Intégration de l’action climatique et environnementale dans les activités de coopération pour le développement

France

Comment les programmes de développement post‑COVID‑19 intègrent-ils systématiquement les objectifs climatiques et environnementaux ?

Engagements politiques, stratégies et outils

Engagements politiques de la France

La France accorde une grande importante aux questions climatiques et environnementales dans sa politique d’aide pour le développement. Le climat est l’un des cinq secteurs prioritaires de la Loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, qui a été adoptée par le parlement français en juillet 2021.

La France a inscrit la diplomatie environnementale et climatique au cœur de sa politique de développement inclusif et de la lutte contre les inégalités à l’échelle mondiale. Elle est déterminée à mettre en œuvre l’Accord de Paris de façon irréversible et, en particulier, à œuvrer à la réalisation de son objectif central qui vise à limiter la hausse des températures à 2°C ou à 1,5°C, si possible. Concrètement, cette priorité s’est traduite par une augmentation des ressources consacrées à la lutte contre le changement climatique, et notamment aux initiatives d’adaptation. La France s’emploie tout particulièrement à mobiliser les institutions multilatérales dans le but d’accroître les avantages secondaires liés au climat dans leurs interventions et d’exclure les investissements qui ne sont pas en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris. Cette démarche a été mise en évidence par le président Macron lors du discours qu’il a prononcé à la 74^e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Enfin, le climat et l’environnement sont au cœur de l’ensemble des interventions de haut niveau et des déclarations officielles de la France dans le domaine de la coopération pour le développement. Ces questions ont été mises à l’honneur par les dirigeants français notamment lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, des Sommets mondiaux sur l’ambition climatique et l’adaptation et des sommets One Planet.

Cibles

La France s’est engagée à mobiliser 5 milliards EUR en faveur de l’action pour le climat dans les pays en développement en 2020, dont 1,5 milliard EUR pour l’adaptation. En décembre 2020, le président Macron a annoncé un accroissement de cet engagement : 6 milliards EUR par an entre 2021 et 2025, dont un tiers sera consacré à l’adaptation. Ces engagements s’inscrivent dans le droit fil de l’objectif collectif chiffré qui veut que les pays développés mobilisent 100 milliards USD par an entre 2020 et 2025 pour financer des mesures d’atténuation importantes et de transparence sur la mise en œuvre dans les pays en développement.

Pour soutenir la réalisation de ces objectifs, en 2012, l’Agence française de développement (AFD) s’est engagée à consacrer 50 % de ses financements annuels approuvés dans les pays en développement à l’action pour le climat.

Les progrès accomplis dans le cadre de ces engagements font l’objet d’un suivi annuel au niveau national, dont les résultats sont publiés pour l’année précédente dans les rapports suivants :

• le Bilan d’activité Climat

• le Bilan d’activité Biodiversité

• le Bilan d’activité Transition énergétique

Selon ces rapports, en 2018, la France a mobilisé 5,08 milliards EUR de financements climatiques dans les pays en développement et, en 2019, ce montant a atteint 5,96 milliards EUR.

Stratégies et politiques permettant l’intégration systématique

Les stratégies et politiques de la France visant à aligner sa coopération pour le développement sur les objectifs environnementaux et climatiques internationaux sont présentées dans plusieurs documents :

• La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.

• Le relevé de conclusions du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement, convoqué par le Premier ministre le 8 février 2018.

• Les Orientations stratégiques de la France à l’international pour lutter contre la dégradation des terres et la désertification (2020‑2030).

• La Stratégie internationale de la France pour l’eau et l’assainissement (2020‑2030).

• La Stratégie sur le climat et le développement de l’AFD : à la suite de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2015 (COP 21), l’AFD a adopté une nouvelle stratégie sur le climat pour la période 2017‑2022. Quatre engagements ont été pris dans cette stratégie : garantir une activité « 100 % Accord de Paris » ; 2) augmenter les volumes de financement « climat » ; 3) contribuer à la redirection des flux financiers au profit du climat ; et 4) co‑construire des solutions et peser sur les normes. Cette stratégie est transversale et se reflète dans l’ensemble des stratégies sectorielles et nationales/régionales.

• La Revue à mi-parcours de la Stratégie sur le climat, effectuée en 2020, selon laquelle le groupe AFD est en bonne voie d’atteindre, ou a déjà atteint, nombre de ses objectifs climat.

Encadré 1. Marqueurs climatiques et environnementaux du Système de notification des pays créanciers

Graphique 1. Intégration par la France des objectifs climatiques dans l’APD

Note : « Autres marqueurs environnementaux » porte sur les aspects Biodiversité, Environnement et Lutte contre la désertification qui ne se superposent pas avec l’atténuation et l’adaptation. L’APD en lien avec la biodiversité est comprise dans les colonnes, mais elle est aussi présentée séparément, de sorte qu’elle soit plus visible.

Source : OCDE (2021), Système de notification des pays créanciers (base de données), https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=crs1

Outils opérationnels pour l’intégration systématique

Les outils opérationnels utilisés au niveau de l’AFD sont présentés en détail dans la Revue à mi-parcours de la Stratégie sur le climat du groupe AFD. Ces outils opérationnels sont utilisés à différentes étapes du cycle stratégique et du cycle de projet :

• Évaluation climatique au niveau des pays : une évaluation des politiques climatiques et des contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays est effectuée puis utilisée comme base de travail pour chaque évaluation de projet. Il convient d’effectuer une telle évaluation de l’adéquation du projet par rapport aux CDN/politiques climatiques des pays concernés au stade de l’instruction du projet.

• Empreinte carbone : dès que possible dans le processus d’instruction, le groupe AFD évalue l’empreinte carbone des projets susceptibles d’être financés, en particulier les projets d’infrastructure, par rapport à un scénario de référence (la situation sans projet).

• Analyse développement durable : l’alignement sur l’Accord de Paris est intégré dans le processus d’instruction des projets dans le cadre de la dimension relative au climat de l’Analyse développement durable. Le but est par exemple d’éviter un « verrouillage carbone », le blocage d’actifs, une mauvaise adaptation ou un manque de concordance avec les politiques climatiques nationales.

• Analyse climat : avant de pouvoir être approuvés par les comités chargés de l’instruction et par le Conseil d’administration, chaque projet est analysé sur la base de ces évaluations ainsi que des listes d’exclusion sectorielles (par exemple, pour les combustibles fossiles). Un outil d’analyse climat est également utilisé pour évaluer les risques climatiques et les enjeux de vulnérabilité de chaque projet, ainsi que pour mettre au jour les possibilités d’amélioration. Le résultat de ces vérifications est communiqué au Conseil d’administration dans un paragraphe y étant spécialement consacré dans le cadre de l’instruction du projet.

• Division Appui environnemental et social (AES) : la Division Appui environnemental et social de l’AFD effectue le suivi de la mise en œuvre de la politique de gestion des risques environnementaux et sociaux et elle propose une expertise en la matière. Le respect de cette politique est soumis à l’examen du Comité de Crédit, qui valide la fin de l’instruction des projets. La Division AES de l’AFD se compose de 20 experts des questions environnementales et sociales (+ deux responsables).

• Liste d’exclusion : le groupe AFD applique une liste d’exclusion, qui exclut toutes les activités qui contreviennent aux droits de l’homme (travail forcé, travail des enfants, discrimination fondée sur la race ou le genre, prostitution, etc.). En outre, tous les projets de Proparco doivent être conformes aux normes de performance de la Société financière internationale (IFC), qui incluent le respect des droits de l’homme. Pour ce qui est du climat, le groupe AFD exclut le financement de projets à forte émission de carbone (plus de 1 million de tonnes d’équivalent CO₂ émises par an) dans les pays à revenu intermédiaire, s’il n’est pas possible de s’assurer que le projet en question s’insère dans une politique nationale et sectorielle d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.

Cadres de suivi, d’évaluation et d’apprentissage

Dans le cadre de ses objectifs de performance fixés par le gouvernement, l’AFD doit rendre compte de son action climatique, et donc préciser quelle est la part des financements approuvés par ses instances dirigeantes présentant des co-bénéfices climat dans les pays en développement et les territoires français d’outre-mer. Il s’agit également des financements octroyés au moyen de fonds délégués à l’AFD, comme ceux de l’UE ou du Fonds vert pour le climat.

La France rend compte des composantes pertinentes de ses financements à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) tous les deux ans pour les financements français approuvés pour les pays en développement au titre de la Convention.

Les objectifs climatiques et environnementaux sont intégrés à la fois de façon sectorielle dans la politique d’évaluation (par exemple, une évaluation a été effectuée en 2019 sur la contribution de la France au Fonds vert pour le climat) ainsi que de manière transversale, étant donné que la politique d’évaluation vise à améliorer les résultats en matière de développement, notamment dans les domaines du climat et de l’environnement.

Comment les programmes de développement soutiennent-ils la transition, déterminée par les pays eux-mêmes, vers des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique ?

Soutien à des plans nationaux de transition proportionnés aux objectifs internationaux

Conformément à son engagement à mener ses activités en étant 100 % en phase avec l’Accord de Paris, l’AFD garantit que 100 % de ses projets sont conformes aux priorités établies dans les stratégies climatiques nationales de ses pays partenaires. Lorsque ces stratégies n’ont pas encore été communiquées ou lorsqu’une assistance technique est nécessaire pour leur préparation et leur mise en œuvre, des outils sont proposés pour appuyer les pays dans cette démarche.

C’est dans cette optique que l’AFD a mis en place la Facilité 2050 et la Facilité Adapt’Action, afin d’aider ses pays partenaires à améliorer leur gouvernance climatique, grâce à l’apport d’une assistance technique et d’un appui en matière de renforcement des capacités. L’AFD entend ainsi aider les pays à s’assurer que l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets sont intégrées dans leurs politiques publiques et leurs projets, ainsi que contribuer à la mise en place de structures pour lesquelles le climat constitue une priorité absolue. L’AFD s’emploie notamment à soutenir la mise en œuvre des plans nationaux d’adaptation (PNA), des CDN et des stratégies à long terme.

La France veille également à créer des synergies entre l’appui qu’elle apporte bilatéralement aux pays dans le cadre de leur transition nationale et l’appui émanant d’autres sources. C’est notamment l’appui apporté au Partenariat sur les contributions déterminées au niveau national (NDC Partnership) et la coordination étroite avec ce mécanisme qui rendent ces synergies possibles.

Exemples de projets visant à soutenir les plans nationaux de transition

• La Facilité 2050 a été lancée lors du Sommet One Planet en décembre 2017. Dotée de 30 millions EUR et actuellement engagée dans 16 pays, cette facilité vise à financer la préparation de stratégies de développement à long terme, résilientes face au changement climatique et à faible émission de carbone, que toutes les Parties à l’Accord de Paris sont invitées à présenter. Ces stratégies encouragent les parties prenantes à planifier des investissements sur le long terme et à accorder la priorité à ce type d’investissements.

• En 2017, l’AFD a également lancé la Facilité Adapt’Action, dotée de 30 millions EUR pour quatre ans. Ce mécanisme a été conçu pour accompagner 15 pays et organisations régionales particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique dans la mise en œuvre et la révision de leurs engagements climatiques, dans le cadre de l’Accord de Paris. Adapt’Action travaille avec des États insulaires vulnérables tels que les Comores, Cuba, la République dominicaine, Madagascar, Maurice, la Commission de l’océan Indien (COI) et l’Organisation des États des Caraïbes orientales (OECO), ainsi qu’avec plusieurs pays africains, tels que le Cameroun, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée équatoriale, le Niger, le Sénégal et la Tunisie. Une centaine d’initiatives de renforcement des capacités auront été mises en œuvre d’ici la fin de l’année 2021, dans le cadre desquelles plus de 1 milliard EUR devraient être mobilisés à travers des projets financés par l’AFD et d’autres partenaires, dont le Fonds vert pour le climat. Ces résultats encourageants montrent qu’en soutenant l’amélioration de la gouvernance et la mise en place de politiques publiques consacrées à l’adaptation, en particulier dans le cadre des PNA, il est possible de faire de l’adaptation une priorité dans le dialogue avec les partenaires financiers et d’ainsi privilégier les projets d’adaptation.

Des exemples de projets climatiques financés par le groupe AFD sont également disponibles sur le site web de l’AFD.

Mise en œuvre de la transition vers des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique

L’AFD s’est engagée à aligner 100 % de ses activités sur l’Accord de Paris, ainsi qu’à consacrer 50 % de ses ressources de financement à des projets climatiques. La France fait également partie des plus grands contributeurs au budget des principaux fonds multilatéraux consacrés à l’action climatique et environnementale dans les pays en développement (1,5 milliard EUR au Fonds vert pour le climat pour la période 2020‑2023 et 300 millions USD au Fonds pour l’environnement mondial pour la période 2018‑2022). Elle plaide en outre pour un accroissement du financement de l’action climatique par les banques multilatérales de développement, ainsi que pour l’alignement de leurs activités et de leur portefeuille sur les objectifs de l’Accord de Paris.

Depuis 2018, la stratégie d’alignement sur l’Accord de Paris adoptée par l’AFD est prise en compte dans les différentes stratégies sectorielles – en particulier dans la Stratégie Transition énergétique –, dans les stratégies régionales et dans certaines stratégies nationales. Il ressort de la Revue à mi‑parcours de la Stratégie sur le climat que les stratégies sectorielles pourraient davantage préciser les domaines d’exclusion (charbon, exploration, production et transport d’hydrocarbures…) et les conditions de financement de secteurs jugés sensibles et nécessitant une plus grande sélectivité (gaz, aviation…). En voici quelques exemples :

• Énergie/combustibles fossiles : en mai 2019, l’AFD a adopté une nouvelle Stratégie Transition énergétique, qui exclut de ses financements : tout projet de centrales de production d’électricité au charbon (tel que validé par son Conseil d’Administration de mars 2013) ; les projets de centrales de production d’électricité à partir de fioul ou de diesel uniquement (hors cas d’hybridation) ; les projets d’exploration ou de production, ou dédiés exclusivement au transport de charbon, gaz et pétrole (conventionnels et non conventionnels) ; les infrastructures associées à une unité d’exploration, de production ou de stockage de ressources fossiles (mines, unités de traitement, raffineries, stockage, etc.) ou de production d’électricité à base d’énergie fossile.

• Infrastructures de transport : dans le nouveau Cadre d’intervention sectoriel pour la mobilité et les transports, adopté par le Conseil d’administration de l’AFD en mai 2019, trois dimensions liées au climat sont analysées pour chaque projet de transport : la limitation des répercussions sur l’environnement, la décarbonation et la cohérence avec une trajectoire de développement à faible émission de carbone, ainsi que la prise en compte de l’adaptation et de la résilience face aux phénomènes climatiques extrêmes.

Soutien à des infrastructures durables et de qualité

La mise en œuvre des Principes du G20 pour l’investissement dans des infrastructures de qualité demeure la priorité de la France. La France et ses partenaires se sont engagés à continuer de mettre en œuvre les Principes du G20 lors du Sommet sur le financement des économies africaines qui s’est tenu à Paris le 18 mai 2021. Ces engagements sont les suivants : renforcer l’environnement macro-financier et la fiabilité des cadres juridique et institutionnel des politiques publiques ; travailler plus avant concernant la mobilisation des instruments et produits financiers multilatéraux et bilatéraux à l’appui des projets de partenariats public-privé (PPP), ainsi que la mobilisation de financements commerciaux ; augmenter la quantité d’investissements dans les infrastructures, y compris au moyen des fonds nationaux dédiés, tout en améliorant les investissements dans les infrastructures durables et de qualité, notamment grâce à l’engagement volontaire des États africains à évaluer la qualité et la durabilité de leurs projets d’infrastructures ; soutenir le développement des capacités de planification et de préparation des projets clés d’infrastructures et favoriser l’émergence de projets bancables. Les actions à entreprendre concrètement sont énoncées dans le Communiqué.

La priorité de la France dans le domaine des infrastructures est d’appuyer des trajectoires en phase avec les Objectifs de développement durable (ODD), en se préoccupant systématiquement des répercussions environnementales et sociales. Par exemple, la France s’emploie systématiquement à intégrer les meilleures normes d’efficacité énergétique dans ces projets, notamment dans les projets de construction d’habitations ou d’écoles. Cette démarche permet de renforcer la capacité d’adaptation de ces bâtiments aux températures élevées, d’économiser de l’énergie et de créer des emplois qualifiés. Pour ce qui est de l’urbanisation, la France finance des transports publics afin de diminuer la congestion dans les grandes villes et elle investit dans des villes secondaires et des zones d’habitat spontanées pour combler le manque d’infrastructures. Elle contribue ainsi à la lutte contre les fractures sociales et promeut l’équité entre les territoires.

La France, au travers du groupe AFD, investit 5 à 6 milliards EUR par an dans des infrastructures. Le groupe peut financer des projets d’infrastructures directement, qu’il s’agisse de projets publics ou privés, ou doter en ressources des banques locales afin de les aider à financer ces projets. Il peut également soutenir des réformes structurelles dans ces secteurs au moyen de prêts publics. En outre, STOA, un fonds à impact consacré au financement d’infrastructures, filiale de l’AFD et de la Caisse des dépôts, a versé 279 millions EUR pour la réalisation de huit projets depuis 2017, dont 206 millions EUR (74 %) au profit de projets à co-bénéfices climat.

Exemples de projets à l’appui de transitions durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique

• La France est l’un des principaux soutiens financiers de l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique (AREI). Cette initiative a été lancée par des chefs d’État africains lors de la COP 21, en tant qu’initiative phare du continent pour la lutte contre le changement climatique et l’amélioration de l’accès à l’énergie en Afrique. Elle émane de l’Union africaine (UA) et, en particulier, du Comité des chefs d’État africains sur les changements climatiques. En 2017, la France a annoncé un accroissement de ses financements destinés au développement des énergies renouvelables en Afrique (mis en œuvre par l’AFD pour la période 2016‑2020), les faisant passer de 2 milliards EUR à 3 milliards EUR. La France a également versé un don de 6 millions EUR à l’unité indépendante de mise en œuvre de l’AREI.

• Un prêt de politique publique Énergie-Climat accordé à l’Ouzbékistan vise à accompagner le pays dans la mise en œuvre de ses réformes dans le secteur de l’énergie. Ce prêt vise à favoriser la décarbonation de la production électrique, la réduction des pertes électriques et l’amélioration de l’efficacité énergétique.

• Le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), créé en 1994, soutient en particulier des projets liés au climat, à l’environnement et à la biodiversité dans les pays en développement, avec un budget de 120 millions EUR pour la période 2019‑2022.

• Enfin, l’Alliance solaire internationale (ASI) est une initiative conjointe de la France et de l’Inde, lancée à la COP 21, dont l’objectif est de déployer rapidement et massivement l’énergie solaire. Le but est d’accompagner les pays dans l’échange de bonnes pratiques et l’harmonisation des normes relatives à l’énergie solaire, afin d’accélérer son déploiement, en particulier dans les pays où les risques sont toujours perçus comme étant élevés. La France contribue au fonctionnement du secrétariat de l’ASI en finançant deux postes d’experts détachés. En 2019, France a également annoncé qu’en 2022, elle porterait à 1,5 milliard EUR en 2022 ses financements de projets d’énergie solaire mis en œuvre par l’AFD dans les pays membres de l’ASI.

Comment les programmes de développement aident-ils les PEID dans leur quête d’un développement durable ?

Réponse aux besoins spécifiques des PEID

Les opérations de l’AFD dans la plupart des petits États insulaires en développement (PEID) et les territoires français d’outre-mer sont gérées par le même département que celui qui, par exemple, a mis sur pied et gère l’initiative Kiwa dans le cadre d’une stratégie opérationnelle commune, intitulée « Stratégie Trois océans ». La Facilité Adapt’Action met aussi particulièrement l’accent sur les besoins propres aux PEID.

Exemples de projets à l’appui du développement durable des PEID

La France a consacré 22 millions EUR entre 2016 et 2020 au financement du fonds fiduciaire CREWS, qui finance la mise en place de services d’alerte précoce éclairés par les risques. CREWS est une initiative qui vise à renforcer de manière significative les capacités des systèmes d’alerte multi-risques, afin d’élargir la portée de la prévention et de l’information sur les événements hydrométéorologiques et climatiques dangereux. CREWS entend mobiliser 100 millions USD en réponse aux déficits de financement des programmes de coopération bilatéraux et multilatéraux déjà en place.

CREWS met en œuvre un projet régional dans la région du Pacifique (pour un montant de 2,5 millions USD), l’un des premiers projets à avoir été approuvés et qui est mis en œuvre depuis janvier 2017. Le projet couvre l’amélioration des services d’alerte précoce sur les Îles Cook, aux Fidji, à Kiribati, sur les Îles Marshall, à Nauru, à Nioué, aux Palaos, au Samoa, à Tokélaou, aux Tonga et aux Tuvalu, avec un appui plus ciblé au centre hydrométéorologique régional de Nadi aux Fidji. Compte tenu des besoins, dans une deuxième phase du projet couvrant l’intégration des services, un système hydrométéorologique a été approuvé et mis en place en août 2020 pour un montant de 4,8 millions USD.

La France œuvre par ailleurs activement à un meilleur accès à l’énergie durable pour les PEID, que ce soit au niveau interne (développement de ressources d’énergies renouvelables nationales dans les départements et territoires d’outre-mer : énergie géothermique, solaire, éolienne, marine, etc.) ou à travers l’appui qu’elle apporte à l’initiative Phares des PEID (SIDS Lighthouse) de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). La France a versé une contribution volontaire de 200 000 EUR à l’IRENA pour cette initiative fin 2016. Cette contribution visait en particulier à promouvoir les énergies marines, notamment en recensant et en cartographiant le potentiel des différents territoires pour ce type d’énergie.

Dans le cadre de sa co-présidence de l’Alliance solaire internationale (ASI), la France soutient le programme STAR‑C (Solar Technology Application Resource Centre), dont l’objectif est de mettre en œuvre des activités de renforcement des capacités pour accélérer le déploiement de l’énergie solaire dans les pays membres de l’ASI. En 2021, la France a annoncé une contribution (don) de 1 million EUR à ce programme, à consacrer en priorité aux États africains et aux PEID. Dans le cadre de la phase pilote du programme, l’Institut national français de l’énergie solaire (INES) a déjà mené des activités de renforcement des capacités en partenariat avec le Centre du Pacifique pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Soutien à l’accès des PEID aux financements

En décembre 2017, lors du Sommet One Planet, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le lancement de l’initiative Kiwa. Cette initiative vise à renforcer la résilience des écosystèmes, des économies et des populations d’Océanie face aux effets du changement climatique, par la mise en place d’un mécanisme de financement à guichet unique dont l’objectif est la promotion des solutions fondées sur la nature. L’initiative Kiwa est en place depuis mars 2020 et a bénéficié de 35 millions EUR de dons. Elle réunit cinq donneurs internationaux, à savoir l’Australie, le Canada, la France, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne. Cette initiative se base sur une collaboration entre l’AFD, la Communauté du Pacifique (CPS), le Programme régional océanien de l’environnement (PROE) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’initiative est résolument mise en œuvre au niveau local dans le cadre d’appels à projets gérés par l’UICN dans 18 États et territoires insulaires d’Océanie, ainsi qu’au niveau régional via un guichet consacré aux projets régionaux, qui seront suivis par son secrétariat, situé à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), au sein de la Direction régionale océan Pacifique de l’AFD.

En outre, la France participe activement aux travaux du Club de Paris, dans le cadre de sa démarche visant à permettre aux PEID d’accéder à des financements au service d’un développement durable et résilient. Au cours des dernières décennies, le Club de Paris a régulièrement mené des travaux sur le thème de la viabilité de la dette face à des chocs extérieurs, dont les catastrophes naturelles. Au vu de la multiplication des traitements de dettes dus à des phénomènes climatiques extrêmes, le Club de Paris a adopté une démarche innovante en introduisant une « clause ouragan » dans l’accord de restructuration de la dette de la Grenade en 2015. Cette « clause ouragan » permet au pays emprunteur de solliciter, sous certaines conditions, un allégement supplémentaire de sa dette au cours de la période de remboursement dans le cas où il aurait subi des dégâts à la suite d’un ouragan.