La pandémie de COVID-19 continue de peser lourdement sur les économies et les sociétés. Les perspectives de voir finalement la sortie de la crise se sont améliorées, sur fond de nouvelles encourageantes concernant la mise au point d'un vaccin efficace, mais les projections à moyen terme restent très incertaines. La reprise de la pandémie dans plusieurs économies et l’adoption en cours de mesures d’endiguement freinent le redémarrage mondial de l’activité intervenu après la chute de la production observée au premier semestre de 2020, et vont sans doute entraîner de nouvelles baisses de la production à court terme, surtout dans de nombreuses économies européennes. Cette situation risque de durer encore, étant donné les défis considérables, en termes de mise au point et de logistique, qui accompagnent le déploiement d’un vaccin partout dans le monde. Continuer de vivre avec le virus pendant encore six à neuf mois au moins va être difficile. Des épisodes locaux de résurgence de la maladie sont probables et il faudra y répondre par des mesures d'endiguement ciblées si possible, ou par des confinements à l’échelle de l’économie si nécessaire, ce qui freinera la croissance. Dans les secteurs les plus touchés par ces mesures prolongées, certaines entreprises risquent de ne pas pouvoir survivre longtemps sans aides supplémentaires, d’où un risque accru de nouvelles faillites et de destructions d’emplois qui vont affecter la demande dans l’ensemble de l’économie.
En supposant que les nouveaux foyers épidémiques puissent être maîtrisés et que la perspective d'un vaccin largement disponible vers la fin de 2021 contribue à soutenir la confiance, l’économie mondiale devrait enregistrer une reprise progressive mais inégale au cours des deux prochaines années (tableau 1.1). Après avoir fortement chuté cette année, le PIB mondial devrait augmenter d'un peu plus de 4 ¼ pour cent en 2021, puis de 3 ¾ pour cent en 2022. Globalement, d’ici la fin de 2021, le PIB mondial devrait retrouver ses niveaux d'avant la crise, aidé par la forte reprise enregistrée en Chine, mais les performances vont sans doute différer sensiblement entre les grandes économies. En 2022, la production devrait rester inférieure de 4 à 5 % aux prévisions d'avant la crise dans de nombreux pays, avec des risques accrus de voir la pandémie entraîner des coûts permanents substantiels. Les pays et régions dotés de procédures efficaces de dépistage, de traçage et d’isolement des malades afficheront des résultats relativement satisfaisants, comme ils l'ont fait depuis le début de la pandémie, mais devraient néanmoins être affectés par la faiblesse de la demande mondiale. Ces perspectives ne devraient permettre que des reculs progressifs des taux de chômage, et limiter, à moyen-terme, les incitations des entreprises à investir. La présence persistante de ressources inutilisées pourrait aussi modérer la hausse des salaires et des prix.
Les perspectives pourraient s’éclaircir si des progrès plus rapides dans la mise au point et la distribution d’un vaccin efficace pouvaient réduire les incertitudes et rendre l’épargne de précaution moins nécessaire. On pourrait alors tabler sur une reprise plus forte, surtout en 2022, et sur un redressement plus marqué de l’investissement et des dépenses de consommation. En revanche, la croissance serait plus faible si, comme c’est déjà le cas en Europe, de nouvelles vagues de contagions de développaient, ou si la mise à disposition d'un vaccin à grande échelle se révélait plus difficile que prévu actuellement. Il faudrait alors déployer des mesures d’endiguement pendant une longue période pour maîtriser la diffusion du virus, et les perspectives de croissance s’en trouveraient considérablement affaiblies. La confiance est encore fragile, et tout nouveau revers pourrait dissiper la croissance du PIB dans de grandes parties du monde pendant toute l’année 2021, voire au-delà, aggravant les stigmates déjà infligés par la crise.
L’action publique peut jouer un rôle déterminant pour soutenir l’économie tant que dure la crise sanitaire et pour faciliter l’ajustement à l’environnement post-COVID-19, et les gouvernements devront agir encore si la reprise vacille. Des politiques de santé efficaces, s’appuyant sur des ressources appropriées, et des mesures macroéconomiques et structurelles flexibles propres à soutenir l’activité sont indispensable pour contenir l'impact de la pandémie, mais aussi en minimiser les coûts potentiels à long terme sur les niveaux de vie.