Les responsables de la politique économique ont réagi aux tensions sur les marchés financiers grâce par des injections de liquidités en devises, en abaissant les réserves obligatoires des banques et en limitant leur participation aux swaps (échanges) de devises. En septembre, la banque centrale a sensiblement relevé son taux d’intérêt directeur pour le porter à 24 %, ce qui contribuera à soutenir le taux de change et à faciliter l’ajustement économique nécessaire. Le « Nouveau Programme Économique » vise à encourager les exportations et à accroître le taux de l’épargne intérieure en assainissant les finances publiques. Selon les prévisions, le déficit budgétaire global devrait passer de 2.7 % du PIB en 2018 à 1.6 % en 2019, surtout grâce à des coupes dans l’investissement public. Un « Plan global de lutte contre l’inflation » a été annoncé en octobre : il repose sur un gel des prix administrés et sur des réductions de prix volontaires dans le secteur privé visant certains articles ciblés du panier de consommation pendant deux mois, s’accompagnant dans un deuxième temps d’abaissements temporaires de la TVA sur certains biens et services. Les prix relatifs devraient évoluer durant cette période, mais un succès durable de la désinflation exigera en définitive de la confiance, de la part des acteurs du marché, dans la détermination de la banque centrale à atteindre son objectif d’inflation et dans son indépendance pour le réaliser.
Les objectifs budgétaires devraient être réalistes de façon à leur donner de la crédibilité. Il conviendrait de laisser les stabilisateurs automatiques jouer leur rôle. L’amélioration de la transparence budgétaire grâce à la publication des comptes trimestriels des administrations publiques serait utile à cet égard et permettrait également de répondre à la crainte du laxisme budgétaire.
La gestion des risques pour la stabilité financière constituera un défi majeur. Si le secteur bancaire a été globalement prémuni contre les variations du taux de change, de nombreuses entreprises dynamiques, grandes et moyennes, ont financé leurs investissements par des emprunts en devises. La dépréciation a gonflé la charge du service de cette dette et l’accroissement de son coût de refinancement va peser sur la liquidité et la solvabilité des entreprises concernées. Le nombre de dépôts de bilan est d’ores et déjà monté en flèche. Pour limiter la contagion au secteur bancaire et au reste de l’économie, des interventions spécifiques pourraient être nécessaires. Les autorités ont confirmé qu’elles effectuaient des tests de résistance pour évaluer la nécessité de telles mesures, qui pourraient grever assez lourdement le budget.