Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2018 Numéro 2

Norvège

La croissance de la production continentale prendra une allure plus modérée au cours des deux prochaines années, dans la mesure où le coup de fouet donné par les récentes augmentations des prix du pétrole s’atténuera, les tensions sur les capacités globales se renforceront et le chômage poursuivra son recul. La construction de logements restera en demi-teinte. Les prix à la consommation et les salaires augmenteront progressivement.

L’orientation neutre de la politique budgétaire, dictée par la règle budgétaire et proposée dans le budget 2019, est appropriée étant donné que la croissance de la production est solide, bien qu’en perte de vitesse. La banque centrale annonce un nouveau relèvement de son taux directeur en mars 2019, ce qui est judicieux pour contenir les tensions inflationnistes. Les réformes structurelles devraient continuer de viser en priorité l’amélioration de l’environnement des entreprises, tout en maintenant de bons résultats sur le plan social, dont un allègement de la fiscalité financé grâce à une meilleure efficience de la dépense publique. Il sera important de mettre à exécution les mesures proposées pour satisfaire aux engagements pris au regard du changement climatique.

La croissance de la production est solide

La croissance de la production continentale (c’est‑à‑dire abstraction faite de la production de pétrole et de gaz) a été portée par les dernières augmentations des prix du pétrole, via le redressement progressif de l’investissement et des revenus qui les a accompagnées. La progression de l’emploi reste vigoureuse, le taux de chômage continue de reculer et les salaires demeurent orientés à la hausse. Une flambée du prix de l’électricité pendant l’été, due au fait que les faibles chutes de pluie ont réduit la production hydroélectrique, a fait grimper l’indice des prix à la consommation, mais l’inflation sous‑jacente reste faible. La construction de logements a continué de se contracter, sous l’effet d’une détente sur le marché du logement. Le rebond du prix des logements semble avoir pris fin, le stock de maisons invendues est important et les délais de vente des biens immobiliers s’allongent.

Norvège

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 104 ; Statistics Norways ; et Real Estate Norway (Eiendom Norge).

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Les politiques budgétaire et monétaire sont de moins en moins expansionnistes

Les propositions budgétaires du gouvernement pour 2019 impliquent de maintenir une orientation neutre de la politique budgétaire, ce dont il faut se féliciter, qui s’explique par la croissance solide de la production et la règle budgétaire, laquelle impose que le déficit structurel dans le temps soit égal à 3 % de la valeur du fonds pétrolier (Fonds SPU, Fonds public pour les retraites–Composante étrangère). Compte tenu de la vigueur de la croissance, la banque centrale (Norges Bank) a relevé son taux directeur pour le porter de 0.5 % à 0.75 % en septembre, et ses prévisions en la matière indiquent un relèvement progressif jusqu’à 2 % d’ici la fin de 2021.

Norvège. Emploi, revenu et inflation

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Les mesures fiscales occupent une place importante dans le budget et incluent un nouvel abaissement du taux forfaitaire d’imposition des « revenus ordinaires », qui s’applique aux ménages comme aux entreprises. Les dépenses supplémentaires inscrites au budget comprennent des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment en renforçant le soutien au transport ferroviaire et en apportant des cofinancements supplémentaires aux investissements dans les technologies de réduction des émissions. Le maintien de la neutralité budgétaire, tout en satisfaisant à ces baisses d’impôt et à l’augmentation des dépenses, souligne combien il est important d’optimiser la dépense publique en Norvège, un point souligné dans les Études économiques de l’OCDE.

La baisse tendancielle du taux d’activité place les questions de compétences et d’offre de main‑d’œuvre au premier plan. Une réforme des retraites du secteur public a été approuvée en 2018 pour limiter les incitations à partir en retraite anticipée. Les propositions budgétaires de 2019 prévoient des mesures destinées à favoriser l’activité notamment des immigrés hors EEE, des personnes présentant un handicap et de celles souffrant d’addictions. La priorité continue d’aller au renforcement du système éducatif, y compris de l’enseignement professionnel, ce qui est également une bonne chose.

La croissance de la production va marquer le pas

La croissance de la production continentale va modérer son allure au cours des deux prochaines années. Cette évolution s’explique par la dissipation de l’effet stimulant des dernières hausses des prix du pétrole sur les revenus et l’activité, par la faiblesse de la construction de logements et par les tensions pesant de plus en plus sur les capacités dans l’ensemble de l’économie, du fait notamment d’un ralentissement dans le taux de progression de la population d’âge actif. Quoi qu’il en soit, la réduction des capacités inutilisées, dont la diminution du taux de chômage est un signe, va entraîner progressivement une hausse des prix à la consommation et des salaires. L’un des risques essentiels serait que la détente sur le marché du logement puisse s’accentuer, entraînant de lourdes conséquences pour l’économie. Parallèlement, il existe un risque à la hausse portant sur l’activité d’investissement, dans la mesure où les indicateurs de confiance en matière d’investissement sont élevés et où les investissements liés au pétrole pourraient augmenter plus rapidement que prévu.