dans les données sur la rémunération, les actifs dont la rémunération est nulle ou négative doivent être considérés comme des actifs rémunérés. Les actifs à rémunération négative sont aussi à prendre en considération dans le calcul de la rémunération médiane. Les données sur les actifs dont la rémunération est nulle ou négative ne sont toutefois pas disponibles dans tous les pays. Les actifs à rémunération nulle sont inclus en Allemagne, en Belgique, au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en Irlande, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en République de Türkiye (ci-après Türkiye), en Suède et en Suisse. Les actifs à rémunération négative sont inclus en Belgique, au Canada, au Danemark, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Suède. Voir la définition des actifs à rémunération nulle ou négative dans la section « Définitions ». Il convient d’en tenir compte également au sujet de la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération. Il y a lieu de préciser que les actifs à rémunération nulle ou négative sont très peu nombreux chez les actifs occupés à temps plein toute l’année dans les pays dont les données sont disponibles. La prise en considération ou non des actifs à rémunération nulle ou négative a un effet minime sur la rémunération relative et la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération.
Voir le Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation (OCDE, 2018[7]) et Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes (OCDE, 2023[1]) pour de plus amples informations.
Source
Cet indicateur est basé sur la collecte de données sur l’enseignement et la rémunération du réseau LSO (Labour Market and Social Outcomes of Learning) de l’OCDE qui est chargé d’élaborer les données relatives aux retombées de l’éducation sur l’économie, le marché du travail et la société. La collecte de données porte sur la rémunération des actifs occupés à temps plein ou partiel toute l’année ou une partie de l’année durant la période de référence. Cette base de données contient des données sur la répartition des travailleurs entre les catégories de rémunération ainsi que sur la rémunération des actifs scolarisés et non scolarisés. Les données de la plupart des pays proviennent d’enquêtes nationales auprès des ménages, telles que les enquêtes sur la population active, les Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie (UE-SILC) et d’autres collectes de données spécifiques sur la rémunération. Un quart environ des pays utilisent les données fiscales ou autres. Voir les notes spécifiques aux pays sur les sources dans Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes (OCDE, 2023[1]).
Références
[6] Balestra, C., D. Hirsch et D. Vaughan-Whitehead (2023), « Living wages in context: A comparative analysis for OECD countries », OECD Papers on Well-being and Inequalities, n° 13, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/2e622174-en.
[2] OCDE (2023), Agir ensemble pour l’égalité des genres (version abrégée) : Quelles priorités ?, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/6a24b253-fr.
[3] OCDE (2023), Bases de données régionales de l’OCDE - Éducation et revenus, OCDE, Paris, http://stats.oecd.org/Index.aspx?datasetcode=EAG_EARNINGS.
[1] OCDE (2023), Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/d7f76adc-en.
[5] OCDE (2022), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2022 : Reconstruire des marchés du travail plus inclusifs, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/f4bcd6ab-fr.
[4] OCDE (2022), « Same skills, different pay: Tackling gender inequalities at firm level », OCDE, Paris, https://www.oecd.org/gender/same-skills-different-pay-2022.pdf.
[7] OCDE (2018), OECD Handbook for Internationally Comparative Education Statistics 2018 : Concepts, Standards, Definitions and Classifications, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264304444-en.
Tableaux de l’indicateur A4
Tableaux de l’indicateur A4. Quel avantage salarial le niveau de formation procure-t-il ?
Tableau A4.1 |
Rémunération relative par comparaison avec les diplômés du deuxième cycle du secondaire, selon le niveau de formation et le groupe d’âge (2021) |
Tableau A4.2. |
Répartition des travailleurs entre les niveaux de formation et les catégories de rémunération dérivées de la rémunération médiane (2021) |
Tableau A4.3 |
Rémunération des femmes en pourcentage de celle des hommes, selon le niveau de formation, la filière et le groupe d’âge (2021) |
Tableau A4.4 |
Rémunération relative par comparaison avec les non-diplômés du deuxième cycle du secondaire, selon le niveau de formation, la filière et le groupe d’âge (2021) |
Date butoir pour les données : 17 juin 2023. Les mises à jour peuvent être consultées en ligne http://dx.doi.org/10.1787/eag-data-en. D’autres données désagrégées sont également disponibles dans la Base de données de Regards sur l’éducation (http://stats.oecd.org).
Encadré A4.1. Notes des tableaux de l’indicateur A4
Tableau A4.1. Rémunération relative par comparaison avec les diplômés du deuxième cycle du secondaire, selon le niveau de formation et le groupe d’âge (2021)
Les différences entre les pays sont en partie imputables à la prise en compte ou non des actifs dont la rémunération est nulle ou négative. La rémunération relative des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire peut être consultée en ligne (voir le lien StatLink).
1. L’année de référence n’est pas 2021, mais 2020 en Belgique, en Bulgarie, au Canada, en Colombie, en Espagne, en Finlande, en Irlande, en Israël, en Italie, en Pologne et en République tchèque ; 2019 en France ; 2018 en Grèce, en Lituanie et au Mexique ; et 2017 au Chili.
2. L’indice 100 correspond à l’effectif diplômé des niveaux 3 et 4 de la CITE 2011. Voir la liste des niveaux de la CITE dans le Guide du lecteur.
3. Revenus nets d’impôts sur le revenu.
Tableau A4.2. Répartition des travailleurs entre les niveaux de formation et les catégories de rémunération dérivées de la rémunération médiane (2021)
Les différences entre les pays sont en partie imputables à la prise en compte ou non des actifs dont la rémunération est nulle ou négative. La somme des pourcentages par catégorie de rémunération selon le niveau de formation n’est pas nécessairement égale à 100 % du fait des données manquantes.
1. Revenus nets d’impôts sur le revenu.
2. L’année de référence n’est pas 2021, mais 2020 en Bulgarie, au Canada, en Colombie, en Espagne, en Finlande, en Irlande, en Israël, en Italie, en Pologne et en République tchèque ; 2019 en France ; 2018 en Grèce, en Lituanie et au Mexique ; et 2017 au Chili.
Tableau A4.3. Rémunération des femmes en pourcentage de celle des hommes, selon le niveau de formation, la filière et le groupe d’âge (2021)
Les différences entre les pays sont en partie imputables à la prise en compte ou non des actifs dont la rémunération est nulle ou négative.
1. L’année de référence n’est pas 2021, mais 2020 en Belgique, en Bulgarie, au Canada, en Colombie, en Espagne, en Finlande, en Irlande, en Israël, en Italie, en Pologne et en République tchèque ; 2019 en France ; 2018 en Grèce, en Lituanie et au Mexique ; et 2017 au Chili.
2. Revenus nets d’impôts sur le revenu.
Tableau A4.4. Rémunération relative par comparaison avec les non-diplômés du deuxième cycle du secondaire, selon le niveau de formation, la filière et le groupe d’âge (2021)
Les différences entre les pays sont en partie imputables à la prise en compte ou non des actifs dont la rémunération est nulle ou négative. La rémunération relative des non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire peut être consultée en ligne (voir le lien StatLink).
1. L’année de référence n’est pas 2021, mais 2020 en Belgique, en Bulgarie, au Canada, en Colombie, en Espagne, en Finlande, en Irlande, en Israël, en Italie, en Pologne et en République tchèque ; 2019 en France ; 2018 en Grèce, en Lituanie et au Mexique ; et 2017 au Chili.
2. Revenus nets d’impôts sur le revenu.
Consulter les sections « Définitions », « Méthodologie » et « Source » pour de plus amples informations et Education at a Glance 2023 Sources, Methodologies and Technical Notes (OCDE, 2023[1]).
Ces données et d’autres données désagrégées peuvent être consultées dans la Base de données de Regards sur l’éducation (http://stats.oecd.org/).
Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur.