Le faible niveau de la confiance entrave l'accélération de la reprise de la demande intérieure, et la confiance s'améliorera uniquement à la faveur d'avancées tangibles des réformes destinées à assurer la viabilité budgétaire. La dette publique brute reste élevée, à 77 % du PIB, et le déficit primaire, qui représente 1.5 % du produit intérieur brut, est très loin de l'excédent nécessaire pour stabiliser la dette publique, estimé à 2 % du PIB. La nouvelle règle de dépenses introduite en 2016 ne sera pas respectée en 2020 en l'absence de mesures déterminées visant à freiner la croissance des dépenses publiques.
Bien que certains progrès aient été réalisés pour d'autres postes de dépenses, l'augmentation des dépenses de sécurité sociale, en particulier des pensions de vieillesse, reste le facteur déterminant de la dégradation des comptes budgétaires. Aussi, une réforme des retraites, suivant la proposition soumise au Congrès, reste la priorité essentielle pour assurer la viabilité de la dette, regagner la confiance des investisseurs et éviter un alourdissement des coûts de financement.
La réforme proposée renforcerait aussi les effets redistributifs des retraites et permettrait d'ajuster les dépenses sociales de manière à rendre les prestations sociales plus efficaces. Les pensions de retraite étant indexées sur le salaire minimum, leur hausse a principalement bénéficié aux ménages de la classe moyenne, entraînant une diminution des ressources consacrées aux prestations sociales judicieusement ciblées pour lutter contre les inégalités et la pauvreté, qui touche essentiellement les enfants et les jeunes. Un relèvement des seuils de revenu relatifs au programme de transferts monétaires conditionnels Bolsa Família, dont le coût ne représente que 0.5 % du PIB, permettrait d'élargir son champ d'application et de rehausser le niveau des prestations. Cela ferait sortir de la pauvreté un plus grand nombre de personnes et renforcerait les incitations en matière d'assiduité scolaire et d'examens médicaux, réduisant ainsi les inégalités en matière d'éducation et de santé.
Alléger la masse salariale considérable du secteur public figure aussi parmi les principales priorités, étant donné que les niveaux de rémunération y sont plus élevés que dans le secteur privé dans de nombreux domaines, en particulier en début de carrière. Toutefois, en raison de la hausse décidée récemment des rémunérations des militaires, il sera probablement plus difficile de justifier des économies dans d'autres pans des administrations publiques. Il conviendrait de poursuivre les efforts déployés pour réduire les dépenses fiscales et les subventions au crédit en faveur des entreprises du secteur privé, qui ont fait le lit de la corruption sans produire de bénéfices évidents en matière de bien-être ou de productivité́.
Dans la mesure où l'inflation devrait être inférieure à l'objectif visé en 2019 et en 2020, un durcissement de la politique monétaire semble maintenant peu probable avant 2020, et les conditions financières devraient rester favorables. Le crédit a progressé pour les ménages, mais continue de se contracter pour le secteur des entreprises. Les projets de réforme actuels visant à intensifier la concurrence dans le secteur financier représentent une étape prometteuse pour réduire les coûts d'emprunt.
Les gains de productivité seront le principal moteur de la croissance à long terme. Pour dynamiser l'expansion économique, il faudra intensifier la concurrence dans de nombreux secteurs, de façon à permettre un redéploiement des ressources en main-d'œuvre et en capital au profit d'activités à fort potentiel. Une intégration plus poussée dans l'économie mondiale permettrait de réaliser des gains d'efficience en exposant un plus grand nombre d'entreprises à la concurrence étrangère et en améliorant l'accès à des consommations intermédiaires et à des biens d'équipement à moindre coût. Réduire les obstacles internes à l'entrée sur le marché et mettre en œuvre des politiques de réduction des coûts, notamment en réduisant les coûts de conformité fiscale ou en améliorant l'exécution des contrats, déboucheraient aussi sur des gains d'efficience. Une remise à plat du système fragmenté de fiscalité indirecte, en vue de l'instauration d'un régime harmonisé de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pourrait renforcer la compétitivité des entreprises dans l'ensemble du pays.