Avec pour objectif la mise en place d'un cadre holistique de lutte contre la corruption et d’intégrité composé de tous les éléments nécessaires, les pays de l’OCDE continuent de renforcer leurs politiques. Ces cadres sont de plus en plus complets et sophistiqués mais la mise en œuvre de certains de leurs éléments reste insuffisante. Alors que la majorité des pays de l’OCDE adoptent une démarche stratégique en la matière, le taux moyen de mise en œuvre des activités prévues s’établit à 67 %, ce qui signifie qu'environ un tiers de ces actions n’ont pas été menées à bien. De même, les réglementations adoptées en matière de gestion des risques et de contrôle interne sont généralement robustes, mais en pratique, seuls de rares pays de l’OCDE procèdent à des évaluations systématiques des risques. De plus, malgré l’adoption de textes robustes en matière de conflits d’intérêts, les pays de l’OCDE n’ont mis en œuvre, en moyenne, que seulement 40 % des pratiques normalisées relevant de ce domaine. Et en cas de manquement, les sanctions sont rarement appliquées. Si on constate des taux relativement élevés de mise en œuvre pour certains volets des cadres d’intégrité et de lutte contre la corruption — sur le plan de la divulgation proactive d’ensembles de données clés, par exemple —, la mise en œuvre est insuffisante dans plusieurs domaines clés. Dans l’ensemble, les pays de l’OCDE respectent en moyenne 61 % des critères normalisés sur le plan de l’adoption de textes, ce taux tombe à 44 % tandis que pour la mise en œuvre ; on constate un déficit de mise en œuvre représentant 17 points de pourcentage. Du fait de ce déficit de mise en œuvre, les cadres législatifs et réglementaires adoptés ne produisent pas tous les effets escomptés, ce qui entrave l’aptitude des pays à atténuer de façon efficace les risques de corruption.
De plus, de nombreux pays de l’OCDE ne recueillent pas suffisamment de données et d’éléments d’information sur la mise en œuvre de leur cadre d’intégrité et de lutte contre la corruption. Par exemple, la plupart d’entre eux ne recueillent pas de données sur la portée des audits du budget national, ni sur les suites données aux recommandations formulées par les auditeurs internes. De plus, de nombreux pays, y compris ceux qui imposent des délais obligatoires de latence, ne suivent pas les activités professionnelles menées par les anciens titulaires de charges publiques ; rendant ainsi difficile d’assurer le respect des règles relatives aux allers-retours entre fonction publique et secteur privé. Du fait de cette importante lacune sur le plan de la collecte de données et d’éléments d’information, les pays sont moins à même de suivre l’efficacité de leurs politiques et processus, ainsi que leur impact sur l’intégrité et sur les risques de corruption. En effet, 60 % des pays de l’OCDE ne suivent pas la mise en œuvre de leurs stratégies d’intégrité et de lutte contre la corruption ; sur le plan du suivi, les insuffisances sont donc considérables. Il est essentiel d’améliorer la collecte des données pour renforcer les systèmes de suivi et d’évaluation et parvenir à des améliorations durables. Même si les Indicateurs d’intégrité publique de l’OCDE visent à combler ce manque de données, il est crucial de renforcer l’action de collecte de données qui est menée à l’échelon national.
Enfin, en plus de renforcer la mise en œuvre, la collecte de données et le suivi, il convient d’élargir le champ d’action mené pour assurer l’intégrité et lutter contre la corruption. De nombreux pays de l’OCDE axent leurs stratégies d’intégrité et de lutte contre la corruption sur des aspects traditionnels tels que la gestion des ressources humaines et la passation des marchés publics, mais il est nécessaire de s’intéresser aux nouvelles sources de risques liées, par exemple, à la transition écologique. En effet, cette transition entraîne un surcroît de collaboration entre les administrations publiques et les entreprises qui accroît l’exposition à des risques et impose une démarche plus proactive. De plus, l'exploitation de l'IA (intelligence artificielle) en tant qu'outil clé de lutte contre la corruption et le fait de charger les acteurs concernés de développer de tels outils peuvent renforcer les efforts de lutte contre la corruption. En outre, il est urgent que les pays de l’OCDE tiennent compte des risques d’ingérence étrangère et de corruption stratégique dans leurs politiques d’intégrité et de lutte contre la corruption. Il est crucial d’ajuster les politiques et pratiques adoptées dans les domaines du lobbying, des conflits d’intérêts et du financement de la vie politique afin de préserver la prospérité et les systèmes démocratiques des pays de l’OCDE.