Le changement climatique est un défi majeur du XXIe siècle qui, non seulement, accentue ce qui menace actuellement le développement durable, mais génère aussi de nouveaux obstacles (OECD, 2019[1]). Le développement durable et le changement climatique sont donc inextricablement liés. Dans son rapport d’évaluation le plus récent, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies est arrivé à la conclusion que « le changement climatique anthropique produit déjà de nombreux effets en termes de phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes dans toutes les régions du globe » (IPCC, 2021[2]). Vagues de chaleur, fortes précipitations, sécheresses, cyclones tropicaux, élévation du niveau de la mer, réchauffement et acidification des océans : tels sont les phénomènes susceptibles de nuire à la capacité des pays d’atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les évaluations réalisées par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) ont également mis en évidence une importante altération de l’environnement sur toute la planète sous l’influence de toutes sortes de facteurs d’origine humaine, la conséquence étant une chute rapide de la majorité des indicateurs de bonne santé des écosystèmes et de la biodiversité (IPBES, 2019[3]). Tous ces phénomènes modifient les systèmes écologiques qui sont à la base de l’activité économique et du fonctionnement des sociétés humaines, notamment leur bien-être, leur sécurité et leur développement (Hoegh-Guldberg, Jacob et Taylor, 2018[4]). Les pays en développement – en particulier ceux qui connaissent déjà une grande pauvreté, une fragilité, des inégalités et d’autres formes de vulnérabilité – sont les plus exposés aux impacts du changement climatique (Hallegatte et al., 2015[5]). La conséquence ultime de cette situation est qu’elle nuit à la capacité de ces pays à instaurer un développement durable.
Une multitude d’études et d’analyses ont montré l’importance d’intégrer la question du climat et de la durabilité dans les initiatives et les trajectoires de développement pour obtenir des résultats sur le plan du développement. Ces travaux ont également souligné le rôle clé qui peut être joué par les acteurs de la coopération pour le développement et du financement du développement pour aider les pays à s’orienter vers des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique (Germanwatch/New Climate Institute, 2018[6] ; OECD, 2013[7] ; CPI, 2019[8] ; WRI, 2018[9]). L’accent y est mis en particulier sur les possibilités de développement que permet un meilleur alignement entre les politiques de développement et les objectifs environnementaux et climatiques dans des domaines comme l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, la protection de l’environnement, la préservation de la biodiversité ainsi que l’utilisation et la gestion durables des océans (OECD, 2019[1] ; 2020[10] ; 2021[11]).
Mettre la croissance verte au centre de la coopération pour le développement est, par conséquent, une priorité pour permettre aux pays en développement d’opérer une transition vers des trajectoires de développement durables d’un point de vue environnemental, à faible émission de carbone et résilientes face au changement climatique (OECD, 2019[1]). Investir dans des activités qui aident les pays en développement à atténuer le changement climatique et à s’adapter à ses effets est un levier essentiel pour promouvoir l’action en faveur du climat et trouver les capacités et le financement nécessaires pour assurer la transition vers les trajectoires précitées. Cela fait partie des engagements pris par les pays développés à l’article 9 de l’Accord de Paris, notamment celui de mobiliser 100 milliards USD pour le climat auprès de différentes sources avant 2020.
Le financement international soutenant l’action climatique des pays en développement prend majoritairement la forme d’un financement public du développement (FPD). Selon des estimations de l’OCDE, en 2019, 79 % des fonds enregistrés pour atteindre l’objectif des 100 milliards USD étaient sous forme de FPD. Les instruments et les activités de financement du développement ont en outre permis d’attirer des fonds privés représentant 18 % de la somme totale de 100 milliards USD (OECD, 2021[12]).
Pour autant, des états récents de la situation font apparaître un décalage encore important entre les ambitions et la réalité. Dans le rapport de synthèse des contributions déterminées au niveau national (CDN) le plus récent, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) indique que les CDN des 191 Parties pourraient globalement entraîner une hausse des températures d’environ 2.7 degrés d’ici la fin du siècle (UNFCCC, 2021[13]). Cela aurait des conséquences dramatiques pour l’ensemble des pays, mais surtout pour ceux qui manquent le plus de moyens pour faire face aux défis qu’engendrerait un tel scénario. Parallèlement, les Perspectives mondiales de la diversité biologique 5 ont confirmé qu’aucun des 20 objectifs d’Aichi pour la biodiversité adoptés dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique n’avait été atteint en 2020, ce qui représente un obstacle supplémentaire à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et affaiblit encore les efforts de lutte contre le changement climatique (CBD, 2020[14]). Enfin, malgré les préoccupations croissantes suscitées par l’aggravation des risques climatiques, la Commission mondiale sur l’adaptation a récemment souligné que les flux financiers demeurent insuffisants et n’atteignent pas les populations et les régions qui en ont le plus besoin (GCA, 2020[15]).